Edward & Bella

Edward & Bella

samedi 15 juin 2013

New Order



De lourds dais de soie blanche reliés à des colonnes argentées parées d’orchidées blanches et de roses rouges entrelacées étaient tendus au-dessus de la piste, montée spécialement pour l'occasion, sur la vaste pelouse verdoyante en ce crépuscule d'été.
Les visages étaient souriants, les regards pétillants, les sourires joyeux. Les invités présents ressentaient exactement les mêmes émotions que moi. Exultation, plaisir, bonheur.
Les éclats de rire et de voix se muèrent bientôt en chuchotis et je me tournais vivement vers la baie-vitrée. Ce fut à cet instant que je l'aperçus, resplendissante dans sa magnifique robe blanche, au bras d'un Charlie contenant difficilement sa joie tant son sourire éclatant lui barrait le visage. Elle avançait lentement vers moi, calquant son pas au rythme du Canon de Pachelbel, un sourire triomphant aux lèvres et les yeux luisants de ravissement. Sublime, tout simplement.

Lorsqu'elle fut enfin près de moi, Charlie ne put s'empêcher de me tapoter doucement la main avant de prendre place aux côtés de Sue ex-Clearwater et désormais Swan.
Un raclement de gorge me sortit de mes pensées et je me tournais alors vers l'officiant, un Aro dont les yeux orangés brillaient d'une fierté sans pareille. Un sourire affectueux aux lèvres, il prit alors parole en la couvant d'un regard bienveillant.

-Mes chers amis, nous sommes aujourd'hui réunis pour célébrer l'union de deux êtres au cœur et à l'âme purs, deux compagnons qui se sont trouvés et qui se sont sauvés. Vous ne pouvez imaginer l'incroyable honneur que je ressens d'unir Carlie Lisbeth Swan-Cullen et Alexandre 'Alec' Louis Volturi en ce jour particulier, vingt-cinq ans après cette date qui aurait dû nous être fatidique…

Alors que Aro continuait son laïus, je plongeais mon regard dans celui de mon époux, mon Edward, qui tout comme moi hurlait intérieurement de joie face au bonheur de notre petite Carlie. Notre sauveuse. Celle sans qui nous ne serions plus là aujourd'hui, celle grâce à qui l'impossible s'était produit. Je me perdis alors dans mes pensées et me retrouvais inexorablement dans le passé...


Ma faute. Ma responsabilité. Ma culpabilité.
Carlie, mon père, Sue. Je suis l’unique responsable de leur sort.
Nous étions victorieux et désormais nous sommes défaits.
Tout ça uniquement à cause de moi.
Si je m’étais rendue, tous auraient un espoir de survie. Maintenant, ils vont tous être détruits…

Mon père… l’enfant… mes amis… Mon Edward.
Uniquement à cause de moi. Je suis coupable.
Je ne réagis plus, j’en suis incapable.
Jane et Chelsea tuent à petit feu ma dernière part d’humanité. A quoi cela sert-il d’avoir un talent exceptionnel si je suis incapable de protéger les miens ? A quoi ?
Je ne suis pas assez rapide et je ne peux qu’assister, impuissante, à leurs assassinats.
Tout espoir me quitte mais l’impossible se produit alors. Deux rugissements terrifiants, inhumains, me déchirent les tympans. J’ai à peine le temps d’apercevoir Sue Clearwater se jeter dans la bataille en hurlant sur Chelsea, qu’une immense louve au poil sombre parsemé de fils argentés arrache le tronc de la vampire et libère ainsi mon père dans l’entreprise.

Puis un voile sombre et miroitant déferle sur la plaine avec une violence inouïe, dévastatrice. Autour de moi, les corps se raidissent, se figent, tombent, qu’ils soient amis ou ennemis. J’en cherche l’origine et vois Alec, le regard noir de haine et de  douleur, se jeter sur son démon de sœur, toujours pendue au cou de Carlie. Il lui agrippe les cheveux et la décapite d’un geste brutal, arrachant littéralement sa tête de son cou, avant de réceptionner le petit corps de Carlie et de la bercer tendrement, le visage enfoui dans le torse de l'enfant et les épaules parcourues de spasmes déchirants alors que Carlie convulse de douleur sous la morsure du venin.
De son côté, Sue hurle de chagrin, dorlotant comme elle le peut mon père alors que la brûlure du venin commence déjà son œuvre, ravageant son corps. Et lorsque je m'aperçois qu'Alec reproduit les gestes de la Quileute avec un mimétisme méticuleux, je comprends enfin ; Carlie est sa compagne d'éternité.
En moins d'un dixième de seconde, je sais ce qu'il faut faire. Cela a déjà été fait. Sur moi-même.

Sans même me préoccuper des autres, toujours figés par l'effroyable talent d'Alec, je me rue vers Carlie et lui. Il grogne en me sentant approcher mais je l'apaise en avançant doucement, la tête baissée, les mains en avant en signe de reddition et le corps courbé, ma nuque offerte en soumission.
-Elle va mourir... Aro n'acceptera jamais qu'on en fasse un enfant immortel !
-Il y a une solution, Alec. Je sais ce qu'il faut faire mais je vais avoir besoin de ton aide, je n'y arriverai pas sans toi. Mais il faut agir, et vite!

Je prends l'enfant délicatement entre mes bras et, la peur au ventre à l'idée de commettre l'irréparable, je pose délicatement ma bouche sur son cou, à l'endroit même où elle a été mordue, et aspire. Le goût du venin de Jane est écœurant alors que j'essaye de nettoyer le sang de l'enfant, de le purifier de cette monstruosité ! Puis arrive alors l'hémoglobine...
Oh. Oh ! Mon Dieu que c'est bon ! Son sang... savoureux... tentateur... délicat... puissant... délicieux... apaise ma soif comme jamais un sang n'a pu le faire auparavant. J'en veux, j'en veux encore ! Que cette source ne se tarisse jamais tant c'est bon ! Jouissif ! Mais des cris et une pression sur mes épaules me ramènent à la réalité. Carlie... c'est de Carlie dont il s'agit.
Assurée que son sang est désormais pur de toute trace de venin, je m'arrache de son cou délicat en inspirant bruyamment, telle une noyée reprenant son souffle après être tombée en inanition.


-Qu'est-ce que tu as fait? Qu'est-ce que tu lui as fait?
Alec hurle, comme possédé, et me secoue comme un prunier, persuadé que j'ai fini de vider la petite de son sang, mais lorsqu'il entend son cœur battre vigoureusement dans sa poitrine et voit ses paupières délicates frémir, il me regarde avec effarement.

-J'ai aspiré le venin. Elle ne risque plus rien mais elle a besoin de Carlisle. Libère-les, s'il te plait.


A côté, Sue me supplie de faire la même chose pour mon père, mais je ne peux pas, c'est impossible. Contrairement à Jane qui voulait savourer le sang de Carlie et n'en avait bu qu'une minuscule gorgée, Charlie a quasiment été exsangue. Sa seule chance de survie, la transformation.
Sue pleure, geint, hurle, mais finalement comprend qu'il n'y a rien d'autre à faire que de laisser le temps faire son œuvre.
Pauvre femme... elle est encore sous le coup de sa première transformation, mais aussi de son imprégnation. Une fois de plus, une imprégnation impossible, loup / vampire.
Je sens des mouvements autour de moi, Carlisle est à mes côtés, ainsi qu'Edward.
Chelsea détruite, de nombreux nouveau-nés ont quitté les lieux, apeurés, terrorisés par les évènements.

Un hurlement de rage me parvient aux oreilles et dans un geste instinctif, j'enroule mon bouclier autour de nos ennemis, attendant que les nôtres se remettent de l'épouvante provoquée par l'effroyable talent d'Alec.
Les nouveau-nés des Roumains et Caïus sont détruits par nos alliés Modificateurs ; ils s'en donnent à cœur joie à déchiqueter des sangsues !

Ceux de Netty et Lucy - enfin ceux qui n'ont pas fui, sont annihilés par Benjamin dans un brasier destructeur. Un magnifique feu de joie, d'ailleurs.
Je me fais un plaisir d'offrir Siegfried sur un plateau d'argent à ce pauvre Sam. Il a enfin repris ses esprits et se morfond de honte tout en se jetant sur le vampire à l'origine de sa folie passagère. Je n'aurais jamais pu imaginer que Sam puisse être si vicieux, si cruel ! Il prend un plaisir malsain à détruire le Viking, allant jusqu'à le scalper avant de l'achever, puis de brandir fièrement son trophée aux yeux de tous, le regard envahi par une rage sans bornes.

Caïus hurle avec véhémence à l'encontre d'Alec, mais ce dernier le regarde d'un air impassible tandis que Demetri, lui aussi libéré de l'emprise de Siegfried, se jette aux pieds d'Aro et Marcus, les implorant à genoux de lui pardonner sa trahison. Magnanimes, ils redressent le pauvre traqueur, également victime du Viking, et l'accueillent à bras ouverts, tel l'enfant prodigue de retour au bercail après tant d'années passées à découvrir le monde.
Athénadora n'affiche plus du tout son air victorieux. Au contraire, elle s'accroche désespérément à Caïus, le visage horriblement déformé par la terreur et le corps tremblant. Elle est tellement pressée, compressée contre son compagnon qu'on croirait la voir se fondre en lui !
Puis je sens une vague de peur, une peur effroyable, m'envahir et m'aperçois que nous frémissons tous. J'en claque même des dents tant cette peur s'insinue par tous les pores de ma peau. J'en cherche l'origine. Jasper ! Un sourire cruel et sadique déforme ses lèvres. Mon beau-frère n'a jamais été plus beau à mes yeux qu'en cet instant. Il s'avance lentement d'une démarche prédatrice vers les deux anciennes comparses de Maria, une aura de puissance émane de son corps. Vague de terreur lancée après vague de terreur, il arrive finalement vers elles, le visage rayonnant d'une expression carnassière. Il leur caresse le visage avec une extrême tendresse, le regard doux, puis se penche d'abord vers Netty, effleurant délicatement ses lèvres des siennes, pour faire de même avec Lucy. Et je comprends ; le Baiser de la Mort.
En moins de cinq secondes, l'une et l'autre sont décapitées.
Nicholaï tend alors une énorme patte velue à Aro et après l'avoir effleurée du bout des doigts, ce dernier lui fait un signe de tête. Les Enfants de la Lune s'avancent alors vers moi, alors que mon bouclier enserre toujours les têtes pensantes de nos ennemis, puis pointent Caïus du doigt. Je le libère de mon emprise et c'est le visage déformé par une terreur pure qu'il fuit les Lycans et se jette aux pieds de ses frères,  les suppliant de l'épargner, mettant leur fraternité, leur règne, leurs nombreux siècles d'existence commune en avant. Aro éclate d'un rire sans joie, écœuré, puis se détourne, lançant un "il est tout à vous !" aux Enfants de la Lune.

Les Lycans prennent un indicible plaisir à le torturer lentement, sous les yeux horrifiés d'Athénadora, arrachant morceau de son corps après morceau de son corps, avant d'achever sa misérable existence. Ils font preuve de plus de clémence envers Athénadora, se contentant de lui arracher la tête avant de balancer  sa dépouille dans le feu de joie crée par Benjamin.
Aro et Marcus achèvent les deux Roumains, promettant que leur "Nouvel Ordre Mondial" verra bien le jour, mais d'une façon totalement différente. Légende nous sommes, légende nous devons rester pour le bien-être des Humains.
Renata supplie ses anciens Maîtres, se jette à leurs pieds, leur intime de lui laisser la vie, prétextant avoir été également une victime de Siegfried, quelle idiote ! Un effleurement d’Aro suffit pour voir qu’elle a menti, qu’elle était bien plus dévouée à Caïus qu’aux autres rois. Marcus l’avait vu. Et Marcus l’achève.
Hormis les nouveau-nés se demandant ce qu’ils peuvent bien faire ici, il ne reste plus que Felix. Demetri va pour se jeter dessus, le tuer pour avoir osé l’obliger à trahir ses rois mais je l’en empêche ; Felix est à moi.

Libéré de mon emprise, il frappe quiconque se trouve sur son chemin. Sa démence l’empêche de voir qu’il a perdu, qu’il n’arrivera pas à ses fins. Il cherche toujours à me « posséder » pour créer son foutu Nouvel Ordre Mondial. Felix a complètement basculé dans la folie, il n’en reviendra jamais.
Nous nous battons comme des chiens, les coups se succèdent, tous plus violents les uns que les autres. Edward est maintenu de force par ses frères, il se débat comme un beau diable afin de me rejoindre, mais je n’ai pas besoin de son aide. Je sais que mon époux a peur pour moi, mon combat avec Felix est un combat à mort.
Il est fort… puissant… vicieux… expérimenté… sadique… Mais il oublie une chose, j’ai la rage.
Une rage meurtrière. Rage vengeresse.
Pour ma mère, pour Phil, pour Lisbeth la maman de Carlie, pour Marcus qui a vécu des siècles de souffrances sans sa Dydime.
Je vois son poing arriver sur mon visage mais me courbe au dernier moment avant de balayer ses jambes. Une fois Felix au sol, je lui explose la trachée d’un violent coup de coude.

A ma merci. Il est à ma merci. Enfin !
Je me penche lentement à son oreille pour y susurrer d’une voix douce.

-Je t’avais promis que je me vengerai, Felix, et je n’oublie jamais, ô grand jamais, de tenir mes promesses…

J’embrasse délicatement son cou avant d’ouvrir ma bouche. Cet idiot incroyablement stupide, mais surtout complètement dément, est persuadé que je veux lui faire un suçon ! Je lui arrache la gorge d’un grand coup de mâchoires avant de l’étêter intégralement.
Il pense son supplice terminé, mais non. Loin de là.
Il m’a trop fait souffrir, il m’a pris trop de personnes chères pour que je fasse preuve de clémence.

Je pose sa tête à mes pieds et démembre son corps vivement avant de jeter ses restes au feu, sous ses yeux horrifiés. Il ne reste plus que sa tête… mais je vais la garder quelques années !
Je lui ai fait une promesse, non ? Je n’oublie jamais de les tenir…
Il pourra assister en première loge à de nombreux peep-shows !
Edward secoue la tête par dépit en entendant cette pensée que je lui ai transmis mais le petit sourire en coin qui étire ses lèvres et son regard malicieux  me confirment son côté légèrement, mais alors vraiment très, très légèrement, exhibitionniste !
Il se rue sur moi et m’enlace étroitement avant de se délecter de mes lèvres goulûment.

Des cris de joie s’élèvent de part et d’autre de la prairie. Nous avons réussi. Nous sommes victorieux.
Puis des hurlements épouvantablement douloureux déchirent notre triomphe ; l’aube se lève, les Enfants de la Lune reprennent douloureusement leurs formes humaines. Puis une profonde honte s’empare de moi, avec tout ce qu’il vient de se passer, j’en ai oublié Charlie qui se tord de douleur entre les bras de Sue.
A leurs côtés, la petite Carlie dort profondément, tendrement bercée par un Alec rayonnant de bonheur. Je reconnaîtrai ce sourire niais et cette expression stupide entre mille ! Edward a exactement la même lorsqu’il me regarde…

-Eh ! C’est même pas vrai d’abord ! Râle mon compagnon.

Pour me faire pardonner, je me jette sur lui, enroule mes jambes autour de sa taille et l’embrasse fiévreusement, sous les sifflets appréciateurs d’Emmett, Laurent, Garrett et tant d’autres et les hurlements déments, insultes et menaces lancés par la tête de Felix…

Je fus brutalement tirée de mes pensées par la voix vibrante d’émotion d’Aro.

-Je suis heureux de vous présenter Monsieur et Madame Alec Volturi ! Alec, tu peux embrasser ton épouse !

Il ne se fit pas prier deux fois et se jeta sur la bouche de sa femme qui répondit voracement à sa demande en enroulant ses bras, énorme bouquet compris, autour du cou d’Alec, sous nos sifflets, cris de joie et applaudissements.
Mes yeux me démangeaient et je n’étais pas la seule. Sue, qui n’avait pas pris une ride en 25 ans, pleurait sans retenue, aux côtés d’Emily, Angela et Leah qui, par amour pour son Ben, avait cessé de se métamorphoser afin de vieillir tranquillement auprès de lui, tout comme Embry et Sam avaient fait pour leurs imprégnées. La quarantaine leur allait à merveille, elles étaient resplendissantes !
Sulpicia sanglotait de joie et, en y regardant de plus près, pas une seule femme dans l’assistance ne restait insensible à leur bonheur. Pourquoi faut-il toujours que nous nous transformions en fontaine lors des noces ?
J’aperçus brièvement le sourire moqueur de mon Edward alors que je clignais rapidement des paupières. Il peut bien rire celui-là, il est aussi ému que moi !
Alice frappa dans ses mains puis tapota son poignet, signifiant à Carlie qu’il ne fallait pas perdre de temps sur le programme du jour. Quel tyran ! Puis elle m’agrippa fermement la main et me tira jusqu’à la foule de femmes serrées les unes contre les autres, prêtes à recevoir le bouquet de la mariée.

-Aliiice ! Je suis déjà mariée, pas la peine de m’envoyer dans la fosse aux lions !
-Rhooo ! Mais arrête un peu de faire ta rabat-joie et fais comme Rose et Tanya, regarde, elles y sont déjà !

Pas la peine de contrarier le lutin psychédélique… Je me laissais donc traîner de force au milieu de ces dames en soufflant, mais lorsque je vis le visage rayonnant de Carlie, fière de me voir participer au lancer de bouquet, je ne pus que sourire.
La petite puce – enfin plus si petite que ça puisqu’elle était figée dans ses dix-neuf ans désormais – se mit dos à nous et jeta son bouquet d’un mouvement vif. Bouquet qui atterrit comme par hasard entre mes mains…

-YEAH !   Et que je ne t’entende pas me refuser de préparer votre second mariage cette fois-ci ! Hurla Alice, complètement hystérique. Je vois… je vois… Je vois…
-Tu ne vois rien du tout, Alice ! Pour l’instant tu te concentres sur les heureux mariés du jour et tu me laisses retrouver mon époux !

Epoux qui apparut mystérieusement à mes côtés pour me libérer des griffes acérées de sa sœur avant de m’entraîner vers le buffet où les Modificateurs de toutes les Nations et les Lycans, venus spécialement pour l’occasion,  bavardaient joyeusement.
Aujourd’hui était un jour particulier pour nous tous et quoi de plus beau qu’un mariage pour commémorer vingt-cinq années d’une nouvelle ère.

POV Edward :

Je regardais ma Bella danser avec son père. Ils évoluaient gracieusement sur la piste en riant, le vampirisme ayant apporté souplesse, équilibre et un sacré don à mon beau-père. Je le sais pour en avoir malheureusement fait les frais.

En effet, Charlie était doué d’un talent de persuasion. Il était incapable d’effacer nos souvenirs ou d’en implanter d’autres, mais il pouvait nous forcer à agir comme il le souhaite. Je me rappellerai toujours la fois où, peu après son éveil et la découverte de son don, il m’avait convaincu que je n’avais pas besoin de toucher à sa fille et que je pouvais me passer de sexe pendant facilement une décennie. Au bout de 24 heures, Bella avait compris que son père était à l’origine de mon comportement monastique et après de nombreuses menaces, Charlie avait, bon gré mal gré, cessé de faire agir son talent sur ma pauvre personne. Je m’étais vengé en revendant sa collection de cannes à pêche sur eBay et en offrant toutes ses revues pornographiques à Sue. Lorsqu’elle les avait vues, Charlie s’était fait caresser le crâne… Bien fait !
Malgré quelques hauts et bas, Charlie s’était parfaitement adapté à son changement. Il n’avait, à ce jour, jamais goûté au sang humain, bien que parfois, l’idée de déguster pédophiles ou autre tortionnaires, l’alléchait plus que de raison.
Grâce à une nouvelle identité et un changement de location, mon beau-père avait pu reprendre sa fonction de shérif et parfois, il usait de son talent sur des petites frappes ou des jeunes faisant tout et n’importe quoi en mal d’attention. Depuis que la famille vivait à Prince Albert, le taux de criminalité n’avait jamais été aussi bas, voire inexistant. Merci Charlie !
Le monde avait bien changé en vingt-cinq ans… Enfin le monde surnaturel !
Je me souviendrai éternellement de ce jour qui aurait dû signer notre défaite lorsque, complètement inerte par le terrifiant pouvoir d’Alec, j’avais vu, avant de perdre tous mes sens, ma Bella s’effondrer au sol…
Puis sans rien y comprendre, j’avais recouvré mes sens pour voir mon ange, aux côtés d’un Alec sanglotant de chagrin, Carlie entre les bras, et nos ennemis soit hurlant, soif fuyant. Les choses s’étaient ensuite passées très vite, une fois nos adversaires détruits.
Un Nouvel Ordre Mondial avait bien vu le jour. Une nouvelle ère fondée sur la paix entre les espèces.
Le nouveau règne formé par les Volturi était composé de vampires, Modificateurs et Enfants de la Lune.
Les humains innocents ne pouvaient plus être chassés, sous peine de mort. Et les Modificateurs prenaient leur tâche très sérieusement.
Les vampires avaient désormais le choix entre un régime végétarien, comme le nôtre, ou humain, mais uniquement du sang provenant soit de banques de sang gérées par les Volturi, soit des raclures humaines, des monstres  ne cherchant qu’une proie innocente parmi leurs congénères. Les humains qui n’avaient également aucun espoir de survie, des suites de maladie incurable ou d’une mort naturelle qui mettait trop de temps à venir dans des souffrances sans nom, pouvaient être une alternative, mais nous ne pouvions souvent nous y résoudre, par respect pour ceux qui les pleureraient.
Aujourd’hui, à moins de rencontrer un nouveau-né, il était rare d’avoir à faire à un vampire aux yeux rouges. En général ils étaient ambrés ou oranges, signe d’une alimentation diversifiée.
Et malgré quelques débuts difficiles, la communauté vampirique s’était parfaitement adaptée à cette nouvelle alimentation.
Nos amis Lycans étaient désormais au nombre de cinq.
Au départ, les Enfants de la Lune ne voulaient pas créer de nouveaux loups garous, mais Marcus leur avait expliqué que l’éternité n’était pas faite pour être seul. Lorsque Nicholaï avait mis en avant leur monstruosité exacerbée, son argument avait été balayé par notre vaccin miracle.
Deux ans plus tard, Brendouska rejoignait Youri dans son immortalité, bientôt suivie par Yolanda, en couple avec Sergueï. L’une comme l’autre avaient eu un grave accident de voiture et n’auraient jamais pu survivre si elles n’avaient pas été mordues par les Lycans. Heureusement pour elles, leurs accidents étaient arrivés un soir de pleine lune.
Nicholaï, lui, n’avait pu se résoudre à changer une humaine. Il pleurait toujours sa femme, morte des mains de Caïus bien des siècles auparavant, et était persuadé que se mettre en couple avec une autre femme serait un immense manque de respect envers les sentiments qu’il éprouvait pour feue son épouse. Enfin… ça c’était avant que Sofia, une Modificatrice de Sibérie, ne s’imprègne de lui !
La communauté des Modificateurs étaient bien plus vaste que ce que nous pensions au départ. Lorsque notre Nouvel Ordre Mondial à nous avait vu le jour et que la communauté surnaturelle avait eu vent de la défaite de Caïus et de Felix, des hispaniques et des Roumains, plusieurs Modificateurs venant des quatre coins du globe s’étaient rendus à Volterra. Quelle ne fut pas notre surprise de découvrir de gigantesques tigres blancs et loups gris de Sibérie, lions et guépards Africains, pandas Chinois…
Il avait fallu plusieurs années pour que ces Modificateurs qui ne s’étaient pas battus à nos côtés acceptent de voir au-delà des apparences et des différences ; le nouveau régime alimentaire imposé par les Volturi leur a permis d’ouvrir les yeux, nous n’étions pas les monstres qu’ils croyaient.

Et aujourd’hui, alors que tout ce joyeux petit monde ne pouvait pas être présent pour les noces de Carlie et Alec, des messages et cadeaux divers affluaient du monde entier !

Carlie… Si Alec ne l’avait pas reconnue comme sa compagne lorsque Félix l’avait enlevée afin qu’elle serve de repas, jamais nous n’aurions pu nous en sortir. Elle nous avait, bien malgré elle, sauvés d’un avenir des plus sombres…
Carlie… tellement têtue et butée qu’elle avait exigée d’être transformée le jour de ses 19 ans afin de ne pas passer pour une pédophile lorsqu’elle se promènerait main dans la main avec Alec. Enfin… Ça, c’était la raison officielle. La raison officieuse est que Carlie ne voulait pas passer son éternité avec un corps ressemblant plus à une planche à pain qu’à autre chose, mademoiselle, enfin Madame désormais, souhaitait avoir un corps de femme à offrir à son compagnon… Erk ! Je préfère ne pas y penser…

Un parfum envoûtant me sortit de mes pensées et des mains se faufilèrent sous la veste de mon costume.

-Tu as l’air perdu dans tes pensées, mon cœur. Tout va bien ?

Je fis vivement tourner ma Bella entre mes bras, attrapai sa main et agrippai sa taille avant de l’entraîner sur la piste, bougeant au rythme de la musique.

-Humm… Je me remémorais tout ce qu’il s’est passé ces 25 dernières années… Que du bonheur !
-Comme tu le dis, que du bonheur ! Rit-elle alors que je l’embrassais tendrement au coin des lèvres.

L’humeur était à la fête et à la célébration, je ne voyais pas le temps passer. Alors, lorsque Carlie et Alec s’échappèrent dans ma voiture, que je leur avais prêtée et qu’Emmett avait décoré pour l’occasion, pour prendre l’avion privé, mis à disposition par Aro, qui les emmènerait dans les Cyclades pour leur lune de miel, je fis signe à mon ange qu’il était temps pour nous de disparaître.

Nous nous rendîmes jusqu’à notre chez-nous, un petit chalet douillet en rondins, au beau milieu de la forêt canadienne et construit au bord d’un lac.
C’était un endroit paisible et simple, à notre image. Bella et moi nous voyions parfaitement passer notre éternité ici depuis que nous avions découvert cette ruine, douze ans plus tôt.
Des gémissements étouffés nous parvinrent aux oreilles et ma douce souffla de mécontentement.

-Il serait peut-être temps de s’en débarrasser, tu ne crois pas ? Lui dis-je d’une voix douce.

La moue chagrine qui déforma ses lèvres me fit rire.

-Pfff… Bon… d’accord… tu as raison ! Mais j’exige un dernier peep-show avant ! S’exclama-t-elle en secouant la tête, faussement exaspérée.

J’éclatais d’un rire franc avant de la suivre jusqu’à notre « salle des tortures » où je savais par avance ce qu’il allait se passer.
Elle ouvrirait le placard contenant la tête de Felix située sur une espèce de petit autel dédié à son attention, se déshabillerait devant ses yeux et allumerait la cheminée à genoux, la croupe relevée avant de me demander de la rejoindre sur un ton suppliant.
En 25 ans, nous avions eu le temps de le rendre encore plus fou qu’il ne l’était !
Et malgré tout ce qu’il avait pu voir, il s’imaginait toujours que ma Bella lui appartenait…
Six mois à peine après notre victoire, Bella avait dû lui arracher la langue : ni elle, ni moi ne supportions les menaces et autres insultes balancées à répétition, et dans le genre « je te fais débander plus vite qu’un éjaculateur précoce impuissant », Felix faisait très fort.
Quelques mois plus tard, Bella lui fit également sauter toutes les dents ; ce pourri m’avait mordu le cul alors que je baisais sauvagement ma Bella contre le placard et ma douce épouse craignait que je sois victime d’un pénectomie malgré moi, sous-entendu que ce tordu de Felix ne m’arrache la bite…
Malgré cela, Bella avait son petit rituel et elle appréciait énormément de montrer à Felix qu’elle m’appartenait, corps et âme.
Je me déshabillais dans notre chambre en attendant qu’elle m’appelle pour la rejoindre dans notre « salle des tortures », et lorsque j’entendis sa voix s’élever dans la pièce à côté, je m’empressai de la trouver, le corps tendu dans l’expectative et le chibre au garde à vous.

Sans même jeter un regard au placard grand ouvert où je savais trouver la tête de Felix placée sur un socle retenu par de lourdes chaînes pour éviter qu’il ne tombe sous les gesticulations effrénées du Fléau, et ses yeux maintenus écarquillés par des écarteurs oculaires, je me dirigeais vers ma Bella, splendide dans sa totale nudité, allongée sur les peaux de bêtes devant la cheminée, déjà prête et tremblante d’excitation.

-Profite bien du spectacle, mon pote, tu n’en auras plus d’autre ! Ricanais-je avant de me jeter sur ma proie.

Je léchais doucement ses lèvres avant que sa bouche ne s’entrouvre sous la pression de la mienne. Sa langue s’enroula goulûment à la mienne alors que mes mains curieuses voyageaient sur son corps, effleurant légèrement ses seins tendus de désir avant de pincer fermement ses tétons. Bella gémit de plaisir avant de se mettre à geindre lorsque je m’écartais de ses lèvres, pour finalement grogner lorsque je me mis à suçoter ses seins, l’un après l’autre. Ses mains enfouies dans mes cheveux me collaient à sa poitrine demandeuse d’attention et je me délectais de la saveur de sa peau….

A MOI ! ELLE EST A MOI !

Je soufflais d’exaspération et secouais la tête avant de reprendre possession des lèvres de ma Bella, caressant ses cuisses du bout des doigts et effleurais sa fente déjà humide, titillant son clitoris de mon pouce. Ses gémissements étaient une pure merveille tout comme son corps qui épousait harmonieusement le mien…

A MOI ! A MOI ! A MOI ! TU M’ENTENDS ESPÈCE DE SALE PETIT CON ?

Je grognais de colère cette fois-ci et mon ange me jeta un regard inquiet.

-Il m’énerve !
-Oublie-le mon cœur, ce n’est pas avec lui que je fais l’amour, mais avec toi…

Bella s’empara violemment de mes lèvres avant d’enrouler sa main autour de mon chibre et de commencer un lent mouvement de va-et-vient tout en caressant mon gland du pouce. Gémissant de plaisir, j’enfonçais deux doigts en elle et…

MIENNE ! ELLE EST A MOI, SALE AVORTON ! TU NE LA FERAS JAMAIS CRIER DE PLAISIR COMME JE LE FAIS ! ELLE NE FAIT QUE SIMULER !


Je me relevais brusquement et me dirigeais vers le placard d’un pas vif avant de le secouer violemment.

-OH TA GUEULE ! Tu peux pas la fermer télépathiquement cinq minutes ? Tu vois pas que tu déranges ?

MIENNE ! MIENNE ! ESPÈCE DE VAMPIRE IMPUISSANT ET DÉGÉNÉRÉ !
DYDIMABELLA EST MIENNE !



Dans sa folie, il faisait un amalgame entre ma douce et feue la compagne de Marcus. Et bien que je prenne un malin plaisir à le rendre fou, aujourd’hui je n’étais pas à prendre avec des pincettes…
Je posais les mains de chaque côté de sa tête, me penchais jusqu’à coller mon nez au sien et grognais doucement. Je pouvais presque sentir son venin couler à flot sur mes doigts tant il bavait.

-Tienne ? Vampire dégénéré et impuissant ? Incapable de la faire jouir ou de voir qu’elle simule ? On va voir ça…

Je me mis à faire les cents pas en m’arrachant les cheveux afin de me calmer, en vain.

-Edward ? Edward ? Mais qu’est-ce que…

Je grognais comme un fauve enragé, incapable de reprendre contenance. Ce crétin m’avait énervé avec ses insinuations débiles et j’étais incapable de retrouver la raison.

-Edward mais…

Je la fis taire en posant brusquement ma bouche sur la sienne et malaxais ses seins sous un flot continuel d’injures mentales.

-Je suis désolé Bella mais je ne peux pas…
-Tu ne peux pas quoi, Edward ? Dis-moi, tu m’inquiètes !
- Il… Il.. Il m’énerve… Je ne voulais pas en arriver là, je voulais être tendre, doux, mais je ne le peux pas…

J’agrippais sa chevelure et plaquais mes lèvres sur les siennes, dévorant sa bouche, mordillant ses lèvres…

NE LA SOUILLE PAS, INCAPABLE ! ELLE EST A MOI ! A MOI ! MIIIEEEENNE !


-TA GUEULE ! ! !

Lorsqu’elle s’aperçut de la colère noire qui m’habitait, Bella eut un petit sourire diabolique, le regard luisant de concupiscence. Il m’arrivait très rarement de perdre ainsi le contrôle à ce point où je n’étais plus un animal en rut, mais où je devenais un vrai monstre assoiffé de sexe, de contrôle et de pouvoir.
Je m’arrachais brutalement de ses lèvres en grognant, le regard noir de rage et d’envie, une envie bestiale de posséder charnellement mon bien, ma Bella.

-ELLE EST A MOI ! A MOI, TU COMPRENDS ? T’EN VEUX LA PREUVE ?  BEN TIENS ! REGARDE ! ET REGARDE BIEN !

NE LA TOUCHE PAS ! ELLE EST A MOI ! A MOI !
PAS A UN MISÉRABLE MICROBE COMME TOI !




Un grognement féroce s'échappa de ma gorge alors que, le regard noir de rage, je traînais ma Bella jusqu’à l’armoire et nous positionnais face à Felix. Il fallait qu’il comprenne, une bonne fois pour toute, que Bella était ma moitié.
Je l’obligeais à s’agenouiller, bien que son regard luisant d’envie m’indique que c’était tout sauf une obligation.
Ses lèvres formèrent un large O qui s’empressèrent d’engloutir mon chibre avec gourmandise alors que je gémissais de plaisir en sentant les vibrations provoquées par ses gémissements appréciateurs.
Lorsque je baissai le regard et que j’aperçus ses yeux rivés sur mon visage, guettant ma réaction, je ne pus m’empêcher d’enrouler mes doigts dans son épaisse chevelure avant de baiser ardemment sa bouche en en roucoulant de bonheur.
Si chaude… et humide… talentueuse... et tellement…

-MIENNE !

Les hurlements mentaux déments n’étaient plus qu’un faible chuchotis, incapables d’entraver mon besoin primaire et bestial de montrer qu’elle était à moi, aux yeux de tous… tout du moins des siens.

-Une bouche pareille… une langue si prodigieuse… je devrais te payer une somme colossale pour me sucer comme tu le fais !

Et je grognais une fois de plus alors que ses gémissements s’étouffaient sur ma queue qu’elle engouffrait avec une indécente avidité. Puis quelques va-et-vient plus tard, elle signa ma fin lorsque la vis se caresser lascivement. Il n’y avait pas plus belle chose au monde que de la voir à genoux devant moi, les cuisses écartées et les yeux roulant dans leurs orbites suite au plaisir qu’elle se donnait… sauf peut-être lorsqu’elle avait en plus ma queue en bouche.

-Huuung…  Si seulement tu pouvais voir à quel point tu es magnifique ainsi… tes doigts dégoulinant de ton foutre… tes lèvres enroulées autour de ma bite… Hmmm… Quel dommage que je n’aie pas d’appareil photo sous la main, ça mérite mille fois d’être immortalisé en images…

Bella gémit bruyamment autour de mon membre et alors que je m’abandonnais violemment au plaisir qu’elle me procurait, les élucubrations démentes de Felix reprirent de plus belle, virulentes, meurtrières, obscènes.

-Oh mais tu peux pas la fermer de temps en temps ? T’as toujours pas compris on dirait, hein ?

ELLE EST A MOI ! MIENNE ! DYDIMABELLA EST A MOI ! ELLE M’APPARTIENT ! JE VAIS LA BAISER PAR TOUS LES TROUS DEVANT TOI ! TU VERRAS ELLE EST A MOI !


-ARF ! Et tu vas faire comment pour la toucher, Felix ? N’oublie pas, pas de bras, pas de Bella !

Tu fais le paon parce que je n’ai plus de corps ! Si j’en avais un, cela fait bien longtemps que tu ne serais plus là et qu’elle ME supplierait de la baiser !
Pourquoi crois-tu qu’elle m’ait gardé près d’elle toutes ces années, hein ? Parce qu’elle m’aime, MOI ! Et UNIQUEMENT moi !



Mes lèvres se retroussèrent, dévoilant mes dents tranchantes et luisantes de venin. Bien que consciemment, je sache que ses pensées ne sont que mensonges et fantasmes destinés à me torturer psychologiquement, une toute petite part de mon esprit ne peut s’empêcher de se demander s’il n’y a pas un fond de vérité. Est-ce donc pour cela qu’elle a conservé son crâne, lui a dédié un autel et le nourrit à la paille deux fois par semaine ?
Je me secouais la tête afin de chasser ces sombres pensées et me concentrais de plus belle sur la délicieuse fellation dont je faisais l’objet. Malheureusement, le grondement rauque qui roulait perpétuellement dans ma gorge dut traduire mon tourment car le doux fourreau, chaud et humide qui enserrait étroitement ma queue me libéra avec un « pop » sonore et, effaré, je baissais les yeux pour croiser le regard inquiet de ma délicieuse Bella.

-Edward, ça ne va pas ?
-Si. Si ! C’est… c’est… il m’éneeeeerve !
-Hmpf. Ça ne peut pas être plus différent qu’à l’ordinaire, non ?
-Pire. C’est pire encore ! J’en ai marre !

Hmmm… Laisse-moi imaginer… Il t’insulte… Met en cause ta virilité… Je te rassure mon cœur, tu bats tous les records de plaisir…

Bella embrassa tendrement mon torse, ses mains glissaient sur mes épaules, mon dos, mes cuisses, tandis que les miennes agrippaient, pressaient, malaxaient ses chairs à ma portée.

-J’aime quand tu me laisses accès à tes pensées, mon ange. Mais non, c’est pire que ça !

Hmmm… Alors… Il te harcèle parce que je suis soi-disant à lui, non ? Que si je garde sa foutue tête de gland c’est parce que j’ai toujours des sentiments pour ce misérable détritus ? Pourtant, tu devrais le savoir mon cœur… Lorsqu’il s’agit de me venger, je tape là où ça fait mal… Emmett en a fait les frais… Alice aussi… Et aucun châtiment ne pourrait être à la hauteur du crime qu’il a commis à mon encontre… à celle de ma famille… D’après toi, quoi de pire pour lui que de TE voir ME baiser ? Et si tu lui montrais pour la dernière fois à qui j’appartiens, mon amour ? Baise-moi. BAISE-MOI EDWARD !



Son regard noirci par le désir, luisant de vice s’ancra au mien et un petit sourire à la fois narquois et sadique étira ses lèvres pleines. Il ne m’en fallut pas beaucoup plus pour que je me jette rapidement sur elle. Et puisqu’il voulait voir, et bien… il allait voir !
Je plaquais brutalement mes lèvres sur les siennes et d’un même mouvement, son corps contre le placard. Bella gémit dans ma bouche alors que je forçais l’une de ses cuisses à s’enrouler autour de ma taille ; la seconde la rejoignit bien vite.
J’adorais la sentir frissonner entre mes bras, le corps tremblant de désir, ses mains qui répondaient aux miennes dans cette bataille charnelle  dont nous ressortirions tous deux victorieux.
Les gémissements de ma Bella et ses suppliques lascives  parvenaient à couvrir les hurlements mentaux déments qui s’infiltraient dans mes pensées. Il voulait voir ? Réellement voir ? Il allait voir…
Je retournais brusquement mon ange, pressant son petit corps souple contre le placard, fis glisser langoureusement mes mains le long de ses bras jusqu’au bout de ses doigts, l’incitant à se cramponner à l’étagère qui servait d’autel puis leur fis suivre le chemin inverse, de ses mains à ses bras, effleurant la courbure parfaite de son dos jusqu’à sa chute de reins, pétrissant ses cuisses fuselées et remontant jusqu’à sa croupe, l’obligeant à se cambrer d’une main posée au creux de son dos tandis que l’autre fouillait entre ses cuisses, taquinant ses plis humides et tourmentant son clitoris. Bella se mit à gémir puis me supplier d’une voix rauque et tendue lorsque mon membre turgescent remplaça ma main. J’adorais la taquiner jusqu’à ce qu’elle m’implore de la prendre mais étrangement, à ce moment je n’avais pas envie de jouer…
Un glapissement aigu s’échappa de ses lèvres alors que je m’enfonçais en elle d’un brusque coup de reins tout en tirant sur son épaisse chevelure enroulée autour de mon poignet, l’incitant à redresser son buste et à se cambrer dangereusement. Il voulait voir ? Réellement voir ? Il allait voir…
La haine et la colère que Felix avait à mon encontre me rendaient frénétique, je martelais ma douce comme un acharné, sa folie me rendait moi-même dingue alors que je me repaissais du corps de ma femme encore et encore, je n’en voyais pas la fin ; il n’y aurait pas de fin.
Bella se cramponnait tellement fort à l’étagère  pour résister à la puissance de mon assaut que celle-ci finit par casser sous la pression. Un « clonk » sonore retentit lorsque le socle contenant la tête de Felix se fracassa au sol. Il lui restait des yeux pour voir. Il voulait voir ? Réellement voir ? Il allait voir…
Comme par enchantement, sa tête roula de façon à le positionner aux premières loges. Il ne pouvait qu’assister, impuissant, au spectacle de ma bite ruisselante de foutre allant et venant frénétiquement dans l’étroit fourreau de ma Bella…
Je libérais subitement ses cheveux pour agripper ses fesses, les pétrissant, les malaxant, les écartant suffisamment pour me voir la pilonner sans relâche. Je croisais le regard fou de Felix et ne pus m’empêcher de lui faire un clin d’œil. Orgueil de mâle, que voulez-vous !

-Oh ! Oh oui ! Encore ! Comme ça ! Hmm… Plus fort !

Bella se retenait tant bien que mal aux restes du placard lorsque ses jambes se mirent à trembler, incapables de résister à mes coups de butoirs acharnés. Lorsqu’elle commença à montrer des signes de faiblesse, je me laissais glisser au sol avec elle sans pour autant cesser de la ravager de l’intérieur.
Assis sur mes talons, je l’aidais à positionner ses cuisses grandes écartées sur les miennes. Bella se laissa allait, la tête rejetée sur mon épaule, les yeux mi-clos et voilés par le plaisir, la bouche ouverte en un O plaintif, tout simplement sublime.
Je fermais les yeux et me laissais guider par mes sens ; ses parois palpitaient furieusement autour de mon chibre, mes cuisses étaient trempées du fruit de son plaisir, ses seins fermes épousaient parfaitement mes mains, c’était jouissif… mais lorsque je sentis quelque chose d’humide sur mon genou droit, j’ouvris les yeux pour voir la tronche de Felix à proximité de mes genoux, déformée par une grimace hystérique, ses yeux globuleux entravés par les écarteurs oculaires lui conféraient une apparence comique dans sa morbidité, des flots de bave s’échappaient continuellement de sa bouche, son regard était rivé, à la fois malgré-lui mais aussi par curiosité malsaine, sur ma queue empalant continuellement l’étroite petite chatte de ma Bella, et le voir ainsi me procurait un plaisir certain. Étais-je donc pervers ? Dépravé ? Obscène de prendre mon pied à le voir ainsi incapacité pendant que je troussais ma belle aussi sauvagement ?
Oui. Peut-être. Mais lorsque je pensais à toutes les exactions qu’il avait commises, toutes les horreurs qu’il avait pu faire subir à de trop nombreuses personnes, humaines ou vampires, je trouvais que c’était un bien faible prix à payer…

-Oh ! Oh ! Ouiii ! Comme ça ouiii ! Plus fort ! Encore !

Les cris de Bella me ramenèrent subitement à la réalité – et quelle réalité ! –
Mes reins commençaient à brûler… Mes burnes se contractaient… Et je me fis violence pour ne pas me laisser aller. Sentir sa chatte se resserrer aussi délicieusement autour de mon chibre était une merveilleuse sensation  dont je ne me lassais pas. Et je ne m’en lasserai jamais !
Bella ne fut bientôt plus qu’une silhouette tremblante entre mes bras, ses cris étranglés et grognements bestiaux me poussaient à y aller plus fort… toujours… encore.
Soutenant un sein en coupe dont je triturais le téton douloureusement tendu, je caressais son mont de Vénus ruisselant de son plaisir. Bella bondissait frénétiquement sur ma queue, complètement incohérente tant dans ses mouvements que dans ses paroles, le plaisir qui la submergeait la rendait complètement délirante, menaçant de l’engloutir à tout instant.  Je pinçais une dernière fois son clito entre mon pouce et mon index et signais nos fins respectives… Bella se cambra violemment en hurlant de bonheur, ses parois comprimèrent presque douloureusement ma queue qui pulsait furieusement au plus profond de son corps et je vins dans un dernier coup de reins libérateur, ivre de plaisir, extatique.
Un sentiment de plénitude m’envahit alors que, allongé à même le sol, ma Bella entre les bras, je me laissais bercer par le crépitement des flammes dans l’âtre et nos souffles encore saccadés de nos ébats, tout en jouant avec une mèche de ses cheveux.
Il n’y avait pas un bruit à proximité hormis peut-être les pépiements des oiseaux et le clapotis de l’eau sur les galets.
Quelques murmures mentaux incohérents émanaient des pensées de l’autre, mais je m’en foutais complètement, bien trop apaisé par cette vague de béatitude post-orgasmique.
Au bout d’un long moment, ou peut-être un court, puisque j’avais perdu toute notion du temps, Bella soupira langoureusement avant de m’embrasser. Et comme toute bonne chose, ce baiser eut une fin. Je gémis contre ses lèvres et elle s’écarta de moi en riant.

-Rabat-joie !
-Insatiable !
-Et fier de l’être !

Je tirai la langue et elle secoua la tête avant de se relever souplement et de s’éloigner de quelques pas.

-Bah. Tu fais quoi mon ange ?
-Je dis « au-revoir », c’est tout !

Bella me fit un clin d’œil avant d’attraper la tête de Felix, qui roulait sur elle-même, lubrifiée par sa propre bave, par les cheveux. Elle revint s’asseoir à côté de moi, à proximité de la cheminée, puis posa sa tête sur mon épaule et embrassa mon torse avant de se tourner vers son trophée.

-Alors Felix, heureux ? Ça t’a plu ce dernier show ? As-tu enfin compris à qui j’appartiens ? C’est bien ! Il t’en aura fallu du temps, je te pensais plus rapide… Quoiqu’il en soit, c’est l’heure de la séparation… J’aurais vraiment apprécié de te garder ainsi jusqu’à la fin des temps, mais tes délires mentaux menacent le bien-être moral de mon époux. Et puis… ce n’est pas comme si tu étais d’une quelconque utilité, hum ? Quoique… tu réveilles parfois sa bête et j’adore ça ! Enfin bref, il est temps pour toi de partir !

Bella lui ôta sans douceur les écarteurs oculaires puis lui caressa tendrement la joue, telle une mère le ferait avec son enfant.

-Je te souhaite bien du plaisir à brûler dans les flammes de l’Enfer !

Elle approcha alors le reste de Felix des flammes. Des hurlements terrifiants jaillirent de sa gorge en même temps qu’une effroyable terreur s’insinuait dans mes pensées. Mais, au dernier moment, Bella écarta la tête des flammes pour la tourner face à elle, une dernière fois.

-Oups ! J’oubliais… Malgré tout le mal que tu as pu me faire, je tenais à te dire merci. Sans toi, je n’aurais jamais pu connaître mon compagnon. Alors merci, car grâce à toi, je vais pouvoir passer l’éternité auprès de celui que j’aime ! Sur ce, je te souhaite beaucoup de plaisir pour le futur ! Oups ! C’est vrai. Tu n’en as plus…

Puis sur ces dernières paroles, ma douce épouse jeta sans un dernier regard le crâne de Felix dans les flammes qui crépitaient dans l’âtre. Elles léchèrent rapidement la relique du vampire dont les hurlements s’éteignirent rapidement, trop rapidement, au fur et à mesure qu’une épaisse fumée violette à l’odeur âcre envahissait la pièce.

-Pouah ! Quelle horreur !

Ma douce épouse s’empressa d’attraper ma main avant de m’entraîner à l’extérieur de notre chalet et un sourire paisible étira ses lèvres lorsqu’elle s’aperçut qu’une nouvelle journée venait de prendre fin.
Un nouveau crépuscule qui sera bientôt suivi d’une nouvelle nuit.
Nous avancions jusqu’au lac d’un pas lent, nous enfonçant dans les eaux sombres jusqu’à la taille.
Bella se tourna vers moi, le regard pétillant de joie, puis m’enserra de ses bras.

-Je t’aime.

Gémissant de plaisir suite à ces simples mots annonciateurs d’un futur des plus spectaculaires, je l’embrassai tendrement avant de lui murmurer mon amour et de l’entraîner vers les profondeurs…

Amour. Paix.
Une nouvelle ère…
Un monde nouveau.
Et une éternité à ses côtés.
Que demander de plus ?

FIN


dimanche 19 mai 2013

This is the end




Je n’avais jamais réellement entendu cette voix mais bien souvent perçue dans certaines pensées de Jasper lorsqu’il se perdait dans ses souvenirs funestes. Et lorsqu’on parle du loup…
Dès qu’il avait entendu cette voix, son corps s’était raidi, engourdi par la stupéfaction et l’incompréhension. Puis il se mit à bouillonner de fureur tout en restant contenu.
Je cherchais finalement en direction de cette voix et ce que je vis, me cloua sur place. Nous étions complètement encerclés…
Les reliefs avaient bien changés. Alors que les collines qui entouraient la plaine étaient désertes lors de notre arrivée, plusieurs centaines de vampires, nouveau-nés pour la plupart, étaient actuellement postés à flanc de coteaux, n’attendant qu’un geste de leurs chefs pour nous attaquer. Sur le monticule le plus éminent, deux petites femelles brunes au teint légèrement halé pour notre espèce nous dominaient depuis leur point d’assise, une main posée sur la hanche et un sourire moqueur aux lèvres. Leurs attitudes fières et hautaines étaient puantes d’arrogance et rivalisaient sans peine avec leurs regards condescendants qui affichaient clairement tout leur mépris à notre égard.

Ils sont tous liés. Tous ! Chelsea les a tous liés à Caius et Felix…

Marcus secouait la tête, dépité une fois de plus par la trahison de celle qu’il considérait comme une fille. Quant à Jasper, il se contentait d’observer d’un œil noir les deux femelles ; cela faisait plus de quatre-vingt ans qu’il ne les avait pas vues, mais ses souvenirs étaient encore bien trop vifs dans son esprit pour les oublier.

- Et bien, tu n’as pas l’air content de nous voir, mon vieil ami ! Je pensais que cette vieille folle de Maria se trompait lorsqu’elle parlait de ta naine et de ta toute nouvelle passion pour la chasse aux lapins, mais je vois de mes propres yeux que cette pauvre garce avait raison. Quelle tristesse ! Tu ne t’en es toujours pas lassé de celle-là ? Tu changeais si vite de maîtresse à l’époque ! Oh ! Tu ne le savais pas la demi-portion ? Jasper a fait… plaisir à beaucoup, beaucoup de monde. C’était le bon vieux temps ! Mais tu sais, mon cher, tu peux toujours nous rejoindre, je serai ravie de te faire une place dans mon lit ! S’esclaffa la plus grande des femelles.
- Humm… On a tant de choses à rattraper avec toi, mi amor ! Tu nous as tant manqué… Nous sommes prêtes à te reprendre à nos côtés, tu le sais ! Susurra la seconde, son regard avide posé sur mon frère.
- Netty, Lucy, c’est gentil mais je ne suis pas intéressé. Je suis marié et très heureux avec ma compagne à… comment dites-vous ? Ah oui ! Chasser des lapins.  Répondit mon frère d’une voix amicale tout en contenant difficilement la fureur qui menaçait à tout moment d’exploser.

Ainsi c’étaient donc les « fameuses » Lucy et Netty, responsables au même titre que Maria de toutes ses années de souffrances à vivre en plein champ de bataille… Les pauvres, elles avaient vraiment l’air de croire que Jazz nous avait caché son passé, même le moins glorieux ! C’est qu’elles le connaissaient mal… Alors, tout comme lui, nous allions rentrer dans leur jeu et jouer les offusqués. Bien emmitouflés sous la carapace protectrice de ma Bella, Jasper nous fit ressentir sa malice et son envie de jouer et alors qu’Alice affichait une expression de profonde jalousie et mes parents une outrance exacerbée, les deux femelles hispaniques n’en furent que plus réjouies.

- Mais ça doit être d’un ennui mortel ! La routine tue l’amour, tu sais ? Te rappelles-tu de toute cette passion… cette sauvagerie… cette bestialité après un combat ? Tu pourrais retrouver tout ça aisément… Dit Netty d’un ton velouté.
- J’ai une vie paisible auprès des miens, et cette paix j’y aspire depuis ma création. La violence, la mort… je laisse ça aux barbares que vous êtes. Répondit mon frère avec son flegme naturel tout en resserrant sa poigne sur la main d’Alice.
- Psh ! Mais que t’ont donc fait ces pathétiques excuses de vampires ? Ils t’ont lavé le cerveau, c’est ça ? Ce n’est pas toi ! Tu as un si bel avenir tracé devant toi, légendaire Major Whitlock ! Viens à nous Jasper, viens ! S’écria Lucy alors que Netty secouait la tête comme une veuve éplorée.
- C’est plutôt vous deux qui avez le cerveau lessivé ! Trop de batailles, de coups, de morsures… ça vous est monté à la tête après toutes ces années… Répliqua dédaigneusement Jasper tout en enlaçant un peu plus fermement Alice.

Bella ne pourra jamais nous protéger physiquement, mais elle doit garder sa protection mentale. Leurs talents portent essentiellement sur le psychique mais les nôtres sont bien plus puissants, à la fois en force et en nombre. Par contre, nous devons absolument nous débarrasser de l’inhibiteur au plus vite ! Et de Chelsea aussi. Une fois que la plupart de ces nouveau-nés ne leur seront plus liés, ils prendront leurs jambes à leurs cous.

Je fis un bref signe de tête à Eléazar pour lui signifier que j’avais bien compris puis me penchais à l’oreille de ma douce avant de lui chuchoter les pensées du Dénali au creux de l’oreille ; Felix feula de rage lorsqu’il me vit faire.

- Je te le ferai payer cher, Cullen. Très cher ! Elle est à moi et je compte bien reprendre mon dû ! Susurra-t-il d’une voix venimeuse, son regard glacial rivé au mien.
- Je ne suis pas un morceau de viande, imbécile ! Tu veux pas non plus me pisser dessus pour marquer ton territoire tant que t’y es ? Cracha ma Bella, les bras croisés sur la poitrine.
- Baisse d’un ton tout de suite Isabella ou…
- Ta gueule ! Je t’emmerde, Felix. Je t’emmerde ! Tu veux que je te le mime aussi ? Le temps où je croyais avoir des sentiments pour toi est révolu depuis belle lurette. Tu ne m’inspires que haine et dégoût. Je préfère crever que d’être avec toi !
- Oh non ma Beauté, tu ne vas pas mourir, j’ai besoin de toi ! Tu vas de toute façon devenir l’une des nôtres, de gré ou de force. Ensuite viendra le doux temps de reprendre ton éducation à la base et…
- Mais t’es vraiment malade, Felix. Je ne serai jamais l’une des vôtres, jamais !
- Tu me brises le cœur, Beauté. Tu m’as tellement manquée mon Isabella… Je t’aime. Je t’aime tellement ! S’exclama-t-il en se tenant le cœur à deux mains, le regard glacial, dénué de toute vie ou sentiment et pourtant démoniaque.
- Toi ? M’aimer ? Non Felix. Tu es incapable d’aimer. Tu ne sais pas ce que ça signifie « aimer ». Tu n’aimes rien, ni personne. Tu n’aspires  qu’à une seule chose, posséder. Possession et amour n’ont rien à voir Felix. Rien ! Tu crois quoi, que parce que je lui ressemble tant et que tu n’as pas  pu la posséder tu dois m’avoir à tout prix ? Je ne suis pas Didyme, Felix…
- NE PRONONCE PAS SON NOM ! Hurla-t-il à demi fou.
- Didyme ! Didyme ! Didyme ! Didyme ! DIDYME ! DIDYME ! DIIIDYYYMEEEE ! Brailla mon ange tout en serrant fermement la main de Marcus, s’excusant par ce simple geste pour le mal qu’elle lui faisait.

Et alors que Bella chantonnait des « Didyme » à tue-tête, que Felix gesticulait et hurlait comme possédé, et que Marcus s’était écroulé à genou sous le poids de la douleur provoquée par la perte de sa compagne depuis si longtemps disparue, mon ange s’arrêta immédiatement, le regard envahi par une profonde tristesse.

- Tu as ta réponse Felix. Ça tu vois, c’est de l’amour… Dit-elle alors d’une voix douce en désignant le vénérable vampire courbé par le chagrin.
- Elle aurait dû être à moi. Elle m’était PROMISE ! Il me l’a volée ! Éructa Felix au comble de la folie.
- Mais écoutes-toi un peu parler ! Elle n’était pas un objet tout comme je n’en suis pas un ! Tu l’as tuée et ça t’a rendu complètement timbré ! Tu es bon à enfermer mon pauvre.
- Ferme-la Isabella ! Je n’ai peut-être pas pu l’avoir elle,  mais ce n’est pas l’avorton qui m’empêchera de récupérer mon bien ! Avant la fin de la nuit, tu seras à mes pieds. A MES PIEDS ESPÈCE DE GARCE INGRATE !

Felix se rua alors sur moi à une vitesse faramineuse pour finalement être brutalement catapulté contre le flanc d’une montagne, s’encastrant dans la roche sous la force du choc. Il faut dire aussi que le redoutable bouclier de mon ange renforcé par l’habilité de Nabil était tout simplement impénétrable. Alors que Felix braillait des propos incompréhensibles tout en se retirant tant bien que mal du roc dans lequel il était enfoncé, Caïus et les Roumains observaient ma douce d’un œil avide. Athénadora, accrochée au bras de Caïus comme une moule à son rocher, nous observait d’un œil amusé, un sourire hautain aux lèvres.

- Pourquoi mon frère ? Tu avais déjà tout. Pourquoi ? Demanda Aro en observant Caïus d’un air peiné.
- Tu me poses cette question ? Mais enfin Aro, c’est évident ! Le pouvoir, voyons !
- Tu l’avais déjà !
- Non ! Non et non ! Je pensais avoir le pouvoir et je me suis finalement aperçu de mon erreur lorsque tu as accepté que ce petit morveux de Cullen retourne auprès de son clan alors que je lui avais proposé de rejoindre la Garde ! C’était un honneur que je lui faisais et il l’a refusé. Cracha Caïus avec hargne.
- Et qu’aurais-je dû faire ? L’y obliger ? Railla Aro en secouant la tête piteusement.
- Tu n’es pas le collectionneur que je croyais, Aro. Tu aurais dû le contraindre sous la menace !
- Mais son créateur, Carlisle, est notre ami !
- L’amitié n’a rien à voir dans cette histoire, Aro ! Tu es faible, c’est tout. Tu aurais dû éliminer tout son clan et l’emmener à Volterra de force ! Mais non, tu l’as gentiment renvoyé chez lui. Ça fait de trop nombreuses années que nous passons à côté de prestigieux talents tout ça au nom de ta sacro-sainte « amitié » !  La dernière création d’Amun aurait dû faire partie des nôtres ! Tout comme le télépathe, la voyante ou l’empathe ! Tu aurais pu avoir tout cela mais tu as été trop faible, trop faible pour désirer ce qui aurait pu être à toi et tu seras trop faible lorsque tu contempleras ce qui sera à moi ! Caqueta diaboliquement Caïus, les yeux fous lui sortant presque de la tête.
- Hein hein… Et donc, tu t’es allié à nos ennemis ? Ceux-là même que nous avons combattus pendant de nombreux siècles ? Et vous ferez quoi ensuite ? Partager le monde ?
- Exactement. Soit dit en passant, les Roumains n’ont pas spécialement tort, tu sais ? Nous devrions être adulés par les Humains comme les Dieux que nous sommes !
- Ah ah… A toi aussi les siècles t’ont fait du tort… Tu deviens fou mon pauvre Caïus… Et votre petit partage mondial, il se fera comment ? Au poker ? A pile ou face ? Au shifumi ?
- Oh non ! Juste par affinité. Nos charmantes aides, Netty et Lucy, vont se partager le continent américain. L’une au sud, l’autre au nord. Vladimir et Stefan veulent l’Asie et les pays de l’Est. Felix lui préfère le charme de et la beauté sauvage de l’Afrique, quant à moi, je vais me contenter de cette bonne vieille Europe ! Oh ! Et si tu te demandes si nous n’avons pas oublié quelque chose dans cette répartition, nous ferons de l’Océanie, principalement de l’Australie, une magnifique réserve naturelle protégée, que nous confierons aux bons soins de nos chers Demetri et Siegfried !
- Seigneur… Mais tu es devenu complètement fou ! Crois-tu vraiment que les Humains se laisseront asservir sans combattre ? Que fais-tu de leur science et de leurs armes de destruction massive ? Ce n’est pas dans leur nature de se rendre sans combattre, ils feront sauter la planète avant de vous idolâtrer !
- Oh ça. Nous avons déjà tout prévu. Vois-tu, Demetri est non seulement un génialissime traqueur, mais il est aussi un vrai petit génie de l’informatique. Il nous a localisé toutes les bases militaires sans aucune difficulté et ça a été un jeu d’enfant pour ce cher Demetri que de reprogrammer tous leurs missiles et bombes nucléaires ! Si les Humains devaient nous attaquer, leurs missiles se retourneraient contre eux, détruisant tous leurs points stratégiques. N’est-ce pas un plan de génie ? S’extasia Caïus, le regard rêveur, perdu dans sa vision du nouveau futur qu’il souhaite tant.
- Voyons Caïus, mais réfléchis un peu bon sang ! N’as-tu rien donc appris avec le temps ? As-tu vu tous ces génies que nous avons connus au fil des siècles ? Tous ont eu de grandioses idées de domination mondiale et tous ont fini par sombrer ! Alexandre… César… Napoléon… Hitler… Tu ne fais que reproduire leurs idéaux ! Tu as été endoctriné par les Roumains !
- Oh non, mon cher Aro… Bien sûr que non ! Ils n’ont fait que m’ouvrir les yeux ! Par contre, celle-là n’y échappera pas au lavage de cerveau ! Cracha Caïus en pointant mon ange du doigt.
- « Celle-là » a été baptisée, ducon ! Répondit ma Bella avant de s’enfoncer le majeur dans la bouche et de le ressortir, luisant et humide de venin, pour lui faire un magnifique doigt d’honneur.

Étonnamment, Caïus ne s’en offusqua pas du tout ; au contraire, il riait à n’en plus pouvoir.

- Ah ! Ah ! Ah ! Je comprends mieux ton besoin impérieux de la récupérer, mon cher Felix. Cette fille est une vraie tigresse ma parole !
- Et vous n’avez encore rien vu ! Si vous saviez de quoi elle est capable dans un lit…
- J’imagine très bien ! Tu me le feras découvrir lorsqu’elle sera passée entre tes mains, n’est-ce pas ? Demanda Caïus, son regard gourmand rivé sur les courbes de mon ange alors que Felix hochait frénétiquement la tête pour signifier son accord. Je feulais et ne pensais plus qu’à une chose, leur arracher les yeux.
- Je ne suis pas un bout de viande et je vous emmerde ! Cracha ma Bella avec un dégoût on ne peut plus apparent envers eux.

Du coin de l’œil, je vis les modificateurs se disperser discrètement pour ne pas nous blesser lors de leurs transformations. Les Enfants de la Lune, quant à eux, piaffaient d’impatience, avides de se jeter à la gorge de Caïus pour ses exactions à leur encontre. Cependant, avant ça, ils souhaitaient lui arracher la langue et lui enseigner quelques manières sur la façon de parler correctement à une dame. Et alors que Marcus et Aro tentaient malgré tout de résoudre ce conflit de façon diplomatique, une voix féminine s’éleva subitement, déchirant la nuit de son cri strident.

- ¡ VAYA !

Répondant immédiatement au commandement de Netty, une multitude de nouveau-nés dévala les flancs montagneux et se rua vers nous. Caïus, un sourire satisfait aux lèvres, s’écarta de la scène en compagnie de Felix, des Roumains et de la hyène qui lui servait d’épouse, afin de se délecter du spectacle ; il avait agi en traître, préférant attaquer de dos en faisant croire à une quelconque résolution des conflits. Protégés par le bouclier physique de l’ancienne garde du corps personnelle d’Aro, Renata, ils observaient d’un œil avide la scène qui se déroulait sous leurs yeux.
Alors que la première vague de nouveau-nés arrivait sur nous, Bella les expulsa avec une violence inouïe, nous protégeant une dernière fois de sa carapace physique. Nos ennemis furent catapultés loin de nous, certains avec quelques morceaux de chair en moins.

- Bella, maintenant ! S’époumona Eléazar en lui indiquant d’un hochement de tête le gamin qui avait le talent d’inhiber nos dons.

Le visage marqué par une profonde tristesse, mon ange déglutit bruyamment avant d’enrouler, par la force de son esprit, son bouclier autour du pauvre gosse. J’eus brièvement accès à son esprit alors qu’il se faisait démembrer et tout ce qui j’y vis fus une profonde reconnaissance. Il savait qu’il allait mourir et il était heureux, au moins il ne souffrirait plus…
Benjamin, de son côté, embrasait les restes du pauvre gamin, un sourire affligé et fatigué aux lèvres, sachant déjà qu'il serait à l'origine d'un nombre incalculable de brasiers...
Alors qu'une seconde vague de nouveau-nés fondait sur nous, les Modificateurs prirent leurs formes animales, déchiquetant quelques vampires ennemis trop proches d'eux à ce moment.
Je perçus brièvement la surprise de Caïus et des Roumains lorsqu'ils aperçurent les aigles Apache, les coyotes Navajo et les Ours Mohawk et Inuit. Ils étaient bien sûr au courant de l'existence des loups Quileute mais Sam, n'ayant aucune connaissance de nos incroyables renforts, n'avait pu les avertir avant. Le regard avide des Roumains balayait les monstrueux aigles royaux au ramage chatoyant ; ils s'imaginaient déjà les contraindre, comme ils l'avaient fait avec le malheureux Sam, et les asservir afin qu'ils aident à leur folle idée de domination mondiale...
De nombreux nouveau-nés périrent brutalement, le corps déchiqueté par les serres acérées et les becs monstrueux ; les Apaches, conscients que la voie des airs était leur principal atout face à la déferlante de vampires ennemis qui nous fondait dessus, se laissaient envahir par toute la sauvagerie dont ils étaient capables. Ils nous couvraient d'une certaine manière, empêchant comme ils le pouvaient un trop grand nombre d'ennemis de nous atteindre. Les loups... les ours... les coyotes agissaient de même, travaillant de pairs pour une destruction plus efficace. Et bien qu'ils aient appris à nous apprécier d'une certaine manière, ils étaient fiers de pouvoir suivre leur destinée, à savoir protéger l'Humanité en tuant des buveurs de sang.
Soudain, j'entendis un épouvantable déchirement métallique, caractéristique d'une chair de vampire arrachée, suivi d'un effroyable hurlement de douleur ; je me tournais vivement et aperçus la malheureuse Sulpicia en proie à deux nouveau-nés particulièrement féroces. Elle avait été si longtemps enfermée dans sa tour d'Ivoire qu'elle était incapable de se défendre seule, totalement impuissante... Alors que j'allais la rejoindre, elle fut rapidement encerclée par les trois Enfants de la Lune qui dépecèrent avec une étonnante vivacité ses assaillants. Aro qui, alerté par les cris de terreur de son épouse, s'était précipité auprès d'elle, leur témoigna toute sa reconnaissance. Malheureusement, nous avions besoin de la brutalité et de la sauvagerie des loups garous qui, à eux seuls pouvaient combattre une dizaine d'adversaires à la fois. S'ils protégeaient Sulpicia, nous perdions un formidable atout...
Brusquement, cette dernière fut rejointe par Carmen, Esmée et Victoria qui formèrent un large cercle dont la pauvre Reine en était le centre, empêchant quiconque de l'approcher à moins d'un mètre. La vampire aux cheveux de feu était une redoutable prédatrice, particulièrement féroce envers les nouveau-nés qui tentaient de l'approcher. Elle griffait... mordait... déchirait... frappait sans relâche, fière pour une fois depuis le début de son existence d'avoir un but : protéger les siens et espérer avoir un avenir auprès de son compagnon.
Je comprenais mieux pourquoi Felix avait voulu la soumettre, son caractère impétueux et fougueux n'en faisait qu'un nouveau jeu des plus plaisants.
Alors que je décapitais un nouveau-né particulièrement brutal, mais également particulièrement stupide, j'aperçus enfin Chelsea, jusque-là cachée par cette marée incessante de corps mouvants. Lorsque nous avions détruit le malheureux gosse inhibiteur de talents, Caïus avait compris que nous chercherions également à tuer Chelsea afin de casser la loyauté artificiellement créée qui reliait chaque nouveau-né à leur commandement ; elle était donc désormais protégée par Renata, au même titre que les Roumains, Athénadora, Felix et Caïus.
Les têtes pensantes ennemies commençaient à perdre patience ; elles commençaient aussi à s'inquiéter en voyant qu'aucun des nôtres n'était tombé. Nous étions frappés, mordus, parfois même un bras ou une jambe était à moitié démembré, cependant nous étions formés au combat et farouchement aguerris.
Felix et Caïus échangèrent un regard lourd de sens ; le Fléau se mit alors en marche.
Son surnom n'était pas dénué de sens, nous connaissions tous son effroyable renommée, mais le voir à l’œuvre était une chose exceptionnelle... et redoutable.
Felix fondit dans la masse de nouveau-nés qui continuait à déferler impitoyablement sur nous, les poussant sans ménagement sur son passage. Ses coups étaient portés avec une précision démoniaque et lorsqu'il frappa simultanément Garrett et Laurent, qui combattaient de pair un groupe de jeunes vampires, il défonça la mâchoire de l'un et arracha la moitié du visage de l'autre avant de continuer à avancer, cognant brutalement vampire après vampire se trouvant sur son passage, qu'il soit des nôtres ou des leurs. Il n'avait qu'un but en tête, attraper ma Bella. Mais pour cela, il devrait d'abord me passer sur le corps...
Des boules de feu, créées par Benjamin, voltigeaient de part et d'autre du champ de bataille, percutant parfois un ennemi ou embrasant les restes entassés ça et là de nos assaillants. Ma douce épouse avait le visage dur et les traits tendus par la concentration. Bien qu'elle ne puisse plus nous protéger physiquement, elle devait impérativement garder sa protection mentale sur nous tous, ce qui n'était pas une mince affaire dans cette bataille.
Aro, Marcus, Eléazar et Carlisle se battaient d'arrache-pied face à une horde de vampires nouveau-nés particulièrement brutaux. Emmett s'en donnait à cœur joie, arrachant un bras ou une jambe à l'un ou l'autre de ses adversaires, puis laissait les vampires amoindris aux mains de Rosalie qui s'activait à les déchiqueter avant de faire appel à Benjamin qui renvoyait inlassablement ses boules de feu. Jasper et Alice étaient tout aussi efficaces, détruisant un nouveau-né après l'autre. Ce carnage donnait l'impression d'un mouvement perpétuel ; destruction, boule de feu, brasier, destruction, boule de feu, brasier...
J'entendis subitement un rugissement effroyable puis fus instantanément percuté par un poids particulièrement lourd ; Felix venait de me tomber dessus...
Je l'éjectais puis me relevais prestement avant de me jeter sur lui.
Les coups s'enchainaient. Il avait beau être le Fléau, je me devais de protéger ma douce. A tout prix.

- Tu ne seras pas là éternellement, Cullen. Elle est à moi, à moi tu entends ? Je vais te démembrer pour l'avoir pervertie... je vais te torturer jusqu'à ce que tu cries grâce pour avoir osé la souiller de tes sales pattes repoussantes... je garderai ta tête pour que tu me vois la baiser par tous les trous, encore et encore....  et lorsque j'en aurai assez, d'ici quelques siècles, je te tuerai pour achever tes souffrances.
- Je l'ai pervertie? Mais écoutes-toi un peu parler. Tu es complètement fou Felix! Mais tu as tort sur un point, tu devras d'abord me tuer si tu veux la toucher...
- Ne me tente pas avorton. Tu n'es qu'un misérable insecte, un parasite, un exécrable détritus ! Une honte pour notre race.

Il m'envoya un uppercut mais je l'esquivais au dernier moment avant de lui décocher un coup de pied dans le ventre. Je ne fus malheureusement pas assez rapide car il agrippa ma cheville avant que je ne l'atteigne ; il ne s'attendit malheureusement pas à ce que je profite de son emprise sur ma cheville pour lui envoyer un high-kick au visage...
Alors que nous nous battions comme des chiens, inconscients de la bataille qui se jouait autour de nous, j'entendis un hurlement strident.

- Il est à moi, Edward, à moi ! Je vais le tuer !

Une tornade blanche et brune nous fondit dessus, m'envoya sans ménagement au tapis et empoigna férocement Felix  au cou.

- Je vais te tuer espèce de misérable ordure...
- Ah ! Ah !  Ah !  Tu en es incapable, Beauté... Bien trop délicate... fragile... trop douce pour t'abaisser à de telles pratiq-

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase que j’observai, ébahi, son corps se raidir, comme figé, la main de ma Bella toujours serrée autour de son cou. Le regard noir et brûlant de haine, l’esprit vengeur et un sourire des plus cruels aux lèvres comme je ne lui en avais jamais vu, elle pressa lentement son pouce contre sa pomme d’Adam, jusqu’à ce que Felix en hoquète de douleur, incapable de bouger. Ma Bella, telle une veuve noire tissant sa toile après l’accouplement pour déguster son malheureux mâle, avait englué Felix dans son bouclier, lui ôtant tout espoir de fuite. Le cou de Felix commençait à se détacher légèrement et son regard exorbité sous la pression et la terreur pure causée par mon ange ne faisaient qu’accentuer le sourire de ma belle.

- Tu te rappelles, Felix ? Lorsque tu m’as enlevée… que tu m’as séquestrée… auprès de mon père… te rappelles-tu la promesse que je t’ai faite ? PARLE !

Elle libéra le visage du Fléau de l’entrave de son bouclier pour lui rendre l’usage de la parole ; il lui cracha au visage pour se redonner une certaine contenance malgré sa terreur évidente. Je lui défonçais la mâchoire d’un coup de coude. J’ai horreur du manque de respect, surtout à l’encontre de mon épouse…

-    C’est malin Edward, tu me l’as cassé… Il va mettre un temps fou avant de pouvoir me répondre. Pleurnicha-t-elle faussement alors que Felix nous assassinait du regard.

Nous attendîmes patiemment que l’os se reconsolide, observant le champ de bataille où les nôtres combattaient férocement et j’eus un sourire satisfait en voyant Caïus et les Roumains bouillir de rage face à leur défaite évidente. Ils pensaient n’avoir face à eux que des vampires amoindris par le sang animal et non des guerriers prêts à tout pour la paix.

-    Espèce de sale petite garce ! Tu fais la fière car tu es capable de m’immobiliser mais sans ton talent, tu ne tiendrais pas deux minutes face à moi ! Alors ta promesse, tu peux te la foutre au cul ! Cracha Felix lorsque sa mâchoire se remit en place.

Un feu sauvage illumina alors le regard de ma Bella et elle l’envoya valser avant de libérer sa proie. Felix, retrouvant enfin la pleine possession de ses moyens, se rua sur elle et un combat acharné prit place. Un combat de Titans duquel j’étais écarté, moi-même incapacité par ma Bella.
Les coups pleuvaient, tous plus violents et vicieux que les précédents, puis je hurlais, terrorisé, lorsque ma Bella se retrouva dos au sol, chevauchée par Felix et les mains de ce dernier autour de son cou gracile.

-    Alors, tu fais moins la fière, hum ? Tu n’aurais jamais dû t’attaaaAAAAAAAÏE !

Un énorme coup de genou bien placé et Felix changea de couleur, si une telle chose était possible, tout en se protégeant l’entre-jambe alors que ma Bella l’expulsait d’un coup de pied dans le ventre.

-    Les hommes… tous la même faiblesse !

Je fus alors immédiatement libéré de l’emprise de son bouclier et la rejoignis en quelques pas. Une fois de plus, elle enroula étroitement sa main autour du cou de son ennemi.

-    Je t’avais promis Felix… je t’avais promis que je te tuerais de mes propres mains. A la mémoire de ma mère… de Phil… de toutes les victimes de tes monstrueux sévices… pour Dydime… et Marcus… Je vais te tuer Felix mais je vais être plus cruelle encore… Puisque tu es persuadé que je t’appartiens, je vais garder ta tête, uniquement ta tête, une fois que ton corps aura flambé, et je laisserai Edward me baiser de toutes les façons possibles et inimaginables, sous tes yeux, pour que tu comprennes à qui j’appartiens réellement. Je t’ai fait une promesse Felix, et je n’oublie jamais de les tenir…

Alors qu’un craquement lugubre annonçait la décapitation proche de Felix, un hurlement retentissant envahit la plaine, couvrant le tumulte qui régnait sur le champ de bataille.

-    STOP !

Nous nous tournâmes tous d’un seul homme vers l’origine de ce cri et lorsque j’aperçus les visages réjouis de Caïus, de sa hyène italienne, de Draculito 1er et 2nd, et des deux nigaudes hispaniques, un  malaise certain s’empara de moi, bien que je n’en connaisse pas l’origine.
Ma Bella se détourna de Felix pour jeter un regard meurtrier à Caïus ; autour de nous, les combats avaient cessé, dans l’expectative des évènements à venir.
Tout à coup, nous nous tendîmes en percevant certains parfums. Ils ne devraient pas être là !
Puis nous vîmes une délégation des plus hétéroclites nous rejoindre, avec en tête Demetri, Siegfried et Sam. Un Sam au regard dénué de toute expression. Un Sam traînant à sa suite Sue Clearwater, Charlie Swan et la petite Carlie entre autres, cernés par un petit groupe de vampires ennemis et des quelques jeunes Quileute faisant partie de la maigre Meute de Sam.
Mon souffle se coupa au moment même où je les vis pénétrer sur le champ de bataille et Bella, stupéfaite, relâcha brutalement Felix tout en murmurant un faible « papa ».
Malgré sa terreur évidente, rien ne transparaissait sur le visage du Chef Swan ; Sue, fière de l’héritage de ses ancêtres, avançait d’un pas assuré, tenant l’enfant entre ses bras, cherchant à la protéger comme elle le pouvait. Et ce n’était pas une mince affaire car la petite gigotait comme un beau diable, donnant des coups de pieds ou de poings aux vampires qui l’entouraient. Au vu de son langage de charretier, elle avait dû passer plus de temps qu’on ne le croyait avec Emmett…
Emily, la femme de Sam, sanglotait alors que son époux la traînait vers nos ennemis et les jeunes Quileute sous la coupe de Sam tremblaient de toutes parts, combattant farouchement leurs instincts pour ne pas se transformer.
Athénadora se mit à rire comme une hystérique et à applaudir gaiment en voyant nos visages sidérés ; les humains furent balancés sans ménagement aux pieds des vampires.

- Nos invités de dernière minute sont enfin arrivés ! Les festivités vont pouvoir commencer. S’exclama joyeusement Caïus en nous dardant d’un regard vainqueur.
- Sam, comment as-tu pu faire une chose pareille ? Comment peux-tu envoyer des humains innocents à une mort assurée ? S’époumona Jacob après avoir repris forme humaine.

Les Modificateurs s’étaient tous métamorphosés, stupéfaits de voir que l’un des leurs puisse trahir leur fonction de Protecteur de la sorte.
Sam se tourna alors vers nous, le visage figé et le regard vide.

- Je n’envoie personne à la mort, je ne suis pas un assassin. Ils m’ont promis que les humains seraient sains et saufs et je les crois. Je fais ce qu’il faut pour protéger les nôtres Jacob.  Nous sommes une aberration, une erreur de la nature et c’est de la faute des Cullen. Nous ne devrions pas exister, nous devrions être de simples humains mais à cause de ces sangsues, nous sommes devenus des monstres. Ma femme porte un mutant en elle. Il n'est peut-être qu’un innocent bébé pour le moment, mais il deviendra une bête avec le temps. Nous sommes porteurs d’une ignoble tare, tout ça à cause des Cullen ! Nous aurions dû les exterminer mais ce fichu traité nous en empêchait. Je fais tout ça pour nous protéger, protéger notre peuple et protéger les humains. Je suis un Protecteur avant tout. Débita Sam d’une voix blanche.

On aurait dit une marionnette dont les ficelles étaient tirées par un quelconque illusionniste, et en y regardant de plus près, je m’aperçus que Siegfried était particulièrement concentré sur Sam et je compris. Ce n’était pas Sam qui agissait, il était dirigé par le vampire. Ce n’était pas Sam qui pensait, mais Siegfried. Le Quileute avait bien l’apparence de Sam, la voix de Sam, les mimiques de Sam, mais le Sam que nous connaissions n’existait plus, oblitéré par le talent effroyable du vampire.
Des grognements, feulements, rugissements résonnèrent dans la plaine lorsque les nôtres arrivèrent au même constat que moi. Jacob, le corps tremblant d’une fureur mal contenue, eut bien du mal à retenir Leah qui ne pensait qu’à se jeter sur Sam alors que Seth, lui, s’inquiétait de voir sa mère au milieu de vampires atteints de folie.

-    Parce que tu crois que ces sangsues diaboliques vont résoudre le problème, Sam ? Mais tu es devenu fou ma parole ! S’exclama Leah en frémissant de colère.
-    Ils m’ont promis qu’ils sauveraient l’Humanité de la terrible destinée que leur réservent les Cullen. Répliqua Sam de cette voix dépouillée de tout sentiment.

Sam était sous hypnose, incapable de combattre le talent de Siegfried. Il ne parvenait pas à voir qu’il avait été floué, qu’on lui mentait effrontément. Il était persuadé d’agir pour le bien de l’humanité.
Je perçus alors dans les pensées des Roumains le but réel de cette emprise sur Sam, un Alpha. Asservir la Meute via la perversion mentale de Siegfried. Malheureusement pour eux, et heureusement pour nous, ils s’en étaient pris au mauvais Alpha, Sam n’ayant, de naissance, aucun droit légitime sur la Meute.
J’expliquais rapidement la situation à Jacob mais fus brusquement stoppé par un rire dément. Felix se redressait tout en se massant la gorge, se moquant ouvertement de nous et de la façon dont la situation s’était retournée.

-    Reconnaissez votre défaite et nous vous laisserons partir en paix. S’exclama Caïus d’une voix forte.

Des « MENSONGES ! »  S’élevèrent de part et d’autre alors que Marcus et Aro observaient leur frère d’un air consterné. Athénadora, pendue au bras de son compagnon, n’en pouvait plus de rire, et les Roumains débattaient de l’un ou l’autre de nos talents qu’ils souhaitaient obtenir à leur avantage, de gré ou de force.
Les regards des têtes pensantes ennemies convergèrent alors sur ma Bella, frémissant de rage et de terreur pure entre mes bras.

-    Viens à nous Isabella et les humains resteront en vie. Susurra Felix au creux de son oreille.
-    Menteur.

Felix, ricanant de plus belle, retourna d’un pas lent vers ses acolytes.

-    Alors mon ami, la jeune impertinente va-t-elle volontairement nous rejoindre ? Demanda Vladimir, un sourire obscène aux lèvres.
-    Malheureusement non. Elle est bien trop stupide pour comprendre où se trouve son intérêt ! S’exclama Felix, faussement désolé.
-    Quel dommage… Mais tu sais ce que l’on dit à propos de la résistance morale d’un vampire ? Pour oblitérer toutes ses barrières, il faut détruire sa part d’humanité. Quelle est donc cette dernière part d’humanité en elle ? Demanda Stefan en échangeant un regard satisfait avec Caïus.

Ce dernier fit un léger signe de tête en direction des humains et immédiatement, Demetri, Jane et Chelsea arrivèrent, traînant respectivement derrière eux Sue, Charlie et la petite Carlie.

-    Es-tu vraiment certaine de ne pas vouloir nous rejoindre, jeune Isabella ? Ils resteraient en vie, tu sais. Tu ne veux quand même pas avoir leurs morts sur ta conscience, non ? Lui demanda Athénadora d’une voix doucereuse tout en caressant la tête de l’enfant.

Aro feula lorsqu’il aperçut le geste de sa belle-sœur ; il s’était tellement attaché à Carlie qu’il désespérait de la savoir ici, tout comme le Chef Swan. Il était écœuré de voir que les humains n’étaient que de vulgaires pions dans le jeu de nos ennemis. Ils avaient agi en fourbes, nous n’aurions pas dû être surpris. Et pourtant…
Tout se passa alors très vite.
Je sentis la violence avec laquelle mon ange expulsait son bouclier dans un cri de désespoir pour s’emparer des humains mais il était trop tard ; Jane et Chelsea s’étaient déjà jetées aux cous de Carlie et du Chef Swan avec une incroyable vivacité, s’abreuvant à grands traits.
Des hurlements de douleurs et de victoire mélangés envahirent l’atmosphère.
Ma Bella se jeta au sol en hurlant de douleur, le regard mort, l’âme détruite.
Deux rugissements inhumains, effroyables de chagrin et de vengeance mélangé déchirèrent la nuit.
Puis tout disparut. Je ne sentis plus rien.
C’était la Fin…

vendredi 4 janvier 2013

Renfort

Les yeux écarquillés, ne sachant pas si je rêvais ou si je cauchemardais, la bouche grande ouverte et une chair de poule comme je n’en avais jamais eue auparavant, j’observais totalement sidéré les… créatures.
Énormes… Gigantesques… Monstrueuses… Terrifiantes… Menaçantes… Mortelles.
Des cris stupéfaits s’élevaient de part et d’autre. Charlie se cramponnait le torse à deux mains, son cœur palpitant à une allure folle, terrorisé. Les Quileute grondaient doucement, le poil dressé sur leurs échines, les babines retroussées sur leurs crocs acérés dégoulinant de bave. Nous, vampires, étions accroupis en position de défense, prêts à foncer sur eux, réaction instinctive face à… ça.
Un feulement menaçant s’échappa d’entre mes lèvres alors que, les yeux rivés sur les… choses, j’épiais attentivement leurs moindres faits et gestes ; des grognements sourds et des cris stridents me répondirent.
Au bout de quelques longues minutes, il n’y eut plus un seul bruit, hormis les pulsations cardiaques désordonnées du Chef Swan, les gros cœurs des Quileute battant un peu plus rapidement que la normale, et ceux des… créatures. La Nature s’était tue, nous n’entendions aucun pépiement ou gazouillis d’oiseau, ni même les crissements que les insectes produisaient. Un silence des plus lugubres, terriblement angoissant régnait en ces lieux.
Finalement, il y eut un nouveau souffle ténu, une nouvelle vibration sonore dans l’air et le Navajo qui nous avait parlé plus tôt se mit une fois de plus face à nous, nu comme un ver, alors que nous feulions en signe d’avertissement. Évidemment, les… créatures nous répondirent par des grognements et glapissements des plus féroces.

- Aquene. AQUENE ! S’exclama le Navajo, les deux bras levés. Paix ! Nous sommes venus à vous en paix !
- V-v-vous pourriez au moins avoir la décence de vous rhabiller ! Savez-vous que vous êtes passible d’une amende pour exhibitionnisme ! Hurla le Chef Swan, au comble de l’outrage.

Flic un jour, flic toujours…
L’Indien eut un petit sourire narquois aux lèvres avant de repartir vers l’orée des bois où je n’avais pas vu les besaces qui s’y trouvaient. Il en ouvrit une et en ressortit un nouveau pantalon en peau retournée qu’il s’empressa de mettre avant de nous rejoindre, restant cependant à une distance raisonnable compte-tenu de notre aversion mutuelle.
Jacob, Seth et Jared avaient repris leurs formes humaines et s’étaient également empressés d’enfiler leurs shorts avant de nous rejoindre tout en observant le Navajo et les créatures avec un émerveillement non feint.

- Mais… Comment ? Demanda Jake, la voix suintant de stupéfaction.
- Croyais-tu que seul ton peuple était le digne détenteur de la magie Indienne ? Lui répondit le Navajo d’un ton hautain.

Jacob se contenta de secouer la tête mécaniquement tout en se délectant du spectacle représenté par ces nouveaux modificateurs.
Parce que oui. C’est ce qu’ils sont. Des Modificateurs…
Cinq ours polaires gigantesques, à l’épaisse fourrure d’une blancheur immaculée, la taille de l’animal décuplée par leur statut, leurs puissantes griffes brillant d’un éclat dangereux...
Dix coyotes plus gros qu’un grizzly, leurs dents acérées dévoilées par leurs babines retroussées…
Dix ours brun au moins huit fois plus gros que la normale, grondant de façon menaçante, dévoilant leurs dents et leurs griffes létales. Mais ce qui me laissait sans voix, c’était les cinq aigles royaux, aussi grands qu’un homme. Leurs plumages majestueux luisaient doucement à la lumière du jour et leurs yeux perçants vous donnaient l’impression d’être foudroyé sur place, telle Méduse qui d’un regard pétrifiait ses victimes. Leurs serres terrifiantes, courbées et aussi tranchantes qu’un rasoir, grattaient le sol alors qu’ils piaffaient impatiemment.
Je n’avais jamais vu, hormis ma Bella, plus belle chose au monde… ni plus effrayante.
Sur un signe de tête du Navajo, ils reprirent leurs formes originelles puis se vêtirent à leur tour, tout en restant à la lisière de la forêt.

- Qu’entends-tu par « magie Indienne », mon jeune ami ? Demanda Aro, intrigué et le regard luisant de curiosité face à ces nouvelles créatures.

Le Navajo grinçait des dents, ne supportant pas du tout le ton amical du « cannibale » comme il le nommait dans ses pensées ; cependant, le fait qu’Aro soit là, prêt à défendre la race humaine dans cette potentielle guerre, jouait en sa faveur. L’Indien frissonna de dégoût avant de reprendre la parole.

- D’après nos légendes, bien avant que l’homme blanc n’arrive sur nos terres, à l’aube même de l’Humanité, Wakonda le Grand Esprit protégeait ses créations en prenant la forme de plusieurs animaux ou autres manifestations de la nature, comme une aurore boréale. Puis les tribus se sont formées, Apaches, Sioux, Iroquois… pour ne citer qu’elles. Elles avaient toutes un totem différent, une représentation symbolique du Grand Manitou, en la forme d’un animal. Je ne pense pas me tromper en disant que ton peuple descend du loup, non ? Demanda-t-il à Jacob qui hocha la tête vigoureusement en signe d’assentiment. Lorsque les nôtres sont menacés, Wakonda nous insuffle sa magie, c’est pour cela que nous pouvons changer de forme, prenant celle de notre totem.
- Humm… Mais ne disais-tu pas que le Coyote est un signe de mauvais présage pour ton peuple ? Dans ce cas, pourquoi en prends-tu la forme ? Continua avidement Aro.
- Si nous nous transformons, c’est justement à cause d’un mauvais présage, à cause de la menace. S’il n’y avait pas de danger, jamais nous n’aurions à nous métamorphoser, sang-froid ! Cracha le Navajo avec impatience.
- C’est… incroyable. Fabuleux ! S’exclama faiblement Carlisle en observant les Indiens avec cette vénération scientifique qui le caractérise tant, l’œil pétillant de curiosité et les pensées tournoyant à une vitesse folle. Et… Vous souhaitez donc nous apporter votre soutien dans cette guerre ? Cela ne vous concerne pourtant pas.
- Cela nous concerne lorsque la race humaine est mise en péril ! Nous sommes des Protecteurs et même si cela ne nous plait pas, nous devons nous allier à vous pour éradiquer la menace. Vous êtes les yeux jaunes dont nous avons entendu parler, à votre manière, vous êtes également des protecteurs. Et vous avez l’Arme ! S’exclama un Inuit qui venait de nous rejoindre.
- L’arme ? Quelle arme ? Demanda mon père qui n’y comprenait plus rien.
- Nous avons entendu certaines de ces sangsues avides de massacres et de dévastation dire qu’avec votre arme, ils seraient invincibles ! Nous devons les empêcher de la trouver ! Où est cette arme ? Paniqua-t-il à l’idée que nos adversaires ne mettent la main sur une arme de destruction massive.

Ils parlent de ta compagne, jeune Edward. Victoria nous a avoué avoir entendu Felix et Caïus en parler. Il est vrai que s’ils mettaient la main dessus et trouvaient le moyen de la contraindre, ils seraient indestructibles…

Les pensées d’Aro ne laissaient aucun doute, tout comme celles de Marcus, mon père, Eléazar et bien d’autres. J’attrapais doucement la main de mon ange et m’avançais face aux Indiens.

- La voilà votre arme. C’est de mon épouse dont vous parlez. Dis-je fièrement.

Les Indiens la regardèrent avec stupéfaction puis se mirent à hurler de rire à l’idée que ce petit bout de femme puisse être l’arme dangereuse dont ils avaient entendu parler. Bella se renfrogna à l’idée d’être une fois de plus sous-estimée, puis elle s’avança vers eux d’un pas décidé, tapotant brusquement sur le torse du Navajo.

- Allez-y ! Transformez-vous et attaquez-nous ! Faites de votre pire surtout ! Leur dit-elle d’un ton suffisant.

Ils se concertèrent rapidement et haussèrent les épaules dédaigneusement tout en lui jetant des regards condescendants, puis finalement, ils s’éloignèrent, se dévêtirent et reprirent leurs formes animales avant de fondre sur nous à une vitesse ahurissante… pour en fait rebondir contre le bouclier de ma douce et se retrouver encastrés au sol ou dans les arbres. Ils recommencèrent une fois… puis une autre… et comme il n’y a jamais deux sans trois, ils retentèrent de nous attaquer pour être violemment expulsés une fois encore et se fracasser la carcasse dans la forêt.
Lorsqu’enfin ils eurent les idées en place, ils reprirent leurs formes humaines, se rhabillèrent tant bien que mal et vinrent à nous, les yeux rivés sur ma douce Bella et l’observant avec un mélange de stupéfaction et de crainte. Certains Indiens n’étaient pas dans un état des plus reluisants, entre articulations déboitées, côtes fêlées, os brisés et toutes sortes de contusions passant de l’hématome à une profonde entaille. En voyant leurs piteux états, mon ange ne put s’empêcher de s’en vouloir et tritura sa lèvre inférieure en gémissant de honte.
Apercevant les blessés, Carlisle s’empressa d’aller chercher sa trousse médicale avant de les rejoindre, pour finalement être arrêté par l’un des seuls valides.

- Ils vont se remettre, sang-froid. Ils n’ont pas besoin de toi !
- Mais je peux les soigner, je suis médecin !
- Médecin pour vampires, peut-être, mais nous ne le sommes pas.
- Non, je suis médecin, pour les humains. Je travaille à l’hôpital de Forks, je côtoie des blessés tous les jours, j’opère une appendicite au moins deux fois par semaine et je ne parle pas du reste.
- Mais… Comment est-ce possible ? Tu es un sang-froid ! S’exclama le Navajo tout aussi sidéré que ses compagnons de voyage.
- Avec le temps, j’ai appris à contrôler ma soif de sang pour assouvir ma passion, la médecine. Et mes… capacités surnaturelles me permettent souvent de déceler des maladies ou des problèmes de santé graves bien avant que les analyses diverses ne les dévoilent. Je peux ?

Carlisle pointa alors les blessés du doigt, sourcil levé, attendant que les Indiens se décident. Ils jetèrent un bref coup d’œil aux Quileute, et ce qu’ils lurent dans leurs regards avaient dû les rassurer puisque les valides s’écartèrent afin de laisser passer mon père. Il eut malheureusement à recasser certains os qui s’étaient déjà ressoudés, mais pas comme il le fallait. Leur ahurissant métabolisme leur conférait un pouvoir de régénération incroyable. Comme ces nouveaux-venus n’avaient aucune confiance en nous, ils refusèrent que Carlisle leur injecte un anesthésiant avant de les soigner ; ils subirent donc la douleur lorsqu’il dut recasser les os ou reconsolider une fracture en serrant les dents, sous le regard scrutateur des valides qui n’attendaient qu’un faux pas de la part de mon père pour attaquer.
Carlisle était en train de s’occuper d’une épaule déboitée lorsque le couinement caractéristique du fauteuil roulant de Billy Black se fit entendre. Le pauvre homme soufflait comme un bœuf, étant venu jusqu’ici à la force de ses bras lorsqu’il s’était aperçu qu’il y avait anguille sous roche à la « casa Cullen ». Il jeta un regard aux Indiens avant que son visage ne se fende d’un sourire radieux lorsqu’il vit l’un des Apaches présents.

- Bon sang, mais c’est le petit Mickey Redskin ?! Ça fait une paye que je ne t’ai pas vu. La dernière fois, tu n’étais pas plus haut que trois pommes ! C’est incroyable, tu es le portrait craché de ton père, mais tu as les yeux de ta mère. Alors, ils vont comment ces deux-là Depuis le temps que je n’ai pas vu Harry et Sally… Tu ne me reconnais pas, gamin ? Billy Black ! Ta mère et feue mon épouse, paix à son âme, étaient cousines !
- Euh… Ils sont en pleine forme malgré leurs âges. Hmmm… Oui, je me souviens ! Répondit l’Indien en se remémorant quelques vieux souvenirs. Mais si je me rappelle bien, vous étiez sur vos deux jambes et tante Sarah était encore parmi nous.
- Ainsi va la vie, gamin, c’est comme ça, on n’y peut rien ! Répondit Billy avec un soupçon de mélancolie. Ben mon vieux Carlisle, on dirait que vous n’avez pas le temps de chômer !

Billy secoua la tête en ricanant sous le regard éberlué des Indiens qui se demandaient clairement s’il avait encore toute sa tête. Quant à mon père, il renifla l’Ancien en fronçant les sourcils.

- Billy, je pensais vous avoir dit de faire surveiller votre cholestérol ? Continuez comme ça et dans moins de six mois vous pourrez dire bonjour aux injections d’insuline ! Le gronda-t-il alors que Billy rentrait la tête dans ses épaules, penaud.
- Carlisle ! Comment voulez-vous que je me mette au régime ? La cuisine d’Esmée est tout simplement divine, je n’y peux rien !
- Vous y pouvez quelque chose lorsque vous saupoudrez une tonne de sel sur vos assiettes, pour ne pas dire plâtrées, et que vous allégez le tout d’un tube de ketchup et de mayonnaise par repas ! Pensez un peu à votre santé, bon sang ! Râla Carlisle en remettant un genou en place.
- Billy, Billy, Billy… Vous avez encore quelques dizaines d’années devant vous ! Il serait vraiment dommage de les écourter en continuant à vous gaver comme vous le faites ! Depuis que nous nous connaissons, vous n’avez pas arrêté d’engraisser. Vous cherchez quoi, à vous rendre plus appétissant ? Je vous garantis que le sang saturé de graisses est tout bonnement infect ! L’admonesta Aro en secouant la tête, affligé.

Les Indiens qui venaient d’arriver parmi nous se mirent à grogner furieusement en entendant les propos échangés et le Navajo qui avait endossé le rôle d’émissaire se releva d’un bon, outré.

- Mais comment pouvez-vous les laisser vous parler ainsi ? Ils sont nos ennemis ! Que vous ayez un traité avec les Yeux Jaunes, je peux encore le tolérer, mais comment pouvez-vous laisser ce cannibale vous parler de cette façon ? S’exclama-t-il violemment, le regard fou de colère.
- Eh ! On se calme, ici. Si je les laisse me parler ainsi, c’est parce qu’ils s’inquiètent pour ma santé. Ils s’inquiètent vraiment ! Dit Billy.
- Vous avez entendu le cannibale ? Tout ce qui l’intéresse, c’est qu’il n’y ait plus de graisses dans votre sang, ainsi il aura un repas plus alléchant !

Billy Black secoua la tête, dépité, tandis qu’Aro feulait furieusement, retenu par le bouclier de mon ange alors qu’il voulait se jeter sur le « jeune effronté et lui faire ravaler ses paroles désobligeantes ». Le Quileute finit par lui tapoter doucement le bras.

- Une petite partie de poker vous tente, Aro ? Ça fait longtemps que je ne vous ai pas plumé.
- Dans vos rêves, mon cher ami, dans vos rêves !

Et ils partirent en direction de la villa sous les regards sidérés des Indiens, Aro poussant Billy d’un pas guilleret et bientôt rejoint par le Chef Swan.

- Ils sont envoûtés… Ensorcelés… Se lamenta le Navajo alors que le « Mickey Redskin » se frottait les yeux et se pinçait pour être sûr de ne pas rêver.
- Non, ils ne sont pas envoûtés. Ils ont simplement appris à connaître l’humain qui sommeille dans le vampire. Expliqua Eléazar d’une voix douce.
- Vous, « Yeux Jaunes », je comprends. Mais il n’y a rien d’humain chez ces cannibales ! Cracha le Navajo.
- Je suis bien plus humain que certains humains alors arrête de m’insulter comme ça ! S’énerva Peter qui se retenait tant bien que mal de lui sauter à la gorge.
- Toi ? Humain ? Tu n’es qu’un monstre ! Railla Mickey Redskin.
- Crois-moi l’Indien, je n’en suis pas un. Je cours peut-être après les humains, mais pas n’importe lesquels. Dis-moi, si tu me croisais dans une rue, en train d’épier un violeur… un pédophile… un assassin qui est sur le point de commettre son méfait, qui protégerais-tu ? Ma proie ou la victime de cet humain en question ? Hein, dis-moi ? Le nargua Peter le regard flamboyant de colère.
- Nous ne sommes pas tous des monstres assoiffés de sang innocent. Les vampires au régime traditionnel qui se trouvent ici ne se nourrissent que des rebuts de la société, des monstres parmi les humains, quand nous ne hantons pas les banques de sang. Et parfois, nous abrégeons simplement de nombreuses souffrances inutiles. Lorsque des humains sont abrutis de morphine pour leur permettre de gagner quelques jours, semaines ou mois dans d’abominables souffrances, le plus noble à faire est de les laisser partir rapidement. C’est très rapide, et bien moins douloureux que de prolonger leur espérance de vie des plus réduites. Continua Benjamin d’une voix lourde de sens.

Il se remémorait son dernier « repas », une vieille femme atteinte d’un cancer des os au stade terminal, hurlant à l’agonie malgré les doses de morphine hallucinantes qui lui étaient administrées. Lorsqu’elle avait compris que Benjamin était là pour la tuer, elle lui avait souri et l’avait remercié tout en priant pour sa bonté d’âme. Le jeune vampire en avait été particulièrement ému et avait tout fait pour empêcher le venin d’entrer dans le corps de sa proie, lui évitant de nouvelles douleurs inutiles, tout en lui caressant tendrement le peu de cheveux qui lui restaient et lui tenant la main. Il avait agi en humain, malgré son statut de prédateur…
Les Indiens les regardaient autrement, sourcils froncés, et réfléchirent aux diverses paroles qu’ils venaient d’entendre. Se pouvait-il vraiment que les « cannibales » puissent avoir un fond d’humanité en eux ?

- Mais au fait, c’était quoi, ça ? S’exclama subitement le Navajo en se tapant le front.
- Quoi quoi ? Demanda Jacob alors que la Meute discutait avec ces nouveaux modificateurs.
- Ce truc qu’elle a fait ! Dit-il en pointant mon ange d’un doigt accusateur.
- Eeeeh ! J’ai rien fait, moi ! Se défendit-elle en croisant les bras sur sa poitrine, une petite moue boudeuse aux lèvres.
- Si ! Tu nous as tous anéantis d’un seul coup ! Cracha le Navajo.
- Non, je n’ai fait que nous protéger d’une attaque que vous avez lancée. Le contra-t-elle.
- Comment ? Demanda-t-il, frustré.
- Bells est ce que les sangsues appellent un bouclier ultime ! Lança joyeusement Jacob. Eeeeh ! Mais me frappe pas, ma chérie ! Pleurnicha-t-il en se frottant l’épaule que Tanya avait frappée.
- Surveille donc un peu tes paroles, veux-tu ? Je suis une sangsue. Cracha ma cousine, vexée.
- Oh ! Pardon, pardon, mille pardons ma petite sangsue d’amour… S’excusa-t-il une dernière fois avant de lui ravager les amygdales sous le regard écœuré des nouveaux modificateurs.
- Aaaah… L’incroyable bizarrerie de l’imprégnation… Ricana Jared, vite rejoint par Paul et Seth.
- Un modificateur et une sangsue imprégnés ? Des ennemis naturels ? Est-ce vraiment possible ? S’exclama un Inuit, effaré.
- La preuve en images ! Et encore, t’as de la chance s’ils ne se mettent pas à copuler devant toi ! Ricana ma Bella.

Deux gémissements étouffés, un bruit d’évier qui se débouche et deux soupirs d’extase plus tard, Jacob s’écarta de sa compagne en rougissant de s’être donné ainsi en spectacle.

- Oui… Bon… ça va… Pas la peine d’en faire tout un plat ! Donc je disais que Bells est un super méga bouclier. Vous avez déjà entendu dans les légendes que certaines  sangs… euh… vampires… possèdent des dons, hein ? Ben Bells est capable de résister aux attaques mentales et aux attaques physiques, tout en protégeant ceux qu’elle désire ! Cool, hein ? S’exclama Jake, enjoué.

Les nouveaux venus se contentèrent d’acquiescer, béats.

C’est donc pour cela que le groupe de cannibales la veut… Ils seraient invincibles !

- Tu as tout compris. Répondis-je aux pensées du Navajo.
- Mais… Mais… Mais j’ai rien dit ! Paniqua-t-il.
- Non, tu l’as pensé ! M’exclamais-je en tapotant ma tempe. Je suis télépathe… Soufflais-je, en voyant qu’il ne comprenait pas où je voulais en venir.

Alors que Carlisle bandait le torse du dernier blessé, Sue arriva vers nous, annonçant que le repas était prêt.

- Huuungh… Prêt pour les humains et modificateurs, voyons, pas pour nous ! S’exclama Bella en secouant la tête lorsqu’elle vit nos nouveaux alliés se cramponner à la gorge en essayant de contenir les frémissements annonçant une prochaine métamorphose.

Esmée avait eu la génialissime idée d’installer de longues planches sur des tréteaux à l’extérieur, craignant que les Indiens refusent d’entrer dans la villa. Emmett, quant à lui, était préposé au barbecue et il s’amusait comme un gosse à faire griller saucisses, steaks et autres brochettes pour les estomacs à remplir. Les tables regorgeaient de victuailles et Billy se prit un coup de spatule en bois sur les doigts lorsqu’Esmée le surprit la main dans un plat de chips.

- Billy ! Continuez comme ça et ce ne sera plus du cholestérol que vous aurez  mais de l’huile à la place du sang ! Prenez des crudités !
- Je ne suis pas un lapin. Bougonna le Quileute comme un enfant que l’on punit.
- Et je ne suis pas votre mère ! Comportez-vous en adulte, bon sang ! Et dire que vous êtes le Chef Tribal… Vous êtes pire qu’Emmett, c’est dire ! S’emporta ma mère en secouant la tête, consternée par le comportement puéril de Billy.

Nos nouveaux alliés ne savaient plus où donner de la tête tant nos relations étaient des plus amicales. Ils s’étaient forgés une idée sur les diaboliques sang-froid, préconçue par leurs légendes et leurs préjugés, et ne savaient plus quoi penser. Les Quileute les incitèrent à se mêler à nous, vampires, et essayer de discuter calmement. Ils sursautèrent lorsqu’ils aperçurent Benjamin embraser des tas de bûches dispersés de part et d’autre de la vaste pelouse, un briquet à la main et envoyant des boules de feu de l’autre. La curiosité l’emportant, ils s’intéressèrent à nos différents talents et se renseignèrent sur nos capacités ; Eléazar se fit un plaisir de le leur expliquer.
La petite Carlie, bien installée sur les genoux de « tonton Aro », regardait les nouveaux venus attentivement.

- Dis tonton, c’est qui eux ? Lui demanda-t-elle en pointant les Indiens, qui se retournèrent vers elle, du doigt.
- Ce sont… des amis. Ils viennent nous apporter leur aide pour combattre Felix et Caïus. Lui répondit le Volturi.
- Aaah… Eux aussi ils veulent tuer le vilain pas beau aux yeux rouges ! Cool !
- Dis-moi enfant, comment peux-tu parler d’un « vilain pas beau aux yeux rouges » alors que tu es assise sur un… homme… aux yeux rouges ? Demanda le Navajo, John, n’osant pas prononcer le terme vampire devant un enfant.
- Ben parce que l’autre c’est rien qu’un méchant ! En plus il est moche et il est bête. Tonton Aro il me protège, comme les autres ! Et puis c’est pas parce qu’il a un régime tradichonel…
- Traditionnel, Carlie.
- Ah oui… Il mange tradi-tio-nel mais il est gentil avec moi. Il a même dit que j’étais la princesse à titre phonophonique…
- Honorifique, Carlie !
- Ah oui… o-no-ri-fik de Volterra. Et puis tonton Aro il est chouette ! Il est très, très, très, très vieux et il a vu plein, plein, plein de trucs ! Il me raconte des choses hispaniques, c’est génial !
- Historique, Carlie ! Rigolait Aro alors que la petite écorchait ses mots.
- Rho je sais ! Je m’a trompé mais c’est parce que je suis petite ! Et quand je serai grande et ben c’est moi qui t’apprendra ton vachabulaire quand t’auras al-zhei-mer, toc !
- Vocabulaire ! S’exclama Aro alors que je riais de l’audace de cette gamine.

Les nouveaux modificateurs n’y comprenant plus rien, le Chef Swan leur expliqua comment Carlie en était venue à vivre parmi nous, de sa captivité à l’enlèvement de ma Bella, en passant par le meurtre de la mère de la petite sous ses yeux et à son rapt pour servir de repas, jusqu’à leur incroyable évasion. Ils étaient écœurés… Le Navajo regarda mon ange d’une toute autre façon.

- Comment as-tu fait pour ne pas les tuer ? Tu étais un jeune, tu aurais dû être assoiffée de leur sang ! Je ne comprends pas… S’exclama-t-il, les sourcils froncés.
- Oh que oui j’avais soif… Mais j’aurai dû faire quoi ? Assassiner mon père et une enfant innocente ? C’était leur plan, m’assoiffer et me torturer jusqu’à en perdre la raison pour que je commette l’irréparable ! Mais ça n’a pas marché… Finit-elle avec un sourire malicieux avant de m’embrasser à la commissure des lèvres.
- Beurk ! Vous êtes dégoûtants ! C’est sale les bisous sur la bouche ! Et pis y’a une enfant ici, vous êtes que des excitationistes ! S’exclama Carlie, une grimace déformant son joli minois.
- Exhibitionniste, gamine ! Mais aïe Rosie ! Ça fait mal ! Pleurnicha Emmett en se frottant le crâne.

Et l’incroyable se produisit à ce moment-là ; nos nouveaux alliés explosèrent de rire face à la tête déconfite de mon frère…
Bientôt, il n’y eut plus que rires et discussions enjouées, tandis que nous expliquions les évènements des derniers mois à nos nouveaux alliés. Ils observèrent avec une sorte de fascination morbide les trois Enfants de la Lune, écoutant avec affliction les raisons de leur extermination. Lorsqu'ils apprirent que des vampires – leur ennemi séculaire – avaient trouvé le moyen de contrer l’instinct bestial et barbare des Lycans, les nouveaux-venus nous regardèrent autrement. Enfin…
Les Quileute sortirent finalement leurs percussions et commencèrent à battre le rythme et chanter tandis que les autres Indiens, des Inuits, Navajo, Apaches et Mohawks comme ils nous l’avaient dit, se déhanchèrent sur leurs danses tribales, pour notre plus grand plaisir. Voir les Mohawks effectuer leur « danse de la victoire » était tout simplement spectaculaire.
Les évènements de la journée commencèrent à se faire ressentir et la fatigue envahit les humains et presque humains. Après pas mal de tergiversations, les nouveaux venus acceptèrent de s’installer sur nos terres. Ils avaient été profondément vexés que les Quileute ne veuillent pas les accueillir sur leur réserve, mais après leur avoir expliqué que Sam, anciennement Alpha de la Meute, était sous l’emprise de nos ennemis, ils comprirent. Nous voulions absolument garder l’effet de surprise que procurerait leur présence à nos côtés.
Emmett, ravi de tout ce nouveau monde, s’amusa comme un petit fou à sortir une quantité astronomique de bâches et de toiles de tout genre avant de se mettre à monter joyeusement des tipis à droite et à gauche, en l’honneur de nos nouveaux amis Peaux-Rouges.

- Et mon igloo ? Il est où mon igloo ? Fit semblant de s’offusquer un Inuit avant d’éclater de rire devant la mine peinée de mon frère.
- Méfies-toi ! Il serait bien capable de faire livrer une tonne de glace pour t’en construire un ! Ricana mon ange.

Et en plongeant dans les pensées de mon frère, je vis qu’effectivement, il en avait déjà eu l’idée… Décidément, Emmett est et restera à toujours égal à lui-même !

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- Bella… Arrête de t’angoisser ! Tout se passera bien…
- Tu n’en sais rien, Edward. Rien ! Ce n’est pas parce que Siobham l’a « décidé » et que Riley l’a « choisi » que tout se déroulera parfaitement ! Nous ne sommes pas prêts…

J’enlaçais étroitement mon ange qui s’empoignait les cheveux à deux mains et la berçais quelques instants.

- Nous sommes prêts. Nous sommes surentraînés… aguerris… nous avons de nombreux talents de notre côté…
- Mais eux aussi !
- Oui, je te l’accorde, mais ils ne t’ont pas toi. Ils ne savent pas non plus pour les Lycans et les modificateurs…
- Ils savent pour la Meute !
- Peut-être, mais ils ne savent rien des Navajo, des Mohawks, Apaches et Inuits ! Le plan que Jasper a préparé est parfait, tu dois le croire, Bella !
- J’ai peur Edward… si peur !
- Je sais mon ange, moi aussi… Mais si nous y allons la peur au ventre, si nous partons tous pessimistes, autant nous rendre sans combattre.

Bella se mordit la lèvre inférieure et plongea son regard ambré effrayé dans le mien. Finalement, la tendresse l’envahit et elle inspira profondément avant d’enfouir son visage dans mon torse.

- Tu as raison mon amour. Je suis une idiote…
- C’est faux Bella. Tu as simplement peur de perdre ceux que tu aimes, c’est une réaction tout à fait normale mon ange. Dis-moi, il dirait quoi John s’il te voyait pleurnicher sur ton sort, hein ?

Elle rit en se rappelant toutes les fois où elle avait poussé le Navajo à se surpasser.
Lorsque nos nouveaux alliés étaient arrivés parmi nous, ils avaient été scandalisés de nous entendre dire qu’ils avaient besoin de s’entraîner et d’apprendre de nouvelles techniques de combat, arguant que leurs formes animales étaient spécialement conçues pour résister et tuer les vampires.
Après s’être retrouvés au tapis en moins de deux, ils avaient vite changé d’avis bien que leur amour propre en fut profondément blessé. Bella les avait continuellement invectivés, les poussant constamment à se dépasser. Et maintenant…
La nuit venait de tomber et dans moins de 24 heures, nous serions face à l’armée de Caïus et Felix, sur le pied de guerre.
D’après les diverses visions d’Alice, ils avaient environ 450 nouveau-nés sous leur coupe ; le triple des nôtres. Cependant, nous étions aguerris, entraînés – pour ne pas dire surentraînés – nous avions de nombreux talents, à la fois offensifs et défensifs, à notre disposition, une Meute particulièrement conçue pour détruire les vampires et un sacré élément de surprise… Des modificateurs dont nos ennemis n’avaient aucune connaissance, et trois Enfants de la Lune avides de vengeance. Maintenant que les Lycans étaient pourvus de raison lors de leur effroyable métamorphose, ils n’en devenaient que plus mortels. Et je savais qu’ils voulaient se partager le sort de Caïus ; je plains vraiment ce dernier une fois que Nicholaï lui aura mis la main dessus, il lui fera chèrement payer le sort malheureux de son épouse et de ses enfants…
Nous ne pouvions pas être plus prêts que nous ne l’étions, nous étions tous au summum de notre puissance et de nos talents.
Et bien qu’une partie de moi-même envahie par le doute craigne ce qu’il puisse se produire en cas de défaite, nos chers humains survivraient… Mais je devais mettre toutes ces incertitudes de côtés pour le moment, ma Bella avait besoin de moi, besoin d’être rassurée…
Les bras étroitement serrés autour de son petit corps souple, je fredonnais au creux de son oreille, attendant qu’elle arrête de trembler comme une feuille ; au contraire, ses frémissements redoublèrent. Bella s’écarta soudainement de moi et planta son regard flamboyant dans le mien, ses yeux noirs comme une nuit sans lune luisaient de mille feux.

- Prends-moi, Edward… J’ai besoin de toi… besoin de te sentir… Je t’en prie… baise-moi!
- Bella… tu ne penses pas ce que tu dis… c’est la peur qui parle et…
- Non. J’ai envie de toi… envie de te sentir en moi…  Susurra-t-elle en me mordillant le lobe de l’oreille. Pitié !

Sa supplique eut le don de m’achever, tout comme ce ton plaintif m’incitant à la posséder au plus vite. Un grondement rauque résonna des tréfonds de ma gorge mais je ne fus apparemment pas assez rapide pour elle. Bella se jeta fiévreusement sur mes lèvres tout un arrachant mon tee-shirt d’une main de maître, sa langue plongea voracement dans ma bouche alors qu’un bruit de déchirure m’indiquait le sort réservé à mon jeans puis elle me poussa violemment contre un arbre avant de s’effondrer à genoux et d’engouffrer goulûment mon membre turgescent.

- BELLA ! Huuungh…

La tête cognant incessamment contre le tronc, je me concentrais sur la délicieuse sensation de ses lèvres coulissant allégrement sur ma queue et de ses mains triturant habilement mes boules. Au bout de quelques va-et-vient de ce sublime supplice, je n’en pouvais plus ; j’empoignais fermement sa chevelure et m’enfonçais dans sa bouche avec délice, ses mains cramponnées derrière mes cuisses m’incitant à continuer de baiser sauvagement sa bouche. J’y étais presque… mes reins brûlaient… mes valseuses se contractaient… j’allais bientôt jouir. Mais pas dans sa bouche. Je ne voulais pas qu’elle me goûte, une fois encore... je voulais la marquer aux yeux de tous… que tout le monde sache qu’elle est à moi… qu’il le sache et en devienne fou.
Rugissant au point d’en ébranler les montagnes, je m’écartais brutalement de ma Bella et empoignais mon érection, me branlant avec acharnement avant de me libérer dans un hurlement terrifiant, marquant son cou… ses seins… son ventre… de mon foutre brûlant.
Lorsque mon esprit s’éclaircit de nouveau, je fus instantanément mortifié par mon odieux comportement ; une fois de plus, j’avais agi en animal…

- Edward ? Arrête ça tout de suite.
- De quoi parles-tu, Bella ? Dis-je d’une voix basse, évitant soigneusement son regard pour ne pas y lire sa désapprobation.
- Arrête de t’auto-flageller bon sang !
- Mais… as-tu vu ce que j’ai osé faire ?
- Huuum… ouais ! Et je dois avouer que c’était très… sexy de te voir me marquer comme tienne…

Je relevais les yeux, sidéré par ses paroles, et croisais son regard noir et brûlant d’envie. Bella se lécha les lèvres puis m’attrapa les mains, les faisant glisser sur son buste, son ventre… et je m’aperçus qu’elle s’en servait pour étaler ma semence…

- Huummm… Bella !

Elle s’allongea à même le sol, écartant bras et jambes, n’attendant qu’un geste de ma part, splendide offrande.
Je me sentis bander à nouveau et un grognement rauque m’échappa alors que je me jetais sur elle, recouvrant son corps souple du mien, et m’enfonçais au cœur de ses chairs d’un brusque coup de reins. Le dos arqué, les bras rejetés en arrière, les cuisses resserrées autour de mon bassin et les seins bondissant furieusement au rythme de mes assauts effrénés, ma Bella était la beauté incarnée.
Elle est mienne.
Son âme le sait, son cœur le reconnaît et son corps le crie.
Elle est mienne et le restera, dusse ai-je me battre contre vents et marées.
D’un bras passé dans  son dos, je l’aidais à se redresser, pressant ses doux seins contre mon torse et dévorant fiévreusement ses lèvres. Ses petits doigts enroulés dans mes cheveux tiraient dans tous les sens, gratouillant mon cuir chevelu, tandis que sa bouche répondait ardemment à la mienne, son bassin ondulant frénétiquement avec une parfaite synchronisation contre le mien… et à croire que ma Bella était télépathe, elle se mit à crier le fond de ma pensée.

- Tienne ! Tienne ! Oh oui ! Je suis tienne !

Je gémis contre son sein que je tétais goulûment, les deux mains agrippées à ses hanches pour l’aider à coulisser sur mon chibre, encore et encore, nos deux corps parfaitement imbriqués l’un dans l’autre. Bella hurla finalement de plaisir, un hululement rauque s’échappa du « O » que formaient ses lèvres alors qu’elle explosait contre ma bite, son délicieux nectar ruisselant sur mes cuisses ; quel gâchis. Je m’enfonçais une dernière fois en elle, mon foutre s’y répandant à grandes giclées, rugissant un dernier «MIENNE ! » aux étoiles scintillant dans la nuit sombre, avant d’enfouir mon visage dans l’arche délicate de son cou. Les épaules secouées par de violents frissons, j’inspirais sa sublime fragrance avec une délectation non feinte afin de calmer mes tremblements post-orgasmiques.
Nous restâmes étroitement enlacés tout au long de la nuit, bras et jambes emmêlés, nous câlinant tendrement lorsque nous ne nous comportions pas comme des animaux en rut. Finalement, l’aube perça de ses premiers rayons timides bien trop rapidement ; j’aurai souhaité que cette nuit ne prenne jamais fin. Mais c’était l’aube… d’un dernier jour.

La journée s’écoula à une vitesse faramineuse, dans un échange d’accolades et de recommandations de dernière minute. Nos chers humains passèrent de bras en bras, nous étreignant les uns après les autres de toutes leurs forces, avant de partir à la Push, la peur au ventre. S’ils n’avaient aucune nouvelle de notre part avant demain matin, cinq heures tapantes, ils devraient décoller pour leur futur abri, l’ile d’Esmée. Le Chef Swan m’étreignit férocement en tapotant maladroitement mon dos avant de me lancer un regard d’une tristesse poignante.

- Prends soin de ma fille, Edward.
- Toujours Charlie, je vous le promets.
- Et… Fais attention à toi, gamin. Je t’aime fils !

Un sanglot lui échappa tandis que je hoquetais en resserrant mon étreinte, touché par ses paroles ; le Chef Swan n’est pas du genre à s’épancher sentimentalement parlant.

- Je t’aime aussi p’pa et je ferai attention à moi.

Bella, le visage rayonnant des paroles de son père à mon égard, s’approcha de nous, Carlie entre les bras, avant de se joindre à notre étreinte. Nous nous séparâmes quelques minutes plus tard et j’eus l’impression qu’une partie de moi-même se déchirait à cet instant.

- Tu prendras soin de Charlie pour moi, d’accord ma puce ?
- Je te le promets Bella. Pleurnicha l’enfant qui ne voulait pas partir.

Finalement, Angela, Ben, Kim, Sue, Billy, Charlie et Carlie sortirent de la maison – pour la dernière fois, peut-être – non sans nous souhaiter bonne chance.

- Vous allez leur botter les quiches aux méchants, hein ? S’exclama Carlie alors qu’Aro lui tapotait doucement la tête.
- Les « miches », Carlie. On dit les « miches » ma chérie.

Le Volturi s’était pris d’affection pour cette gamine qui ne voyait en lui qu’un homme et non un monstre. Aro lui embrassa le front une dernière fois avant de l’installer dans son siège rehausseur et de boucler sa ceinture de sécurité.
La voiture démarra dans un nuage de fumée et un dernier « au-revoir » collectif. Oui, «au-revoir». Personne ne souhaitait prononcer un « adieu » de malheur…
Nous nous préparâmes tranquillement, nous habillant de vêtements pratiques. Leggings élastiques et tee-shirts près du corps pour les filles, pantalons amples et tee-shirts simples pour les hommes. De leur côté, les Modificateurs s’étaient tous vêtus de la même façon, le torse et les pieds nus et les jambes recouvertes d’un pantalon en peau retournée. Leurs visages, bras, dos et torses étaient parés de leurs plus belles peintures de guerre, différentes selon les tribus d’origine, puis les Indiens se déhanchèrent sur une « danse de la victoire » Navajo. Emmett les rejoignit rapidement, se dandinant d’une façon absolument ridicule, et nous les joignîmes tous rapidement.
A leur demande, Carlisle injecta aux Enfants de la Lune un produit paralysant au niveau du larynx, afin que leurs cordes vocales ne trahissent pas leur effroyable métamorphose. Nous voulions tous garder l’effet de surprise de leur présence à nos côtés. Ils resteraient à la villa avant de nous rejoindre, une fois transformés, sur la vaste plaine entourée de collines où nous allions rencontrer nos ennemis. Nous voulions être loin de Forks ou de tout lieu habité afin que les humains ne perçoivent rien de la bataille.
Nous laissâmes les Lycans derrière nous, comme prévu, puis nous rendîmes d’un pas assuré jusqu’à la prairie, les couples avançant main dans la main, étroitement collés l’un à l’autre. Nous arrivâmes finalement un peu avant le crépuscule et commençâmes donc nos préparations.
Dispersés sur plusieurs lignes, les talents offensifs tels Benjamin ou Zafrina au front, les Modificateurs, sous leurs formes humaines, fermaient chaque rang, impatients malgré la peur au ventre de se lancer dans la bataille.
J’ouvris alors mon esprit et écoutais attentivement les pensées adverses, amplifiées par la présence de Nabil.

- Ils seront là dans moins de cinq minutes. Affirmais-je, concentré sur leur avancée.
- Comment font-ils pour que leurs nouveau-nés restent ainsi groupés ? Demanda Jasper qui avait une excellente connaissance du comportement des jeunes vampires.
- Chelsea…
- La sale petite traîtresse… J’aurai dû m’en douter ! Cracha Aro, furibond. Et ma Sulpicia… est-elle là ?
- Oui. Maintenue par plusieurs gardes. Elle a du caractère ! Ricanais-je en voyant le foin qu’elle faisait, se débattant furieusement et donnant des coups de pied à tous ceux qui passaient à sa portée.

Aro sourit tendrement avant de se tourner vers Diego.

- Tu es prêt mon enfant ?
- Oui. Je vous la ramènerai Aro, je vous le jure !

Aro hocha la tête en signe de remerciement tandis que ma Bella nous recouvrait tous de sa protection.
Les yeux rivés devant nous, nous attendions dans le calme. Apparent, évidemment.
Alors que leurs silhouettes se dessinaient à l’horizon, Jasper dispersa sous le bouclier une onde de sérénité, amplifiée par Nabil, avant qu’ils ne soient tous deux temporairement exclus de la protection de mon ange, le temps de bombarder des vagues d’appréhension sur nos ennemis, discrètement.
Finalement, ils apparurent clairement, avançant d’un pas militaire avant de se déployer en plusieurs lignes, Jane et Alec en tête des talents offensifs. S’il n’était pas parmi eux, je le plaindrais ; Alec avait l’air misérable aux côtés de sa sadique jumelle…
Sulpicia, fermement maintenue par une demie douzaine de vampires, hurlait, menaçait, feulait, invectivait… tandis que cinq silhouettes apparaissaient en tête ; Caïus et sa compagne, Athénadora, un sourire victorieux aux lèvres, Felix, une grimace de dégoût et de fureur en nous voyant, Bella et moi, tendrement enlacés, et enfin deux vampires que je n’avais jamais vu, mais dont j’avais souvent entendu parler. L’un, chauve, la peau tendue sur les os, le regard vitreux par le poids des ans et l’autre, de longs cheveux noirs filasses dégoulinant sur ses épaules, le visage émacié et le corps tordu ; les Roumains, Stefan et Vladimir, apparemment sortis de leur transe prolongée.

- Pourquoi ne m’en suis-je donc pas douté ! S’exclama dédaigneusement Aro en les voyant. Il fallait donc que tu prennes exemple sur ces détritus, mon frère ? Comme le dit l’adage, « qui se ressemble, s’assemble » !
- Tu n’es pas en position de faire la morale, Aro. N’as-tu donc pas vu à quoi tu t’allies ? Des vampires dégénérés et faibles ainsi que des chiens galeux ! Il est temps d’exterminer cette vermine et de prendre la place qui nous revient de droit ! Cracha Caïus alors que les Modificateurs grognaient, le regard noir, en entendant ses paroles.
- Mon pauvre Caïus… la folie ne te sied point au teint ! Décidément, tu as passé trop de temps sur ton trône pour croire que l’Humanité devrait nous servir… Quant à vous, Stefan et Vladimir, votre trop longue hibernation vous est montée à la tête ! Je suis sûr que nous pourrions vous trouver une magnifique cellule capitonnée dans les cachots du palais. S’exclama Marcus en feignant la compassion.
- C’est toi qui es fou, Marcus. Fou de croire que nous devrions nous contenter d’une vie dans les ténèbres. Caïus a enfin compris que nous étions des Dieux et que nous devions être vénérés comme tels ! S’exclama Stefan, un sourire mauvais aux lèvres.

Pendant que les Anciens discutaillaient de cette histoire de domination mondiale, le regard cruel de Felix ne me quittait jamais. J’y lisais tout ce qu’il souhaitait me faire subir et pour enfoncer le clou, j’enroulais étroitement mon bras autour des épaules de mon ange, posant nonchalamment ma main sur son sein et embrassais tendrement son front, non sans un clin d’œil destiné au Fléau. Je sentis alors un léger coup dans mes côtes et me tournais vers ma Bella qui avait un petit sourire narquois aux lèvres.

- Dis-moi mon cher époux…

Un rugissement sonore retentit lorsque Felix entendit de la bouche même de ma douce que nous étions mariés. Mon sourire s’en étira instantanément…

- Je disais donc, avant d’être si mal poliment coupée, c’est qui ça ? Dracula Premier et Dracula Second ? Fit-elle semblant de chuchoter en pointant Stephan et Vladimir du doigt.

Les Roumains, offensés par les paroles de mon épouse, se tournèrent vers elle d’un seul homme.

- Pour qui te prends-tu, petite sotte ? Comment oses-tu parler de cette façon à tes Maîtres ? S’exclama rageusement Stefan.
- Là c’est vous qui vous prenez pour ce que vous n’êtes pas. Je n’ai ni Dieu, ni Maître ! Vous feriez mieux de redescendre de votre piédestal et de vous croire tout puissant. Et franchement, c’est quoi ces capes ? On n’est pas à Hollywood, bon sang ! Au cas où vous ne le savez pas, Bela Lugosi a passé l’arme à gauche depuis un bon demi-siècle, alors pas la peine de vous accoutumer de cette façon ridicule, ça fait Dracula d’opérette. En plus c’est démodé ! Leur dit-elle en faisant de grands moulinets avec ses bras alors qu’Alice sautillait joyeusement de l’entendre parler « mode ».
- Ne sais-tu donc pas qui nous sommes, jeune impudente ? N’as-tu jamais entendu parler de nous ? Lui demanda Vladimir, un sourire malveillant aux lèvres.
- Huummm… Non ? Et entre nous, je m’en fous comme de ma première culotte, vous savez !
- Toute une éducation à refaire… Je m’appelle Vladimir. Vladimir, Comte Dracul. Oui, jeune sotte, tu as bien entendu… Je suis LA légende. C’est mon nom qui a fait frémir des millions d’hommes bien avant ta naissance et c’est mon nom qui continuera à les faire frémir lorsque nous vous aurons écrasés comme les vulgaires insectes que vous êtes ! Cracha Vladimir, outré par le manque de respect que nous lui portions.
- AAaah… C’est bien. Excusez-moi Dracula… euh… Comte Dracul ! S’exclama mon ange en lui faisant une petite courbette. Mais vous savez,  Dracula dans le monde humain, c’est une histoire, un conte pour enfants, alors histoire vous êtes, histoire vous resterez. Ok?

Alors que Vladimir continuait à la regarder de cet air malveillant, Caïus fit claquer ses doigts et Demetri arriva, traînant Sulpicia après lui avant de l’obliger à s’agenouiller devant lui, de tirer ses cheveux violemment afin de forcer sa tête en arrière et d’enrouler étroitement son autre main autour du cou de la Reine, un sourire effroyable aux lèvres. Aro frémit, terrorisé et enragé à la fois, puis il vrilla Demetri d’un regard noir.

- Comment as-tu pu… Comment as-tu pu me trahir de la sorte ?
- Êtes-vous donc devenu sénile pour l’avoir oublié, Maître ? Cracha Demetri d’un ton dédaigneux. Croyez-vous réellement que j’allais suivre vos ordres après ce que vous m’avez fait ?
- Fais quoi, Demetri. Que t’ai-je donc fait pour que tu te retournes ainsi contre moi ? Lui demanda Aro, envahi par l’incompréhension.
- Ma compagne… Vous l’avez tuée sous mes yeux !
- Ta compagne ? Mais… tu n’en as jamais eue ! S’exclama le Volturi, surpris.
- Mensonges ! Ma Lubmilla, ma moitié… vous l’avez décapitée sous mes yeux avant de m’obliger à vous suivre comme un chien ! Hurla Demetri, au bord de l’apoplexie.

Je n’y comprenais plus rien, et apparemment je n’étais pas le seul.  Marcus nous avait bien parlé de Lubmilla, cette cinglée persuadée que nous descendions du peuple des Atlantes, mais jamais il n’avait dit qu’ils étaient compagnons d’éternité ! Et pourtant, en plongeant dans les pensées du garde, je revis clairement l’assassinat de cette vampire et les hurlements de douleurs de Demetri en voyant sa compagne périr dans les flammes.
Au même moment, un gigantesque vampire taillé comme un roc et aux longs cheveux blonds, rappelant étrangement un Viking, nous fit un petit « coucou » de la main en souriant largement avant d’envoyer un baiser du bout des lèvres en direction d’Aro. Siegfried… Il avait perverti l’esprit de ce pauvre Demetri jusqu’à lui faire croire qu’il avait eu une compagne…
Caïus, un sourire diabolique aux lèvres, se tourna vers Aro, les bras croisés sur le torse alors qu’Athénadora ricanait comme une hyène à ses côtés.

- Je ne serai pas aussi cruel que toi, mon cher Aro. Je te laisserai donc le choix. Reconnais ta défaite en nous offrant la jeune Isabella et ta compagne reste en vie ou garde l’effrontée et Sulpicia crèvera sous tes yeux !

Je grognais en entendant la raison de la séquestration de Sulpicia, tout comme Aro, elle n’était qu’une vulgaire monnaie d’échange... La Reine, quant à elle, se débattait furieusement malgré la poigne de Demetri.

- Ne fais pas ça, Aro ! Ne les laisse pas mettre la main sur cette jeune fille ! Je préfère mourir que de voir ce monde perdu et détruit par leurs mains abjectes ! Je t’en supplie il moi dolce principe, protège-la !

Le visage de Sulpicia était déformé par la peur ; peur de perdre la vie sous les yeux de son époux et peur que ma Bella ne tombe entre les griffes de nos ennemis. Caïus, Felix, Athénadora et les Roumains souriaient largement, persuadés qu’Aro ferait le bon choix à leurs yeux.
Tout se passa alors très vite. Diego, protégé de leurs vues par la carrure d’Emmett, effleura le coude de mon ange qui l’expulsa de son bouclier. Il se téléporta instantanément derrière Demetri, fit une pression au niveau de son poignet l’obligeant ainsi à relâcher le cou de Sulpicia, puis enroula ses deux bras autour de la Reine avant de réapparaître à nos côtés. Le tout avait pris à peine deux secondes. Sulpicia criait encore lorsque Diego la poussa dans les bras d’Aro.
Lorsqu’ils s’aperçurent de la perte de leur monnaie d’échange, Caïus, Felix et Les Roumains feulèrent d’indignation.

- ALEC ! JANE ! CHELSEA ! ALLEZ-Y ! Hurla Caïus, fulminant de rage.

Le visage de Jane était déformé par la fureur alors qu’elle nous bombardait de toute la force de son talent, inutilement, et alors qu’il luisait doucement éclairé par la lune, trois loups hurlèrent dans la nuit.
Caïus frémit en entendant le hululement, l’esprit embrumé par de violents souvenirs de sa dernière rencontre avec Nicholaï avant de se rappeler que les Enfants de la Lune avaient tous été exterminés. S’ils savaient.
Les Roumains, eux, nous observaient avec délectation, se voyant déjà faire leur marché parmi les talents dont nous disposions, tandis que Felix bouillait de rage en voyant Bella collée à moi.
Puis tous se raidirent lorsque les trois Lycans entrèrent à une allure folle dans la prairie avant de se poster nonchalamment à nos côtés.

- Impossible ! S’écria Caïus, le visage déformé par la haine. As-tu donc perdu le peu de respect que tu avais pour ta compagne en t’alliant à ses assassins, Marcus ?
- Non mon cher frère. Vois-tu, j’ai appris il y a peu que l’extermination des Enfants de la Lune était basée sur un mensonge. Ton mensonge…
- C’est faux ! Ce sont ces bêtes monstrueuses qui l’ont tuée !
- Non. Felix l’a assassinée. Et tu as couvert ce meurtre en faisant d’une pierre deux coups pour ainsi détruire toute une race, sachant que je ne laisserai jamais la mort de ma compagne impunie !

Caïus sursauta légèrement, surpris, avant qu’un sourire mielleux n’étire ses lèvres.

- Voyons mon frère, tu sais très bien que Felix aimait Didyme de toute son âme, il ne l’aurait jamais tuée ! Il n’a fait qu’essayer de la défendre alors qu’elle se faisait attaquer par l’un de ces chiens puants. Tu le sais, non ?
- C’est ce que j’ai toujours cru, jusqu’à ce que je rencontre les derniers Lycans. Vois-tu, ils m’ont raconté une histoire des plus intéressantes… Je tiens d’ailleurs à te présenter Nicholaï, vous vous êtes croisés il y a longtemps, tu t’en souviens ? Expliqua Marcus d’une voix douce, sans jamais quitter celui qui fut son frère des yeux.

Nicholaï vrilla alors son regard vermillon à celui de Caïus avant de faire claquer ses mâchoires de façon menaçante tout en passant lentement une griffe acérée au niveau de son cou puis de pointer sa patte vers Caïus.

- Caïus, voici Nicholaï. Nicholaï, je ne pense pas avoir besoin de te présenter l’assassin de ta femme et de tes enfants, je me trompe ? Demanda Marcus d’un air jovial.
- Comment peuvent-ils être si… maîtres de leur raison, c’est impossible ! S’exclama Athénadora, stupéfaite par le calme des Enfants de la Lune.
- Rien n’est impossible dans la vie, quand on veut, on peut ! Claironna gaiment ma douce, la tête posée sur mon épaule. Et en parlant de pouvoir… vous ne pourriez pas déguerpir d’ici ? Franchement vous nous polluez notre atmosphère avec vos idées de domination mondiales nauséabondes ! Et je ne parle même pas de cette horrible odeur de naphtaline que vous dégagez, on voit que ça fait longtemps que vous n’êtes pas sortis de vos placards ! Quoique… dans le cas de Dracula I et Dracula II, j’aurai plutôt dû dire «trous » à la place de placard.
- TAIS-TOI PETITE SOTTE ! Cracha Vladimir d’un ton venimeux avant de se tourner vers Felix. Au vu de cette extraordinaire ressemblance, j’imagine qu’elle est la jeune Isabella ? Son manque de respect à notre égard est tout simplement inadmissible, Felix, il va falloir y remédier au plus vite !

- Oh mais ne vous inquiétez pas, je compte bien reprendre toute son éducation de… main ferme et dompter ce caractère belliqueux. Une fois passée entre mes mains, puis celles de Siegfried, elle redeviendra aussi douce qu’un agneau. Susurra Felix, son regard glacial vrillé sur le corps de ma douce.
- Ferme-la Felix, on sait très bien, toi et moi, que tu es incapable de me dompter !
- Si tu étais capable de faire preuve de bon sens, Isabella, tu ferais mieux de reprendre ta place au plus vite ! C’est-à-dire à genoux devant moi. Ainsi ta bouche servirait à autre chose que débiter ces absurdités ! Cracha-t-il d’une voix venimeuse.
- Le jour où je me mettrai volontairement à genoux devant toi, tu finiras eunuque ! Remarque, ça ne fera pas grande différence avec ce que tu es actuellement, non ? Répliqua ma Bella en papillonnant des cils.

Un hurlement strident se fit entendre et j’aperçus alors la petite Jane taper le sol des deux pieds telle une enfant capricieuse. Son don ne fonctionnant pas sur nous, elle piquait sa crise. Ce qui me surpris au plus haut point, par contre, fus le léger sourire sur les lèvres d’Alec. Mais il avait été si furtif que je me demandais si je ne l’avais pas rêvé.
Les Roumains et Caïus commençaient à perdre patience ; Felix aboya après un tout jeune vampire et l’obligea à s’approcher. Le gamin ne devait pas avoir plus de 14 ans lors de sa transformation et il tremblait violemment, terrorisé par Felix ; il avait peur de lui avoir déplu par un quelconque acte.

Un inhibiteur ! Ça alors, je n’en avais encore jamais rencontré… Il est capable d’annuler les effets d’un talent, mais je doute qu’il soit capable de pénétrer les défenses d’Isabella. En ce qui concerne nos autres talents, il pourra malheureusement les éteindre s’il le souhaite. Mais… il est encore très jeune, il ne devrait pas être capable d’en annuler plus de deux ou trois en même temps…

Je hochais brièvement la tête à l’attention d’Eléazar tandis que j’observais, dégoûté, ce pauvre gosse être secoué dans tous les sens par la poigne brutale de Felix.

- Annule son bouclier ! Maintenant !
- Je... je… je n-ne pe-pe-peux pas Maître ! J-j-je ni-n’y arrive pas !
- Mais qui m’a foutu un incapable pareil dans les pattes ? ARG !

Il relâcha violemment le gamin qui tomba aux pieds des Roumains alors que ceux-ci lui jetaient des regards dédaigneux.

- Il nous sera toujours utile plus tard, la petite effrontée ne sera pas capable de les protéger constamment, non ? Ils ont peut-être des talents, mais sans ça ils ne sont rien. Les rassura Caïus alors que son regard sinistre balayait nos rangs.
- Nous sommes plus nombreux, ils ne feront pas le poids face à nous. Et avec l’expertise de Felix au combat, ils ne tiendront jamais le coup ! S’exclama amoureusement Jane en jetant un regard de braise à Felix.
- Beurk ! C’est répugnant ! S’exclama ma douce suite au cinéma de Jane.
- Jalouse, Beauté ? Tu n’es en fin de compte pas si irrécupérable que ça ! Susurra Felix en la dévisageant avidement.
- Jalouse, moi ? De qui ? Elle ? Tu rigoles ! Quand je parle de « répugnant », je me référais à son expression. Quand on voit  ses yeux globuleux au regard bovin et sa bouche de crapaud qui ne demande qu’à gober ce qu’il passe à sa portée se déformer pour prendre une allure… sensuelle, dirais-je, personnellement je n’ai qu’une envie, vomir. Enfin, heureusement que le ridicule ne tue pas, n’est-ce pas Janie ?

Mon ange envoya un baiser à la petite Jane qui trépignait de colère, la fusillant du regard. Si son talent pouvait atteindre ma Bella, elle serait au sol à se tordre de douleur.
Les Roumains et Caïus continuaient à palabrer avec Aro et Marcus, se vantant de leur nombre de nouveau-nés. Ils étaient peut-être trois fois plus nombreux que nous mais nous avions un atout de notre côté, en plus de Bella ; nous savons combattre.
Et alors que j’entrevoyais notre future victoire, une voix féminine s’éleva au loin, amplifiée par l’écho des montagnes.

- Mon vieil ami ! Comment vas-tu depuis toutes ces longues années ?