Edward & Bella

Edward & Bella

vendredi 5 mars 2010

31 - Trahison

"L'amour supporte mieux l'absence ou la mort que le doute ou la trahison", André Maurois.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Cette voix…
Je la connaissais…
Je l’avais déjà entendue, il y a longtemps…
Bien des années auparavant…
Ce n’est pas le genre de voix qu’on oublie facilement…
En entendant la voix, mes frères et sœurs ainsi que Tanya se figèrent également… Eux aussi l’avaient reconnue…
Mon besoin de protéger Bella ne s’en fit que plus pressant… Même si je n’y comprenais rien… C’était impensable… Impossible……
Le petit corps de mon ange se mit à trembler violemment, mais pas de peur, elle irradiait la haine, la fureur, la douleur par tous les pores de sa peau… Ses mains crispées sur mes poignets les auraient brisés si j’avais été humain… La fureur décuplait ses forces… Son regard s’était durci et brûlait d’une profonde aversion mêlée à la colère.

- Toi… Cracha t’elle d’une voix emplie de venin.
- Et alors Beauté, tu n’es pas heureuse de me revoir ? Lui demanda t’il, sa mélodieuse voix de basse était amusée.
- Mais bien sûr que si ! Tu vois, j’en saute même de joie jusqu’au plafond ! Lui répondit-elle, sarcastique.

J’assistais bouche bée à la scène qui se déroulait sous mes yeux, sidéré par leur échange… Beauté… Je ne comprenais rien… Ou alors je ne voulais pas comprendre… Je ne savais plus… Comment ?
Je bougeais légèrement pour faire face à cette personne. Son sombre regard pervers et sadique était rivé sur ma douce, la détaillant avec gourmandise et curiosité, puis il se posa finalement sur moi.

- Edward Cullen ! Cela fait si longtemps… Un vrai plaisir de te revoir…

La voix était moqueuse, tout comme le sourire, collant parfaitement au personnage.

- Un plaisir non partagé. Répondis-je sèchement
- Hmmm… Où est donc passée ta sacro-sainte politesse, Edward ? Je crois qu’un nouveau petit séjour avec moi te serait des plus profitable, histoire de t’enseigner les bonnes manières…
- Pas la peine de gâcher ton précieux temps avec mes manières.
- Ah ! Ah ! Ah ! Pour toi, je trouverai toujours le temps ! Trêve de plaisanteries… Je vois que tu as rencontré mon Isabella… Elle est absolument charmante, tu ne trouves pas ? Éduquée comme elle l’a été, tu ne dois pas t’ennuyer ! Rigola la voix.

Un flot intarissable d’images afflua en masse dans mon esprit ; des images que je n’aurai jamais voulu voir et qui me donnaient la rage… Bella rougissante de bonheur… Bella prenant du plaisir dans les bras d’un autre homme… Une Bella heureuse… Puis d’autres… Bien différentes… Une Bella fantôme, pâle reflet de la jeune femme épanouie que je connais, une Bella soumise et obéissante… Bella attachée et bâillonnée, les yeux écarquillés par la terreur et la douleur alors qu’il tuait sa mère tout en répétant inlassablement « mais c’est ta faute, Beauté »… Bella…

- Je ne suis pas ton Isabella. Isabella n’existe plus… Isabella est morte cette nuit-là… Is…

En entendant la voix tendue et venimeuse de Bella, les loups s’étaient également figés, prêts à intervenir à tout moment… Malheureusement, l’endroit grouillait d’humains, nous ne pouvions rien tenter sans nous dévoiler… Trop dangereux… Jacob tremblait violemment, prêt à se transformer pour défendre ma douce et seule la main de Tanya sur son torse l’empêcha de commettre l’erreur de nous révéler aux yeux des humains…

- Mais tu es toujours à moi, ma chère… Rien que le fait de porter mon bracelet me le prouve... D’ailleurs, il faudra que tu m’expliques le pourquoi de cet ajout ridicule… Lui dit la voix, en faisant courir le bout de ses doigts sur les mots gravés dans le cuir du bracelet de mon ange.
- Ridicule ? RIDICULE ? C’est une piqûre de rappel. Le souvenir de tout ce qu’il s’est produit, le symbole de tout ce que tu m’as pris, de tout ce que tu m’as volé espèce d’ordure ! Et le jour où je te tuerai, je te le mettrai au poignet…
- Ah ! Ah ! Ah ! Ce que tu es mignonne quand tu te mets en colère, Beauté ! Rentre tes griffes petit chaton… Tu…

Avant que je ne puisse la retenir, Bella se jeta sur lui et le frappa au visage ; je la ceinturais rapidement de mes bras avant qu’elle ne se blesse… Elle se débattait furieusement dans mes bras, cherchant à se libérer de mon étreinte, mais ma conscience me soufflait de ne surtout pas la lâcher… Trop risqué… Elle ne se rendait même pas compte du danger auquel elle faisait face… Elle n’avait aucune idée de qui était réellement la personne qui nous faisait face, ne croyant voir en lui qu’un assassin et un violeur…
De tous les monstres qui peuplaient notre planète, il avait fallu qu’elle ait le malheur de tomber sur le vampire le plus pervers, le plus ignoble et le plus sadique qui soit…

- Lâche-moi ! Lâche-moi, Edward ! Je vais le tuer… Lui arracher les yeux ! Lui faire bouffer ses couilles !
- Tss… Tsss… Isabella… De si vilains mots dans une si jolie bouche… Quel sacrilège ! Je ne t’avais pas dressée de la sorte Beauté, tu étais plus docile… Toute une éducation à refaire…

Il secoua la tête avec emphase, de gauche à droite, se lamentant faussement.
De nouvelles images partirent à l’assaut de mes pensées, images d’une Bella qui n’avait vraiment rien à voir avec celle que je connaissais, des images d’une jeune femme totalement soumise à la volonté d’un autre, à sa volonté à lui… Des images dont je m’interdisais l’accès de toute la force de mon mental si je ne voulais pas commettre l’irréparable à la vue des humains… Un grondement sourd naquit au fin fond de mes entrailles. Il pencha la tête sur le côté et vrilla son regard au mien, un sourire méprisant aux lèvres, grandement amusé par la situation…

- Je suis ravi de voir que ça te plait, Edward ! Tu n’imagines pas à quel point ! S’esclaffa t’il, son rire sardonique résonnant dans mes oreilles.

Je me retenais tant bien que mal de ne pas me jeter à sa gorge, me concentrant sur l’ange qui se trouvait dans mes bras pour me détendre. J’inhalais profondément son parfum apaisant, le laissant opérer sa magie.

- En tous cas, tu me déçois, Isabella… Tu as revu tes critères à la baisse, tu t’entoures vraiment de n’importe quoi et n’importe qui… Lui dit-il d’un ton dédaigneux, son regard se posant alternativement sur moi, sur chacun de mes frères et sœurs, sur Tanya ainsi que sur tous les Quileutes.

Plusieurs grognements bas et feulements outragés, imperceptibles aux humains, lui répondirent.

- Tu as raison, oui. Je m’entourais vraiment de n’importe qui… La preuve, toi. On ne peut pas dire que ça m’ait réussi ! Quoique… Dans un sens, je devrais te remercier, tu m’auras permis de rencontrer des personnes fabuleuses et qui me sont très chères. Mais bon, c’est pas compliqué, même le pire des chiens galeux vaut mieux que toi ! Cracha mon ange.

Mais elle est folle ! Arrête-la Edward ! Elle ne se rend pas compte, elle ne sait pas ce qu’il est !

Les pensées paniquées de Tanya n’étaient que l’écho de celles de ma famille. Alice essayait de visionner l’avenir, mais avec les loups dans les parages, elle ne voyait rien… Jasper, lui, se concentrait comme jamais, essayant de calmer ma Bella pour qu’elle n’aille pas trop loin dans ses paroles. Un mot malheureux et je n’osais même pas imaginer ce qu’il se passerait…

Edward, j’y comprends rien, ça ne marche pas ! Même toi je n’arrive pas à te détendre, quelque chose ou quelqu’un me bloque !

J’enroulais plus étroitement ma douce, l’enfermant dans une étreinte protectrice et la sentis se détendre dans mes bras ; les tremblements diminuaient légèrement. Je plongeais mon regard dans ses yeux chocolat, ils étaient luisants de colère et une intense souffrance déformait son doux visage et son beau regard.

- Tu devrais surveiller ton langage, Isabella ! Tu mériterais d’être châtiée pour cela…

Un concert de grondements et de grognements sourds, trop bas pour les faibles oreilles humaines, lui répondirent, ce qui le fit sourire encore plus.

- Mais tu ne m’as toujours pas parlé de l’essentiel, Isabella ! Parce que franchement, je m’interroge, c’est un vrai miracle… Dis-moi, ma Beauté, comment se fait-il que tu sois toujours humaine ?

Les yeux de Bella s’écarquillèrent instantanément. Plusieurs hoquets de stupeur retentirent dans la salle, provenant des loups et des vampires ici présents. Et moi ? Je tentais vainement de digérer l’information…
Bella m’a menti…
Depuis le début…
Elle savait tout…
Et n’en avait jamais rien dit…
Je fermais les yeux, envahi par un flot incessant d’émotions et de sentiments contradictoires, la dernière image de Bella reflétant une souffrance sans égale.

- Ah ! Ah ! Ah ! Tu ne savais donc pas ? Ah ! Ah ! Ah ! Tu devrais voir ta tête, Cullen ! Ah ! Ah ! Ah ! Je ne te savais pas aussi cachottière, Isabella ! Mais bon, ça ne répond pas à ma question, j’attends toujours… Et je suis sûr que ton ami Edward, ici présent, sera très intéressé par ta réponse… N’est-ce pas Cullen ?
- La ferme, Félix...
- Un peu de politesse Ed, que diable ! Est-ce que je jure, moi ? Rigola t’il. Alors Beauté, pourquoi ?
- J’en sais rien… Et ne m’appèle pas comme ça, Félix. Je te l’interdis.
- Mais tu n’as rien à m’interdire, ma chère !

Il esquissa un geste pour lui remettre une mèche de cheveux en place derrière l’oreille, je grognais. Bella repoussa violemment sa main en la frappant de toutes ses forces. Elle retint un cri de souffrance en se mordant la lèvre inférieure.

- Aaaah… Pauvre petite fille fragile et pathétique… J’aurai pensé que le petit incident que nous avons eu t’aurait mis un peu de plomb dans la tête, mais apparemment non vu avec qui, ou devrais-je dire quoi, tu traînes…
- Il ne me fera jamais de mal ! Que ce soit Edward ou sa famille, personne ne me fera le moindre mal. Je suis bien avec eux, en sécurité avec lui…
- Pauvre petite créature fragile… Si aimante… Si confiante… Tu n’as pas changé de ce côté là, Isabella… Toujours aussi naïve !
- Ils sont végétariens, ils…

Deuxième coup de massue en pleine tronche en moins de deux minutes. Non seulement elle connaissait ma véritable nature depuis notre rencontre, mais elle savait également à propos de mon régime alimentaire assez peu orthodoxe chez les vampires… Comment ?

- Bon, ce n’est pas que je suis mal avec vous, au contraire, vous m’amusez beaucoup ! J’ai été charmé par ces plaisantes retrouvailles, Isabella… Il faudra que l’on remette ça ! Mais… Discuter avec vous m’a donné une de ces soifs ! Une bonne fin de soirée à vous, au-revoir !

Félix tourna des talons, son rire machiavélique retentissant dans la salle, bien trop faiblement pour les oreilles humaines, mais pas pour nos ouïes vampiriques ou celles lupines des Quileutes. Un rire effroyable, à vous glacer le sang, sans mauvais jeu de mot…
Une vingtaine de paires d’yeux se posèrent sur Bella, leurs émotions allant de l’ébahissement à la stupeur, en passant par la colère, la déception et… l’amusement ?

Ah ben celle-là, dans le genre catastrophe, c’est la reine ! Elle fait fort, très fort… Au moins, on s’amuse ! Si elle n’existait pas, faudrait l’inventer !

Ah putain ! C’est bien une idée d’Emmett ça…
Jacob, Sam et Seth arrivèrent immédiatement près de nous, à l’affût de Félix. Ils avaient peur qu’il décide de se nourrir sur leur territoire.

- Il est parti où ? Beugla Jake.

Je me concentrais quelques instants, essayant de percevoir la teneur de son esprit, mais il était déjà bien loin…

- Il a quitté Seattle, je ne le perçois plus. Il est trop loin, maintenant, on ne pourra pas le rattraper.

Je me tournais vers Bella, son regard était rivé au sol, elle avait l’air de se concentrer sur une brûlure de cigarette sur le plancher… Aujourd’hui, encore plus qu’à l’ordinaire, j’étais réellement frustré de ne pas avoir accès à ses pensées…
Elle releva finalement les yeux et plongea son regard éploré et désolé dans le mien.

- Edward, je…
- Pas maintenant, Bella.

Les Quileutes la regardaient étrangement, surtout Jacob. Il était à la fois inquiet, déçu et réprobateur…

Ed, Alice nous a parlé de sa vision. Seth et Jared vont vous suivre et monter la garde. Désolé vieux, on en savait rien…

Je lui fis un bref hochement de tête puis lui demandais d’avertir les autres que nous partions. Alors que j’entraînais Bella vers la sortie, je m’aperçus que tout le monde récupérait ses affaires, prêt à se mettre en route.
Félix ou comment plomber une bonne ambiance…
J’essayais de me détendre, mais mes émotions avaient tendance à prendre le contrôle ; mauvaise chose étant donné ce melting-pot de sentiments qui m’envahissait…
Sans un mot, je lui ouvris sa portière et la poussai à l’intérieur ; elle s’assit et mit sa ceinture. Je fis le tour de la voiture et une fois devant ma portière, j’inspirais longuement à plusieurs reprises avant de monter. Je mis le contact et démarrais en trombes, pressé de quitter cet endroit maudit.
Je ne savais plus quoi penser… Je n’arrivais pas à définir ce que je ressentais… Je me sentais si confus… Perdu…

- Edward, je…
- Ce n’est pas le moment, Bella.
- Mais je…
- Tais-toi, Bella.

Ma voix avait claqué sèchement, je m’en voulais, mais… Je me sentais si… J’étais si… Comment expliquer… J’étais déçu… Je me sentais trahi… Elle m’avait menti, bordel ! Depuis le début !
Pressé d’arriver, j’enfonçais le pied sur l’accélérateur.
Pourquoi ne m’avait-elle rien dit ? Elle n’avait donc pas confiance en moi ? Pourquoi a-t’elle menti ? Bon, c’est vrai que je suis mal placé pour dire ça, étant donné que je lui mentais de mon côté, mais c’était pour ne pas l’effrayer ! Sans oublier qu’on ne doit pas révéler notre existence aux humains, accessoirement. Et j’allais lui dire, de toutes façons. Mais là… C’était vraiment différent. Elle avait su dès le départ ce que j’étais et m’avait délibérément caché la vérité.
Je me sentais… Blessé… Trahi… Et ça fait vraiment mal lorsque cela vient de la personne que l’on aime plus que tout au monde…

- Edward, il f…
- Tais. Toi.

Un bruit de métal se fit entendre dans l’habitacle et je m’aperçus que ça venait du volant. Mes doigts étaient tellement crispés dessus que celui-ci se tordait sous ma prise, à la limite de se briser. Du coin de l’œil, je vis que Bella avait le regard rivé sur les traces de doigts incrustées dans le volant. Je changeais la position de mes mains dessus, passais la cinquième et enfonçais violemment mon pied sur l’accélérateur. Je me concentrais sur tous les bruits environnants, la mâchoire crispée. Celui, familier, du petit cœur de Bella, dont le rythme était changeant, passant d’un battement lent, normal à un battement précipité, affolé, le bruit de sa respiration saccadée, les pleurs qu’elle ravalait, celui de grosses pattes foulant le sol avec légèreté… Les Quileutes étaient en route, courant dans la forêt sans perdre ma voiture de vue…
Toutes ces diverses émotions qui m’assaillaient avaient considérablement accéléré ma conduite. Une bonne demi-heure après avoir démarré de l’Eclipse, je m’arrêtais devant la maison des Swann dans un crissement de pneus.
Les loups prenaient place à une centaine de mètres de là, à l’affût du moindre danger…
Bella posa sa petite main sur la poignée ; les miennes serraient toujours le volant.

- Edward, je…
- Pas maintenant, Bella…
- Mais…
- S’il te plait.
- Edward, il faut qu’on en parle !

Je fermais les yeux et tentais de ravaler ma colère. Quoiqu’elle ait pu faire, je ne voulais pas laisser place au monstre… Tant pis pour mon volant qui se tordit à nouveau sous mes doigts…
Je soufflais lourdement puis inspirais lentement, répétant l’opération à plusieurs reprises jusqu’à ce que j’arrive à dominer ma voix.

- Ça a pu attendre quelques semaines, ça pourra encore attendre une nuit…
- Mais je…
- Il faut que je me calme, Bella. Maintenant !

Je sentais son regard sur moi mais ne voulais pas le croiser. J’avais peur de ce que je pourrais y lire et surtout peur de mes réactions… Elle sortit finalement de la voiture, les larmes coulant à flots sur ses joues et j’attendis qu’elle rentre chez elle avant de démarrer en trombe, direction le cottage. La voiture était à peine arrêtée que j’en sortis comme une furie et filai vers les bois environnants ; j’avais besoin de réfléchir…
Je n’arrivais pas à faire le point sur mes émotions… Tellement de contradictions, d’exacerbation, de violence…
Le visage amusé et méprisant de Félix m’apparut ; j’abattis mon poing sur un épicéa qui se fendit en deux sous le choc.
Je revoyais les images qui avaient affluées en masse dans mon esprit, je ne les supportais pas… Je savais que Bella avait eu une vie avant moi, mais… La voir heureuse dans les bras d’un autre me rendait malade. Cela aurait dû être mes bras !
Puis toutes ces autres images, d’une violence inouïe, d’une implacable cruauté me retournaient l’estomac…
De toutes les créatures immondes qui peuplent cette planète, il avait fallu que Bella croise la route de Félix… J’étais étonné qu’elle soit encore sur ses deux jambes pour en parler…
Félix…

Membre d’élite de la garde des Volturi depuis plus de cinq cents ans, il a brillé sur bien des champs de bataille. Sa réputation le précède toujours. C’est un animal, un barbare, une brute sanguinaire qui se réjouit de la cruauté et sème la désolation partout sur son passage… Le sang et la violence, il n’y a que ça qui l’intéresse… C’est un sadique, pur et simple.
J’avais eu l’occasion, une fois, de découvrir une partie de sa folie destructrice… Il y a 70 ans… Avec Carlisle et Esmée, nous étions partis à Volterra. Mon père avait vécu pendant quelques décennies auprès des Volturi, mais leurs divergences d’opinions au niveau alimentaire a fait que Carlisle les a quittés. Cependant, il entretient toujours des liens très étroits avec Aro et Marcus. Aro et son autre frère, Caïus, avaient été grandement intéressé par mon don de télépathie et m’avaient proposé de rejoindre leur armée. Je n’étais pas intéressé par leur offre, je ne suis pas un combattant. Ce qui m’intéressait, à l’époque, c’était les études et le nombre de filles que je pouvais mettre chaque semaine dans mon lit… Aro n’a pas insisté, mais ce n’était pas du goût de Caïus… Pour lui, s’était un honneur qu’on me faisait ! Et je n’avais pas le droit de refuser…
Un jour, alors que mes parents se baladaient avec Aro et Marcus, Jane, l’un des atouts les plus précieux des Volturi, avait fait agir son pouvoir sur moi. Un don de sadique, vous avez l’impression de brûler dans d’atroces souffrances… J’étais au sol, à me tordre de douleur sous les flammes invisibles et Félix s’amusait également à me torturer, frappant chaque partie de mon corps de milliers de coups, sur ordres de Caïus. Il me promettait que la torture prendrait fin lorsque j’intégrerais la garde… Je ne le voulais pas… Et j’ai souffert… 48 heures de coups, de démembrement et de brûlures mentales sans interruptions… Aro et Marcus sont arrivés à temps… Juste au moment où Félix allumait le bûcher… Il m’a fallu deux mois pour me remettre entièrement de ma rencontre avec ce fou… Parce que oui, Félix est fou à lier… Et c’est justement sa folie démesurée qui le rend si puissant et en fait un atout si précieux au sein de la garde…
Et savoir qu’une innocente jeune femme comme Bella en a fait les frais me terrifie… Que lui avait-il fait exactement ? La majorité des souvenirs que j’avais perçu dans l’esprit de ce sauvage étaient… Étranges… Je n’y comprenais rien…Et il n’y a que Bella qui pourra me les expliquer…
Bella…

Penser à elle me brisait le cœur… Me faisait souffrir mille morts… Elle m’avait menti… Elle m’avait trahi… Et je ne savais plus du tout ce que je devais croire à son sujet… Je savais que je l’aimais et qu’il en serait ainsi jusqu’à la fin de mon existence… Chaque atome de mon être hurlait « Bella »… J’avais besoin d’elle, un besoin vital… Comme un humain a besoin d’air pour vivre, j’avais besoin de Bella pour exister… Elle était ma raison d’être.
Mais… De son côté, qu’en était-il ? M’aimait-elle vraiment comme elle me le disait ? Ou n’étais-je qu’un pion dans le grand échiquier de sa vie ? Elle m’avait menti, cachant délibérément des informations capitales. Elle pouvait tout aussi bien mentir pour ses sentiments, jouer la comédie… La comédie, le propre de l’homme ! Il n’y a qu’à voir le terme « hypocrite », au sens premier du terme, un « hypocritos » est un acteur…
Mon cœur me hurlait que non, que Bella était incapable d’avoir simulé ses sentiments, qu’elle m’aimait vraiment, réellement, tout autant que je l’aime… Ma raison, elle, me hurlait l’inverse…
Et j’évacuais ma hargne… Ma rage… Ma colère… Mon désespoir sur les arbres, les rochers, les animaux qui se trouvaient sur mon passage…
Mon téléphone sonna brusquement alors que je broyais une branche de chêne… Je ne voulais pas être dérangé, j’avais besoin d’évacuer toutes ces pensées négatives…
Je savais que j’allais devoir confronter Bella et il fallait que je sois le plus calme et détendu possible…
Il sonna à nouveau… Une fois… Deux fois… Trois fois… Alice… Elle insistait un peu trop à mon goût… Je finis par décrocher à son cinquième appel, empli de fureur.

- Quoi Alice !

Il n’y eut qu’un cri en réponse… Un hurlement à vous glacer le sang… Un hurlement rempli d’épouvante…

- BELLAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !

Son cri se répercutait encore dans la nuit noire que ma course était déjà entamée…

*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*

POV Bella

Mais pourquoi… Pourquoi ne lui ai-je rien dit ?
Pourquoi a-t’il fallu qu’il l’apprenne de cette manière ?
Et pourquoi Félix est-il réapparu ? Pourquoi maintenant ?
Je sanglote désespérément, assise sur le canapé, le corps secoué par mes larmes. Je l’ai perdu… Définitivement… J’aurai dû lui parler… Mais je ne pouvais pas… Je n’en avais pas le droit… Il aurait été en danger… Sa famille également… Ils seraient tous morts maintenant si je lui avais dit !
J’ai essayé de lui parler sur le trajet, il a refusé de m’écouter… Je le comprends… Je l’ai déçu… Trahi… Il doit se poser mille questions à l’heure qu’il est… Il doit penser que je me suis servie de lui…
J’ai eu peur dans la voiture, je n’étais plus avec l’homme que j’aime plus que ma propre vie… J’étais avec le vampire… Son regard noir comme une nuit sans lune et sans étoiles… La colère irradiant de son regard… Son visage figé reflétant toutes ses émotions… Son corps marmoréen tendu comme un arc… Ses muscles bandés… Le volant qui se tordait si facilement sous ses doigts… Et la vitesse… Je ne sais pas à combien il roulait, mais c’était rapide, très rapide… Et sa voix… Si tendue mais en apparence si calme… Et son regard, si effrayant lorsqu’il m’a dit « il faut que je me calme, Bella. Maintenant. »
Mais qu’ai-je fait ?
Je me sens si mal… Et si sale… C’est tellement douloureux… J’espère seulement qu’il acceptera de m’écouter et qu’il comprendra les raisons de mon silence…

- Oh Edward… Si tu savais à quel point je m’en veux…

Je sursaute et me retourne vivement lorsque j’entends quelqu’un applaudir lentement…

- Qu’est-ce que tu fous là ?

Le monstre devant moi me fait un sourire éblouissant… Ce qui marchait bien à une certaine époque…

- Je ne te savais pas aussi mélodramatique, Isabella ! Qu’est-ce qu’il se passe ? Ton vampire, enfin si on peut le qualifier de tel, ne veut plus te voir ? Je peux te réconforter si tu veux…
- Ne t’approche pas de moi !

Je me lèvre brusquement et recule vers la cuisine alors que Félix avance à pas feutrés vers moi.

- Dis-moi Beauté, j’ai besoin de savoir… Comment cela se fait que tu sois encore humaine ? Je ne comprends pas…
- Je ne sais pas ! Je me suis réveillée comme ça !

Mais comment fait-il ?
En l’espace d’un clignement de paupière, Félix me maintient contre le mur alors qu’il se trouvait à dix mètres de moi ! Il pose une main sur mon cou et serre légèrement… Je n’ai jamais aimé lorsqu’il me faisait ça… J’aime encore moins, maintenant…
Son haleine glaciale et fétide fouette mon visage, il me donne envie de vomir… Il enfouit son visage dans mon cou, comme le ferait un enfant avec sa mère, et inhale profondément mon odeur… Je tremble.. J’ai froid… J’ai peur… Je le haïs… Mais je n’arrive pas à me libérer de son emprise… Il est beaucoup trop fort…

- Isabella… Si tu savais à quel point tu m’as manqué ma beauté… Huuuum… Et tu sens toujours aussi bon ! Même si tu empestes Cullen… Je peux le sentir partout sur toi… Tu me déçois vraiment, Isabella… Je pensais que tu avais meilleur goût que ça…

Il murmure au creux de mon oreille tout en pressant fermement son corps de glace contre le mien. Je peux sentir à quel point la situation lui plait… Et ça me dégoûte, je me dégoûte… Je me débats, j’essaye de le repousser de toutes mes forces, mais il ne bouge pas… Autant déplacer une montagne !
En l’espace d’une demi-seconde, je sens qu’il a relâché sa prise et je suis bouche-bée lorsque je le vois assis sur le canapé, comme s’il y avait toujours été. Son rire grave et mélodieux retentit dans le salon, ça l’amuse… Tout l’amuse… Ses yeux ont une couleur que je ne leur avais jamais vue, un bordeaux sombre, sinistre et dérangeant… Malgré moi je le fixe, il s’en aperçoit…

- Ce sont mes yeux qui t’intriguent, ma beauté ?
- Je… Je ne les avais jamais vus de cette couleur… Pourquoi ?
- Ah ! C’est le sang qui fait ça… Humain, je tiens à préciser… Je ne suis pas comme ces imbéciles de Cullen avec leurs faux principes et leurs proies de seconde catégorie. Et si tu n’as jamais vu leur vraie couleur, c’est parce que je mettais des lentilles de contact lorsque je te voyais… Pour ne pas t’effrayer, ma Beauté… Je n’en reviens toujours pas, ça a marché bien au-delà de mes espérances ! Tu es étonnante, Isabella… Si naïve… Si douce… Si confiante… Tellement obéissante…

En une fraction de seconde, je me sens voler dans les airs et me retrouve assise sur ses genoux. Il fait courir ses longs doigts gelés sur mon cou et mon buste… Je suis tétanisée par la peur et par le dégoût… Lorsque ses mains tentent de glisser sur mes seins, je lui mets un violent coup de coude dans l’estomac et me fait vraiment mal…

- Ah ! Ah ! Ah ! Arrête de te débattre, chaton ! Tu vas te blesser…
- Ne me touche pas, Félix.
- Mais j’ai tous les droits, ma Beauté… Tu crois vraiment que tu as la moindre chance contre moi ?
- Je te tuerai… Je jure que j’aurai ta peau, même si c’est la dernière chose que je dois faire !
- Tu ne manques pas de courage ni d’audace, Isabella… Quoique dans ton cas, c’est plutôt de la stupidité ! N’as-tu pas encore compris que la faible humaine que tu es ne peut rien contre moi ?
- Qui te dit que je le resterais encore longtemps ?
- Ooooh ! Tu prévois de devenir l’une des nôtres ? Huuum… J’ai hâte de voir ce grand jour arriver… Je me suis beaucoup amusé avec la petite Isabella humaine, mais je suis sûre que la Isabella vampire me réserve beaucoup de surprises ! Et de plaisir…
- Le seul plaisir qui en ressortira sera de t’arracher la tête !
- Huuum… Pleine de vivacité… J’adore ça ! Tu sais quoi, ma Beauté ? J’ai gardé ton collier en souvenir… Je suis pressé de te le passer de nouveau autour du cou…
- JAMAIS !

Je me relève rapidement, il ne me retient pas, il rit. Il s’amuse… Ordure !

- Ah ! Ah ! Ah ! Tu as donc oublié que tu es à moi, Isabella ?
- Je ne t’appartiens pas, je ne t’ai jamais appartenu ! Je ne suis pas à toi et ne le serai jamais ! JAMAIS !
- Aaaaah… J’ai vraiment, vraiment hâte que Cullen te transforme… Je ne pense pas avoir la retenue nécessaire et ce serait du gâchis… Tu feras un fabuleux vampire, Beauté ! Je rêve de voir la tête qu’il fera lorsque je t’emmènerai une fois la transformation achevée…
- Je ne te suivrais pas !
- Je ne te demande pas ton avis. Tu viendras, un point c’est tout. Tu m’appartiens ! Il te faudrait un petit rappel, à ce que je vois…

Il est sur moi en l’espace d’un battement de cil. Il me serre la gorge, j’étouffe, j’ai du mal à respirer… Il me soulève, mes pieds ne touchent plus le sol… Il me plaque violemment contre le mur et arrache mes vêtements… Des larmes roulent sur mes joues, des larmes de fureur… Je ne pleure pas… Je ne lui ferai pas ce plaisir… Je ne le supplierai pas non plus… La haine me consume mais je suis totalement impuissante face à lui… Je ne peux rien faire… Je me contenterai de subir en silence… Je ne crierai pas, il aimerait trop ça…

- Ma ravissante petite Isabella…

Sa main libre glisse sur ma poitrine, il pince mes tétons l’un après l’autre… Je lui crache au visage.

- Tu n’aurais pas dû faire ça, ma Beauté !

Son regard sinistre brûle de colère. Il s’essuie le visage du revers de sa manche puis me gifle… Fort. J’ai l’impression que ma tête va faire un tour complet sur mon cou.

- J’avais l’intention d’être doux avec toi ce soir, histoire de fêter nos retrouvailles… Mais tu mérites d’être punie pour ce que tu viens de faire… Sans parler du reste ! Rhaaa ! Tu pues, c’est une horreur ! L’odeur de Cullen est partout sur toi… Je vais te le faire payer… Sans parler de l’épouvantable odeur de ces chiens que tu fréquentes… Erk !

Il plaque violemment ses lèvres sur les miennes, je détourne le visage, écoeurée… Je refuse qu’il me contamine. Il me balance violemment au sol, mon dos est en compote, et colle son corps sur le mien. Il écarte brutalement mes cuisses ; je me débats de toutes mes forces. Il n’a pas le droit de faire ça, je ne lui appartiens pas ! Je suis à Edward.
Edward…

*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*

POV Edward

Je courrais comme un dératé à travers les bois sombres, filant comme une comète, la fureur et la peur augmentaient considérablement ma vitesse.
Le cri effroyable d’Alice résonnait encore dans mon crâne. C’était un hurlement terrifiant, un mélange de douleur, de désespoir et de terreur pure…
Que se passait-il ?
Je ne savais qu’une chose, ça concernait Bella.
Ma Bella…
Mais pourquoi l’avais-je laissée seule ?
Je n’allais plus tarder à arriver, je voyais déjà se dessiner au loin la façade de sa maison. Brusquement, je sentis l’odeur du sang. Mais pas n’importe laquelle, celle du sang des loups…
Seth ! Jared !
J’accélérais encore mon rythme et vis soudain deux formes géantes au sol… Ils étaient toujours en vie… Leurs cœurs battaient mais ils étaient brisés…

T’inquiètes pas pour nous, Edward… Dans quelques jours on sera debout ! Va la chercher ! Tout de suite ! Il est là…

Mais quel abruti ! J’aurai dû m’en douter… J’aurai dû prévoir qu’il allait essayer de la trouver… Je cavalais comme un fou dans la forêt, pressé de retrouver mon ange et de la savoir saine et sauve…
J’y étais presque et mes yeux se fixèrent sur la fenêtre du salon des Swann. Je me figeais lorsque je vis que Félix tenait mon ange à bout de bras, l’une de ses mains maintenant fermement le cou délicat de ma belle, l’autre pétrissant ses seins. Elle était nue, plaquée contre le mur. Je le vis embrasser ma douce, mais elle se dégagea en détournant le visage, un air de profond dégoût et de douleur sur le visage…
Je repris instantanément ma course, en volant presque. La fureur, la haine, l’envie de tuer me poussaient à me dépasser lorsqu’il la jeta violemment au sol…
Je sautais brusquement par la fenêtre, c’était la façon la plus rapide d’entrer et d’empêcher Félix d’agresser ma douce. La fenêtre vola en éclats, le verre virevolta dans les airs, formant comme une myriade de diamants épousant parfaitement la courbure de mon corps avant de se répandre au sol tandis que je finissais mon vol en percutant Félix et l’envoyais rouler par terre, loin de ma douce. Je me relevais instantanément, et profitant de l’effet de surprise, j’attrapais ce monstre et l’envoyais planer par la fenêtre ; il atterrit dans la forêt en pulvérisant un sapin. Je me ruai sur Bella et la relevai d’un mouvement vif.

- Bella, ça va ? Tu n’as rien ?
- N… Non… Il n’a p…
- Ne reste pas ici, sauves-toi !
- Non Edward, je ne peux p… ATTENTION !

Je me retournais d’un mouvement bref et eus le temps d’apercevoir Félix se jeter sur moi toutes dents dehors. Je lui balançais un coup de pied dans l’estomac qui l’envoya valser dehors, attrapais Bella et la mis à l’abri, enfin j’espérais, sous les escaliers. Mes sens étaient aux aguets, ma télépathie ne me servait à rien. Félix, connaissant mon don, faisait en sorte de ne préméditer aucun mouvement. Et c’était un combattant hors-pair… Il nous fit rouler dans le salon et me mordit l’épaule. Le venin me brûlait atrocement, mais la douleur n’était rien face au besoin de protéger Bella.
Les coups se succédaient, dans un sens comme dans l’autre, mais il me fallait bien avouer que mon adversaire était du genre plus que coriace. J’avais beau me battre et me débattre, je ne pouvais rien faire contre lui. La partie était perdue… Pour moi. Ses mains puissantes encerclaient mon cou et m’étranglaient fermement, resserrant leur prise seconde après seconde… J’agrippais ses poignets et tentais de les enlever, mais autant déplacer l’Everest…

- NOOOOOON ! FÉLIX NON, JE T’EN SUPPLIE ! NE LE TUE PAS ! TOUT SAUF ÇA !

Du coin de l’œil, je vis Bella en larmes arriver en courant et se cramponner aux poignets de Félix, essayant de toutes ses maigres forces de le faire lâcher prise. Ma courageuse petite humaine…
Je sentis sa poigne se desserrer et l’air salvateur et tout autant inutile pénétrer à nouveau mes poumons.
Félix avait un sourire narquois sur les lèvres et nous regardait l’un après l’autre d’un air moqueur.

- Ah ! La cavalerie va bientôt arriver ! Excusez-moi de ne pas m’éterniser avec vous mais… J’ai d’autres projets.

Il riait aux éclats puis attrapa la main de Bella pour placer un baiser sur sa paume.

- J’ai été enchanté de te revoir Isabella… Et je compte repasser très bientôt… J’ai hâte de te remettre ton collier ma chère, il t’allait si bien…

Le regard de Bella était effroyable, ses yeux étaient assassins et elle tremblait de fureur, ses mâchoires violemment serrées.

- Quant à toi, Cullen, profite bien de ma Beauté le temps qu’il te reste… Maintenant que je l’ai retrouvée, je compte bien m’amuser encore un peu ! Mais… J’ai toute l’éternité pour ça ! Je vous ai à l’œil ! Ah ! Ah !

Il fila dans la nuit noire, son rire diabolique se répercutant dans la forêt, à l’instant où je sentais la présence de mes frères et des loups.
Bella se jeta à mon cou en pleurant ; je lui jetais ma veste sur les épaules et enroulais mes bras autour de sa taille nue.

- Edward ! Tu n’as rien ? Ça va ? Paniqua t’elle, des trémolos dans la voix.
- T’inquiète pas ma belle, ça va. Et toi ? Il ne t’a rien fait ?

Elle secoua la tête de droite à gauche frénétiquement puis j’aperçus les stigmates de sa confrontation avec Félix. Cinq longues marques rouges, la trace de ses doigts, sur le cou délicat de mon ange. Je l’effleurais à peine du bout des doigts, elle sursauta.
Les renforts arrivèrent, un peu tard.

- Wow ! C’est un vrai champ de bataille, ici ! Pfff… J’ai manqué toute l’intrigue, quelle connerie ! Bougonna Emmett.

Bella se releva comme une furie, s’enroulant étroitement dans ma veste pour cacher sa nudité, et fonça sur mon frère pour le frapper.

- Tu vas arrêter d’être con deux minutes, oui ? Edward a failli se faire tuer !

Elle tambourinait le torse d’Emmett de toute la force de ses petits poings avant de fondre en larmes dans ses bras. Mon frère lui tapota maladroitement le dos avant de se tourner vers moi.

C’est vrai ce qu’elle a dit ?

Je hochais la tête et vis le visage de mes frères et des Quileutes se décomposer.

- On s’en va d’ici tout de suite, il faut mettre Bella en sûreté. Toi aussi, ça ne serait pas du luxe… Nous dit Jasper, prononçant ses premiers mots depuis son arrivée.
- Charlie ! Il est en danger aussi ! S’exclama mon ange.
- T’inquiète Bells, Charlie on va le garder à la Push, il suffit de mettre Sue au courant. Et on fera aussi des rondes tous les jours aux alentours de la maison de ton père et de chez vous, on ne sait jamais. Mieux vaut prévenir que guérir ! Répondit Jacob.
- Seth et Jared, ils vont comment ? Demandais-je à Sam, m’inquiétant du triste état dans lequel je les avais trouvés.
- Mieux ! On a réussi à les emmener à la réserve et à les faire retrouver leur forme humaine. Ton père s’en occupe et il est médecin, pas véto ! Mais… Pas mal d’os brisés et quelques déboîtements au niveau des articulations. Ils ont aussi tous les deux une belle commotion cérébrale, ton pote les a pas ratés ! D’ici deux semaines tout au plus, ils devraient être sur pieds !
- Quoi ? Deux semaines ! S’exclama Bella.
- Les loups guérissent vite, Bella. Lui expliqua Sam.
- Euh… J’suis peut-être le seul à m’en inquiéter, mais on va lui servir quoi comme salade au Chef Swann pour justifier l’état de sa fenêtre et du salon ? Dit Emmett en regardant autour de lui.

Aïe ! On est dans la merde…
La fenêtre par laquelle j’étais passé était à refaire, les meubles étaient à moitié pulvérisés, il y avait la marque de nos corps incrustée sur le plancher, lorsque Félix m’étranglait, et le mur entre le couloir et le salon était à refaire, un trou rappelant étrangement la forme du corps de Félix s’y trouvait.

- V’là les renforts !

La voix d’Alice chantonnait en disant cela. Elle débarqua avec Léah, Esmée, Rose, Tanya et Carlisle, tous affublés d’une combinaison de peinture, des sacs de plâtre, d’enduits et autre ciment dans les bras et en scannant leurs pensées, je vis que le 4X4 d’Emmett était rempli à ras bord de matériaux pour les travaux. Ma famille est géniale !

- Mais… Vous faites quoi ? Demanda Bella.
- On nettoie la scène de crime ! Lui souffla Alice au creux de l’oreille, avec des airs de conspiratrice.
- Ton père ne doit jamais apprendre ce qu’il s’est passé ici ce soir, Bella. Tu comprends ? Lui expliqua doucement Carlisle.

Elle le regarda étrangement droit dans les yeux puis hocha la tête avant d’échanger un lourd regard plein de sous-entendus avec mon père. Une fois leur échange visuel terminé, Carlisle la regardait avec compassion et compréhension puis souffla lourdement.
J’étais terriblement frustré de ne pas comprendre ce qu’il se passait car mon père ne me laissait pas l’accès à ses pensées ou plutôt si, la liste exhaustive des anti-diarrhéiques et leurs effets indésirables… Beurk !

- Tu devrais l’emmener maintenant, Edward… Mets-la à l’abri. Je crois aussi que vous avez besoin de discuter sérieusement tous les deux…
- Ok, on y va. Tu viens, Bella ?
- Euh… Oui d’accord. Attends !

Bella fila vers les escaliers, monta les marches deux à deux et alla farfouiller dans sa chambre. Je décidais de prendre des nouvelles des loups en attendant son retour.

- Carlisle, comment vont Seth et Jared ? Ce n’est pas trop sérieux ?
- Rassures-toi ! C’est moins grave qu’il n’y paraît, leurs jours ne sont pas en danger et ils se remettront entièrement de leurs blessures d’ici deux semaines ! En attendant, ils ont l’interdiction formelle de se transformer, de courir ou de faire toutes sortes de travaux physiques. Ils vont bien, ne t’en fait pas.

Je me retournais vivement en sentant le parfum de ma douce. Elle était en haut des escaliers et avait revêtu un sweat-shirt et un pantalon de jogging. Même comme ça elle était magnifique…
Ce qui, par contre, retint toute mon attention fut la mystérieuse boîte en fer qu’elle tenait précautionneusement entre ses mains…
Elle descendit puis s’avança jusqu’à moi avant de plonger son regard rempli d’excuses de toutes sortes dans le mien.

- On y va, Bella ? Lui demandais-je d’une voix douce.

Elle vrilla son regard au mien ; une détermination féroce l’illuminait.

- Oui. Je suis prête, maintenant.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire