Edward & Bella

Edward & Bella

mardi 26 juin 2012

58 - Contrôle

Dire que nous avions joué les prolongations de notre lune de miel au cottage était un euphémisme… Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin et nous n’avions eu droit qu’à deux misérables jours de tranquillité, sans Emmett qui vienne tambouriner à la porte, sans Charlie qui cherche à nous écarter l’un de l’autre, sans Alice qui régente tout… Bref, c’était le pied ! Trop court, mais le pied quand même.
Nous avions eu notre lot de « foutage de gueule » puisque beaucoup de nos amis se moquaient de notre mariage à la SF farfelu. Le principal, c’est que ça nous convienne, non ?
Charlie bougonnait toujours mais il avait fini par s’adoucir ; sa fille était heureuse, c’était le principal. Le pauvre fou s’était mis en tête que puisque sa petite princesse était figée ad vitam aeternam dans ses 19 ans, elle passerait tout son temps auprès de son vieux père, jusqu’à son dernier souffle, avant de vivre sa vie. Aah… Un papa comme les autres, amoureux de sa petite chérie et qui refuse de la voir grandir et quitter le nid.
Alice, quant à elle, tirait carrément une gueule de trois pieds de long car Bella faisait exprès de la narguer avec les préparatifs du renouvellement de nos vœux. Mon ange avait poussé le vice jusqu’à demander de l’aide à Rosalie, aux trois sœurs Dénali, Charlotte, Esmée, Bree, Leah ou Angela. Elle n’oubliait jamais, non plus, de demander avis et conseils à toute la population féminine qui nous côtoyait, si possible en présence de ma sœur, histoire de bien enfoncer le clou. Autant vous dire que ce n’était pas du goût d’Alice… La voir bouder comme elle le faisait avait quelque chose de… jouissif. J’adorais ça !
Alice n’avait jamais vraiment compris à quel point ma douce avait la rancune tenace ; elle n’en avait jamais fait les frais aussi.
Cependant, Alice était loin de se douter que la revanche, selon mon ange, peut devenir quelque chose d’orgasmique ; quand on se venge, on fait ça bien, histoire de prendre un pied fou ! Ma sœur pensait que Bella s’était suffisamment vengée en l’écartant des préparatifs festifs ; la pauvre n’avait malheureusement encore rien vu.
Nous avions tous, vampires, nos lieux de prédilection pour les moments câlins dans la nature ; Alice et Jasper n’échappaient donc pas à la règle et ils avaient déniché une petite grotte en pleine montagne, cachée à la vue de tous par une cascade, où ils se rendaient chaque vendredi soir, après une partie de chasse. Cela faisait peu de temps que j’avais découvert cette information, ma sœur ayant une multitude d’astuces pour m’empêcher d’accéder à ce qu’elle ne voulait pas que je sache. Malheureusement pour elle – et heureusement pour Bella et moi – j’avais réussi à dénicher cette trouvaille alors qu’Alice était surexcitée à l’idée de leur prochaine sortie « nature » à Jazz et elle.
Au fur et à mesure de nos entrainements, nous nous étions aperçus que le futur disparaissait totalement si Bella étendait son bouclier physique sur Alice. Par ailleurs, Aro souhaitait que Bella  laisse un accès total aux visions d’Alice, il avait besoin de savoir ce que ma sœur « voyait » au sujet de Felix ou Caius, il avait besoin de connaître leurs prochains mouvements.
Donc, afin qu’Alice ne se doute de rien par rapport au plan « Alice Va Se La Prendre Bien Profond À Sec Sans Vaseline » - AVSLPBPASSV pour faire plus court -, Bella avait mis la Meute à contribution. En effet, si Bella « coupait » totalement les visions d’Alice, puisque notre futur disparaissait immédiatement, il en allait différemment lorsque les Quileute étaient concernés ; le futur devenait alors flouté, parasité, telle une image télévisée ayant une très mauvaise réception, un peu comme essayer de regarder un film porno sur Canal + sans décodeur.
La petite Bree n’ayant aucune odeur détectable, une particularité apparemment inhérente à sa nature de traqueuse selon Eléazar, Bella lui avait alors demandé d’aller jusqu’à la caverne, accompagnée de Seth et Leah qui brouilleraient les visions d’Alice, pour y installer une webcam et un émetteur à liaison Wi-fi. Parfois, mon ange peut être réellement diabolique…
Le vendredi soir arriva enfin et, comme de bien entendu, Alice et Jasper allèrent «chasser». Nous savions très bien ce que cela voulait dire, ils n’allaient pas rentrer avant l’aube… J’allumais l’ordinateur, me reliais à l’émetteur de la webcam, et attendis patiemment qu’Alice et Jasper arrivent à la caverne. Jacob et Tanya étant au cottage avec nous, Alice ne pouvait avoir aucune vision claire de ce qui allait suivre…
Apparemment, la chasse était optionnelle lors de leurs sorties « nature », puisque dix minutes après m’être relié à leur webcam, ils étaient déjà sur place !
Ne souhaitant pas voir en images – en plus de ce que je captais en pensées – les ébats de mon frère et de ma sœur, je retournais auprès de mon ange et de nos amis après m’être assuré que l’enregistrement était bien en route.

- Dites, je peux savoir pourquoi on est là un vendredi soir alors qu’on a mieux à faire ? S’énerva Tanya en tapant du pied.
- Si tu veux, tu peux toujours partir. En fait, c’est simplement de Jacob dont j’ai besoin. Lui répondit mon ange sur le même ton.
- Pff… Qu’est-ce que vous manigancez tous les deux pour avoir besoin de mon loulou ?
- Et bien… disons que… je ne me suis toujours pas remise d’avoir été emmenée au poste de police comme si j’étais une criminelle, si tu vois ce que je veux dire…
- Oh. Oh ! Tu veux t’en prendre à Alice ? Ça ne marchera jamais ! Rigola Tanya.
- On voit bien que tu ne connais pas Bells, elle a la rancune tenace ! À mon avis, la naine va en baver, pas vrai ?
- Oh que oui…

Bella leur exposa les détails du plan ‘AVSLPBPASSV’ et à la fin, Tanya la regardait avec ébahissement et vénération.

- Noooon ! Tu vas vraiment faire ça ? Oh la vache… Rappelle-moi de ne jamais te faire de mauvais coup ! Mais… et Jasper ? Il n’a rien à voir dans tout ça ! S’inquiéta Tanya.
- T’inquiète, j’ai tout prévu ! Ricana ma belle en se frottant les mains, un air machiavélique illuminant son visage et un sourire diabolique aux lèvres.

Jacob alluma la télé – il y avait un match de football sur je ne sais quelle chaîne – et les filles en profitèrent pour papoter de je ne sais quoi. Tendant l’oreille pour les écouter puisqu’elles étaient dans la chambre, je m’aperçus qu’en fait, elles avaient les mêmes sujets de conversation que nous puisque Bella et Tanya parlaient de sexe, commentant principalement le porno amateur qu’elles suivaient en live sur l’ordinateur. Les heures s’écoulèrent, puis subitement mon ange s’exclama « enfin ! ». Apparemment, Jasper et Alice avaient quitté leur caverne…
L’heure de la revanche avait sonné !
                                **************************************

Nous étions tous à la villa, quelques jours plus tard, lorsqu’un hurlement strident retentit effroyablement entre les murs. Alice dévala les escaliers en trombe, le regard fou, s’arrachant les cheveux, les vêtements froissés et fagotée comme l’as de pique, l’hymne national grec en tête, et lorsqu’elle aperçut son compagnon, elle lui agrippa fermement la main et l’entraîna vivement jusqu’à leur chambre, hurlant toujours comme une possédée.

- QUOI ? MAIS QU’EST-CE QUE C’EST QU’CE BRONX ? S’époumona Jasper en tapant comme un acharné sur le clavier de son ordinateur.

J’échangeais un regard amusé avec ma Bella tandis que Jacob et Tanya pouffaient de rire dans leur coin. Rosalie fit rapidement le rapprochement entre le pétage de plomb de notre sœur et notre réaction amusée.
      Qu’est-ce que vous avez encore fait pour la mettre dans cet état ?

Je haussais les épaules de façon innocente et elle fronça les sourcils en me dardant de son regard « si je crois pas celle-ci, j’en croirai une autre ».
Subitement, Emmett se mit à hurler de rire en roulant sur le canapé, les bras serrés autour du ventre.

- Rhaaa non ! J’y crois pas ! Regardez c’que j’viens de trouver sur « You tube » !
- EMMETT ! SI TU LEUR MONTRES ÇA, JE TE TUERAIS DE MES PROPRES MAINS ! Brailla Alice depuis l’étage.
- Même pas peur ! Lui répondit Emmett en tournant l’écran vers nous.

Bien qu’ayant déjà connaissance du contenu explicite de la vidéo, Bella et moi ne voulions pas trahir notre couverture, aussi nous tournâmes-nous vers l’ordinateur.
Sur l’écran, il y avait un porno amateur titré « Blanches-Fesses et les sept nains : l’arroseuse arrosée ».
Rosalie se tourna vers Bella et moi, la bouche grande ouverte, elle nous observait avec hébétude, son regard sautant de Bella, à l’écran, en passant par moi, puis finalement, elle explosa de rire, se rappelant la fois où elle avait été, bien malgré elle et à cause des bêtises d’Emmett, la cible de la folie vengeresse de ma belle.
Je dois bien avouer que ma douce avait fait un merveilleux travail d’image sur la vidéo, retravaillant chaque piste, seconde après seconde, pixel après pixel, pour arriver à la perfection numérique. Honnêtement, on ne voyait même pas qu’elle avait trafiqué la vidéo !
Sur l’écran, on voyait Alice, les yeux recouverts d’un loup rose fluo plein de froufrous ridicules, qui se faisait prendre par « Grincheux » en levrette, « Atchoum » en amazone, qui se faisait lécher par « Prof », qui suçait « Simplet »… Bref, mon ange avait réussi à faire fusionner le corps de Jasper avec un nain différent à chaque fois. Elle avait également tout remixé pour que leurs ébats vampiriques soient au ralenti, passant ainsi pour des humains. Et bien qu’Alice, sur la vidéo, soit masquée, on la reconnaissait quand même très facilement…
Bella affichait un sourire satisfait en entendant les autres rire comme des baleines, sourire qui s’effaça bien vite, laissant place à une expression parfaitement innocente lorsqu’Emmett se tourna vers elle.

- Eh Belli-Bella, regarde ça ! V’là qu’la sœurette se lance dans le porno amateur ! Jasper doit avoir les boules n’empêche, apprendre comme ça que son Alice le trompe avec les 7 nains, c’est vache quand même ! Arf ! J’ai toujours entendu dire que les nains en ont une grosse, ça doit être pour ça !

    Humm… Comment s’appelait-il déjà ce petit bout d’homme ? Passe-Partout ?    Passe-Temps ? Passe-Montagne ? Humm… c’est vrai qu’il était super bien monté,   un âne avec une cinquième patte… Je n’avais jamais vu une protubérance pareille !
     Une étonnante, fabuleuse et fascinante disproportion. Aaaah…



Je m’étranglais presque en percevant les pensées de Tanya et lui jetais un regard effaré. Décidément, elle s’était tapé tout ce qui était pourvu d’attributs masculins celle-là ! Succube…
À l’étage, Alice braillait, sa voix perçante recouvrant aisément les éclats de rire pourtant très bruyants d’Emmett.

- Bon sang de bon sang Jazz ! Mais fais quelque chose !
- Mais j’essaye ma gazelle, j’essaye !
- T’es censé être l’expert informatique de la famille bon Dieu ! C’est quand même toi qui craque les systèmes pour nous « effacer », non ? Alors FAIS QUELQUE CHOSE ! VIRE-MOI CETTE HORREUR !
- Impossible je te dis !
- Hackeur à la noix ! C’est de ta faute…
- Et comment veux-tu que ce soit de ma faute, Alice ? Tu ne pouvais pas « voir » ce qu’il allait arriver ? C’est pourtant toi qui as des visions du futur, non ?
- LA FERME JAZZ ET VIRE-MOI CETTE SALETÉ !

Dans le salon, Emmett se tenait les côtes tellement il rigolait, Jacob serrait les cuisses de peur de se faire dessus et ruiner le canapé, Tanya riait comme une hyène et Rosalie… envoyait le lien vers la vidéo à toute sa liste – très étendue – de contacts ; Alice déboula comme une furie, pointant Rose d’un index menaçant.

- Je t’interdis de faire ça !
- Trop tard ! Ricana Rosalie en cliquant sur « envoyer ».
- T’es vraiment la reine des peaux de vache, Rose ! Hurla Alice.
- Bah ! C’est pour toutes les fois où tu m’as fait des mauvais coups ! En tous cas, quelqu’un doit vraiment t’en vouloir à mort pour avoir fait ça ! Railla ma sœur, ses pensées nous encensant, Bella et moi.
- Emmett ! Aide Jazz à virer cette ignoble vidéo trafiquée ! Intima Alice.
- Plait-il ? Qu’ouïs-je ? Vidéo trafiquée ? À part que Jazzman s’est miraculeusement métamorphosé en nain, rien n’est trafiqué, sœurette ! Rit Emmett.
- VIRE-MOI CETTE VIDÉO DE MALHEUR ! Hurla Alice en s’arrachant les cheveux.
- Comment ? T’as pas oublié quelque chose ?
- S’il te plait, Emmett, s’il te plait ! Je t’en supplie ! Lui demanda Alice en pleurnichant.
- C’est pas assez…
- Je… je ferai tout ce que tu veux pendant une journée !
- Non.
- Deux !
- Non.
- Une semaine !
- VENDU !

Alice pantelait de désespoir, sachant déjà qu’Emmett allait lui en faire baver, mais elle était prête à tout pour que la vidéo disparaisse du Net. Je craignais que les talents conjugués de mes frères n’aboutissent, mais le sourire carnassier de mon ange me rassurait.

- Eh Jazz ! Amènes-toi en bas !

Jasper arriva en trombe, son ordinateur portable sous le bras, et se dépêcha de s’installer près d’Emmett qui tapait déjà frénétiquement sur son clavier. Une heure plus tard, malgré tous leurs efforts, ils n’avaient toujours aucun résultat. Alice pleurnichait, tapait du poing et du pied, hurlait, mais rien n’y faisait.

- Mais bon sang ! Qu’est-ce que vous faites ? Je pensais que vous étiez des petits génies de l’informatique, mais en fait, c’est que de la frime, vous n’y connaissez rien ! S’époumona-t-elle en s’arrachant, une fois de plus, les cheveux.
- Tais-toi frangine ! C’est juste que celui qui a mis la vidéo en ligne est bien plus doué que nous. On essaye tout, mais y’a pas moyen de trouver !
- Vous n’avez aucune information sur le détenteur du compte ? Une adresse IP ? Je ne sais pas moi, n’importe quoi !
- Les infos sont impossibles à trouver, ma gazelle. Le compte en question est derrière un proxy. Plusieurs, à vrai dire. À chaque fois qu’on trouve une adresse IP, ça nous renvoie ailleurs. Pour l’instant, on en est à 1857 origines différentes. En fait, seul le détenteur du compte pourrait la supprimer. En plus, il a mis en place une défense imparable. En essayant de hacker son système, ça a envoyé la vidéo sur d’autres hébergeurs.
- QUOI ?
- Euh… ben maintenant, la vidéo n’est plus uniquement que sur « You tube »… Elle est aussi sur « Dailymotion », « My Space », « Facebook », « Twitter », « Webchoc », «Windows Live »…
- Oh non ! Mais comment faire pour la supprimer ? Il n’y a pas possibilité de dire que la vidéo nuit à l’intégrité de ma personne ? Je ne sais pas, moi !
- Oh regardez ! S’exclama Emmett tandis qu’il pianotait sur son clavier.

À l’écran, une gigantesque tête de mort apparut et un rire démoniaque émana des haut-parleurs. Enfin, la tête de mort s’effaça, formant des volutes de fumée qui se métamorphosèrent en lettres à l’écran, laissant place à un message.
              «  La vidéo s’effacera automatiquement lorsqu’elle aura atteint 
                  les 100 millions de visites et un million de commentaires »

- Quoi ? Quoi ! Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ! Hurla ma sœur tandis que je félicitais intérieurement ma douce pour son génie. Allez-y ! Tapez des commentaires ! Visitez ! Mais faites-le que cette ignominie disparaisse !
- Je ne vois pas de quoi tu te plains, Alice ! Tu vas devenir célèbre sur le Net ! Dit Tanya, un sourire moqueur aux lèvres.
- Oh toi la succube, la ferme ! Je n’ai aucune envie de devenir une star du X amateur !
- Pourtant, tu en as toutes les capacités ma gazelle…  Répondit Jasper d’une voix rauque.
- On voit bien que ce n’est pas toi qui en es la victime ! Hurla sa compagne.
- Eh ! Oh ! C’est pas toi qu’on a métamorphosé en nain ! Toi au moins, on te reconnaît alors que moi, on m’a réduit en nain ridicule ! Se plaignit Jasper avant de se prendre une baffe à l’arrière du crâne.
- Euh… Désolé de te décevoir, Alice mais on ne peut pas taper les commentaires ou faire les visites… Dit piteusement Emmett.
- Mais… mais… pourquoi ?
- Ben… en fait… à cause des adresses IP. Elles doivent provenir d’endroits différents et d’IP différentes et…
- Ben et cette histoire de proxy ? Allez-y ! Faites-le ! Brailla Alice, complètement hystérique.
- Impossible ! Tous les comptes détenteurs de la vidéo les bloquent. En tous cas, ce type est un génie ! S’extasia Jasper.

Alice hurlait, frappait l’air de ses poings, tapait du pied et balançait tout ce qui passait sous ses mains contre les murs ; coussins, vases, télécommandes, manettes de jeu, Emmett…

- MARIE ALICE BRANDON WITHLOCK CULLEN ! MAIS QU’EST-CE QU’IL SE PASSE ENFIN ! On t’entend braire depuis La Push ! Mais… qu’est-ce que c’est que ce bazar ? Et ma maison ? Qu’as-tu fait à ma maison ?! Hurla Esmée en arrivant.
- Rien Esmée ! Rien du tout ! Se hâta-t-elle de répondre.

 Alice tenta tant bien que mal de cacher l’écran d’ordinateur alors que Rosalie s’amusait à regarder la vidéo, tapant un commentaire vantant les talents d’Alice en star montante du X amateur, et lorsqu’Esmée capta un morceau de la vidéo, le passage où Alice se faisait sodomiser par Timide, elle se cacha les yeux et blêmit à vue d’œil.

- Mais qu’est-ce que c’est que ça ? Alice ! Comment as-tu pu mettre une chose pareille en ligne ? N’as-tu donc aucune pudeur ? S’affola Esmée en détournant les yeux de l’écran.

Alice sanglota de plus belle et relata les faits à Esmée, lui expliquant la situation. Esmée l’étreignit et la consola comme elle le pût, appelant Carlisle en renfort, mais également Charlie afin qu’il la conseille d’un point de vue juridique. Lorsque ma Bella entendit le prénom de son père, elle blêmit et se tendit entre mes bras.

- ISABELLA MARIE SW… CULLEN ! SUPPRIME-MOI IMMÉDIATEMENT CETTE VIDÉO ! Hurla Charlie en menaçant sa fille alors que la tête de mort apparaissait une fois de plus à l’écran.

Emmett, Jasper et Alice se tournèrent vers mon ange, les deux premiers ébahis, la dernière enragée.

- Euh… J’ai rien fait, moi ! Tenta-telle de s’excuser.
- Isabella ! Tu as reçu une injonction du tribunal t’interdisant l’accès et l’utilisation d’un ordinateur sans contrôle parental et…
- Jusqu’à mes 18 ans ! C’était il y a deux ans et…
- ARG ! Supprime-moi ça tout de suite !

Bella souffla de dépit, lança un regard dédaigneux à son père, attrapa l’ordinateur, ouvrit une invite de commandes, rentra plusieurs lignes de codes compliqués, cliqua, recliqua, retapa encore des algorithmes, puis arrivée sur l’interface de « You tube », elle supprima la vidéo et le compte associé. La vidéo s’effaça également de «Dailymotion» et tous les autres sites où elle s’était implantée. Charlie fulminait, Alice aussi.

- Mais enfin Charlie, comment avez-vous pu savoir que Bella était dans le coup ? Demanda Jasper, incrédule.
- J’ai reconnu la tête de mort. Et mademoiselle, enfin madame maintenant, est tellement revancharde que c’est bien son style un truc pareil !
- Dites El Cheffe, pourquoi vous avez dit que Bella n’a pas le droit de se servir d’un ordi? Demanda Emmett, avide d’en savoir plus sur sa petite sœur.

Charlie se tourna vers sa fille qui, étrangement, n’en mouftait plus une depuis son arrivée. Bella avait la tête rentrée dans les épaules, le regard rivé sur le sol à la recherche d’une quelconque écharde dépassant du plancher et les pieds martelant le sol à toute vitesse, elle était sur les nerfs.

- Bah tiens ! Pourquoi ça ne m’étonne même pas que tu ne leur aies rien dit, Bells ? Railla Charlie d’une voix autoritaire. Ça alors, c’est la meilleure !
- Alors Chef, vous nous expliquez ? Continua Emmett en sautillant sur place, fidèle imitation du lapin figurant dans la publicité pour les piles Duracell®.
- Un jour, Bells devait avoir à peu près dix ans, je reçois un coup de téléphone de Renée, complètement hystérique et en larmes. J’arrive à percevoir les mots « Bella »,   « Phil », « Perquisition », « FBI » entre deux sanglots et hurlements. Ça faisait peu de temps que Phil était marié avec Renée, alors je me suis tout de suite imaginé le pire, pensant que c’était un pervers et qu’il s’en était pris à ma petite fille. J’ai pris le premier vol pour Phœnix et j’ai foncé jusqu’aux locaux du FBI, m’attendant à voir ce sale type menotté et prêt à le trucider. Et voilà que je tombe sur Phil, dans le couloir près de la machine à café, qui m’informe que Renée et Bella sont entendues par les agents ! Vous souvenez-vous de ce pirate informatique qui avait causé des soucis à la Réserve Fédérale en hackant leur système ? Il avait fait des transferts monétaires importants : 1 million de $ versé à « Médecins du Monde », 1 million à la « recherche contre le SIDA », 1 autre pour la lutte contre la faim dans le monde… Bref, ce pirate avait fait un « don » de plus de 20 millions de $ provenant de la FED.
- Oh oui, je m’en souviens ! Je trouvais cela tellement généreux, une espèce de cyber Robin des Bois qui lutte contre l’oppression et aide les opprimés… S’extasia Esmée, les yeux rêveurs et  les mains pressées contre son cœur.
- Peut-être, mais c’est du vol ! Ce même pirate s’était amusé à changer tous les panneaux informatifs de tous les grands aéroports, balançant des petits messages comiques au lieu des avions en partance. Il a aussi piraté la NASA, qui a dû retarder le décollage d’une navette simplement parce que le décompte du lancement avait été remplacé par « la cucaracha ». Il a fait courir le FBI pendant un bout de temps ! Il a même trouvé le moyen de les hacker ! Lorsque vous vous rendiez sur leur site internet, à la page sur les personnes recherchées pour meurtre, terrorisme, grand banditisme… à la place des photos et des descriptifs des criminels, vous retrouviez Bugs Bunny, Daffy Duck, Beep-Beep et le Coyote, le Diable de Tasmanie…
- Arf ! Ça c’est trop fort ! J’imagine très bien le truc ! Bonjour Monsieur l’agent, je vous appelle parce que Bugs Bunny vient de voler mes carottes ! Il y a toujours 100.000 $ de récompense si je vous le sers en civet ? Trop fort l’humour du hackeur, trop fort ! Mais bon, c’est bien gentil tout ça, mais qu’est-ce que Belli-Bella a à voir là-dedans ? Ricana Emmett.
- Tout ! Ce n’était pas un hacker, mais une ! Et une gamine en plus ! À tout juste dix ans, elle faisait frémir le FBI ! Comme ce n’était qu’une gamine et que je suis dans les forces de l’ordre, elle a pu s’en tirer avec une interdiction de se servir d’un ordinateur sans contrôle parental, et à sa majorité, elle devait faire quelques heures de travaux d’intérêts généraux.
- Mouais… J’ai surtout dû refaire tout leur parc informatique et le sécuriser ! Tu m’étonnes que les hackeurs s’attaquent au FBI ou à la CIA, ce sont de vraies passoires leurs systèmes de sécurité ! Marmonna mon ange alors que je l’observais avec un ébahissement non feint. Décidément, elle ne finira jamais de m’étonner !

Alors qu’Alice allait se jeter sur mon ange, elle fut rattrapée en plein vol et ceinturée par Jasper, tandis qu’Emmett, Rosalie, Tanya et Jacob se postaient à nos côtés afin de protéger ma douce des foudres de ma sœur.

- Je me vengerai Bella ! Je te jure que je me vengerai pour ce coup-là ! Hurla Alice comme une possédée.
- Essaye toujours ! Mais dis-toi aussi que ça, ce n’était qu’un avant-goût ! La nargua Bella en pointant l’ordinateur du doigt.
- GNAAAAA ! Je te déteste ! Et c’est bien gentil d’avoir supprimé la vidéo, mais n’oublie pas que mes fesses ont été vues par je ne sais combien d’internautes ! Et je fais comment si la vidéo a été téléchargée ? Tu l’as peut-être supprimée mais il est possible qu’un pervers l’ait sur son ordinateur !
- À ses risques et périls. Je suis peut-être une garce quand il s’agit de se venger, Alice, mais je te promets que la vidéo qui aura été téléchargée fera des dégâts…
- Ben non ! Intervint Rosalie. Regarde, je l’ai téléchargée et je vais même la visionner ! Maintenant !
- NON ! S’exclama mon ange. Oups ! Trop tard…
- BON SANG ! C’EST QUOI CE BORDEL ? J’AI PLUS RIEN ! PLUS UN SEUL FICHIER! Hurla Rosalie en tapant comme une acharnée sur son clavier.
- J’avais programmé un virus sur la vidéo. Quiconque la téléchargeait retrouvait instantanément son PC infesté par le virus en question et si l’utilisateur souhaitait la visionner, le virus, déjà infiltré dans tout le système, détruisait tout sur son passage. Tu vois Alice, je suis peut-être une garce, mais j’ai quand même protégé ton cul !
- Mais pourquoi ? Pourquoi m’as-tu fait ça ? Pleurnicha Alice en secouant la tête avec lassitude.
- Pourquoi ? Tu te moques de moi, là ! As-tu oublié que nous avons passé quelques heures au poste, Edward et moi, à la suite de ton appel ?
- Mais Bella, c’est de votre faute ! Si vous ne vous étiez pas sauvés à Las Vegas comme des voleurs, je n’aurais rien fait !
- Et si tu nous avais laissés planifier notre mariage comme on l’entendait, on ne se serait peut-être pas sauvés !

Alice et Bella se faisaient face, les bras croisés sur la poitrine et l’œil noir, pendant que Rosalie pleurnichait désespérément à cause de toutes les photos qu’elle avait perdues. Emmett se leva d’un bond et donna un coup de poing joueur dans l’épaule de ma douce.

- On peut dire qu’avec toi on ne s’ennuie pas, Belli-Bella !
- Rha mais arrête de m’appeler comme ça, ça m’énerve ! Non mais franchement,  Belli-Bella ça craint !
- Rho mais tu connais pas la chanson ? Belli-Bella au cinéma, péta si fort qu’elle s’envola. Elle retomba dans les coulisses et s’fit enfiler par l’pompier d’service! Ah ! Ah ! Ah ! Oui vraiment, Belli-Bella elle adore ça ! Belli-Bella à l'assemblée s'conduisit comme une obsédée.  Elle se tapa quelqu’députés  qui prirent plaisir à l’enculer ! Ah ! Ah ! Ah ! Oui vraiment, Belli-Bella elle adore ça ! Belli-Bella au régiment suçait la bite du lieutenant "Salope" lui dit le capitaine « Tu n'pourrais pas sucer la mienne" Ah ! Ah ! Ah ! Oui vraiment, Belli-Bella elle adore ça !

J’étais partagé entre l’envie de rire et celle de décapiter mon frère. Bella, elle, secouait la tête, consternée par l’attitude et l’humour grossier d’Emmett, Rosalie soufflait en se tapant le crâne contre la table, Alice ricanait – pour une fois, ce n’était pas elle la victime des blagues douteuses d’Emmett-, Charlie était à la limite de la rupture d’anévrisme et Carlisle, lui, se demandait ce qu’il avait bien pu faire dans une autre vie pour que Dieu lui en veuille à ce point.

- EMMETT ! Tu n’as pas honte ?
- Bah quoi môman ? Je fais rien d’mal ! Une petite chanson paillarde, c’est pas méchant !
- Tu appelles ça petite chanson paillarde ? Mais... mais… tu insultes ta sœur, là !
- Bah quoi ? Y’a rien de mal à lui dire qu’elle aime le sexe ! C’est vrai quoi ? Tout l’monde le sait ici ! Dès qu’elle est seule avec son Eddy 30 secondes, allez-hop ! au plumard ! ou sur la table… la machine à laver… contre un arbre…

Esmée bondit sur Emmett, le fit tomber par terre et le bâillonna en lui enfonçant le foulard qu’elle portait autour du cou dans la bouche.

- Hmpf… éaol… hmpf... éésséfé… hmpf… oanuaeué… hmpf !
- La ferme Emmett ! Tais-toi ! Hurla Esmée en se redressant.

Alors que mon frère allait enlever son bâillon, notre mère lui frappa la main d’un coup sec.

- Je t’interdis de l’enlever Emmett ! J’en ai assez d’entendre de telles cochonneries sortir de ta bouche ! Les paillardes, c’est une chose, mais manquer de respect en insultant ta sœur c’en est une autre ! Devant son pauvre père, en plus ! Tu ne pourrais pas essayer de penser avant de parler, parfois ? Franchement, ça ferait des vacances à tout le monde ! Est-ce que je chante de telles horreurs, Emmett ?
- Hmpf… onaéaskeaunaéaneu…

Entre les borborygmes qui sortaient d’entre ses lèvres bâillonnées et ses pensées, il y avait un sacré fossé ! Esmée avait l’air satisfaite, pensant que mon frère lui répondait par la négative, et lui tapota affectueusement les joues, mais je doute que la réponse originelle d’Emmett, son « non mais c’est parce que tu as un balai dans le cul », lui aurait valu de se prendre un beau direct !

- Mon chéri, il va falloir que tu comprennes, maintenant. Tu es un grand désormais, plus un petit garçon, même si tu agis comme tel. Alors pour que je sois sûre que tu réfléchisses avant de parler, je vais devoir te punir ! Tu vas porter ce bâillon jusqu’à ce soir et tu vas copier 100.000 fois « je ne dois pas insulter mes sœurs et je dois respecter l’intimité amoureuse de ma famille ». Si tu désobéis, Emmett, je me fâcherais vraiment ! Je t’enverrai au coin, à genou les mains sur la tête, et je te priverai de télévision et de jeux vidéo pendant au moins une semaine. D’accord Emmett?

Mon frangin hochait frénétiquement la tête de bas en haut alors que je me demandais si ce qu’il venait de se passer sous mes yeux était réel ou une hallucination. Mais non, apparemment Esmée nous avait vraiment pété un câble et elle se prenait pour la mère peau d’vache. Nous l’observions tous avec effarement, sauf Carlisle. Un bref aller-retour dans les pensées de mon père m’appris à quel point Esmée pouvait faire preuve… d’autorité.
Là, je suis vraiment bon pour dix ans de thérapie…
Bella, le poing dans la bouche pour retenir ses éclats de rire, se cognait la tête contre mon bras en voyant l’air penaud d’Emmett qui, en cet instant, ressemblait à un petit garçon prit en faute. Même Charlie avait un sourire amusé en voyant la tête de mon frère alors que cinq minutes avant, il n’avait que des envies de meurtre à son égard. Carlisle, lui, avait préféré s’enfermer dans son bureau, se demandant une fois de plus ce qu’il avait pu faire de si atroce pour mériter Emmett. Rosalie, elle, caressait tendrement la tête de son compagnon, lui aplatissant affectueusement les cheveux sur le crâne. Alors que ma Bella m’attrapait la main pour m’emmener à l’extérieur, Esmée la rappela à l’ordre.

- Bella, si Emmett est puni pour t’avoir manqué de respect en chanson, tu l’es également!
- Quoi ? Mais j’ai rien fait !
- Et cette monstrueuse vidéo d’Alice, ce n’est rien peut-être ?
- Mais c’est pas juste ! C’est de sa faute !
- Sa faute ? A ce que je sache, Bella, c’est toi qui as mis cette horreur en ligne par esprit de vengeance !  Tempêta Esmée en tapotant son index sur le sternum de mon ange.
- Si Alice n’avait pas gâché notre lune de miel et si nous n’avions pas passé six heures dans une cellule pourrie sentant l’urine, la crasse et la sueur, je n’aurais jamais rien fait!
- C’est de votre faute si je vous ai balancés aux flics ! Si vous n’aviez pas filé à Las Vegas pour vous marier à la sauvette et si vous m’aviez laissée planifier votre mariage, je n’aurais jamais fait ça ! Hurla Alice, possédée par sa colère.
- ASSEZ ! S’époumona Esmée en séparant de ses deux bras Alice et Bella.

Esmée souffla vivement et s’empoigna le crâne à deux mains avant de redresser la tête, le regard décidé.

- Bella… Je comprends parfaitement ton besoin de vengeance, c’est vrai qu’Alice a un peu exagéré…
- Un peu ? C’est une plaisanterie ? S’exclama ma douce, interdite.
- Tsk ! Tsk ! Chut ! On se tait ! On ne m’interrompt pas quand je parle ! Répliqua Esmée en secouant les mains en faisant mine de chasser les mouches. Je disais donc, ma chérie, que je comprends parfaitement ta réaction. Cependant, ce que tu as fait a largement dépassé les limites du tolérable. Alors, comme punition, tu devras impliquer Alice dans les préparatifs de vos renouvellements de vœux…
- YEAH ! Génial ! Merci maman ! S’écria vivement Alice en se dandinant comme une furie tandis que ma Bella faisait une gueule de trois pieds de long – moi aussi je l’avoue -.
- Hop ! Hop ! Hop ! Je n’ai pas fini ! J’ai bien dit « impliquer », Alice. Cela signifie que tu as le droit de donner des idées mais que Bella et Edward ont un droit de veto. Ils choisiront ce qu’ils veulent, comme ils le veulent et non en fonction de ce que toi tu souhaites.
- Pff… Oui maman… Râla Alice, déçue de ne pas avoir le dernier mot.
- C’est injuste ! Alice gâche notre voyage de noces et elle s’en…
- Mais je n’ai pas encore fini, Bella, rassures-toi ! Donc, je disais, Alice participera aux préparatifs festifs mais vous aurez cependant le choix puisqu’il s’agit de vos vœux. C’est ta punition, Bella, pour avoir osé mettre cette ignoble chose en ligne. Quant à toi Alice…
- Comment ça « quant à moi » ? S’offensa ma sœur.
- Oui Alice. Tu ne croyais pas t’en tirer à si bon compte, non ? Tu as quand même gâché les noces de ton frère et de ta belle-sœur. De plus, ta façon de décider de tout pour tout le monde nous a fait rater leur mariage et tu sais très bien que c’était ce que j’attendais le plus au monde, voir enfin mon premier fils se marier. Donc, en punition, tu vas me donner tes cartes de crédit et carnets de chèques. Je te les confisque pendant… pendant deux semaines !
- Quoi ? Non ! NOOOON ! C’est atroce ! Immonde ! Épouvantable ! Ma mort assurée ! S’exclama Alice le regard triste à vous fendre le cœur.
- Non Alice, ce n’est qu’un juste retour des choses. Et je t’interdis de réclamer de l’argent à tes frères et sœurs, crois-moi, je le saurai. Et je t’interdis également d’obliger ce malheureux Jasper à t’acheter ce que tu souhaites durant cette période ! Si je vois le moindre vêtement ou une quelconque chaussure qui n’a rien à faire ici, je rajouterai une nouvelle quinzaine d’interdiction pécuniaire ! Oh ! Je me débarrasserai également de tous tes vêtements, chaussures, foulards, cosmétiques… et en ferai don à une association caritative. Termina Esmée, satisfaite de son petit effet.

 Alice cria, pleurnicha, fit une comédie, tapa du pied, fit des caprices avant de s’effondrer sur le sofa, les épaules voûtées, la lèvre inférieure tremblotante, le regard larmoyant, tandis que notre mère allait jusqu’à la cuisine afin de préparer, une fois de plus, un repas gargantuesque pour les humains, les Quileute et les Lycans.
J’entendis alors un souffle collectif, et en me retournant, je m’aperçus que nous avions eu un vaste auditoire et que tous avaient été époustouflés par l’autorité saisissante d’Esmée. Aro l’observait, le regard pétillant d’adoration. Il s’imaginait déjà emmener Esmée à Volterra pour qu’elle éduque comme il se doit les gardes. Il finit par secouer la tête, consterné, comprenant que notre mère ne mettrait jamais un pied à Volterra si elle pouvait l’éviter.
Du coin de l’œil, je vis qu’Alice cherchait une solution pour passer outre sa punition, fouillant les futurs potentiels. Subitement, elle se redressa, un sourire éblouissant aux lèvres, et fonça jusqu’à l’ordinateur le plus proche pour se connecter à un site de prêt-à-porter de luxe. Bella, la voyant faire, fulminait de colère alors que ma sœur avait un sourire narquois aux lèvres en la regardant. Alors qu’elle avait fait sa sélection – très onéreuse s’il est besoin de préciser – et qu’elle entrait les informations de son compte Pay-Pal® pour finaliser son achat, Esmée débarqua en trombes, débrancha l’ordinateur et frappa du poing sur le bureau où Alice était assise.

- C’est également valable pour tes comptes Pay-Pal®, Alice ! Méfies-toi, je t’ai à l’œil !

Je ne pus m’empêcher d’exploser de rire en voyant le visage de ma sœur se décomposer, et j’entendis Jasper déglutir en essayant d’étouffer ses rires. Me tournant vers lui, je le vis observer sa compagne avec un air amusé et à la fois attendri face à son chagrin. Il s’approcha d’Alice pour la consoler et ma frangine monta sur ses grands chevaux, hurlant au scandale car son Jazzou n’était même pas fichu de prendre sa défense.
Entre les hurlements stridents d’Alice, les sanglots déchirants de Rosalie qui portait le deuil de son défunt ordinateur, le frottement continu de la plume sur le papier alors qu’Emmett copiait ses lignes sans broncher, le bruit de fond des diverses conversations tenues dans la villa, les multiples pensées qui envahissaient mon esprit, principalement celles de Carlisle qui continuait d’implorer le Seigneur de faire quelque chose, même n’importe quoi, pour qu’Emmett prenne un peu plus de plomb dans la tête, les odeurs nauséabondes qui émanaient de la cuisine et le bruit des pas du Chef Swan qui approchait inexorablement de nous, je ne tenais plus. J’agrippais vivement le poignet de ma Bella, l’emmenais au plus vite à l’extérieur en la faisant trébucher suite à mon empressement, puis l’entraînais dans les bois pour une petite partie de chasse improvisée. Une fois arrivés au cœur de la forêt, nous n’irions pas plus loin ; je la plaquais fermement contre un épicéa dont le tronc crissa violemment suite au choc et m’emparais goulûment de ses lèvres charnues, toute idée de chasse oubliée lorsqu’elle répondit aussi favorablement à mon ardeur…

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Les journées se suivaient inlassablement, constamment, tout comme les caprices et crises d’hystérie d’Alice. Sa « punition » tirait sur sa fin, elle n’en pouvait plus. En la voyant dans cet état, on l’aurait aisément prise pour une accro à l’héroïne en manque de sa dose. Angoisses, « sueurs froides », tremblements intempestifs, sautes d’humeur… tout y passait et chacun en prenait pour son grade ! Jasper avait beau la bombarder de vagues de calme, ça n’y faisait rien. Il faut dire aussi que le pauvre n’y mettait pas vraiment d’entrain puisqu’Alice l’avait menacé de faire ceinture s’il faisait agir son talent sur elle…
En plus des crises d’hystérie d’Alice, nous avions constamment de longues séances d’entraînements. Développer les dons des uns et des autres, les étudier sous toutes leurs formes, voir leurs limites… et parallèlement, les entraînements au combat. Corps à corps, arts martiaux, à deux contre un… Oui, les journées étaient devenues si semblables que ça en devenait lassant, pénible. Heureusement que mes escapades avec ma Bella me permettaient de sortir de la monotonie !
Aro et Marcus étaient repartis en Italie ; Caïus étant de retour à Volterra, Aro souhaitait l’espionner discrètement. Enfin… aussi discrètement qu’Aro en était capable. La discrétion d’Aro est aussi visible qu’une vache au beau milieu d’un couloir.
Hier soir, Charlie était venu pour me proposer de passer une journée « entre hommes » afin d’apprendre à se connaître. C’est pas trop tôt !
C’est pourquoi je me retrouvais comme un con sur le minuscule bateau de mon beau-père, à cinq heures du matin, une canne à pêche à la main et un chapeau ridicule recouvert d’hameçons de toutes sortes juché sur le crâne, avec un Charlie attifé de la même façon. Il n’arrêtait pas de râler car le poisson ne mordait pas ; j’avais beau lui expliquer que ma nature de prédateur en était la cause, il s’en foutait royalement. Il voulait au moins repartir avec une prise…
Aux alentours de midi, alors que Charlie buvait une bière en pestant car « ça ne mordait pas », moi je subissais l’odeur d’iode et de poisson refoulant de l’océan entre deux menaces du genre « t’as intérêt à bien traiter ma fille ou je trouve des mercenaires vampires pour te démembrer avant de te foutre moi-même au bûcher ».
Cela faisait plus de huit heures que je ne bougeais pas à l’écouter râler sur la pêche infructueuse, j’en avais assez. Je me jetais à l’eau, filant entre les flots à la recherche d’une belle prise pour mon beau-père. J’ai fini par trouver un petit requin hargneux. Cette espèce d’idiot a essayé de m’attaquer ! L’imbécile… mais bon, venant d’un poisson, il ne faut pas s’attendre à ce qu’il brille de par son intelligence. J’ai coincé la petite teigne sous mon bras, filé une fois de plus entre les vagues jusqu’à rejoindre Charlie qui s’époumonait à m’appeler. J’ai saisi sa ligne, coincé l’hameçon dans la gueule du requin puis suis remonté d’un bond dans l’embarcation qui tangua à peine sous mon mouvement. Charlie hurla de terreur en s’attrapant le cœur à deux mains avant de m’insulter copieusement, et j’eus à peine le temps de lui dire de surveiller sa ligne que le requin commençait déjà à se débattre vigoureusement. Charlie s’accrocha à sa canne à pêche, se battit un sacré moment avec la bête, le visage rayonnant de joie d’avoir enfin une prise, et une fois le requin épuisé par leur joute, Charlie s’activa à fond sur son moulinet. Son air de surprise et de stupeur en voyant le requin émerger de l’eau valait son pesant d’or, et le sourire éclatant sur son visage me fit plaisir.

- Un poisson ! Un poisson ! Enfin une prise ! Un… un requin ? Mais… il ne devrait pas y en avoir par ici ! Comment ? Mais que… Edward !

Je haussais innocemment les épaules, tout en sachant que j’étais quand même pris sur le fait. Pff… C’est bien la dernière fois que j’emmène mon beau-père à la pêche ! Un bref aller-retour dans son esprit me fit comprendre qu’il n’en pensait pas moins. Ouf !
Ne sachant pas quoi faire du requin, et n’ayant aucune intention de remettre à l’eau sa plus belle prise, Charlie décida de le garder… pour le faire empailler.
Étonnamment, il avait été plus que satisfait de notre journée, il était content d’avoir eu une occasion de mieux connaître son gendre, bien que frémissant à chaque fois qu’il repensait à notre mariage. Moi aussi j’avais passé une bonne journée, même si j’avais dû subir les odeurs nauséabondes émanant de l’océan.
Je reconduisis Charlie à La Push et après lui avoir assuré une fois de plus que j’avais passé une bonne journée en sa compagnie, je repris le chemin de la villa.
En arrivant, j’eus la surprise de voir qu’Emily était à la maison. Cela faisait une éternité que nous ne l’avions pas vue, depuis le changement radical de comportement de Sam à vrai dire. Il craignait pour la vie de son imprégnée, persuadé que nous n’attendions qu’une chose : la croquer.
La pauvre était dans un état épouvantable, secouée par des sanglots déchirant de douleur. Les yeux rouges et bouffis par les pleurs, le visage marqué par les larmes qui coulaient abondamment sur ses joues, les lèvres serrées afin de contenir ses sanglots, Emily faisait peine à voir. À ses côtés, Leah essayait tant bien que mal de l’apaiser, malheureusement ses tentatives se révélaient infructueuses.
J’eus à peine le temps d’arriver que Carlisle et Esmée me mettaient le grappin dessus, me demandant la cause des larmes d’Emily. Je plongeais dans les pensées de la jeune Indienne mais, comme ses maigres paroles, ses pensées étaient brouillées.

- J’en sais rien, elle est aussi incohérente en pensées qu’en paroles. As-tu contacté Billy? Peut-être qu’il en saura plus.
- Oui. M’indiqua Carlisle. Il devrait arriver sous peu. Emily pensait le trouver ici, c’est pourquoi elle est venue.
- Et toi Leah, sais-tu pourquoi ta cousine est en larmes ? Demandais-je, curieux.
- Non, je n’en ai aucune idée. Elle m’a suppliée de l’emmener ici pour voir Billy, on pensait qu’il était avec vous…
- Les Lycans l’ont emmené se balader en forêt ! Intervint Esmée. Ils ne devraient plus tarder, j’ai envoyé Bella, Jasper, Emmett et Rosalie les chercher.
- Veux-tu qu’on appelle Sam, Emily ? Demanda mon père d’une voix douce.
- Non. NON ! Su-surtout pas… pas… Sa-sam ! Si-si-s’il vous p-plait ! Pas... Pas Sam !

Emily recommença à pleurer et ses sanglots poignant de désespoir me fendaient le cœur. Elle si joyeuse, si heureuse de vivre en temps normal, un éternel sourire rayonnant de bonheur aux lèvres, faisait peine à voir.
Puis un fumet envoutant me parvint aux narines et j’ouvris la porte à ma Bella qui revenait à toute vitesse, Billy Black entre les bras. Le regard du vieil Indien balaya la pièce et il se durcit lorsqu’il découvrit le pitoyable état dans lequel se trouvait Emily.
Mon ange déposa délicatement Billy aux côtés de la jeune Indienne. Il tapota maladroitement l’épaule d’Emily puis lui frotta doucement le dos en lui murmurant des paroles apaisantes avant de faire un léger signe de tête à Jasper, qui venait de rentrer avec les autres. Jazz, sentant la déchirante tristesse d’Emily, effleura l’épaule de la jeune femme, concentrant son talent sur l’Indienne et la calmant suffisamment afin qu’elle s’explique.
Au fur et à mesure que je percevais les pensées de la jeune femme, je n’avais plus qu’une envie, une seule, fracasser le crâne de Sam contre un mur jusqu’à ce qu’un peu de plomb et de bon sens s’immiscent au creux de ses méninges.

- Je… je suis enceinte.
- FÉLICITATIONS !

Emily fondit une fois de plus en larmes alors que nous la complimentions pour cette excellente nouvelle. Jasper posa alors une main franche sur son épaule et la détendit instantanément. C’est cool d’avoir son Prozac® personnel !
Emily souffla lourdement entre deux sanglots puis poursuivit.

- J’ai appris que j’étais enceinte la semaine dernière, c’était le plus beau jour de ma vie ! Et Sam… Sam veut que j’avorte ! Il veut tuer mon bébé... notre bébé… parce qu’il est persuadé que le bébé est une abomination, qu’il deviendra également un mutant ! Et… et… Il-il en veut aux Cullen, il dit que c’est de leur faute ! Il dit qu’à cause des Cullen, il a rendu Leah malheureuse… de vous… Il dit qu’il n’aurait jamais dû devenir un loup et qu’à cause des Cullen... de vous… il a dû briser toutes ses promesses envers Leah… qu’il aurait dû l’épouser et avoir des enfants avec elle… et… et…
- Mais c’est n’importe quoi ! S’exclama Leah, furibonde. Oui, ok, je vous en ai voulu au départ parce qu’à cause de vous, Sam s’était imprégné de ma cousine. Mais si vous n’étiez pas là, jamais Embry et moi n’aurions rencontré nos âmes sœurs ! J’aime Ben plus que tout au monde, il est toute ma vie ! Sam raconte n’importe quoi, c’est un ramassis de conneries !
- Je… je suis malheureuse, je ne le reconnais plus ! Il a changé… ses... ses paroles m’ont fait mal… c’est comme s’il m’en voulait de s’être imprégné de moi ! Et le bébé… je ne veux pas… je ne veux pas avorter… Je refuse ! Sanglota Emily.
- Chut ! Emily, calmes-toi. Rien ne t’oblige à renoncer à cette grossesse. L’apaisa Billy en lui tapotant doucement la main. Je vais parler à Sam. S’il le faut, je ferais intervenir le Vieux Quil et Sue. Nous sommes les Anciens, il devra se plier à notre décision.
- Non Billy, non ! Ça ne fera qu’empirer les choses. Sam n’est plus l’homme dont je suis tombée amoureuse. Il est… il a changé. Il est devenu méchant et imbu de lui-même. Il a fait plier les jeunes à sa volonté, il ne les contrôle que par la peur. Il dit… il dit que c’est son devoir en tant qu’Alpha de protéger La Push et tout l’état de Washington même, de la menace que représentent les Cullen… Je ne comprends pas ce qui lui arrive. Ce n’est pas lui ! Il a l’apparence de Sam, la voix de Sam, les yeux de Sam, mais ce n’est pas Sam ! Pleurnichait désespérément Emily.
- Mais qu’a-t-il donc pu lui arriver ? S’exclama Leah, consternée par l’attitude de celui qu’elle avait, un jour, tant aimé.
- C’est vrai qu’il a subitement changé après votre escapade à Seattle. Du jour au lendemain, il n’était plus le même… Musa Billy en se frottant pensivement le menton. Dites-moi Carlisle, Aro a-t-il pu avoir son entrevue avec Sam avant son départ ?
- Hum… oui mais ça n’a pas été bien brillant, Sam était énervé et colérique. Cependant, Aro a pu brièvement lui toucher la main et il est remonté jusqu’à Seattle. Mais il n’y avait rien. Les dix minutes dont la Meute a été coupée avec Sam ont disparu, c’est comme si elles n’avaient jamais existé. Répondit Carlisle en se remémorant l’entretien qu’il avait eu avec Aro, la veille de leur retour pour l’Italie.
- Mais alors quoi ? S’énerva Billy en tapant du poing sur la table.

Nous nous observions, mes frères et moi, puis je hochais la tête, signifiant à Jasper qu’il pouvait parler. Après tout, ce n’était qu’une hypothèse.

- Nous pensons… vu son changement de comportement si soudain et radical, et en fonction de certaines paroles que nous avons entendues, nous pensons que Sam aurait pu rencontrer l’un des nôtres. Un vampire cela j’entends, et qu’il serait sous son emprise.
- Mais pourquoi ?
- Alors là, on n’en sait rien du tout ! Rétorqua Jasper en secouant la tête.
- Il… parfois Sam disparaît pendant quelques heures… que ce soit de jour ou de nuit… je… je ne sais pas où il va… Au début je pensais qu’il avait à faire avec la Meute mais… mais non… Je me suis renseignée auprès d’eux… j’ai même cru qu’il avait une maitresse ! Pleurnicha Emily.
- C’est impossible ma chérie, Sam ne pourrait jamais avoir une aventure avec une autre femme. Tu es le centre de son univers, son amour pour toi est indéfectible. La réconforta Esmée en lui caressant tendrement la joue.
- Mais… mais il a tellement changé !
- S’il s’absente ainsi, c’est qu’il doit rencontrer ce vampire dont vous parliez… Mais pourquoi ? S’irrita Billy une fois de plus.
- Là est la question, pourquoi. Malheureusement, à moins de faire suivre Sam 24h/24, nous n’aurons jamais la réponse. Vous serait-il possible de le confiner à La Push, sous n’importe quel prétexte, et nous prévenir dès qu’il s’absente ? Nous pourrions toujours avoir deux ou trois personnes à l’affût pour le surveiller. Demanda Carlisle.
- Impossible ! Enfin… le garder à la réserve, c’est faisable, mais le faire suivre… Il le saura s’il y a des vampires à l’horizon, même si vous le surveillez de loin. Nous avons une espèce de détecteur de sangsues intégré. Assura Leah.
- Nous ne pouvons peut-être pas le suivre nous, mais vous, vous le pouvez. Répondit Jasper en réfléchissant déjà à un plan d’action. On pourrait… je ne sais pas… faire des roulements entre Jared, Paul, Embry, Seth… vous êtes plusieurs maintenant dans la Meute de Jacob, non ? Même voir à ce que les jeunes restés avec Sam le suivent…
- Si on met les jeunes, Sam le saura. S’il ne peut plus communiquer avec nous sous sa forme lupine puisque nous avons quitté sa Meute, il peut toujours communiquer avec les jeunes et donc voir leurs pensées. Si nous leur demandons leur aide, il le saura obligatoirement. Par contre, on peut toujours mettre Paul et Jared sur le coup, ils sont toujours amis, même s’ils ne comprennent pas le comportement de Sam. Expliqua Leah tout en envoyant un texto à Jacob pour le prévenir.

Après avoir bu une tisane préparée par ma mère, et avoir eu sa dose de Prozac® made in Jasper, Emily quitta la villa, accompagnée de Leah et Billy Black, un sourire faiblard aux lèvres mais malgré tout sereine. Le plan « suivre Sam » venait de commencer…

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Pendant que nous passions nos journées, et parfois même une partie de la nuit, à nous entraîner, tant au niveau physique ou pousser nos dons à leurs extrêmes possibilités, Jared, Paul et Cole se relayaient inlassablement, suivant Sam de loin, épiant tous ses faits et gestes. Mais jusqu’à présent, cela ne donnait rien.
À la demande d’Éléazar, Riley faisait quelques heures de méditation quotidiennes. En effet, Éléazar était persuadé que le nouveau-né pouvait nous permettre de vaincre Félix et Caius sans même nous battre, c’était là la subtilité de son don. Cependant, il fallait pour cela que le jeune vampire soit capable de se détendre complètement et de faire le vide. Une histoire d’être en phase avec son moi intérieur selon le Dénali. Vieux toqué !
Quant à Diégo, le pauvre ne parvenait pas à maîtriser son talent. Une fois, Emmett s’était amusé à lui crier « BOUH » au creux de l’oreille et le pauvre Diégo s’était retrouvé téléporté 500 mètres plus loin, derrière les carrures imposantes des Enfants de la Lune. La peur était, pour le moment, l’élément déclencheur de son talent. Éléazar en était d’ailleurs frustré, il savait que le jeune vampire pouvait choisir d’apparaître où bon lui semble, il fallait simplement qu’il arrive à maîtriser son talent. Il fallait souvent plusieurs décennies avant de réussir à contrôler toutes les facettes d’un don ; j’avais eu pas mal de difficultés pendant une bonne vingtaine d’années avec ma télépathie avant de réussir à ignorer les voix ou au contraire en écouter certaines plus particulièrement. Je ne parlerai même pas du nombre de fois où je répondais aux questions d’un humain avant même qu’il ne l’ait posée… Il faudrait donc pas mal de temps avant que Diégo puisse dompter son talent. Malheureusement, nous n’avions pas beaucoup de temps devant nous…
Les disparitions se faisaient de plus en plus nombreuses aux environs de Seattle, des recrues potentielles pour l’armée de Caïus ou de simples « repas » pour jeunes vampires assoiffés.
En parlant de jeunes vampires, Bree, Diego et Riley s’adaptaient particulièrement bien à notre mode d’alimentation et éprouvaient beaucoup moins de difficultés à se trouver en présence des humains qui venaient régulièrement à la villa. Leurs yeux commençaient à se teindre de touche ocre, et au lieu d’être d’un bordeaux sinistre, leurs prunelles étaient dorénavant orangées.
Alors qu’Éléazar me poussait à entendre les pensées de Jake et Tanya, qui s’éloignaient de plus en plus, afin de calculer sur quelle distance fonctionnait mon talent, Alice se mit à hurler comme une furie.

- JAMAIS ! Tu ne me feras JAMAIS porter une horreur pareille Emmett !
- Hep ! Hep ! Hep ! Frangine ! N’oublie pas que tu m’as promis de faire tout ce que je voulais pendant une semaine ! Railla Emmett.
- Mais… mais c’était il y a un mois de ça !
- Peut-être, mais c’est à partir de maintenant que ma semaine commence, petite sœur ! Alors tu mets ça et tu te tais !

Alice pleurnicha, tapa du pied, supplia Emmett mais rien n’y fit, elle dut mettre la tenue que notre frère lui avait préparée. Tous deux me cachaient leurs pensées, à force d’habitude, ils avaient de nombreux trucs pour me tenir éloigné de leurs esprits. Aussi, lorsqu’Alice sortit finalement de la maison, je ne pus m’empêcher d’exploser de rire, tout comme les autres, en voyant l’accoutrement ridicule qu’Emmett lui avait prévu.
Alice était vêtue d’une robe-tablier parfaitement hideuse à grosses fleurs, ces mêmes robes que portent les grands-mères, et était chaussée de bottes en caoutchouc rouges. Elle portait également des bas bleu-foncé ressemblant étrangement aux bas à varices et un bob rose fluo était juché sur sa tête. Bref, Alice était loin, mais alors très loin de son style vestimentaire habituel. Tout le monde riait et Jasper avait bien du mal à retenir son hilarité, il avait les lèvres pincées et se mordait l’intérieur de la joue. Ce qui l’aidait par-dessus tout à ne pas hurler de rire était le regard de sa compagne, celui-là même qui lui promettait de faire ceinture pendant de longues semaines si le moindre son sortait de sa bouche.

- Waouh Alice, quelle classe ! Si c’est le genre de robe qui te plait, j’ai bien peur que tu ne m’aideras pas à choisir la mienne pour le grand jour ! Persifla ma Bella, un sourire moqueur aux lèvres.
- Y’a pas que la robe, Bells ! T’as pas vu sa combinaison ? Et ses dessous hideux ? Regarde, elle a même une horrible gaine ! Ricana Rosalie en donnant un coup d’épaule complice à ma douce.
- On peut dire que tu as fait fort, Em, t’as du style ! Rit Jasper, ce qui lui valut un regard noir de la part de sa compagne.
- Oups ! T’aurais peut-être dû la fermer sur ce coup, Jazz. T’es bon pour la veuve poignet pendant quelques semaines ! Lui dis-je en percevant les pensées assassines et castratrices de ma sœur.

Jasper grimaça puis supplia Alice du regard avant de foncer vers elle pour la prendre dans ses bras ; elle s’écarta au dernier moment tout en lui faisant un croche-patte et Jasper s’étala de tout son long aux pieds de sa compagne.

- Bon, c’est pas bientôt fini ces enfantillages ? Y’a du boulot ! S’interposa Éléazar en nous dardant d’un regard noir.

Je soufflais avant de me reconcentrer sur les pensées de Jacob et Tanya, avant de m’en écarter tout aussi vite ; ils étaient… occupés en plein milieu des bois, à une petite dizaine de kilomètres d’ici. Tout le monde se prêta à l’expérience, chacun son tour, et au bout d’une heure, Éléazar fut satisfait des résultats. Je pouvais « entendre » nettement ma Bella, tout comme Carlisle, jusqu’à une distance de 20 km. Arrivés à 30 km, je ne les entendais plus du tout. Je percevais Alice clairement jusqu’à 15 km, puis mes frères, Rosalie, Esmée, le clan Dénali, Jacob et Tanya jusqu’à 10 km. Les autres, jusqu’à 5. Selon Éléazar, j’entendais plus facilement ma Bella car nous étions compagnons. Pour Carlisle, cela venait du fait qu’il était mon créateur. Concernant Alice, comme nos talents se complétaient, elle pouvant prévoir mes faits et gestes à l’avance et moi percevant les siens, il était normal que je l’entende mieux que mes autres frères et sœurs.
Éléazar passa ensuite ma douce au microscope, enfin façon de parler. Puisque son bouclier pouvait maintenant agir sur la matière, il voulait qu’elle développe cette particularité plus attentivement. Mon ange se plia sans broncher aux différents exercices imposés et je ne pus m’empêcher de rire en voyant Emmett bondir dans tous les sens, malheureusement contre sa volonté. Bella le relâcha en haut d’un arbre et il en redescendit, hilare, n’attendant qu’une chose, un nouveau « tour de manège » à la Bells. Il rigola beaucoup moins lorsque, à la demande d’Éléazar, Bella enroula son bouclier autour d’un énorme rocher avant de le faire léviter à un mètre du sol puis de le pulvériser en resserrant l’enveloppe invisible autour de la roche. Décidément, son talent pouvait s’avérer redoutable…
Lorsqu’elle se plia à un autre exercice, je vis Éléazar faire un signe de tête à Jasper et subitement, le tronc d’arbre qui lévitait se retrouva par terre, tout comme ma Bella qui se roulait au sol en se tenant le ventre.

- Jazz arrête ça ! On voit bien que t’as jamais eu d’ovaires, ça fait un mal de chien ! Punaise, c’est comme si j’avais à nouveau mes règles, arrête ça nom d’un chien ou je te jure que je t’enfoncerais tout le contenu d’une boite de tampons taille maxi là où je pense ! Hurla ma douce en se massant le ventre.

Je grognais en voyant que Jasper continuait à la faire souffrir puis subitement, il s’écroula à genoux les mains plaquées sur son entre-jambe, le souffle coupé, le visage blême et une expression d’intense douleur étirant ses traits. Éléazar s’esclaffa tout en marmonnant inlassablement « incroyable ». Enfin, ma Bella se redressa, tout comme Jazz, l’un et l’autre ne souffrant plus du tout.

- Euh… Il s’est passé quoi, là ? Demanda Emmett en se grattouillant le crâne.
- Un effet miroir, je pense… Répliqua Éléazar.
- Effet quoi ?
- Miroir. Je pense que lorsque Jasper a fait souffrir la jeune Isabella de cette façon, son bouclier physique – ou matériel – a subitement cessé d’agir. Cependant, lorsqu’elle a réussi à en reprendre le contrôle, le bouclier a instantanément renvoyé à Jasper son propre don, et donc la douleur qu’il envoyait. Continua Éléazar.
- EH ! Mais ça fait mal ton truc ! Se plaignit mon frère en se massant les burnes.
- Ouais ben le tien aussi ! Cracha ma douce en lui lançant un regard noir.

Éléazar ricana jusqu’à ce qu’il se torde de douleur au sol, plié en deux par de violentes coliques provoquées par Jasper ; là il riait beaucoup moins !
Alors que nous continuions à nous entraîner sur nos différents talents et voir quelles combinaisons de dons marchaient ou non, de lourdes pattes foulant le sol attirèrent mon attention. Un imposant loup gris arrivait à toute vitesse vers nous, la gueule ouverte pour attraper au vol le short qu’Alice lui envoyait. Il alla se cacher derrière les fourrés puis Paul ressortit quelques minutes plus tard, complètement paniqué.

- Vous aviez raison…
- Qu’est-ce qu’il y a Paul ? S’inquiéta Jacob en voyant l’état dans lequel se trouvait le Quileute.
- Sam… Il a bien été hypnotisé par une sangsue… désolé les gars, j’parle pas pour vous !
- Qu’as-tu vu, Paul ? Que s’est-il passé ? S’interposa Carlisle, tendu.
- Je… c’était mon tour de garde aujourd’hui. Sam est parti après avoir entendu la sonnerie de son téléphone portable. Enfin non, pas le sien, un autre téléphone mais que je n’avais jamais vu. Il s’est transformé et il est parti comme une flèche vers Seattle. Je l’ai suivi de loin, il ne m’a ni vu, ni senti. Il y avait une aire de repos boisée pas loin de la route, il a repris forme humaine, s’est rhabillé et a attendu. Y’a un suceur de sang qui a débarqué, il était hallucinant, taillé comme une armoire à glace. Il a juste regardé Sam droit dans les yeux en lui tenant la main et Sam… ben Sam il avait l’air en transe. La sangsue a pas dit un seul mot, mais Sam n’arrêtait pas de hocher la tête, complètement hypnotisé par le parasite – désolé les gars, j’parle pas de vous – et puis ils sont repartis, chacun de leur côté, comme ça. J’ai suivi Sam, il est rentré directement à La Push, comme si de rien n’était et moi, ben je suis venu directement ici. Jared et Cole le surveillent à l’heure qu’il est, ils ont vu ce que j’ai vu puisqu’ils patrouillaient dans les bois pendant ce temps… Merde ! J’y croyais vraiment pas à ça, mais là y’a plus de doutes possibles, Sam est sous l’emprise d’une sangsue. Mais pourquoi?
- Je n’en sais vraiment rien, Paul. Dis-moi, à quoi ressemblait ce vampire ? Demanda mon père, intéressé.
- Un grand machin carré d’épaules, tout en muscles, de longs cheveux blonds presque blancs… Il ressemblait… il ressemblait à un putain de Viking. S’exclama finalement Paul.

Je vis à travers ses pensées le vampire qui avait une emprise sur Sam et effectivement, le mot Viking s’imposait.

- Alice, serais-tu capable de le dessiner si Paul et Edward te le décrive ? Demanda avidement Éléazar, les pensées confuses.

Ma sœur hocha brièvement la tête avant de filer chercher un bloc de papier et des crayons. Elle écouta attentivement la description que Paul lui faisait et se mit à faire un croquis des plus précis, son crayon voletant sur la feuille à toute vitesse. Au bout de plusieurs minutes, elle montra finalement le portrait à Paul qui hocha la tête de façon affirmative.

- Ouais ouais, c’est ça. C’est la sangsue viking !

Éléazar souffla bruyamment, les yeux écarquillés en fixant le croquis qui se trouvait devant lui.

- Nom de Dieu… Siegfried.

Je me raidis en entendant le nom du vampire, sachant que son prodigieux talent était des plus dangereux.

- Pourquoi ça me dit quelque chose, ce nom ? Demanda Jacob, les sourcils froncés.
- Parce que tu l’as déjà entendu. Répliqua Éléazar. Siegfried… manipule les souvenirs comme bon lui semble. On dirait que Félix a commencé à nous attaquer, je ne pense pas que cela soit innocent qu’il s’en soit pris à l’Alpha de la Meute. Reste à savoir pourquoi, et surtout quelles pensées ont été implantées dans l’esprit de ce pauvre Sam. Je comprends mieux pourquoi il agit ainsi envers nous tous, maintenant, il est sous l’emprise de Siegfried.

Un silence funèbre planait sur le terrain, chacun se demandant ce qu’il allait se passer ensuite. Ce n’était pas un hasard si Sam avait été hypnotisé par ce Siegfried, tout comme nous autres, il n’était qu’une victime des desseins sadiques de Félix. Le Quileute n’était qu’un vulgaire pion dans le grand schème.
Si ma Bella s’était figée en entendant le prénom du vampire qui avait une emprise sur Sam, se remémorant subitement sa captivité et la peur tenace qui l’habitait en ce temps-là de savoir que Siegfried pouvait m’effacer de ses souvenirs, moi j’étais complètement survolté. Rage… Angoisse… Terreur… Instinct de protection, de possession… J’étais submergé par une pléiade de sentiments contradictoires et je me sentais sur le point d’exploser. Même Jasper n’arrivait pas à me calmer tant mes émotions exacerbées passaient de l’une à l’autre en un battement de cil. Les pensées affolées des uns et des autres qui m’envahissaient en cet instant n’aidaient en rien et au contraire, amplifiaient considérablement la violence des sentiments qui  m’habitaient.
Je sentis une pression sur mon poignet et feulais malgré moi jusqu’à ce qu’une voix mélodieuse s’immisce dans mon esprit.
                  Viens Edward. Viens avec moi mon amour. Suis-moi !


Sentant que j’avais énormément de difficultés à garder le contrôle et que je parvenais à mon point de rupture, ma Bella avait fait la seule chose capable de ma calmer, m’ouvrir son esprit si doux. Ô mon ange… je te suivrais jusqu’au bout du monde… Une fois que je me serais débarrassé de mes pulsions meurtrières.
Elle m’entraîna à sa suite, zigzaguant entre les arbres, les roches, bondissant par-dessus les cours d’eau que nous rencontrions sur notre route. Je redoublais de vitesse, les muscles bandés par la rage et le besoin de détruite la menace, effrayé à l’idée qu’elle ne succombe finalement au terrible don de ce foutu viking pour ne devenir plus que l’ombre d’elle-même et un objet de plaisir de ce sadique de Félix. Bella relâcha finalement ma main et j’enroulais mes bras autour de l’arbre le plus proche, hurlant ma haine alors que je le déracinais et l’éjectais plus loin avant de pulvériser tout ce qui me passait sous les doigts, en proie à ma folie destructrice.

- Edward…

Je ne l’entendais pas, submergé par la peur ; je n’écoutais que ma colère et ma haine, libérant ma hargne et évacuant ma frustration en martelant le sol de mes poings.

- Edward arrête ça ! STOP !

Même son esprit ouvert ne parvenait pas à apaiser la violence qui faisait rage en moi.

- Edward arrête ! MAINTENANT !

Je brisais tout ce qui me passait sous la main, déchirant… broyant… pulvérisant… jusqu’à ce que je me retrouve complètement bloqué, incapable de contrôler mon corps.

- Edward, calmes-toi s’il te plait.

Je relevais la tête et croisais le regard inquiet et empli de sollicitude de ma Bella.

- Relâche-moi Bella.
- Non.
- Relâche-moi !
- Tu me fais confiance, Edward ?
- Bien sûr que oui !

J’étais choqué qu’elle puisse imaginer ne serait-ce qu’un instant que je ne lui fasse pas confiance.

- Tu es tellement toujours… si maître de tes pensées et de ton corps, Edward. Mais là, tu en arrives au point de rupture. Ce n’est pas bon d’avoir toujours le contrôle de tout, Edward, pas bon du tout… Laisse-moi… Laisse-moi prendre le contrôle…
- Bel…

Je me sentis catapulté contre un arbre, incapable de bouger ne serait-ce que le petit doigt, coincé dans une enveloppe invisible qui m’empêchait de faire le moindre mouvement. Bella était en face de moi, éloignée de deux pas ; je pouvais sentir son souffle s’échouer sur ma peau. Je hoquetais de stupeur lorsque brusquement, je sentis comme une cinquantaine de mains palper mon corps.
Entre les doigts qui grattouillaient mon cuir chevelu, les mains qui caressaient mes bras, mes jambes, mes épaules, pressant mes cuisses et mes biceps d’une délicieuse façon, je ne savais plus où donner de la tête. Des centaines de doigts se baladaient allègrement sur mon corps sans en oublier une seule parcelle, à part la plus importante malheureusement, et je m’abandonnais à ce massage des plus étranges, mais néanmoins parfait. Ce n’est pas comme si j’avais le choix de toute manière, j’étais incapable de bouger ne serait-ce que le petit doigt. J’ouvris les yeux et découvris le regard à la fois gourmand et amusé de mon ange rivé sur moi, un petit sourire diabolique étirait ses lèvres parfaites et je grognais d’envie lorsque le bout de sa langue lécha doucement sa lèvre inférieure.

- Bella ! Libère-moi.

Son sourire s’élargit encore plus et elle secoua la tête en ricanant tandis que les mains invisibles me caressaient de plus en plus fort. C’était une vraie torture. Délicieuse, mais de la torture tout de même. Mes yeux s’écarquillèrent lorsque les boutons de ma chemise sautèrent l’un après l’autre avec une lenteur délibérée et le regard brûlant de ma Bella parcourant mon torse n’arrangeait en rien mon état. Son sourire s’étira considérablement lorsqu’elle aperçut la proéminence coincée dans mon pantalon et elle se lécha les lèvres avec gourmandise avant de river son regard au mien.

- Dis-moi, Edward, pourquoi t’es-tu donc énervé à ce point sur ces pauvres arbres ?
- Je… rien. Pour rien.
- Mensonge. Dis-moi, Edward !
- La… la peur… Les mains qui parcouraient mon corps me rendaient partiellement incohérent.
- La peur ? Peur de quoi, Edward ? Ou plutôt... de qui ?
- Rien… Personne !
- Ah oui ? N’aurais-tu pas peur de... Siegfried ? De ce qu’il pourrait faire ?
- Non… OUI !
- As-tu donc oublié, Edward ?

Les mains se firent soudainement plus pressantes, câlines, étourdissantes et je fermais les yeux lorsqu’il y eut une pression sur mon entre-jambe, que les mains avaient ignorée jusqu’à présent, et feulais en sentant les boutons de mon jeans sauter l’un après l’autre, lentement, trop lentement, libérant mon membre douloureusement à l’étroit dans mon pantalon.

- Humm… Pas de sous-vêtements aujourd’hui, Edward ?
- Ils… ils me gênent avec ce jeans là… ça gratte…
- Tu devrais les oublier plus souvent mon amour.

J’eus à peine le temps d’ouvrir la bouche que mes yeux roulèrent sous mes paupières ; ma queue était désormais la nouvelle victime de tous ces doigts baladeurs.

- Je suis à toi, Edward. À toi et à personne d’autre… Il faudra bien plus que ce Siegfried pour que tu sois débarrassé de moi. As-tu envie d’être débarrassé de moi, Edward ?
- Non… Jamais ! Oh bon sang… Bellaaa !

Je me sentis décoller du tronc par les mains invisibles qui s’acharnaient à me palper sous toutes les coutures. C’était… indéfinissable. Je me faisais peloter par ma Bella sans qu’elle ne lève le petit doigt !

- Est-ce que ça te plait, Edward ? Est-ce que c’est bon ?

Sa voix basse et envoûtante m’acheva et je ne pus qu’hocher la tête en réponse ; j’ouvris finalement les yeux et mon gémissement se métamorphosa en grognement lorsque je découvris ma Bella, nue, au beau milieu des bois, à peine éloignée d’un pas. Je brûlais de la toucher mais j’en étais incapable, toujours sous son emprise.

- Montre-moi Edward, montre-moi à quel point c’est bon…

Ma main bougea d’elle-même, contre ma volonté, et s’enroula étroitement autour de mon chibre ; je feulais en la sentant coulisser malgré elle.

- Huuum… Tu n’as pas idée à quel point tu es appétissant ainsi, Edward… Un régal pour les yeux. Susurra ma Bella en se léchant les lèvres, les yeux rivés sur ma main qui me branlait fermement.
- Lib… Libère-moi et je te montrerai à quel point tu peux être appétissante, mon amour…

Elle ricana et continua à me tourmenter, déambulant devant moi les yeux rivés sur mon entre-jambe et ma main, prisonnières de sa volonté, soupirant et se léchant les lèvres en me voyant me masturber malgré moi. Je n’en pouvais plus… J’avais désespérément besoin de plus.

- Bella… S’il te plait !

Elle se frotta contre moi et le contact de sa peau nue contre mon chibre turgescent en était presque douloureux. Elle embrassa délicatement mon cou puis je l’entendis ricaner, le regard rivé sur ma main qui se faisait de plus en plus rapide. Je n’en pouvais plus, l’orgasme allait bientôt m’achever mais je ne le voulais pas, je la voulais elle.

- Bella… s’il te plait… j’y suis presque… je… Bella…
- Est-ce que tu as envie de moi, Edward ? Chuchota-t-elle d’une voix sensuelle contre mes lèvres.
- Toujours… Toujours Bella !
- Humm… Bonne réponse…

Je me sentis décoller du tronc avant d’être poussé au sol, Bella toujours à quelques centimètres de moi. Je ne pouvais pas bouger et je ne supportais pas ce sentiment d’impuissance totale, même si, je devais l’avouer, il n’y avait rien de plus excitant que d’être à sa merci. Ma main s’arracha brutalement de mon chibre, me faisant gronder de déception, et mes bras furent brutalement étendus au-dessus de ma tête tandis que Bella, debout, les jambes écartées et les pieds placés tout contre mes hanches, me dardait d’un regard sauvage, brûlant, glouton.
Je pouvais voir son humidité perler, s’écoulant légèrement sur ses cuisses, et je m’enivrais de son parfum capiteux et ô combien enivrant. Un sourire diabolique aux lèvres, elle plia lentement, ô trop lentement, les genoux avant de se laisser glisser plus lentement encore, si cela était possible, sur mon membre douloureusement tendu et impatient de sa délivrance. Ma diablesse coulissa langoureusement sur mon chibre, ondulant voluptueusement du bassin, apparemment satisfaite de m’avoir à sa merci. Je n’en pouvais plus, j’avais besoin, un besoin viscéral, de la toucher.

- Aaah… Bella !
- Oui mon amour ?
- Libère-moi ! S’il te plait ! S’il te plait ! S’il te plait !

Brusquement, les mains qui me retenaient prisonnier disparurent et ses lèvres s’emparèrent voracement des miennes, implacables. J’enroulais étroitement mes bras autour de sa taille alors qu’elle s’empalait violemment sur mon chibre et je dus faire appel à toute ma volonté pour ne pas sombrer immédiatement dans le plaisir. D’un brusque mouvement du bassin, j’inversais les rôles, plaquant son corps durement contre le sol et le couvrant du mien. Ses yeux s’écarquillèrent sous la surprise et ses ruades désespérées pour reprendre le dessus ne firent qu’augmenter mon envie. Elle voulait du contrôle ? Elle allait être servie…
Bella gémit alors que je mordillais doucement son cou, allant et venant en elle lentement malgré les suppliques silencieuses de son bassin qui ondulait furieusement contre le mien, puis elle cria lorsque je mordis un téton délicatement rosé tout en m’enfonçais en elle d’un brusque coup de rein.
Je croisais son regard ébène, brillant et brûlant de concupiscence, merveilleux accès à ses pensées les plus intimes. Son petit jeu plus tôt m’avait considérablement frustré et excité ; n’en pouvant plus, je m’agenouillais entre ses cuisses, agrippais fermement ses hanches à deux mains pour les plaquer sur mes cuisses et elle hurla sous mes assauts alors que je la martelais furieusement… frénétiquement… m’enorgueillis de ses cris extatiques. Ne se rendait-elle pas compte à quel point elle était galvanisante, ainsi ?
Les bras rejetés en arrière et les doigts enfoncés dans le sol, le cou tendu, la chevelure éparpillée autour de sa tête telle une corolle aux mille pétales, le dos courbé et la poitrine offerte, les cuisses grandement écartées et les chevilles croisées autour de ma taille, Bella était une splendeur de sensualité, une Vénus d’ivoire, une déesse à vénérer.
Une main plaquée sur son pubis et le pouce fermement ancré à son bouton de plaisir, un bras enroulé autour de sa taille soutenant ses épaules, j’augmentais la cadence au rythme de ses soupirs… gémissements… cris… suppliques…

- Edwarrrd ! Pluf… Presque… Si proooche !
- Oui ma belle… c’est ça… laisses-toi aller…

Je roulais son clitoris entre mon pouce et mon index et ma récompense se lisait clairement sur son doux visage. La bouche ouverte en un cri silencieux, les yeux révulsés sous ses paupières mi-closes, les traits illuminés par une enivrante extase et le visage tordu par le plaisir, elle était magnifique.
Je me mordis la lèvre en grognant lorsqu’elle se resserra violemment autour de mon chibre en hurlant, emportée par un orgasme d’une puissance dévastatrice ; il ne m’en fallut pas plus pour la rejoindre et je m’enfonçais en elle une dernière fois, savourant son intimité étroitement serrée depuis mes orteils jusqu’à la pointe de mes cheveux. J’étais chez moi, en elle.
Prenant appui d’une main pour ne pas m’écrouler sur Bella, je nous fis rouler jusqu’à ce que sa tête échoue sur mon torse et caressais tendrement ses cheveux tout en lui murmurant mon amour éternel en observant vaguement les étoiles. Je ne m’étais pas aperçu que nous étions ici depuis autant de temps, bien trop distrait par ma Bella.
Sachant que nous n’avions pas beaucoup de temps devant nous avant qu’Alice n’envoie les autres patrouiller à notre recherche, nous quittâmes à regret notre bulle de bien-être et de volupté. Pour une fois, nos vêtements n’avaient pas fini en lambeaux, ce qui n’était pas plus mal. Bella se rhabilla prestement tout en m’envoyant un baiser du bout des lèvres  et j’en fis de même de mon côté. Elle me tendit une main que j’attrapais vivement puis me darda d’un regard décidé.

- Il ne peut rien faire contre moi, Edward. Strictement rien. Tant que nous sommes ensemble, il ne peut pas nous atteindre. Ne laisse pas la peur assombrir tes pensées, ne la laisse pas te dominer. Je suis à toi mon amour. À toi et seulement à toi. Personne ne m’éloignera de toi, je te le promets.

À court de mot, le cœur serré par ses paroles suintantes de ferveur, je m’emparais doucement de ses lèvres, explorant sa bouche tendrement, les mains enfouies dans son épaisse chevelure, jusqu’à en perdre haleine. Nous nous séparâmes finalement au bout de longues minutes, ou peut-être des heures, le souffle court et le regard brûlant, avant de reprendre le chemin de la maison à allure humaine ; nous n’étions pas pressés finalement.
Lorsque nous arrivâmes à la villa, celle-ci était bondée. Les conversations et les éclats de rire suite aux blagues et cabrioles de mes frères faisaient rage ; ceux-ci avaient encore fait je ne sais quel pari ridicule et en voyant la petite Bree sautiller sur place en tapant des mains, fidèle imitation de mon petit lutin de sœur, et le visage maussade d’Emmett, je compris aisément que la jeune vampire avait gagné son pari. En plongeant dans l’esprit de Rosalie, j’en découvris l’ampleur : mon ours de frère était persuadé qu’il pouvait mettre sa pâtée à Diego en moins d’une minute. Mais c’était sans compter sur l’extraordinaire force dont le nouveau-né était pourvu. Résultat, Emmett devait défiler dans les rues de Forks, déguisé en Télétubbies ! D’ailleurs, vu le nombre de parieurs qui avaient misé sur la force colossale d’Emmett, Diego et Bree étaient maintenant les heureux détenteurs d’une belle petite somme d’argent, de la canne à pêche préférée du Chef Swan – qui avait parié sur la victoire d’Emmett et qui s’en mordait désormais les doigts – et de la M3 customisée de Rosalie.
Alors qu’Alice riait comme une petite folle, se moquant d’Emmett qui n’avait pas voulu la croire lorsqu’elle lui prédisait sa défaite, elle se figea subitement, les yeux dans le vague, avant de ressortir de sa vision, une expression d’intense terreur gravée sur son visage joyeux, et sa voix semblant sortir tout droit d’outre-tombe s’éleva gravement dans l’air.

- C’est pour bientôt. Ils sont en route.