Edward & Bella

Edward & Bella

vendredi 27 avril 2012

Terreur et tentations


 - Bon sang ! Mais qu’est-ce que c’est que ces… ces choses ? S’écria Bree d’une voix horriblement aigüe, couvrant aisément les cris inhumains des Enfants de la Lune.

Avec l’arrivée des nouveau-nés, j’en avais presque oublié la présence des Lycans et des Quileute. Les jeunes vampires également, puisqu’auparavant ils craignaient pour leurs vies… Tandis que les malheureux Enfants de la Lune hurlaient leur agonie, leurs corps déformés par la douloureuse métamorphose, Seth, lui, reprit instantanément sa forme humaine comme si de rien n’était. S’apercevant de sa nudité, il baissa les yeux et cacha son sexe de ses mains, des rougeurs miroitant sous sa peau cuivrée. Emmett ouvrit un sac à dos en ricanant et envoya un jeans à l’Indien qui s’empressa de l’attraper avant de filer sous le couvert des buissons.

- Qu-qu-que sont ces-ces choses ? Balbutia la petite femelle, les yeux écarquillés rivés sur les Enfants de la Lune et les Quileute.
- La chose elle t’emmerde, sangsue ! Cracha Paul d’une voix venimeuse.
- Paul ! La ferme. Lui intima Jacob d’une voix grave.

Paul courba l’échine tandis que Jacob fit un léger signe de tête en direction de Carlisle et Marcus, afin qu’ils expliquent la situation aux nouveau-nés.

- Ils sont nos alliés alors je vous prierai de vous montrer respectueux à leurs égards, jeunes gens. Commença Marcus d’une voix sèche. Ces Indiens sont ce que l’on appelle des « modificateurs ». Leur nature particulière fait d’eux notre principal ennemi puisqu’ils ont vocation de protéger les humains des nôtres. Ils prennent l’apparence de loups gigantesques et ont la capacité de nous détruire. Quant à ces trois malheureuses créatures, poursuivit-il en désignant les Lycans du doigt, ce sont des Enfants de la Lune et ils sont les derniers représentants de leur espèce.

Marcus baissa la tête, honteux et consterné, ses souvenirs revenant en masse. Il s’en voulait de les avoir exterminés maintenant qu’il connaissait la vérité. Jasper lui envoya une bouffée de courage afin qu’il se ressaisisse.

- Des Enfants de la Lune ? Je pensais qu’ils n’existaient plus ! Dit Riley d’une petite voix timide, les sourcils froncés.
- Tu en as entendu parler ? Comment ? Demanda Marcus, surpris par les paroles du jeune vampire.
- Et bien… euh… c’est à dire que… en fait…
- Le Maî… euh... Felix en a parlé une fois. Le coupa Diego en voyant que Riley n’osait pas répondre. Il disait que les Volturi commettaient des exactions depuis de trop nombreux siècles, qu’il fallait les renverser et que cela passait par le Nouvel Ordre Mondial. Il nous a dit que la Royauté en place avait assassiné jusqu’au dernier les Enfants de la Lune uniquement à cause de leurs différences, qu’ils avaient commis un génocide et qu’il ne devait pas rester impuni. Il disait que les Volturi devaient payer pour leurs crimes.

Marcus s’effondra en entendant les propos du nouveau-né ; la bouche grande ouverte, les yeux écarquillés, il n’en revenait toujours pas que Felix ait pu tenir de tels discours. Dans l’esprit des jeunes vampires, je vis clairement qu’ils étaient choqués et écœurés par ces « Volturi » qu’ils ne connaissaient pas, qu’ils ne valaient pas mieux que Hitler qui, afin de créer la « race dominante Aryenne » selon ses idéaux maladifs, avait pratiqué l’épuration ethnique au détriment d’un peuple, exterminant pas moins de 5.000.000 de Juifs pendant la Shoah.
Je secouais la tête, horrifié de voir dans les esprits des nouveau-nés un Felix éructant de rage à l’encontre d’Aro et Marcus qu’il décrivait comme des criminels de guerre. Il mentait depuis si longtemps qu’il finissait lui-même par croire en ses mensonges !

- Croyez-moi, vous avez encore pas mal de choses à apprendre sur Felix ! Entre ce qu’il vous a dit et ce qu’il s’est réellement passé, il y a un fossé de la taille du Pacifique. Ricanais-je sans joie.

Ils m’observaient d’un drôle d’air, tachant de déchiffrer le vrai du faux, puis haussèrent les épaules avant de se tourner vers mon père qui consolait Marcus en lui tapotant doucement l’épaule.
Carlisle entreprit donc de leur expliquer pourquoi les Volturi – tout en taisant que Marcus était l’un des rois – avaient exterminé les loups garous, des êtres volatiles et particulièrement nuisibles pour l’Humanité, sur la base d’un mensonge commun de Felix et Caïus alors que la vérité n’avait éclaté que depuis peu. Il leur dit également qu’ils pourraient vérifier ces informations en discutant avec les Lycans, une fois que ceux-ci seraient rétablis de leur transformation. Il leur parla aussi des Quileute et de leur implication à nos côtés, de la réputation de Felix « le Fléau » dans le monde vampirique, du pourquoi il en avait après nous et Bella. Lorsqu’il parla de Didyme, Marcus se mit une fois de plus à gémir comme une bête à l’agonie, mais il se reprit rapidement, sachant que son épouse depuis longtemps disparue était la clef de toute cette histoire. Bella prit également la parole, expliquant aux nouveau-nés qu’elle avait connu Felix alors qu’elle était encore humaine et qu’ils avaient eu une liaison. Je l’enlaçais étroitement, la rassurant de par ma présence et mon soutien lorsqu’elle parla de ce qu’il lui avait fait subir, notamment le meurtre atroce de sa mère sous ses yeux.
Nos nouveaux compagnons d’infortune ne mouftaient pas un mot, absorbés par les récits qu’ils entendaient. Les rouages de leurs pensées tournaient à toute allure ; ils savaient Felix fou à lier et un brin sadique, mais jamais ils n’auraient pu imaginer qu’il était capable de tuer celle qu’il aimait s’il ne pouvait l’avoir… Brusquement, une pensée de Riley se distingua des autres et je ne pus qu’adhérer à sa théorie.

- C’est possible, oui. C’est loin d’être bête en tout cas !
- Qu’y-a-t-il Edward ? Demanda Carlisle alors que le nouveau-né me dévisageait avec des yeux ronds, ahuri que j’ai répondu à sa pensée.
- Riley se demande s’il n’y aurait pas un rapport de cause à effet entre le meurtre de Didyme – désolé Marcus – et la folie de Felix.

Marcus réfléchit quelques instants, se concentrant pour voyager parmi ses nombreux souvenirs, puis finit par ouvrir les yeux.

- Seigneur ! Pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ? S’exclama le vénérable vampire en frappant rageusement l’air de ses deux poings. Bien que Felix ait toujours eu un fond de mégalomanie et de sadisme, il n’avait jamais été fou à ce point. Il a définitivement sombré dans l’aliénation à la mort de ma chère épouse mais… je croyais que c’était parce qu’il était triste, ils se connaissaient depuis leur plus jeune âge ! Te souviens-tu, jeune Edward, lorsque mon frère et moi t’avions expliqué qu’en chaque vampire, il y a une parcelle d’humanité ? Et bien je pense, je peux même l’affirmer désormais, que ma Didyme était la part d’humanité de Felix et que son meurtre a été l’élément déclencheur de sa folie destructrice. Ça ne peut être que cela… Quel imbécile ! Il s’est lui-même détruit en tuant ma compagne ! Et regardez où cela nous mène, quel gâchis…

Un ronflement particulièrement sonore nous ramena à la réalité ; les Lycans avaient enfin achevé leur douloureuse métamorphose et dormaient du sommeil du juste sous le regard bienveillant des Quileute.
Sans même nous en apercevoir, nous avions créé une sorte de barrage entre les trois Russes et les nouveau-nés, protégeant leurs corps faibles d’humains de la soif des jeunes vampires. Tout compte fait, cela ne servit à rien. Lorsque les jeunes humèrent l’air ambiant à la recherche d’un agréable fumet à savourer, ils ne trouvèrent que les odeurs nauséabondes des Quileute et des Lycans.

- Beurk ! C’est atroce ! Comment pouvez-vous rester ici et subir ces odeurs d’œuf pourri, de chien mouillé et de fosse septique sans être malades ? Je crois que j’ai la gerbe… Annonça difficilement la femelle en ayant un haut-le-cœur.
- L’habitude, chère enfant, l’habitude… Vous vous y ferez avec le temps, vous n’avez pas le choix de toute façon puisque ces créatures sont à la fois nos alliés mais également en danger, comme nous tous. Statua Marcus en secouant la tête avec emphase.

Riley s’enfonça deux doigts dans la bouche sous les rires d’Emmett qui était des plus heureux d’avoir un nouveau « pote à dévergonder ». Décidément, il ne changera jamais celui-là !
Mon regard fut bientôt attiré par une vision des plus fantastiques. Mon ange, courbée au-dessus d’un sac et fouillant celui-ci à la recherche de je ne sais quoi, offrait sans aucune retenue son splendide fessier à mes yeux gourmands… Je me léchais les lèvres avec envie, les pensées perdues dans mes souvenirs plus ou moins récents de ma douce ondulant harmonieusement sous mon corps et sans même m’en apercevoir, mes jambes prenaient le contrôle de mon être et avançaient déjà vers elle à vitesse V. Un violent coup de coude dans le ventre me freina.

- AÏE ! Non mais ça va pas !

Je me tournais dans tous les sens, cherchant le fauteur de trouble, et mon regard tomba sur Jasper, un sourire à la fois railleur et mauvais aux lèvres.

- Oh ! Pourquoi tu me frappes comme ça ? J’ai rien fait ! Je peux savoir ce qu’il te prend ?
- T’as p’t’être rien fait pour l’instant, mais vu la quantité de luxure, d’envie, de besoin et de frustration qui émanait de toi, j’avais pas le choix. Soit je t’arrêtais, soit ça finissait en gang-bang ici ! Calme tes pulsions, tu veux ? On dirait un ado aux hormones survoltées qui se pignole en matant les Playboy qui sont planqués sous son lit pendant qu’il fantasme sur ce qu’il pourrait faire à sa copine !  Bon sang, mais t’as quel âge ?
- Ben 17 ans. C’est un peu normal les hormones survoltées à cet âge, non ?
- Arg ! La ferme ! C’est pas le moment, c’est tout ! Arrête de penser avec ta bite cinq minutes, ça fera du bien à tout le monde !

Je lui lançais un regard noir et grognais lorsque je vis que notre conversation était loin d’être passée inaperçue ; ma douce me fit un clin d’œil coquin et m’envoya un baiser prometteur.

Plus tard, mon cœur… je te promets que je me laisserai kidnapper sans opposer de résistance. Tu pourras faire de moi tout ce que tu veux… absolument… tout…

Ses pensées, tout comme les images spécialement graphiques qu’elles contenaient, me firent gémir d’envie et de frustration à la fois ; une baffe à l’arrière du crâne de la part de Jasper me rappela une fois de plus à l’ordre.

- Rabat-joie ! Marmonnais-je à l’attention de mon frère.
- Obsédé !
- Frustré !
- Bite ambulante !
- Constipé d’la vie !
- Blennorragie mobile !
- Pff… T’es jaloux, c’est tout.
- Certainement pas ! A ce que je sache, ce n’est pas toi qu’on surnomme « langue agile » Ed !
- Parce que le pseudo était déjà pris, ducon ! Je ne suis pas « magic finger » pour rien !
- Bon c’est bien gentil vos mamours et petits mots doux les gars, mais on a du boulot ici! Intervint Jacob en nous séparant alors que nous en venions presque aux mains.
- Oh toi « somnambaise », la ferme ! Criâmes-nous d’une même voix.

Sans nous en rendre compte, le ton avait monté et tout le monde nous observait avec des yeux ronds. Enfin… tout le monde sauf les filles qui pâlissaient à vue d’œil, le visage consterné.

- Beuh… Euh… Vous m’avez appelé comment ? S’exclama Jacob, ahuri, alors que Jasper et moi étions figés comme deux ronds de flan.
- C’est rien mon chéri. Rien du tout, je t’expliquerai… Intervint Tanya en enlaçant son compagnon et en l’entraînant plus loin.

Vous avez intérêt à vous expliquer ! Comment vous pouvez connaître le nom de code de mon loulou d’amour ? Je veux savoir ! Bande de gros jaloux !

- Je ne suis pas jaloux de Jacob, Tanya ! Franchement, tu crois que ça me plairait d’être capable de me lécher moi-même les burnes et de me renifler le cul ? J’aurai  l’air d’un con ! M’écriais-je en captant les pensées de ma chère cousine.
- Pff… pour ce qui est de lécher tes couilles, Bella se débrouille bien toute seule je pense ! Et tu n’aurais pas l’air d’un con, mon  cher, puisque tu l’as déjà… l’air con je précise ! Persifla-t-elle sous les rires de mes lourdauds de frangins.

Brusquement, l’envie d’enrouler mes doigts autour de son cou frêle et de l’étrangler jusqu’à ce que sa petite tête de blonde se détache de son corps s’empara de mon être et me parut une excellente idée. Comme si j’avais l’air d’un con… non mais ! Mes doigts me démangeaient atrocement et je me retins de justesse, pensant au chagrin que ma famille ressentirait suite au décès de ma chère cousine… quelle garce !
Jasper m’envoya une bouffée de calme lorsqu’il sentit que mes nerfs s’affolaient puis me mit finalement un léger coup de coude dans les côtes pour me montrer que les Enfants de la Lune s’éveillaient.
Je sus enfin pourquoi Bella farfouillait dans le sac à dos lorsqu’elle envoya des vêtements aux Lycans ; les pauvres rougissaient de leur nudité et se cachèrent comme ils le pouvaient pour se vêtir.
Les nouveau-nés étant assoiffés, Carlisle décida d’une chasse sur le trajet du retour. Par sécurité pour les Lycans et éviter un malencontreux accident, les Quileute, ainsi que Tanya qui ne pouvait se séparer de son « loulou d’amour », choisirent de rester avec eux, à l’écart, pendant que nous emmènerions les jeunes vampires.
La jeune Bree était à la fois surexcitée de chasser un animal, mais également affolée à l’idée de ne pas savoir s’y prendre. Les deux mâles se moquaient d’elle, lui disant que la chasse était un sport viril et qu’une pauvre petite femelle comme elle ne ferait jamais le poids contre un ours. Carlisle leur expliqua alors calmement de suivre leurs instincts, que tout se ferait le plus naturellement du monde. Lorsqu’ils interceptèrent le fumet d’une harde de cerfs, les deux mâles se jetèrent à leur poursuite et le spectacle me rappela étrangement notre première nuit avec les loups garous : c’était tout bonnement écœurant, ils se battaient littéralement entre eux pour une vulgaire proie. Bree, quant à elle, capta l’odeur d’un ours brun un peu plus au nord et elle suivit sa trace avant de lui sauter au garrot, déchirant sa carotide avant de s’abreuver à grands traits au cou de la malheureuse bête. Pour une première chasse, ils s’en sortirent plutôt bien malgré leur dégoût évident pour le sang animal, surtout les deux mâles puisque pour une première fois, ils avaient goûté des herbivores ; moi-même je reconnais que c’est plutôt dégueu… rien ne vaut un bon puma !

- Beurk ! C’est dégueulasse ! S’exclama Riley en crachant au sol. Je ne sais pas comment vous faites pour vous contenter de ça !
- Oh ça va, c’était pas si mauvais ! Répliqua nonchalamment Bree en essuyant le filet de sang qui perlait au coin de sa bouche.
- C’est normal, tu t’es nourrie d’un carnivore, leur saveur se rapproche un peu de celles des humains. Expliqua Jasper d’une voix rappelant étrangement celle d’un instituteur faisant la leçon de morale à ses élèves. Vous les gars, vous vous êtes contentés d’herbivores, et ils sont ce qu’ils mangent, ils ont une saveur fade. Goûtez un alligator ou un anaconda et ce sera encore pire, ils ont un goût de vase tout simplement répugnant ! Vous verrez, à force d’habitude ça passera mieux, vous aurez même certaines préférences.
- Si ça peut m’éviter de tuer des humains et de vivre un semblant de normalité, je suis prêt à tout ! S’exclama Diego d’une voix ferme en saisissant la main de la petite femelle.
- Moi aussi. Répondit-elle en lui lançant un regard transi d’amour avant de baisser la tête.

Comment avais-je pu passer à côté de ça ! La façon dont il la protégeait, la tendresse avec laquelle elle le regardait… Des compagnons ! Du coin de l’œil, je vis que Riley les observait d’un air mélancolique. Peut-être avait-il une petite amie, une fiancée, avant d’être transformé.
Nous obligeâmes les nouveau-nés à se gaver, quitte à ce qu’ils en soient malades, avant de rejoindre les Lycans et les Quileute, puis prîmes enfin le chemin du retour. Nicholaï, juché sur mon dos, riait de bon cœur en sentant le vent fouetter son visage.
Sur la route, nous forçâmes une fois de plus les jeunes à se nourrir ; ils allaient se retrouver dans un endroit étranger, avec une concentration d’inconnus et de Quileute. Les nouveau-nés sont instinctivement imperméables à la nouveauté alors mieux valaient qu’ils se gavent, ils seraient bien plus dociles.
Malheureusement, nous n’avions pas prévu que Charlie, Billy, Sue et Carlie seraient à la maison…
Une bourrasque apporta leur fragrance jusqu’à l’odorat sur développé de Bree. Lorsqu’elle intercepta leur fumet, elle se mit à gronder doucement, envahie par la promesse d’une soif étanchée par la chaleur du sang humain. Diego et Riley réagirent de la même façon et nous fûmes incapables de les retenir.
Jasper les bombardait continuellement de vagues de calme et de satiété mais rien n’y faisait, ils étaient obnubilés par la promesse du sang humain…
Bien qu’exceptionnellement rapide, je ne rivalisais pas avec leur vitesse, surtout avec Nicholaï sur le dos. Mes frères et moi déposions les Enfants de la Lune, les laissant aux bons soins de Peter, Charlotte et Marcus, puis nous filâmes comme le vent à la poursuite des nouveau-nés. Je rattrapais bientôt Bella qui s’était lancée à leur suite, redoublant de vitesse lorsqu’elle avait compris l’intention des jeunes vampires. Elle était terrorisée à l’idée qu’il arrive quelque chose à son père ou à la gosse, mais elle n’osait pas projeter son bouclier sur les nouveau-nés ; des cibles mouvantes lancées à toute puissance n’étaient pas des plus simples à atteindre, et elle craignait les dégâts que pourraient occasionner une collision nouveau-nés/bouclier sur les jeunes vampires. 
Une fois arrivés dans les bois avoisinants la villa, Emmett, Jasper et moi nous dispersâmes afin d’encercler les nouveau-nés et essayer de les prendre à revers. Bella les avait presque rattrapés et de loin, j’entendis le martèlement de grosses pattes lourdes foulant le sol et la course de plusieurs vampires ; nos amis ainsi que Jacob et sa toute nouvelle Meute venaient en renfort.
Je perçus les pensées affolées de Carmen, Esmée et Alice qui faisaient barrage entre les humains et les nouveau-nés qui allaient arriver à tout moment. Elles n’osaient pas déplacer les humains de la maigre sécurité que leur apportaient les murs.
Riley, les yeux noirs de soif et le venin dégoulinant de ses lèvres, défonça la porte, Bree et Diego sur les talons.
Esmée tenta de les freiner sans user de violence mais elle fut brutalement repoussée et finit encastrée dans le mur. Carmen et Alice zigzaguaient entre les trois nouveau-nés, agrippant un poignet, une cheville, envoyant un uppercut, un direct par-ci, par-là.
Billy, Charlie, Sue et Carlie étaient plaqués contre le mur, serrés comme des sardines, les yeux écarquillés par la terreur, incapables de bouger, cloués par l’épouvante de la situation. Leur faible vision ne leur permettait pas d’appréhender ce qu’il se passait, ne voyant que des silhouettes floues et ne sentant que des courants d’air, mais ils avaient parfaitement compris qu’ils étaient en grand danger.
Des feulements, grognements de rage, éclat de tonnerre résonnaient dans la villa ; la bataille entre vampires, nouveau-nés et protecteurs, faisait rage, d’une violence inouïe.
Leurs pensées affolées me parvenaient clairement mais nous étions encore  à quelques secondes de la villa, bien trop loin pour agir.
Puis tout se passa en une fraction de seconde…
Diego, assoiffé, repoussa violemment Alice d’un coup d’épaule et attrapa le bras de la petite Carlie, l’attirant à lui d’un geste sec. La petite fille hurlait de terreur en sentant la poigne froide du vampire sur son corps et alors qu’il allait fondre dans son cou pour étancher sa soif, Bella se mit à crier « NON ! »
Bien que loin du nouveau-né, elle lança son bras en avant, comme si elle cherchait à saisir quelque chose, puis ramena sa main en arrière avant de la relancer en avant, telle un joueur de base-ball s’apprêtant à tirer une balle rapide. Simultanément, la fillette fut arrachée des bras de Diego comme par magie, avant d’être propulsée délicatement entre les bras de Charlie, puis les quatre humains furent poussés contre l’immense baie-vitrée qui s’ouvrit sous leur passage et atterrirent au milieu du jardin. Un enchantement ? De la sorcellerie ? Je n’y comprenais rien.
J’arrivais enfin à la maison et me ruais sur Diego qui tentait désespérément de rejoindre les humains puis m’aperçus qu’il cognait frénétiquement sur une paroi invisible. Le bouclier…
Saisi par la stupeur, je me retournais vers ma douce, dont les yeux noirs comme une nuit sans lune luisaient d’un feu sauvage. Alors qu’elle agrippait le cou de Riley, lui brisant presque la nuque au passage, Diego se jeta sur moi et j’eus toute la peine du monde à me défaire de son étreinte mortelle. Ses bras comprimaient mon torse, brisant mes côtes au passage, et ce ne fut que grâce à la diversion de ma sœur, sautant sur son dos et lui faisant une clé au bras, que je fus libéré de l’atroce pression de ses bras. Bella avait envoyé Riley à l’extérieur, où mes frères le maintenaient plaqué au sol, et elle décocha un violent side-kick au visage de Bree avant de lui retourner un coup de pied ventral qui catapulta la petite femelle à l’extérieur. Carmen et Esmée se ruèrent sur elle de tous leurs poids, taclant la jeune fille au sol et lui empêchant tout mouvement. Avec l’aide d’Alice, j’emmenais un Diego se débattant comme un forcené à l’extérieur où il fut bientôt maîtrisé. Jasper abrutissait les nouveau-nés de son don, les rendant particulièrement dociles, et bien qu’ils grondent constamment à cause des fragrances humaines, ils  s’étaient tout de même calmés. Carlisle arriva bientôt, accompagné de Garrett et Laurent, une biche apeurée couinant en sentant sa fin proche, sous le bras chacun, et ils mirent les malheureuses proies à portée du visage des jeunes vampires qui burent goulûment les pauvres bêtes.
J’observais mon ange avec un ébahissement non feint, ne comprenant rien à ce qu’il venait de se passer. Bella, les yeux noirs et dans le vague, comme si elle était en transe, grondait doucement à l’attention des tous jeunes vampires. Sentant le danger, ils courbèrent l’échine et se soumirent à ma douce avant de recouvrer leurs esprits une fois leur soif étanchée.

- Ô Seigneur… Qu’avons-nous fait ? Se lamenta la petite Bree en s’apercevant des dégâts commis.

En effet, outre la porte d’entrée complètement défoncée, les gonds arrachés des murs, des meubles étaient brisés, le plâtre détruit par endroits, tout comme certains murs. Diego et Riley déglutirent bruyamment puis baissèrent vivement la tête en voyant l’état de la maison. Je ricanais doucement, sachant qu’Esmée allait pousser une sacrée gueulante – sa maison, c’est son trésor – mais les pensées rageuses de ma mère me rappelèrent à l’ordre.

Arrête donc de glousser comme tu le fais, Edward, tu n’es pas une dinde ! Et souviens-toi dans quel état tu as mis ma maison au réveil de Bella, souviens-toi ! Tu étais conscient de tes actes à ce moment-là, fils, eux non ! Pour la peine, tu auras quelques travaux d’aménagement à faire…

- Mais maman c’est pas juste !
- Tais-toi Edward ! Ne te plains pas, tu l’as cherché !

Je baissais la tête face à la colère de ma mère, mieux valait rester dans ses petits papiers…
Les nouveau-nés continuaient à se confondre en excuses et ma famille les rassura, ils n’étaient pas responsables, ils étaient encore trop jeunes pour contrôler leur soif et blablabla et blablabla. Moi, tout ce que je voyais, c’est que j’allais devoir me fader encore plus de travaux…
Je m’inquiétais d’une chose, cependant : l’absence de nos… alliés à la maison. Mais en scannant les pensées d’Alice, je m’aperçus que tout le monde avait profité de la pleine lune pour aller chasser en dehors de l’état.
Je me tournais vers ma Bella qui était toujours accroupie devant les humains, les protégeant de son corps. Elle grondait doucement et ses grognements redoublèrent lorsque je m’approchais d’elle ; elle n’était pas consciente, toujours dans cette sorte de transe, telle une lionne protégeant farouchement ses petits, et je m’assis en tailleur à quelques mètres d’elle, attendant patiemment qu’elle se calme.
Les minutes s’écoulaient, une demi-heure passa, puis une autre et Bella ne bougeait toujours pas d’un poil. J’entendis de loin les Égyptiens et Aro rentrer, accompagnés des Irlandais – qui étaient arrivés depuis peu -. Je perçus quelques bribes de conversations mais je m’en foutais royalement, je ne voulais que retrouver ma Bella… Une main se posa sur mon épaule et en revoyant les souvenirs de la nuit et de ce début de journée, affluer à la surface de mon esprit, je sus qu’Aro cherchait des réponses au comportement étrange de ma douce. Un nouveau grognement féroce retentit et je me sentis transporté dans les airs contre ma volonté, atterrissant juste à côté de ma Bella. J’allais pour la toucher, faisant fi des exclamations de surprises, des «incroyables »… « télékinésie »… « Perspectives extraordinaires »... que j’entendais dans les pensées des autres, mais Bella grogna une fois de plus à mon encontre – ce qui fit grandement sourire Charlie – et je m’assis à nouveau en tailleur, attendant qu’elle revienne à elle.
Au bout de longues minutes, Bella finit par reprendre ses esprits et se redressa subitement avant d’enfouir son visage entre ses mains, mortifiée. Je me relevai, avançai jusqu’à elle et la pris dans mes bras ; elle se tendit.

- Bella ? Qu’est-ce qu…
- Je t’ai grogné dessus ! Je ne vaux pas mieux qu’un animal !
- Bella…

Je ris avant de l’enlacer plus étroitement, enfouissant mon visage dans son cou en gémissant de plaisir, puis ricanais sous cape en voyant Charlie cogner frénétiquement contre la muraille invisible qui l’empêchait de venir nous séparer.

- Isabella Marie Swan ! Laisse-moi sortir de cette chose ! S’énerva-t-il en frappant l’air de toutes ses forces. 
- Non ! Ce n’est pas assez sûr. Vous êtes peut-être encore en danger.
- La belle excuse ! Si je ne crois pas celle-là, j’en croirai une autre ! Aie au moins pitié de mon pauvre cœur et tiens-toi à une distance respectable de ce… de ce... de ce…
- Oh papa, c’est bon ! On croirait presque que tu me fais une crise de jalousie, là !  Rigola ma douce en voyant l’expression outrée de son père.
- Éloignes-toi de ce… de ce… de ce malotru ! Éructa une fois de plus Charlie, sa voix grimpant atrocement dans les aigus.
- Ce malotru comme tu dis est mon fiancé, papa, il faudra bien que tu te fasses à l’idée un jour où l’autre ! Gloussa mon ange en secouant la tête face au visage dépité de son père.

Charlie grommela un chapelet de paroles incompréhensibles – des injures à mon encontre pour la plupart j’en suis certain – puis marmonna un vague « désolé » lorsque Sue Clearwater lui frappa l’arrière du crâne d’un coup sec, l’intimant de laisser sa fille vivre sa vie comme elle l’entend.
Ma famille s’empressa de rassurer Bella : les nouveau-nés étaient sous contrôle, elle pouvait libérer les humains. Bien que réticente, mon ange se plia à leur demande et ôta son bouclier ; en moins d’une minute, Charlie arriva, éloigna brusquement sa fille en lui tirant le bras d’un coup sec, maugréa des mots comme « aucune pudeur », « irrespectueux », « couvent »… et se prit une fois de plus une beigne à l’arrière de la tête par Sue – merci sauveuse !
Un sourire satisfait aux lèvres, Bella vint se lover entre mes bras, tirant la langue à son père. Le Chef Swan bougonna tout en se massant le crâne, me maudissant silencieusement et marmonnant « je suis trop vieux pour ces conneries ». 
Billy Black, les mains cramponnées aux accoudoirs de son fauteuil roulant, et Sue, le corps tendu et les narines frémissantes, ne quittaient pas les nouveau-nés des yeux ; ceux-ci s’étaient effectivement calmés, grâce à l’aura apaisante de Jasper et à la terreur de récolter les foudres d’une colonie de vampires s’il arrivait quelque chose aux humains.
Carlie, qui ne comprenait pas grand-chose à la situation, sautillait sur place en tirant sur la jambe de mon pantalon. Sachant ce qu’elle entendait par là, je la pris dans mes bras et la juchais sur mes épaules.

- Raïlléé ? C’est toi ? Raïlléé !

Carlie ne tenait plus en place, s’agitant comme une furie sur mes épaules. Je la posais au sol et elle courut jusqu’aux nouveau-nés avant d’être rattrapée délicatement par Aro qui, comme nous tous, craignait pour la sécurité de la petite.

- Carlie ? Mais… Qu’est-ce que tu fais ici ? S’exclama Riley d’une voix pleine de surprise.

Il se mit à grogner férocement à notre encontre, non pas pour attaquer mais plutôt pour protéger ; il la connaissait et craignait pour elle. Emmett le ceintura et je m’interposais entre Riley et Aro.

- Carlie ne craint rien ici, elle est en sécurité, elle ne risque rien. Personne ici ne s’en prendra à elle. Lui dis-je d’une voix douce, les bras levés en signe de reddition.
- C’est vrai Raïlléé, ils sont gentils avec moi. Tu vois la dame là-bas ? (dit-elle en pointant ma Bella du doigt) Et ben elle m’a sauvée du méchant vilain pas beau aux yeux rouges ! Dis Raïlléé, pourquoi tes yeux ils sont tous rouges aussi ? Toi aussi t’es un vampire maintenant ? Tu vas pas me manger, hein ? Parce que ici, y’a personne qui veut me manger, ils sont trop gentils avec moi ! Continua la petite d’une voix légèrement peureuse.

Aro la retint un peu plus fermement en voyant qu’elle voulait s’approcher de Riley, mais un bref signe de tête de Jasper lui fit comprendre que la petite ne craignait rien. A contrecœur, il la relâcha et l’enfant se jeta entre les bras tendus du tout jeune vampire. Il la serra précautionneusement contre son torse, enfouissant son visage dans le cou gracile de la fillette et se mit à sangloter, soulagé.
Je voyais clairement, à travers ses pensées, à quel point il tenait à la petite. Lorsqu’enfin il se mit à  parler, Riley nous appris qu’il connaissait Carlie depuis toujours puisque Lisbeth, la mère de l’enfant, était sa voisine et qu’elle les avait souvent gardés, son petit frère et lui. Je grognais, comme tous les autres, lorsque nous apprîmes que Carlie était l’enfant d’un viol – une « tournante » dont Lisbeth avait été la malheureuse victime ; c’est donc pour cette révoltante et affreuse raison que la gamine n’avait pas de papa. Riley et sa famille étaient les personnes les plus proches de Carlie et sa mère, ils faisaient office de tontons et grands-parents de substitution puisque la famille de Lisbeth l’avait chassée sans ménagements lorsque celle-ci avait décidé de garder le bébé ; il était hors de question et absolument scandaleux qu’ils soient associés à quelque chose d’aussi sordide....
C’est Riley qui avait également découvert le corps de Lisbeth gisant dans la cuisine, lui qui avait appelé la Police, mais avant d’avoir pu les prévenir de la disparition de Carlie, il avait été attaqué, pour se réveiller trois jours plus tard et redécouvrir le monde avec ses nouveaux yeux de vampire…
Il s’écarta brutalement de la fillette en sentant son contrôle flancher et lui demanda alors comment elle avait pu atterrir ici, dans un nid de vampires.
Carlie lui expliqua donc avec ses mots d’enfants ce qu’il s’était passé, que Felix avait tué sa mère avant de l’emmener pour l’enfermer avec Bella et Charlie, mais qu’elle avait pu s’échapper de cet enfer grâce à mon ange et que depuis, elle avait trouvé un refuge parmi nous, vampires, Quileute et Lycans.
Bella combla les lacunes du récit de l’enfant d’une voix basse et au débit bien trop rapide pour être perçu par un humain, et lorsque les nouveau-nés – principalement Riley – comprirent que Carlie et le Chef Swan auraient dû être un vulgaire repas, ils se mirent à gronder férocement. Ils savaient que Felix était barbare, sadique et totalement aliéné, mais ils n’en avaient jamais vraiment perçu l’ampleur.
Le reste de la journée s’écoula en explications et en révélations. Aro et Marcus apprirent aux nouveau-nés qu’ils étaient les fameux « Volturi », mais que jamais – ô grand jamais ! – ils correspondaient au noir portrait que leur avait dépeint Felix. Ils avouèrent effectivement qu’ils avaient commis des exactions à l’encontre des Enfants de la Lune, mais que cette extermination cruelle était le résultat d’un ignoble mensonge. Riley, Bree et Diego écoutaient patiemment nos récits ainsi que ceux des Lycans, feulant de-ci, de-là pour marquer leur désapprobation ou leur soutien, secouant la tête, écœurés d’avoir été aussi outrageusement trahis par celui qu’ils considéraient comme « le Maître ».
Finalement, alors qu’Esmée  servait un repas gargantuesque aux humains et presque humains présents, Bree se tourna vers mon ange.

- Mais c’était quoi ce truc de dingue que tu as fait tout à l’heure Did... euh... Bella ?
- Hein ? De quoi tu parles ? Demanda ma douce en essayant de s’éclaircir les idées.
- Mais siii ! Ce truc de magie genre télé machin truc psycho sensoriomatique ! Quand t’as chopé la gamine sans la toucher et que t’as fait voler les humains dehors ! C’était trop fort ! S’exclama gaiement la petite femelle en sautillant sur place, fidèle imitation de ma voyeuse de sœur.

D’ailleurs Alice, qui voulait également tout savoir, se mit elle aussi à sauter sur place en tapant des mains, vite rejointe par la petite Bree, et toutes les deux firent une petite moue boudeuse, la lèvre inférieure tremblotant et les yeux de cocker larmoyant. Voyant que ma douce les observait avec effarement, comme si elle ne comprenait rien à leur demande, Alice et Bree soufflèrent de frustration puis croisèrent les bras sur leurs poitrines en maugréant. Dingue ! On dirait des jumelles !
Pfff… et dire qu’on avait déjà une Alice à supporter… Maintenant, on l’a en double exemplaire ! Quelle misère…

- Mais… De quoi parlez-vous ? Qu’est-ce que j’ai fait ? Demanda ma belle tout en regardant Alice et son clone avec épouvante.
- Mais siii ! T’as lancé ton bras en avant pour rattraper Carlie des bras de Diego et ensuite tu l’as envoyée dans les bras de Charlie avant d’expédier les quatre humains dehors ! C’est quand même toi qui l’as fait, tu devrais t’en souvenir ! Ronchonna Alice, vite rejointe par une Bree râleuse, impatientes qu’elles étaient de tout savoir.

Bella se tourna vers moi en quête de réponse et je haussais les épaules en secouant légèrement la tête en direction des Bralice pour qu’elle sache qu’elles avaient raison, ma Bella avait bien fait ça.

- Se pourrait-il que la jeune Isabella soit télékinésiste en plus d’être un bouclier, mon cher Eléazar ? Demanda avidement Aro, son côté collectionneur de talents refaisant surface.
- Du tout. Elle n’a en aucun cas le don de télékinésie. Répondit Eléazar.
- Mais pourtant, d’après ce que j’ai vu dans les souvenirs du jeune Edward et de la charmante Alice, c’était bien de la télékinésie ! Souffla dédaigneusement Aro.
- Je ne crois pas. A mon avis, c’est juste une manifestation de son bouclier physique. Puisqu’elle est capable de le projeter sur une personne éloignée, pourquoi ne serait-elle pas capable de le manipuler au niveau spatial également ?
- Oh. Dommage… Elle n’en serait que plus redoutable. Elle est une recrue de choix au sein de ma garde une fois toute cette affaire avec ces traitres de Caïus et Felix réglée! S’exclama gaiement Aro en tapant des mains tandis que Marcus secouait piteusement la tête.

Je ne pus m’empêcher de feuler méchamment suite à ses paroles. Il était hors de question qu’il me prenne ma Bella !
Sentant la tension émaner de mon corps, ma douce posa sa main sur mon épaule et la pressa délicatement.

- C’est… très gentil à vous de me faire cette proposition Aro, j’en suis même honorée mais…
- Je sais, je sais… Tu préfères rester ici à poursuivre ta petite vie tranquille, vivant d’amour et de sang frais… Je comprends, ne t’en fais pas, charmante Isabella mais… que veux-tu, c’est mon côté « collectionneur » qui ressort, c’est comme ça, je n’y peux rien, c’est plus fort que moi ! Rigola Aro, toute trace de convoitise disparue de ses propos.

Je soufflais, soulagé de savoir que mon ange ne finirait pas son éternité loin de moi, cloitrée à Volterra, et vis du coin de l’œil qu’Eléazar observait très attentivement les trois nouveau-nés. Lorsque son regard se posa sur Diego, il fronça les sourcils et finit par souffler de frustration.

- Qu’as-tu donc, mon vieil ami ? Nos conversations t’ennuient à ce point ? Demanda Aro en voyant l’expression d’Eléazar.
- Hum ? Non, non… J’essayais simplement de déterminer le talent du jeune Diego. Ces trois jeunes personnes sont douées, c’est avéré !

Du coin de l’œil, je vis que toutes les personnes présentes – humaines ou non – avaient cessé leurs activités et conversations pour se tourner vers les nouveau-nés et écouter Eléazar. D’ailleurs, celui-ci était satisfait de son petit effet et heureux de voir que tout le monde l’écoutait attentivement.

- Je disais donc que nous avons de jeunes talents parmi nous… La jeune Bree est une traqueuse, et une excellente ! Nonobstant, son talent fonctionne différemment de celui de Demetri, elle est bien plus physique que cérébrale, dirais-je… Par exemple, si nous lui mettions une goutte de sang du Chef Swan sous le nez pour ensuite l’emmener à des milliers de kilomètres d’ici, allant jusqu’à le cacher dans un goulag à la sécurité maximale au fin fond de la Sibérie, cette jeune fille le retrouverait en un rien de temps! Idem si elle réagit particulièrement à une voix. Le don du jeune Riley est des plus subtils cependant… très intrigant, d’ailleurs… Ce jeune homme est capable d’obtenir tout ce qu’il souhaite. Le jeune Diego me pose problème, par contre… Il est doué, c’est certain. Très doué même… Mais… je n’arrive pas à voir… Son aura est très… volatile… brouillée… comme sujette à des perturbations atmosphériques… Je n’arrive pas à voir en quoi… Et c’est très frustrant, croyez-moi !

Edward, écoutes-moi très attentivement, j’aimerai que tu te jettes sur lui comme si tu allais l’attaquer, je pense que ça pourrait déclencher son don.

Eléazar continuait de parler des probables capacités des nouveau-nés et je lui fis un signe de tête discret pour lui indiquer que j’allais faire ce qu’il me demandait. Alors que tout le monde écoutait avidement ses propos, je bondis subitement sur Diego, qui était affalé sur un fauteuil, et me retrouvais au sol, à me débattre avec son siège ; il n’était plus là.
Je n’écoutais pas les cris d’indignation et de protestation qui venaient de toutes parts et tournais la tête dans tous les sens, de façon à le retrouver ; je souris en le voyant dehors, la bouche grande ouverte et les bras ballants.

- Je pense que tu as ta réponse Eléazar. Tiens, regarde où il est ! Déclarais-je en pointant Diego du doigt.
- Un télé-porteur… Fabuleux ! Je comprends mieux cette aura indécise qui l’entourait… Viens jeune homme, Edward me donnait juste un coup de main, je n’arrivais pas à trouver ton talent ! S’exclama Eléazar en faisant de grands gestes  ridicules de la main, un sourire éclatant barrant son visage afin de rassurer le nouveau-né, complètement perdu.

Diego entra d’un pas mal assuré et je lui lançais un coup de poing joueur dans l’épaule alors qu’il secouait la tête béatement, ne comprenant rien à ce qu’il venait de se passer.
Je profitais de l’extase générale sur le don du jeune vampire pour agripper fiévreusement le poignet de Bella et l’entraîner à l’écart de toute cette folie ambiante, puis l’emmenais vivement dans mon ancien antre, devenue aujourd’hui chambre d’ami.
Une fois la porte fermée, je poussais mon ange – qui gloussait comme une dinde soit-dit en passant – contre le mur et m’attaquais voracement à sa bouche, tel un assoiffé dans le désert découvrant miraculeusement un oasis. Bella répondit immédiatement à mon ardeur, ses lèvres s’entrouvrant sous la pression des miennes, et je gémis lorsqu’en glissant mes mains jusqu’à sa poitrine, je sentis ses tétons durcir sous mes doigts. J’avais l’air d’un ado pelotant sa petite amie à l’abri des regards parentaux – mais après tout, j’ai bien 17 ans ! – et Bella ressemblait à une jeune pucelle effarouchée, mais foutreusement sexy, dans sa façon d’agir.
Alors que ma langue fouillait goulûment sa bouche, que mes doigts taquinaient ses seins voluptueux et que ses mains parcourait avidement mon torse dénudé, une jambe passée autour de ma taille tandis que Bella se frottait outrageusement contre mon membre douloureusement tendu, la porte s’ouvrit dans un fracas terrifiant et nous sursautâmes en grognant de frustration, tournant la tête en même temps vers l’entrée pour découvrir un Charlie Swan au visage rougi par la colère, les yeux exorbités, la moustache frémissante et les mâchoires serrées. Un peu plus et je jurerai de voir de la fumée sortir par ses oreilles et ses narines !
Charlie « le Dragon » beau-papa Swan venait de faire son entrée…

- PAPA ! Mais tu ne vois pas que…
- Pas de ça avec moi Isabella Marie Swan ! Mais qu’est-ce que c’est que ces façons de se trémousser contre un homme comme si tu étais une chienne en chaleur ? Je ne t’ai pas élevée comme ça et ton mère non plus ! Un peu de respect que Diable ! L’interrompit Charlie, les veines de son front saillant dangereusement sous la colère.
- Non mais ça va pas la tête ? Je ne me trémousse pas comme une chienne en chaleur ! Et quand bien même je le ferai, je suis majeure et vaccinée, il va falloir te le rentrer une bonne fois dans le crâne ! Et je suis avec mon fiancé, papa. FI-AN-CÉ ! Je ne fais rien de mal !
- Fiancé, fiancé… c’est ce que tu me dis ! C’est bien joli tout ça, mais il n’est jamais venu demander ma bénédiction ou je ne sais quoi ton fiancé !
- Tu avais disparu, papa. DISPARU !
- Oui. Bon. D’accord. Il n’empêche qu’il aurait au moins pu avoir la décence de t’offrir une bague, tu ne crois pas ? Ce sont des choses qui se font en temps normal !

Ouch. Ça fait mal.
Le sourire qui ornait mes lèvres en entendant Bella prendre ma défense s’effondra immédiatement, tout comme la rage de mon ange qui me lança un regard d’une poignante tristesse en se remémorant cette épouvantable et ignoble soirée, qui avait pourtant si bien commencé.
La lèvre inférieure de ma douce se mit à trembloter et je la réceptionnais en douceur lorsqu’elle se jeta dans mes bras, le corps parcouru de sanglots silencieux. Je l’enlaçais étroitement, le menton posé sur le haut de sa tête, et la berçais sur place tout en fusillant le Chef Swan du regard.

- Mais quoi… mais que… mais qui… Balbutia Charlie tout en blêmissant à vue d’œil.

Sue Clearwater arriva une fois de plus à la rescousse, lui attrapa l’oreille et le tira dans le couloir avant de lui mettre un coup de pied aux fesses comme à un enfant qui aurait fait une énorme bêtise.
Je nous fis valser doucement jusqu’à la porte et la refermais d’un coup de pied puis consolais mon ange qui continuait à pleurer dans mes bras. Bien qu’elle ne puisse plus verser de larmes, ses sanglots déchirants me brisaient le cœur et me donnaient des envies de meurtres. Envers Felix, pour avoir gâcher odieusement notre bonheur… Envers moi-même pour n’avoir pas su la protéger comme je le devais… Et accessoirement envers mon beau-père qui appréciait énormément, depuis son retour parmi nous, me voir me démerder avec une gaule monstrueuse, des couilles épouvantablement douloureuses et des envies, malheureusement en suspens, de porno amateur avec sa fille.
Bella finit par se calmer au bout d’un long moment, puis elle enfouit et frotta son visage dans mon cou.

- Pourquoi il fait ça ?
- Je ne sais pas, Bella…
- Il voit bien qu’il me fait… qu’il nous fait du mal, non ? Alors pourquoi il continue ? S’il croit que je n’ai pas repéré son manège… Il n’était pas aussi… possessif avant d’être enlevé, il acceptait notre relation ! Alors pourquoi réagit-il de cette façon, maintenant?
- Je crois… Je crois qu’il n’a jamais réellement accepté notre couple. Je veux dire… Tu es sa fille, son bébé et tu seras toujours sa petite fille. Il a juste du mal à admettre que tu es adulte et que tu dois faire tes propres choix, pour lui, tu es toujours sa petite fille qu’il se doit de protéger contre vents et marrées… et accessoirement contre moi puisque je te « pervertis ». Ne t’en fais pas ma Bella, ça lui passera…

Je laissais mon ange méditer mes paroles et y repensais également. Je comprenais la réaction de Charlie, il ne voulait qu’une chose, protéger son enfant. Mais de là à réagir aussi excessivement, il y a une marge ! Est-ce qu’il calmerait ses ardeurs si j’offrais, une fois de plus, une bague de fiançailles à sa fille ? D’ailleurs, en y repensant, l’idée n’était pas bête… Bella m’avait coiffé au poteau la dernière fois, je ne m’attendais pas du tout à ce qu’elle me demande en mariage et – entre nous – mon orgueil l’avait mal pris! Et je ne parle pas de mon orgueil de mâle viril et au côté légèrement Cro-Magnon. Nous n’avions pas encore parlé de nos projets de mariage, le souvenir de nos fiançailles gâchées était encore bien trop frais dans nos esprits mais… peut-être pouvais-je changer la donne, trouver LA bague - enfin version 2 – et faire enfin ma demande, non?

Ooooooh ouiiii ! C’est génial ! C’est génial ! C’est génial ! Oh et en plus elle est carrément trop belle cette bague ! Une antiquité si tu veux mon avis, mais elle est magnifique ! J’suis trop contente ! Trop contente ! Trop contente ! Laisse-moi organiser votre mariage mon frère chéri à moi que j’aime et que j’adore ! Allez ! S’te plait ! S’te plait ! S’te plait !

J’étouffais à la fois un rire et une grimace en entendant les pensées d’Alice et mon ange sortit de sa torpeur lorsqu’elle sentit mon corps trembler contre le sien. Bella releva la tête, croisa mon regard et haussa un sourcil, me demandant silencieusement ce que j’avais.

- Alice.
- Quoi Alice ?
- Oh ! Euh… Comme d’habitude, elle a une idée farfelue et ses pensées dégénérées m’ont fait rire, c’est tout ! Mentis-je avant de l’embrasser délicatement.

Je t’en foutrais des idées farfelues et des pensées dégénérées ! Mes idées sont toujours génialissimes et fabuleuses ! Mes pensées sont merveilleuses et grandioses! Tu devrais me vouer un culte au lieu de te moquer, sale traître !
Au passage, pour la bague, tu la trouveras dans la petite bijouterie à Port-Angeles, la même où tu avais acheté la première version ! Merci qui ?


- MERCI ALICE ! T’ES UN GÉNIE !

Y’a des jours, j’adore ma sœur !

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Effectivement, Alice avait eu raison…
Je profitais d’un après-midi en solitaire pour aller à Port-Angeles, prétextant louer des films pour la soirée, pendant que les autres accompagnaient les nouveau-nés pour une sortie expérimentale au milieu d’humains ; Jacob, après accord des Anciens, avait proposé la Push puisque les Quileute connaissaient la légende des « sangs froids » et ma famille, ainsi que la Meute de Jake étaient à même de les aider en cas de problème.
Je passais rapidement au vidéoclub et prenais quelques films, principalement des films d’action et des thrillers ; connaissant Alice, elle avait déjà fait le plein de comédies romantiques écœurantes de bons sentiments et mièvres à souhait.
Je filais jusqu’à la petite bijouterie où j’avais trouvé le saphir de mon ange – le bleu lui va si bien ! – et y trouvais le même vendeur que la dernière fois. Lorsqu’il vit un « sale jeune » s’approcher des bijoux, il commença à grommeler mais lorsque je me retournais et qu’il aperçut clairement mon visage, ses yeux s’éclairèrent à l’idée de la commission que j’allais lui faire gagner et un sourire mielleux étira ses lèvres. J’observais les étalages les uns après les autres et désespérais de trouver mon bonheur. Lorsqu’il vit mes épaules s’affaisser, le vendeur s’approcha de moi.

- Auriez-vous besoin d’un conseil, jeune homme ? Sa voix fielleuse me filait des boutons.
- Je cherche quelque chose de spécial... d’unique… et bien que ces bagues soient magnifiques, elles ne me conviennent pas.
- Hum… Un choix difficile pour un client difficile… Ne bougez pas, je crois avoir quelques babioles à vous proposer !

Il tapa dans ses mains et fonça dans l’arrière-boutique. Je l’entendis farfouiller dans un placard et il revint une dizaine de minutes plus tard, deux coffrets en bois laqués dans les mains qu’il posa délicatement sur le comptoir avant d’ouvrir le premier.

- Ces bijoux sont des créations uniques qui ont été faites sur demande mais qui n’ont pas été réceptionnées pour diverses raisons, rupture, décès…

Je jetais un coup d’œil aux bagues mais ce que j’y voyais ne me plaisait pas. Ce n’était qu’un vulgaire étalage de cailloux de taille monstrueuse, des bijoux bien trop grossiers, de mauvais goût et ostentatoires pour ma Bella. Lorsqu’il vit ma grimace de dégoût, le vendeur souffla de frustration puis passa au second coffret.

- Ces bijoux-ci sont plus anciens, datant du siècle dernier pour la plupart et…

Je n’écoutais pas la suite, plongé dans la contemplation de la bague.
Un fin anneau en vermeil était surmonté d’un chaton enserrant délicatement une magnifique perle d’une perfection absolue. La nacre produisait naturellement une douce lueur, renforcée par l’éclat des émeraudes serties sur le pourtour du chaton. Une merveille de perfection pour ma parfaite merveille.

- Ah ! Ah ! Nous avons une gagnante ! S’exclama gaiement le vendeur, alléché à l’idée de sa commission et je grognais d’avoir été ainsi vulgairement sorti de ma contemplation.

Je sortis ma carte bancaire, signais les papiers, prenais la garantie et récupérais l’écrin que j’enfonçais dans ma poche, marmonnant un vague salut à l’attention du bijoutier, puis ressortis prestement avec une seule idée en tête : regagner Forks au plus vite.
Le trajet du retour fut très rapide. Personne sur les routes, aucun contrôle routier, je pouvais pousser le moteur à fond et m’en donner à cœur joie ! Aaaah… l’ivresse de la vitesse…
Une fois arrivé à proximité de la villa, je fus bombardé par une multitude de pensées ; tout le monde était de retour, mais une seule personne m’importait.
J’emportais le sac contenant les films et le donnais à Emmett tout en tapotant nerveusement ma poche. Elle n’a aucune raison de me dire « non », non ?
J’appris que les nouveau-nés s’en étaient bien tirés cet après-midi, il n’y avait eu aucun dérapage, mais comme Carlisle leur faisait remarquer, les Quileute avaient tous le gène lupin, même si celui-ci n’est pas toujours actif. Par contre, il envisageait de les emmener, accompagnés bien sûr d’une imposante délégation, se promener dans Forks pour un nouvel essai qu’il espérait concluant. Je cherchais ma douce et délicieuse Bella des yeux mais ne la trouvais pas. Charlie était-il encore passé par-là ?

Oh t’énerve pas frangin ! Elle est avec moi ta Bella ! Je la prépare pour votre soirée. D’ailleurs, comme vous avez ruiné la clairière avec vos âneries, Jake vous donne l’accès aux falaises de la Push pour que tu fasses ta demande. Tout est prêt là-bas, tu verras ! Alors laisse-moi au moins le plaisir de jouer à Barbie-Bella une dernière fois avant votre mariage ! J’ai déjà une tonne d’idées tu verras, ça sera grandiose ! Au moins 500 invités ! Une fontaine de champagne pour les humains et presque humains… des colonnes de fleurs… des dais de tulle blanc et de soie… un lâché de colombes… un orchestre classique…

Je m’étranglais en entendant les divagations de ma sœur… évidemment qu’elle souhaitait organiser notre mariage ! Mais là, elle ne prenait en compte que ses goûts à elle et ne faisait en aucun cas de nos souhaits. Grrr… il fallait trouver une solution pour la calmer dans ses idées de grandeur ou Bella risquait de me laisser comme un con faire le pied de grue devant l’autel le jour J !
Je fonçais au cottage, me douchais et m’habillais sobrement. Un pantalon noir, une chemise blanche et une veste noire, classique mais simple. Je vérifiais pour la cinq-centième fois que la future bague de mon ange était bien dans ma poche et retournais à la villa pour rejoindre ma douce. Étrangement, la maison était déserte – enfin tout le monde était à l’extérieur, dans le jardin – lorsque j’entrais. Alice ne devait pas y être étrangère… Je me retournais lentement au son des pas cliquetant doucement sur l’escalier et mon regard fut immédiatement captivé par l’apparition divine descendant jusqu’à moi.
Alice avait, pour une fois, fait preuve de sobriété. Bella était vêtue d’une robe en soie simple, fluide, moulant parfaitement le haut de son corps et s’évasant au niveau des hanches. La blancheur absolue du tissu donnait une apparence presque surréelle, féerique à ma Bella, et ses cheveux retombant en boucles souples sur ses épaules lui conféraient un air angélique. D’ailleurs,  le sourire qu’elle arbora lorsqu’elle me vit muet d’adoration était absolument… diabolique.
Je lui tendis silencieusement la main et elle la saisit, puis je l’entrainais, toujours sans un mot, jusqu’à l’extérieur. Ne voulant pas qu’elle tâche sa belle robe immaculée, je glissais doucement un bras sous ses genoux et passais le second dans son dos. Elle gloussa lorsque je la soulevais et redoubla de rire alors que je l’emmenais au pas de course – vitesse humaine pour ne pas la décoiffer – jusqu’aux falaises de La Push.
Alice avait décidément fait les choses en beauté !
Une multitude de photophores étaient disposés en un vaste cercle autour d’un lourd tapis de velours rouge avec, en son centre, un panier en osier contenant deux flûtes à champagne et des bouteilles « cuvée du puma ». Le tapis était parsemé de pétales de roses rouges et de freesias blancs et le soleil couchant inondait l’endroit de ses doux rayons orangés, apportant une touche intime et sensuelle à l’endroit. J’étais muet d’admiration, tout comme ma Bella. Lorsqu’elle vit ma bouche entrouverte sous la surprise, elle rit doucement.

- Alice ? Chuchota-t-elle d’une voix douce, de peur de briser la magie des lieux.
- Alice. Lui répondis-je sur le même ton, effrayé à l’idée de lever l’enchantement.

Je frissonnais légèrement et emmenais ma douce au centre du tapis avant de la déposer délicatement au sol. Je m’assis à ses côtés et me perdis dans la contemplation du coucher de soleil, ou plutôt de ma Bella resplendissant de mille feux sous les rayons crépusculaires.
Déglutissant bruyamment, et bénissant intérieurement la bouteille que je venais de déboucher d’avoir étouffé ce son incongru – j’inspirais profondément pour me donner du courage et servis un verre à mon ange avant d’en faire de même pour moi. Elle me sourit doucement pour me remercier et du coin de l’œil, je vis qu’elle frissonnait également. Avait-elle déjà deviné la raison de notre venue ici ? Était-elle aussi apeurée que moi à l’idée d’un « non » potentiel ?
Je soufflais une dernière fois, pris mon courage à deux mains et posais un doigt sur son menton pour relever son doux visage et emprisonner son regard du mien.

- Bella je… Je sais que techniquement on en a déjà parlé et… enfin tout a été gâché mais… je veux dire…
- Edward ! Respire.

Ses grands yeux rieurs luisaient d’un éclat chaleureux, emplis de tendresse et d’amour. Elle posa délicatement sa bouche sur la mienne, la caresse de ses lèvres était presque fantomatique mais suffisante pour m’insuffler le courage nécessaire. Je m’arrachais à ses lèvres lorsqu’elles se firent plus aventureuses ; hors de question que je perde la tête et que j’oublie la raison de notre présence ici.

- Bella, tu es toute ma vie. Depuis que nos regards se sont croisés à cette soirée, tu es devenue le centre de mon univers, ma raison d’être. J’ai failli de perdre à deux reprises et la dernière m’aurait été fatale si tu ne m’étais pas revenue. Tu m’as déjà dit « oui » par le passé, enfin techniquement, c’était moi puisque tu m’avais volé la vedette alors… J’espère sincèrement que tu me diras « oui » ce soir. Isabella Marie Swan… mon ange… ma douce… ma vie… acceptes-tu d’illuminer mon éternité de ton éclat en m’épousant ?

J’eus à peine le temps de finir que je m’écroulais au sol, Bella à califourchon sur mes cuisses, ses lèvres butinant incessamment mon visage et un flot torrentiel de « OUI ! » se déversant de sa gorge. Je nous fis rouler à même le sol et la surplombais pour découvrir un sourire radieux sur son visage.

- Ça c’est un « oui » ou je ne m’y connais pas… SMACK !… Tu es sûre… BIZZZ !… que tu… SMACK !… ne veux… BIZZZ !… Pas voir… SMACK !… la bague… SLURP !... avant ? SMACK!

Bella s’arracha difficilement de mes lèvres et passa ses doigts dans ses cheveux pour les remettre en place.

- La bague… Quelle bague ? Ah oui ! La bague !

Je ris face à sa réaction et enfouis la main dans la poche de ma veste, qui était mystérieusement tombée au sol au cours de ses « oui ! », pour en ressortir l’écrin que je brandis fièrement comme un trophée. Je l’ouvris et m’extasiais de son sourire béat avant de lui passer la bague au doigt tout en l’embrassant délicatement. Mes lèvres se firent plus enhardies, plus pressantes contre les siennes et lorsque mes mains glissèrent dangereusement sur ses cuisses, Bella s’arracha à moi, le souffle court, les lèvres gonflées, les yeux noirs de désir.

- Quand ?
- Euh… Quoi ?
- On se marie quand, Edward ?
- Et bien… je pensais… vu que les choses bougent très vite en ce moment… on pourrait attendre la confrontation avec Felix et Caius et se marier ensuite, qu’en penses-tu ?
- Non.
- Non ? Mais je croyais que…
- Je veux t’épouser Edward, maintenant. Tout de suite. On a déjà trop attendu. Je veux être à tes côtés, je veux être tienne lorsqu’on les affrontera !
- Ma Bella…

Je l’enlaçais étroitement, le cœur gonflé de bonheur à l’idée qu’elle soit bientôt mienne, réellement, puis me mis subitement à frémir de dégoût lorsqu’une pensée envahit mon esprit.

- Edward ? Que se passe-t-il ? Tu n’en as pas envie ?
- Si ! Bien sûr que si !
- Mais alors quoi ?
- Pas quoi. Qui…
- Comment ça ?
- Alice…
- Oh.
- Oui OH ! Si tu savais déjà tout ce qu’elle a prévu !
- Comment ça ?
- Ignoble. Horrible !
- A ce point ?
- Pire ! Des fontaines de champagne, un orchestre, des tonnes de fleurs, invités et je ne te parle pas du reste !
- Tu as envie de ça, toi ? S’exclama mon ange, le visage envahi par la terreur.
- Quoi ? NON ! Non, je veux quelque chose de simple… d’intime… toi, moi, le prêtre et les témoins, ça me suffit. Tout ce que je désire, c’est que tu m’épouses.
- On fuit à Vegas ?
- C’est une très bonne idée mon ange, mais tu oublies une chose : Alice va le savoir avant même qu’on parte et elle nous empêchera d’y aller… Dommage car ton idée est plus que tentante…

Bella croisa ses bras autour de mon cou, ses doigts fins jouant avec mes cheveux, et un sourire diabolique étira ses lèvres parfaites, rivalisant avec la lueur malicieuse qui éclairait son regard.

- Et si je te disais que nous sommes sous mon bouclier depuis que nous sommes arrivés ici, qu’Alice n’a rien vu et ne verra rien tant que nous en sommes enveloppés, et qu’elle ne peut donc rien prévoir ni prédire… Tu en dis quoi ?
- Ce que j’en dis ? Vegas bien sûr !
- Vegas alors ?
- Vegas.

Je me mis à rire, à la fois de soulagement, de bonheur et d’exaltation puis me jetais sans ménagement sur ma Bella, impatient de savourer son corps de rêve. Vegas, attention ! Nous voilà !

Vous voulez la suite ??? moi j'veux des com's ! bizzz

samedi 14 avril 2012

Quand vient l'ennui...

Leur terrible métamorphose achevée, les Lycans hululèrent à la gloire de la lune et tournèrent enfin leurs grosses gueules repoussantes vers nous.
Leurs yeux vermillon luisaient dans la nuit noire légèrement éclairée par la lune.
Brusquement, je me figeais, incapable de réagir, lorsque l’un d’eux se jeta sur moi…

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Je percutais violemment le sol, emporté par le poids du loup-garou et m’apprêtais à riposter en entendant les hurlements stridents de ma Bella, mais la bête m’enlaça étroitement avant de me lécher goulument le visage. Beurk ! Le Lycan s’arracha de mon corps et me tendit une énorme patte pour m’aider à me redresser sous le regard ébahi de mon ange. Je n’y comprenais plus rien…
Observant autour de moi, je vis qu’Emmett et Carlisle, qui nous avait accompagnés cette fois-ci, étaient également aux prises avec des loups garous un peu trop affectueux. Je sondais leurs pensées et fus étonné de voir qu’elles paraissaient claires. Celles de Nicholaï me parvenaient plus facilement puisqu’il s’arrangeait pour penser dans notre langue. J’étais sidéré… ça a marché.
Leurs mâchoires démesurées étaient bizarrement déformées et en voyant leurs yeux rieurs, je compris qu’ils souriaient à leur façon. Des petits bras fermes s’enroulèrent autour de ma taille et une voix mélodieuse me parvint aux oreilles.

- Je suis fière de toi mon amour, tu as réussi ! Murmura doucement Bella.

Je me retournais et la serrais contre moi avant de me pencher pour capturer ses lèvres tentantes. Au moment où mon nez effleura le sien, elle s’arracha de mon étreinte.

- Dans tes rêves, mon pote ! T’as la tronche remplie de bave et tu voudrais que je t’embrasse ? Mais t’es malade ma parole ! Je n’ai aucune envie de m’approcher de ton visage tant que tu ne te seras pas débarrassé de cette chose dégoulinante, puante et écœurante ! S’exclama-t-elle horrifiée, une mimique dégoutée sur le visage.

Je grognais, frustré, ce qui fit bien rire mes frères. Mais lorsque Rosalie repoussa Emmett alors qu’il souhaitait l’embrasser, et qu’il se mit à pleurnicher quémandant un baiser, je me foutais de lui à mon tour.
Je finis par m’éloigner et au bout de quelques kilomètres, j’entendis le ruissellement d’un cours d’eau. Fonçant en direction du bruit, je découvris un petit ruisseau. Bénis sois-tu joli ru !
Je mis mes mains en coupe et récupérais de l’eau, frottant vivement mon visage pour me débarrasser de la bave. Je grognais en me rendant compte que mes cheveux étaient également envahis par la salive du Lycan…

T’as changé de gel mon pote ?
Hein ?
Bah oui ! C’est très stylé ce mélange de mèches et de bave ! Crade à souhait ! Tu relances la mode grunge ? Pas sûr que ça plaise aux filles !
Oh ta gueule !

Je muselais l’autre imbécile et immergeais ma tête sous l’eau, frottant mon visage et mon cuir chevelu à deux mains. Eurk ! C’est pas possible, ce sont de vraies usines à morve ces Lycans ! Même la flotte se retrouvait envahie par l’infâme substance visqueuse.
Une fois que je me jugeais propre, je retournais dans l’immense clairière et tombais sur un spectacle des plus étranges.
Mes frangins étaient en plein combat de catch avec les Enfants de la Lune !
Carlisle et Marcus s’amusaient à décrypter le comportement des Enfants de la Lune et ils organisèrent des pseudos jeux inter-espèces afin d’étudier leur vitesse, leur force et leur puissance.
Il y eût donc une épreuve de lancer de troncs et de rochers, vampires d’un côté, Lycans de l’autre. Brusquement, l’un des loups garous attrapa la cheville d’Emmett, le fit tournoyer au-dessus de sa tête en se moquant éperdument des hurlements de mon frère, puis l’envoya de toutes ses forces contre un arbre et... Emmett en brisa une bonne dizaine sous la puissance du tir, avant d’atterrir les fesses enfoncées dans un tronc une soixantaine de mètres plus loin.
Il pleurnicha, vexé dans son amour propre et son égo de mâle « dominant », appela sa Rosie d’amour à la rescousse et se fit consoler tel un enfant se planquant dans les jupes de sa mère après un gros chagrin.
Il y eût également une épreuve de course où les Lycans se firent battre à plate couture ; ils étaient incapables de rivaliser avec notre saisissante vélocité.
Vint également l’épreuve de lutte, puis de gymnastique, de saut en hauteur et en longueur… Bref, les deux vieux s’en donnaient à cœur joie !
Je percevais clairement la douleur, la tristesse et la honte de Marcus. Le vénérable vampire s’en voulait atrocement d’avoir été floué par son frère et celui qu’il avait longtemps considéré comme un proche. Leurs mensonges, leur vilénie avaient été à l’origine de l’éradication des Enfants de la Lune et Marcus était horrifié d’avoir été l’instigateur de leur extermination maintenant qu’il connaissait la vérité ; il cherchait à tout prix un moyen de se racheter à leurs yeux.
Alors que nous étions en train de nous amuser comme des petits fous en jouant au football avec les loups garous, je captais des pensées familières et à la fois extrêmement affolées.

- Merde ! Mais qu’est-ce qu’il vient foutre ici ?
- Que se passe-t-il, Edward ? Qui vient ? Demanda Carlisle alors que les Lycans se figeaient, dans l’expectative.
- Seth.

J’eus à peine le temps de prononcer son prénom que son odeur nous parvint. Brusquement, un loup couleur sable épouvantablement imposant, immense, gigantesque, se dressa devant nous.
La taille de Seth, déjà énorme sous sa forme lupine, était dorénavant démesurée. Il mesurait au bas mot plus de 2 mètres au garrot.
Il hulula au clair de lune, terrorisé par ce qui lui arrivait.
Carlisle, les yeux ronds, s’approcha du Quileute et lui tapota doucement le flanc, seule partie du loup que mon père pouvait atteindre en levant le bras.

- Seth ! Est-ce bien toi ? Demanda-t-il d’une voix douce et apaisante.

Le loup beugla un son déchirant de tristesse et hocha sa grosse tête velue.

- Quoi ? C’est le p’tit Seth ce machin-là ? S’exclama Emmett, les yeux pétillants. Waaa ! Cool mon pote ! T’as une sacrée allure ! Ça va déchirer dans les chaumières de la Push !

Seth se remit à hululer son chagrin lorsque mon frère évoqua la réserve et je perçus quelques bribes de souvenirs récents dans ses pensées ; En voyant la réaction du jeune Indien face à la pleine lune, Sam l’avait chassé sans ménagement de la Push malgré le soutien des autres membres de la Meute envers Seth…
Carlisle et Marcus caressèrent doucement le Quileute jusqu’à ce qu’il s’apaise.

- Seth, peux-tu reprendre ta forme humaine s’il-te-plait ? Cela serait plus facile pour parler, tu ne crois pas ? Lui demanda mon père d’une voix calme et mesurée.

Le loup hulula sa peine une fois de plus avant de secouer sa tête en signe de dénégation.

- Tu ne peux vraiment pas ? S’étonna Carlisle, d’une voix douce aux accents de tristesse.

Edward, entends-tu toujours ses pensées ?

Je lui affirmais d’un hochement de tête.

Pourras-tu m’expliquer ce qui lui est arrivé une fois que je l’aurai interrogé ? Merci.

- Seth, je vais te poser quelques questions et j’aimerai que tu détailles tes pensées au maximum afin qu’Edward m’explique le pourquoi de ce… phénomène. As-tu déjà muté depuis ta… guérison, faute de meilleur terme ? As-tu ressenti quelque chose d’étrange, d’anormal par rapport à tes précédentes transformations ? Que s’est-il également passé ce soir pour que tu sois dans… cet état ?

Carlisle continua son flot intarissable de questions et je vis dans l’esprit du jeune Quileute tout ce qu’il s’était produit récemment. Je m’approchais de lui et tapotais doucement le flanc avant de lui mettre un coup de poing joueur au niveau de l’épaule.

- T’inquiète mon pote, t’es toujours le même… en un peu plus volumineux mais y’a pas de mal ! Carlisle, j’ai les réponses à tes questions… Seth t’a écouté et a préféré miser sur la sécurité après son rétablissement, il n’a donc recommencé à muter que depuis quelques jours. Tout se passait normalement, enfin normalement pour un membre de la Meute. Il se métamorphosait en loup et reprenait apparence humaine comme bon lui semblait, quand il en avait envie. Il a commencé à se sentir bizarre en fin d’après-midi, j’ai perçu dans ses pensées qu’il était stressé, sans raison apparente. Il avait comme une boule d’angoisse qui lui pesait sur l’estomac mais aussi la chair de poule. Il a donc préféré rentrer chez lui pour se coucher, mais au fur et à mesure que le soir arrivait, il se sentait de plus en plus mal. Il a brutalement ressenti un fort besoin de sortir, c’était une sensation pleine d’urgence, presque vitale, et une fois à l’extérieur, son regard s’est directement posé sur la lune, sans même la chercher. C’est comme s’il savait d’instinct où la trouver, comme si elle l’appelait. Contrairement aux Enfants de la Lune, il n’a pas souffert de sa transformation. Il a juste changé d’apparence comme le ferait Jacob, par exemple. Il a hululé en direction de la lune jusqu’à ce qu’il se fasse chasser de la Push – désolé mon pote – par Sam. Il ne comprenait pas pourquoi, jusqu’à ce qu’il s’aperçoive qu’il avait triplé de taille par rapport aux autres. Il s’’est donc enfuit et a été attiré, un peu comme par un aimant, ici. Il a peur de rester comme ça mais il est surtout terrorisé à l’idée de ne plus pouvoir rentrer chez lui.

Un Lycan, Nicholaï à en juger par ses pensées, s’approcha de Seth et lui tapota l’épaule en grondant doucement. Lorsque je vis ses interrogations dans son esprit, je posais directement la question à Seth.

- Eh mon pote ! Est-ce que… est-ce que tu ressens un besoin incontrôlable de manger ? Quelque chose de bien… sanguinolent si possible. Ou encore de te battre à mort ?

Le Quileute secoua la tête en reniflant de dédain.

- Cool ! C’est bon. Ça veut dire que tes instincts de « Protecteur » restent les mêmes…
- Qu’entends-tu par-là, Edward ? Demanda mon père, les sourcils froncés.
- Et bien… Nicholaï pense qu’une partie de leur gêne est resté en Seth malgré le venin. D’après lui, Seth risque de réagir à la pleine lune de cette façon, c’est-à-dire d’avoir une forme lupine gigantesque. J’ai vu dans ses pensées que les Lycans sentent l’appel de la lune plusieurs heures avant qu’elle ne se lève. Tout comme Seth, ils sont angoissés et ressentent l’arrivée de la pleine lune jusqu’au plus profond de leur être. C’est pour ça qu’ils s’éloignent vivement de toute présence humaine avant leur mutation… Mais vu que Seth ne réagit pas à l’appel du sang, il est fort possible que sa nature de Protecteur prenne le dessus malgré sa taille démesurée. Tout compte fait, on n’a pas vraiment réussi à inverser la mutation de Seth et… Bon sang ! Mais qu’est-ce qu’ils viennent faire ici, nom de Dieu !
- Qu’arrive-t-il Edward ?! Paniqua Marcus.
- Leah et Jacob débarquent !

Les Enfants de la Lune se figèrent, affolés à l’idée de leur faire du mal mais Carlisle les rassura. Vu leurs réactions jusqu’à présent, ils étaient à même de contrôler leurs pulsions sauvages et sanguinaires.
Deux loups arrivèrent et Leah se cacha derrière des buissons pour n’en ressortir qu’une fois vêtue d’un vieux short et d’un débardeur, les pieds nus.

- Seth ! Oh Seth, ne fais plus jamais ça ! J’ai eu si peur…

Elle fit un bond énorme pour se jeter sur son frère, crochetant difficilement ses bras autour de l’encolure démesurée du jeune Quileute. Jacob grondait doucement, les babines retroussées sur ses crocs découverts, en direction des Enfants de la Lune et il se posta défensivement entre Leah, Seth et les Lycans. Les trois loups garous levèrent les bras en signe de reddition, attendant que Jacob abandonne sa posture agressive.

- Tu peux te détendre Jacob, ils ne feront rien, le traitement a marché. Affirma Jasper en essayant de tempérer les sentiments belliqueux de l’Indien.

Voyant que les Enfants de la Lune n’attaquaient pas et qu’ils ne regardaient même pas Leah sous sa forme humaine, il fonça également dans les fourrés avant de revenir, un vieux bermuda défraîchi en guise de vêtements.

- Mais qu’est-ce qu’il se passe, Doc ? Il lui arrive quoi à Seth ? Je pensais qu’il était soigné ! S’énerva Jacob, le corps tremblant de fureur.
- Et bien… Il semblerait qu’une partie du gène Lycan n’ait pas été éradiquée par le venin. Il est fort possible que Seth se transforme ainsi à chaque pleine lune mais…
- Il va s’en prendre aux humains, alors ! Il deviendra incontrôlable !
- Non, tu te trompes… D’après nos trois amis, ici présents (Carlisle désigna les russes), Seth ne souffre aucunement de l’appel du sang. Sa nature de Protecteur est fortement ancrée en lui, tu comprends ? Il serait incapable de faire du mal à un humain, ce serait en totale contradiction avec ses instincts. Cependant, à chaque pleine lune, il aura cette apparence… D’ailleurs, Seth est actuellement incapable de reprendre sa forme humaine… Je me demande si cela a un lien avec sa métamorphose… Continua-t-il les yeux dans le vague en se frottant pensivement le menton.
- Étant donné que les Enfants de la Lune prennent cette apparence une nuit par cycle lunaire et qu’ils ont transmis, bien malgré eux, une partie de leurs caractéristiques à ce jeune Indien, il est fort possible que le jeune Seth ne parvienne pas à reprendre forme humaine avant le lever du soleil. Enfin, ce n’est qu’une supposition parmi tant d’autres. Statua Marcus en réponse aux propos de mon père.

Jake et Leah observaient attentivement les Enfants de la Lune puis finirent par se détendre complètement lorsqu’ils aperçurent les étranges grimaces déformant les babines des loups garous. Eux aussi, sous leurs formes lupines, souriaient de cette drôle de manière.

- Ça a marché alors ? Votre espèce de médicament miracle anti-monstre que vous avez mijoté a vraiment marché ? Dit Jacob d’une voix douce et émerveillée. C’est cool pour vous les ruskofs ! Vous nous aviez dit que vous ne supportiez plus vos instincts qui vous poussaient au meurtre, ça doit faire du bien de contrôler son corps et ses pensées.

Nicholaï – maintenant j’arrivais à les reconnaître tous les trois tant leurs pensées étaient claires – hocha vivement sa grosse tête velue, ses yeux vermillon brillant de joie alors que le mois dernier, ils ne luisaient que du besoin bestial de tuer. Jacob lui décocha un poing joueur dans l’épaule et le loup-garou le lui rendit ; malheureusement, il ne se rendit pas compte de sa force et envoya Jacob valser au sol, contre un tronc défoncé par nos précédents jeux. Il se redressa tant bien que mal en frottant son épaule, marmonnant un chapelet de jurons qui lui aurait valu de se faire tirer les oreilles par Esmée ou Sue mais qui excita Tanya qui se retenait difficilement de se jeter sur lui. Apparemment, elle adorait le langage de charretier de son « Jacobinou d’amour » !

- Il s’est passé quoi avec Sam tout à l’heure ? Seth n’a pas su nous l’expliquer.

Emmett avait parlé d’une voix sèche, ce qui était rarissime chez lui. Il était particulièrement en colère à l’encontre de l’Alpha de la Meute ; il adorait Seth qui était un vrai compagnon de jeux et paris en tout genre, et depuis les évènements du mois dernier, il se sentait très protecteur envers le jeune Quileute.
En entendant le prénom de leur Alpha, Jacob et Leah se renfrognèrent et les traits de leurs visages se durcirent. Leah tremblait d’une fureur mal contrôlée et faisait tout ce qu’elle pouvait pour ne pas se transformer sous nos yeux. Elle inspira lentement et profondément à plusieurs reprises puis ouvrit finalement les yeux après avoir reçu une bouffée de calme de la part de Jasper.

- Merci Jazz, j’en avais bien besoin. Pour faire court, il se passe que ce crétin de Sam est persuadé que Seth allait assassiner tout le monde. Je ne suis pas fière de moi, mais j’avais également peur des réactions de mon frère… Désolée frangin, je vois bien que ce n’est pas le cas. Mais l’autre abruti refuse que Seth revienne à la réserve, il l’a banni !
- Sam admettra forcément qu’il s’est trompé lorsqu’il verra vos souvenirs. Il a agi sous la peur et la colère et reviendra sur sa décision, j’en suis certain. Mon père parla d’une voix douce.
- C’est un peu plus compliqué que cela, Carlisle. Commença Jake. Sam a un comportement des plus étranges ces derniers temps. Nous nous en sommes finalement aperçus lors de la bataille contre les Lycans. Il était survolté et prenait des décisions totalement irréfléchies, faire venir les jeunes en renfort, par exemple. Mon père était dans une rage noire lorsqu’il est revenu à la Push pour lui parler. Il a retrouvé une Emily en pleurs ce jour-là, elle ne comprend pas ce qu’il se passe avec son époux, elle dit qu’elle ne le reconnaît plus, qu’il a changé. On a bien vu sa réaction injuste à votre encontre alors que vous faisiez tout en votre pouvoir pour aider Seth, vous nous avez soigné, quand même et on dirait qu’il l’a oublié. Le renvoi définitif de Seth a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase et il y a eu pas mal de grabuge après que Seth se soit enfui.
- Comment cela, Jacob, qu’essayes-tu de nous dire ? Demanda mon père, les sourcils froncés.
- Les anciens se sont réunis. Le vieux Quil, Sue et mon père. Ils étaient d’accord pour éloigner Seth le temps qu’il soit sous cette… forme hallucinante, afin d’assurer la sécurité de la réserve, mais en aucun cas ils ne voulaient son ban définitif ! Sam a hurlé qu’en tant qu’Alpha de la Meute, c’était à lui de prendre les décisions qu’il estimait nécessaires et justes pour le bien-être de notre communauté. Mon père a donc dit qu’il était peut-être tant que la Meute se choisisse un nouveau chef, amène d’assurer la sauvegarde et la pérennité de notre clan. Sam est devenu comme fou, le pouvoir lui est monté à la tête, et il s’est mis à hurler qu’il était le seul et unique Alpha de la Push, que personne n’était capable d’assurer ce poste ! Leah s’est énervée, elle lui en voulait toujours d’avoir traité Seth aussi durement… Elle n’a pas su contenir sa fureur et s’est transformée avant de se jeter sur lui. Mais Sam a été plus rapide, il a muté à son tour et l’a méchamment mordue pour lui rappeler sa place. J’ai vu rouge. Je me suis jeté sur lui. Nous nous sommes battus. Violemment. J’ai choisi d’endosser mon rôle d’Alpha légitime et me suis désolidarisé de la Meute. Je suis donc le nouvel Alpha d’une Meute de trois loups, Leah et Seth compris.
- Mais… il ne peut y avoir deux Alphas à la Push, non ? Cela va créer des tensions. Commença Carlisle.
- Effectivement ! Et comme pour beaucoup de membres de la Meute je ne suis pas un « véritable » Alpha puisque je me suis imprégné d’une « sangsue » - désolé mon amour – personne n’a suivi et…
- C’est là que tu te trompes, mon pote ! Claironna une voix enjouée.

Nous étions tellement plongés dans le récit de Jacob que nous n’avions pas entendu les autres arriver. Embry, Quil, Jared, Paul et Cole sortaient des bois environnants, le sourire aux lèvres. Ils frémirent en apercevant les Enfants de la Lune puis lâchèrent le souffle qu’ils avaient retenu en voyant que les Lycans restaient maîtres d’eux-mêmes.

- Mais qu’est-ce que vous faites là ? S’exclama Jacob, sa voix augmentant de quelques octaves sous la surprise.
- On a simplement choisi notre Alpha, c’est tout ! Ricana Embry.
- Euh…
- Wow ! Il est mou du ciboulot notre nouveau chef ! Railla Paul en voyant l’expression ahurie de Jake.
- C’est peu d’le dire ! Ajouta Jared. On a juste décidé qu’on en avait marre de suivre les directives d’un mégalo incapable de voir ce qui est bien ou mal. Mais à part Cole, aucun des jeunes n’a suivi, ils sont terrorisés par Sam. Continua-t-il tristement.
- Et que se passe-t-il exactement avec Sam, je ne comprends rien à rien ! Se lamenta mon père.
- Pas plus que nous ! Je me rappelle de votre retour à Forks, nous ne vous supportions pas à ce moment-là. Vous n’étiez que des sangsues, des monstres avides de meurtres, mais nous avions maintenus le traité signé avec Ephraïm. C’est Sam qui nous avait demandé de rester cordiaux envers vous afin de respecter la parole de nos ancêtres, que c’était une question d’honneur. Au fil du temps, surtout lorsque la sangsue dégénérée a voulu s’en prendre à Forks, Maria, c’est ça ? Ouais, c’est comme ça qu’elle s’appelait, nous vous avons découvert sous un autre jour. Pour preuve, le traité a été aboli et nous vous avons accordé l’accès à la Push. C’est même Sam qui l’a voulu, nous expliquant que vous n’aviez rien à voir avec les vampires tueurs d’humains, que vous étiez de bonnes personnes. Et quand vos potes non végétariens ont commencé à débarquer à cause de la menace qui pèse sur vous, il ne disait rien non plus, je ne comprends pas ce qu’il se passe ! S’énerva Quil en décochant un coup de poing rageur sur une souche d’arbre.

Jared fronça les sourcils et se massa les tempes en cherchant dans ses souvenirs un élément qui aurait pu expliquer l’étrange attitude de Sam, puis subitement, il se raidit.

- Eh ! Vous vous souvenez de notre dernière patrouille à Seattle ? Dit-il aux autres.
- Quelle patrouille à Seattle ? Demanda Jasper.
- Et bien… Quand les disparitions et les meurtres ont commencé à Seattle - vous savez de quoi je parle Carlisle, vous nous avez même dit que c’était l’œuvre d’un vampire - Angela a paniqué, sa cousine ne répondait plus au téléphone depuis des jours, elle avait peur qu’il ne lui soit arrivé quelque chose alors… Alors on est allés là-bas de nuit, afin qu’aucun humain ne nous voit, et nous l’avons cherchée. Nous avons dû nous séparer un moment pour couvrir un territoire plus large, et pendant une dizaine de minutes, l’esprit de Sam ne communiait plus avec les nôtres…
- Il a tout simplement changé d’apparence, Jared ! Expliqua Leah.
- Oui, je pense mais… Il a changé depuis cette expédition. Pas de manière réellement visible, mais il a changé quand même.
- On voit le résultat ! S’énerva Paul. Merde ! Sam est mon meilleur pote et je ne le reconnais plus !

Je fronçais les sourcils, me demandant clairement ce qu’il avait pu se passer pour que Sam en vienne à avoir des idées de grandeur et m’aperçus du coin de l’œil que tous les miens présents avaient la même idée à l’esprit ; Sam avait certainement croisé l’un des nôtres. Mais qui ? Et pourquoi ?
Voyant la façon dont les Quileute réagissaient lorsqu’on évoquait Sam, Marcus décida de détendre l’atmosphère et leur proposa de participer à ces « jeux inter-espèces » qu’il avait conçus avec mon père. Nous nous retrouvâmes donc une fois de plus à nous mesurer à la lutte, au saut, gymnastique… et au bout d’un moment, allez savoir pourquoi, Emmett se jeta sur Seth, lui frappa doucement la truffe en criant « chat ! » avant de s’enfuir en ricanant sous nos yeux éberlués. Et voilà comment, nous pauvres créatures surnaturelles, en arrivâmes à jouer à « chat ». Franchement, à nos âges… J’essayais d’échapper à Leah, qui était le chat, et filais comme l’éclair à travers les bois, mais brusquement, elle me sauta dessus, m’aplatissant de tout son poids, et sa truffe me poussa les fesses alors que ses pensées amusées me parvinrent.

Touché Eddy ! C’est toi le chat !

Elle décampa à toute allure, tout comme les Quileute et vampires présents, et je me ruais à toute vitesse vers les Lycans. Leurs corps musculeux se mouvaient en souplesse dans les arbres, on aurait dit de grands singes – très volumineux – sautant de branches en branches avec une incroyable aisance. Je bondis et touchais la cuisse d’un loup-garou, criant « chat ! » avant de déguerpir à mon tour.
Les Lycans n’étaient peut-être pas aussi rapides que nous, vampires, ou les Quileute, mais ils étaient incroyablement rusés. De plus, maintenant qu’ils jouissaient de toute leur conscience, ils étaient devenus de fins stratèges. Jouer à « chat ! » avec les Enfants de la Lune était franchement amusant, ils pouvaient être vraiment diaboliques ! Bella hurla de rire lorsque, Sergueï, descendant en flèche d’un arbre, l’attrapa par la taille pour la jeter par-dessus son épaule, grognant un borborygme ridicule devant surement signifier « chat ! » en langage garou.
Ouais je sais, c’est pathétique.
Un groupe d’êtres surnaturels, vieux de quelques siècles à millénaires pour la plupart, jouant à « chat ! » comme des gosses de cinq ans, on a vu mieux ! Mais bon, ça pourrait être pire puisque mon ours de frère voulait jouer à «saute-garous», trouvant le jeu plus approprié à la situation. Sacré Emmett, un vrai gosse, il ne changera jamais !
Puis je les perçus, en même temps que Jasper et Alice…
Elle les « vit » avant leur arrivée, lui ressentait leurs émotions extrêmes et moi, leurs pensées décousues.
Sentant le danger, Bella déploya son bouclier, nous englobant tous dans sa bulle protectrice et nous attendîmes patiemment qu’ils viennent.
Quelques minutes plus tard, alors que les Lycans et les Quileute piaffaient d’impatience, cachés dans les fourrés, un petit groupe apparut entre les arbres.
Ils étaient une quinzaine, jeunes, trop jeunes même pour certains, allant de 13 à 20 ans environ.
Leurs yeux noirs comme une nuit sans lune trahissaient leur soif intense. Ils se figèrent lorsqu’ils virent que nous n’étions pas un groupe isolé et s’aperçurent que nous étions expérimentés par rapport à eux.

Oh Seigneur, quelle cruauté ! Ils sont bien trop jeunes ! Quel gâchis…

Marcus avait le visage déformé par le chagrin lorsqu’il vit les nouveau-nés devant nous. Sa peine s’intensifia lorsqu’il comprit que nous ne pouvions pas leur laisser une alternative ; ils étaient bien trop jeunes, émotionnellement instables et surtout assoiffés pour réagir normalement.
Trois d’entre eux étaient étroitement maintenus au niveau des poignets et du cou par les autres, leur empêchant toute fuite ; leur terreur était évidente, elle se lisait clairement sur leurs visages. Ils craignaient leurs… accompagnateurs, faute d’un meilleur terme, ils voulaient s’échapper, mais ils étaient effrayés à l’idée que nous ne leur en laissions pas l’opportunité.
Les autres, cependant, n’avaient pas peur de nous, pensant surement que leur incroyable puissance allait les sauver…

Ces trois-là fuient quelque chose – ou quelqu’un – je le sens. Les autres les poursuivaient, ils se connaissent… On va devoir les interroger, on doit savoir.

Je fis un bref signe de tête à Jasper montrant que je l’avais compris, mais sans jamais quitter les nouveau-nés des yeux ; ils étaient bien trop volatiles…
Brusquement, tout changea lorsqu’ils aperçurent ma Bella.
Alors qu’ils étaient à peu près calmes, mesurant leurs chances de pouvoir s’échapper sans difficulté, ils n’eurent plus qu’une idée à l’esprit une fois que leurs regards à tous se posèrent sur mon ange : l’attraper. Ils voulaient m’enlever celle qui est mienne.
Quelque chose se brisa en moi, un voile rouge de haine obscurcit ma vision et je rugis férocement, m’échappant de la bulle protectrice qui m’englobait.

- Edward NON !

Je ne sais pas qui parlait. Je m’en foutais complétement. Je n’avais plus qu’une idée fixe à l’esprit : protéger ma compagne, éradiquer la menace.
Déchirer… Frapper… Détruire… Cogner… Mordre… Tuer… Exterminer…
Alors que mes dents s’enfonçaient dans une gorge qui explosa sous la pression de mes mâchoires, je fus brutalement arraché à ma victime ; je ne pouvais plus bouger.
Je rugis, haineux, et me rendis compte que ma Bella avait étroitement resserré son bouclier autour de mon corps, m’empêchant tout mouvement. Ne comprenait-elle pas qu’elle était en danger ? Que je devais la protéger ?

- Edward. Calmes-toi, fils. C’est fini.

Ceinturé par Emmett, libéré du bouclier de mon ange, abruti par les ondes apaisantes de Jasper, les paroles de mon père se frayèrent lentement un chemin dans mon esprit. Je recouvrais lentement mon calme et grondais sauvagement en voyant les trois nouveau-nés terrorisés retenus par les Quileute et les Lycans. Je fermais brièvement les yeux et les rouvris pour apercevoir la clairière juchée de membres éparpillés de-ci, de-là alors que Marcus allumait un feu.

- Bordel Eddy ! C’était quoi, ça ? J’étais tellement envahi par ta… fureur ? Que je n’ai pas eu le choix, je devais les tuer avec toi ! C’est une chance que Bella ait pu nous arrêter. S’exclama Jasper, étonné par mon geste.
- Je… Ils voulaient Bella. Ils voulaient l’emmener. Elle est à moi ! MIENNE ! Hurlais-je, le corps tremblant de fureur.

Une petite main douce se glissa dans la mienne et je me calmai instantanément.

- Ssssh Edward. C’est fini mon cœur, je suis là, avec toi. Je ne vais nulle part.

J’enfouis mon visage dans son cou, inspirant son sublime parfum de freesia et de fraise, puis une fois rassuré par sa présence, je relevais les yeux. La culpabilité m’envahit lorsque je m’aperçus du carnage que j’avais commis…
Les membres éparpillés et détruits de douze vampires jonchaient le sol, des lambeaux de chair s’agrippaient aux arbres et du venin séché avait détruit la faune par endroits, tandis qu’une épaisse fumée pourpre à l’odeur plutôt âcre s’élevait du brasier alimenté par les restes de nouveau-nés que Marcus et Peter jetaient au feu.

- Chapeau frangin ! Trop fort, t’es une vraie bête, ma parole ! Tu t’rends compte que Jazz n’en a détruit que quatre ? S’exclama gaiement Emmett en me frappant l’épaule.

Je gémis d’autant plus et me lamentais d’avoir tué ces vampires dont je ne connaissais rien, j’avais été réellement monstrueux.

- Non Ed, t’as seulement protégé ta compagne, ni plus, ni moins. Pas la peine de t’en vouloir, Carlisle, Emmett et moi aurions réagi de la même façon. Expliqua Jasper d’une voix douce, une main posée sur mon épaule en guise de soutien. Bon j’avoue, j’ai pas trop eu le choix que de te donner un coup de main, ta rage meurtrière était vraiment trop puissante ! C’est pas la gloire d’être empathique, parfois…

Je ricanais doucement, un rire jaune, et secouais la tête avant de poser les yeux sur les trois nouveau-nés épargnés, bien que salement amochés. Mon regard noirci instantanément et mes envies de meurtres revinrent en force. Un grondement bas, menaçant, roula dans ma gorge et je m’avancer lentement vers les intrus ; je voulais des réponses…

- D’où venez-vous et comment connaissez-vous ma Bella ?

Les nouveau-nés tremblaient de peur mais leurs instincts reprenaient le dessus et ils sifflèrent de façon menaçante.

- J’ai dit d’où venez-vous et comment connaissez-vous ma Bella ? Répondez !

La femelle ouvrit la bouche pour parler mais l’un des mâles lui décocha un regard rageur et elle referma brutalement la bouche dans un bruit sec. Je ne percevais plus aucune pensée émanant de leurs esprits aussi en déduisis-je que mon ange les avait englobés sous son bouclier pour leur sécurité.

- Bella, tu peux ôter ton bouclier, s’il te plait ? Je n’entends rien, je veux savoir…
- Bella ? C’est qui Bella ? Demanda l’un des nouveau-nés.

Je vis dans ses pensées qu’il n’avait aucune idée de « qui » était Bella. Alors pourquoi l’avaient-ils tous reconnue ?
Mon ange avança vers moi et entremêla ses doigts aux miens, puis fit face aux jeunes vampires terrorisés.

- Je suis Bella. Mainten…
- Mais non ! Toi tu t’appelles Didyme, pas Bella ! S’exclama la femelle, les yeux écarquillés par la stupeur.

A l’entente du prénom de feue son épouse, Marcus gémit tel un animal à l’agonie. Après de lourds efforts, Jasper réussit enfin à le détendre suffisamment afin de poursuivre l’interrogatoire.

- Je vous le garantis, je m’appelle réellement Bella. Maintenant, il me semble que mon compagnon vous a posé des questions. Il serait dans votre intérêt d’y répondre et au plus vite. Dit-elle d’une voix sourde et menaçante.

La femelle courba l’échine et les deux mâles grognèrent en l’entendant parler sur ce ton. Finalement, la fille – elle était très jeune, pas plus de 14 ou 15 ans – souffla lourdement et releva la tête.

- On vient de l’Alaska et…
- Ferme ta gueule, Bree ! S’il l’apprend il va nous tuer !
- Tais-toi, Riley ! De toute façon, il nous tuera s’il nous met la main dessus ! On ne s’est pas enfui pour rien !

Le dénommé Riley feula méchamment, ce qui lui valut un coup de coude dans les côtes de la part de l’autre mâle. Celui-ci sourit doucement à la femelle, Bree, et d’un signe de tête, il l’encouragea à nous parler. Elle tremblait et souffla une fois de plus pour se donner du courage, mais ne put s’empêcher de froncer les narines à cause des épouvantables odeurs des Quileute et des Enfants de la Lune. Vu le temps qu’on passait avec eux, je m’étais largement habitué à leur puanteur…

- Je… Je m’appelle Bree. Et mes... amis sont Riley et Diego. Je suis comme ça (cracha-t-elle en désignant son corps d’une main, une mimique de dégoût gravée sur le visage) depuis mon anniversaire. J’ai fêté mes 15 ans il y a deux mois. Mes amis avaient organisé une soirée dans un club et lorsque j’en suis repartie, on m’a attaquée… Je ne sais pas qui. Je me rappelle du feu, j’ai cru qu’on me torturait, qu’on faisait je ne sais quelle expérience maléfique et… Une fois réveillée, je me suis retrouvée comme ça.

Sa voix se brisa à la fin lorsqu’elle évoqua sa condition et Carlisle ne put que s’en émouvoir. Il s’approcha lentement de la jeune fille pour ne pas l’effrayer plus qu’elle ne l’était, puis parla d’une voix douce.

- Est-ce que tu sais maintenant qui vous a fait ça ? Demanda-t-il calmement, bien que bouillant de l’intérieur.
- On ne sait pas qui il est, il ne nous a jamais dit son nom. Tout le monde l’appelle « Maître ». Il est juste fou à lier… Chuchota Riley, en proie à la panique.
- Il va nous tuer s’il nous retrouve, laissez-nous partir on ne vous embêtera pas et on ne parlera de vous à personne ! S’écria la petite Bree, le regard envahi par la terreur.
- Avant de faire une telle chose, j’ai besoin d’avoir des réponses. Tout d’abord, j’aimerai savoir à quoi ressemble votre créateur, bien que j’aie une certaine idée de son identité. De plus, j’aimerai savoir pourquoi vous avez réagi de la sorte en voyant Bella. Qui vous en a parlé ? Continua mon père d’une voix douce mais assurée.

Le mâle, Diego, commença alors son récit et lorsqu’il nous décrit le physique de leur créateur, plus aucun doute n’était possible : Felix les avait transformés.

-… Il est fou à lier, il nous torture à chaque fois que l’on fait un pas de travers ! Il y a une petite femelle sadique avec lui, Jane, elle a utilisé son don sur Bree pendant une journée entière simplement parce qu’elle avait soif ! Il n’arrête pas de nous dire qu’on a de la chance, qu’on a été élu pour représenter la race dominante, que le Nouvel Ordre Mondial est en passe d’être établi, il est… il est fou… Complètement fou. Bon à enfermer si vous voulez mon avis ! On a profité de son absence et de celle de Jane avant-hier pour nous échapper, mais on a dû assommer le frère de la folle pour qu’il n’ait pas de problèmes à cause de nous. C’est le seul qui a un semblant de raison dans cette baraque de timbrés mais il est logé à la même enseigne que nous, tortures et compagnie. On lui a bien proposé de s’enfuir avec nous mais il n’a pas voulu, il est encore plus terrorisé que nous…
- Vous avez bien fait Diego, vous avez bien fait… Mais pourquoi avez-vous réagi de la sorte en voyant Bella ? Pourquoi vouliez-vous l’emmener ?

Je ne pus m’empêcher de grogner en entendant les paroles de mon père et ce furent les doigts de ma douce, se resserrant autour des miens, qui me calmèrent instantanément.
Lorsqu’ils m’entendirent grogner, les trois nouveau-nés furent terrorisés à l’idée de rencontrer le même sort funeste que leurs acolytes, si bien que Jasper les bombarda d’une vague de sérénité et de confiance.

- Il… Il nous a dit qu’elle s’appelait Didyme, qu’elle était sa compagne. Il nous a dit qu’un groupe de vampires aux yeux jaunes l’avaient enlevée et qu’il devait la récupérer car elle était en danger. Alors quand on l’a vue, on s’est dit que si le Maître nous retrouvait, il ne nous tuerait pas si nous avions sauvé sa compagne, vous comprenez ? S’affola Bree en tremblant de tous ses membres.

Marcus se redressa péniblement et fit face aux nouveau-nés. Son visage était un masque de chagrin et de haine mélangés et lorsqu’il prit la parole, sa voix était dure, sans appel.

- Didyme est morte depuis bien longtemps maintenant. Elle était ma compagne, mon rayon de soleil, mon âme-sœur, et elle est morte, assassinée des mains mêmes de votre « Maître » qui n’est autre qu’un vampire nommé Felix. La jeune Bella est le sosie de ma Didyme, c’est pour cela qu’il souhaite la récupérer…
- Alors tu n’es pas en danger ? S’exclama Bree en se tournant vers ma Bella.
- Non, enfin si. Nous sommes tous en danger à cause de Felix, aussi bien les vampires que les humains…

Voyant l’incompréhension marquée sur les visages des trois nouveau-nés, Carlisle et Marcus leur expliquèrent la situation avec Felix, d’une part, mais également Caïus, de l’autre.

- Caïus, vous dites ? Demanda Riley, les sourcils froncés.
- Oui, enfant. Pourquoi ? En as-tu déjà entendu parler ? Se renfrogna Marcus.

Les trois nouveau-nés se concertèrent silencieusement du regard puis Riley releva brièvement le menton en direction de Bree. La petite femelle pinça les lèvres, essayant de retenir ses paroles puis finit par secouer la tête en soufflant.

- De toute façon, au point où on en est, ça peut pas être pire… Commença-t-elle en lâchant un petit rire sarcastique. Je ne sais pas qui est ce Caïus, mes compagnons d’infortune non plus, mais… J’ai déjà eu l’occasion d’écouter une conversation téléphonique entre le Maître… euh Felix… - Elle frissonna de dégoût et de terreur en prononçant son prénom - et ce Caïus. Je… Je n’étais pas à côté mais…
- Tu es une traqueuse ? M’étonnais-je en voyant dans son esprit l’endroit où elle était lorsqu’elle avait perçu la communication.
- Une traqueuse ? C’est comme ça qu’on dit quand on a des sens plus aiguisés qu’un autre ?
- Il y a plusieurs catégories de traqueurs, mais apparemment, tu en es bien une. Statua Jasper en captant l’intensité des sens de la jeune femelle.
- Effectivement, puisque la jeune Isabella a liquidé ce traqueur, James, lors de sa fuite, il est normal que Felix veuille s’assurer d’en avoir un autre à ses côtés. Expliqua Marcus, la voix suintant de dégoût et de haine. Dis-moi, jeune fille, étais-tu sensible aux bruits et aux odeurs étant humaine ?

Bree rentra la tête dans ses épaules, gênée d’être le centre d’attention.

- Et bien… euh… Je… j’avais l’oreille « absolue » et faisais partie de la chorale au conservatoire, mais bien qu’étant douée pour le chant et malgré mon ouïe parfaite, je souhaitais être « nez » chez un grand parfumeur, mon odorat était tout autant développé, si ce n’est plus, que mon audition. Enfin… C’était avant. Maintenant, c’est impossible... Chuchota-t-elle d’une voix à peine audible et cassée sur la fin.

Carlisle et Marcus échangèrent un regard et leurs pensées m’enragèrent… Merde ! Ils avaient voulu me prendre ma Bella !

- Tu n’y penses pas sérieusement, Carlisle ? Grondais-je d’un ton sourd.

Ils sont innocents dans cette histoire, tu le sais bien fils.

- Ils l’auraient enlevée s’ils avaient pu !

Ils n’en savaient rien, ils pensaient la sauver. Ils ont été bernés, Edward, ce n’est pas de leur faute. Eux aussi sont des victimes, fils.

Je m’arrachais les cheveux tant j’étais énervé ; la colère que je nourrissais à l’encontre des nouveau-nés se mêlait à la compréhension et à la compassion quant à leur situation. Ouvrant les yeux, je vis que les trois jeunes vampires avaient le regard rivé sur moi. Ils tremblaient de toute part, leurs yeux carmin étaient écarquillés de terreur et leurs pensées affolées à l’idée de connaître leur destruction prochaine. Gémissant de frustration, je hochais la tête brièvement, signifiant mon accord à mon père.

- Fais ce que tu veux. Ça te démange de toute façon, vas-y !

En voyant Carlisle avancer vers eux, les trois nouveau-nés se raidirent, prêts à bondir, persuadés que leur dernière heure avait sonné. Comprenant un peu tardivement leur réaction, Carlisle leva les bras en signe d’apaisement.

- Non, ne craignez-rien, nous ne vous ferons aucun mal. Leur dit-il d’une voix douce.
- P’t’être pas vous mais eux là, ils ont tué les autres ! S’affola Diego en nous pointant du doigt Jasper et moi.
- Mon fils s’est senti menacé lorsque vous avez voulu emmener de force sa compagne. Mon autre fils n’a pas eu d’autre choix que de lui venir en aide ! Expliqua Carlisle tout en taisant le don de Jasper.
- Mais on ne savait pas ! S’exclama Bree d’une voix faiblarde.
- Nous connaissons votre réaction maintenant. Ne vous inquiétez pas, vous êtes désormais en sécurité parmi nous. Enfin… Si vous voulez rester. Continua Carlisle d’une voix douce.

Les nouveau-nés, ébahis face à la proposition de mon père, se concertèrent du regard, puis la femelle haussa finalement les épaules. Riley, quant à lui, nous observait tour à tour, fronçant les sourcils lorsqu’il voyait un membre de ma famille. Finalement, il se décida à parler.

- Pourquoi vos yeux sont dorés ? Ils devraient être rouges, non ? Le Maî… Felix… nous a dit que c’était une caractéristique de folie, que c’était le signe d’un vampire dégénéré mais… vous n’en avez pas l’air !

Nous nous esclaffâmes de concert en entendant ça. Felix est complètement cintré, mais nous, nous sommes dégénérés !
Marcus s’approcha alors des nouveau-nés, un sourire indulgent aux lèvres.

- Non mon jeune ami. Felix a tort. Le fait que ces vampires aient les yeux dorés découle de leur mode d’alimentation…
- Ils ne boivent pas de sang ?! S’exclama Bree d’une voix stridente.
- Bien sûr que si. Un vampire doit son existence au sang qu’il ingère. Non, ces vampires-ci sont, comme qui dirais-je, végétariens. Ils ne se nourrissent que de sang animal.

Les nouveau-nés, les yeux ronds et la bouche-bée, nous observaient, interloqués par ce que Marcus venait de leur apprendre.

- On… On n’est pas obligé de tuer des humains pour vivre ? Demanda finalement Riley d’une petite voix.
- Non, ce n’est pas une obligation. Le sang animal nous apporte la force nécessaire, même si la soif n’est jamais réellement apaisée. Il faut quelques temps pour parvenir à se contrôler suffisamment et vivre parmi les humains. Expliqua Jasper, une grimace aux lèvres. Il éprouvait encore parfois des difficultés à évoluer au milieu d’hommes, femmes et enfants.
- On… On peut vivre avec les humains ? S’exclama Bree, émerveillée à l’idée de pouvoir revoir sa famille ou ses amis.
- Oui Bree. Cependant, il faut que tu saches que pour les tiens, tu es morte. Ils ne doivent pas découvrir notre existence, les humains doivent rester dans l’ignorance, c’est la Loi. Lui dis-je, ne pouvant retenir un faible sourire compatissant lorsque la tristesse de ne jamais revoir sa famille l’envahit.

Carlisle, le sourire aux lèvres à l’idée d’avoir sauvé trois jeunes vampires d’une mort certaine et espérant les convaincre de suivre notre mode d’alimentation, fit un pas en avant vers les nouveau-nés et continua.

- Une fois que nous pouvons contrôler notre soif, nous pouvons vivre parmi les humains. Ce n’est pas toujours évident puisque la brûlure est toujours présente dans la gorge mais… ça vaut le coup, nous pouvons mener une vie presque normale et rester dans un endroit pendant quelques années de suite. Mes enfants vont au lycée ou à la faculté. Parfois ils travaillent mais leurs traits sont un peu trop juvéniles pour cela. Moi-même je suis médecin et…
- Médecin ? Comme soigner des humains ? Comment est-ce possible ? Le sang ? S’affola Diego.
- Il m’a fallu de nombreuses décennies pour avoir un contrôle total sur ma soif. A force, j’ai réussi à me désensibiliser totalement à l’odeur du sang humain et ça en vaut la peine. Je peux ainsi pratiquer un métier que j’aime. Vous aussi, si vous vous en donnez la peine…

Les nouveau-nés le regardaient émerveillés, tel le Messie répandant la parole Divine. Ils haïssaient leur condition et ne supportaient plus de tuer pour se nourrir. Savoir qu’un mode d’alimentation alternatif existait leur donnait de l’espoir.

- On… on peut… Vous voulez bien nous... nous apprendre ? Bafouilla Riley, la voix tendue par l’émotion.

Carlisle se contenta de sourire en réponse. Marcus s’approcha alors, impatient.

- Les Cullen vous apprendront, ne vous inquiétez pas. Mais avant toute chose, j’ai besoin que tu me parles de Caïus, jeune Bree. Qu’as-tu entendu ?
- Vous… vous ne nous tuerez pas ? C’est vrai ?
- Pas de meurtres et encore moins de tortures, c’est promis. Les Cullen n’accepteraient jamais ça !

La première fois qu’elle avait entendu notre nom de famille, Bree avait légèrement frémi. Mais la seconde fois, elle en avait sursauté.

- Tu as déjà entendu parler de nous, Bree ? Demandais-je en voyant sa réaction.

Elle hocha fébrilement la tête, tout comme les deux mâles.

- Il… enfin le Maître… euh Felix… Il disait que… que vous étiez une menace pour… pour la sécurité du monde vampirique… Qu’il fallait vous… vous détruire… Bafouilla Diego, tremblant à l’idée que nous nous en prenions à lui après ses propos.
- Il voulait vous détruire après avoir récupéré Didy… Euh… Bella… Il disait qu’elle était la clef de leur réussite. Continua Bree. Caïus n’arrêtait pas de lui dire que Bella devait rejoindre leurs rangs, de gré ou de force. Il parlait d’une révolution, je n’ai pas vraiment compris quoi mais… il disait que l’heure avait sonné, qu’il devait reprendre ses droits, que ses frères étaient bien trop laxistes et indulgents. Il a demandé au Maî… à Felix d’arrêter immédiatement ses carnages à Seattle, qu’il devait être plus prudent pour ne pas éveiller les soupçons d’un certain Aro…
- Seigneur… Nous avions raison… Souffla Marcus d’une voix faiblarde.

Le vénérable vampire était abattu par ce qu’il venait d’apprendre, ses craintes étaient désormais fondées et la guerre arriverait bientôt.
Je ne pus m’empêcher d’enlacer étroitement ma Bella afin de me rassurer et je la maintenais tout contre moi le temps que Carlisle et Marcus expliquent aux nouveau-nés les grands traits de toute l’histoire.

- Felix. Il a combien de nouveau-nés à ses côtés ? Demanda Jasper, son esprit stratégique se mettant immédiatement en route.
- Nous étions une quarantaine en plus des dix vampires de son clan. Entre ceux qui se sont entretués au départ et ceux que vous avez éliminés, il ne lui en reste plus qu’une quinzaine, je pense. Expliqua Riley d’une voix sombre.
- Humm… C’est bon. Nous sommes suffisamment entraînés et nombreux pour faire face à une quinzaine de nouveau-nés. Il pourrait y en avoir le triple qu’on l’emporterait quand même mais…
- Mais quoi, Jasper ? Demanda Carlisle, inquiet.
- Et bien… Felix sait que nous sommes nombreux. Il connaît également l’existence des Quileute et sait qu’ils se battront à nos côtés…
- Mais comment ?
- James. Lorsque Charlie était porté disparu et qu’il nous aidait, soit disant, à le retrouver, il a vu comment fonctionnaient les techniques de chasse des bêtes et il a également vu une partie de nos amis présents pour nous aider.
- Et alors ? Où veux-tu en venir jeune Jasper ? Continua Marcus, les sourcils froncés.
- Et bien… Si j’étais à sa place, je ne me lancerai pas les mains vides. A mon avis, il va attendre d’avoir une armée suffisamment vaste pour nous écraser. Je pense également que Caïus, de son côté, doit l’entraîner à créer plus de nouveau-nés.
- Pou-pourquoi craignez-vous tant notre statut ? Nous sommes trop jeunes, trop inexpérimentés ! Demanda Diego.
- En effet, vous n’avez aucune expérience. Par contre, votre force, votre vitesse et votre puissance sont bien plus importante que les nôtres car votre sang humain coule encore dans votre corps. Ce n’est pas vraiment un problème car nous sommes entraînés au combat. Le souci, c’est que vous êtes bien trop volatiles et ça, c’est dangereux. Expliqua patiemment Jasper.

Bree cracha et siffla, on aurait dit un petit chaton furieux, puis elle se mit à faire les cent pas d’une démarche vive.

- On s’est sauvé parce qu’on ne supportait plus les tortures… On a fui parce qu’on ne voulait pas faire partie d’une armée… N’avons-nous pas d’autre choix que celui de joindre vos rangs pour nous battre contre lui ? S’exclama-t-elle rageusement.
- Bien sûr que si, jeune fille, vous pouvez toujours fuir. Crois-moi lorsque je te dis que je n’ai aucune envie de guerroyer, encore moins contre mon propre frère, mais… Nous n’avons pas d’autre choix que celui de nous battre si nous voulons que ce monde et cette sérénité actuelle perdurent. Expliqua Marcus, le visage soudainement frappé par le poids des ans.
- Mais pourquoi ?
- Pourquoi ? Parce que si nous ne nous battons pas pour ce monde, cela sera la fin de l’Homme.

Les trois nouveau-nés levèrent les yeux vers l’ancien, l’observant avec effarement, tout comme nous tous.

- Si Caïus et Felix veulent nous éradiquer, c’est uniquement parce qu’ils veulent dominer le monde. Les humains n’auront pas d’autre choix que de vivre en esclavage, pour les plus chanceux. Ils seront asservis et ne deviendront que du bétail. Dites-moi, jeunes gens, trouvez-vous que ce monde mérite d’être détruit par des fanatiques ? Les humains se détruisent déjà l’un l’autre par leurs incessantes guerres de religions, ils épuisent les ressources de la planète inutilement, mais ils ne méritent pas le sort que mon frère leur réserve. Personne ne le mérite ! Maintenant, je vous le demande, croyez-vous honnêtement que le monde tel qu’il est aujourd’hui doit connaître sa fin ? Demanda Marcus d’une voix lasse.

Les trois nouveau-nés nous observaient tour à tour, essayant de percer un quelconque mensonge que ce soit dans les propos de l’ancien, ou alors dans nos yeux. Lorsqu’ils s’aperçurent que nous leur disions la vérité, ils se concertèrent du regard pour finalement se redresser fièrement.

- Nous vous aiderons. Nous ne sommes peut-être que des enfants pour vous, mais nous serons à vos côtés. Nous avons encore des familles, des amis… qui pensent peut-être toujours à nous et nous refusons qu’ils subissent la folie démesurée de vampires mégalomanes. Vous avez raison, les humains sont bien mieux de rester dans l’ignorance, ils ne doivent pas savoir ce que nous sommes, ce monde est à eux. Nous nous battrons à vos côtés. Trancha Riley d’une voix décidée tandis que Bree et Diego hochaient vivement la tête.

Nous fûmes brutalement arrachés à cette discussion lorsque de puissants hurlements résonnèrent dans l’atmosphère ; un nouveau jour venait de se lever et la douloureuse métamorphose des Enfants de la Lune ne faisait que commencer…