Edward & Bella

Edward & Bella

vendredi 4 janvier 2013

Renfort

Les yeux écarquillés, ne sachant pas si je rêvais ou si je cauchemardais, la bouche grande ouverte et une chair de poule comme je n’en avais jamais eue auparavant, j’observais totalement sidéré les… créatures.
Énormes… Gigantesques… Monstrueuses… Terrifiantes… Menaçantes… Mortelles.
Des cris stupéfaits s’élevaient de part et d’autre. Charlie se cramponnait le torse à deux mains, son cœur palpitant à une allure folle, terrorisé. Les Quileute grondaient doucement, le poil dressé sur leurs échines, les babines retroussées sur leurs crocs acérés dégoulinant de bave. Nous, vampires, étions accroupis en position de défense, prêts à foncer sur eux, réaction instinctive face à… ça.
Un feulement menaçant s’échappa d’entre mes lèvres alors que, les yeux rivés sur les… choses, j’épiais attentivement leurs moindres faits et gestes ; des grognements sourds et des cris stridents me répondirent.
Au bout de quelques longues minutes, il n’y eut plus un seul bruit, hormis les pulsations cardiaques désordonnées du Chef Swan, les gros cœurs des Quileute battant un peu plus rapidement que la normale, et ceux des… créatures. La Nature s’était tue, nous n’entendions aucun pépiement ou gazouillis d’oiseau, ni même les crissements que les insectes produisaient. Un silence des plus lugubres, terriblement angoissant régnait en ces lieux.
Finalement, il y eut un nouveau souffle ténu, une nouvelle vibration sonore dans l’air et le Navajo qui nous avait parlé plus tôt se mit une fois de plus face à nous, nu comme un ver, alors que nous feulions en signe d’avertissement. Évidemment, les… créatures nous répondirent par des grognements et glapissements des plus féroces.

- Aquene. AQUENE ! S’exclama le Navajo, les deux bras levés. Paix ! Nous sommes venus à vous en paix !
- V-v-vous pourriez au moins avoir la décence de vous rhabiller ! Savez-vous que vous êtes passible d’une amende pour exhibitionnisme ! Hurla le Chef Swan, au comble de l’outrage.

Flic un jour, flic toujours…
L’Indien eut un petit sourire narquois aux lèvres avant de repartir vers l’orée des bois où je n’avais pas vu les besaces qui s’y trouvaient. Il en ouvrit une et en ressortit un nouveau pantalon en peau retournée qu’il s’empressa de mettre avant de nous rejoindre, restant cependant à une distance raisonnable compte-tenu de notre aversion mutuelle.
Jacob, Seth et Jared avaient repris leurs formes humaines et s’étaient également empressés d’enfiler leurs shorts avant de nous rejoindre tout en observant le Navajo et les créatures avec un émerveillement non feint.

- Mais… Comment ? Demanda Jake, la voix suintant de stupéfaction.
- Croyais-tu que seul ton peuple était le digne détenteur de la magie Indienne ? Lui répondit le Navajo d’un ton hautain.

Jacob se contenta de secouer la tête mécaniquement tout en se délectant du spectacle représenté par ces nouveaux modificateurs.
Parce que oui. C’est ce qu’ils sont. Des Modificateurs…
Cinq ours polaires gigantesques, à l’épaisse fourrure d’une blancheur immaculée, la taille de l’animal décuplée par leur statut, leurs puissantes griffes brillant d’un éclat dangereux...
Dix coyotes plus gros qu’un grizzly, leurs dents acérées dévoilées par leurs babines retroussées…
Dix ours brun au moins huit fois plus gros que la normale, grondant de façon menaçante, dévoilant leurs dents et leurs griffes létales. Mais ce qui me laissait sans voix, c’était les cinq aigles royaux, aussi grands qu’un homme. Leurs plumages majestueux luisaient doucement à la lumière du jour et leurs yeux perçants vous donnaient l’impression d’être foudroyé sur place, telle Méduse qui d’un regard pétrifiait ses victimes. Leurs serres terrifiantes, courbées et aussi tranchantes qu’un rasoir, grattaient le sol alors qu’ils piaffaient impatiemment.
Je n’avais jamais vu, hormis ma Bella, plus belle chose au monde… ni plus effrayante.
Sur un signe de tête du Navajo, ils reprirent leurs formes originelles puis se vêtirent à leur tour, tout en restant à la lisière de la forêt.

- Qu’entends-tu par « magie Indienne », mon jeune ami ? Demanda Aro, intrigué et le regard luisant de curiosité face à ces nouvelles créatures.

Le Navajo grinçait des dents, ne supportant pas du tout le ton amical du « cannibale » comme il le nommait dans ses pensées ; cependant, le fait qu’Aro soit là, prêt à défendre la race humaine dans cette potentielle guerre, jouait en sa faveur. L’Indien frissonna de dégoût avant de reprendre la parole.

- D’après nos légendes, bien avant que l’homme blanc n’arrive sur nos terres, à l’aube même de l’Humanité, Wakonda le Grand Esprit protégeait ses créations en prenant la forme de plusieurs animaux ou autres manifestations de la nature, comme une aurore boréale. Puis les tribus se sont formées, Apaches, Sioux, Iroquois… pour ne citer qu’elles. Elles avaient toutes un totem différent, une représentation symbolique du Grand Manitou, en la forme d’un animal. Je ne pense pas me tromper en disant que ton peuple descend du loup, non ? Demanda-t-il à Jacob qui hocha la tête vigoureusement en signe d’assentiment. Lorsque les nôtres sont menacés, Wakonda nous insuffle sa magie, c’est pour cela que nous pouvons changer de forme, prenant celle de notre totem.
- Humm… Mais ne disais-tu pas que le Coyote est un signe de mauvais présage pour ton peuple ? Dans ce cas, pourquoi en prends-tu la forme ? Continua avidement Aro.
- Si nous nous transformons, c’est justement à cause d’un mauvais présage, à cause de la menace. S’il n’y avait pas de danger, jamais nous n’aurions à nous métamorphoser, sang-froid ! Cracha le Navajo avec impatience.
- C’est… incroyable. Fabuleux ! S’exclama faiblement Carlisle en observant les Indiens avec cette vénération scientifique qui le caractérise tant, l’œil pétillant de curiosité et les pensées tournoyant à une vitesse folle. Et… Vous souhaitez donc nous apporter votre soutien dans cette guerre ? Cela ne vous concerne pourtant pas.
- Cela nous concerne lorsque la race humaine est mise en péril ! Nous sommes des Protecteurs et même si cela ne nous plait pas, nous devons nous allier à vous pour éradiquer la menace. Vous êtes les yeux jaunes dont nous avons entendu parler, à votre manière, vous êtes également des protecteurs. Et vous avez l’Arme ! S’exclama un Inuit qui venait de nous rejoindre.
- L’arme ? Quelle arme ? Demanda mon père qui n’y comprenait plus rien.
- Nous avons entendu certaines de ces sangsues avides de massacres et de dévastation dire qu’avec votre arme, ils seraient invincibles ! Nous devons les empêcher de la trouver ! Où est cette arme ? Paniqua-t-il à l’idée que nos adversaires ne mettent la main sur une arme de destruction massive.

Ils parlent de ta compagne, jeune Edward. Victoria nous a avoué avoir entendu Felix et Caïus en parler. Il est vrai que s’ils mettaient la main dessus et trouvaient le moyen de la contraindre, ils seraient indestructibles…

Les pensées d’Aro ne laissaient aucun doute, tout comme celles de Marcus, mon père, Eléazar et bien d’autres. J’attrapais doucement la main de mon ange et m’avançais face aux Indiens.

- La voilà votre arme. C’est de mon épouse dont vous parlez. Dis-je fièrement.

Les Indiens la regardèrent avec stupéfaction puis se mirent à hurler de rire à l’idée que ce petit bout de femme puisse être l’arme dangereuse dont ils avaient entendu parler. Bella se renfrogna à l’idée d’être une fois de plus sous-estimée, puis elle s’avança vers eux d’un pas décidé, tapotant brusquement sur le torse du Navajo.

- Allez-y ! Transformez-vous et attaquez-nous ! Faites de votre pire surtout ! Leur dit-elle d’un ton suffisant.

Ils se concertèrent rapidement et haussèrent les épaules dédaigneusement tout en lui jetant des regards condescendants, puis finalement, ils s’éloignèrent, se dévêtirent et reprirent leurs formes animales avant de fondre sur nous à une vitesse ahurissante… pour en fait rebondir contre le bouclier de ma douce et se retrouver encastrés au sol ou dans les arbres. Ils recommencèrent une fois… puis une autre… et comme il n’y a jamais deux sans trois, ils retentèrent de nous attaquer pour être violemment expulsés une fois encore et se fracasser la carcasse dans la forêt.
Lorsqu’enfin ils eurent les idées en place, ils reprirent leurs formes humaines, se rhabillèrent tant bien que mal et vinrent à nous, les yeux rivés sur ma douce Bella et l’observant avec un mélange de stupéfaction et de crainte. Certains Indiens n’étaient pas dans un état des plus reluisants, entre articulations déboitées, côtes fêlées, os brisés et toutes sortes de contusions passant de l’hématome à une profonde entaille. En voyant leurs piteux états, mon ange ne put s’empêcher de s’en vouloir et tritura sa lèvre inférieure en gémissant de honte.
Apercevant les blessés, Carlisle s’empressa d’aller chercher sa trousse médicale avant de les rejoindre, pour finalement être arrêté par l’un des seuls valides.

- Ils vont se remettre, sang-froid. Ils n’ont pas besoin de toi !
- Mais je peux les soigner, je suis médecin !
- Médecin pour vampires, peut-être, mais nous ne le sommes pas.
- Non, je suis médecin, pour les humains. Je travaille à l’hôpital de Forks, je côtoie des blessés tous les jours, j’opère une appendicite au moins deux fois par semaine et je ne parle pas du reste.
- Mais… Comment est-ce possible ? Tu es un sang-froid ! S’exclama le Navajo tout aussi sidéré que ses compagnons de voyage.
- Avec le temps, j’ai appris à contrôler ma soif de sang pour assouvir ma passion, la médecine. Et mes… capacités surnaturelles me permettent souvent de déceler des maladies ou des problèmes de santé graves bien avant que les analyses diverses ne les dévoilent. Je peux ?

Carlisle pointa alors les blessés du doigt, sourcil levé, attendant que les Indiens se décident. Ils jetèrent un bref coup d’œil aux Quileute, et ce qu’ils lurent dans leurs regards avaient dû les rassurer puisque les valides s’écartèrent afin de laisser passer mon père. Il eut malheureusement à recasser certains os qui s’étaient déjà ressoudés, mais pas comme il le fallait. Leur ahurissant métabolisme leur conférait un pouvoir de régénération incroyable. Comme ces nouveaux-venus n’avaient aucune confiance en nous, ils refusèrent que Carlisle leur injecte un anesthésiant avant de les soigner ; ils subirent donc la douleur lorsqu’il dut recasser les os ou reconsolider une fracture en serrant les dents, sous le regard scrutateur des valides qui n’attendaient qu’un faux pas de la part de mon père pour attaquer.
Carlisle était en train de s’occuper d’une épaule déboitée lorsque le couinement caractéristique du fauteuil roulant de Billy Black se fit entendre. Le pauvre homme soufflait comme un bœuf, étant venu jusqu’ici à la force de ses bras lorsqu’il s’était aperçu qu’il y avait anguille sous roche à la « casa Cullen ». Il jeta un regard aux Indiens avant que son visage ne se fende d’un sourire radieux lorsqu’il vit l’un des Apaches présents.

- Bon sang, mais c’est le petit Mickey Redskin ?! Ça fait une paye que je ne t’ai pas vu. La dernière fois, tu n’étais pas plus haut que trois pommes ! C’est incroyable, tu es le portrait craché de ton père, mais tu as les yeux de ta mère. Alors, ils vont comment ces deux-là Depuis le temps que je n’ai pas vu Harry et Sally… Tu ne me reconnais pas, gamin ? Billy Black ! Ta mère et feue mon épouse, paix à son âme, étaient cousines !
- Euh… Ils sont en pleine forme malgré leurs âges. Hmmm… Oui, je me souviens ! Répondit l’Indien en se remémorant quelques vieux souvenirs. Mais si je me rappelle bien, vous étiez sur vos deux jambes et tante Sarah était encore parmi nous.
- Ainsi va la vie, gamin, c’est comme ça, on n’y peut rien ! Répondit Billy avec un soupçon de mélancolie. Ben mon vieux Carlisle, on dirait que vous n’avez pas le temps de chômer !

Billy secoua la tête en ricanant sous le regard éberlué des Indiens qui se demandaient clairement s’il avait encore toute sa tête. Quant à mon père, il renifla l’Ancien en fronçant les sourcils.

- Billy, je pensais vous avoir dit de faire surveiller votre cholestérol ? Continuez comme ça et dans moins de six mois vous pourrez dire bonjour aux injections d’insuline ! Le gronda-t-il alors que Billy rentrait la tête dans ses épaules, penaud.
- Carlisle ! Comment voulez-vous que je me mette au régime ? La cuisine d’Esmée est tout simplement divine, je n’y peux rien !
- Vous y pouvez quelque chose lorsque vous saupoudrez une tonne de sel sur vos assiettes, pour ne pas dire plâtrées, et que vous allégez le tout d’un tube de ketchup et de mayonnaise par repas ! Pensez un peu à votre santé, bon sang ! Râla Carlisle en remettant un genou en place.
- Billy, Billy, Billy… Vous avez encore quelques dizaines d’années devant vous ! Il serait vraiment dommage de les écourter en continuant à vous gaver comme vous le faites ! Depuis que nous nous connaissons, vous n’avez pas arrêté d’engraisser. Vous cherchez quoi, à vous rendre plus appétissant ? Je vous garantis que le sang saturé de graisses est tout bonnement infect ! L’admonesta Aro en secouant la tête, affligé.

Les Indiens qui venaient d’arriver parmi nous se mirent à grogner furieusement en entendant les propos échangés et le Navajo qui avait endossé le rôle d’émissaire se releva d’un bon, outré.

- Mais comment pouvez-vous les laisser vous parler ainsi ? Ils sont nos ennemis ! Que vous ayez un traité avec les Yeux Jaunes, je peux encore le tolérer, mais comment pouvez-vous laisser ce cannibale vous parler de cette façon ? S’exclama-t-il violemment, le regard fou de colère.
- Eh ! On se calme, ici. Si je les laisse me parler ainsi, c’est parce qu’ils s’inquiètent pour ma santé. Ils s’inquiètent vraiment ! Dit Billy.
- Vous avez entendu le cannibale ? Tout ce qui l’intéresse, c’est qu’il n’y ait plus de graisses dans votre sang, ainsi il aura un repas plus alléchant !

Billy Black secoua la tête, dépité, tandis qu’Aro feulait furieusement, retenu par le bouclier de mon ange alors qu’il voulait se jeter sur le « jeune effronté et lui faire ravaler ses paroles désobligeantes ». Le Quileute finit par lui tapoter doucement le bras.

- Une petite partie de poker vous tente, Aro ? Ça fait longtemps que je ne vous ai pas plumé.
- Dans vos rêves, mon cher ami, dans vos rêves !

Et ils partirent en direction de la villa sous les regards sidérés des Indiens, Aro poussant Billy d’un pas guilleret et bientôt rejoint par le Chef Swan.

- Ils sont envoûtés… Ensorcelés… Se lamenta le Navajo alors que le « Mickey Redskin » se frottait les yeux et se pinçait pour être sûr de ne pas rêver.
- Non, ils ne sont pas envoûtés. Ils ont simplement appris à connaître l’humain qui sommeille dans le vampire. Expliqua Eléazar d’une voix douce.
- Vous, « Yeux Jaunes », je comprends. Mais il n’y a rien d’humain chez ces cannibales ! Cracha le Navajo.
- Je suis bien plus humain que certains humains alors arrête de m’insulter comme ça ! S’énerva Peter qui se retenait tant bien que mal de lui sauter à la gorge.
- Toi ? Humain ? Tu n’es qu’un monstre ! Railla Mickey Redskin.
- Crois-moi l’Indien, je n’en suis pas un. Je cours peut-être après les humains, mais pas n’importe lesquels. Dis-moi, si tu me croisais dans une rue, en train d’épier un violeur… un pédophile… un assassin qui est sur le point de commettre son méfait, qui protégerais-tu ? Ma proie ou la victime de cet humain en question ? Hein, dis-moi ? Le nargua Peter le regard flamboyant de colère.
- Nous ne sommes pas tous des monstres assoiffés de sang innocent. Les vampires au régime traditionnel qui se trouvent ici ne se nourrissent que des rebuts de la société, des monstres parmi les humains, quand nous ne hantons pas les banques de sang. Et parfois, nous abrégeons simplement de nombreuses souffrances inutiles. Lorsque des humains sont abrutis de morphine pour leur permettre de gagner quelques jours, semaines ou mois dans d’abominables souffrances, le plus noble à faire est de les laisser partir rapidement. C’est très rapide, et bien moins douloureux que de prolonger leur espérance de vie des plus réduites. Continua Benjamin d’une voix lourde de sens.

Il se remémorait son dernier « repas », une vieille femme atteinte d’un cancer des os au stade terminal, hurlant à l’agonie malgré les doses de morphine hallucinantes qui lui étaient administrées. Lorsqu’elle avait compris que Benjamin était là pour la tuer, elle lui avait souri et l’avait remercié tout en priant pour sa bonté d’âme. Le jeune vampire en avait été particulièrement ému et avait tout fait pour empêcher le venin d’entrer dans le corps de sa proie, lui évitant de nouvelles douleurs inutiles, tout en lui caressant tendrement le peu de cheveux qui lui restaient et lui tenant la main. Il avait agi en humain, malgré son statut de prédateur…
Les Indiens les regardaient autrement, sourcils froncés, et réfléchirent aux diverses paroles qu’ils venaient d’entendre. Se pouvait-il vraiment que les « cannibales » puissent avoir un fond d’humanité en eux ?

- Mais au fait, c’était quoi, ça ? S’exclama subitement le Navajo en se tapant le front.
- Quoi quoi ? Demanda Jacob alors que la Meute discutait avec ces nouveaux modificateurs.
- Ce truc qu’elle a fait ! Dit-il en pointant mon ange d’un doigt accusateur.
- Eeeeh ! J’ai rien fait, moi ! Se défendit-elle en croisant les bras sur sa poitrine, une petite moue boudeuse aux lèvres.
- Si ! Tu nous as tous anéantis d’un seul coup ! Cracha le Navajo.
- Non, je n’ai fait que nous protéger d’une attaque que vous avez lancée. Le contra-t-elle.
- Comment ? Demanda-t-il, frustré.
- Bells est ce que les sangsues appellent un bouclier ultime ! Lança joyeusement Jacob. Eeeeh ! Mais me frappe pas, ma chérie ! Pleurnicha-t-il en se frottant l’épaule que Tanya avait frappée.
- Surveille donc un peu tes paroles, veux-tu ? Je suis une sangsue. Cracha ma cousine, vexée.
- Oh ! Pardon, pardon, mille pardons ma petite sangsue d’amour… S’excusa-t-il une dernière fois avant de lui ravager les amygdales sous le regard écœuré des nouveaux modificateurs.
- Aaaah… L’incroyable bizarrerie de l’imprégnation… Ricana Jared, vite rejoint par Paul et Seth.
- Un modificateur et une sangsue imprégnés ? Des ennemis naturels ? Est-ce vraiment possible ? S’exclama un Inuit, effaré.
- La preuve en images ! Et encore, t’as de la chance s’ils ne se mettent pas à copuler devant toi ! Ricana ma Bella.

Deux gémissements étouffés, un bruit d’évier qui se débouche et deux soupirs d’extase plus tard, Jacob s’écarta de sa compagne en rougissant de s’être donné ainsi en spectacle.

- Oui… Bon… ça va… Pas la peine d’en faire tout un plat ! Donc je disais que Bells est un super méga bouclier. Vous avez déjà entendu dans les légendes que certaines  sangs… euh… vampires… possèdent des dons, hein ? Ben Bells est capable de résister aux attaques mentales et aux attaques physiques, tout en protégeant ceux qu’elle désire ! Cool, hein ? S’exclama Jake, enjoué.

Les nouveaux venus se contentèrent d’acquiescer, béats.

C’est donc pour cela que le groupe de cannibales la veut… Ils seraient invincibles !

- Tu as tout compris. Répondis-je aux pensées du Navajo.
- Mais… Mais… Mais j’ai rien dit ! Paniqua-t-il.
- Non, tu l’as pensé ! M’exclamais-je en tapotant ma tempe. Je suis télépathe… Soufflais-je, en voyant qu’il ne comprenait pas où je voulais en venir.

Alors que Carlisle bandait le torse du dernier blessé, Sue arriva vers nous, annonçant que le repas était prêt.

- Huuungh… Prêt pour les humains et modificateurs, voyons, pas pour nous ! S’exclama Bella en secouant la tête lorsqu’elle vit nos nouveaux alliés se cramponner à la gorge en essayant de contenir les frémissements annonçant une prochaine métamorphose.

Esmée avait eu la génialissime idée d’installer de longues planches sur des tréteaux à l’extérieur, craignant que les Indiens refusent d’entrer dans la villa. Emmett, quant à lui, était préposé au barbecue et il s’amusait comme un gosse à faire griller saucisses, steaks et autres brochettes pour les estomacs à remplir. Les tables regorgeaient de victuailles et Billy se prit un coup de spatule en bois sur les doigts lorsqu’Esmée le surprit la main dans un plat de chips.

- Billy ! Continuez comme ça et ce ne sera plus du cholestérol que vous aurez  mais de l’huile à la place du sang ! Prenez des crudités !
- Je ne suis pas un lapin. Bougonna le Quileute comme un enfant que l’on punit.
- Et je ne suis pas votre mère ! Comportez-vous en adulte, bon sang ! Et dire que vous êtes le Chef Tribal… Vous êtes pire qu’Emmett, c’est dire ! S’emporta ma mère en secouant la tête, consternée par le comportement puéril de Billy.

Nos nouveaux alliés ne savaient plus où donner de la tête tant nos relations étaient des plus amicales. Ils s’étaient forgés une idée sur les diaboliques sang-froid, préconçue par leurs légendes et leurs préjugés, et ne savaient plus quoi penser. Les Quileute les incitèrent à se mêler à nous, vampires, et essayer de discuter calmement. Ils sursautèrent lorsqu’ils aperçurent Benjamin embraser des tas de bûches dispersés de part et d’autre de la vaste pelouse, un briquet à la main et envoyant des boules de feu de l’autre. La curiosité l’emportant, ils s’intéressèrent à nos différents talents et se renseignèrent sur nos capacités ; Eléazar se fit un plaisir de le leur expliquer.
La petite Carlie, bien installée sur les genoux de « tonton Aro », regardait les nouveaux venus attentivement.

- Dis tonton, c’est qui eux ? Lui demanda-t-elle en pointant les Indiens, qui se retournèrent vers elle, du doigt.
- Ce sont… des amis. Ils viennent nous apporter leur aide pour combattre Felix et Caïus. Lui répondit le Volturi.
- Aaah… Eux aussi ils veulent tuer le vilain pas beau aux yeux rouges ! Cool !
- Dis-moi enfant, comment peux-tu parler d’un « vilain pas beau aux yeux rouges » alors que tu es assise sur un… homme… aux yeux rouges ? Demanda le Navajo, John, n’osant pas prononcer le terme vampire devant un enfant.
- Ben parce que l’autre c’est rien qu’un méchant ! En plus il est moche et il est bête. Tonton Aro il me protège, comme les autres ! Et puis c’est pas parce qu’il a un régime tradichonel…
- Traditionnel, Carlie.
- Ah oui… Il mange tradi-tio-nel mais il est gentil avec moi. Il a même dit que j’étais la princesse à titre phonophonique…
- Honorifique, Carlie !
- Ah oui… o-no-ri-fik de Volterra. Et puis tonton Aro il est chouette ! Il est très, très, très, très vieux et il a vu plein, plein, plein de trucs ! Il me raconte des choses hispaniques, c’est génial !
- Historique, Carlie ! Rigolait Aro alors que la petite écorchait ses mots.
- Rho je sais ! Je m’a trompé mais c’est parce que je suis petite ! Et quand je serai grande et ben c’est moi qui t’apprendra ton vachabulaire quand t’auras al-zhei-mer, toc !
- Vocabulaire ! S’exclama Aro alors que je riais de l’audace de cette gamine.

Les nouveaux modificateurs n’y comprenant plus rien, le Chef Swan leur expliqua comment Carlie en était venue à vivre parmi nous, de sa captivité à l’enlèvement de ma Bella, en passant par le meurtre de la mère de la petite sous ses yeux et à son rapt pour servir de repas, jusqu’à leur incroyable évasion. Ils étaient écœurés… Le Navajo regarda mon ange d’une toute autre façon.

- Comment as-tu fait pour ne pas les tuer ? Tu étais un jeune, tu aurais dû être assoiffée de leur sang ! Je ne comprends pas… S’exclama-t-il, les sourcils froncés.
- Oh que oui j’avais soif… Mais j’aurai dû faire quoi ? Assassiner mon père et une enfant innocente ? C’était leur plan, m’assoiffer et me torturer jusqu’à en perdre la raison pour que je commette l’irréparable ! Mais ça n’a pas marché… Finit-elle avec un sourire malicieux avant de m’embrasser à la commissure des lèvres.
- Beurk ! Vous êtes dégoûtants ! C’est sale les bisous sur la bouche ! Et pis y’a une enfant ici, vous êtes que des excitationistes ! S’exclama Carlie, une grimace déformant son joli minois.
- Exhibitionniste, gamine ! Mais aïe Rosie ! Ça fait mal ! Pleurnicha Emmett en se frottant le crâne.

Et l’incroyable se produisit à ce moment-là ; nos nouveaux alliés explosèrent de rire face à la tête déconfite de mon frère…
Bientôt, il n’y eut plus que rires et discussions enjouées, tandis que nous expliquions les évènements des derniers mois à nos nouveaux alliés. Ils observèrent avec une sorte de fascination morbide les trois Enfants de la Lune, écoutant avec affliction les raisons de leur extermination. Lorsqu'ils apprirent que des vampires – leur ennemi séculaire – avaient trouvé le moyen de contrer l’instinct bestial et barbare des Lycans, les nouveaux-venus nous regardèrent autrement. Enfin…
Les Quileute sortirent finalement leurs percussions et commencèrent à battre le rythme et chanter tandis que les autres Indiens, des Inuits, Navajo, Apaches et Mohawks comme ils nous l’avaient dit, se déhanchèrent sur leurs danses tribales, pour notre plus grand plaisir. Voir les Mohawks effectuer leur « danse de la victoire » était tout simplement spectaculaire.
Les évènements de la journée commencèrent à se faire ressentir et la fatigue envahit les humains et presque humains. Après pas mal de tergiversations, les nouveaux venus acceptèrent de s’installer sur nos terres. Ils avaient été profondément vexés que les Quileute ne veuillent pas les accueillir sur leur réserve, mais après leur avoir expliqué que Sam, anciennement Alpha de la Meute, était sous l’emprise de nos ennemis, ils comprirent. Nous voulions absolument garder l’effet de surprise que procurerait leur présence à nos côtés.
Emmett, ravi de tout ce nouveau monde, s’amusa comme un petit fou à sortir une quantité astronomique de bâches et de toiles de tout genre avant de se mettre à monter joyeusement des tipis à droite et à gauche, en l’honneur de nos nouveaux amis Peaux-Rouges.

- Et mon igloo ? Il est où mon igloo ? Fit semblant de s’offusquer un Inuit avant d’éclater de rire devant la mine peinée de mon frère.
- Méfies-toi ! Il serait bien capable de faire livrer une tonne de glace pour t’en construire un ! Ricana mon ange.

Et en plongeant dans les pensées de mon frère, je vis qu’effectivement, il en avait déjà eu l’idée… Décidément, Emmett est et restera à toujours égal à lui-même !

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- Bella… Arrête de t’angoisser ! Tout se passera bien…
- Tu n’en sais rien, Edward. Rien ! Ce n’est pas parce que Siobham l’a « décidé » et que Riley l’a « choisi » que tout se déroulera parfaitement ! Nous ne sommes pas prêts…

J’enlaçais étroitement mon ange qui s’empoignait les cheveux à deux mains et la berçais quelques instants.

- Nous sommes prêts. Nous sommes surentraînés… aguerris… nous avons de nombreux talents de notre côté…
- Mais eux aussi !
- Oui, je te l’accorde, mais ils ne t’ont pas toi. Ils ne savent pas non plus pour les Lycans et les modificateurs…
- Ils savent pour la Meute !
- Peut-être, mais ils ne savent rien des Navajo, des Mohawks, Apaches et Inuits ! Le plan que Jasper a préparé est parfait, tu dois le croire, Bella !
- J’ai peur Edward… si peur !
- Je sais mon ange, moi aussi… Mais si nous y allons la peur au ventre, si nous partons tous pessimistes, autant nous rendre sans combattre.

Bella se mordit la lèvre inférieure et plongea son regard ambré effrayé dans le mien. Finalement, la tendresse l’envahit et elle inspira profondément avant d’enfouir son visage dans mon torse.

- Tu as raison mon amour. Je suis une idiote…
- C’est faux Bella. Tu as simplement peur de perdre ceux que tu aimes, c’est une réaction tout à fait normale mon ange. Dis-moi, il dirait quoi John s’il te voyait pleurnicher sur ton sort, hein ?

Elle rit en se rappelant toutes les fois où elle avait poussé le Navajo à se surpasser.
Lorsque nos nouveaux alliés étaient arrivés parmi nous, ils avaient été scandalisés de nous entendre dire qu’ils avaient besoin de s’entraîner et d’apprendre de nouvelles techniques de combat, arguant que leurs formes animales étaient spécialement conçues pour résister et tuer les vampires.
Après s’être retrouvés au tapis en moins de deux, ils avaient vite changé d’avis bien que leur amour propre en fut profondément blessé. Bella les avait continuellement invectivés, les poussant constamment à se dépasser. Et maintenant…
La nuit venait de tomber et dans moins de 24 heures, nous serions face à l’armée de Caïus et Felix, sur le pied de guerre.
D’après les diverses visions d’Alice, ils avaient environ 450 nouveau-nés sous leur coupe ; le triple des nôtres. Cependant, nous étions aguerris, entraînés – pour ne pas dire surentraînés – nous avions de nombreux talents, à la fois offensifs et défensifs, à notre disposition, une Meute particulièrement conçue pour détruire les vampires et un sacré élément de surprise… Des modificateurs dont nos ennemis n’avaient aucune connaissance, et trois Enfants de la Lune avides de vengeance. Maintenant que les Lycans étaient pourvus de raison lors de leur effroyable métamorphose, ils n’en devenaient que plus mortels. Et je savais qu’ils voulaient se partager le sort de Caïus ; je plains vraiment ce dernier une fois que Nicholaï lui aura mis la main dessus, il lui fera chèrement payer le sort malheureux de son épouse et de ses enfants…
Nous ne pouvions pas être plus prêts que nous ne l’étions, nous étions tous au summum de notre puissance et de nos talents.
Et bien qu’une partie de moi-même envahie par le doute craigne ce qu’il puisse se produire en cas de défaite, nos chers humains survivraient… Mais je devais mettre toutes ces incertitudes de côtés pour le moment, ma Bella avait besoin de moi, besoin d’être rassurée…
Les bras étroitement serrés autour de son petit corps souple, je fredonnais au creux de son oreille, attendant qu’elle arrête de trembler comme une feuille ; au contraire, ses frémissements redoublèrent. Bella s’écarta soudainement de moi et planta son regard flamboyant dans le mien, ses yeux noirs comme une nuit sans lune luisaient de mille feux.

- Prends-moi, Edward… J’ai besoin de toi… besoin de te sentir… Je t’en prie… baise-moi!
- Bella… tu ne penses pas ce que tu dis… c’est la peur qui parle et…
- Non. J’ai envie de toi… envie de te sentir en moi…  Susurra-t-elle en me mordillant le lobe de l’oreille. Pitié !

Sa supplique eut le don de m’achever, tout comme ce ton plaintif m’incitant à la posséder au plus vite. Un grondement rauque résonna des tréfonds de ma gorge mais je ne fus apparemment pas assez rapide pour elle. Bella se jeta fiévreusement sur mes lèvres tout un arrachant mon tee-shirt d’une main de maître, sa langue plongea voracement dans ma bouche alors qu’un bruit de déchirure m’indiquait le sort réservé à mon jeans puis elle me poussa violemment contre un arbre avant de s’effondrer à genoux et d’engouffrer goulûment mon membre turgescent.

- BELLA ! Huuungh…

La tête cognant incessamment contre le tronc, je me concentrais sur la délicieuse sensation de ses lèvres coulissant allégrement sur ma queue et de ses mains triturant habilement mes boules. Au bout de quelques va-et-vient de ce sublime supplice, je n’en pouvais plus ; j’empoignais fermement sa chevelure et m’enfonçais dans sa bouche avec délice, ses mains cramponnées derrière mes cuisses m’incitant à continuer de baiser sauvagement sa bouche. J’y étais presque… mes reins brûlaient… mes valseuses se contractaient… j’allais bientôt jouir. Mais pas dans sa bouche. Je ne voulais pas qu’elle me goûte, une fois encore... je voulais la marquer aux yeux de tous… que tout le monde sache qu’elle est à moi… qu’il le sache et en devienne fou.
Rugissant au point d’en ébranler les montagnes, je m’écartais brutalement de ma Bella et empoignais mon érection, me branlant avec acharnement avant de me libérer dans un hurlement terrifiant, marquant son cou… ses seins… son ventre… de mon foutre brûlant.
Lorsque mon esprit s’éclaircit de nouveau, je fus instantanément mortifié par mon odieux comportement ; une fois de plus, j’avais agi en animal…

- Edward ? Arrête ça tout de suite.
- De quoi parles-tu, Bella ? Dis-je d’une voix basse, évitant soigneusement son regard pour ne pas y lire sa désapprobation.
- Arrête de t’auto-flageller bon sang !
- Mais… as-tu vu ce que j’ai osé faire ?
- Huuum… ouais ! Et je dois avouer que c’était très… sexy de te voir me marquer comme tienne…

Je relevais les yeux, sidéré par ses paroles, et croisais son regard noir et brûlant d’envie. Bella se lécha les lèvres puis m’attrapa les mains, les faisant glisser sur son buste, son ventre… et je m’aperçus qu’elle s’en servait pour étaler ma semence…

- Huummm… Bella !

Elle s’allongea à même le sol, écartant bras et jambes, n’attendant qu’un geste de ma part, splendide offrande.
Je me sentis bander à nouveau et un grognement rauque m’échappa alors que je me jetais sur elle, recouvrant son corps souple du mien, et m’enfonçais au cœur de ses chairs d’un brusque coup de reins. Le dos arqué, les bras rejetés en arrière, les cuisses resserrées autour de mon bassin et les seins bondissant furieusement au rythme de mes assauts effrénés, ma Bella était la beauté incarnée.
Elle est mienne.
Son âme le sait, son cœur le reconnaît et son corps le crie.
Elle est mienne et le restera, dusse ai-je me battre contre vents et marées.
D’un bras passé dans  son dos, je l’aidais à se redresser, pressant ses doux seins contre mon torse et dévorant fiévreusement ses lèvres. Ses petits doigts enroulés dans mes cheveux tiraient dans tous les sens, gratouillant mon cuir chevelu, tandis que sa bouche répondait ardemment à la mienne, son bassin ondulant frénétiquement avec une parfaite synchronisation contre le mien… et à croire que ma Bella était télépathe, elle se mit à crier le fond de ma pensée.

- Tienne ! Tienne ! Oh oui ! Je suis tienne !

Je gémis contre son sein que je tétais goulûment, les deux mains agrippées à ses hanches pour l’aider à coulisser sur mon chibre, encore et encore, nos deux corps parfaitement imbriqués l’un dans l’autre. Bella hurla finalement de plaisir, un hululement rauque s’échappa du « O » que formaient ses lèvres alors qu’elle explosait contre ma bite, son délicieux nectar ruisselant sur mes cuisses ; quel gâchis. Je m’enfonçais une dernière fois en elle, mon foutre s’y répandant à grandes giclées, rugissant un dernier «MIENNE ! » aux étoiles scintillant dans la nuit sombre, avant d’enfouir mon visage dans l’arche délicate de son cou. Les épaules secouées par de violents frissons, j’inspirais sa sublime fragrance avec une délectation non feinte afin de calmer mes tremblements post-orgasmiques.
Nous restâmes étroitement enlacés tout au long de la nuit, bras et jambes emmêlés, nous câlinant tendrement lorsque nous ne nous comportions pas comme des animaux en rut. Finalement, l’aube perça de ses premiers rayons timides bien trop rapidement ; j’aurai souhaité que cette nuit ne prenne jamais fin. Mais c’était l’aube… d’un dernier jour.

La journée s’écoula à une vitesse faramineuse, dans un échange d’accolades et de recommandations de dernière minute. Nos chers humains passèrent de bras en bras, nous étreignant les uns après les autres de toutes leurs forces, avant de partir à la Push, la peur au ventre. S’ils n’avaient aucune nouvelle de notre part avant demain matin, cinq heures tapantes, ils devraient décoller pour leur futur abri, l’ile d’Esmée. Le Chef Swan m’étreignit férocement en tapotant maladroitement mon dos avant de me lancer un regard d’une tristesse poignante.

- Prends soin de ma fille, Edward.
- Toujours Charlie, je vous le promets.
- Et… Fais attention à toi, gamin. Je t’aime fils !

Un sanglot lui échappa tandis que je hoquetais en resserrant mon étreinte, touché par ses paroles ; le Chef Swan n’est pas du genre à s’épancher sentimentalement parlant.

- Je t’aime aussi p’pa et je ferai attention à moi.

Bella, le visage rayonnant des paroles de son père à mon égard, s’approcha de nous, Carlie entre les bras, avant de se joindre à notre étreinte. Nous nous séparâmes quelques minutes plus tard et j’eus l’impression qu’une partie de moi-même se déchirait à cet instant.

- Tu prendras soin de Charlie pour moi, d’accord ma puce ?
- Je te le promets Bella. Pleurnicha l’enfant qui ne voulait pas partir.

Finalement, Angela, Ben, Kim, Sue, Billy, Charlie et Carlie sortirent de la maison – pour la dernière fois, peut-être – non sans nous souhaiter bonne chance.

- Vous allez leur botter les quiches aux méchants, hein ? S’exclama Carlie alors qu’Aro lui tapotait doucement la tête.
- Les « miches », Carlie. On dit les « miches » ma chérie.

Le Volturi s’était pris d’affection pour cette gamine qui ne voyait en lui qu’un homme et non un monstre. Aro lui embrassa le front une dernière fois avant de l’installer dans son siège rehausseur et de boucler sa ceinture de sécurité.
La voiture démarra dans un nuage de fumée et un dernier « au-revoir » collectif. Oui, «au-revoir». Personne ne souhaitait prononcer un « adieu » de malheur…
Nous nous préparâmes tranquillement, nous habillant de vêtements pratiques. Leggings élastiques et tee-shirts près du corps pour les filles, pantalons amples et tee-shirts simples pour les hommes. De leur côté, les Modificateurs s’étaient tous vêtus de la même façon, le torse et les pieds nus et les jambes recouvertes d’un pantalon en peau retournée. Leurs visages, bras, dos et torses étaient parés de leurs plus belles peintures de guerre, différentes selon les tribus d’origine, puis les Indiens se déhanchèrent sur une « danse de la victoire » Navajo. Emmett les rejoignit rapidement, se dandinant d’une façon absolument ridicule, et nous les joignîmes tous rapidement.
A leur demande, Carlisle injecta aux Enfants de la Lune un produit paralysant au niveau du larynx, afin que leurs cordes vocales ne trahissent pas leur effroyable métamorphose. Nous voulions tous garder l’effet de surprise de leur présence à nos côtés. Ils resteraient à la villa avant de nous rejoindre, une fois transformés, sur la vaste plaine entourée de collines où nous allions rencontrer nos ennemis. Nous voulions être loin de Forks ou de tout lieu habité afin que les humains ne perçoivent rien de la bataille.
Nous laissâmes les Lycans derrière nous, comme prévu, puis nous rendîmes d’un pas assuré jusqu’à la prairie, les couples avançant main dans la main, étroitement collés l’un à l’autre. Nous arrivâmes finalement un peu avant le crépuscule et commençâmes donc nos préparations.
Dispersés sur plusieurs lignes, les talents offensifs tels Benjamin ou Zafrina au front, les Modificateurs, sous leurs formes humaines, fermaient chaque rang, impatients malgré la peur au ventre de se lancer dans la bataille.
J’ouvris alors mon esprit et écoutais attentivement les pensées adverses, amplifiées par la présence de Nabil.

- Ils seront là dans moins de cinq minutes. Affirmais-je, concentré sur leur avancée.
- Comment font-ils pour que leurs nouveau-nés restent ainsi groupés ? Demanda Jasper qui avait une excellente connaissance du comportement des jeunes vampires.
- Chelsea…
- La sale petite traîtresse… J’aurai dû m’en douter ! Cracha Aro, furibond. Et ma Sulpicia… est-elle là ?
- Oui. Maintenue par plusieurs gardes. Elle a du caractère ! Ricanais-je en voyant le foin qu’elle faisait, se débattant furieusement et donnant des coups de pied à tous ceux qui passaient à sa portée.

Aro sourit tendrement avant de se tourner vers Diego.

- Tu es prêt mon enfant ?
- Oui. Je vous la ramènerai Aro, je vous le jure !

Aro hocha la tête en signe de remerciement tandis que ma Bella nous recouvrait tous de sa protection.
Les yeux rivés devant nous, nous attendions dans le calme. Apparent, évidemment.
Alors que leurs silhouettes se dessinaient à l’horizon, Jasper dispersa sous le bouclier une onde de sérénité, amplifiée par Nabil, avant qu’ils ne soient tous deux temporairement exclus de la protection de mon ange, le temps de bombarder des vagues d’appréhension sur nos ennemis, discrètement.
Finalement, ils apparurent clairement, avançant d’un pas militaire avant de se déployer en plusieurs lignes, Jane et Alec en tête des talents offensifs. S’il n’était pas parmi eux, je le plaindrais ; Alec avait l’air misérable aux côtés de sa sadique jumelle…
Sulpicia, fermement maintenue par une demie douzaine de vampires, hurlait, menaçait, feulait, invectivait… tandis que cinq silhouettes apparaissaient en tête ; Caïus et sa compagne, Athénadora, un sourire victorieux aux lèvres, Felix, une grimace de dégoût et de fureur en nous voyant, Bella et moi, tendrement enlacés, et enfin deux vampires que je n’avais jamais vu, mais dont j’avais souvent entendu parler. L’un, chauve, la peau tendue sur les os, le regard vitreux par le poids des ans et l’autre, de longs cheveux noirs filasses dégoulinant sur ses épaules, le visage émacié et le corps tordu ; les Roumains, Stefan et Vladimir, apparemment sortis de leur transe prolongée.

- Pourquoi ne m’en suis-je donc pas douté ! S’exclama dédaigneusement Aro en les voyant. Il fallait donc que tu prennes exemple sur ces détritus, mon frère ? Comme le dit l’adage, « qui se ressemble, s’assemble » !
- Tu n’es pas en position de faire la morale, Aro. N’as-tu donc pas vu à quoi tu t’allies ? Des vampires dégénérés et faibles ainsi que des chiens galeux ! Il est temps d’exterminer cette vermine et de prendre la place qui nous revient de droit ! Cracha Caïus alors que les Modificateurs grognaient, le regard noir, en entendant ses paroles.
- Mon pauvre Caïus… la folie ne te sied point au teint ! Décidément, tu as passé trop de temps sur ton trône pour croire que l’Humanité devrait nous servir… Quant à vous, Stefan et Vladimir, votre trop longue hibernation vous est montée à la tête ! Je suis sûr que nous pourrions vous trouver une magnifique cellule capitonnée dans les cachots du palais. S’exclama Marcus en feignant la compassion.
- C’est toi qui es fou, Marcus. Fou de croire que nous devrions nous contenter d’une vie dans les ténèbres. Caïus a enfin compris que nous étions des Dieux et que nous devions être vénérés comme tels ! S’exclama Stefan, un sourire mauvais aux lèvres.

Pendant que les Anciens discutaillaient de cette histoire de domination mondiale, le regard cruel de Felix ne me quittait jamais. J’y lisais tout ce qu’il souhaitait me faire subir et pour enfoncer le clou, j’enroulais étroitement mon bras autour des épaules de mon ange, posant nonchalamment ma main sur son sein et embrassais tendrement son front, non sans un clin d’œil destiné au Fléau. Je sentis alors un léger coup dans mes côtes et me tournais vers ma Bella qui avait un petit sourire narquois aux lèvres.

- Dis-moi mon cher époux…

Un rugissement sonore retentit lorsque Felix entendit de la bouche même de ma douce que nous étions mariés. Mon sourire s’en étira instantanément…

- Je disais donc, avant d’être si mal poliment coupée, c’est qui ça ? Dracula Premier et Dracula Second ? Fit-elle semblant de chuchoter en pointant Stephan et Vladimir du doigt.

Les Roumains, offensés par les paroles de mon épouse, se tournèrent vers elle d’un seul homme.

- Pour qui te prends-tu, petite sotte ? Comment oses-tu parler de cette façon à tes Maîtres ? S’exclama rageusement Stefan.
- Là c’est vous qui vous prenez pour ce que vous n’êtes pas. Je n’ai ni Dieu, ni Maître ! Vous feriez mieux de redescendre de votre piédestal et de vous croire tout puissant. Et franchement, c’est quoi ces capes ? On n’est pas à Hollywood, bon sang ! Au cas où vous ne le savez pas, Bela Lugosi a passé l’arme à gauche depuis un bon demi-siècle, alors pas la peine de vous accoutumer de cette façon ridicule, ça fait Dracula d’opérette. En plus c’est démodé ! Leur dit-elle en faisant de grands moulinets avec ses bras alors qu’Alice sautillait joyeusement de l’entendre parler « mode ».
- Ne sais-tu donc pas qui nous sommes, jeune impudente ? N’as-tu jamais entendu parler de nous ? Lui demanda Vladimir, un sourire malveillant aux lèvres.
- Huummm… Non ? Et entre nous, je m’en fous comme de ma première culotte, vous savez !
- Toute une éducation à refaire… Je m’appelle Vladimir. Vladimir, Comte Dracul. Oui, jeune sotte, tu as bien entendu… Je suis LA légende. C’est mon nom qui a fait frémir des millions d’hommes bien avant ta naissance et c’est mon nom qui continuera à les faire frémir lorsque nous vous aurons écrasés comme les vulgaires insectes que vous êtes ! Cracha Vladimir, outré par le manque de respect que nous lui portions.
- AAaah… C’est bien. Excusez-moi Dracula… euh… Comte Dracul ! S’exclama mon ange en lui faisant une petite courbette. Mais vous savez,  Dracula dans le monde humain, c’est une histoire, un conte pour enfants, alors histoire vous êtes, histoire vous resterez. Ok?

Alors que Vladimir continuait à la regarder de cet air malveillant, Caïus fit claquer ses doigts et Demetri arriva, traînant Sulpicia après lui avant de l’obliger à s’agenouiller devant lui, de tirer ses cheveux violemment afin de forcer sa tête en arrière et d’enrouler étroitement son autre main autour du cou de la Reine, un sourire effroyable aux lèvres. Aro frémit, terrorisé et enragé à la fois, puis il vrilla Demetri d’un regard noir.

- Comment as-tu pu… Comment as-tu pu me trahir de la sorte ?
- Êtes-vous donc devenu sénile pour l’avoir oublié, Maître ? Cracha Demetri d’un ton dédaigneux. Croyez-vous réellement que j’allais suivre vos ordres après ce que vous m’avez fait ?
- Fais quoi, Demetri. Que t’ai-je donc fait pour que tu te retournes ainsi contre moi ? Lui demanda Aro, envahi par l’incompréhension.
- Ma compagne… Vous l’avez tuée sous mes yeux !
- Ta compagne ? Mais… tu n’en as jamais eue ! S’exclama le Volturi, surpris.
- Mensonges ! Ma Lubmilla, ma moitié… vous l’avez décapitée sous mes yeux avant de m’obliger à vous suivre comme un chien ! Hurla Demetri, au bord de l’apoplexie.

Je n’y comprenais plus rien, et apparemment je n’étais pas le seul.  Marcus nous avait bien parlé de Lubmilla, cette cinglée persuadée que nous descendions du peuple des Atlantes, mais jamais il n’avait dit qu’ils étaient compagnons d’éternité ! Et pourtant, en plongeant dans les pensées du garde, je revis clairement l’assassinat de cette vampire et les hurlements de douleurs de Demetri en voyant sa compagne périr dans les flammes.
Au même moment, un gigantesque vampire taillé comme un roc et aux longs cheveux blonds, rappelant étrangement un Viking, nous fit un petit « coucou » de la main en souriant largement avant d’envoyer un baiser du bout des lèvres en direction d’Aro. Siegfried… Il avait perverti l’esprit de ce pauvre Demetri jusqu’à lui faire croire qu’il avait eu une compagne…
Caïus, un sourire diabolique aux lèvres, se tourna vers Aro, les bras croisés sur le torse alors qu’Athénadora ricanait comme une hyène à ses côtés.

- Je ne serai pas aussi cruel que toi, mon cher Aro. Je te laisserai donc le choix. Reconnais ta défaite en nous offrant la jeune Isabella et ta compagne reste en vie ou garde l’effrontée et Sulpicia crèvera sous tes yeux !

Je grognais en entendant la raison de la séquestration de Sulpicia, tout comme Aro, elle n’était qu’une vulgaire monnaie d’échange... La Reine, quant à elle, se débattait furieusement malgré la poigne de Demetri.

- Ne fais pas ça, Aro ! Ne les laisse pas mettre la main sur cette jeune fille ! Je préfère mourir que de voir ce monde perdu et détruit par leurs mains abjectes ! Je t’en supplie il moi dolce principe, protège-la !

Le visage de Sulpicia était déformé par la peur ; peur de perdre la vie sous les yeux de son époux et peur que ma Bella ne tombe entre les griffes de nos ennemis. Caïus, Felix, Athénadora et les Roumains souriaient largement, persuadés qu’Aro ferait le bon choix à leurs yeux.
Tout se passa alors très vite. Diego, protégé de leurs vues par la carrure d’Emmett, effleura le coude de mon ange qui l’expulsa de son bouclier. Il se téléporta instantanément derrière Demetri, fit une pression au niveau de son poignet l’obligeant ainsi à relâcher le cou de Sulpicia, puis enroula ses deux bras autour de la Reine avant de réapparaître à nos côtés. Le tout avait pris à peine deux secondes. Sulpicia criait encore lorsque Diego la poussa dans les bras d’Aro.
Lorsqu’ils s’aperçurent de la perte de leur monnaie d’échange, Caïus, Felix et Les Roumains feulèrent d’indignation.

- ALEC ! JANE ! CHELSEA ! ALLEZ-Y ! Hurla Caïus, fulminant de rage.

Le visage de Jane était déformé par la fureur alors qu’elle nous bombardait de toute la force de son talent, inutilement, et alors qu’il luisait doucement éclairé par la lune, trois loups hurlèrent dans la nuit.
Caïus frémit en entendant le hululement, l’esprit embrumé par de violents souvenirs de sa dernière rencontre avec Nicholaï avant de se rappeler que les Enfants de la Lune avaient tous été exterminés. S’ils savaient.
Les Roumains, eux, nous observaient avec délectation, se voyant déjà faire leur marché parmi les talents dont nous disposions, tandis que Felix bouillait de rage en voyant Bella collée à moi.
Puis tous se raidirent lorsque les trois Lycans entrèrent à une allure folle dans la prairie avant de se poster nonchalamment à nos côtés.

- Impossible ! S’écria Caïus, le visage déformé par la haine. As-tu donc perdu le peu de respect que tu avais pour ta compagne en t’alliant à ses assassins, Marcus ?
- Non mon cher frère. Vois-tu, j’ai appris il y a peu que l’extermination des Enfants de la Lune était basée sur un mensonge. Ton mensonge…
- C’est faux ! Ce sont ces bêtes monstrueuses qui l’ont tuée !
- Non. Felix l’a assassinée. Et tu as couvert ce meurtre en faisant d’une pierre deux coups pour ainsi détruire toute une race, sachant que je ne laisserai jamais la mort de ma compagne impunie !

Caïus sursauta légèrement, surpris, avant qu’un sourire mielleux n’étire ses lèvres.

- Voyons mon frère, tu sais très bien que Felix aimait Didyme de toute son âme, il ne l’aurait jamais tuée ! Il n’a fait qu’essayer de la défendre alors qu’elle se faisait attaquer par l’un de ces chiens puants. Tu le sais, non ?
- C’est ce que j’ai toujours cru, jusqu’à ce que je rencontre les derniers Lycans. Vois-tu, ils m’ont raconté une histoire des plus intéressantes… Je tiens d’ailleurs à te présenter Nicholaï, vous vous êtes croisés il y a longtemps, tu t’en souviens ? Expliqua Marcus d’une voix douce, sans jamais quitter celui qui fut son frère des yeux.

Nicholaï vrilla alors son regard vermillon à celui de Caïus avant de faire claquer ses mâchoires de façon menaçante tout en passant lentement une griffe acérée au niveau de son cou puis de pointer sa patte vers Caïus.

- Caïus, voici Nicholaï. Nicholaï, je ne pense pas avoir besoin de te présenter l’assassin de ta femme et de tes enfants, je me trompe ? Demanda Marcus d’un air jovial.
- Comment peuvent-ils être si… maîtres de leur raison, c’est impossible ! S’exclama Athénadora, stupéfaite par le calme des Enfants de la Lune.
- Rien n’est impossible dans la vie, quand on veut, on peut ! Claironna gaiment ma douce, la tête posée sur mon épaule. Et en parlant de pouvoir… vous ne pourriez pas déguerpir d’ici ? Franchement vous nous polluez notre atmosphère avec vos idées de domination mondiales nauséabondes ! Et je ne parle même pas de cette horrible odeur de naphtaline que vous dégagez, on voit que ça fait longtemps que vous n’êtes pas sortis de vos placards ! Quoique… dans le cas de Dracula I et Dracula II, j’aurai plutôt dû dire «trous » à la place de placard.
- TAIS-TOI PETITE SOTTE ! Cracha Vladimir d’un ton venimeux avant de se tourner vers Felix. Au vu de cette extraordinaire ressemblance, j’imagine qu’elle est la jeune Isabella ? Son manque de respect à notre égard est tout simplement inadmissible, Felix, il va falloir y remédier au plus vite !

- Oh mais ne vous inquiétez pas, je compte bien reprendre toute son éducation de… main ferme et dompter ce caractère belliqueux. Une fois passée entre mes mains, puis celles de Siegfried, elle redeviendra aussi douce qu’un agneau. Susurra Felix, son regard glacial vrillé sur le corps de ma douce.
- Ferme-la Felix, on sait très bien, toi et moi, que tu es incapable de me dompter !
- Si tu étais capable de faire preuve de bon sens, Isabella, tu ferais mieux de reprendre ta place au plus vite ! C’est-à-dire à genoux devant moi. Ainsi ta bouche servirait à autre chose que débiter ces absurdités ! Cracha-t-il d’une voix venimeuse.
- Le jour où je me mettrai volontairement à genoux devant toi, tu finiras eunuque ! Remarque, ça ne fera pas grande différence avec ce que tu es actuellement, non ? Répliqua ma Bella en papillonnant des cils.

Un hurlement strident se fit entendre et j’aperçus alors la petite Jane taper le sol des deux pieds telle une enfant capricieuse. Son don ne fonctionnant pas sur nous, elle piquait sa crise. Ce qui me surpris au plus haut point, par contre, fus le léger sourire sur les lèvres d’Alec. Mais il avait été si furtif que je me demandais si je ne l’avais pas rêvé.
Les Roumains et Caïus commençaient à perdre patience ; Felix aboya après un tout jeune vampire et l’obligea à s’approcher. Le gamin ne devait pas avoir plus de 14 ans lors de sa transformation et il tremblait violemment, terrorisé par Felix ; il avait peur de lui avoir déplu par un quelconque acte.

Un inhibiteur ! Ça alors, je n’en avais encore jamais rencontré… Il est capable d’annuler les effets d’un talent, mais je doute qu’il soit capable de pénétrer les défenses d’Isabella. En ce qui concerne nos autres talents, il pourra malheureusement les éteindre s’il le souhaite. Mais… il est encore très jeune, il ne devrait pas être capable d’en annuler plus de deux ou trois en même temps…

Je hochais brièvement la tête à l’attention d’Eléazar tandis que j’observais, dégoûté, ce pauvre gosse être secoué dans tous les sens par la poigne brutale de Felix.

- Annule son bouclier ! Maintenant !
- Je... je… je n-ne pe-pe-peux pas Maître ! J-j-je ni-n’y arrive pas !
- Mais qui m’a foutu un incapable pareil dans les pattes ? ARG !

Il relâcha violemment le gamin qui tomba aux pieds des Roumains alors que ceux-ci lui jetaient des regards dédaigneux.

- Il nous sera toujours utile plus tard, la petite effrontée ne sera pas capable de les protéger constamment, non ? Ils ont peut-être des talents, mais sans ça ils ne sont rien. Les rassura Caïus alors que son regard sinistre balayait nos rangs.
- Nous sommes plus nombreux, ils ne feront pas le poids face à nous. Et avec l’expertise de Felix au combat, ils ne tiendront jamais le coup ! S’exclama amoureusement Jane en jetant un regard de braise à Felix.
- Beurk ! C’est répugnant ! S’exclama ma douce suite au cinéma de Jane.
- Jalouse, Beauté ? Tu n’es en fin de compte pas si irrécupérable que ça ! Susurra Felix en la dévisageant avidement.
- Jalouse, moi ? De qui ? Elle ? Tu rigoles ! Quand je parle de « répugnant », je me référais à son expression. Quand on voit  ses yeux globuleux au regard bovin et sa bouche de crapaud qui ne demande qu’à gober ce qu’il passe à sa portée se déformer pour prendre une allure… sensuelle, dirais-je, personnellement je n’ai qu’une envie, vomir. Enfin, heureusement que le ridicule ne tue pas, n’est-ce pas Janie ?

Mon ange envoya un baiser à la petite Jane qui trépignait de colère, la fusillant du regard. Si son talent pouvait atteindre ma Bella, elle serait au sol à se tordre de douleur.
Les Roumains et Caïus continuaient à palabrer avec Aro et Marcus, se vantant de leur nombre de nouveau-nés. Ils étaient peut-être trois fois plus nombreux que nous mais nous avions un atout de notre côté, en plus de Bella ; nous savons combattre.
Et alors que j’entrevoyais notre future victoire, une voix féminine s’éleva au loin, amplifiée par l’écho des montagnes.

- Mon vieil ami ! Comment vas-tu depuis toutes ces longues années ?