Edward & Bella

Edward & Bella

mardi 2 mars 2010

5 - Révélations

J’eus à peine le temps d’ouvrir la porte que je fus assailli par les pensées de ma famille.

Oh, Edward… Je ne supporte pas de le voir souffrir autant ! Esmée s’approcha de moi et enroula un bras protecteur autour de mes épaules.

T’inquiète pas Edward, tu vas voir, ça va s’arranger. Si tu veux, j’irai même lui remettre les idées en place en lui mettant un bon coup de pied au cul à cette idiote!

Wahou ! Une telle sympathie de la part de Rosalie était un phénomène rarissime. En général, soit elle a besoin de quelque chose, soit ça va mal….
Jasper me regardait avec un air de chien battu, la peine qu’il ressentait à mon égard lui dégoulinait de la tête aux pieds. Bon sang ! Il ne manquait plus que ça : la pitié. Pff…

Oh putain ! Qu’est-ce qu’ils ont tous à faire des têtes d’enterrements ? Eddy n’a pas besoin de ça ! Eh man ! Si t’as besoin de te défouler, j’suis ton homme ! Oh puis non, un gros câlin d’ours, ça te fera du bien !

Emmett me fit un clin d’œil et un sourire qui se voulait démoniaque. Décidément, il ne changera jamais celui-là ! Toujours égal à lui-même : Emmett. Ce mec, je l’adore ! J’ai de la chance d’avoir un frangin comme lui.
Il m’attrapa et me serra tellement fort dans ses bras que mes os commençaient à craquer.

- Eh Em ! Bas les pattes ! Tu fais mal grosse brute !
-Ah ! « Qui aime bien, châtie bien » tarlouze !
- Tu sais ce qu’elle te dit la tarlouze ? Continue comme ça Em et je vais tellement t’enculer qu’à chaque fois que tu vas bailler, on verra la lumière du jour! 1
- Ahwooouuuuu ! Môman j’ai peur ! Protège-moi du grand méchant Eddyyyyy…

Emmett s’enfuit en braillant, gesticulant comme un possédé sur le bûcher, et alla se cacher dans les jupes d’Esmée. Quel con ! Incapable de me retenir, je ris.
Il se tourna vers moi et me fit un grand sourire.


Ah ! Ben la v’là la réaction que j’attendais !


Y’a pas à dire, Emmett savait toujours quoi faire pour redonner du baume au cœur.

- Carlisle n’est pas là ?
- Non, il est à l’hôpital. Il devait voir un patient et… se renseigner sur un dossier. Me dit Esmée.

J’étais sûr qu’elle me cachait quelque chose. Sa voix avait flanché à la fin de sa phrase et elle ne faisait que se répéter, tel un mantra, « je vais bien, tout va bien ! Je suis gaie, tout me plait ! ». Bizarre…
Je m’installais dans la salle à manger – où plutôt la salle des conseils de famille – et y fus rejoins par les autres. Alice prit la parole en premier.

- Bon, Edward. Faut qu’on parle de choses que j’aie vues. D’abord… Bella fera bientôt partie des nôtres.
- Quoi ? Elle va être transformée ! S’écrièrent Rosalie et Jasper.
- Quand ? Demanda Esmée.
- Par qui ? S’interrogea Emmett.
- Comment ? Dit Esmée.
- J’en sais rien ! Tout ce que je sais, c’est que dans peu de temps, Bella sera un vampire.
- C’est ce que tu me cachais à la fête chez Newton ? Je vais la changer, c’est ça ? Mes fantasmes de l’avant dernière nuit revinrent en force : une Bella immortelle que je garderai près de moi jusqu’à la fin des temps…
- Euh… Ouais. Mais… C’est compliqué Edward !
- Comment ça, c’est compliqué ? Je vois pas ce qu’il y a de compliqué : je la mords, elle se transforme. Point barre !
- C’est pas aussi simple Ed… Bon écoute, quand je t’ai « dit » à la fête qu’on allait être de grandes amies elle et moi, je la voyais avec nous tous, heureuse. On préparait même votre mariage !

Bella et moi, mariés ?! Hmm, en y réfléchissant bien, l’idée ne me déplaisait pas du tout, loin de là même… Je la voyais déjà avec une magnifique robe blanche, fluide, mettant ses splendides courbes en valeur…

- Bon ! T’as fini de rêvasser ouais ? J’ai pas fini Eddy… Donc, vision numéro un, elle est l’une des nôtres, vous vous mariez, elle est heureuse. Vision numéro deux… Elle est transformée, mais elle est seule et carbure à la haine.
- Comment ça ?
- Pfff… À chaque fois qu’elle est dans… sa « phase chaudasse »… Je grognais et lançai un regard mauvais à Alice.
- Désolée Edward, je trouve pas mieux niveau comparaison… Donc, lorsqu’elle est dans sa « phase chaudasse », Alice me tira la langue, tu la transformes et j’ai des visions de vous deux mariés, heureux et tout le toutim ! Par contre, lorsqu’elle est dans sa « phase glaçon »… Tu n’es plus là. Elle est seule, transformée par je ne sais pas qui, elle souffre et ne ressent rien d’autre que de la haine. Elle est même consumée par la haine, Edward…
- Donc, si je résume bien, quoiqu’il puisse arriver, Bella deviendra un vampire ?
- Oui, sûre et certaine.
- Quand ?
- Huum… Je dirai… D’ici un an ou deux, grand maximum. Mais… Il n’y a pas que ça. Écoute, des visions comme celles-ci, j’en ai eu plusieurs… enfin… je les ai traquées... Une bonne centaine en l’espace de 24 heures pour être précise. Et elles sont toutes identiques : soit vous êtes ensembles, soit vous ne l’êtes pas. Et… Il y a un détail récurrent, qui diverge selon son avenir éventuel… Je ne sais pas pourquoi, mais je suis sûre qu’il a son importance…
- Quoi, Alice ? Quel détail ?
- Euh… Dis-moi, est-ce que… Tu as vu le bracelet de Bella ?
- Oui, je l’ai vu.
- Est-ce que tu sais ce que c’est ? Ou qui lui a offert ?
- Non. Tout ce que je sais, c’est qu’il lui rappelle sa mère. Pourquoi ? En quoi est-ce important ?
- Je ne sais pas, mais… dans toutes mes visions où vous êtes ensembles, je n’ai plus jamais vu ce bijou. Jamais ! Par contre, à chaque fois que je vois son avenir solitaire, elle a toujours son bracelet au poignet. Je suis sûre qu’il a son importance dans ce changement d’avenir !
- Quoi ? Quel bijou ? Il est comment ce bracelet ? Demanda Rosalie.
- Je n’ai jamais vu un objet aussi étrange, Rose. Lui répondis-je. C’est une large bande de cuir, avec un fermoir en cuivre assez compliqué. Il y a deux petites chaînes sur le fermoir et une espèce de clapet. J’avais jamais vu un truc comme ça, avant ! Et… Il y a aussi des Kanji japonais et les mots « N’OUBLIE JAMAIS » qui sont gravés sur le cuir…

C’est bizarre… Un bracelet ? On dirait une vague description d’un coll…

- Quoi Jazz ? Tu as déjà vu quelque chose comme ça ? Qu’est-ce que c’est ? Lui demandais-je, interrompant ses pensées.
- Euh… Disons que ça ressemble assez à des colliers que j’ai déjà vu, mais je ne suis pas certain que ce bracelet ait la même signification que les colliers… Jasper se trémoussait, mal à l’aise.
- Vas-y, Jazz ! Crache le morceau !
- Ben… Disons que… J’ai assisté à certaines choses un jour, à Dénali… Euh… En fait, j’ai gaulé par accident Irina et Laurent, et Kate et Garrett pendant… des petits jeux sexuels.
- QUOI ?! VAS-Y ! RA-CONTE ! RA-CONTE ! RA-CONTE ! Emmett trépignait sur place, tapant des mains, à l’affût d’un nouveau scandale.
- Ben… J’ai vu les filles et… À part un collier en cuir autour du cou, elles étaient complètement à poil et… à genoux, en train de... Enfin bref, ils sont dans des… relations « dominant-dominée », Irina est la soumise de Laurent, et Kate, celle de Garrett.
- Soumise ? Comment ça, Jasper ?

Esmée était complètement ébahie, bouche-bée d’apprendre que ses amies tuaient le temps de cette façon.

- Ben… En gros, elles appartiennent à leurs maîtres. Et les colliers qu’elles portent sont des colliers de soumission, qui représentent leur statut, leur engagement et la relation qui les unis. Sur les leurs, il y avait les initiales de Laurent et de Garrett, ainsi qu’un symbole. J’ai fait quelques recherches par curiosité et en ai vu d’autres exemples sur Internet, mais par contre, je n’y ai pas vu de bracelet, et encore moins de mots. J’ai vu des blasons, j’ai vu des symboles… mais pas de phrases.
- Non mais dis donc, Jasper Whitlock ! Comment ça se fait que tu te sois renseigné sur le net au sujet de ces trucs ? Lui demanda une Alice rageuse et sidérée à la fois.
- Ben… J’avoue que l’idée de t’en mettre un autour du cou et de faire de toi mon esclave sexuelle est plutôt alléchante ! Lui dit-il, un sourire coquin aux lèvres.
- OH PUTAIN ! OH PUTAIN ! OH LA PUTAIN DE SA RACE ! S’écria Emmett. Bon, venant de Kate, ça m’étonne pas trop, j’ai toujours trouvé qu’elle avait des penchants bondage et compagnie. Ben quoi ! Z’avez pas vu le pied qu’elle prend à électrocuter les gens ? Mais alors Irina, ça m’troue l’cul ! Elle est tellement coincée cette nana, que j’ai toujours dit qu’il fallait lui retirer ce foutu manche à balai qu’elle s’est carrée dans l’anus ! RhoooOOO, j’y crois paaAAAaas ! ! !
- D’après toi, Jazz, Bella serait une soumise ? Je n’arrivais pas à le croire. Elle est tellement innocente !
- Non Edward, je t’ai dit que son bracelet ressemblait aux colliers de soumissions, pas qu’elle était une soumise. De toute façon, si réellement elle était une soumise, elle n’aurait pas couché avec toi, sans l’aval de son « maître ». Tu parlais de symboles, ils signifient quoi ?
- Ça, j’en sais rien Jazz ! J’ai reconnu des kanji japonais, mais je ne sais pas ce qu’ils disent…
- Là, tu me vexes Eddy ! S’énerva Emmett. Ben alors boubourse, t’as oublié ma période manga ?

Période manga ? Mais oui ! Pourquoi j’y ai pas pensé plus tôt ? Parce que t’es qu’un abruti ! Oh ta gueule, toi !

Picasso a eu sa période bleue, sa période rose… Emmett aussi a ses périodes…
Emmett, lui, se tape des délires par « périodes »… Et parfois, c’est très lourd…
Un jour, il a eu sa période « lapdance », et on a tous eu droit à des shows chaud-bouillant, n’importe où et à n’importe quel moment de la journée ! Il a eu également une période « paillardes », qui a – malheureusement pour nous - durée une année entière, pendant laquelle il nous braillait du matin au soir « la grosse bite à Dudulle », « la digue du cul », « la fille du bédouin » et j’en passe… Il est aussi passé par une période « psychédélique », au cours de laquelle il s’amusait à donner du LSD à ses proies, avant de les tuer, pour en expérimenter les effets. Emmett sous acide, c’est tout un poème…
Mais là, sa période « manga » allait me rendre service !
Je me levai de ma chaise et allai chercher du papier et un crayon, près des ordinateurs. Je reproduisis à l’identique les deux symboles, et lui tendis la feuille.

- Hmmm… Celui-là c’est « bijin », ça signifie « beauté ». Et celui-ci, c’est… « Kyoujun »…
Merde ! C’est pas possible…

- Oui Emmett ?
- Kyoujun, c’est l’obéissance, mais dans le sens de la… soumission… Désolé mec.

Non ! Je n’y croyais pas… Bella ne pouvait pas être une soumise. Impossible !
De toute façon, si réellement elle était une soumise, elle n’aurait pas couché avec toi, sans la permission de son maître. Je ressassais les paroles de Jasper et non, Bella ne pouvait pas être une soumise, elle ne se serait pas donnée à moi comme ça, sinon ! Puis ses paroles déformées par les sanglots me revinrent en mémoire. Mais qu’est-ce que j’ai fait bon dieu ! Je ne peux pas… Je n’ai pas le droit…
NON !

- Bah… conneries ! En tous cas, je comprends mieux pourquoi elle s’est enragée hier matin, nous dit Alice. Rappelle-toi Edward, elle s’est sauvée au moment où tu l’as appelée « beauté » !
- Mouais, c’est plausible… et hier après-midi, pareil, elle était furieuse après que je l’ai appelée « beauté »… Quel con !
- Mais tu ne le savais pas, Edward ! Tu n’y es pour rien ! Me réconforta Esmée en me frottant le dos.
- Si ça se trouve, on fait fausse route à propos de ce bracelet ! Elle l’a peut-être trouvé par terre ou acheté dans une brocante ! Dit Rosalie.
- Et comment savoir ? Quand j’ai abordé le sujet avec elle, elle en a pleuré, me disant que ça lui rappelait sa mère…
- Jacob Black ! S’écria Alice. Lui le saura! Bella est sa meilleure amie.
J’allai téléphoner, mais Alice se figea au même moment, perdue dans une vision nébuleuse.
- Non ! Il vaudrait mieux que ce soit moi qui l’appelle, Edward. Au passage, c’est pas très sympa de ta part…
- De quoi, Alice ? Qu’est-ce que j’ai encore fait !
- Hum… Jacob est amoureux de Bella depuis des années, il le prendrait très mal que tu l’appelles pour parler de tes problèmes de cœur avec elle…

Merde ! Quel abruti !
Elle est sa meilleure amie depuis des lustres, cependant Jake a toujours eu un petit faible pour elle … J’avais complètement zappé les paroles de Seth Clearwater ; j’avais trahi mon pote…
T’es vraiment le roi des cons ma parole ! Et alors, tu crois que je m’en rappelais peut-être ? Voilà ce que c’est que de penser avec sa bite ! Oh la ferme ! Va te faire mettre !
Alice se leva, alla jusqu’au téléphone et composa le numéro de Jacob. Quant à moi, je faisais les cents pas, en attente de quelconques révélations au sujet de ma douce.

- Salut Jake ! C’est Alice Cullen, comment vas-tu ?
Salut la naine ! Bien et toi ? Eh ! Qu’est-ce qu’il se passe ? Va y’avoir de la castagne ?
- Nooooon ! Rassure-toi ! En fait, je t’appelle au sujet de Bella Swann.
Quoi ? Qu’est-ce qu’il lui arrive ? QU’EST-CE……
- STOP ! Pas de panique !! En fait, j’ai eu une vision, Bella et moi allons être de très grandes amies !
Ah ouais ?! Cool ! Tu verras, elle est extra Bella !
- Ça, j’en suis sûre ! En fait, je t’appelle parce que j’ai eu une vision au cours de laquelle je la faisais pleurer…
QUOI !
- Non ! T’inquiète ! Je ne lui faisais pas de mal, je lui parlais simplement de son bracelet en cuir. Tu l’as déjà vu ?
Ça pour le voir, je l’ai vu ! Mais pourquoi elle en pleurait ?
- Dans ma vision, ça lui rappelait sa mère…
Sa mère ?! Ah ! Ah ! Elle est bien bonne celle-là !
- Comment ça ? Ce n’est pas sa mère qui le lui avait donné ?
Du tout ! C’était son petit ami qui lui avait offert !
- Bella a un petit ami ?
Plus maintenant, ils ont rompu après la mort de Renée si je me souviens bien.
- Et tu le connaissais ce mec ? Tu l’avais déjà vu ?
Non, jamais. Bella m’en avait parlé quelques fois, mais je ne l’ai jamais vu. En tous cas, elle avait l’air sacrément accro ! Elle m’avait invité à Chicago il y a un an et demi, c’est à peine si je l’ai vue ! Et quand elle était là, elle avait toujours un sourire débile aux lèvres et caressait machinalement son bracelet. Je sais pas ce que ce mec lui faisait, mais vu son air con, ça devait être des choses torrides !!
- Aaaaaah ! D’accord, je comprends mieux ma vision maintenant. En fait, elle pleurait à cause de son ancien petit-ami…
Connaissant Bella, sûrement ! C’est une vraie fontaine cette fille ! Trop sensible !! Bon, Alice, le prends pas mal, mais je dois te laisser, j’ai des trucs à faire !
- Pas de blèmes mec !
Passe le bonjour à la famille, d’accord ? Et dis à Eddy qu’il faudra qu’on se fasse une sortie entre mecs un de ces quatre ! Une testostérone-party, y’a rien de mieux !!
- Ok ! J’y manquerai pas ! Passe le bonjour de notre part à tout le monde ! Bye Jake !
Bye la naine !

Alice raccrocha le combiné et se tourna vers moi.

- Pourquoi elle te parlait de sa mère ?
- Mais j’en sais rien Alice, rien !

Nous nous étions tous réunis dans le salon, à l’écoute de la conversation téléphonique qui venait de se dérouler. Rosalie se laissa tomber lourdement sur le sofa, suivie d’Alice.
À cet instant, une voiture quitta la route et s’engagea sur le chemin menant à la villa. Au bruit du moteur, je reconnus la Mercedes de Carlisle. Les pneus crissèrent une dernière fois sur les graviers et la voiture s’immobilisa. Esmée alla ouvrir la porte et mon père entra, le regard grave.
Carlisle était au téléphone, apparemment en conversation avec l’un de ses confrères.

Mon Dieu ! Quelle horreur… Comment des choses pareilles peuvent-elles être commises ? Pauvre enfant…

De toutes les personnes présentes dans la pièce, Carlisle était le seul qui me bloquait ses pensées en énumérant mentalement la liste complète des anti-hémorroïdaires et des anti-diarrhéiques. Dans le genre chiant, on fait pas mieux, rien de tel pour vous dégoûter de lire dans les pensées.

- Oui, et encore merci Docteur House 2. Ce fut un plaisir de discuter avec vous, même si j’aurais préféré que cela se fasse en de meilleures circonstances. Bonne journée à vous aussi, au revoir cher confrère.

Carlisle raccrocha le téléphone et se tourna vers Jasper. Il le regarda avec insistance et aussitôt, un nuage de calme m’atteignit. Emmett s’approcha de moi et me poussa vers le sofa où mes sœurs étaient déjà assises. À peine assis, Alice passa un bras autour de mes épaules et Rosalie posa une main sur mon genou. Mon corps se tendit.

Houlala ! Ça pue ! C’est pas normal toute cette gentillesse ! Mais non, ils ont de la peine pour toi ! Non, j’te dis que ça pue ! Oh ta gueule ! J’suis suffisamment à la ramasse comme ça !

Carlisle s’approcha du canapé et s’assit sur un pouf, face à moi. Toute la famille se resserra autour de moi. Ouais… ça commençait vraiment à puer. Mes poings se serrèrent.

- Edward, je… je ne sais pas comment te dire ça, mais j’ai appris certaines choses… Je… Ça ne va vraiment pas te plaire, c’est…. Oh ! Je ne sais même pas comment en parler, c’est tellement difficile !
Entendre mon père chercher ses mots nerveusement me fit haleter d’inquiétude.
Qu’avait-il donc à m’annoncer de si terrible pour que mon calme artificiel, provoqué par Jasper, se transforme en léthargie ?
Carlisle avala sa salive, mal à l’aise. J’étais incapable de lire ses pensées, totalement anesthésié par les effluves de torpeur qui émanaient de Jazz…

- Je… Je m’inquiétais pour toi, Edward. Nous tous, d’ailleurs ! Quand Alice nous a expliqué la façon dont Bella t’avait traité, je me suis demandé si… elle n’avait pas de problèmes psychologiques… La façon qu’elle a de passer de la joie à la peine m’a amené à me demander si elle n’était pas… bipolaire. Elle a perdu sa mère depuis peu, je me suis dit qu’il y avait peut-être un rapport, qu’elle faisait une dépression nerveuse. Carlisle se passa les mains dans les cheveux, il avait l’air exténué.
- Edward, repris mon père. J’ai eu quelques renseignements au sujet de Bella Swann, par l’un de mes confrères de l’hôpital de Chicago. Il semblerait… euh… il est avéré…. Oh ! C’est tellement dur à raconter ! Carlisle geignit. L’angoisse s’empara de moi devant la difficulté que mon père avait à parler. Qu’avait ma Bella !
- Edward, tu sais que la mère de Bella est morte il y a six moix. Eh bien… Bella en a été témoin.
En fait… Elles avaient décidé d’aller dormir à la belle étoile sur la plage, au bord du lac Michigan et… elles ont été sauvagement agressées…
Non !
- Elles ont été frappées à mort avec des objets contendants. D’après le… médecin légiste… il se pourrait que ce soient des coups de baramine… Seigneur ! Presque tous les os de la mère de Bella étaient brisés et… non, je t’épargne l’état de ses organes…
Non ! Non !
- Par « chance », elle est morte quasiment immédiatement d’une rupture d’anévrisme. Elle n’a pas vraiment eu le temps de souffrir… Bella… a assisté au meurtre de sa mère, elle avait été ligotée et bâillonnée et… a vu le forcené s’acharner sur le cadavre de sa mère. Bella a… Oh Edward ! Bella a été…
NON !
Carlisle souffla un grand coup.
- Cet animal l’a ravagée, Edward… Son état a nécessité plusieurs points de suture et trois mois d’hospitalisation… Au moins, elle n’en gardera pas de séquelles physiques…

Un feulement furieux s’échappa de mes lèvres au moment où je compris les paroles de mon père…

- NOOOOOOOOOOOOOOON ! Je me levai brusquement, prêt à tout casser, quand je fus plaqué au sol, retenu par cinq solides paires de bras.

Ça ne servira à rien, fils. À rien. Bella a besoin de toi…

- Je le trouverai ce fils de pute ! J’la vengerai ! Même si je dois y passer l’éternité, mais j’le trouverai ! J’lui ferai bouffer ses couilles !J’lui ferai bouffer sa bite ! J’lui ferai bouffer ses tripes ! C’est qui ? C’EST QUI CE BATARD ???
- On… on ne sait pas, Edward… Elle était totalement abrutie par les coups, elle…Elle avait une hémorragie interne, elle a perdu beaucoup de sang… C’est un miracle qu’elle soit encore en vie… Des jeunes sortaient d’une boîte de nuit et ont voulu prendre un bain de minuit, le malade les a entendus, il a pris peur et s’est enfui… Il n’y avait aucun témoin et apparemment, Bella a occulté toute cette soirée… La police n’a pas réussi à lui mettre la main dessus, le kit de viol n’a rien donné de concluant…

Les pensées de Rosalie étaient déchaînées.

Il faut que tu sois là pour elle ! Ne la laisse pas tomber ! Et surtout, ne lui fais pas de mal où je t’éclate la tête !

De violents souvenirs de l’agression de Rosalie affluèrent en masse dans mon esprit, et le désir de tuer s’était réveillé en elle : elle voulait crever la pourriture qui s’était acharnée sur mon ange. Mais comment pouvait-elle croire que j’oserai blesser ma douce ? J’étais incapable de lever ne serait-ce que le petit doigt sur ma Bella !
Si seulement j’avais pu être là…
Mon pauvre amour avait été victime d’un sadique, avait assisté au meurtre de sa mère, et ne se rappelait de rien… On lui avait volé son innocence et sa pureté. Je mourrais à petit feu, j’avais mal pour elle en essayant d’imaginer ce que ce taré lui avait fait subir… J’en avais des nausées… Et moi qui me prenais pour un monstre sans nom… Quelle ironie !

- Qu’est-ce que tu entends par « apparemment » ?
- Eh bien… Quand elle a repris connaissance, les médecins, les inspecteurs de police, les psychologues… tous ont essayé de lui expliquer ce qu’elle avait subi… Tout ce dont elle dit se rappeler, c’est du meurtre de sa mère. Le cerveau humain est un organe très particulier. Lorsqu’une personne est témoin – ou victime – de telles atrocités, il est très fréquent qu’une amnésie partielle en résulte. Par autodéfense, l’esprit se refuse à évoquer ces moments difficiles, mais si brefs qu’aient été ces instants, ils réapparaîtront toujours, sous forme de cauchemars ou d’hallucinations. Ce qui me dérange, dans le cas de Bella, c’est l’absence totale de ces manifestations inconscientes ! Elle a repris le cheminement normal de son existence, ses notes en cours n’ont pas changé, elle a rencontré ses ami(e)s… Bref rien n’a changé. Ce n’est pas une réaction « normale » suite à une agression de cette ampleur. Ni dépression, ni colère, ni cauchemars. Rien ! Comme s’il ne s’était rien passé ce soir là… Elle est restée trois mois à l’hôpital pour se remettre de ses blessures, est retournée au lycée pour passer ses examens et elle a emménagé ici. Hormis son père et son beau-père, personne n’est au courant et personne ne doit savoir. Mais son comportement m’intrigue, et m’a amené à me demander si Bella est réellement amnésique… Enfin, je ne peux que supposer ! Quoiqu’il en soit, physiquement elle n’a aucune séquelles… mais psychologiquement, personne ne le sait. Elle est peut-être brisée…

Je me dégageai des étreintes de ma famille et m’assis sur le sofa. J’étais…vidé, crevé. Tellement épuisé que j’aurai pu en dormir… La tête penchée entre mes mains, mes doigts passant et repassant dans mes cheveux, je tâchais de digérer les informations de Carlisle. Je n’y arrivais pas… Comment un homme pouvait-il s’acharner à détruire quelque chose d’aussi précieux que Bella ? Parce qu’apparemment c’était ça, elle était détruite, à l’extérieur et à l’intérieur. Un monstre lui avait souillé son corps et volé son âme. Je comprenais mieux toute cette haine qu’elle ressentait…

- Et moi, Carlisle, je te dis que Bella va très bien ! On l’a vue à la soirée ! Et même hier matin, quand je suis passée les voir, elle riait ! Elle est forte cette fille ! S’énerva Alice. Pour elle, Bella était déjà sa meilleure amie et elle n’avait qu’une envie, celle de broyer joyeusement la tête de ce malade.
- Est-ce que tu crois que je… qu’on a… que j’ai pu lui faire revivre ce qu’elle a vécu ? J’étais paniqué à l’idée d’avoir pu la blesser à nouveau.
- Oui… Non… Peut-être, je n’en sais rien en fait. C’est possible, oui. Cela expliquerait pourquoi elle te rejette aussi violemment. Mais…
- Voyons Carlisle ! Tu crois vraiment qu’elle se serait jetée une deuxième fois dans les bras d’Edward s’il lui faisait revivre son viol ? Et tu crois qu’elle se jetterait dessus si elle ne voulait pas qu’il la touche?
- Peut-être pas ! Elle a enfoui ses sentiments tellement profondément… On ne sait pas…
- Oh si, on sait ! Rugit Rose. Ça détruit une personne un acte aussi monstrueux ! J’en sais quelque chose depuis le temps… Et ça détruit l’entourage ! C’est pour ça qu’elle te haït, Eddy, j’en suis sûre. Vivement qu’on retrouve cet enfant de salaud, j’lui apprendrai comment je m’appelle !

Carlisle se tourna vers moi une dernière fois et posa ses mains sur mes épaules.

- Quoiqu’il en soit, Edward, sois très prudent avec Bella Swann, fais très attention à elle. Cette enfant a déjà connu plus d’atrocités que nécessaire…






1 – Tiré du film « Bernie », un monument du cinéma français ! !
2 - Désolée ! J’ai pas pu m’en empêcher… Hi ! Hi !



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