Edward & Bella

Edward & Bella

samedi 13 mars 2010

36 - Le prix à payer

POV Jacob :

Mais quelle journée de dingue, mes aïeux !
C’est qu’il faut réussir à la suivre la naine Cullen ! Elle a beau être haute comme trois pommes, ce petit bout de bonne femme est un véritable concentré d’énergie. Ne la lâchez jamais dans un magasin, elle est pire qu’un ouragan !
Katrina a fait du dégât ? Mais c’est rien, ça !
Là où Alice Cullen passe, les vendeuses de vêtements et autres conseillères en beauté trépassent ! Y’a pas à dire, maintenant qu’elle est partie, c’est d’un calme plat ici ! J’aurai bien aimé me faire une petite soirée en amoureux avec ma Tanya, mais bon, ça fait un bail qu’on a pas passé de soirée ensemble avec Ed et Bella.
En parlant d’Edward, je le regarde attentivement depuis cinq minutes, il agit étrangement. Quoique… Pour un vampire, il n’a jamais été vraiment normal non plus. Mais bon, tout le monde le sait, les Cullen sont bizarres ! Mais Edward… Il a l’air à la fois complètement paniqué et totalement exalté. Il se frotte les mains comme s’il ne savait pas quoi en faire – bah ! Ça le change de tripoter Bells pour une fois ! Il mordille sa lèvre inférieure – un tic qu’il a piqué à Bella sans même s’en rendre compte – trépigne sur place, puis brusquement, il se met à souffler comme s’il cherchait à vider ses poumons de leur air. Il jette un coup d’œil terrorisé à sa «douce», comme il aime tant l’appeler, puis nous regarde l’un après l’autre, ma Tanya et moi, avant de se mettre à chuchoter d’une voix si rapide et si basse que même mes oreilles ont du mal à percevoir.

- J… je vous rejoins, je vais à la bijouterie… Je… je dois prendre quelque chose pour Bella… Je…

C’est grave ce qu’il bafouille ce con ! Mais attends voir… Il bafouille, la bijouterie, Bella… Non ! J’y crois pas ! Il s’apprête à faire sa demande ce con ! Ben mon pauvre vieux, finie la vie de célibataire ! Quoique… c’est un veinard quand même, il va faire sa demande à la femme qu’il aime… Humm… remarque, je me verrais bien à sa place et acheter une bague de fiançailles à ma petite Tanya…
Ed sourit, il a entendu mes pensées. Voyeur ! Puis il se met à courir vers la bijouterie, enfin voler serait plus approprié dans son cas. Edward file avec impatience à travers les passants, c’est trop drôle à voir !
Ah sacré Edward! Quand je pense qu’il y a encore quelques mois, je lui en voulais à mort parce que je croyais être amoureux de Bella ! Quand je pense que je suis allé jusqu’à perdre l’amitié de mon meilleur pote pour ça… Je comprends mieux pourquoi les miens m’en voulaient à ce point lorsque je faisais tout mon possible pour séparer Edward et Bella…

Tu ne sais pas ce qu’est l’Amour Jack, parce que si tu savais différencier l’amour du simple flirt, tu n’essaierais pas d’éloigner Bella et Edward l’un de l’autre comme tu t’obstines à le faire ! Le jour où tu rencontreras la femme qui est faite pour toi, tu le sauras immédiatement et rien ne pourra t’en séparer, pas même les paroles ou les personnes.

Edward et Bella… Ils sont si mignons tous les deux et s’aiment plus que tout, même un aveugle le verrait comme le nez au milieu de la figure !
Moi, j’ai ma Tanya, ma petite sangsue d’amour…
Quel choc lorsque je m’en suis imprégné ! Un loup et une vampire, c’est vraiment le monde à l’envers ! Mais je l’aime plus que tout, c’est elle ; j’ai besoin d’elle comme j’ai besoin d’air pour vivre. Tanya m’est vitale, essentielle… Je préfèrerai mourir que vivre sans elle. Je suis sûr que les regards d’extase que je trouvais écœurant chez Edward, je dois clairement les afficher maintenant !
Ma Tanya s’humecte les lèvres et je ne peux pas m’empêcher de me jeter avidement sur sa bouche glacée. Sa langue caresse sensuellement la mienne et c’est plus fort que moi, mon désir d’elle prend le dessus. Je la plaque fermement contre moi et lui fais sentir à quel point j’ai envie d’elle et…

- Hum ! Hum ! Ça va, je dérange pas trop ?

La petite voix de Bella a un ton un peu trop railleur à mon goût.

- Eh Bells ! Quand vous vous pourléchez Eddy et toi, on vous emmerde pas, hein ! Alors !
- Quoi ? Non mais tu plaisantes ! Tu veux que je te rappelle tous les…
- Bon les enfants, vous vous calmez un peu ? S’exclame ma jolie vampiresse.

Bella croise les bras sur sa poitrine et fait semblant de bouder tandis que nous reprenons la route pour le fast-food. J’ai une de ces envies d’un double-cheese ! Quoique… en bouffer trois ou quatre ne me ferait pas peur. Et puis… il faut bien que je prenne des forces car ma Tanya est une insatiable… ça tombe bien, moi aussi !
Nous arrivons devant un petit magasin qui fait snack à emporter, vente de boissons et petite épicerie jusqu’à tard dans la nuit. Le magasin est vide à part le vendeur et un client avec un gros bonnet noir qui hante les rayons.

- Restez là les amoureux, je vais prendre nos commandes ! Tu veux quoi, Jack ?
- Huuuum… Un grand coca, une grande frite et quatre double-cheese ! Oh ! Et puis des nuggets de poulet et deux brownies au chocolat et à la noix de pécan !
- Ca va, t’es sûr que ça te suffira ? Tu crèveras plus de faim après tout ça, t’en es sûr ?
- Euh… ouais ! Pourquoi tu dis ça, Bells ?
- Pour rien !
- Oh… l’écoute pas, mon loulou… Toi et moi savons que tu as besoin de prendre des forces, hein ?

Bella entre dans le magasin en riant tandis que ma déesse s’enroule autour de mon corps, plaquant brutalement ses lèvres sur les miennes. Humm… C’est si bon de sentir cette glace sur le feu de mon corps ! Elle m’apaise, elle m’enivre, elle m’enflamme…

- l-l-l-l-a la caisse… vite !
- prenez-tout c’que vous voulez mais ne tirez pas !
- Qu’est-ce que…

BANG ! BANG ! BANG ! BANG ! BANG ! BANG ! BANG ! BANG ! BANG ! BANG ! BANG !

Tout s’est passé si vite…
Je me retourne à temps pour voir un mec cagoulé détaler à toute vitesse, des billets de banque s’échappant de ses poches et de ses mains à cause de sa course, et voir le vendeur ainsi que Bella s’affaisser sous leur poids, les yeux écarquillés par la stupeur, comme lors d’un ralenti pendant un film. Et là, je vois cinq marques rouges, cinq auréoles sanguinolentes s’élargir sur le corps de Bella.

- OH MON DIEU NOOOOOON ! BELLAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !

Tanya et moi avons hurlé au même moment, une fois que nous avons réalisé l’horreur de la situation ; nous entrons comme des flèches dans la boutique et je tiens le corps de ma meilleure amie dans mes bras alors qu’elle est au sol puis je me tourne vers le vendeur, il est mort sur le coup. Bella convulse à moitié et ses yeux sont grands ouverts par la surprise. Tanya, qui lui tenait étroitement la main, s’éloigne subitement; en levant mon regard vers le sien, je vois ses yeux noircis par la soif et un léger rictus menaçant déforme ses si jolies lèvres.

- J-je peux pas Jack, je dois…

Elle sort rapidement et pratiquement au même moment, Edward arrive, le regard exorbité par la douleur et la peur.

- Oh Bella… Non !

Il la prend dans ses bras et la presse contre lui, une main posée au creux de ses reins et l’autre caressant doucement ses cheveux puis plonge son visage dans le cou de Bella. Je jurerai presque voir des larmes rouler sur ses joues.

- Une ambulance… Appelle une ambulance Jack !

Alors que je sors mon portable pour prévenir les urgences, j’entends de drôles de gargouillis et en écoutant de plus près, ça vient de Bella. Les balles ont perforé des organes vitaux, le foie, l’estomac, un poumon, les intestins… Il n’y a pas une goutte de sang au sol et les cercles sur son pull ont cessé de s’agrandir… Hémorragie interne.

- Elle ne tiendra pas le coup, Ed…
- MAIS SI ! C’est une battante ! Elle…
- Regarde !

Son regard tordu par la souffrance se pose sur Bella, évaluant les dégâts et de faibles cris étranglés s’échappent de sa gorge lorsqu’il prend conscience de son état.

- Ed… Tu dois le faire. Tu…
- Non ! J’y arriverais pas, je…
- Tu dois le faire, maintenant ! Mords-la !
- C’est pas comme ça que ça devait se passer…

Je jette un œil vers Bella, son regard braqué sur Edward, elle le fixe avec dévotion et elle se bat pour garder les yeux ouverts malgré ses paupières qui s’alourdissent de plus en plus. Elle soulève difficilement sa main et la pose tendrement sur la joue d’Edward tout en caressant sa lèvre inférieure du bout du pouce avant de s’adresser à lui d’une voix faible mais emplie d’amour.

- Je… t’ai… me… Ed…

Tanya revient brusquement.

- Faites ce que vous avez à faire, mais dépêchez-vous, des badauds arrivent ! L’ambulance est sur la route, je l’entends !

Je me lève et cherche une issue quelconque puis finis par voir une porte avec un petit panneau « privé » sur le mur du fond, à gauche. Je l’ouvre, c’est une espèce d’entrepôt, mais surtout, il y a une autre porte donnant sur une étroite ruelle. Par chance, cette petite rue n’est pas éclairée et elle est surtout déserte. Je les rejoins rapidement et presse Edward de sortir Bella de là au plus vite. Le pauvre à l’air complètement déconnecté de tout ce qu’il se passe mais il soulève délicatement Bella, la tenant comme une jeune mariée, avant de se relever d’un geste souple. J’avais bien raison lorsque je supposais une hémorragie interne, il n’y a pas une seule goutte du sang de Bella par terre.

- Va chercher la voiture ma chérie et retrouves-nous dans la ruelle derrière.

Tanya sort rapidement du magasin tandis que j’observe Edward ; je peux clairement lire le conflit qui l’habite, il veut la mordre, il le doit, il n’y a pas d’autre choix mais il a peur de ne pas y arriver… Je pose ma main sur son épaule et la presse ; il tourne la tête vers moi et son regard de désespoir me transperce le cœur.

- Tu vas le faire et tu vas y arriver.
- Et si je dérape ? Et si je la tue ? Et si…
- Bordel Eddy ! T’as plus le choix ! Bella ne tiendra jamais le coup si elle doit aller à l’hôpital, tu le sais. T’inquiète pas, tout se passera bien… Tanya est dans la ruelle, j’entends la voiture tourner.

Edward se rue dans l’entrepôt vide avec Bella et au moment où je le rejoins, Tanya entre dans la réserve et retourne dans le magasin.

- Qu’est-ce que tu fais ? Pourquoi es-tu revenue ?
- Les policiers arrivent, nous sommes témoins de ce qu’il s’est passé et des gens m’ont vue sur place après les coups de feu. J’ai perçu quelques mots et heureusement, personne ne vous a vus Edward, Bella et toi. Je dois rester ici, je n’ai pas le choix tu comprends ? Il faut absolument qu’on soit sûr et certain que personne ne vous mentionne et ça, c’est mon boulot.
- Et si quelqu’un nous a vus ? Et si…
- N’oublie pas à qui tu as affaire, jeune loup ! Je suis – ou plutôt j’étais – une succube, j’arriverai à leur sortir de la tête tout ce qu’ils ont vu à l’aide de quelques battements de cils et deux-trois sourires aguicheurs… Va aider Eddy et Bella… Surtout Eddy, il a besoin de toi…

Tanya embrasse la joue d’Edward en lui frottant le dos puis pose ses lèvres sur le front de Bella en lui marmonnant un « accroches-toi ma belle » avant de se jeter sur mes lèvres, m’embrassant férocement, puis elle retourne dans la boutique en refermant la porte sur elle. Je n’aime pas du tout l’idée de savoir qu’elle risque de charmer des hommes pour leur faire oublier leurs objectifs, je suis trop jaloux pour ça mais… elle a raison, il n’y a pas d’autre solution. Et s’il faut en passer par la séduction pour que les éventuels témoins oublient avoir aperçu Edward ou Bella, que cela se fasse ! Je sors le premier, il n’y a pas âme qui vive dans la ruelle, ni sur les toits. Je ne flaire aucune menace ni aucune présence proche. J’ouvre la portière arrière et fais signe à Eddy qu’il peut sortir sans risques ; il s’engouffre dans la voiture, maintenant fermement Bella contre son torse. Elle gémit au moindre mouvement et à chaque son qui sort de sa gorge, Edward se lamente et se confond en excuses. Je me mets au volant et démarre en trombe pendant qu’Edward berce tendrement Bella en lui chuchotant des paroles apaisantes.

- Je suis désolé, Bella… Je ne voulais pas que ça se passe comme ça… ça ne devait pas ce passer comme ça… excuse-moi mon amour. Je t’aime…

La voix d’Edward suinte l’inquiétude, la souffrance et le désespoir, puis en jetant un œil dans le rétroviseur, je vois son regard qui se fait décisif, une volonté farouche l’habite en cet instant et sa bouche s’approche du cou de Bella et pour y déposer un léger baiser avant que ses lèvres ne s’entrouvrent et que ses dents s’enfoncent dans la chair tendre de mon amie afin d’y déverser le venin salvateur à grands flots.
Je crois mourir sur place lorsque je vois la petite main de Bella se crisper sur sa chemise et gémir un faible « je t’aime » entrecoupé d’horribles gargouillis, avant qu’elle ne s’affaisse telle une poupée de chiffon entre les bras de son Roméo.

- GARES-TOI ! MAINTENANT !

Il y a un petit bois sur la gauche, je m’y enfonce et stoppe la voiture dans un immense dérapage. Il sort avec le corps de Bella et l’allonge tendrement sur le sol ; je le rejoins.

- M’abandonne pas Bella ! Bats-toi !

Avec horreur, je le vois pratiquer un massage cardiaque. Seigneur, son cœur n’a pas supporté, il s’est arrêté…

- JAAAAAACK ! Aide-moi par pitié ! Fais-lui du bouche à bouche !
- Mais je…
- Je n’ai pas de souffle ! J’t’en supplie, fais-le... pour elle ! Bella… Reste avec moi mon amour ! REEEESTE !

Si les vampires pouvaient pleurer, Edward serait en larmes… Si seulement j’étais rentré dans ce putain de fast-food à la place de Bella… Oui, je sais, je me serais pris les balles à sa place, mais ma constitution est différente de la sienne, plus solide… Si seulement il l’avait mordue de suite au lieu de se battre avec sa conscience de torturé… Comment lui dire qu’il est trop tard et que ça ne sert plus à rien, qu’il s’acharne sur le désormais cadavre de sa douce ?

- BORDEL BLACK ! FAIS-LE !

Je soupire, défaitiste. Bella est partie maintenant, je le sais, je le sens. Edward est en plein déni et ne veut pas admettre que l’amour de sa vie a rejoint les étoiles, alors il essaye de combattre la Mort en appuyant fermement sur les côtes de Bella à l’endroit où encore quelques instants auparavant, son fragile petit cœur d’humaine battait à tout rompre… J’entends les os qui se brisent sous la force des pressions et les cris à glacer d’effroi que lance Edward à travers la nuit noire. Son corps est secoué par des sanglots asséchés alors qu’il s’entête à vouloir la réanimer, et alors que je m’escrime à l’écarter du corps sans vie de Bella, un faible baboum retentit.
Puis un autre… très espacé.
Et encore un…

Baboum…

baboum…

baboum…

Baboum... baboum... baboum... baboum… baboum… baboum… baboum… baboum… baboum… baboum…

J’écoute dans un ahurissement le plus total une mélodie qui m’émeut au plus haut point tandis qu’Edward est secoué par un rire totalement hystérique alors qu’il enlace étroitement sa belle. Les battements cardiaques de Bella sont vifs, précipités et sa respiration reprend dans un sifflement, son souffle heurté et rapide se joint aux palpitations fougueuses de son petit cœur en mutation. La transformation a commencé.

POV Edward

Leurs hurlements m’ont glacé d’effroi… Je fus brièvement figé par la stupeur avant de me mettre à cavaler jusqu’à la source des cris, ouvrant mon esprit aux différentes pensées qui me permettraient de les retrouver au plus vite…

Si j’te dis, j’ai entendu des coups de feu ! Ça venait du coin de la rue !

Josh va raffoler de me voir avec cette robe…

Appelez la police et une ambulance, il y a eu des coups de feu !

Oh non… 38°5… je suis sûre qu’il doit encore faire une otite…

Mai-mais pourquoi j-j’ai tiré ? Oh putain… J’suis sûr que j’les ai tués… Oh putain j’ai trop mal ! J’me suis jamais trouvé en queman à ce point ! Pourvu que Raphou soit là… J’ai b’soin d’ma dose… trop besoin d’ce putain d’shoot…

Un grondement mauvais s’échappe de ma poitrine, faisant sursauter les passants que je croise sur ma route, lorsque je perçois les pensées du tireur… Un toxicomane en manque de sa dose… Voilà où l’a conduit son addiction et son besoin d’argent ; tirer sur une innocente… sur mon innocente à moi…
Si je m’écoutais, je le pourchasserais, le traquerais, le trouverais et lui ferais la peau… Mais ma Bella a besoin de moi…j’arrive ma douce…
Pourquoi a-t-il fallu que j’aille acheter cette maudite bague ? Un vulgaire et insignifiant bout de métal ! Si j’avais été là, il ne lui serait rien arrivé.
Bon sang, quel supplice de devoir courir à une allure humaine ! Ils sont où, bordel ? Ah, ça y’est ! J’aperçois Tanya de loin, j’y suis presque…

Tout ce sang… Je peux pas… soif… trop soif… humm… elle sent si bon ! Son sang doit être un vrai délice… NON ! Je ne dois pas penser ça !

Tanya non, s’il te plait, tout sauf ça ! Contrôles-toi !

- J-je peux pas Jack, je dois…

Au moment où j’arrive devant la porte, Tanya sort du magasin, le regard noirci par la soif, les lèvres retroussées, dévoilant sa dentition d’une blancheur immaculée… Elle pose brièvement sa main sur mon épaule.

- Je suis désolée, Ed… On a rien vu…
- T’y peux rien…

Elle s’éloigne rapidement de la source de sa tentation, la mienne également, mais étrangement, l’odeur du sang de Bella ne déclenche pas ma soif cette fois.
J’entre dans la boutique pour découvrir un spectacle désolant, le vendeur mort sous les balles et ma Bella secouée de convulsions dans les bras de Jake. Elle n’a rien, elle va bien, elle va s’en tirer, je le sais. Elle est solide ma Bella… Mais elle a l’air si petite et si brisée dans les gros bras de Jacob ! Je vois alors cinq petites auréoles rouges sur sa poitrine et son ventre et mon cœur se serre instantanément.

- Oh Bella… Non !

Je me laisse tomber à genoux près d’elle et la prends tendrement dans mes bras, plaquant son petit corps fragile et si faible contre le mien avant d’enfouir mon visage dans son cou.
Pourquoi elle, bon sang ? Pourquoi ?
L’hôpital… Il faut l’emmener à l’hôpital…Oui, il faut l’emmener auprès de Carlisle… Il saura quoi faire, comme toujours…

- Une ambulance… Appelle une ambulance Jack !

Je le sens bouger à côté de moi et farfouiller quelque chose. Mais qu’il arrête bon sang! Je ne sais pas ce qu’il fout, mais il en résulte de drôles de petits bruits. Tu vas t’en sortir ma Bella… Bats-toi… pour moi, pour nous… J’te jure que tout ira bien… Putain ! Jack n’a toujours pas appelé les secours ! Mais qu’est-ce qu’il branle ce con ?

- Elle ne tiendra pas le coup, Ed…

Jacob a le regard triste lorsqu’il me dit ça. Mais qu’est-ce qu’il raconte comme connerie ! Son petit cœur s’accroche, bien sûr qu’elle va tenir le coup ! Elle le doit…

- MAIS SI ! C’est une battante ! Elle…
- Regarde !

D’un signe de la main, il me montre Bella. Je m’écarte légèrement d’elle et c’est là que je m’aperçois que ces petits bruits bizarres qui me dérangeaient viennent d’elle. Oh non… Son poumon droit est perforé, ainsi que le foie, l’estomac et les intestins où elle a pris deux balles… Pas une seule goutte de sang ne s’écoule de son corps, les auréoles ne s’élargissent pas… Nooon… Tout sauf ça ! Laissez-moi ma Bella, par pitié! Laissez-la moi, ne me l’enlevez pas ! J’ai encore besoin d’elle, de sa présence, de son humanité…

- Ed… Tu dois le faire. Tu…
- Non ! J’y arriverais pas, je…

Non, j’en suis incapable… Je ne peux pas la mordre, je n’arriverai jamais à m’arrêter, je ferai pire que mieux… Carlisle. Il faut qu’on l’amène à Carlisle…il est ma seule solution et surtout la meilleure.

- Tu dois le faire, maintenant ! Mords-la !
- C’est pas comme ça que ça devait se passer…pas maintenant !

Non, ça ne devait pas se passer comme ça… On l’avait prévu tous les deux… On devait attendre d’avoir réglé le problème « Félix » et ensuite je devais la mordre, on avait même choisi quand et comment… J’étais déjà assez récalcitrant par rapport au fait que j’allais être la cause des multiples souffrances induites par la transformation, mais là… ça me révolte et me tue de la voir agoniser ainsi, mon ange ne mérite pas ça et le venin… le venin ne fera qu’amplifier sa douleur… mais je dois le faire, il le faut… ma douce doit rester à mes côtés… toujours…
Mon petit ange vrille son regard au mien, il commence à se vitrifier légèrement, mais son amour en irradie d’autant plus et je me perds dans les abysses de ses prunelles chocolatées. Ses paupières s’alourdissent, mais ma douce garde quand même les yeux grands ouverts, me fixant avec adoration puis je sens sa petite main si faible se poser en douceur sur ma joue et son pouce caresser tendrement ma lèvre inférieure. J’ai si mal de la voir comme ça… Si seulement je pouvais prendre sa douleur qui ne serait qu’une goutte d’eau dans ma propre blessure de la voir me quitter de cette façon… Une si belle créature ne devrait pas souffrir de la sorte, non ! Sa respiration est assez laborieuse et sifflante, et sa voix n’est qu’un faible murmure lorsqu’elle s’adresse à moi d’un ton vibrant d’amour et son visage transpirant la confiance.

- Je… t’ai… me… Ed…
- Faites ce que vous avez à faire, mais dépêchez-vous, des badauds arrivent ! L’ambulance est sur la route, je l’entends !

La voix tendue de Tanya me ramène à la réalité ; je ne peux pas la mordre ici, ni maintenant, des témoins seront bientôt là ainsi que les secours et ils emmèneront ma Bella s’ils la voient là, ils n’en ont pas le droit. Je refuse qu’on me l’enlève… pas elle…
Je sens Jacob me pousser à me relever, j’entends les mots « sortie de secours », «s’échapper » et je finis par comprendre qu’il a trouvé une solution pour qu’on sorte d’ici sans être vus. Je passe un bras sous les genoux de mon ange et la presse délicatement contre mon torse avant de me relever d’un mouvement fluide, le plus doucement possible. J’ai envie qu’on m’arrache le cœur lorsque je vois une grimace de douleur déformer le si doux visage de ma Bella au moindre mouvement. De loin, de très, très loin, j’entends Jacob donner des instructions à Tanya pour que l’on puisse sortir d’ici sans risques. Risques… Bon sang, j’ai si peur ! Alors que d’habitude, rien ne m’atteint…moi, la créature des ténèbres, l’être le plus craint au monde
Pour la première fois de mon existence, je suis envahi par une terreur incommensurable pour ma Bella… Je sais qu’il n’y a plus qu’une seule chose à faire pour la sauver et je vais le faire, je le veux, mais j’ai peur que le monstre en moi prenne le contrôle de ma raison et la vide jusqu’à sa dernière goutte de sang... ce nectar si divin qui me fait revivre et qui me torture à la fois… Que deviendrais-je sans elle ? Je ne suis rien sans ma Bella, je ne sais même pas comment j’ai réussi à vivre sans elle et je sais très bien que je ne survivrai pas s’il devait lui arriver quelque chose… Je sens une main brûlante se poser sur mon épaule et la presser doucement. Je tourne la tête vers Jacob et mon regard doit faire pitié à la vue de la grimace qui déforme son visage.

- Tu vas le faire et tu vas y arriver.
- Et si je dérape ? Et si je la tue ? Et si…
- Bordel Eddy ! T’as plus le choix ! Bella ne tiendra jamais le coup si elle doit aller à l’hôpital, tu le sais. T’inquiète pas, tout se passera bien… Tanya est dans la ruelle, j’entends la voiture tourner.

Je cours dans l’entrepôt que Jack m’indiquait plus tôt, mon ange dans les bras ; Tanya sort de la voiture et nous rejoint. Elle a raison, il faut qu’elle reste ici pour éviter que les soupçons ne se portent sur nous en cas d’enquête, et pour « effacer » notre départ de la mémoire des gens au cas où des humains auraient aperçu ma Bella ou Jack lors de ce hold-up sanglant. Je sais qu’on ne m’a pas vu venir ici, mais il ne faut pas que quelqu’un se rappelle de Jack ou de Bella. J’ai confiance en Tanya, je sais qu’elle est capable de bien des choses, voir même de miracles lorsqu’il s’agit de subjuguer les hommes pour leur faire penser à ce qu’elle désire mais surtout leur faire perdre la tête à l’aide de son physique très avantageux… Et dans notre cas, personne ne doit penser à Bella. D’ici quelques minutes, Isabella Swan sera officiellement morte, tombée sous les balles d’un toxico en manque, il faudra d’ailleurs que l’on trouve un corps pour maquiller son « décès », heureusement que Carlisle avait déjà prévu le coup des preuves par l’ADN en lui tirant un peu de sang et en prélevant des cheveux qui se trouvent à l’abri dans le coffre-fort de la villa… Merde, Charlie ! Mais qu’est-ce qu’on va bien pouvoir lui dire ? Il ne doit absolument pas savoir à notre sujet, il serait en grand danger… Seigneur, son unique fille… et je m’apprête à la lui enlever pour l’éternité…Encore heureux que ses balles ne peuvent pas m’atteindre car pour sûr, il dégainera son arme de service dès qu’il apprendra cette nouvelle déchirante.
Jacob me fait signe que la voie est libre et que je peux sortir avec Bella sans risques. Il tient la portière arrière de la voiture grande ouverte et je m’y engouffre avec mon ange le plus délicatement possible ; Bella gémit et se lamente, chaque mouvement la fait souffrir… et chacun de ses soupirs de douleur sont comme un pieu planté dans mon cœur mort.

- Je suis désolé mon ange, si tu savais… je suis désolé… excuse-moi…

Quelques secondes plus tard, la voiture démarre en trombes, Jacob nous éloigne au plus vite de ce lieu synonyme de mort. Mon pauvre amour tremble dans mes bras et je ne peux m’empêcher de me pencher sur l’ironie de la situation. Alors que le vampire le plus sadique qui soit en a après elle, c’est de la main d’un homme qu’elle a manqué de mourir, tout ça pour de l’argent et quelques grammes de paradis artificiel… Je berce tendrement ma douce, cherchant à l’apaiser – ou m’apaiser moi-même, peut-être – afin qu’elle soit le plus calme possible avant que je ne la morde.

- Je suis désolé, Bella… Je ne voulais pas que ça se passe comme ça… ça ne devait pas ce passer comme ça… excuse-moi mon amour. Je t’aime…

J’y arriverai pas… jamais…
Mais si tu vas y arriver !
Non. Je vais la tuer !
Non et tu le sais ! Tu as déjà bu son sang, tu as su t’arrêter ! Trois fois même, merde, c’est pas rien !
Je peux pas… je ne…
Maintenant, tu ranges tes peurs au fond d’un tiroir et tu la mords !
Mais je…
Y’a pas de « mais » crétin ! Je la veux, moi, Bella ! Alors fais c’que t’as à faire ! MAINTENANT !

Oui, je peux le faire… je peux le faire… je peux le faire… et je dois le faire pour elle, pour ma Bella. Je dois ranger mes inhibitions au plus profond de moi et la sauver pour qu’elle reste à mes côtés éternellement. Mais pourquoi de cette façon et maintenant ? On devait le faire plus tard et d’une autre manière…
J’inspire pleinement sa délicieuse odeur et embrasse tendrement l’arche délicate de son cou avant de mordre sa chair tendre comme du beurre. Elle sent si bon…
Je musèle le monstre en moi et m’empêche d’aspirer la moindre goutte de sa sève vitale, libérant mon venin salvateur à grands flots, en me concentrant sur les battements mélodieux de son petit cœur.

Baboum… baboum… ba… boum… ba…

La main de mon ange se crispe subitement sur ma chemise et un faible « je t’aime » étranglé sort de ses lèvres dans un dernier souffle alors qu’elle s’affaisse mollement dans mes bras…
NOOOOOOOOON ! Bella… reste… avec… moi…

- GARES-TOI ! MAINTENANT !

Pas ça ! Pas maintenant ! Qu’est-ce qu’il se passe ? C’est le venin ? J’suis sûr que c’est ça… Bon sang, pourquoi j’ai pas appelé Carlisle pour lui demander comment faire ? J’ai dû lui en injecter trop… ou pas assez… Son cœur… Il suffit juste de faire repartir son cœur. Un massage cardiaque, oui c’est ça qu’il faut…

- M’abandonne pas Bella ! Bats-toi !

Je comprime l’endroit où son petit cœur battait il y a encore quelques secondes, ouais, ça va marcher… Faut faire quoi déjà ? Ah oui ! Cinq pressions et insuffler de l’air, respiration artificielle… De l’air ? J’en ai pas moi !

- JAAAAAACK ! Aide-moi par pitié ! Fais-lui du bouche à bouche !
- Mais je…
- Je n’ai pas de souffle ! J’t’en supplie, fais-le... pour elle ! Bella… Reste avec moi mon amour ! REEEESTE !

S’il te plait Bella… Bats-toi… Je suis rien sans toi… Me fais pas ça… Mais pourquoi il a fallu que j’aille chercher cette foutue bague à la con, pourquoi ? J’aurai dû attendre pour lui faire ma demande, qui n’a plus aucun sens désormais. Il se serait rien passé si j’avais été là… J’aurai pu te protéger, j’aurai dû te protéger… Ma Bella reste avec moi… Pourquoi me maudissez-Vous à ce point pour m’ôter ma lumière, ma vie, mon étoile, mon soleil ? Je n’ai déjà plus d’âme, pourquoi Vous acharnez-vous à ce point sur moi, Seigneur ? Laissez-moi ma Bella… Laissez-la moi… et prenez-moi à défaut car une éternité sans Bella ne vaut pas la peine d’être vécue… Et Jacob qui reste là planté comme un con à la regarder mourir…

- BORDEL BLACK ! FAIS-LE !

Je ne dois pas comprimer assez fort… Ouais, c’est ça… le cœur est sous les côtes et elles sont assez solides pour le protéger… Ouais, comprimer plus fort, c’est ça qu’il faut… Merde ! J’ai pété une côte… Le venin la réparera… une deuxième… c’est pas grave… Vas-y, repars… repars, bon dieu ! Non, je ne blasphème pas, Vous ne faîtes rien pour la sauver alors je ne vois pas en quoi jurer changera Votre opinion…

- Repars bon sang ! J’t’en supplie Bella… Reste avec moi… M’abandonne pas ! T’as pas le droit de me faire ça ! T’AS PAS L’DROIT !

Deux minutes, ça fait juste deux minutes… Il faut le temps que le venin agisse, oui, c’est ça… il faut seulement qu’il se disperse dans son corps… ouais… c’est ça... ça va marcher… suffit juste que je comprime plus fort, c’est tout…mais qui je cherche à rassurer avec mes paroles insignifiantes… qui ? Putain, si Jacob me foutait la paix ça irait plus vite ! Mais qu’il me lâche ce con, au lieu de vouloir m’écarter de Bella ! Qu’il me laisse m’occuper de mon ange… M’abandonne pas Bella… S’il te plait, reste avec moi… reste mon amour…

- BELLAAAAAAAAAA !

J’ai besoin d’elle, je ne suis rien sans elle… Vous n’avez pas le droit de faire ça ! Elle est pure, elle est innocente, c’est la créature la plus douce et la plus généreuse qui existe sur cette Terre ! Vous lui avez déjà fait subir suffisamment d’atrocités comme ça, elle ne le mérite pas ! Vous n’avez pas le droit de me l’enlever comme ça ! Pas comme ça ! Pas maintenant ! Je Vous jure que je subirai tous les sarcasmes de Rosalie, toutes les blagues vaseuses et pourries d’Emmett, toutes les folies et lubies d’Alice, toutes les punitions possibles et imaginables sans broncher, mais je Vous en supplie, rendez-moi ma Bella !

Ba… boum…

Quoi ? C’est ce que je crois ? Oh pitié, faites que ce soit ça…

Baboum…

Baboum…

Baboum…

Baboum...baboum...baboum... baboum… baboum… baboum… baboum… baboum… baboum… baboum…


J’y crois pas… Alors c’est ça qu’il Vous fallait pour me rendre mon amour ? Que je promette de subir toutes les débilités sans nom de ma famille ? Je le ferai mille fois, c’est promis, maintenant que Vous me l’avez rendue ! Je n’ai jamais cru aux religions depuis ma damnation aux Enfers mais merci Mon Dieu ! Merci Allah ou Jéhovah ou Hosanna et même Bouddha !
Ma Bella… J’enroule étroitement mes bras autour de son petit corps fragile - mais plus pour longtemps – et j’embrasse son beau visage, ses cheveux, son cou, savourant la douceur de sa peau et je m’imprègne de sa merveilleuse odeur, profitant, pour le peu de temps qu’il me reste, de sa délicieuse chaleur. Ma Bella… J’écoute la mélodie la plus enchanteresse qui soit au monde, les palpitations vives et fougueuses de son petit cœur, en harmonie avec son souffle heurté et précipité et je me délecte de chaque battement avec un bonheur indicible.
La transformation a commencé. Plus rien maintenant ne pourra nous séparer, toi et moi, ma Bella… A tout jamais…

POV Bella :

Mais qu’est-ce qu’il peut bouffer ce gros morfale ! C’est pas possible, c’est à croire que ce mec est un tube digestif sur pattes ! C’est surtout une vraie poubelle, capable d’avaler tout et n’importe quoi. Parfois d’ailleurs, il me fait penser à Emmett, le vampire glouton amateur de mets humains et tout particulièrement de Junk Food. Mais il faut bien avouer qu’il est battu à plates coutures par Jake !
Bon, c’est vrai, j’ai remarqué que les Quileutes ont tendance à ingurgiter des quantités astronomiques de nourriture, mais quand même ! Où est-ce qu’ils arrivent à caser tout ça ? Bon, d’accord, être un loup ça creuse… mais le sexe aussi ! D’ailleurs, il faudrait que je songe à recharger mes batteries, car je sens que mon vampire de petit-ami va m’user ce soir… Voir m’abuser… Haaaaaan ! Il était très, très en forme ce matin… rien que d’y penser, j’en suis toute chose…humm Edward… malheureusement, il a fallu que le lutin hystérique et survolté débarque et rompe le charme… Les aléas d’avoir des frères et sœurs et qui ont surtout des dons et des oreilles très indiscrètes. Heureusement que je suis fille unique ! Ben quoi ? Ça a ses avantages et comme je dis toujours, autant voir le bon côté des choses, non ?
Ben dis-donc, c’est d’un calme dans ce snack ! Il n’y a personne ! Bah, c’est peut-être pas l’heure non plus… Tiens, super ! Ils ont des petites bouteilles d’eau aromatisées à l’ananas, j’adore ! En fait, les rayons sont assez bien achalandés… Un petit paquet de biscuits – non, deux – pour le ciné… Des bonbons… Oh ! Des marshmallows ! Et du chocolat… Bon, autant en profiter maintenant, ça nous évitera de perdre du temps à faire la queue pour des friandises au cinéma…

- l-l-l-l-a la caisse… vite !
- prenez-tout c’que vous voulez mais ne tirez pas !

Mais qu’est-ce qu’il se passe ? Oh non… un hold-up… Et merde ! Faut que je me cogne dans une tête de gondole et que je fasse tomber des marchandises… Quelle poisse et la mienne est légendaire !
Le voleur se tourne vers moi, je ne vois pas son visage, il est cagoulé, mais je le vois trembler et paniquer et ça, je sais que c’est vraiment pas bon… pas bon du tout…

- Qu’est-ce que…

Il ne finit même pas sa phrase et tire. Le vendeur, qui restait calme jusqu’à maintenant, s’effondre après avoir pris six balles dans le corps. Je ne bouge pas, Charlie m’a toujours dit qu’en cas de hold-up, il ne fallait rien faire pour stresser le voleur, au contraire, il faut faire ce qu’il dit. Mis à part que celui-là ne dit rien. Il me fixe et je commence à paniquer, la gueule de son revolver est pointée sur moi et recommence à cracher des balles... Oh ! Ça fait bizarre. La douleur est fulgurante…
Je sens cinq projectiles entrer dans mon corps et vois le type s’enfuir à toute vitesse. Mes jambes sont comme de la guimauve et je me sens tomber, comme au ralenti. Les secondes avant que je n’atteigne le sol me paraissent des heures ; j’ai l’impression de flotter dans du coton, c’est si étrange…

J’entends des hurlements, puis du bruit, mais ça à l’air tellement lointain !
Puis je sens des bras brûlants qui m’entourent et me soutiennent, Jake, et une main douce, fine, dure et glaciale à la fois, qui enserre étroitement la mienne, Tanya. Ils me parlent mais je ne comprends pas ce qu’ils me disent, puis je sens Tanya me lâcher subitement… Ah mais quelle idiote, le sang, bien sûr ! Ça doit être terriblement difficile pour elle de se trouver ici…
Mes yeux veulent se fermer et mon esprit veut se reposer, mais je ne dois pas me laisser envahir par la fatigue. Je dois attendre, les secours ne vont pas tarder à arriver… Et Edward… Edward va arriver, je le sens, je le sais… Edward, mon amour, mon homme à moi, mon âme…
Une voix mélodieuse et vibrante de désespoir s’élève dans l’air et je sens des mains se poser sur moi, une au creux de mes reins et l’autre caressant tendrement mes cheveux. Ces mains, je les reconnaîtrais entre mille, ce sont celles d’Edward. Il me plaque à la fois fermement mais délicatement contre son corps si familier, je me sens bien, si bien… j’ai l’impression de flotter sur un petit nuage. Sa délicieuse odeur m’enveloppe et m’apaise instantanément, je suis au paradis. Je le sens trembler contre moi et je l’entends parler avec Jake mais je ne comprends pas. Leurs voix me paraissent à la fois si proches et si éloignées !
Je suis fatiguée… si fatiguée… j’ai envie de dormir… Laissez-moi dormir… NON ! Je ne dois pas fermer les yeux. Je ne dois pas laisser la fatigue s’emparer de mon corps sans me battre, je le dois à Edward. Ils vont m’emmener à l’hôpital, je le sais. J’ai si mal… Les petits morceaux de métal qui se sont infiltrés dans mon corps me déchirent de l’intérieur, je me sens partir… Je ne dois pas fermer les yeux, je ne dois pas les laisser gagner, je dois me battre, ne pas laisser le sommeil m’envahir. Edward ne me le pardonnerait pas si je l’abandonnais de cette manière. Je croise son regard submergé par la douleur et un amour infini illumine ses prunelles mordorées. Je pose ma main sur sa joue et le sens s’appuyer doucement dessus, puis je caresse tendrement sa lèvre si douce, cette même lèvre synonyme de plaisirs et bonheur, du pouce. Son regard envoûtant capture le mien, m’inondant de toute la puissance de son amour. Je l’aime, mon beau et tendre vampire… Je ne sais même pas s’il se rend compte à quel point je l’aime… Je dois lui dire, maintenant, tant que j’en ai encore la force…

- Je… t’ai… me… Ed…

Je vois son regard se voiler par le désespoir, mais c’est très bref, juste une ombre qui est passée pour mieux repartir ensuite… Qu’est-ce qu’il me cache ?
Des voix précipitées… Des mouvements… Aïe ! Je sens ses bras forts et glacés me soulever aussi aisément que si j’étais une plume… Je me sens voler, flotter… Quelle étrange sensation !
Des lèvres glacées… sur mon… front… Je me… sens… si… faible… J’ai… mal… encore…des mouvements… et la… douleur… à chaque…geste… Mais je suis… bien… à ma… place… dans les… bras… de mon… amour…
Les ténèbres… sont là… prêtes à… m’engloutir… Est-ce donc… seulement… à ça… que j’aurai… eu droit ? Juste… quelques mois… de paradis… dans ses… bras ? La vie… est… injuste… Mais après… ce que… j’ai… fait à… Renée… je ne… mérite… pas… mieux…
NON ! Je ne… dois pas… penser… à ça… Edward… focalises… toi sur… Edward… Son regard… son beau… visage… ses lèvres… douces… Il y a… tellement… de volonté… dans… son regard… Il va… me mordre… je le… sens… je… le… vois… je dois… seulement… tenir… le… temps… que… son… venin… agisse… je… peux… le… faire… je… suis… fatiguée… si… fatiguée… le venin… partager… ton... éternité… notre… éternité…

Il… me…berce… tendrement… et sa… voix… mélodieuse… me… chuchote… des paroles… apaisantes… des promesses… des mots… d’amour… moi aussi… je t’aime… Edward… Mon Edward…
Ses lèvres… effleurent… les miennes… que…dit… il ?

- Je suis désolé, Bella… Je ne voulais pas que ça se passe comme ça… ça ne devait pas ce passer comme ça… excuse-moi mon amour. Je t’aime…

Je ne… t’en… veux pas… mon cœur… ce n’est… pas… ta faute… comme… Charlie… dit… toujours… « C’est la… faute… à… pas… de… chance »… Ses lèvres… glissent vers… mon cou… elles… cherchent… l’emplacement… idéal… un… baiser… puis ses… dents… AÏE… croquent… ma chair… ses mâchoires… se re…ferment… douloureusement… pourtant… je… sens… qu’il… se… retient…

… Les… Ténèbres… sont… trop… fortes… elles m’en… vahissent… je… ne… tiens… plus…
Je… peux… plus… je… dé… so… lée… je… Ed… dois… lui dire… une… dernière… fois…

- Je… t’ai…me…


C’est donc ça, la mort ? J’ai senti mon cœur tressauter faiblement une dernière fois et mon dernier souffle s’échapper de ma bouche, comme s’il vidait mon corps de tout l’air qu’il possédait. J’ai l’impression d’être si loin de tout, de ne plus avoir de corps tout en en ayant un. Je flotte entre deux mondes, celui des vivants et celui des morts… Edward s’acharne à réanimer ma dépouille et j’aimerai y croire, j’aimerai croire qu’on m’offre à nouveau la possibilité de l’aimer pleinement, passionnément, librement… Edward… J’avais encore tellement de choses à vivre avec lui… tellement d’amour à lui offrir… et je l’abandonne lâchement parce que je n’ai pas eu la force et la volonté nécessaire pour combattre les Ténèbres… Edward… Comme je m’en veux de te laisser affronter l’éternité seul ! Ne pleure pas mon amour… Ne gâche pas ton existence à me pleurer alors que tu peux encore vivre tant de choses… Comment lui faire comprendre qu’il s’acharne inutilement sur mon corps ? La vie m’a quittée, les Dieux m’ont rappelée à eux… Je ne reviendrai pas et cette fois, aucun venin ne pourra me sauver… si tu savais à quel point je m’en veux, Edward… peut-être autant que je t’aime, si ce n’est plus mon amour… La mort est étrange… je la voyais froide… glaciale… et pourtant... j’ai l’impression de flotter dans une bulle de savon chaude… très chaude… c’en est presque désagréable cette chaleur… Oh j’ai compris… l’Enfer… Ce sont les Enfers qui m’amènent à eux… j’ai tué ma mère et ils m’ont gardé une place au chaud… très chaud… trop chaud… brûlant… bouillonnant… comme de l’acide qui coule dans mes veines… douloureux… insupportablement douloureux… atroce… ignoble… mais qu’est-ce que… mon cœur ? Mon cœur repart ? Mais je… le venin.
Le venin fait son effet, ravageant mes veines, mes artères, mon cœur en premier puis mon corps tout entier. Je le sens, flamme après flamme, langue de feu après langue de feu… de l’acide… j’ai l’impression de brûler sous acide… Torture… Calvaire… incomparable… Même les coups de Félix au summum de sa cruauté ne sont rien comparés à cette souffrance… QU’ON ME TUE ! Je suis désolée de penser cela mon amour… Mais c’est intolérable… Insupportable… une douleur incommensurable… J’entends à nouveau… des cris de joie, des éclats de rire… à croire qu’ils sont heureux de ma souffrance… ne voient-ils donc pas à quel point je souffre ?
J’AI MAL ! Et pourtant je suis incapable de hurler ma souffrance, ni même de bouger… Pourquoi ? Pourquoi suis-je clouée au bûcher alors que mon corps tout entier se contorsionne et se consume sous la douleur ? Pourquoi ? Je brûle… Je brûle… JE BRÛLE!
Une main froide posée sur mon front… se déplace sur mon cou… un corps froid se colle contre le mien et m’enserre fermement, étroitement… Edward… je le sens… Même la souffrance est incapable de me séparer de lui… Il me soulève, m’emmène… Il me déplace et m’allonge contre lui… nous sommes en mouvement, je sens les vibrations d’un véhicule… Une odeur… boisée… Jake… Il doit certainement nous conduire à Forks… J’ai mal… oh mon dieu comme j’ai mal… Je t’en supplie Edward… Fais que la douleur parte… Chasse-la pour moi ! Je n’y arrive pas… j’en suis incapable… penser oui, c’est ça… je dois continuer à penser… ne pas me focaliser sur la souffrance mais penser à la récompense… Ma récompense… l’éternité… toi et moi… à jamais…

Mais la douleur est là, poignante… omniprésente… insupportable… intolérable… j’ai mal, très mal, trop mal… J’AI MAL BON SANG !
Ne pas y penser… ne pas y penser… ne pas y penser…
C’est ce que je voulais de toute façon. La transformation, le seul moyen de rejoindre mon Edward pour l’éternité… Pourquoi mon cœur s’est-il remit en route pour me faire souffrir à ce point ? Je n’en peux plus de souffrir, je veux mourir. LAISSEZ-MOI MOURIR BORDEL !
Non, je ne dois pas penser ça. Edward. Pense à Edward. Qu’est-ce que la brûlure comparée à une vie éternelle aux côtés de l’être aimé ? Mais ça fait mal putain ! Et pourquoi suis-je clouée sur place comme ça ? Pourquoi suis-je frappée de mutisme ? Ne peuvent-ils pas sentir à quel point je souffre ?
Edward me soulève, il me déplace à nouveau. Je sens de nombreuses présences. Des odeurs sucrées et d’autres… bizarres… presque désagréables…
Des mains fraîches me palpent mais je ne sens pas mon Edward. Carlisle peut-être ? Oui, c’est sûrement lui. Il doit chercher à comprendre pourquoi je suis incapable de bouger et de crier. J’ai mal… ça fait combien de temps que ça dure ? Je dois compter, oui c’est ça… Me focaliser sur ma respiration… La vache ! Mon souffle est rapide, je n’en reviens pas ! Pourtant, je ne viens pas de me taper un marathon ! 1, 2, 3, 4, 5… 1289, 1290, 1291, 1292… 5843, 5844, 5845…
Pourquoi ça s’arrête pas ? Je souffre, c’est atroce ! Les voix. Je dois me concentrer sur les voix.

- … Pas normal Carlisle ! J’ai sûrement fait une erreur !

J’le savais… j’le savais que c’était pas normal de souffrir autant…

- Non fils, regarde. Tu vois, elle se transforme. Le venin agit bien. Écoute son cœur ! Jamais je n’ai entendu un cœur en mutation battre aussi vite, ça ne durera pas longtemps, peut-être deux jours, deux jours et demi en tout et pour tout.
- Alors pourquoi elle ne se tord pas de douleur ? Pourquoi elle ne hurle pas ? J’ai dû faire une erreur…
- Nous réagissons tous différemment à la transformation, Edward…

Quoi ? Qu’est-ce qu’il dit comme connerie ? Je n’ai pas mal ? Non mais il se fout de ma gueule, là, c’est pas possible autrement ! J’t’en foutrais des « elle ne se tord pas de douleur » ! CA BRÛLE PUTAIN DE BORDEL DE MERDE ! Oh! La douleur s’atténue! Je sens des ondes de calme et d’apaisement m’envahir, vague après vague… Jasper ! Merci mon pote ! T’imagines même pas à quel point ça me soulage… Toi, t’es un ami, un vrai !

- Si ça peut te rassurer, Edward, Bella souffre le martyr…
- Parce que tu crois que ça me rassure d’entendre que mon ange souffre ? Mais t’es con ou quoi, Jasper !

PUTAIN CA RECOMMENCE ! Encore ! Et encore ! BORDEL JAZZ FAIS QUELQUECHOSE !

- Désolé Bella, j’y arrive plus, ça ne marche pas, je ne sais pas pourquoi…
- Quoi Jazz ! Qu’est-ce qu’elle a Bella ?
- Rien, enfin si… elle souffre mais je n’arrive plus à l’apaiser… je ne sais pas pourquoi!

Et nianiania et blablabla… Mais putain, au lieu de discutailler faites quelque chose bon sang ! J’me consume moi ! Je suis sûre et certaine que je ne ressemble plus à rien! Enfin si… Je dois sûrement avoir l’apparence d’un bout de charbon. J’ai mal ! MAL ! MAAAAL !

- Oh, c’est étrange ! Regardez les balles, elles ressortent d’elles-mêmes ! J’aurai pensé que le venin les dissoudrait… Je vais les gard…
- POURQUOI ? POUR EN FAIRE UN COLLIER SOUVENIR ? MAIS ÇA VA PAS LA TÊTE ?
- Calmes-toi Edward ! Je ne les garde pas pour ça… c’est juste une preuve dont on se servira pour maquiller sa mort auprès des autorités. Tu comprends ?

Mais fermez-la bon sang ! Vous voyez pas que je souffre ? Fais quelque chose Edward! Je t’en supplie, fais quelque chose…Tue-moi mon amour ! TUE-MOI ! Ou fais-moi l’amour à défaut… mais n’importe quoi, voilà que je délire…

- Qu’est-ce que je peux faire pour l’apaiser, Carlisle ?
- Malheureusement, il n’y a rien à faire à part attendre que la mutation s’achève, je suis désolé, Edward… Pourquoi ne l’emmènerais-tu pas là-haut, dans ta chambre ? Bella y sera sûrement mieux qu’ici, entourée de constants va et vient. Emmène-la et câline-la, il n’y a rien d’autre à faire… Je ne peux pas lui donner de morphine, ses veines sont déjà scellées depuis longtemps…

Faites ce que vous voulez, mais faites quelque chose ! Je sais pas moi, enfouissez-moi sous un glacier, emmenez-moi au Pôle Nord… Mais faites quelque chose bon dieu ! AAAAAAAAAAAAAAAAAH ! J’ai trop mal !
Une délicieuse odeur m’enveloppe, Edward. Il me prend tendrement dans ses bras et me soulève avant de m’emporter je ne sais où. Sûrement dans son ancienne chambre, celle-là même où j’ai découvert à quel point il était… pénible – faute de meilleur terme – de vivre sous le même toit que plusieurs vampires à l’ouïe bien affûtée. Qu’est-ce qu’Emmett nous en a fait bavé à imiter inlassablement nos gémissements d’extase ! S’il ne l’avait fait qu’une fois, passe encore, mais non ! Cette andouille nous a rabâché les oreilles avec ça pendant des jours ! Ce matin encore, d’ailleurs… EH ! Mais j’y pense… Tout le monde m’a répété qu’avec mon statut de « nouveau-né », je serai plus forte qu’Emmett. Il va voir de quel bois j’me chauffe celui-là ! Moi aussi je vais lui en faire baver !
Edward m’allonge précautionneusement au milieu du grand lit et me déshabille. Attends, quoi ? Il me déshabille ? Non mais il est malade ! Oh, je vois… Mes habits doivent certainement être trempés de sueur, voir carrément brûlés, vu que j’ai l’impression d’être complètement rôtie. Mon Edward, si plein de petites attentions. Je l’aime ! Ses bras se referment étroitement autour de ma taille alors qu’il s’allonge à mes côtés et presse son corps contre le mien. Je sens sa queue contre… Non mais il croit quoi, là ? Que je suis en forme pour une partie de jambes en l’air ? Mais il est malade ! Fais-toi soigner Edward ! Oh ! D’accord… Il cherche seulement à me rafraîchir en collant son corps glacial contre le mien… C’est étrange d’ailleurs, son corps me semble un peu moins froid que d’habitude… Suis-je bête, c’est logique ! Je dois également me refroidir puisque je me transforme ! Moi aussi je finirai glacée ! Mais c’est dingue quand même… Comment pourrais-je me refroidir alors que mon corps flambe ? J’ai l’impression d’être une saucisse qui passe au barbecue ! J’ai mal bordel ! Trop, trop mal… Ben putain, l’immortalité à un prix : une souffrance innommable ! Une abomination, c’est effroyable… Je préfère mille fois me faire tabasser par Félix tout en me prenant des balles dans le ventre que de vivre ça. Stop Bella ! Pense à autre chose. Pense que cette souffrance est ton sésame pour une éternité à aimer Edward. Edward… Humm… Tiens, ça me fait penser à ce que Rosalie me disait au sujet du sexe entre vampires, que c’était quelque chose de particulièrement intense et torride… Quand je vois que c’était déjà on ne peut plus intense et torride entre Edward et moi, qu’est-ce que ça sera une fois la transformation achevée ! J’ai hâte d’y être… Mais c’est pas vrai, je suis une vraie obsédée ! Bah, autant penser à des choses agréables, ça diminue légèrement la brûlure…
Edward me maintient fermement plaquée contre son corps, c’est doux… agréable… soulageant… apaisant… Ses mains volent sur mon corps, caressant mon dos, mon ventre, mes cheveux, mes cuisses, ses lèvres papillonnent dans mon cou, déposant une myriade de baisers.

- Je suis désolé, ma Bella… si tu savais à quel point je m’en veux de te faire souffrir ainsi… si seulement il y avait une solution pour que je prenne ta douleur ! Je suis désolé, mon amour… je t’aime mon ange…

Mais qu’est-ce qu’il est pénible à toujours dire qu’il est désolé ! Comme s’il y était pour quelque chose ! Enfin… si, un petit peu quand même, c’est son venin qui brûle dans mes veines tout de même. Mais il n’y avait pas d’autre solution, non ? Bon, c’est vrai qu’on en avait déjà parlé, que la douleur de la transformation était quelque chose de particulièrement épouvantable – et maintenant que je l’expérimente, le mot est faible, croyez-moi ! – et on avait prévu de m’injecter suffisamment de morphine pour que cela atténue la douleur, mais vues les conditions de ma transformation express, on n’avait pas de morphine sous la main ! Dommage… Putain, j’ai mal…. J’AI MAL !
Pense à autre chose, Bella ! Tiens, les bruits… Le souffle régulier d’Edward… le bruissement de ses lèvres contre ma peau… la douce mélodie qu’il me fredonne aux oreilles… les voix des membres de la famille Cullen à l’étage au-dessous… celles de nos amis loups… le bruit étouffé de grosses pattes foulant le sol… une voiture qui… Quoi ? Délire ! J’entends les voitures ! Pourtant, la route n’est pas à côté… Wow !
Huuuuuuuuh… j’ai si mal… c’est horrible… j’ai l’impression que la douleur augmente…
Les flammes qui lèchent mon corps, mes veines, mes organes, mes os, se font plus vives encore, la douleur est encore plus virulente… Mais comment est-ce donc possible ? Aaaaaaah…

- Oui Alice, deux secondes !

Je sens le lit bouger légèrement alors qu’Edward se lève en soufflant. Je me focalise sur ses gestes pour ne pas penser à la brûlure. Je l’entends mettre un jeans, c’est ahurissant ! Le ziiiip de la fermeture éclair résonne si clairement… Puis il met un T-shirt, je l’entends au froissement du tissu contre sa peau. Il fouille dans un placard puis revient vers moi et me redresse. Il me maintient fermement contre son torse et me passe un T-shirt. Ouais, ben il ferait bien de me mettre également un sac sur la tête parce que je ne dois plus ressembler à grand chose… Un croisement entre la Momie et le monstre des marais, peut-être… bien carbonisé surtout, le croisement ! Il me rallonge et m’enfile un boxer tout en effleurant timidement mon ventre du bout des lèvres. Edward se relève puis va ouvrir la porte de sa chambre et le lutin survolté débarque.

- Quoi, Alice ?
- Oh ça va ! Arrête de jouer les rabat-joie ! Je venais juste te dire que c’est bientôt terminé !
- C’est vrai ? Elle va bientôt émerger ? Quand ? Comment ?
- Pfff… Mais quel impatient tu fais ! Attends, je me concentre… Tu vois, elle reviendra bientôt à elle…
- Merci Seigneur !
- En tous cas, elle va être magnifique pour un vampire…
- Elle l’a toujours été, Alice… Il n’y a jamais eu plus belle créature que Bella dans l’univers…

Ah ben c’est déjà ça ! Je croyais ressembler à une vieille éponge carbonisée, mais apparemment je suis « magnifique », ouf ! Ça soulage. Edward est adorable, un vrai amour… Mon amour… Par contre, j’aurai vraiment apprécié de savoir quand cette saleté de torture infernale cessera une bonne fois pour toutes !
C’est à croire que mes paroles ne font qu’amplifier la torture… la brûlure devient carrément intolérable, se concentrant tout particulièrement dans le haut de mon corps… en fait, mes jambes et mon bassin ne brûlent plus, non, je sens que c’est froid en bas… Aaaaah… j’ai si mal… mon cœur tambourine incroyablement vite et fort dans ma poitrine, comme s’il cherchait désespérément à échapper à la torture. Au plus les palpitations s’accélèrent, au plus la brûlure se concentre en mon cœur. Mon ventre vient de se refroidir et mes bras également. Le feu se concentre dans ma poitrine : mes poumons et mon cœur. OH !
Mon cœur se met à vrombir telle la turbine d’un réacteur, j’ai l’impression qu’il est une fusée sur le point de décoller…
Baboumbaboumbaboumbaboumbaboumbaboumbaboum…
Le feu est intolérable, concentré en mon cœur… MAIS ARRACHEZ-LE-MOI, BON SANG !
Puis brusquement, alors qu’il tambourinait dans ma poitrine comme s’il cherchait à s’en échapper, le silence le plus total emplit ma cage thoracique. Plus un seul battement… Rien… Le silence total dans mon corps. Je viens seulement de m’apercevoir que je retenais ma respiration !
Et comme par magie, la torture sur le bûcher s’est arrêtée en même temps que mon cœur a cessé de battre.
Ça y’est, je suis « morte ».
Je sens le lit s’affaisser et quelqu’un se presse contre moi.
EH ! QUI A PRIS LA PLACE D’EDWARD CONTRE MOI ? ? ?
Un drôle de bruit, un feulement on dirait, s’échappe de ma gorge au moment où une main douce et tiède se pose sur ma joue.

- Sssssh Bella mon amour, ce n’est que moi.

Mais je suis bête ! Bien sûr qu’Edward est tiède ! Enfin… c’est plutôt moi qui suis glacée maintenant. Sa voix est un pur enchantement, une divine mélodie à mes nouvelles oreilles, j’en entends maintenant toutes les nuances.

- Bella… Tu veux bien ouvrir les yeux ? S’il te plait… Fais-moi un signe… Dis quelque chose… Bella…

Sa voix contient des accents désespérés et craintifs ; il a peur. Je dois le rassurer.
Mais j’ai peur… Peur d’ouvrir les yeux et que plus rien ne soit comme avant…

- Allez Bella... S’il te plait… Tu peux le faire !

Oui, je le peux.
J’inspire profondément et bien que l’air me soit désormais parfaitement superflu, des centaines d’effluves différentes pénètrent dans mon organisme, me permettant de «goûter » les odeurs. L’une d’elles, la plus proche de moi, et la plus familière également, est sublimée par ma nouvelle condition. Ce parfum que je reconnaîtrais entre mille, ce mélange de lilas, de soleil et de miel qui m’apaise instantanément, c’est Edward. Je m’en délecte une dernière fois puis tourne mon visage dans sa direction avant d’ouvrir les yeux – mes nouveaux yeux – pour la première fois.
Oh. Mon. Dieu…
Il est magnifique…



7 commentaires:

  1. je dois dire qu'on a fait du bon boulot avec ce chapitre et je me suis éclatée avec notre Edward pour le torturer plus qu'il ne l'est...
    mais je sais que tu aimes ça, petit coquin, passer sous nos plumes!!!
    et Bella, qui pense à faire l'amour alors qu'elle trépasse, je vous jure lol.
    mais les voila réunis pour l'éternité. et désormais, l'apprentissage doit commencer.
    tiens "apprentissage", c'est bien comme titre, si tu traites de l'état de nouveau né de Bella pour un nouveau chapitre entre la découverte de son corps de vampire ainsi que les chasses etc.
    bon je filoche. bisous

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  2. salut la miss =)
    génial ce chapitre ^^ perso j'étais ^sur au début qu'il s'agissait de félix qui avait retrouver Bella. Pff faut vraiment que je me repose moi.
    Sinon ben sa fait étrange de voir la stiry du point de vue de Jacob, mais c'est pas désagréable non plus xD J'aime bien ;)
    en parlant d'aimer, je trouve qu'edward s'en ai sortie super bien sur ce coup-là , elle pouvait mourir dans le magasin et le gérant survivre....enfin bon ouff !!
    maintenant va faloir les retenir les deux obsédés ^^ ils vont faire concurrence à rosalir et emmett, s'en compter que le malheureux nounours va en voir de toute les couleurs avec la nouvelle Bella ;)
    j'ai peur de l'autre cinglés lorsqu'il va apprendre qu'elle est devenus immortelle, ce con va vouloir la faire souffrir, mais maintenant c'est Bella la plus fort :D elle va le tuer s'il essaye de la toucher ;)
    aller je te dis a trés bientôt et vivement le prochain chapitre (je les dévore c'est dingue ^^)
    cynthia.

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  3. Génial ton chapitre, vivement la suite, j'ai hâte de la lire. A bientot,
    Creamy

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  4. Waouw...quel chapitre, il est génial!!! Et je suis super contente que la transformation de Bella sait faite plutot que prévu!
    J'ai hâte de lire la suite! ;)
    Bisous :)

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  5. Vivement la suite, j'ai hâte de la lire !!! ^^

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  6. wouha toujours aussi genial le chapitre mais edouard devrait vraiment se calmer il reflechi beaucoup trop cathy

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  7. pr te dire que je suit ta fic depuis le début et j'attends chaque chapitre ac impatience. d'ailleurs je viens de relire ta fic en entier ds l'attente du prochain et elle me fait tjr le même effet : des lemons à gogo,une bella qui n'a pas froid aux yeux, de l'humour (merci Emmet !), une petite intrigue (à présent résolue ms qui donne encore du fil à retorde !)... tous les ingrédients d'une fic géniale quoi !
    d'ailleurs tes autres fics le sont tout autant, surtout Happy Birthday Mister Cullen. l'autre commençait un peu à me frustrer ac tous les malentendus ms le prochain chapitre semble être promoteur.

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