Edward & Bella

Edward & Bella

mardi 2 août 2011

47 - On se rassemble...

POV Edward

Je ne savais pas vraiment où j’étais, tout ce que je savais c’est que j’avais craqué une bonne fois pour toutes. Définitivement.

Je l’avais belle et bien perdue, c’était terminé…
Adieu la belle vie ! Bonjour le cauchemar sans fin…
Je savais que personne ne m’aiderait à mettre un terme à ma misérable existence et je ne pouvais pas vivre dans ce monde sans ma moitié.
Alors je n’avais trouvé qu’une… solution.
M’enfermer en moi-même et vivre à travers mes souvenirs.
Je n’étais pas seul, je le savais. Mais qui était avec moi, vaste question !
Parfois j’entendais des voix douces qui me parlaient, qui m’exhortaient à me relever, à me battre, mais il était tellement plus simple de les ignorer…
J’étais avec elle et j’étais bien.
Plus de souffrance, plus de rage, plus de sentiments… plus rien à part elle et moi.
Elle est si belle…
Les yeux pétillants d’une joie sans égale et ses lèvres pleines retroussées en un sourire délicieux, il n’y avait pas plus magnifique qu’elle dans l’univers…

Ô mon Dieu… mais qu’est-ce que j’ai fait ?

Elle est si belle…
Son corps souple et gracieux ondulant sensuellement contre le mien au rythme de la musique et ses mains délicates empoignant mes épaules, s’y cramponnant comme si j’étais un roc… son roc…
Elle est magnifique…
L’expression de surprise et de joie qui se grave sur son visage alors que je lui passe délicatement la bague au doigt ne fait qu’illuminer sa merveilleuse beauté…

Comment allons-nous faire pour ramener Edward avant ce soir ?

Je suis bien où je suis.
Je suis enfin avec elle.
Nous nous aimons et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.
Et même si, au fond de moi, je sais que ce n’est qu’illusoire, je préfère vivre dans un mirage au milieu de chimères que dans un monde où elle ne serait plus à moi.
Ses mains s’entrelacent aux miennes, au-dessus de sa tête alors que mon corps recouvre le sien et nos lèvres se dégustent mutuellement sur un fond de gémissements. Elle est si belle, sublimée par le plaisir…
Un sourire radieux illumine son visage angélique lorsque je lui dis « oui » et mon cœur mort se gonfle de joie en voyant à quel point elle est heureuse d’être mienne. Elle est si belle…
Son dos pressé contre mon torse et sa tête enfouie dans mon cou, nous flemmardons sur le canapé en regardant un film. Elle s’amuse à me jeter des bonbons de sang gélifié dans la bouche et s’esclaffe lorsque je les rattrape au moment où Riggs gobe ses biscuits pour chiens dans « l’arme fatale »… Elle est si belle, le visage éclairé par la joie et l’amour…

Et s’il restait comme ça ? Comment donc allons-nous l’expliquer à Bella ?

Elle est sous la douche et mon regard gourmand suit la mousse qui serpente doucement sur ses courbes savoureuses, avant d’être accroché par une goutte d’eau suspendue à son sein…
Elle est si belle… Si belle le visage déformé par la peur, alors que deux vampires la coursent…
Mais qu’est-ce que ça vient faire là, ça ?
Elle est si belle, les cheveux volant dans son dos tandis qu’elle court…

Elle court, vive comme le vent, Charlie et la petite fille sur le dos. Elle zigzague entre les conifères qui l’entourent, essayant de semer ceux qui les poursuivent. Deux vampires sont à leurs trousses et ne souhaitent qu’une chose, éliminer les humains et la ramener à leur maître…
Elle est peut-être rapide mais les deux humains la ralentissent. Ils arrivent… Un plan… il faut qu’elle trouve un plan…
Elle pose les humains sur le sol et se poste devant eux, son corps faisant écran pour les protéger des deux prédateurs. Ils lui parlent, veulent l’obliger à les suivre, mais elle ne se démonte pas.
Afton se jette sur elle…

On ne touche pas à ma Bella.
Subitement, ce fut comme si mon esprit reprenait possession de mon corps.
Un grondement féroce roula dans la pièce. Le venin affluait en masse dans ma bouche et je me jetais sur le premier venu, l’esprit embrouillé par la rage, la haine et le besoin de protéger ce qui est mien.

- Emmett, attention !

Je fus brutalement retenu par les bras au moment où mes crocs allaient plonger dans une gorge. Je devais me libérer ou ils lui feraient du mal.

- ON NE TOUCHE PAS A MA BELLA !

Des grognements sauvages répondaient aux miens. J’étais entouré de plusieurs obstacles m’empêchant d’atteindre mon but : éliminer la menace.

- Ne vous approchez pas de lui ! Ses instincts ont repris le dessus ! Laissez-le réaliser qu’il ne risque rien, que nous ne sommes pas une menace !

Je cherchais une solution du regard sans quitter mes adversaires des yeux plus d’un centième de seconde.
Une grande pièce. Une porte. Trois fenêtres. Une baie vitrée.
Toutes les issues encombrées par la foule présente dans le lieu. Ennemis.
Aucun moyen de fuite.
Trouver un plan. S’échapper. La rejoindre.
Et tuer la menace…

- Elle va appeler d’ici quelques minutes, il doit absolument se reprendre !

Mes yeux roulaient dans leurs orbites, de droite à gauche, cherchant une solution pour me sauver d‘ici. N’importe quoi. Même un trou de souris.
Une sonnerie stridente me rendit encore plus alerte. J’étais sur le qui-vive, incapable de savoir où j’étais, ni comment m’en sortir…

- Bella ? C’est bien toi ?
- Oui !
- Tu vas bien ?
- Oui, je vais bien ! Charlie est avec moi…

Impossible… Et pourtant. C’est bien sa voix !
Je m’approchais lentement de la petite femelle qui tenait l’appareil lui permettant de communiquer avec ma moitié.
Des colosses s’interposèrent entre elle et moi, dont certains à l’odeur épouvantablement nauséabonde ; je levais les mains en signe de reddition, essayant de leur faire comprendre que je ne suis pas une menace, mais des grondements mauvais me répondirent.
Je veux juste l’entendre à défaut de la toucher… M’assurer qu’elle va bien.

- C’est bon, laissez-le passer ! Il veut seulement savoir si Bella va bien. Alice ne risque rien.
- Tu en es sûr, Jasper ?
- Je ne mettrai pas la vie de ma compagne en jeu si Edward était une quelconque menace envers elle.

Alice ? Jasper ? Ça me dit quelque chose… Mais c’est loin, très loin, enfoui quelque part dans mon esprit mais refoulé par mes instincts.
Les colosses et les putois me laissèrent passer à contre-cœur, sur leurs gardes, et je m’approchais lentement de… Alice ?

- Pourquoi je vous vois à moto, Bella ?
- La seule chose à faire…
- Oui c’est sûr. Intelligent surtout. En vous mêlant aux humains, vous êtes pour l’instant en sécurité !
- Edward est là ?
- Euh… oui. Il… euh… il est là…
- Passe-le-moi !

Alice me regarda étrangement puis me tendit le truc avec lequel elle parlait à mon ange. Je le pris et comme elle, le mit contre mon oreille.

- B… B… Bella ?

Ma propre voix me paraissait si étrange sortie de ma bouche !

- Edward?
- Bella ? C’est…. C’est bien toi ?
- Oh mon amour…

Entendre sa voix me fit l’effet d’un électrochoc et je repris peu à peu le contrôle de ma raison.

- Tu vas bien, mon ange ? Tu n’as rien ?
- Oui, ça va…
- Et… et ton père, il va bien ?
- Charlie aussi…
- Merci mon Dieu !
-Tu pourras rassurer Sue ?
- Bien sûr, mon amour, je lui dirais. Vous… On se revoit vite ?
- Oui, on se remet en route…
- Et vous arriverez quand, à Forks ?
- Ce soir normalement…
- Tu… Tu me manques tellement, mon ange ! J’ai cru… j’ai cru que je ne te reverrai plus…
- Toi aussi… j’ai eu si peur !
- Moi aussi, ma belle. Moi aussi. Je t’aime, tu le sais, hein ?
- Oui…
- Je me mets en route et je vous rejoins sur la route, on ne sait jamais ce…
- Non ! Ce n’est pas la peine…
- Mais Bella…
- Non…
- OK… si tu le dis ! On va préparer un groupe pour vous rejoindre sur Seattle alors et…
- Pas de comité d’accueil…
- Pff… OK. Sois prudente, d’accord ?
- On fait vite…
- Ça n’empêche pas de faire attention ! Prends soin de toi, ma Bella… Je t’aime, tu n’imagines même pas à quel point ça m’a rendu fou… Je t’aime.
- Moi aussi je t’aime…
- A ce soir, alors ? J’ai hâte.
- A bientôt mon amour…

J’entendis le ronronnement d’un moteur prêt à démarrer et Bella interrompit la communication, la voix cassée par l’émotion.
Honteux, je me retournais vers les membres de ma famille que j’avais failli agresser plus tôt. Ils me regardaient avec crainte, s’attendant à ce que j’attaque à tout moment, puis Jazz détendit l’atmosphère en nous bombardant de vagues de calme successives.
Je me laissais glisser contre le mur, à la fois soulagé que le cauchemar soit terminé puisque mon ange revenait à nous, mais surtout honteux de mon comportement bestial envers ma famille.
Moi qui me targuais d’avoir un contrôle sur mon démon exceptionnel, je venais de leur prouver que je n’étais rien d’autre qu’un animal…

- C’est normal, jeune Edward, ce n’est rien ! Ta compagne est en danger, il est normal que le vampire en toi réagisse. Ricana Aro en me tapotant le bras.

J’étouffais un grognement lorsque je m’aperçus qu’il prenait un malin plaisir à s’attarder sur certains souvenirs particulièrement intimes.

Désolé, mon jeune ami ! J’ai toujours eu certains… penchants… ou plutôt une certaine curiosité au sujet de ce qu’il se… passe chez les autres, faute d’un meilleur terme…

Mouais. C’est ça ! Moi j’appellerai plutôt ça du voyeurisme !

Aussi, mon cher !

Il repartit en pouffant doucement, me laissant comme deux ronds de flans face à ce qu’il venait d’admettre.
Ainsi donc, notre Roi des Vampires serait aussi le Roi des Pervers ?
Malheureusement, ma découverte sur les travers d’Aro ne m’empêcha pas de penser à la façon dont je m’étais comporté.
Je sentais la majorité des regards braqués sur moi, alourdissant ainsi mon malaise et ma honte. Je m’étais comporté comme un sauvage, comme un nouveau-né ne réagissant qu’à l’instinct.
C’est pas moi, ça !
Jasper s’assit à mes côtés et amplifia mon calme artificiel en posant une main sur mon épaule, puis petit à petit, à l’aide de son don, malaise et honte s’évaporèrent, laissant place à une sérénité virtuelle.

- C’est normal que tu aies réagi de cette façon, Edward, ne t’en fais pas ! C’est de notre faute si tu étais dans cet état. Il fallait absolument qu’on te sorte de ta catatonie avant le retour de Bella. Si elle t’avait trouvé dans cet état comateux, elle aurait été capable de nous transformer en chair à pâté !
- Je… je n’aurai pas dû être sauvage à ce point, Jazz ! Je… je n’avais plus rien d’humain !
- Edward, quand accepteras-tu une bonne fois pour toutes que tu n’es pas humain ? Ce n’est pas parce que tes émotions sont très humaines et ton contrôle incroyable que tu es humain. Tu es un vampire. Un prédateur. Et quand tu sens le danger, ton démon reprend le dessus. Cela aurait été inquiétant que tu ne cherches pas à nous attaquer à ton réveil, alors que tu étais bombardé d’images de Bella en danger !
- En parlant de ça, il m’est arrivé quoi Jasper ?
- De quoi te souviens-tu ? Me demanda-t-il, surpris, tout en me dévisageant comme s’il s’attendait à ce qu’il me pousse une seconde tête.
- Euh… La Push… Vos têtes d’enterrement… Une vision… Bella… James… et après… après… après j’étais avec mon ange, jusqu’à ce qu’elle se fasse attaquer et que je me transforme en bête sauvage.
- En fait, Alice a eu une vision dans laquelle Bella… Bella se… laissait aller avec James… mais cette vision était incomplète, chose que nous ne savions pas à ce moment-là. Tu… Tu n’as pas supporté le choc et… tu t’es… comme emmuré dans ton propre corps. Tu étais comme mort, même si tes pensées restaient intactes. Tu n’avais plus aucune émotion. Aucun sentiment. Rien. Tu étais totalement vide. Tu es resté ainsi pendant deux jours et trois nuits. Puis Alice a enfin eu la vision complète…

Je baissais la tête en revoyant les images de mon ange entre les bras de James, le suppliant de la prendre…

- Oh ! Tu m’écoutes ? En fait, cette vision était mensongère, c’était un leurre. Bella lui a fait croire qu’elle… serait… « gentille » avec lui si ensuite il la laissait déguster le Chef Swan…

Je me rappelais Bella, embrassant fougueusement le nomade, se frottant à lui sans vergogne, le suppliant de libérer ses jambes pour qu’elle…

- EH! Stop Edward! Je te l’ai dit, c’était du cinéma ! Une fois que Bella a eu ses chevilles libérées des fers et la confiance de James endormie, elle l’a bloqué, l’empêchant de bouger avant de le décapiter…
- QUOI ?

Je me tournais vers Alice, en quête de la véritable vision, mais ce fut Aro qui m’ouvrit son esprit, ayant également vu à travers l’esprit de ma sœur.
Effectivement, peu après avoir embrassé goulûment James, elle le décapitait sous les yeux épouvantés de son père avant de cracher au sol. Une fois remis du choc et surtout pressé par sa fille, le Chef Swan libérait Bella qui démembra alors leur geôlier du jour avant de le faire flamber et de s’enfuir, son père et l’enfant sur le dos.
Je soufflais de soulagement en sachant que Bella avait pu s’enfuir sans problèmes, mais j’étais surtout enfin en paix avec moi-même, sachant qu’elle était toujours ma Bella.
Marcus, qui discutait auparavant avec Eléazar, s’approcha de moi, un sourire fier aux lèvres, et tapota doucement mon épaule.

- Je suis heureux de te revoir parmi nous, jeune Edward. Et surtout, je me fais une joie à l’idée de revoir ta jeune compagne, bien qu’elle ne se rappelle pas d’Aro ou moi. Cette jeune personne est exceptionnelle ! Te rends-tu compte ? Malgré le fait qu’elle soit encore un bébé, elle a su résister à sa soif de sang et rester suffisamment lucide pour s’évader, tout en protégeant des humains ! J’ai vraiment hâte de faire sa connaissance.

Jasper me frappa l’épaule en pouffant doucement et je vis une immense fierté dans son regard.

- Tu sais quoi frangin ? Je ne l’ai pas vu de mes yeux, mais Aro nous a décrit la vision d’Alice… C’est d’ailleurs ça qui t’a ramené parmi nous…
- Quoi Jazz ? Je ne comprends pas.
- Bella… C’est une sacrée combattante. Une vraie guerrière ! Elle a su mettre au tapis deux soldats Volturi tout en protégeant son père et la gosse !

Marcus et Aro se redressèrent subitement, envahis par la colère et le dégoût.

- Fais attention à tes paroles, jeune homme ! S’exclama Aro en vrillant Jasper d’un regard noir.
- Que…
- Ne salis pas notre nom en le mêlant à ces traîtres ! Oui, ils ont fait partie de la Garde. Oui, nous les avons formés. Mais ils nous ont salis en nous reniant et en s’alliant à Félix afin de l’aider à commettre toutes ces atrocités. Tout comme la petite Jane et son malheureux frère… Ils en subiront le prix. Et leur châtiment…

Je vis clairement dans l’esprit d’Aro ce qu’il comptait faire d’eux. Il se sentait trahi par ceux qu’il avait toujours estimés et ne désirait qu’une chose, leur en faire payer le prix.

- Tu devrais te nourrir Edward.

Je n’avais pas entendu Carlisle s’approcher et me tournais vers lui.

- J’attends que Bella soit là. J’irai ensuite.
- Non. Tu vas y aller maintenant. M’intima-t-il.
- Mais…
- Pas de mais, Edward. Depuis que le Chef Swan a disparu, tu ne t’es nourri qu’une seule fois, sous le coup de la colère. Ce ne sont pas les deux verres de sang que tu as ingurgité le soir de vos… ce soir-là qui ont fait la différence. Tu en as besoin.
- J’attends que…
- Non. N’oublie pas que Bella sera accompagnée de deux humains ! Dont une enfant. Et tu sais à quel point les enfants sont plus qu’appétissants, n’est-ce pas ?

Le venin me monta à la gorge rien qu’à la pensée de la fragrance d’un humain modèle réduit et je fus submergé par la honte à cause de cette réaction misérable.
Jasper se leva puis Emmett, Garrett, Laurent ainsi que Jacob s’approchèrent de nous et m’entraînèrent à l’extérieur pour une sortie « entre hommes ».
A peine dehors, Jake se métamorphosa, laissant quelques pitoyables lambeaux de vêtements derrière lui. Tanya sortit comme une furie et se posta devant lui, les mains sur les hanches et le regard froid.

- Ah non, mon loulou ! J’en ai marre ! Tu ne peux pas te déshabiller avant de te transformer ? Merde ! C’était une Armani cette chemise ! Tout comme ton pantalon ! A quoi ça sert que je me décarcasse à te faire une garde-robe sur mesure digne de ce nom si tu n’en prends pas soin ? La prochaine fois que tu me détruis tes fringues sans raison valable, tu pourras dire « adieu » à nos joujoux !

Jacob baissa la tête, honteux, mais surtout affolé à l’idée que Tanya mette ses menaces à exécution. Un bref aller-retour dans les pensées du loup m’apprit que ma chère cousine avait une collection impressionnante de sex-toys et que Jacob en raffolait particulièrement… voilà qui me donnait quelques idées pour surprendre ma Bella !
Tanya était si remontée après Jake pour avoir ruiné ses fringues qu’on voyait presque de la fumée sortir par ses narines et ses oreilles. Un dragon. Ou une cocotte-minute sous pression… Le loup s’approcha prudemment de son imprégnée et enfouit sa grosse tête velue dans son cou, ce qui fit frissonner et glousser Tanya. Elle lui jeta un regard transi d’amour et soupira en le gratouillant derrière les oreilles, puis elle embrassa sa truffe avant de rentrer. Décidément, je ne comprendrais jamais comment elle faisait pour supporter l’odeur pestilentielle de Jacob! Et vu la tête de mes compagnons, je n’étais apparemment pas le seul à me le demander.
Une fois Jake de retour parmi nous, nous filâmes en direction du mont Olympic où la faune nous assurait une bonne partie de plaisir.
Je ne m’étais pas rendu compte à quel point je pouvais avoir soif, mais lorsque l’odeur d’un wapiti me parvint, je m’aperçus que je le pistais une fois mes crocs plantés dans la chair tendre de son encolure. Un second couple de wapitis, un lynx, trois élans, deux cerfs et un grizzly suivirent et ce ne fut qu’à l’aide du puma que j’étanchais totalement ma soif. J’étais en train d’enterrer la dépouille lorsqu’Emmett arriva en marmonnant et en râlant. Lorsque nos regards se croisèrent, il me tira la langue.

- C’était mon ours à moi ! Mon mien à moi ! Tu me l’as piqué ! T’es méchant ! Je t’aime plus ! T’es plus mon frère préféré !

Garrett et Laurent, qui venaient d’arriver, souriaient, hilares, de la réaction puérile de mon frère.

- T’as quel âge, Emmett ? Cinq ans ? Rigola Laurent.
- Nianiania…
- Bah, t’inquiète pas mon pote ! D’ici ce soir t’auras une nouvelle copine pour jouer avec toi ! Vous avez le même âge en plus ! Hein Garrett, c’est bien cinq ans qu’elle a la petite humaine ?
- Oui oui mon Lolo ! T’as bien retenu !
- Mais euh ! Arrêtez de vous moquer de moi ! Pleurnicha mon frère en faisant mine d’être vexé.
- On s’moque pas de toi, on te dit seulement que t’auras une nouvelle copine, c’est tout !

Laurent avait à peine évoqué l’enfant que le visage d’Emmett s’illumina comme un sapin de Noël. Il s’imaginait déjà l’entraîner dans d’interminables parties de jeux vidéos !
Emmett avait beau avoir la carrure d’un ours, au fond de son cœur il était resté un grand gosse. Puis son sourire s’affaissa, laissant place à une expression chagrine.

- Et comment on va faire avec elle ? Et si elle ne nous aime pas ?
- Comment ça, Emmett ?
- Ben ouais ! Si elle a peur de nous, on va faire comment ? J’veux dire, d’après le peu qu’on sait des visions de la voyeuse, la petite a vu sa mère mourir ! Et puis elle a quand même été enlevée par l’un des nôtres ! Elle est traumatisée c’te pauvre gosse ! Et si elle ne voulait pas de nous ? Demanda Emmett d’une petite voix timide.
- Nous ne sommes pas comme lui, Em ! Le rassura Garrett.
- Je sais mais… elle a été terrorisée là-bas. On ne sait pas ce qu’ils lui ont fait ! Et si elle a peur de Bella, qu’en sera-t-il de nous ? Elle a carrément effrayé la môme !
- Emmett ! Ne mêle pas Bella à ça, elle n’y est pour rien ! Elle était assoiffée et…
- Oh ! Du calme Eddy ! T’énerves pas comme ça ! Je sais que Belli-Bella ne l’a pas fait exprès et que c’est pas de sa faute mais…

J’enrageais intérieurement et commençais à gronder doucement à cause des insinuations de mon frère lorsque Jasper s’interposa entre nous.

- Eh ! Oh ! On s’détend là ! Je ne sais pas dans quel état on trouvera cette petite fille au vu de ce qu’elle a vécu pendant sa captivité, mais elle découvrira d’elle-même qu’elle n’a pas à nous craindre. Tu sais Emmett, les enfants ont une facilité d’adaptation étonnante quelle que soit la situation et ils ont surtout une logique qui leur est propre. Incroyablement tordue pour un adulte et pourtant si… logique en elle-même ! Ne t’inquiète pas, tu l’impressionneras peut-être au départ à cause de ton impressionnante carcasse, mais une fois qu’elle aura vu que tu n’es rien d’autre qu’un gros nounours sous tes airs de gros durs, elle te mènera à la baguette !

Emmett, qui s’était tassé sur lui-même sous le poids de l’inquiétude, releva lentement les yeux vers Jasper avant de lui jeter un regard empli d’espoir.

- C’est vrai ? Demanda-t-il d’une petite voix timide.
- Ben ouais gros bêta !

Et voilà comment nous en arrivions à nous esclaffer en voyant le sourire béat d’Emmett, heureux à l’idée qu’une petite humaine de cinq ans serait bientôt sa nouvelle camarade de jeux.
Lorsque j’entendis les pensées de mon frère, je m’écroulais au sol, secoué par un violent fou rire.
Ce grand dadais de presque deux mètres s’imaginait, en plus des jeux vidéos, jouer aux petites voitures et acquérir un train électrique ainsi qu’un circuit automobile miniature. Et je ne parle pas des sabres lasers…
Je fis part de ses pensées à Jacob, Garrett, Laurent et Jasper, ce qui fit râler Emmett.

- Ben quoi ? Un gamin de cinq ans ça joue, non ?

Jake, qui avait entre-temps repris forme humaine sous le poids de son hilarité, s’avança vers mon frère et lui claqua l’épaule.

- Tu sais Em, un gamin aime toujours jouer. Mais n’oublie pas que tu auras affaire à une petite fille. Il va falloir revoir ta liste de jeux, je crois !
- Bah pourquoi ? C’est super les p’tites voitures !
- Je sais Emmett, mais à mon avis, si tu veux jouer avec la môme, il va falloir changer de centres d’intérêts. Tu devras t’habituer aux poupées, à la dînette et aux déguisements de princesse ou fée !

Je voyais déjà le tableau…
Emmett, ses cent dix kilos de muscle engoncés dans une robe rose criard à froufrous, une paire d’ailes bleutées collées dans le dos et une baguette magique à la main, réclamant des friandises avec la petite le soir d’Halloween.
Lorsqu’il vit qu’on se moquait de lui, il bougonna avant de filer en direction de la villa, nous tous aux basques.
Une fois arrivé, il se jeta dans les bras de Rosalie en pleurnichant.

- Et bien alors mon gros nounours en sucre, qu’est-ce qu’il t’arrive ? Lui demanda-t-elle en lui caressant tendrement les cheveux.
- Bouhouhouh ! Ils font rien qu’à m’embêter ! Ils se moquent de moi !

Rosalie nous jeta un regard glacial et grogna à notre encontre avant d’embrasser Emmett sur la joue.
Alice, qui avait vu la scène, pouffait silencieusement de rire dans son coin.

- Et qu’est-ce qu’ils t’ont fait ces affreux, mon nounours ? Tu veux que je leur botte le cul ?
- Et ben… Je faisais une liste de jeux pour la petite et moi et ils m’ont dit que je devais abandonner l’idée des p’tites voitures et me préparer un costume de princesse ou de fée ! Tu te rends compte ma Rosie ?
- Ooooh… Mon nounours d’amour… T’es trop mignon ! Je suis sûre qu’avec Alice on pourrait te confectionner une belle robe de princesse, parce que vu ta carrure, on ne trouvera pas ta taille en magasin ! Lui répondit-elle, le regard malicieux.

Il ne nous en fallut pas plus pour succomber de nouveau à l’hilarité, cette fois-ci générale.

- Quoi ? Que… Mais pourquoi t’es méchante avec moi, bébé ?

Rosalie le regarda, consternée, et tentait tant bien que mal d’étouffer son rire.

- Voyons Emmett ! T’as quel age ? Franchement, parfois je me demande si j’ai affaire à un homme ou à un gosse !

Emmett la plaqua fermement contre le mur et commença à déboutonner son pantalon.

- Tu vas voir… J’vais te montrer que j’suis un homme, un vrai ! Un gosse est pas capable de te faire jouir et hurler comme je le fais…
- EMMETT ! Range-moi ça tout de suite si tu ne veux pas que je te l’arrache et la cache !

Esmée était apparue de nulle part et fulminait face à la scène qui se déroulait sous nos yeux. Elle attrapa Emmett par l’oreille et le traîna dans la cuisine, faisant trébucher mon frère qui n’arrivait pas à marcher en refermant sa braguette.

- Non mais ça ne va pas, Emmett ? Qu’est-ce qu’il te prend à la fin ? Je ne t’ai pas élevé comme ça ! Et entre nous, cela m’étonnerait beaucoup que la malheureuse femme qui t’a mis au monde t’ait éduqué de la sorte ! Tu n’es qu’un sale gosse ! Un homme, un « vrai » comme tu le dis si bien, ne se comporterait pas comme le porc que tu es ! Seigneur… Je plains cette pauvre Rosalie ! Ce n’est pas un mari qu’elle a, mais un enfant ! Tu me fais honte ! Et devant nos Rois et nos amis de plus ! File dans ta chambre et réfléchis à ta condition cinq minutes et ensuite on avisera !
- Oui môman… Répondit mon frère, tête basse, se sentant tout petit face à la colère de notre mère.

Il fila sans demander son reste, gravissant lourdement les marches qui le menaient à l’étage en marmonnant dans sa barbe. Rosalie, bien que gênée par le spectacle qu’elle avait offert avec son compagnon, explosa tout de même de rire avec nous, rires qui d’ailleurs redoublèrent lorsque nous entendîmes les bruits caractéristiques d’une partie de Mario Kart.

- EMMETT ! Réfléchir à sa condition ne veut pas dire jouer à la console de jeux ! Éteins-moi ça tout de suite avant que ta Wii ne finisse à la déchetterie ! Hurla Esmée d’une voix rendue suraiguë par la colère.

Emmett poussa un gémissement à fendre le cœur avant de marmonner un « c’est vraiment trop injuste ».

- Ça y est ! J’ai trouvé son prochain costume pour Halloween ! S’exclama Alice en frappant des mains.
- Ah oui ?
- Oui Rose ! Il suffit juste de le peindre en noir et de lui coller une coquille d’œuf d’autruche sur le crâne et il fera un magnifique Caliméro !

Nos rires redoublèrent lorsque nous entendîmes Emmett protester avec véhémence face à cette idée.
Esmée, quant à elle, s’était tournée vers les deux Volturi et se confondait en excuses pour le comportement puéril d’Emmett.

- Ce n’est rien, chère Esmée, ça nous permet de rire un peu ! La rassura Marcus.
- Mais quand même… C’est à se demander si ce pauvre garçon est fini ! A moins qu’il n’ait été bercé trop près des murs étant bébé… Musa Esmée en se frottant pensivement le menton.

Un « mais euh ! » provenant de l’étage nous fit bien rire puis je me redressais aussitôt en entendant un « enfin ! » émanant des pensées d’Alice, suivi par un listing complet de la nouvelle collection de Jean-Paul Gaultier. Au bout de quelques minutes, elle se tourna vers moi, tout sourire.

- Dis Ed, tu n’irais pas chercher Sue à La Push ?
- Pourquoi ?
- Et bien… Si tu ne te sens plus à l’idée de bientôt voir Bella, j’imagine que Sue est également impatiente à l’idée de revoir Charlie ! Allez, vas la chercher ! Et en plus, cela fera plaisir au Chef Swan !

Je râlais cinq minutes, juste pour la forme, et fonçais vers La Push, m’arrêtant en chemin histoire de croquer quelques jugulaires et carotides afin que le sang de l’enfant ne me tente pas. Je buvais jusqu’à l’écœurement, m’assurant que je ne sois pas un danger potentiel pour la fillette. Une fois devant la maisonnette de Sue, la porte s’ouvrit à la volée et Madame Clearwater m’atterrit dans les bras en pleurant de joie. Nous prîmes sa voiture, la pauvre femme ne supportant pas un voyage à dos de vampire, et je l’obligeais à s’arrêter au bout d’une centaine de mètres. La pauvre femme tremblait tellement qu’elle était incapable de conduire, et si je pouvais me sortir d’un accident sans encombres, c’était loin d’être son cas !
Sa vieille Ami8 avait bien du mal à dépasser les 80km/h et nous finîmes par arriver à la villa au bout d’un laps de temps qui me parut infiniment long.
Je fus étonné de ne pas y trouver mes frères, puis m’aperçus que la Meute ainsi que Garrett et Laurent étaient également aux abonnés absents.
Lorsque j’en saisis la raison dans l’esprit d’Alice, je me mis à grogner de rage et de mécontentement.

- Pourquoi m’as-tu fait ça ? Pourquoi m’as-tu empêché de la rejoindre ? Tu ne crois pas que…
- Edward ! Si tu y étais allé, tu te serais métamorphosé en bête sauvage !
- C’est faux !
- Ah bon ? N’aurais-tu rien fait à leurs assaillants ?

Je grognais, m’imaginant déjà les démembrer lentement et sûrement avant de…

- Ah tu vois ? Si je ne t’avais pas empêché de les rejoindre, tu aurais terrorisé l’enfant. Sans parler de Charlie ! Comme ils vont désormais faire partie de notre entourage proche, il valait mieux t’empêcher de commettre un massacre, tu ne crois pas ?

Je soufflais, dépité, puis acquiesçais face au raisonnement de ma sœur. Il est vrai que j’aurai été capable d’une barbarie sans nom si je m’étais trouvé face à ces monstres…
Je me mis à faire les cents pas, tournant furieusement en rond tel un lion en cage, comptant chaque seconde, chaque minute qui me séparait d’elle. Ma famille avait beau m’exhorter au calme, j’en étais physiquement et psychologiquement incapable.
Et s’il décidait de gâcher nos retrouvailles ? S’il décidait de piétiner encore notre bonheur ? S’il décidait de me l’arracher à nouveau ? S’il…

- Ne t’inquiète pas, Edward, je te promets qu’il ne viendra pas. Pas maintenant, en tout cas ! Affirma Alice.

Sa petite main s’enroula autour de la mienne et elle me traîna jusqu’au canapé où je m’assis docilement, plongeant mon regard désespéré dans le sien, miroitant d’une confiance absolue.

- Comment peux-tu en être sûre, Alice ?
- Parce que je le sais ! Depuis que j’ai eu la vision du retour de Charlie et Bella, j’ai fouillé toutes les solutions possibles et inimaginables, crois-moi ! Et je peux t’assurer que…
- Mais il t’a déjà eue, Alice ! Il sait comment contourner ton don ! Le soir où il l’a enlevée, il t’avait bernée ! Qui me dit qu’il ne recommencera pas ?

Ma voix suintait l’angoisse, la peur à l’idée qu’il ne s’en prenne à nouveau à nous. Je me tendis deux fois plus lorsque je vis le regard de ma sœur se perdre dans le domaine des futurs potentiels, puis un immense sourire barra son visage lorsqu’elle revint au monde réel.

- Je te promets qu’il n’agira pas maintenant. Il est peut-être fou, mais loin d’être bête ! Il sait très bien que nous nous attendons à un geste de sa part et que nous sommes sur nos gardes ! De plus, ses complices sont loin d’être en mesure de l’aider à l’heure actuelle ! S’exclama ma sœur, un petit sourire satisfait aux lèvres.
- Qu’entends-tu par-là, Alice ? Lui demanda Carlisle, inquiet de tout ce qui pourrait arriver dans un futur proche.
- Et bien Félix… Félix est en colère… Très en colère… Enragé, même ! Il n’a pas supporté de voir que Bella lui est passée sous le nez. Il était d’autant plus fou de rage lorsqu’il s’est aperçu qu’il ne pouvait pas tuer James pour son manque de professionnalisme puisque Bella s’en était déjà chargé. Alors il a… évacué sa colère sur les autres… Ils ont tous dû subir sa folie, même Jane ! D’ailleurs, en plus d’être sadique, elle est incroyablement masochiste puisqu’elle a adoré se faire torturer par Félix ! Quelle barje ! A mon avis, elle a dû trop user de son don sur sa petite personne, ça lui a retourné le cerveau. Bref, comme ses acolytes ne sont pas en état, mais alors pas du tout, Félix ne se risquera pas à venir seul ici, il va donc attendre qu’ils se remettent tous de leurs blessures.
- Ah ouais ? A ce point ?
- Tu n’imagines même pas !

Je soufflais de soulagement, bien qu’une part de mon esprit soit tout de même focalisée sur de futures représailles. Une chose était sûre, dans ce futur incertain qui nous attendait, ma Bella revenait à la maison.
Brusquement, une boule de chaleur se forma dans mon ventre, me donnant une sensation de sérénité et de plénitude, comme si j’étais enfin entier, puis cette espèce de magnétisme se mit en route, et je dus me faire violence pour ne pas me ruer à l’extérieur.
Un délicieux parfum de freesia, de lavande et de jasmin titilla mes narines.
10… 9… 8…
La fragrance se fait plus envoûtante et m’enveloppe doucement. Mon corps se tend immédiatement, dans l’expectative.
7… 6… 5…
Un incroyable bourdonnement résonne dans l’air ambiant et des milliards de papillons virevoltent en moi, réveillant mon corps mort.
4… 3… 2…
Le bruit caractéristique d’une porte qui s’ouvre trop brutalement et claque contre le mur est rapidement atténué par des cris de joie ; mon regard se rive sur l’entrée.
1…
Une tornade blanche et brune vole vers moi ; mes bras s’ouvrent d’eux-mêmes, attendant impatiemment de la sentir contre moi.
0…