Edward & Bella

Edward & Bella

dimanche 23 octobre 2011

49 - Explications

Le soleil s’était levé depuis un bon moment déjà lorsque nous nous décidâmes à quitter le lit.
Charlie avait besoin de réponses, tout comme Bella, et une discussion passablement tendue était à prévoir.
Après avoir usé de ses charmes, et surtout de sa bouche, sous la douche, nous retournions nous habiller dans la chambre.
Focalisé sur ma Bella, je ne faisais plus attention aux pensées des uns et des autres, et alors que je lui envoyais mon drap de bain à la figure pour s’être moquée de mon état ultra hormonal, la porte s’ouvrit dans un grand fracas, Bella enroulée dans sa ridicule serviette et moi à poil, au garde à vous…

- Salut la compagnie ! Assez copulé ! J’viens vous cherch… oh putain ! D’où que c’est qu’elle t’a marqué la frangine ! La vache ! T’as dû en chier mon poteau ! Un peu plus au centre et tu finissais castrat ! Claironna Emmett en se cachant les yeux d’un geste théâtral. Cache-moi ça avant que je ne sois aveugle parce que tu m’auras crevé l’œil, ô mon frère adoré ! Et habillez-vous, Charlie et Sue sont levés depuis un bail et vous attendent ! D’ailleurs, vous avez de la chance que ce ne soit que moi, el Cheffe a failli débarquer au réveil !

Ouais. Ben heureusement que beau-papa n’est pas venu ! Entre nous, je pense qu’il n’aurait pas beaucoup apprécié de me voir baiser la bouche de sa fille…

Emmett sortit enfin de la chambre et nous attendait dans le salon.
Bella le maudissait pour avoir débarqué comme ça, sans prévenir, et promettait de se venger à nouveau, ce qui me fit bien rire et apeura Emmett.
Bella enfila un jeans délavé puis passa une tunique bleue nuit tout en chaussant ses boots, et une fois que je fus habillé d’un treillis et d’un tee-shirt noir, mes rangers aux pieds, nous sortîmes de la chambre main dans la main, puis du cottage, sans nous intéresser à Emmett. Il bougonna puis bouda franchement d’être ainsi ignoré.
Lorsque nous arrivâmes à la villa, Bella me fut arrachée des bras par son impatient de père. Elle l’étreignit puis vint le tour la petite Carlie qui s’éveillait en douceur.
La gamine vit Emmett et lui fonça dessus, hurlant « hue dada ! ». Emmett ne se fit pas prier pour la distraire mais il se fit gronder rapidement par Esmée car il empêchait la gosse de petit-déjeuner.
Par respect pour le Chef Swan, nos amis non végétariens avaient déserté les lieux, tout en restant à une distance raisonnable au cas où. Seuls les deux Volturi étaient restés.
Une fois leurs estomacs humains remplis, Rosalie emmena la petite fille à l’écart, prétextant qu’elle devait prendre un bain. Pas la peine que Carlie assiste à la conversation qui allait suivre après ce qu’elle avait déjà vécu.
Le Chef Swan nous raconta donc ce qu’il s’était passé, de son accident jusqu’au moment où Bella s’était retrouvée enfermée avec lui.
Lorsque nous lui expliquâmes qu’il y avait une incohérence temporelle entre son accident réel et celui déclaré par le FBI au vu des preuves, il tiqua trouvant cela plutôt étrange. Il nous confirma bien que son accident avait eu lieu le soir, et non à l’aube comme le soulignait l’agent Mallone.
En bref, un accident dans d’étranges circonstances et surtout quelle drôle de coïncidence qu’il soit repêché par un groupe de vampires dont le chef en avait après sa fille !
Jasper se massait les tempes, le visage figé et les sourcils froncés. Brusquement, il se redressa en tapant du poing sur la table ; il la fendit sous les yeux éberlués de Charlie et ceux attristés d’Esmée.

- Oh non ! Pas encore ! C’est au moins la vingt-troisième table que vous m’abîmez depuis notre arrivée à Forks ! Pleurnicha Esmée.
- Pardon m'man ! Désolé ! C’est juste que…

Jasper était surexcité et n’arrivait pas à parler, ni à penser, clairement.

- Qu’y-a-t-il Jasper ? Demanda Carlisle d’une voix inquiète.
- Je… je trouve juste de plus en plus bizarre cet écart de temps entre l’accident de Charlie et la version du FBI…
- Que veux-tu dire ?
- Nous savons de source sûre que Charlie a été percuté en soirée… ET si ce n’était pas un animal sauvage qui l’avait embouti ? Si c’était plutôt… l’un des nôtres ? Au plus j’y pense, au plus j’en suis sûr et certain ! Et si ce… Siegfried s’était occupé de traficoter le mental des agents du FBI ?
- Mais… et leurs preuves ? S’exclama le Chef Swan. D’après ce que vous me dîtes, le FBI aurait des preuves de mon « accident » arrivé au petit matin !
- Les preuves peuvent être aisément fabriquées, vous savez. Et si effectivement Siegfried y est lié, même sans preuves, le FBI est persuadé que vous avez été victime d’une collision avec un cochon sauvage et que vous avez disparu dans le lac au petit matin. Expliqua Jasper.

Le Chef Swan se grattouilla le menton un instant puis lissa les poils de sa moustache pensivement.

- Siegfried… Nous en avons souvent entendu parlé, Bella et moi… Enfin plus Bella car la moitié des conversations m’étaient totalement incompréhensibles… Qu’a-t-il donc de si particulier ce vampire pour vous faire trembler ?

Aro, qui était jusqu’à présent resté silencieux, s’installa face au Chef Swan avant de prendre la parole.

- Vous avez dû découvrir par vous-même, cher Monsieur, que certains membres de notre… communauté… sont pourvus de dons, de talents. Télépathie… empathie… divination… torture psychique… bouclier… Dans son cas, Siegfried est un… manipulateur de pensées. Il peut ôter de votre esprit les souvenirs qu’il désire et en implanter d’autres qui vous sembleront parfaitement réels. Par exemple, il pourrait vous faire oublier vos nombreuses années de bons et loyaux services envers votre municipalité et « effacer » votre charmante fille de vos souvenirs pour faire de vous un charmeur de serpents ou un moine, entre autres. Dans certains cas, son talent peut s’avérer très utile ! Mais entre de mauvaises mains…

Aro secoua la tête tout en laissant sa phrase en suspend et Charlie frissonna avant de reprendre le fil de son récit.
Lorsqu’il en vint à parler d’Alec, on vit clairement qu’il affichait une forte compassion et une profonde tristesse envers le vampire.

- … C’est vrai quoi ! Ce pauvre gosse, même s’il est sûrement bien plus vieux que moi, a toujours été… gentil avec moi. Il me traitait avec respect et je voyais bien qu’il était désolé pour moi. Ce pauvre gamin est manipulé par les autres, ça se voit ! Il rampe aux pieds de sa folle de sœur… elle est vraiment démoniaque celle-là… brrr ! … C’est Alec qui se chargeait de m’apporter les repas… c’est le seul qui m’ait considéré… humainement dirais-je. Pour les autres, j’avais l’impression d’être un singe dans une cage et qu’ils visitaient le zoo… Quand je pense à ce qu’ils lui ont fait pour avoir apporté juste un peu de sa… de sang… à ma fille, j’en ai froid dans le dos. Et encore, je ne sais pas tout, Bella n’a pas voulu me raconter…
- Et elle a bien fait, Charlie. Croyez-moi, c’était ignoble… Dis-je en me secouant la tête, essayant de chasser la torture d’Alec de mon esprit.
- Que… quoi… Bella t’a raconté ?
- Non. Euh… Alice l’a vu… et moi aussi…

Le cœur du Chef Swan se mit à battre à toute allure, ses artères diffusaient le sang de plus en plus vite dans son corps, sa tension grimpait en flèche et il devint rouge de colère.

- Comment ça ? Vous… vous nous avez vus ? Vous avez vu ce que nous avons vécu, ce que ma fille a subi, et vous n’avez pas levé le petit doigt pour nous aider ? Et après toi, toi ! Tu oses me dire que tu aimes ma fille ? Tu ne manques pas de culot, mon gars ! Bella était torturée, jour après jour, pendant que toi tu étais là à ne rien faire et tu oses…

Mon corps se tordit de douleur et je grimaçais en revoyant les séances de « rééducation » de ma Bella dans mon esprit. Je comprenais sa colère, mais il ne savait pas.
Carlisle s’interposa entre le Chef Swan et moi puis posa une main sur son épaule, l’obligeant à se rasseoir.

- Charlie, je comprends votre colère et croyez-moi…
- Que je vous croie ? Vous me comprenez ? Vous vous foutez de moi ? Vous n’avez pas bougé le petit doigt ! Il ne se passait pas une journée sans que je ne me concentre sur les alentours, espérant qu’Alice repère l’endroit où nous nous trouvions ! Il ne se passait pas une journée sans que ma fille subisse des sévices et des actes de barbarie sans nom et vous me dites que vous me comprenez ? C’est la meilleure !
- Charlie, ça suffit ! S’exclama Sue Clearwater qui était restée en retrait. Écoute-les et tu comprendras pourquoi ils sont restés en retrait. Ce n’était pas de gaîté de cœur, ils étaient tous effondrés sachant ce que Bella subissait, principalement Edward. Fais-moi plaisir Charlie et écoute ce qu’ils ont à te dire.

Je sentis les bras minces de Bella s’enrouler autour de ma taille et m’aperçus que je m’étais laissé glisser contre une chaise, envahi par la culpabilité et les regrets, assommé par le poids des remords et visions de tortures…
Je la fis passer sur mes genoux et l’étreignis étroitement avant de nous bercer lentement pendant que mon père expliquait au Chef Swan les raisons pour lesquelles nous étions restés ici, à attendre qu’ils reviennent.
Il lui raconta que j’avais voulu partir à leur recherche juste après la première torture de sa fille, mais que tous m’en avaient empêché à cause des visions qu’Alice avait eues. Il lui détailla plus qu’explicitement ces visions de cauchemar, ce futur probable qui aurait eu lieu si j’étais parti les retrouver. Il lui expliqua que même s’ils y étaient tous allés, Bella aurait été incapable de nous protéger de son bouclier, bien trop affaiblie par la soif, et que nous aurions tous péris. Qu’ensuite, Bella n’aurait plus été qu’un objet, un corps sans âme, ne faisant qu’obéir aux ordres, tuée de l’intérieur. Que le monde qu’il connaissait n’aurait plus été qu’un lointain souvenir…
Carlisle lui raconta même combien je pouvais être masochiste, puisque je m’étais fait un point d’honneur à subir mentalement ce que mon ange subissait physiquement au point de me retrouver dans une espèce d’état catatonique dont je n’étais sorti que la veille, juste avant l’appel de Bella.
Au fur et à mesure des explications de Carlisle, le visage de Charlie Swan palissait de plus en plus, tout comme il hoquetait souvent de dégoût et d’horreur, particulièrement lorsque les ignobles visions touchaient sa fille.

- Mais… si les visions d’Alice sont subjectives, comment pouvait-elle donc être certaine de ce qu’il arriverait si vous étiez tous venus ? Vous avez des dons, non ? Des talents ! Vous auriez pu nous sortir de là bien avant ! S’époumona le Chef Swan d’une voix venimeuse.
- Il se trouve que vos tortionnaires aussi ont des talents ! Et pas des moindres… Malheureusement, si nous étions venus à votre secours, sans l’aide de Bella nous n’aurions rien pu faire, hormis périr à vos côtés… Expliqua calmement mon père.
- Mais… mais elle a su nous protéger, Carlie et moi ! Elle aurait tout aussi bien pu vous défendre, non ?
- Malheureusement non, Charlie. Entre protéger deux personnes quasiment immobiles et un groupe d’une trentaine de combattants en mouvement, il y a une énorme différence ! Elle n’avait pas la force de nous défendre le temps que nous en finissions avec vos kidnappeurs.
- Mais vous n’en savez rien ! Éructa Charlie, rouge de colère.

Bella quitta mes bras et se rendit jusqu’à son père, posant une main sur son épaule afin de l’apaiser.

- Ils ont bien fait de ne pas venir, papa. Ils ont eu raison…
- Ben tiens, défends-les ! Tu as été torturée pendant trois semaines, Bells. Trois semaines ! S’ils étaient venus…
- Je n’aurai rien pu faire ! Papa, je ne vous protégeais, Carlie et toi, que lorsqu’il y avait Jane ou Félix à proximité ! Je ne pouvais pas laisser mon bouclier actif 24h/24. J’étais… épuisée. Ils seraient tous morts s’ils étaient venus à notre secours ! Et toi aussi papa !
- Mais bien sûr ! Tu dis ça uniquement parce que la diseuse de bonne aventure l’a dit !
- Non papa. Je le dis parce que c’est la vérité. Et avec le temps, j’ai appris qu’il vaut mieux se fier aux visions d’Alice.

Le Chef Swan croisa ses bras sur son torse et se mit à bougonner avant de poser une autre question.

- Pas que je ne sois pas heureux que rien de ces visions cauchemardesques ne se soit réalisé, mais quel rapport peut-il y avoir entre ce… Félix… et cette… révolution que vous semblez tant craindre, monsieur ? Demanda-t-il à Aro, soutenant l’intense regard pourpre du vénérable vampire.
- Disons, cher monsieur, que notre frère Caïus n’a jamais vraiment accepté l’idée de… vivre dans la clandestinité. Pour lui, comme pour beaucoup d’autres membres de notre communauté, les humains devraient nous… déifier et vivre en esclavage. Caïus a de sacrés dons d’orateur en plus de son charisme naturel, un peu comme ce vieux cinglé d’Adolf. Rendez-vous compte, prendre le pouvoir avec seulement 33% de votes ! Bref. Si Caïus venait à lever une armée, cela serait terrible. Pour nous autres, vampires, mais surtout pour vous, humains. Heureusement, les vampires ici présent, même les… carnivores dirais-je, veulent continuer à vivre clandestinement. Nous avons donc également un semblant d’armée. Mais si Félix s’allie à Caïus, je crains le pire… Ce n’est pas pour rien qu’il est nommé le « Fléau » chez les nôtres.
- Humm… J’ai entendu Bella l’appeler ainsi… Et pourquoi ce pseudonyme en question ? Demanda le Chef Swan, la voix vibrante de curiosité.
- Et bien disons que… que rien ne l’arrête. Répondit Aro en choisissant soigneusement ses mots. Son art de la guerre n’a d’égal que sa folie démesurée. Il est capable à lui seul de combattre une dizaine d’assaillants en même temps. C’est un guerrier émérite ! Mais malheureusement complètement fou. Si nous, Volturi, dirigeons notre communauté depuis de nombreux siècles, nous avons pu asseoir notre position de force au sein du monde vampirique principalement grâce à lui. Mais aussi aux jumeaux. Leurs réputations les précèdent de loin !
- Mais s’il était à ce point fou et intenable, pourquoi ne l’avez-vous pas achevé avant ? S’énerva Charlie.

Une voix faible et empreinte d’un profond chagrin s’éleva et Marcus ne prononça qu’un nom : Didyme.

La voix poignante d’une infinie tristesse, Marcus raconta sa douloureuse histoire à Charlie et Bella. Les siècles étaient passés et pourtant, on sentait toujours à quel point Marcus avait aimé sa compagne. A quel point il l’aimait toujours d’ailleurs…
Il expliqua les raisons pour lesquelles Félix était devenu fou, après que Didyme soit morte sous les coups d’un loup-garou, et que depuis ce funeste jour, il avait perdu toute trace d’humanité pour ne devenir qu’un être barbare, dénué de tout sentiment. Le laisser vivant était une sorte d’hommage à sa feue épouse…
Plusieurs fois, je vis Bella se mordre la lèvre, comme si elle retenait ses paroles, puis froncer les sourcils en signe d’incompréhension. Marcus avait à peine fini ses explications que Bella claquait sa langue contre son palais, ennuyée par je ne sais quoi.

- Je ne comprends pas. Je ne l’ai pas connu comme ça… Je…
- De qui parles-tu ma chérie ? Demanda Charlie d’une voix douce.
- Félix. Je…

Je me raidis, en proie à la trahison et à la jalousie en entendant mon ange prononcer le prénom de ce boucher sadique avec tant de détachement.

- Mais qu’est-ce qu’il te prend Bella ? Après tout ce que ce malade t’a fait subir, tu le défends encore ? M’énervais-je en me levant brusquement.

Je n’en croyais pas mes oreilles. Après tout ce qu’elle avait perdu et subi à cause de lui, elle le défendait encore !
Jalousie. Trahison. Haine. Rejet.

- Tu ne comprends pas, Edward !
- Ce que je comprends, c’est que tu le défends !
- Mais je…
- Vas-y ! Si tu crèves tant que ça de le revoir, vas-y ! Y’a rien qui te retient ici ! Ton père et la gosse sont en sécurité maintenant, et puisque apparemment tu raffoles de t’en prendre plein la gueule, retourne là-bas ! Va jouer les carpettes et rampe à ses pieds ! Je suis…

Je feulais et tremblais, en proie à des sentiments néfastes, violents et dévastateurs, puis me figeais lorsque sa main s’abattit violemment sur ma joue. Je fixais Bella, choqué qu’elle m’ait giflé et surtout trahi. Mon cœur se fissura lorsque je réalisais qu’elle ne m’aimait pas autant que je ne l’aimais puisqu’elle en venait à préférer un boucher. Son tortionnaire…
Les vampires étaient-ils donc sujets au Syndrome de Stockholm ? Oui, la preuve…
Charlie Swan observait sa fille, le visage frappé par le choc et l’incrédulité, puis il me jeta un regard à mi-chemin entre les reproches et la peine.
Vaincu, je baissais la tête et fis demi-tour afin de sortir d’ici au plus vite lorsque Bella m’agrippa fermement le poignet, m’attira à elle et me gifla à nouveau.

- Je peux savoir ce qu’il te prend ?
- Ce qu’il me prend ? Je pense avoir été clair Bella, non ?
- Pas ça ! Tu allais vraiment partir, Edward ? Mais tu n’as vraiment rien compris ma parole…
- Oh que si ! J’ai compris que tu aimes toujours ton tortionnaire !

Elle me relâcha subitement le poignet, comme si je l’avais brûlée, et son regard se voila. Puis elle se mit à rire… rire… un rire frisant l’hystérie.

- Ah ! Ah ! Ah ! Mais tu n’as rien compris Edward ! Ah ! Ah ! Ah ! Tu as sauté à de fausses conclusions ! Ah ! Ah ! Ah !

Bella enroula étroitement ses bras autour de mon cou puis nicha son visage contre mon torse, inspirant lentement et profondément.
D’un geste maladroit, je caressais ses cheveux et emmêlais mes doigts dans ses boucles soyeuses avant d’enfouir mon visage au creux de son cou, m’imprégnant de son délicieux parfum, puis embrassais délicatement sa jugulaire qui ne palpitait plus, marmonnant un vague « désolé ». Une fois calmée de son état semi-hystérique, Bella s’expliqua.

- Ce que je voulais dire, c’est que je ne comprends pas. Félix n’était pas comme ça avec moi, avant. Jamais ! Je ne cherche pas à le défendre ni à l’excuser, pas après tout ce qu’il m’a fait. Je le haïs à un point que tu ne peux imaginer. Je n’aspire qu’à une chose, le tuer de mes propres mains… Il est… monstrueux… vil… abject… c’est un assassin… un sadique… un barbare… Il ne mérite que de crever… dans les pires souffrances possibles et inimaginables… mais… avant qu’il ne tue ma m… ma mère… il n’était pas comme ça ! Il… il était gentil… prévenant… et même s’il était loin d’être parfait, il était… aux petits soins avec moi…

Le Chef Swan se leva d’un bond, frappant la table de son poing, le visage empourpré par la rage puis il se mit à gronder vivement sa fille.

- Aux petits soins ? Mais comment oses-tu prendre sa défense après tout ce qu’il t’a fait subir là-bas ? Comment oses-tu ? Mais qu’est-ce qui ne va pas chez toi Bells ?
- C’est juste que je ne comprends pas ! Comment peut-il être doux avec moi un jour et monstrueux par la suite ? Je ne prends pas sa défense papa, loin de là ! C’est juste que j’ai besoin de comprendre… Pourquoi moi ? Depuis qu’il a appris que je ne suis pas morte ce soir-là, il me harcèle… Pourquoi ?

Alors que Bella en était à la limite de s’arracher les cheveux de frustration, Marcus alla chercher un ordinateur portable avant de revenir s’asseoir près de Charlie et de mon ange.

- Je vous ai déjà parlé de ma Didyme, jeune Isabella. Je vous ai également raconté son histoire commune avec Félix, de leurs fiançailles arrangées avant leurs naissances et de leur mariage qui n’a jamais eu lieu.

Bella écoutait attentivement le Volturi, se contentant de hocher brièvement la tête en guise de réponse.

- Comme nous te l’avons expliqué plus tôt, à cette lointaine époque, une femme était… en quelque sorte le… bien de son époux. Sa propriété si tu préfères. Félix s’était donc persuadé pendant son adolescence que Didyme serait à lui, tôt ou tard. Elle lui appartiendrait et se plierait à la volonté de son époux. Mais lorsqu’il l’a transformée, Didyme et moi nous sommes reconnus…
- Reconnus ? Je ne comprends pas ce que vous entendez par là. L’interrompis mon ange, sceptique.

Marcus lui sourit et la couva d’un regard protecteur avant de lui répondre.

- Lorsque tu as rencontré Edward, Isabella, tu étais encore humaine, n’est-ce pas ? Qu’as-tu ressenti la toute première fois que tu l’as vu ?

Bella baissa le regard et se cacha le visage derrière ses cheveux, gênée de devoir répondre à la question de Marcus devant un auditoire et principalement devant son père.

- Je… j’ai ressenti… du… du désir… Je le voulais… Par dessus tout… C’était plus fort que moi… Mais… mais je le haïssais… je le haïssais d’être ce qu’il est… Et je le haïssais encore plus de me mettre dans cet état…
- C’est à dire, jeune Isabella ?
-Avoir… avoir envie de lui en permanence… avoir besoin de le toucher… un besoin nécessaire… vital… de me fondre en lui… de ne faire qu’un… de… c’est comme s’il me soumettait à un incroyable pouvoir d’attraction… comme s’il était un immense aimant auquel la minuscule bille d’acier que je suis ne peut résister à son puissant champ magnétique… C’était… extrême… hypnotique… puissant… c’était… dévastateur… c’était… Mais pourquoi me demandez-vous cela, Marcus ?


Le vénérable vampire lui sourit d’un air entendu avant de poursuivre.

- Vois-tu mon enfant, ce que tu as expérimenté lors de votre rencontre est un phénomène rarissime. Tu as eu la chance de rencontrer ton compagnon d’éternité de ton vivant. Bref, tu étais toujours humaine et il est extrêmement rare chez les vampires de reconnaître un compagnon humain. Surtout lorsque l’humaine en question est la chanteuse du vampire…
- La « chanteuse » ? Qu’est-ce qu’une « chanteuse » ? Demanda Charlie qui commençait à s’empêtrer dans les explications de Marcus.
- Une « chanteuse » est… un humain, dans le cas de votre fille, une humaine, dont le sang chante pour le vampire…
- Comment cela ? Dit le Chef Swan, les sourcils froncés.
- C’est comme si votre fille, humaine, avait eu un sang créé… sur mesure… pour répondre aux… fantasmes olfactifs et gustatifs, dirais-je, d’Edward… Comme si son sang avait été conçu spécialement pour lui. Hormis le jeune Edward, je n’ai jamais entendu parler d’un vampire capable de résister à son chanteur ou sa chanteuse…
- Qu’entendez-vous par là ? Demanda confusément le Chef Swan.
- Et bien… Disons… que l’humain n’a… aucune chance de survie dans ce genre de rencontre…
- QUOI ? Ça veut dire que tu aurais pu tuer ma petite fille ? TROUVEZ-MOI UN FLINGUE !

Charlie s’était levé d’un bond et se demandait de quelle façon il pouvait me démembrer avant de me faire griller dans un feu de joie. Bella le ceintura afin qu’il ne se casse pas un os en me frappant et l’intima au calme. Je m’approchais de lui, il se débattit entre les bras de sa fille.

- Charlie, Bella était peut-être ma chanteuse, je n’aurai jamais pu la tuer, c’est tout bonnement impossible.
- Ah oui ? C’est pas ce qu’a dit Marcus ! S’époumona-t-il.
- Et vous n’en avez écouté que la moitié, vous extrapolez ! Bien sûr que Bella était ma chanteuse, mais avant tout, elle est ma compagne ! Je ne peux pas vivre sans elle et si elle meurt, je meurs aussi, vous comprenez ?

Le Chef Swan arrêta de se débattre entre les bras de ma Bella puis me jeta un regard méprisant.

- Pff… mais bien sûr !

Puis il coula un regard vers Marcus et continua d’une voix dédaigneuse.

- Et ton Roi des Vampires ? Il a bien perdu sa compagne d’éternité, non ? Je vous prie de m’excuser, Marcus, ne croyez pas que je ne mesure pas l’immense peine que vous éprouvez mais je devais bien montrer à ce petit morv…
- Monsieur Swan. Reprit Marcus d’une voix faible. Croyez-moi, si j’en avais la possibilité, il y a bien longtemps que j’aurais rejoins ma Didyme. Malheureusement, mes frères ont besoin de moi et ont expressément demandé à l’une de nos gardes de… m’attacher à eux. Voyez-vous, Chelsea est capable d’influencer les liens entre les personnes, c’est pour cela que je n’ai toujours pas rejoint mon épouse… Enfin bref, ne parlons plus de ça… Comme je disais précédemment avant de vous expliquer ce qu’est une chanteuse, Bella et Edward se sont reconnus compagnons immédiatement. C’est pour cela que malgré ton acharnement à le repousser, jeune Isabella, tu as été incapable de t’éloigner d’Edward. C’est impossible ! On ne peut combattre l’attraction entre compagnons et on ne peut pas non plus briser leur lien une fois qu’ils se sont reconnus. C’est… c’est pour ça que je vous parlais de ma Didyme… Humaine, elle était promise à Félix. Mais une fois vampire, elle et moi nous sommes reconnus…

Marcus baissa la tête, basculant dans ses souvenirs, tandis que Bella me fixait d’un œil inquisiteur, assimilant les propos et explications du Volturi. Enfin, un sourire aussi éblouissant que dévastateur pris place sur son beau visage et son regard envahi de tendresse se fit bien plus intense. Bella venait enfin de comprendre l’importance de notre lien mais elle venait également d’admettre que nous nous appartenions mutuellement.
Charlie marmonna un flot de paroles inintelligibles avant de fixer son attention sur le Volturi. En voyant, au passage, l’expression d’un intense amour et d’une profonde tendresse qui était affichée sur nos visages à Bella et moi, il grommela pour le sport mais j’entraperçus les coins de sa moustache frétiller.

- C’est bien joli toutes ces histoires de compagnons, messieurs, mais en quoi cela concerne ma petite fille ? Pourquoi ce cinglé en a après elle ? S’énerva mon futur beau-père.

Marcus pianota quelques instants sur son ordinateur, accéda au splendide portrait de sa défunte épouse, puis tourna l’écran face à Charlie.
Le Chef Swan s’empourpra violemment, à la limite de l’apoplexie, puis il explosa de colère.

- Êtes-vous donc tous des psychopathes au sein de votre communauté ? Éructa-t-il, le corps tremblant d’une fureur mal contenue et la voix vibrante de haine. Qu’a donc ma fille de si important pour que vous en soyez à la harceler et à la peindre ?

Marcus se redressa puis plongea son regard carmin dans celui de Charlie.

- Vous faîtes erreur, Monsieur Swan. Ce n’est pas Isabella qui est représentée sur ce tableau…
- Bon sang, je ne suis pas aveugle ! Je sais encore reconnaître ma fille, nom de Dieu !
- Et je vous répète qu’il ne s’agit pas d’Isabella. Ce portrait est celui de ma Didyme.

La bouche de Charlie s’ouvrit et se referma à plusieurs reprises, lui donnant l’air d’un poisson hors de l’eau, puis il se tourna vers moi, son regard me suppliant silencieusement de ne pas infirmer les propos de Marcus et enfin, il souffla lourdement lorsque d’un hochement de tête, je lui confirmais les paroles du vénérable vampire.

- Seigneur… On dirait la même personne… des jumelles… c’est… c’est stupéfiant ! Murmura-t-il.

Le regard de Charlie sautait du portrait affiché sur l’écran de l’ordinateur à sa fille entre mes bras, puis ses pensées se mirent à tourbillonner à une allure folle, m’empêchant d’en saisir l’exacte teneur. Il posa ses coudes sur la table et son menton sur une main, lissa sa moustache pensivement du bout des doigts puis son regard se perdit vers l’extérieur.
Bella commençait à s’inquiéter de la réaction – ou plutôt de l’absence de réaction- de son père, et alors qu’elle amorçait un pas en sa direction, il vrilla son regard sur mon ange.

- Tu es un lot de consolation. Lui dit-il d’une voix mesurée.

Ce n’était plus le père qui parlait ici, mais le flic.

- De quoi parles-tu, papa?
- Je parle de ce qu'il s'est produit il y a cinq siècles... de ce qu'il s'est passé lors de votre rencontre... de...

Il me jeta un bref regard gêné avant de poursuivre.

- De... de ses penchants... de ce qu'il m'a... appris... à votre sujet... pendant notre captivité.

Bella se tendit entre mes bras et baissa les yeux, honteuse. Il va falloir qu'on ait une petite conversation, je crois...

- En bref, reprit le Chef Swan, à mon avis, ce sociopathe sera prêt à tout pour te reprendre sous sa coupe. Il n'a pas pu avoir celle qui lui était promise alors il se rabat sur son sosie. Je ne pense pas que cela soit un hasard qu'il t'ait initiée à ses... ses déviances. Il a profité de ta naïveté, de ton innocence pour te façonner à se guise et je suis sûr que s'il n'avait pas massacré ta mère, il t'aurait transformée lui-même pour te garder rien qu'à lui. Faire de toi un objet. Son objet. Et ainsi pouvoir aimer Dydime, par procuration.

J'étais franchement étonné par le raisonnement du Chef Swan mais dans un sens, il n'avait pas tord. Loin de là, même. Et plus on se penchait sur ses idées, plus celles-ci nous paraissaient justes. Félix n'avait pas jeté son dévolu sur ma Bella par un pur hasard. Et il avait également tout fait pour s'assurer la loyauté sans faille de mon ange. Malheureusement, ou plutôt heureusement, cela s'était retourné contre lui.
Bella, elle, était restée de marbre. Son visage était totalement impassible, dénué de toute expression, comme si les propos de son père ne l'atteignaient aucunement.
Je jetais un regard à Jasper et lui fis un bref signe de tête en direction de ma douce; il fronça les sourcils puis au bout de quelques minutes, il échappa un soupir de frustration.

Impossible ! Impossible de savoir ce qu'elle ressent, elle s'est totalement emmurée. Quelle plaie !

Je grognais à son attention, ce qui eut le don de dérider ma belle qui haussa un sourcil sceptique suite à mon comportement. Je haussais les épaules comme si de rien n'était, espérant que la réponse lui suffirait.
Le Chef Swan, quant à lui, ruminait ses pensées et marmonnait dans sa barbe, puis subitement, il se tapa le front.

- Bon sang! Pourquoi n'ai-je pas fait ça avant?
- De quoi parlez-vous, Charlie? Lui demanda Carlisle.
- Bah! Prévenir les autorités que je suis de retour, pardi !

Nous nous concertâmes tous du regard, sachant déjà que la suite n'allait pas plaire au Chef Swan. Étonnamment, ce fut Eléazar qui prit la parole.

- Il semblerait, cher Monsieur, que vous n'ayez pas vraiment compris la situation...
- Bien sûr que si! Mais puisque je suis en vie, il faut que je prévienne mes collègues!
- Collègues qui sont persuadés que vous êtes mort à la suite d'une collision entre votre voiture et un sanglier et que votre dépouille repose au fond du lac Michigan! Pardonnez-moi, mais ce n'est pas une...
- Je ne peux tout de même pas rester "mort" pour vos beaux yeux, nom d'un chien !
- Monsieur Swan, les agents qui vous ont déclaré disparu sont très certainement manipulés par des vampires, vous le savez aussi bien que nous, la situation vous a été exposée clairement. Pour le moment, il serait judicieux que vous vous fassiez tout petit, vous devez absolument rester à l'écart. Tant que le problème "Félix" n'aura pas été réglé et que nous n'aurons pas mis la main sur Siegfried, nous ne pouvons rien faire. Mais nous vous promettons qu'une fois toute cette histoire résolue, nous vous aiderons à rétablir vos droits. En attendant, vous devez rester caché.

Charlie grommela son mécontentement, mais comprenant la situation, il accepta de ne rien faire qui puisse apporter des problèmes supplémentaires. Il continua à marmonner dans son coin, pour le sport, puis je vis dans ses pensées qu'il se planifiait déjà un nouvel emploi du temps, rester planqué à La Push, passer ses journées avec Billy à la pêche ou à regarder la télévision en sirotant une bonne bière et occuper ses soirées avec Sue à ...
Erk ! Rien que de l'imaginer, j'en suis écœuré!

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Eléazar reposa le téléphone après l'appel de Marcus. En effet, cela faisait une dizaine de jours que les deux Volturi étaient repartis chez eux, en Italie. Même s'ils souhaitaient rester plus longtemps parmi nous, ils avaient des obligations et devaient reprendre leur rôle : la charge du monde vampirique et maintenir à tout prix le Secret. Ils devaient surtout surveiller leur frère Caïus, qui était miraculeusement réapparu à Volterra hier, et en aucun cas éveiller des soupçons quant à leur implication à nos côtés.
Avant de partir, Aro avait confié une tâche à Jasper : nous entraîner coûte que coûte et former la Meute au combat contre les vampires nouveaux-nés. Il avait le pressentiment que Félix serait capable de s'en faire une armée pour reprendre sa "Dydime" sous sa coupe. Par ailleurs, il avait expressément demandé à Eléazar d'aider mon ange à exploiter toutes les capacités de son double bouclier.
Depuis dix jours, nous ne faisions plus que ça, nous entraîner. Encore et encore. Nous avions ainsi découvert que Bella était capable d'expulser totalement son bouclier physique, malheureusement, cela la rendait vulnérable de toute attaque psychique puisque son bouclier mental s'annihilait. Elle avait donc fait les frais des électrocutions de Kate et s'était tapée une monstrueuse migraine, cadeau de Jasper !
Nous nous entraînions tellement que j'avais peine à passer ne serait-ce qu'une heure en compagnie de ma moitié !
Alice avait alors décrété que nous avions besoin de décompresser un peu et avait emmené les filles avec elle pour une soit-disant journée anti-stress : une virée shopping. Connaissant mon ange, elle devait se retenir de bouffer ma soeur et s'imaginait très certainement la démembrer lentement et sûrement.
Quant à moi, j'observais mon imbécile de frère jouer avec Carlie.
Emmett avait acheté une montagne de jeux vidéo, et la découverte des "lapins crétins revisitent l'histoire" l'avait mis dans un état proche de la transe.
La petite fille était pliée de rire, observant Emmett se balader avec un bandeau sur la tête, un carquois rempli de balayettes et ventouses à chiottes dans le dos, un arc à la main et hurlant "BWAAAAAH" à tout bout de champs en tirant ses flèches... euh balayettes.
Quand ça dure dix minutes, ça passe encore, mais imaginez-vous une journée à subir cela !
J'entendis de loin la Porshe d'Alice et la BMW de Rosalie puis le crissement des graviers dans l'allée m'indiqua leur retour. ENFIN ! Je ne me tenais plus !
Une journée sans ma douce était un véritable enfer...
La porte s'ouvrit et Emmett tira l'une de ses armes factices en hurlant "BWAAAAH !". Je me retins d'exploser de rire en voyant une Rosalie figée par la surprise, une ventouse collée sur le front.
Elle ne dit rien, décolla la ventouse de son visage, puis s'installa sur le canapé en vrillant son regard sur son époux.

- C'est comme ça que tu m'accueilles, Emmett?
- J'suis pas Emmett ! J'suis un lapin crétin ! BWAAAAH !
- Mouais... Tu peux oublier le lapin, t'es surtout crétin si tu veux mon avis... Souffla Rose de dépit.
- Mais euh... MAMAN ! Rosalie elle dit que je suis un crétin !

Esmée arriva, un sourire aux lèvres, puis caressa tendrement le front d'Emmett.

- Mais ce n'est pas une nouveauté, mon chéri! Je trouve bien dommage qu'il ait fallut plus de cinquante ans à Rose pour s'en apercevoir. Enfin, l'amour rend aveugle...
- Mais! Mais! Pff... Z'êtes même pas drôles d'abord! Pas possible, y'a aucun humour dans c'te baraque de fous!

Et Emmett fonça bouder dans sa chambre sous nos éclats de rire confondus, tandis que la petite Carlie continuait son jeu, hurlant "BWAAAH" lorsque son personnage virtuel le faisait.
Bella s'installa sur mes genoux, observant l'enfant d'un air sceptique.

- Que veux-tu mon ange, Emmett finit par déteindre sur elle !
- Pauvre gosse... Elle est mal barrée !

Alors que ses lèvres se posaient voracement sur les miennes, elle me fut arrachée des bras par une Alice surexcitée.

- Alice, non!
- Allez Bella! S'te plaît! S'te plaît! Tu m'avais promis!
- Mais Alice je...
- Non ! C'est comme ça et puis c'est tout!

Ma sœur l'entraîna de force à l'étage tandis que ma Bella la maudissait. Les sœurs Dénali et Rosalie les rejoignirent et moins de dix minutes plus tard, nous entendîmes des hurlements épouvantables.

- NON ALICE ! TOUT MAIS PAS ÇA ! JE TE DETESTE !

Quelques bruits de lutte et bibelots cassés plus tard, Bella réapparut, fulminante, et je dus me balancer un coussin entre les cuisses pour éviter les remarques vaseuses. Ma Bella arrivait vers moi, sublime, époustouflante, divine, absolument bandante, enroulée dans un micro-bout de tissu moiré bleu nuit. Sa robe était si courte que je pouvais voir les jarretelles qui maintenaient ses bas noirs. Elle n'arrêtait pas de tirer sur sa robe, essayant de cacher tant bien que mal ses merveilleuses cuisses. Lorsqu’Alice redescendit, Bella lui jeta un regard assassin auquel ma sœur répondit, l'innocence incarnée.

- Qu'est-ce qu'il y a, Bella? Tu n'es pas contente?
- Pas contente? C'est un euphémisme, Alice! Je te déteste! C'est la dernière fois! Le magasin de lingerie, d'accord, pas de soucis... Les fringues, ça passe encore. Les godasses, surtout tes pompes tuent-la-mort aux talons de 18 centimètres, je ne supportais déjà plus. Mais passer une après-midi complète chez l'esthéticienne à me faire tartiner la tronche de tout un tas de saletés et ton pseudo relooking qui me fait ressembler à une bimbo, ça non! C’est la dernière fois, Alice, je te le jure! Plus jamais ça!
- Mais Bella, voyons, c'était pas spécialement pour toi mais pour faire plaisir à mon frère adoré! Regarde-le, s'il n'y avait personne, il t'aurait déjà sauté dessus! Pff... T’es vraiment une rabat-joie, Bella!

Pff... Jamais satisfaite! Et moi qui me décarcasse pour faire plaisir à tout le monde, voilà comment on me remercie! C'est vrai quoi, j'ai quand même passé la journée à la rendre présentable pour Ed, elle pourrait m'être reconnaissante, non? Ça la change de toutes ses fringues bizarroïdes qu'elle nous met parfois! Bon, je veux bien reconnaître qu'elle peut avoir du goût lorsqu'elle fait l'effort, mais ses vieux jeans troués et ses tee-shirts de groupes de rock, elle devrait s'en séparer! Il n'y a pas plus tue l'amour...

- Alice, ça suffit ! Ce n'est pas parce que tu as une addiction à la mode que ça doit être le cas de tout le monde. Ma Bella me plait telle qu'elle est !

Alors que ma sœur s'apprêtait à riposter, la porte de la villa s'ouvrit sur le Chef Swan, accompagné de Sue et Billy, poussé par Jacob.
Lorsqu'il vit le visage de sa fille, Charlie s'illumina comme un sapin de Noël. Mon ange se leva afin d'accueillir son père, et elle tira sur sa robe en prenant garde à ne pas tirer trop fort et dévoiler ses magnifiques seins engoncés dans le bustier.

- ISABELLA MARIE SWAN ! OÙ EST PASSÉ LE RESTE DE TA ROBE ?

Il me jeta un regard assassin, me croyant l'unique responsable pour la tenue plus que provocante de sa fille.
Bella claqua ses doigts devant le visage de son père.

- Oh ça va! Il n'y est pour rien! Tu peux remercier Alice pour ça!
- Alice? La petite Alice? ALICE ! VIENS ICI ! S'époumona Charlie au bord de la crise de nerfs.
- Oui Charlie? Vous désirez?

Ma sœur arriva en papillonnant des cils et le Chef Swan fut tellement ébloui par son air ingénu qu'il en oublia de râler.

- Euh... C'est à dire.... et bien... Ma fille... sa robe... euh... elle est merveilleuse, Alice, tu fais des miracles!

Billy riait sous cape et Bella roulait des yeux face au visage rougissant de son père.
Esmée, pendant ce temps, avait dressé la table afin de servir les humains invités sous notre toit.
Le repas fut agrémenté de gémissements de satisfaction, de tintements de couverts, de soupirs extatiques... pour le plus grand plaisir de ma mère.

- C'est incroyable ! Pour une personne qui ne mange pas, votre cuisine est un vrai bijou, Esmée ! Vous êtes une véritable artiste culinaire! Je n'ai jamais mangé quelque chose d'aussi délicieux ! S'exclama Charlie en caressant son estomac plus que rempli. Aaaah... pour un peu, je vous épouserai tout de suite !
- EH ! Se renfrogna Sue en lui frappant l'épaule.
- Désolé de vous décevoir, Charlie, mais cette fabuleuse cuisinière est d'ors et déjà prise et je la garde précieusement ! Je ne partage pas ! Rigola Carlisle en entrant dans la villa après sa journée de travail.

Il avait l'air préoccupé par quelque chose, puis finalement, il se tourna vers Alice.

- Dis-moi, as-tu eu une quelconque vision au sujet de Félix?

Ma sœur se mit à fouiller les avenirs éventuels des uns et des autres avant de se tourner vers notre père, dépitée.

- Non, rien du tout. Pour l'instant, il s'en veut énormément d'avoir réduit ses alliés en morceaux à la suite de l'évasion de Bella, Charlie et Carlie. Ils sont tous en train de se remettre plus ou moins péniblement et à part les fournir en... les alimenter... et maintenir leurs membres pour une reconstitution correcte de leurs corps, il ne peut rien faire d'autre. Pourquoi?
- Et bien... disons qu'il y a eu d'étranges disparitions sur Seattle. Des personnes qui se sont évaporées du jour au lendemain, parfois même au beau milieu d'un club bondé. De plus, trois cadavres ont été amenés à la morgue aujourd'hui. Des cadavres exsangues... Nous apprit-il.

Charlie, en bon flic, prêtait une oreille attentive à notre conversation.

- Exsangues, dites-vous? Et vous en pensez quoi, Carlisle?
- Pour moi, il n'y a pas trente-six solutions possibles, il s'agit de l'œuvre d'un vampire...
- Humm... je vois. Mais... de ce que je sais, la majorité de vos... invités... suit un régime traditionnel, non? Je ne souhaite pas vous froisser, mais c'est peut-être l'un d'eux, ne croyez-vous pas?
- Non Charlie, les amis des Cullen ne sont pas responsables. Affirma Billy Black en attrapant le poignet de son ami.
- Et qu'en sais-tu? Tu y étais peut-être?
- Non, bien sûr ! Mais nous avons un traité avec les Cullen. Leurs amis non végétariens n'ont pas le droit de se nourrir dans cet état sous peine de mort.
- C'est vrai, Carlisle?
- Oui Charlie. En général, je subtilise des pochettes à la banque de sang, sinon nos amis vont se... nourrir en dehors des frontières de Washington. De plus, pour la grande majorité de nos amis au régime traditionnel, ils se nourrissent en général de criminels. Violeurs, assassins, pédophiles... et jamais, ô grand jamais, ils ne se nourriraient d'enfants ou adolescents. Or, les victimes exsangues n'avaient pas plus de 13 ans pour le plus vieux d'entre eux.

Carlisle soupira en secouant la tête. Il avait l'air d'avoir pris dix ans. Il n'avait jamais compris comment certains de nos congénères pouvaient s'en prendre à des enfants, alors qu'ils avaient une longue vie - pourtant bien courte comparée à notre immortalité - devant eux. Il n'était pas le seul d'ailleurs, nous étions pour la plupart dégoûtés par ce mode... d'alimentation des plus vils.
Voyant que nos pensées étaient des plus morbides, Alice bondit de sa chaise avec sa bonne humeur coutumière.

- Et si on se faisait une soirée films? Hein? Vous en dites quoi?

Le Chef Swan s'attendrit en la voyant sautiller sur place et frapper des mains, Billy Black, lui, se demandait s'il ne fallait pas clairement l'interner. Sue, quant à elle, enviait l'énergie intarissable de ma sœur. Entre la Meute, sa fille qui grandissait bien trop vite à son goût, Seth qui était en pleine crise d'adolescence et lui en faisait voir de toutes les couleurs, et Charlie qui parfois agissait comme un vrai gosse, la pauvre en avait plein le dos !
Les "adultes" décidèrent d'une petite ballade digestive, pour les uns, et apéritive pour les autres. Entendant Charlie plaisanter avec Eléazar, je m'étonnais encore de voir avec quelle facilité il s'était habitué à notre monde. Il avait encore un peu de mal avec nos amis non-végétariens, mais il commençait tout de même à les respecter. Et merci qui pour ça ? Merci les Quileute ! Et oui, étonnamment.
Alice nous proposa une liste de films, uniquement des comédies à l'eau de rose. Emmett fit un rapide aller-retour jusqu'à sa chambre et ramena un tas de films d'action.

- Ah non Em, certainement pas! Râla Alice en tapant du pied. Y'en a marre de tes films de bagarres !
- Et nous on a besoin de testostérone ! Y'en a plus qu'assez de tes films gnangnan et cul-cul la praline! C'est pas toi qui décide d'abord !
- Oh que si !
- On vote ! S'exclama Jasper, ce qui lui valut un regard noir de la part de sa "gazelle".

Alice se tourna vers ma Bella et lui souffla rapide "je t'ai à l'œil". Mon ange, quant à elle, lui sourit d'une manière absolument diabolique qui me fit froid dans le dos.
Comme de bien entendu, nous, mâles, options pour les films d'action. Personnellement, "Titanic" je n'en supporterai pas un 275ème visionnage... Quant aux filles, elles optèrent pour les comédies romantiques. Puis Alice se tourna vers Bella, le teint encore plus pâle qu'à l'accoutumée et une grimace déforma son visage de lutin.

- Oh non, non, non ! Tu n'oserais pas ! Dit-elle à mon ange d'une voix affolée.
- Oh que si ! J'vais m'gêner tiens ! ACTION !
- YEAAAAH !
- Bella, Bella, Bella, mais tu peux pas nous faire ça ! Tu peux pas me faire ça ! La supplia Alice.
- T'avais qu'à pas me traîner de force pour ta soit-disant journée anti-stress et t'avais qu'à pas m'obliger à porter cette chose ridicule ! Lui répondit mon ange avec un petit sourire satisfait aux lèvres.
- Sainte-Bella, je te laisse le choix du film ! Coupa Emmett en se mettant à genoux devant elle, les boîtiers dans les mains.
- Mais Bella, t'es carrément anti copines, là ! Et la solidarité féminine, t'en fais quoi ? Tu peux pas me... nous faire ça !
- Et si, Alice ! Fallait pas me chercher ! Tiens, ça fait longtemps que je ne les ai pas vus ceux-là... Ben puisque j'ai le choix, on se fait une soirée "Matrix" !

Bella lança les boîtiers à mon frère puis se jeta sur mes genoux, félicitée par nos amis qui pour une fois ne subiraient pas les films romantiques de ma sœur. Alice, quant à elle, avait une petite moue pleurnicheuse aux lèvres en regardant ma Bella.

- Bellaaa... S'te plait ! Fais-moi... euh nous plaisir ! Je te laisse le choix entre "Titanic", "Love Story" et "Pretty woman" !
- Non Alice ! J'ai déjà choisi !
- Mais Bell...
- La ferme Alice ! Va te faire une manucure et nous ennuie pas ! Intervint Rosalie, son regard gourmand rivé sur le postérieur de son homme.

Alice donnait l'impression d'avoir reçu une gifle tandis que nous regardions Rosalie avec un mélange d'incompréhension et de respect.

- Ben quoi ? Ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu ce film ! Et il faut reconnaître que Keanu Reeves a un super beau petit cul et qu'il est très sexy dans Matrix. Aaaah... Quel dommage qu'il n'aime pas les femmes...

Nous explosions de rire en voyant le visage peiné d’Emmett, jaloux que sa femme aime mater les p'tits culs humains. Alice, quant à elle, pleurnichait dans son coin, espérant sans cesse que son "Jazzou" prenne sa défense. Raté. Quelque soit le conflit, Jazz est comme la Suisse : neutre.
Le premier film démarra, puis au bout d'une petite heure, je vis que ma Bella était plongée à la fois sur l'écran, mais aussi dans ses pensées. Elle ne bougea pas d'un poil jusqu'à la fin du film, puis pendant le second volume ni pendant le troisième. J'avais beau essayer de la distraire, ça ne marchait pas. Enfin, alors que le jour se levait doucement et que le générique de fin de "The One" se déroulait, Bella se releva subitement, comme si elle s'était assise sur un tapis d'orties, un sourire aux lèvres. Au même moment, Alice hoqueta de stupeur suite à une vision. Je n'en eu malheureusement pas accès puisque ma sœur s'amusa à chanter l'hymne national bulgare. Par contre, elle se tourna vers ma Bella, un sourire vengeur et extatique aux lèvres.

- Tu me dois une journée shopping, ma vieille !
- Hungh... Pff... Bon, c'est d'accord ! Marmonna ma Bella d'une voix tendue.

Alice l'agrippa par le poignet et la tira sans ménagements jusqu'à sa chambre. Alors que je m'attendais à entendre de nouveaux cris et hurlements, je fus surpris de voir ma Bella redescendre, vêtue d'un pantalon ample et d'un débardeur. Je ne comprenais pas comment Alice pouvait tolérer un tel accoutrement pour une sortie shopping !

- Let's go ! Vous venez les filles ! S'écria ma sœur d'une voix enjouée.
- Oh non ! J'aimerai passer ma journée avec mon Jacob pour une fois ! Se lamenta Tanya en enfouissant son visage dans le torse de son compagnon.
- Tu feras des papouilles au chien plus tard ! On y va !

J'eus à peine le temps d'effleurer les lèvres de ma belle qu'elle m'était de nouveau arrachée des bras par une Alice surexcitée.

- Vous allez où ?!
- Shopping mon Jazzou ! Le lèche-vitrine n'attend pas !
- On doit s'entraîner Alice !
- Ben... entraînez-vous ! Nous on se promène ! A plus tard mon Jazzou !

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Trois semaines que les filles se tirent de leur côté chaque jour, dès l'aube, ne rentrant qu'au coucher du soleil.
Trois semaines qu'elles nous cachent je ne sais quoi, leurs pensées axées sur différents sujets. Des futures collections de prêt-à-porter pour Alice aux différents jeux érotiques que Rosalie aimerait partager avec Emmett, en passant par les parties de jambes en l'air lupinovampiriques de Tanya et Jacob, sans parler des "punitions" que Kate et Irina recevraient puisqu'elles ne voulaient pas avouer à leurs compagnons respectifs ce qu'elles trafiquaient depuis plusieurs jours avec Bella.
Trois semaines que je devenais dingue puisque je n'avais quasiment plus de contacts avec mon ange. Hormis nos temps-libres pendant la chasse qui se terminaient généralement à la va-vite contre un arbre ou à même le sol, je ne profitais presque plus d'elle car chaque soir le Chef Swan venait dîner à la maison, et chaque soir, le Chef Swan s'accaparait mon ange pendant des heures.
Trois semaines que je n'en peux plus de toute cette foutue tension ! Ajoutez à cela la frustration sexuelle et vous comprendrez que j'étais comme une bombe à retardement sur le point de péter.
J'évacuais ma frustration en éclatant royalement Jasper sur "Splinter Cell" et môssieur, vexé d'avoir le dessous, me bombarda d'ondes hilarantes pour m'empêcher de jouer correctement.

- Sale tricheur !
- T'en veux encore, Eddy? Ou tu préfères peut-être un peu plus de luxure? Ou de frustration ?
- J'te déteste ! Et puis arrête de m'appeler "Eddy" !
- Ok... Eddy !

Grrr... Parfois, j'avais de ces envies de meurtre!

Pourquoi j'ai l'impression d'avoir envie de me foutre une balle dans la tête, Eddy ?

Arg! Et ce connard se foutait clairement de ma gueule en plus !

Je continuais à le rétamer sur le jeu lorsque la porte s'ouvrit ENFIN sur les filles.
Elles avaient toutes un sourire rayonnant aux lèvres et Jasper sentait une certaine fierté émaner d'elles, principalement de ma Bella.
Mon ange se planta finalement devant l'écran, empêchant Jazz de jouer.

- Eh Bells! À ce que je sache, ton père n'est pas vitrier ! Bouge !

Bella resta stoïque, éteignit la télévision, puis se planta, droite comme un I, devant Jasper.

- Eh, Jazz ! Je connais le jiu-jitsu...