Edward & Bella

Edward & Bella

vendredi 25 juin 2010

39 - Manifestations

C’était trop beau pour être vrai…
Nous étions enfin tranquilles depuis quelques temps, pensant constamment à cette menace tout en vivant chaque minute à fond, Bella sortait tout juste de sa transformation après avoir failli laisser sa vie lors du hold-up et il fallait que cette espèce de barbare sanguinaire refasse surface dans nos vies comme un chien dans un jeu de quilles…
Bella se calma tant bien que mal avec l’aide de Jasper, chose que nous ne comprenions absolument pas, puis son regard se planta dans le mien. La terreur pure, la colère et la détermination se lisaient dans ses immenses prunelles pourpres et je lui tendis une main pour l’aider à se lever. A peine debout, elle fila, plus vive que l’éclair, jusqu’à la villa et j’eus bien du mal à tenir son rythme démentiel malgré ma vitesse ; elle était décidément très rapide. Nous pénétrâmes dans la villa en provoquant un courant d’air qui brisa une fenêtre lorsqu’elle celle-ci se claqua violemment, faisant sursauter Esmée, qui râla une fois de plus à cause de la casse et Alice qui s’était perdue dans ses pensées afin de savoir si l’autre projetait quelque chose. Toute ma famille ainsi que le clan Dénali étaient là et Sam, prévenu par Jacob, arriva en même temps que mes frères quelques instants après nous. L’alpha de la meute tenait absolument à savoir si Félix constituait une menace pour la population de Forks, d’où la raison de sa présence parmi nous.
Tout le monde se regroupa autour de la table où était posé le colis et Bella le regardait avec appréhension. Bien que destiné à ma douce, je trouvais étrange que celui-ci lui ait été envoyé chez mes parents.

- Il est arrivé comment ? Demanda mon ange, la voix chevrotante d’anxiété.
- Un livreur de la Fedex vient de le déposer… lui répondit mon père en posant une main sur son épaule et en la poussant doucement jusqu’au bord de la table.

Bella observa tous les visages qui étaient présents puis s’attarda longuement sur le mien. Je lui fis un bref signe de tête pour l’encourager à ouvrir le paquet.
Elle enleva le papier kraft qui l’emballait avec une répugnance non-feinte et souffla longuement comme pour se donner le courage de continuer sa besogne puis en sortit une boîte ressemblant étrangement à celles utilisées pour le transport d’organes humains en vue de greffe, en modèle réduit. Une douceâtre odeur de chair en putréfaction émanait de la boite et tout le monde retint son souffle lorsque Bella se décida à l’ouvrir. Elle en sortit un petit coffret à l’odeur encore plus fétide puis ferma les yeux avant de l’ouvrir et de la refermer sèchement. Un hurlement strident et épouvantablement douloureux déchira l’atmosphère tendue et Bella laissa tomber cette petite boîte au sol en s’effondrant sur le parquet. Emmett fut le plus rapide, pour une fois, à comprendre…

- OH PUTAIN !

Il pointa du doigt la boîte, qui s’était réouverte en tombant, en criant et en bondissant en arrière, attirant tous nos regards sur le mystérieux objet contenu à l’intérieur.
Deux grosses billes jonchaient le sol.
Deux globes oculaires aux iris d’un bleu profond nous observaient d’un regard mort en tournoyant lentement sur eux-mêmes.
Il fallait vraiment être taré pour faire un truc aussi malsain…
J’enroulais étroitement mes bras autour de ma Bella qui se balançait d’avant en arrière, le visage enfoui entre ses genoux, et vis du coin de l’œil un morceau de papier dépasser de l’écrin. Je tirais doucement dessus et une écriture fine, penchée et délicate recouvrait le papier.

« Tu m’as toujours dit que tu rêvais d’avoir ses yeux… »

Mon corps se tendit lorsque je compris qu’il s’était attaqué à une personne proche de Bella. Elle s’était enfermée dans une espèce de mutisme entrecoupé de feulements de souffrance. Jacob s’approcha lentement puis après avoir frissonné de dégoût, il s’approcha des deux yeux morts, qui continuaient à nous narguer dans leur au-delà. Je fixais mon regard sur lui et vis une étrange douleur submerger ses traits avant qu’il ne file à l’extérieur vider le contenu de son estomac, ses pensées tourmentées.

Oh merde ! Ce n’est pas possible…

Un silence lourd et invivable régnait dans la villa, tout le monde était figé sur place, cloué par la stupeur et l’horreur. Mon père se rua sur les yeux, les ramassant précautionneusement pour les remettre dans la boîte, la souffrance et la désolation affichées sur son visage. Il ne comprenait pas comment l’un des nôtres pouvait s’acharner ainsi sur une personne, aucun de nous ne le comprenait… Puis Bella se leva et alla dans le salon, saisit la télécommande et commença à zapper sur toutes les chaînes avant de s’arrêter sur une édition spéciale de CNN.

« … confirmation, il s’agit bien de l’ancien joueur de base-ball, Phil Dwyer qui était apparemment porté disparu depuis une semaine. Comme tout amateur de ce sport le sait, Monsieur Dwyer, joueur en semi-professionnel de l’équipe de Jacksonville, commençait une carrière on ne peut plus prometteuse. Malheureusement, un accident de voiture a supprimé tous ses espoirs et Phil Dwyer s’est reconverti dans l’entraînement. Soulignons d’ailleurs que son équipe est qualifiée cette année pour le championnat. Je laisse l’antenne à notre envoyé spécial, détaché sur les lieux…
… Merci Machin. Je confirme donc à nos téléspectateurs que la victime retrouvée ce matin dans un entrepôt désaffecté de la banlieue ouest de Chicago est l’ancien joueur de base-ball, Phil Dwyer. Nous avons dû attendre les résultats du coroner car le corps était, en lui-même, impossible à identifier. Depuis plusieurs mois maintenant, Chicago est victime d’une vague de meurtres d’une violence allant en croissant. Rappelons que Madame Renée Dwyer, défunte épouse du joueur, a été la première victime. Je peux vous assurer que cette fois-ci la violence des actes est malheureusement sans précédent. La police pensait, depuis plusieurs mois, avoir affaire à un tueur en série, mais en fonction des nouveaux éléments qui ont été apportés à l’enquête, il semblerait que Chicago abrite une secte satanique ou encore un culte vaudou, comme le prouve la dépouille de Monsieur Dwyer. Il a, en effet, été victime d’exsanguination et certains de ses organes ont également été prélevés. Par respect pour nos téléspectateurs et la famille du défunt, nous n’en diront pas plus sur cet horrible sujet… »

La télévision s’éteignit dans un grand choc et un bruit de verre brisé ; Bella avait jeté la télécommande dans l’écran qui s’était pulvérisé sous le choc. J’essayais tant bien que mal de faire abstraction de toutes les pensées horrifiées de nos amis, bien que j’aie du mal avec celles d’Eléazar. Dire qu’il était profondément choqué par les actes de Félix était un euphémisme. Pendant ses longues années de services à Volterra, il l’avait considéré comme un ami voire même un frère, mais il s’était senti trahi lorsque Félix avait choisi sa voie : cruauté, barbarie et chaos… Je me sentis d’autant plus mal à l’aise lorsque Eléazar me supprima l’accès total à ses pensées, je n’aimais pas ça… Vraiment pas…

Il fallut plusieurs jours pour que Bella sorte de sa léthargie. Elle était restée dans un état catatonique pendant plus d’une semaine, refusant même de se nourrir. Puis un jour, elle s’était relevée, était partie chasser et s’était remise au combat avec encore plus d’acharnement qu’au temps de son humanité. La transformation avait aiguisé ses réflexes et sa dextérité, sa puissance et sa rapidité. Malgré son statut de nouveau-né, elle arrivait facilement à se concentrer lorsqu’elle s’entraînait avec Emmett ou Jasper, à condition qu’un animal ne soit pas à portée de nez. Quant à moi, je ne pouvais pas concevoir l’idée de la « combattre », de préméditer des attaques, de la frapper… j’en étais incapable, ça me rendait malade… et puis je l’aime trop pour cela…
Entre temps, le Chef Swan était passé plusieurs fois à la maison pour montrer les cartes qu’il recevait régulièrement de notre « voyage au Brésil ». Il avait également abordé le sujet de Phil avec mes parents, ne sachant pas trop comment faire avec Bella. Le pauvre, s’il savait…
Malheureusement, à chaque fois que Charlie venait à la villa, nous devions maintenir Bella de force. L’odeur de son père l’entêtait tellement qu’elle ne pensait plus qu’à sa soif de sang humain. Bizarrement, elle n’avait aucun souci avec Sue, Emily, Angéla ou Ben, qu’elle arrivait à côtoyer sans trop de problèmes, mais avec son père c’était une toute autre affaire... Un après-midi, nous décidâmes donc d’emmener ma belle en ville, sous bonne escorte, avec Emmett, Jasper, mon père et quelques loups qui suivaient notre voiture à travers bois. Si elle se débrouillait bien avec un petit groupe d’humains, pourquoi pas avec d’autres ? Nous avions à peine franchi les limites de la ville que Bella devint folle à lier, obnubilée par sa soif de sang. Emmett réagit à temps en la maintenant de force tandis que mon père faisait machine arrière, effectuant un demi-tour trop rapide pour que les humains s’aperçoivent de la manœuvre. Jasper se tourna sur son siège passager pour nous aider, Emmett et moi, à retenir Bella qui n’aurait pas hésité à s’échapper de la voiture à la moindre inattention de notre part. Une fois hors de portée de l’odeur humaine, elle se détendit instantanément et se mit à geindre, mortifiée par son comportement. Ce n’était pas la peine de chercher à la réconforter, elle ne nous écoutait pas dans ces cas-là, préférant se morfondre toute seule dans son coin et se traiter de monstre sanguinaire et sans cœur. Nous retournâmes à la villa où se trouvaient Ben et Angela, leurs imprégnés patrouillant aux alentours. Nous ne savions pas s’il était dans les parages et Alice n’avait aucune vision le concernant, alors, par mesure de sécurité, les loups se relayaient et patrouillaient inlassablement, en alternance avec nous, laissant leurs âmes sœurs à la villa pour plus de sécurité. Le clan Dénali, hormis Tanya qui ne pouvait pas se séparer de son « gros louloup d’amour », était parti afin de trouver des vampires de notre connaissance pour nous aider à traquer Félix et l’éradiquer avant que les Volturi ne s’en mêlent, ce qui aurait causé notre perte. Entre un clan de vampires végétariens et leur machine de guerre, le choix aurait été vite fait.

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Il ne se passait plus un jour sans qu’il n’y ait un voire deux meurtres à Chicago et ses environs. Le FBI s’était emparé de l’affaire, mettant ses meilleurs profilers sur l’enquête. Évidemment, ils faisaient fausse piste, persuadés d’avoir affaire à un humain psychopathe. Jazz avait piraté leur système informatique et leur « profile type » du meurtrier était risible… Homme de race blanche, entre vingt et trente-cinq ans, quatre-vint/quatre-vingt dix kilos, adepte des milieux sado-masochistes et sataniques, ayant commis des tortures sur des animaux pendant sa jeunesse… et blablabla… et blablabla… On allait tout de même pas les appeler en disant « vous vous plantez les mecs ! C’est un vampire qui commet tous ces meurtres, croyez-nous, on sait de quoi on parle ! », on finirait soit avec un procès au cul pour « entrave au bon déroulement d’une enquête fédérale », soit dans un hôpital psychiatrique…
Nous étions en train de jouer à la console, enfin… Rosalie, Emmett et moi puisque Bella venait d’exploser sa cent dix-huitième manette lorsque ma douce se figea brusquement et se mit à gronder violemment, les lèvres retroussées. Jasper et Alice eurent le temps de l’emmener loin d’ici avant qu’elle ne puisse s’attaquer à l’humain qui apportait le courrier. Celui-ci une fois parti, Bella revint, mortifiée comme jamais, tandis que Carlisle s’énervait face au « casse-tête Bella » comme il l’appelait dans ces cas-là.

- Bon sang ! Pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ! S’écria-t-il en se frappant le front.

Il rappela Bella puis fit venir Angéla et Ben qui finissaient un devoir pour le lycée dans notre bibliothèque. Comme de bien entendu, Bella n’attaqua ni ne montra le moindre geste offensif envers les deux humains, sous l’œil bienveillant et curieux de Carlisle.

Mais oui, ça ne peut être que ça !

Mon père souriait béatement comme s’il était le découvreur du remède universel contre la connerie élémentaire. Subitement, je ne m’intéressais plus du tout au jeu vidéo, alors que pour une fois, je mettais sa branlée à Emmett. Ma douce s’approcha de lui, légèrement surprise mais aussi inquiète d’apprendre ce que mon père avait trouvé.

- Vous savez pourquoi je n’agis pas violemment avec eux ? Pourquoi je veux attaquer Charlie ? S’il vous plait Carlisle, dites-moi que ce n’est pas grave !
- Ne t’inquiète pas Bella. Tu devras attendre encore quelques mois avant de pouvoir approcher ton père sans danger pour lui, mais je pense avoir trouvé la raison de ce comportement, ce n’est rien de grave! Mais quel idiot je fais de ne pas y avoir pensé plus tôt!
- Je ne comprends pas, qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ?
- Le problème, si je puis dire, ne vient pas de toi, Bella, mais d’eux ! Dit-il tout en désignant Angéla et Ben qui se raidirent en entendant les propos de mon père. Ben, Angéla, excusez-moi, je ne voulais pas le dire comme ça…
- Expliquez-moi, Carlisle, je ne comprends pas !
- Tu as dû voir que, étant vampire désormais, le sang des Quileute ne t’attire pas et ne génère pas ta soif.
- Effectivement, c’est une vraie horreur ! Et qu’est-ce qu’ils puent, c’est atroce ! Ça devrait être interdit d’empester autant ! Désolée Leah ! Ajouta-t-elle lorsqu’elle entendit la louve gronder de l’extérieur.
- Nous y sommes ! Le gêne lupin agit comme un répulsif pour nous, enfin… à part pour Tanya, ce qui reste un complet mystère… Bref, même si nous étions morts de soif, nous serions dans l’incapacité de nous abreuver d’eux.
- Mais Angéla et Ben…
- Laisse-moi finir, Bella ! Angéla, Ben et Emily sont imprégnés aux Quileute. De ce fait, leurs odeurs se sont mêlées à celles de leurs âmes sœurs afin de muter, en quelque sorte. Angéla n’a plus son odeur propre, par exemple. Son fumet est un mélange spécial « Angéla-Embry », tu comprends ? Ainsi, sans même le vouloir, elle est légèrement immunisée contre les vampires. Quant à Sue, bien que le gène lupin ne soit pas actif chez elle, elle en est quand même porteuse. Son odeur contient donc toutes les caractéristiques du gène qui agit comme une espèce de vaccin ! Malheureusement, l’inactivité de ce gène chez elle l’empêche «d’immuniser» ton père.
- Hmmm… Si je comprends bien ce que vous essayez de m’expliquer, leurs odeurs ne sont donc plus totalement « humaines », c’est ça ?
- Exactement !

Bella fut silencieuse pendant quelques instants puis sa voix prit des accents de tristesse lorsqu’elle reprit la parole.

- Et donc, pour mon père… Je dois attendre de m’être familiarisée avec le sang humain pour le revoir, c’est ça ?
- Malheureusement oui, Bella, mais...
- Ça prendra du temps ? Parce que c’est long, ça m’énerve…
- Tout dépend de toi, Bella. En moyenne, il faut compter un an. Peut-être qu’il te faudra moins de temps, je n’en sais rien. Et à part attendre, il n’y a rien à faire…

**************************

Les jours défilaient et mon ange se faisait lentement à l’idée de ne pas pouvoir approcher son père pendant un laps de temps indéterminé, bien que cela lui arrache le cœur. Enfin… façon de parler.
Cependant, à cause de tous les évènements tragiques qui s’étaient déroulés récemment, Bella ne souhaitait pas ajouter son « décès » à la liste, de peur que son père, déjà fragilisé par la mort brutale de son ex-femme et celle de Phil, ne soit définitivement anéanti.
Après quelques disputes et discussions mouvementées, surtout au sujet de sa métamorphose aux yeux humains, nous avions convenu qu’elle pourrait revoir Charlie une fois sa soif domptée. Pour expliquer sa soudaine transformation physique, Bella évoquerait la « chirurgie esthétique ». Quelle idée ! En attendant, elle s’entraînait à parler d’une voix grave afin de téléphoner à Charlie, seule chose qui lui était autorisée pour le moment. La voix de Bella étant devenue particulièrement douce, mélodieuse et envoûtante, Charlie ne pourrait pas la reconnaître sans qu’elle n’ait recours à quelques artifices. Heureusement en tous cas que son père ne soit pas adepte des nouvelles technologies, sinon elle aurait dû trouver une excuse pour échapper aux conversations vidéo sur MSN ! Charlie… c’est à peine s’il est capable d’envoyer un sms avec son téléphone portable.
Afin de brouiller les pistes, Bella et moi avions « officiellement » décidé de prolonger notre voyage au Brésil. Évidemment, le Chef Swan râlait puisque nous allions louper nos cours l’année du bac, mais Sue Clearwater et mes parents avaient souligné le fait que nous étions tous deux d’excellents élèves et que nous pouvions éventuellement passer notre examen en candidat libre si nous choisissions de rester plus longtemps à l’étranger, quant à Billy Black, il passait son temps à pourrir les oreilles de son meilleur ami avec des « laisse ta fille faire sa vie comme elle le souhaite », ce qui n’était pas du goût du Chef Swann. Bref, Bella était officiellement couverte pour son « absence ».
De temps à autre, nous recevions des appels des différents membres du clan Dénali partis à la recherche d’alliés, et certains vampires de notre connaissance avaient répondu présent. Nos amis Irlandais et Égyptiens, ainsi que de vieux compagnons de route de Jasper devaient bientôt arriver. Les loups y étaient assez hostiles, d’ailleurs. En effet, ils n’appréciaient pas du tout cette idée puisque ces vampires étaient adeptes du régime traditionnel… Cependant, pour Bella, ils étaient prêts à passer outre, à condition que nos amis n’attaquent pas un seul humain et se contentent de poches de sang que Carlisle subtiliserait à l’hôpital.
En attendant, Bella s’entraînait chaque jour, en plus du combat, à tenter de maîtriser son bouclier. Malheureusement, elle ne parvenait pas à comprendre le fonctionnement de son don, nous non plus, d’ailleurs. Cela nous valait quotidiennement quelques jolies crises de nerfs, et une Bella hors d’elle était une chose particulièrement éprouvante – et épouvantable – croyez-moi ! Heureusement, elle avait une façon bien à elle d’évacuer toute sa frustration en le faisant sur ma personne, chose dont je ne me plaindrais pas, bien au contraire, j’en redemandais !

J’observais mon ange déboiser une partie de la forêt en combattant avec Emmett et Jasper lorsque Alice se tendit subitement, la bouche légèrement ouverte et les yeux perdus dans les brumes nébuleuses de l’avenir, puis elle se tourna vers ma Bella tout en me cachant soigneusement ses pensées en chantant « les oiseaux gazouillent dans les prés ».

- Bella, il faut que tu rentres à la villa. Maintenant !

Ajouta-t-elle lorsqu’elle vit que Bella ne l’écoutait que d’une oreille distraite. Ma douce se tendit instinctivement puis se focalisa sur ma sœur avant de se décider à suivre son ordre, car s’en était bien un. Nous la suivîmes tous jusqu’à la villa où nous trouvâmes Esmée qui se tenait près de la table, tendue comme une corde de piano, une lettre qu’elle tenait avec répugnance à la main. Elle s’approcha doucement de mon ange avant de poser une main sur son épaule et de lui tendre le courrier.

- Bella… C’est pour toi…

Bella fit légèrement tournoyer la lettre en l’attrapant, ce qui nous permis de voir l’écriture qui la recouvrait. Et d’en reconnaître l’expéditeur…
Si je me tendis, Emmett aussi. Il tremblait littéralement de fureur à l’idée que l’on s’en prenne à sa petite sœur… Jasper, quant à lui, eut bien du mal à garder son calme face à toute la palette d’émotions diverses qui nous tenaillait. Bella décacheta l’enveloppe et lut rapidement le contenu, ses yeux brûlant de fureur bondissant ligne après ligne, puis elle me passa la lettre, dégoûtée par sa lecture. Je me saisis rapidement du papier, appréhendant déjà ce que je risquais d’y trouver…

Ma Beauté,

J’espère que ce courrier te trouvera en excellente santé. Enfin, santé est un bien grand mot dans ton cas, n’est-ce pas ? Les humains sont si fragiles…
Mon cadeau t’a t-il plu ? Je le souhaite de tout cœur. Si j’en avais encore un, en tous cas.
Combien de fois t’ai-je entendu répéter que ses yeux étaient magnifiques et que tu aurais tué pour les avoir ! C’est chose faite maintenant. J’espère au moins que tu apprécies le geste, ma Beauté.
J’ai tenté d’initier ce cher Phil à nos petits jeux mais quel pleurnichard ! Il passait son temps à se lamenter et à me supplier. Quel pitoyable représentant de la sous-race humaine… Il m’a tellement lassé que j’ai abrégé mes souffrances en lui ôtant sa misérable vie. Son sang saturé d’alcool était une expérience des plus effroyables !
Bref, ce cher Phil n’est plus et tu as ses yeux désormais. N’était-ce pas ce que tu souhaitais ?
Bien que cela me déplaise au plus haut point, j’espère que le petit Cullen s’amuse bien avec toi. Mais qu’il garde une chose à l’esprit : tu es à moi. Et à moi seul.
Le temps qui lui reste pour jouer avec toi est compté désormais.
De plus, quand vas-tu enfin réaliser que tu perds ton temps avec cette sous-catégorie de vampire alors que je suis là ? C’est d’un pathétique !
Tu n’imagines pas à quel point tu me déçois, Isabella. Tu pourrais avoir le monde à tes pieds et tu choisis la médiocrité en t’acoquinant avec cette pâle imitation de vampire.
J’ai tellement hâte qu’il te transforme, mon Isabella. Je pourrais ainsi te reprendre et nous accomplirons de grandes choses, ma Beauté.
N’oublie pas, tu es à moi. J’attends juste le moment adéquat pour te récupérer et n’hésiterai pas à me débarrasser de quiconque se mettra en travers de ma route, que ce soit tes précieux petits Cullen ou encore ces boules de poils puantes que tu affectionnes tant.
Tu es à jamais mienne, mon Isabella. Tu m’appartiens.
Dans l’attente de te retrouver et de te satisfaire comme il se doit, je t’envoie mes pensées les plus affectueuses, Beauté.

Ton dévoué Félix.

P.S. : transmets donc mes amitiés aux Cullen.


Je ne m’étais pas aperçu, durant ma lecture, que Bella était sortie se défouler sur les arbres et un violent craquement me ramena à la réalité. Ma douce était dans une fureur noire et nous avons dû nous y mettre à cinq pour l’arrêter dans sa séance de déboisement intempestif. Jasper tenta à plusieurs reprises de la calmer à l’aide de son don mais Bella y resta parfaitement imperméable, protégée par ce foutu bouclier dont on ne comprenait pas le mécanisme, une fois de plus… Il finit par nous laisser, ne supportant plus toute la haine et toute la fureur que Bella ressentait. J’enroulais étroitement mes bras autour de sa taille, espérant l’apaiser et elle se retourna d’un mouvement vif. Son regard pourpre était noirci par la colère et brûlait de mille feux. En à peine une seconde, je me retrouvais cloué au sol, Bella me maintenant d’un pied, me surplombait de toute sa splendeur, tandis que son regard à présent gourmand détaillait lentement mon corps et s’attardait particulièrement sur la bosse qui déformait mon jeans à l’entrejambe. Elle écrasa violemment sa bouche sur la mienne puis arracha brusquement mes vêtements. Avant même que je n’ai le temps de dire « ouf ! », elle s’empala sur moi. Elle avait été si rapide dans ses gestes que je ne m’étais même pas aperçu qu’elle s’était déshabillée… Elle dansait furieusement sur ma queue, me rendait complètement dingue à s’agiter frénétiquement et je dus l’agripper fermement aux hanches pour l’obliger à ralentir la cadence de son rythme infernal… Peine perdue.
Les hostilités venaient seulement de commencer…


La minute universelle de mes pensées existentielles :

Sept jours…
Sept putains de jours…
Selon la Bible, c’est le temps qu’il a fallu à Dieu pour créer la Terre, le ciel, les oiseaux et ta mère…
Moi, c’est le temps qu’il m’a fallu pour évacuer tout le surplus de tension de Bella après sa foutue lecture…
On m’avait toujours dit que les vampires ne ressentent jamais, mais alors ô grand jamais la fatigue.
Ce n’est pas vrai.
Un pur mensonge…
Ou alors c’est uniquement valable pour les vampires femelles le truc de l’absence de fatigue…
Parce que Bella n’est pas claquée, elle.
Mais moi, elle m’a laissé sur les rotules…
J’en peux plus !
J’ai la bite en feu… et en plus, j’suis sûr qu’elle a dû raccourcir de quelques millimètres voire centimètres à force de limer…
Et je ne parle pas de mes couilles…
Au moins, je suis encore debout, même si techniquement, je suis affalé par terre au beau milieu de la forêt…
Je n’en dirai pas autant de notre cottage… Paix à son âme…
Ça a bien fait rire Emmett ! Enfin… il riait jaune tout de même…
Et moi donc !
Mon malheureux piano a succombé suite à l’effondrement de la charpente ; il s’est tout pris sur le coin de la queue…
Non, non, mon instrument n’est pas sexué, c’est – enfin c’était – un piano à queue…
Mon père s’est bien foutu de ma gueule… Maman, elle, tirait une tête de trois pieds de long…
Mais elle est adorable ma môman, elle nous a reconstruit le cottage : cadeau pour la transformation de Bella.
Évidemment, elle nous a fait promettre de le laisser entier cette fois-ci.
Alice a hurlé. Beaucoup. Trop même pour mes pauvres oreilles.
Il ne reste plus rien de nos vêtements.
La maison, les meubles, mon piano… Alice s’en branle comme de son premier cerf !
Mais les fringues, pour elle, ça c’est le comble du comble, un immonde sacrilège… Un pêcher mortel.
Heureusement, Jasper a su la calmer à temps sinon Bella et moi aurions fini démembré.
Je suis mort. Façon de parler évidemment.
Bella frétille comme un gardon, elle pète la forme !
Veinarde !
Le pire, c’est qu’elle en redemande encore…
Mais là, je peux plus !
Out Edward !
Elle veut remettre le couvert. Encore une fois.
J’ai arrêté de compter après la centième.
Et ça fait un bail, maintenant…
Ses mains cheminent sur mon torse pendant que sa langue se perd sur mon bas-ventre.
Pitié ! Aidez-moi !
Elle va me tuer, là !
Elle lève son regard noirci de désir pour croiser le mien.
Je suis sûr qu’il doit être effrayé, mais Bella ne le voit pas…
« Edwaaaard… encoooore ! »
ARG ! Même sa voix est un appel au sexe !
Mais là, je n’en peux vraiment plus…
- Edward ! Bella ! Venez ! Y’a du monde à la maison pour vous !
Bella grogne de mécontentement et s’écarte de moi en râlant…
Et moi, je soupire de soulagement…
OUF !
Sauvé par le gong !

**************************

J’eus toutes les peines du monde à me redresser. Pendant ce temps, Bella avait filé dans notre nouveau cottage afin de récupérer quelques vêtements. Nous ne pouvions décemment pas aller à la villa à poil, non ? Mon enfer personnel revint peu de temps après, entièrement vêtue et tapa rageusement du pied en soufflant d’exaspération, me trouvant bien trop long à son goût pour m’habiller. Nous finîmes par retourner à la villa, elle avançant d’un pas vif et guilleret et moi, me démenant tant bien que mal pour réussir à mettre un pied devant l’autre sans me casser la gueule…

Eh bien, ça n’a pas l’air d’être la forme, fils !

Carlisle m’observait, ébahi de me voir dans un tel état. Je profitais que ma belle soit occupée à discuter avec Esmée, qui la présentait aux Egyptiens venant d’arriver, pour chuchoter mon désarroi à mon paternel…

- J’en peux plus, Carlisle ! Elle m’a tué…
- Comment ça ? Je ne comprends pas.
- Une semaine… Une putain de semaine à subir ses assauts répétés ! J’en peux plus, j’suis usé jusqu’à la moelle…

Je posais ma tête sur son épaule pendant qu’il me tapotait maladroitement le dos d’un geste réconfortant.

- Je te comprends fils. Je suis passé par-là moi aussi…

Je relevais la tête, effaré par ses paroles.

- Quoi ?
- Hein, hein… Te souviens-tu de la transformation d’Esmée ?
- Oui, mais…
- Tu te rappelles que tu es ensuite parti pendant une quinzaine de jours lorsque tu t’es aperçu que nous avions des atomes crochus pour nous laisser faire plus ample… connaissance…
- Oui mais…
- Ne te plains pas, fils. Toi, ça n’a duré qu’une semaine…

Je le regardais, étonné par sa révélation. Mon père se mit à frissonner de dégoût à l’idée de replonger dans ses souvenirs. Évidemment, Esmée et Bella choisirent ce moment pour arriver en catimini et mon père poursuivit sa confession, totalement ignorant de la présence de nos compagnes…

- Crois-moi Edward, je sais très bien par quoi tu passes. Imagines-toi devoir subir ça pendant une semaine supplémentaire ! Crois-moi, à cette époque, j’ai pensé aller plusieurs fois rendre visite aux Volturi et commettre un acte irréparable pour qu’ils me tuent. Quinze jours à subir la frénésie sexuelle d’Esmée… Quinze jours de tortures sexuelles… Je n’en pouvais plus… Je ne sais même pas comment j’ai réussi à m’en remettre sans devenir fou !
- Mais… De quoi parles-tu Carlisle ?
- Oh ! Ma chérie… Tu es là ?

Mon père, horriblement gêné, se tourna vers ma mère qui le regardait avec incompréhension, tandis que Bella m’observait avec étonnement.

- Carlisle ! Qu’est-ce que j’ai fait pour que tu parles comme cela de notre relation ? Tu ne m’aimes donc plus ?

Ma mère avait le visage profondément marqué par la douleur et l’affliction et si elle le pouvait, elle en aurait pleuré.

- Non Esmée ! Mon amour, ne dis pas ça ! Bien sûr que je t’aime ! Plus que tout même !
- Mais alors, de quoi parles-tu ?
- Je.. je… As-tu vu à quel point Edward est épuisé ?
- Bien sûr, il faudrait être aveugle pour ne pas le voir ! D’ailleurs ma petite Bella, il va falloir que tu songes à calmer tes ardeurs si tu veux que ton homme s’en remette ! Non mais franchement, ça fait une semaine que tu te jettes incessamment sur lui ! Le pauvre, il va finir par nous faire une attaque ou un complexe !

Ma mère s’était tournée vers Bella et secouait son index devant elle, telle une institutrice réprimandant un mauvais élève. Bella, quant à elle, était mortifiée et me jetait des regards d’excuses.

- Esmée, tu…
- Deux secondes Carlisle, je n’ai pas fini ! Bella, tu vas me faire le plaisir de réfréner tes pulsions par pitié ! Regarde, c’est à peine si mon pauvre petit garçon peut encore tenir debout tout seul !

Comme pour confirmer ses paroles, au même moment mes jambes se mirent à trembler violemment et je m’affaissais au sol sans pouvoir réagir. Étrangement, alors que je m’attendais à sentir une surface dure contre mon postérieur, j’atterris sur le moelleux d’un fauteuil. Sainte Alice, merci ! Elle avait dû voir ça venir. Je me sentais totalement vide, creux, dénué de substance.

- Mais regarde, Bella ! Ooooh… Mon pauvre petit chéri ! Maman est là, elle va s’occuper de toi. Tu veux quoi ? Du sang d’ours ? De puma ? De lynx ? Ne bouge surtout pas mon petit chéri, je te l’apporte… Quant à toi Bella, ne t’approche plus de mon petit garçon pendant la prochaine décennie si tu ne veux pas subir mon courroux ! Regarde un peu ce que tu…

Carlisle arrêta sa compagne avant qu’elle ne continue à maudire ma belle qui était suffisamment affligée comme ça.

- Esmée ! Ma chérie, voyons ! Arrête ça tout de suite !
- Mais enfin mon amour ! Tu ne vas tout de même pas prendre sa défense ! Regarde Edward ! Elle a presque tué mon fils ! Be…
- Edward a, ni plus, ni moins, subi ce que j’ai subi !
- Comment ? Mais qu’est-ce…
- Comme je l’expliquais à Edward avant que tu ne nous interrompes, j’ai subi tes assauts pendant quinze jours ! Quinze jours, Esmée ! Et au cas où tu ne t’en rappelles pas, j’étais dans un état bien plus déplorable que le sien !
- Mais… Je… Tu m’as dit que tu te sentais mal à cause du sang frelaté d’un animal ! Qu’il avait une maladie quelconque et que cela affectait ton système !
- C’est ce que je t’ai fait croire à l’époque, ma chérie ! Si je t’avais raconté la vérité, je suis sûr et certain que j’aurai terminé en barbecue !
- Mais… Je… Ô mon Dieu ! J’étais une vraie nymphomane ! Quelle horreur ! Ô Seigneur, qu’ai-je fait ?

Ma mère avait l’air frappée d’épouvante tandis que mes frères, alertés par les éclats de voix, riaient de bon cœur en apprenant que notre mère n’était pas une sainte. Bella, elle, s’était agenouillée à mes côtés, la tête posée sur ma cuisse et ses bras enlaçant fermement ma taille. Elle marmonnait inlassablement des « je suis désolée, pardonne-moi ». Quant à moi, j’étais ébahi à l’idée que Carlisle ait pu tenir quinze jours de ce régime infernal… Oui, oui, infernal : le sexe à ce niveau là, ça devient carrément l’enfer…

- Qu’ouïs-je ? Qu’entends-je ? Notre charmante et délicate petite maman fut en son temps une vraie tigresse au lit à l’image de la petite Bella ?

Emmett s’étouffait à moitié de rire tandis qu’Esmée était consternée par ce qu’elle venait d’apprendre. Si, en plus, son ours de fils en remettait une couche, on n’avait pas fini… Malheureusement, il fallut que Jasper en rajoute.

- En tous cas Bells, t’as une sacrée endurance ! Toi aussi frangin, je ne pensais pas que tu serais capable de remettre le couvert après la cent soixante-neuvième fois !
- Qu’est-ce que tu veux dire par là, Jazz ? Tu as été jusqu’à compter nos « performances » ?
- Attends, c’était trop drôle ! Dans le meilleur des cas, tu lui foutais la paix un quart d’heure, et encore ! Tu te jetais sur mon pauvre frangin deux fois par heure en moyenne !
- Oh mon dieu… Edward, pourquoi ne m’as-tu rien dit mon amour ? Je me serai calmée !

Non mais elle plaisante, là, j’espère ! Dès que j’ouvrais la bouche, elle y enfonçait sa langue ! Comment voulez-vous émettre la moindre objection dans ces conditions ?
Jasper posa une main compatissante sur mon épaule avant de continuer sur sa lancée.

- En tous cas, Eddy-boy, t’as eu du bol ! Moi, quand Alice m’a trouvé et qu’ensuite nous sommes passés par la même phase, elle m’a carrément arraché un bras à force de s’exciter sur moi…
- Pfff… Et moi ! Combien de maisons détruites m’a t’on mit sur le dos alors qu’en fait j’étais la pauvre victime impuissante de ma Rosie…

Victime impuissante, mon cul ! Consentante plutôt !
Ma mère, bouche bée, ouvrit de grands yeux après notre échange puis se tourna complètement effarée vers mon père.

- Carlisle ! Mais qu’est-ce que ça veut dire tout ça ? C’est à croire que nous nous métamorphosons en diablesses lubriques d’après vos souvenirs ! Expliques-toi ! Sinon, crois-moi, tu pourras faire ceinture pendant les trois prochaines décennies !

Mon père, déjà pâle de part notre nature, devint encore plus blanc que blanc – si, si, je vous jure, c’est possible ! Puis il déglutit difficilement avant de prendre les mains de ma mère entre les siennes.

- Hmmm… Comment dire… En fait… D’après différentes études menées par les Volturi… Il semblerait que les six premiers mois de vie d’un nouveau-né diffèrent selon le sexe. Tu sais qu’un vampire nouveau-né ne contrôle pas ses émotions, et bien… euh… Un mâle, frustré ou colérique pour une raison ou une autre, aura tendance à se battre pour un oui ou pour un non, à tout détruire ou encore à chasser plus que de raison. Une femelle, de son côté… verra plutôt une… surcharge de libido à la croissance exponentielle. C’est à dire que plus elle fera l’amour, plus elle en voudra encore pour se calmer. Crois-moi, chaque vampire mâle qui rencontre sa compagne peu après la transformation de celle-ci subit la même chose : des centaines de rapports sexuels à la suite, sans interruption. Maintenant que tu as ta réponse, ma chérie, tu es priée de ne pas mettre tes menaces à exécution ! Trois semaines, ça passe encore, mais trente ans, je ne m’en remettrai pas !

Je restais cloué après cette histoire d’étude scientifique. Enfin, si ça expliquait le besoin compulsif de Bella en matière de sexe, ça allait. Franchement, j’ai bien cru qu’elle arriverait à me dégoûter de la baise ad vitam eternam si elle avait continué sur sa lancée !
Bella avait enroulé ses bras autour de mes épaules et me caressait tendrement les cheveux en m’embrassant délicatement dans le cou, comme si j’étais une petite chose fragile, tout en poursuivant sa litanie de « je suis désolée mon amour ». Alors qu’en général, je la stoppais à la moindre tentative d’excuse de sa part, là j’en étais tout bonnement incapable. J’étais tellement lessivé que je n’arrivais même pas à ouvrir la bouche pour parler ! Une délicieuse odeur me parvint aux narines et Jasper me tendit une bouteille remplie de sang de puma.

- Tiens frangin, bois ça, tu iras beaucoup mieux ensuite ! Ce n’est pas pour dire, mais vu ta gueule, t’es incapable de chasser par toi-même sans prendre ça avant !

Putain, pas croyable ! J’ai dû m’y prendre à deux mains pour tenir cette foutue bouteille sans la faire tomber… Mais effectivement, une fois le précieux breuvage dans l’estomac, j’avais récupéré un semblant de force. Suffisamment au moins pour me permettre d’aller chasser moi-même… Alors que je me levais et prévenais ma famille de mes intentions, ma Bella m’agrippa fermement par le poignet.

- Attends mon amour, je viens avec toi !
- NON !

Elle me regarda, choquée et peinée, mais avant qu’elle ne puisse répondre quoique ce soit, Emmett la ceintura et la jeta sur son épaule.

- P’tite Bella, tu restes ici ! T’inquiète pas, tu le reverras bien vite ton homme ! Et puis… Pour être franc, il n’est pas capable de tenir encore un round et la forêt a été suffisamment déboisée comme ça ! En plus, gamine, on a des invités, ce n’est pas poli de ta part de vouloir les esquiver... Allez, sauves-toi, frangin !

Je ne demandais pas mon reste et filais me nourrir. Pour une fois, j’étais bien content d’avoir une famille aussi envahissante, elle me permettait d’échapper aux ardeurs de mon ange ! A peine arrivé dans les bois, je suivis la trace d’un ours, et après lui avoir fait sa fête, je pistais le couple de pumas que j’avais flairé un peu plus tôt. Au fur et à mesure que je laissais les carcasses desséchées des animaux derrière moi, je récupérais mes forces. Après avoir bu plus que de raison et retrouvé mes pleines capacités, je repris tranquillement le chemin de la villa. Le sexe vampirique, n’empêche, c’est comme chez les humains, ça creuse ! Et j’vous jure, subir ce que j’ai subi pendant une semaine, c’est invampire (N/A : ben ouais, franchement, j’me vois mal dire « inhumain » dans son cas…) (N/R : Ben alors Ed, tu veux qu’on en parle…)
Une fois arrivé devant la villa, je retrouvais les Égyptiens ainsi que ma famille, restés à l’extérieur pour discuter. Les loups étaient un peu plus loin, surveillant particulièrement le clan d’Amun puisqu’ils avaient conservé le régime « traditionnel ». Enfin… traditionnel chez les vampires. Ma belle m’accueillit avec un sourire éblouissant et se jeta immédiatement à mon cou en enroulant ses jambes autour de ma taille.

- Bella ! Laisse mon frère tranquille ! Ce n’est pas le moment pour vos cochonneries !

Alice fusa sur nous et traîna mon ange en la tirant par le bras. Si ma douce pouvait encore rougir, son visage aurait pris une appétissante teinte pivoine ! Mais pour le moment, elle était bien trop occupée à pester contre Alice pour penser à sa gêne. Pendant ma chasse, ma famille avait présenté Bella aux quatre égyptiens et également expliqué plus amplement les raisons de notre appel à l’aide. Nous savions que nous pouvions compter sur eux pour traquer Félix, bien que dans son genre, Amun soit un pleutre de la pire espèce. Les quatre membres du clan avaient une dent contre Félix, et pas des moindres…
Trois siècles plus tôt, alors que l’égyptien était encore humain, Félix s’était invité aux noces de Benjamin et de sa jeune épouse, puis l’avait tuée sous ses yeux avant de mordre Benjamin par plaisir, afin qu’il pleure éternellement la perte de sa bien-aimée. Cinquante ans plus tard, le jeune homme offrait à Amun la possibilité de se venger un jour de Félix lorsqu’il le trouva, pleurant au-dessus des corps de ses deux enfants. Amun avait assisté, impuissant, au meurtre de ses enfants, seule famille qui lui restait après l’épidémie de choléra qui avait emporté sa femme et ses parents. Félix avait eu une petite soif alors qu’il passait par-là. Amun rentrait de son travail et le vampire ne l’avait pas flairé, trop occupé à s’abreuver au cou de ses victimes…
Tia et Kebi, quant à elles, avaient vécu en quelque sorte la même chose que Bella…
Si les armées de nouveaux-nés avaient sévi en Amérique, il en fut de même en Afrique du Nord. Maroc, Algérie, Tunisie, Égypte… avaient connu de violentes épidémies mortelles pour les humains. En réalité, des bataillons entiers de vampires se levaient afin de renverser le régime des Volturi. Lorsque nos trois « souverains » en eurent connaissance, ils envoyèrent leurs soldats afin de régler le problème. En moins de deux ans, l’Afrique était nettoyée et purgée de tout vampire. Aro avait seulement épargné les vampires dotés d’un talent utile ; c’est d’ailleurs ainsi qu’Alec et Jane, les jumeaux maléfiques, entrèrent dans la garde des Volturi. Les nuits durant, les combats faisaient rage ; la journée, Félix et ses hommes s’amusaient avec les femmes de leur « harem improvisé ». Ils abusaient violemment des centaines de femelles qu’ils avaient capturées avant de les tuer. Kebi et Tia se sont rencontrées dans ces circonstances et elles ont eu la chance de réussir leur évasion. Une décennie plus tard, elles croisaient la route d’Amun et Benjamin. On ne pouvait compter plus farouches partisans de l’extermination de Félix que ces quatre-là.
Lorsque Bella leur raconta son histoire, ils furent assez blasés dans un sens, cela « lui » ressemblait tellement ! Mais pour eux, c’était également la goutte de trop…

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Nous revenions de Seattle où nous avions fait un nouvel essai Bella / Humains. Malheureusement, la tentative fut avortée par sa soif subite. Nous retournions à la villa lorsque ma douce se figea en voyant plusieurs rochers tournoyer dans les airs devant le perron. Je n’y avais pas prêté attention, déjà familiarisé au phénomène. Bella me retint en s’agrippant à mon bras et je stoppais sur place, incapable d’avancer d’un millimètre de plus. Vivement que sa force s’estompe ! Ben ouais, quoi ! Merde alors, c’est moi le mâle dominant ! Non ? (N/R : il nous fait sa petite crise d’identité…)
Bref. Bella observait, totalement subjuguée et le regard brillant, comme un gosse assistant à un tour de magie, le spectacle qui se déroulait sous nos yeux.
Benjamin s’amusait à faire léviter les pierres, une main tendue vers elles, tandis que de l’autre il pointait un tas d’aiguilles de pin mortes avec lesquelles il formait un petit tourbillon.
Ma douce murmura d’une voix à peine audible, certainement par peur de briser la magie du moment.

- Euh… Il fait quoi là, Benjamin ?
- C’est un élémentaire…
- Un quoi ?
- Un élémentaire !
- Euh… Et c’est quoi un aimantaire ?
- Elémentaire, ma chérie !
- Non, tu te plantes là, c’est « élémentaire mon cher Watson » !

Elle se tourna vers moi, un petit sourire satisfait aux lèvres, fière de sa connerie. Quant à moi, je me désespérais pour elle, une fois de plus…

- Emmett ! Arrête de pervertir Bella et son intelligence avec tes conneries ! Si ça continue comme ça, on pourra la teindre en blonde vu qu’elle finira avec le Q.I. d’une éponge !

Mon frère se marra jusqu’à ce qu’il se prenne une baffe à l’arrière du crâne par sa chère et tendre – il allait finir chauve avant l’heure à ce rythme ! Bella, elle, me regardait, choquée, son sourire railleur disparu de ses lèvres, laissant place à un immense « O » sur sa bouche ouverte de stupeur. Son regard, qui était passé de l’amusement à la peine, commença à se durcir. Hmmm… pas bon pour moi, ça ! Avant qu’elle ne dise quoique ce soit et surtout qu’elle ne se mette en rogne – j’avais assez donné pour dix ans – j’enroulais un bras autour de sa taille et la plaquais fermement contre moi avant de fondre sur ses lèvres tentatrices. Elle gémit et frotta son bassin contre le mien lorsque je me mis à suçoter goulûment sa lèvre inférieure. J’empaumais fermement son joli petit cul et le tripotais allègrement puis elle enroula étroitement ses jambes autour de ma taille, sa main glissant entre nos corps s’appliqua à caresser mon érection douloureusement contenue dans mon jeans. Moi qui pensais avoir été dégoûté du sexe pour un bail, je m’étais lourdement trompé ! 24 heures de repos et une chasse intensive y ont remédié. Une main jouant avec mes cheveux et l’autre se faufilant dans mon jeans, Bella me rendait dingue et je n’arrivais plus à me contenir. Alors que je grognais d’envie tout en passant une main sous son teeshirt, un raclement de gorge et des éclats de rire nous ramenèrent brutalement à la réalité… Heureusement pour nous dans un sens. Bella posa ses pieds au sol et s’écarta légèrement tout en se plaçant devant moi pour cacher mon… problème mécanique aux autres. Nous eûmes juste le temps d’apercevoir une traînée blanche et noire virevoltant rapidement, représentant Alice tirée par Jasper qui se ruait à toute vitesse dans la villa. Un bref aller-retour dans les pensées de mon frère m’apprit qu’Alice allait en voir de toutes les couleurs – pour son plus grand bonheur – suite à l’afflux massif de désir que Jasper avait ressenti. Rosalie nous observait puis elle souffla tout en hochant la tête, affligée par notre manque plus qu’évident de retenue. Emmett, lui, avait les yeux brillants de malice et un petit sourire sadique s’affichait sur son visage. A mon avis, dans cent ans on en entendrait encore parler ! Benjamin et Tia nous observaient, amusés, tandis que Kebi et Amun, les yeux écarquillés par l’effarement et bien trop pudiques pour leur propre santé mentale, avaient fui rejoindre Carlisle et Esmée.
Bella se mordit la lèvre inférieure et me lança un regard suppliant. Ben tiens ! Comme par hasard, c’est à moi de trouver une solution pour nous sortir de ce merdier !
J’agrippais la main de mon ange tout en criant un « circulez, y’a rien à voir ! » puis Bella me reposa la question qui lui brûlait les lèvres avant que nous ne nous interrompions aussi voluptueusement.

- Alors mon cœur, c’est quoi un élémentaire ?
- Hmm ? Désolé… euh… Benjamin a le don de pouvoir contrôler et manipuler à sa guise les éléments.
- Wooooooow…

Bella observait l’égyptien avec des yeux ronds ; lui riait de l’expression ébahie, limite stupide, de mon ange.
Ben et Angela choisirent ce moment pour arriver. Évidemment, vu « l’extrême menace » que représentaient les égyptiens pour les deux humains, Leah et Embry leur collaient au train sous leur forme lupine. Ils grondèrent légèrement en voyant Tia et Benjamin s’approcher de leurs imprégnés puis restèrent sur leur garde lorsque nous fîmes les présentations. Un clan de vampires végétariens, ça passe encore, mais des vampires se nourrissant de sang humain, ça ne va plus !
Pourtant préparés à rencontrer les loups, les égyptiens se raidirent en apercevant ces montagnes de muscles aux crocs acérés débarquer.
Angela et Ben, bien que prévenus de l’arrivée de nos amis et habitués aux yeux pourpres de ma belle, tressaillirent lorsqu’ils croisèrent leurs yeux aux prunelles d’un bordeaux vif. Benjamin leur tendit la main et vit que les deux humains ne réagissaient pas.

- Eh ! Vous bilez pas, j’en ai peut-être l’air mais je ne mords pas !

Angéla pouffa doucement, ce qui eut le don de détendre l’atmosphère, et les loups perdirent leur posture défensive, tout en restant attentifs, bien sûr. Les attitudes étaient moins tendues et les discussions reprirent rapidement. Les égyptiens étaient particulièrement étonnés de voir que des humains évoluaient tranquillement au milieu de vampires. Ils s’intéressèrent également à l’imprégnation et hurlèrent littéralement de rire lorsqu’ils apprirent que Tanya et Jacob étaient ensemble. Ben quoi, même nous on s’en marre encore !
Jasper et Alice finirent par nous rejoindre, l’un avec un air extrêmement satisfait collé sur le visage et l’autre avec un sourire béat s’étirant jusqu’aux oreilles ; ils planaient encore à 100.000 tous les deux !
La Meute avait prévu de nous rejoindre pour la soirée afin de faire plus ample connaissance avec les égyptiens et Emmett prit un malin plaisir à aller jusqu’à la supérette du coin pour acheter une tonne de bidoche pour nos convives. Cette andouille avait dans l’idée de faire un barbecue… en plein mois de janvier – cherchez l’erreur…
A son retour, et tout fier de sa connerie, il entreprit de mettre le barbecue en route. Malheureusement, le temps était bien trop humide pour ça… Emmett avait beau mettre le feu, le petit bois refusait de prendre. Il ne s’en dégageait qu’une épaisse fumée malodorante. A son énième tentative, Benjamin fixa la flammèche du briquet et claqua des doigts. Une gerbe de flammes immenses en jaillit avant de rebondir – oui, oui, rebondir – sur le bois qui prit instantanément. Emmett lâcha son briquet en hurlant d’épouvante et atterrit dans les bras de sa compagne. Imaginez cet espèce d’ours dans les bras de Rosalie tel un enfant apeuré pleurant dans le giron de sa mère ! Instantanément, une multitude de flash crépitèrent. Emmett venait d’être immortalisé en image par toutes les personnes présentes !
Ben, Angela et Emily, qui venait de nous rejoindre, ainsi que Bella et les Quileute avaient les yeux rivés sur les flammes, leurs regards voyageant inlassablement du barbecue à Benjamin. Mon ange s’approcha de lui, bouche bée.

- C’est toi qui as fait ça ? Comment ?
- Edward te l’a dit, je peux manipuler les éléments – l’eau, le feu, l’air et la terre, sous toutes leurs formes. Je ne peux pas les faire apparaître là où il n’y en a pas, cependant. Je n’aurais pas pu m’amuser avec les flammes si Emmett n’avait pas actionné son briquet, tu comprends ?

Les Quileute observèrent Benjamin avec un mélange de crainte, de colère et de respect. Ils n’appréciaient pas du tout que leurs légendes mentionnent les dons vampiriques et appréciaient encore moins de voir que c’était vrai. Celui de Benjamin était particulièrement unique en son genre et pouvait se révéler être une arme redoutable. Ils comprirent, cependant, que l’égyptien s’en servait à bon escient. Benjamin, bien qu’il se nourrisse de sang humain et soit un « monstre » en quelque sorte, avait un sens de la justice très particulier et une certaine droiture d’esprit. Il ne lui viendrait jamais à l’idée de se servir de son talent pour asservir d’autres vampires, il était bien trop intègre pour cela.
Tout comme ma Bella, il détestait être le centre de l’attention et fut horriblement gêné lorsque Ben, Angela et les Quileute se mirent à frapper des mains en criant « une démo ! une démo ! « . Lorsqu’il vit que même sa compagne, Amun et Kebi s’y mettaient, il se résigna à se donner en spectacle.
Benjamin riva son regard au barbecue et les flammes se métamorphosèrent petit à petit, laissant place à des aigles de feu plongeant en piquet parmi nous, puis il récolta un tonnerre d’applaudissements de la part des Quileute lorsque les rapaces laissèrent place à de gigantesques loups plus vrais que nature, galopant dans une forêt de feu. Puis les bêtes enflammées se volatilisèrent, les flammes retournant bien sagement à leur place, dans le barbecue, faisant crépiter les saucisses dont l’odeur retournait l’estomac de tous les vampires présents, hormis Emmett qui s’en pourléchait déjà les babines. Eh oui, cet idiot était devenu un addict de la bouffe humaine…
Benjamin continua son « spectacle » pour notre plus grand plaisir, en s’attaquant à nouveau à Emmett, qui ne vit rien venir… Il s’amusait à manipuler l’air qui nous entourait, se concentrant d’abord sur un tas de brindilles qui se soulevèrent et tournoyèrent dans les airs, puis il fit de même avec un rocher, et enfin, en se concentrant un peu plus, il fit léviter Emmett, l’air tourbillonnant sous son corps, l’envoyant si haut dans le ciel que les humains ne pouvaient plus le percevoir. Nous-mêmes vampires avions bien du mal. Mon frère hurlait comme une gonzesse qui s’aperçoit qu’elle a un ongle cassé (quel drame !), pleurant sa mère dans toutes les langues. Puis Benjamin frappa dans ses mains, le tourbillon soulevant Emmett disparut instantanément, et mon frère, rappelé à l’ordre par la gravité, s’approcha dangereusement du sol, à la vitesse d’un boulet de canon, en hurlant de terreur. Arrivé à environ dix mètres de nous, Benjamin le stoppa et le fit redescendre légèrement, presque avec grâce, Et Emmett atterrit au sol sur ses pieds, aussi délicatement qu’une plume. Mon frère jeta un regard noir à l’égyptien avant d’éclater d’un rire tonitruant. L’expérience lui avait plu, apparemment ! Puis Emmett se prit une saucisse et l’engloutit sous le regard écœuré des égyptiens, limite nauséeux.
Un intense gargouillement nous fit sursauter et nous nous tournâmes tous vers la rivière qui serpentait non loin de l’endroit où nous étions. C’est à croire que l’eau était bouillante car, bien qu’en plein hiver, elle bouillonnait comme si elle venait d’être portée à ébullition. Brusquement, nous eûmes l’impression que le ruisseau avait laissé place à un geyser car l’eau jaillit à une hauteur hallucinante avant de retomber en se décomposant presque goutte à goutte. Puis les gouttes formèrent une spirale tourbillonnant sur elle-même et redescendant lentement jusqu’à la surface avant de redevenir ce petit ruisseau tranquille ; c’était absolument féerique.
Benjamin eut droit à une standing-ovation, comme s’il avait présenté un numéro de qualité au cabaret. Angela, Ben et Emily le sifflaient pour qu’il continue tandis que les membres de la Meute, bien que sous leur forme humaine, échangeaient des regards lourds de sous-entendus. Ils se rendaient compte que le pouvoir de Benjamin pouvait se révéler excessivement dangereux entre de mauvaises mains, mais le vampire transpirait la gentillesse et ils savaient qu’ils n’avaient rien à en craindre, son régime alimentaire mis à part.
Dans un sens, heureusement que les Volturi n’avaient jamais entendu parler de lui, sinon ils auraient été prêts à tout pour l’embrigader. Aro serait enchanté d’ajouter cette « pièce unique » à sa collection !
Jasper, ayant besoin de se défouler après toutes les diverses émotions surexcitées qu’il avait captées, nous proposa de jouer au « stone-ball », variante vampirique de « la balle aux prisonniers ». Le jeu consiste à envoyer un rocher sur les joueurs de l’équipe adverse. S’ils sont touchés, ils sont éliminés. Simple comme « bonjour », non ? Les Quileute, battis comme des montagnes, voulaient jouer avec nous. Pour ne pas les pénaliser, nous avions décidé de prendre un rocher d’une cinquantaine de kilos, croisement entre un menhir celte et un œuf au niveau de la forme. Notre « balle » était assez volumineuse puisqu’elle faisait environ un mètre de long.
Amun et Carlisle se joignirent à nous tandis que Kebi et Esmée arbitraient notre jeu. De l’autre côté de notre terrain de jeu, et assez loin pour éviter tout accident fâcheux, Emily, Angela et Ben jouaient les cheerleaders. Bon, il ne leur manquait plus que les pompoms, mais voir Ben gesticuler dans tous les sens et s’égosiller d’une voix de fausset, hurlant « allez mes louloups ! », ça valait son pesant d’or !
Pour que les équipes soient équilibrées, elles étaient chacune composée de vampires et de Quileute. Esmée siffla, la partie commença.
Alice, voyant les coups à l’avance, se déplaçait au dernier moment pour ne pas être éliminée trop rapidement. Jasper, lui, tenta de déstabiliser l’équipe adverse en utilisant son don. Après avoir été morts de rire au point de se rouler par terre, trop mous comme si nous avions passé la soirée à fumer des pétards, voir quasiment comateux, Esmée et Kebi hurlèrent « carton rouge ! » et Jazz fut obligé de quitter le terrain. Il râla et nous maudit, criant à « l’injustice » puisqu’aucune règle n’interdisait l’utilisation de nos dons. Les utiliser, d’accord, en abuser, non !
Benjamin, lui, ne touchait jamais la belle, se servant des déplacements d’air occasionnés pour la relancer. Il ralentissait également la vitesse du rocher lorsque celui-ci fonçait sur un Quileute. Emmett, lui, s’amusait à lancer le caillou comme un bourrin, y allant de toutes ses forces. Je frémis de terreur lorsque je vis le rocher foncer à toute allure sur mon ange alors qu’elle ne l’avait pas vu. Je prévins Bella et quasiment au même moment, alors que la balle était à deux centimètres de son visage, elle sembla rencontrer un mur invisible et tomba lourdement aux pieds de ma belle. Alors que nous l’observions tous avec des yeux ronds, tout ce qu’elle trouva à dire était « Waaaaah ! Trop cool ! » puis elle se pencha pour attraper le rocher qu’elle lança comme une malade sur Jacob. Trop concentré sur Bella qui me lançait un regard de braise et me faisait clairement comprendre qu’elle aimerait changer de jeu – de préférence un jeu auquel nous ne serions que deux – je ne vis pas, ni n’entendis, le boulet de canon qu’Emmett lançait dans ma direction. Résultat, j’atterris face contre terre, le crâne enfoncé dans le sol, sous les rires gras et tonitruants de tout le monde. Une fois debout et les idées en place – allez vous faire écraser la tronche par un menhir et on verra ! – je me vengeais en balançant comme un taré la balle sur Emmett qui l’évita de justesse. Benjamin se servit de l’air pour accélérer la vélocité du rocher et l’expédia sur mon ange. Lorsqu’elle s’en aperçut, le rocher était à moins de dix centimètres d’elle. Bella hurla un « NON ! » qui nous pétrifia sur place et un BANG retentissant emplit l’atmosphère lorsque le rocher percuta son bouclier invisible. Ce que nous n’avions pas prévu, c’est que le rocher se désintègre en milliers d’éclats qui foncèrent à une allure démentiellement vertigineuse vers les trois humains qui nous encourageaient à l’autre bout du terrain.
Nous étions tous figés, incapables de réagir…
Embry, Leah et Sam mutèrent sous nos yeux et galopèrent vers leurs imprégnés afin de leur éviter, si possible, un maximum de blessures. Esmée filait déjà à la villa pour récupérer le matériel médical de Carlisle. Benjamin, paniqué à l’idée que leur sang coule n’arrivait pas à canaliser son don pour empêcher la catastrophe. Quant à Bella, elle était figée, regardant nos amis les yeux envahis par la douleur, la terreur et l’horreur.
Je voyais comme au ralenti les gravillons meurtriers s’élancer sur Angela, Ben et Emily, je les imaginais s’enfoncer dans leur chair tendre et j’avais envie de hurler ma frustration, sachant que même notre rapidité d’agir ne nous permettait pas d’échapper à la catastrophe.
C’est à ce moment-là que son cri se répercuta dans l’atmosphère…

samedi 12 juin 2010

38 - On choisit pas sa famille...

J’embrassai légèrement ma douce et partis vers le salon en pestant contre tout le fatras qui y régnait. Carlisle s’approcha de moi en rigolant doucement puis posa une main sur mon épaule avant de rire franchement.

- Ne t’inquiète pas, fils, Laurent et Garrett sont partis louer une benne !

Mais bon sang Haha ! Vous devriez lancer une entreprise de démolition, Bella et toi. Vous feriez des ravages ! Haha !

Je grognais à ses paroles et pensées puis commençais à déblayer mon bazar.

- EMMETT ! Tu n’oublierais pas quelque chose par hasard ? Cria ma mère en direction de mon frangin, pointant le salon du doigt.

Emmett râlait et marmonnait entre ses dents, dégoûté de devoir réparer mes conneries.

Ce n’est pas juste ! C’est lui qui met le dawa et c’est moi qui dois débarrasser le salon de toutes ses merdes ! C’est vraiment trop injuste !

- Emmett, arrête de jouer les caliméros !
- Nianianianiania… ce n’est pas juste ! T’as déjà dû débarrasser mon bordel, toi ? Non, alors tu la boucles, Eddy !
- Quoi ? Non mais tu te fous de ma gueule, là ! J’ai déjà rép…
- CE N’EST PAS BIENTÔT FINI VOUS DEUX ? RANGEZ-MOI CA TOUT DE SUITE ! ET EN SILENCE ! ET QUE CA SAUTE ! Hurla Esmée, à la limite d’exploser de rage.

Bella, mortifiée comme jamais, s’était assise sur une chaise, les mains sagement posées sur les genoux, la tête baissée.
La benne finit enfin par arriver puis Emmett et moi commençâmes à la remplir avec les divers débris que nous avions entassés dans un coin. Trois vidages de benne et cinq heures environ plus tard, nous avions enfin terminé de tout déblayer. Esmée en avait profité pour dessiner les nouveaux plans du salon, de ma défunte chambre et de la salle de bains que nous avions partiellement détruite, Bella et moi, puis réserver tous les divers matériaux dans un magasin spécialisé de bricolage. Je rejoignis ma belle et alors que j’enroulais mes bras autour de sa taille…

- AH NON, HEIN ? VOS COCHONNERIES VOUS NE LES FEREZ PLUS ICI ! DETRUISEZ CE QUE VOUS VOULEZ MAIS NE TOUCHEZ PLUS A MA MAISON ! S’écria ma mère en nous pointant du doigt et en nous jetant un œil mauvais.

Quelques Quileute qui étaient revenus et passaient par-là pour s’incruster dans la cuisine rirent aux commentaires d’Esmée, mais avant que je n’aie le temps de répondre quoique ce soit, Alice hurla « les cadeaux ! ». En à peine trente secondes, un monticule de paquets et enveloppes se trouvaient devant mon ange. Celle-ci me lança un regard à la fois empli de scepticisme et de reproches.

- Mais qu’est-ce que c’est que tout ça, Edward ?
- Ben voyons, Bella, ce sont tes cadeaux de Noël ! On a…
- Alice! Tu ne t’appelles pas “Edward” à ce que je sache…

Le lutin survolté se mit à bouder en croisant les bras sur sa poitrine et jeta un œil assassin à ma belle tout en lui tirant puérilement la langue ; je grognais…

- Tiens ! D’abord le mien ! S’écria Alice en tendant une enveloppe à Bella.

Elle l’ouvrit précautionneusement et en sortit un bon d’achat de cinq cents dollars dans une boutique de lingerie. Merci Alice ! Bella devait sûrement penser la même chose que moi au vu de son petit sourire rêveur.
Emmett lui tendit également une enveloppe, de leur part à Rose et lui. Je m’inquiétais en m’apercevant qu’il pouffait bêtement de rire et me cachait ses pensées à l’aide d’une quelconque paillarde. Inquiétude avérée : cinq cents dollars d’achats dans un sex-shop… Il ne changera jamais celui-là !
Bella reçut tout un tas de cadeaux, du plus utile comme la lingerie, au totalement superflu, des casseroles… Oui, oui, des casseroles. Pas la peine de chercher pourquoi.
Tanya et Jake arrivèrent en riant avec un énorme paquet. L’odeur de sang en filtrait…
Bella déballa le paquet et en ressortit des tas de pots en plastiques remplis de sang animal à l’odeur légèrement altérée.

- Jake, mais qu’est-ce que c’est que ça ?
- Ben… au départ, on voulait t’offrir un an de « flamby ». Mais bon… maintenant que tu ne peux plus en manger… on a bien dû trouver une alternative pour le remplacer et…
- Mais qu’est-ce que c’est que ça ?
- Du sang gélifié ! C’est Tanya qui en a eu l’idée ! Et crois-moi, ça se gobe aussi facilement que des « flamby ».

Jacob fit un petit clin d’œil à Bella, qui baissa la tête en marmonnant des « n’importe quoi », puis il me fit un petit sourire narquois.

J’en connais un qui n’échappera pas à l’arrachage de cheveux une fois que sa belle lui aura montré ses facultés exceptionnelles de gobeuse de « sangby » !

Effectivement, si cela avait un quelconque rapport avec la vision qu’avait eue Alice, je deviendrais complètement dingue… Je devais avoir une drôle d’expression car Bella levait les yeux au ciel, Emmett faisait trembler la villa en riant, Rosalie lui frappait l’épaule, Carlisle avait un sourire compatissant, Alice chantait la « Cucaracha » en grec dans ses pensées, Esmée s’enflammait toute seule à l’idée que sa maison subisse encore nos frasques et Jasper s’énervait graduellement à cause du désir qui émanait de moi à l’idée de voir mon ange « aspirer » une telle chose…

T’es sûr qu’il n’y a que le « sangby » que tu aimerais qu’elle gobe ? Pas ta bite, des fois ? Oh, ta gueule ! Ah ! Ah ! J’ai tapé dans le mille on dirait ! Arg ! La ferme…
Alors que je ne rêvais que d’une chose, un moment d’intimité avec ma belle, Esmée nous rappela à l’ordre et nous obligea à réparer les dégâts que nous avions provoqués bien malgré nous… Je fus donc dans l’obligation de me séparer temporairement de mon ange, devant me rendre, avec mes frères et nos amis, au « Mister Brico » du coin pour acheter tous les matériaux dont nous avions besoin et que ma mère avait commandé plus tôt. Croyez-moi, cet aller-retour entre « mâles » fut un vrai calvaire… J’en pris pour mon grade toutes les deux minutes ! Une heure plus tard, le Hummer d’Emmett, le fourgon de Laurent et le pick-up de Jake remplis de sacs de ciment, enduits, plâtres, parpaings et autres cires à enduire, colorants, truelles et différents outils, nous étions de retour à la villa. Mon estomac se tordit de douleur et d’inquiétude lorsque je m’aperçus que Bella n’était plus là. Mes pires craintes furent fondées lorsque j’appris que les filles l’avaient emmenée pour une petite partie de chasse improvisée 100 % oestrogènes… Je m’attendais au pire. En attendant, nous nous étions tous mis au boulot, vampires et loups confondus, afin de redonner une apparence normale aux pièces qui avaient été saccagées. Evidemment, j’avais dû subir toutes leurs vannes les plus pourries, en passant du « la prochaine fois, plutôt que les murs, fais-la grimper aux rideaux » au « j’ai des travaux à faire à la maison, viens donc y tirer un coup avec ta belle »… Je les avais ignorés, tant bien que mal, et ils avaient fini par se lasser pour se mettre à bosser.
Si les entrepreneurs du coin avaient connaissance de notre existence, les humains n’auraient plus qu’à pointer au chômage puisqu’en à peine cinq heures, tout était terminé, même les enduits et peintures ! J’eus des envies de meurtres lorsque ma mère, venue jouer les inspecteurs des travaux finis, me dit qu’en fait, elle était bien contente que nous ayons partiellement détruit sa maison car la déco ne lui plaisait plus. Zen Edward… C’est ta mère, n’oublie pas...
J’oubliais tout lorsque la délicieuse fragrance de ma douce me parvint aux narines. En me tournant vers la fenêtre, je la vis revenir de la forêt, accompagnée de mes sœurs, Tanya, Kate, Irina et Leah qui riaient aux éclats tandis que mon ange se retenait difficilement de leur sauter à la gorge tous canines dehors et de les démembrer joyeusement. Je ne comprenais pas du tout sa réaction au premier abord, mais lorsque je plongeais dans les pensées de ses accompagnatrices, je partageais sans peine sa colère…
Ma très chère petite Alice avait eu l’excellente idée de les emmener chasser, Leah y compris sous sa forme lupine, puis de les amener, comme par hasard, jusqu’à l’endroit qui avait abrité nos ébats dans la forêt. Moi qui croyais que seul ce pauvre chêne tricentenaire avait succombé à notre ardeur, je m’étais trompé… La bombe atomique aurait sûrement fait moins de dégâts que Bella et moi. Bien sûr, nos amies s’étaient bien marrées en voyant l’étendue du désastre. En soit, cette petite chose n’était pas bien grave, et j’aurais pu passer outre, mais cette charmante Alice avait cru bon et surtout trouvé franchement « trop d’la balle » de raconter avec moult détails croustillants, évidemment, la façon dont nous avions pulvérisé ma chambre et atomisé la forêt. Les filles riaient à en pisser dans leur culotte, enfin si elles le pouvaient encore, tandis que Bella grinçait des dents en leur lançant des regards assassins. Je sortis rapidement de la villa et lorsque Bella me vit, elle se mit à courir comme une flèche et me sauta dans les bras, enfouissant son visage dans mon cou et ceinturant ma taille entre le ferme étau de ses cuisses. J’enroulais étroitement mes bras autour de son petit corps tremblant de fureur et embrassais doucement ses cheveux.

- Ssssh ma belle… Calmes-toi mon ange…
- Mais tu n’étais pas là, toi ! T’as pas eu à subir leurs questions incessantes genre « et t’aimes ça quand il te fait jouir » ou encore « et tu préfères qu’il te prenne dans quel sens ». Je te jure Edward, Alice est démoniaque ! Si elle n’était pas ta sœur, je lui aurais dévissé la tête avec plaisir! Je la déteste…

Bella feula violemment puis un grondement mauvais prit la suite lorsque les filles se mirent à rire de plus belle, pouffant comme des collégiennes et gloussant comme des dindes.

- Laaaa… Les écoute pas ma Bella… Ce ne sont que des jalouses, c’est pour ça…
- Bah oui mais j’en ai marre !

Elle s’énerva d’autant plus lorsque mes frères prirent la relève des idioties de leurs compagnes.

- Eh ! Le petit chaton est devenu une vraie tigresse ma parole ! S’exclama Jasper, un petit sourire moqueur aux lèvres.
- Tigresse, tigresse… Moi j’dirais plutôt un p’tit moustique avec la force exceptionnelle d’une mouche. Quoique… Quand on voit l’bordel qu’elle a mis… Là où Bells passe, les murs et fondations trépassent !
- Tss-tss Emmett! Fais gaffe à c’que tu dis ! Le moustique passe du profond désir à la colère noire…
- Pff… Comme si je pouvais avoir peur de ce petit agneau nymphomane ! Mais r’garde-moi ça, Jazz, franchem…

Emmett n’eut pas le temps de finir sa phrase que Bella s’arracha à mes bras pour lui sauter dessus, le faisant rouler avec elle sur une cinquantaine de mètres, puis elle le releva aussi aisément que s’il était une plume avant de le balancer contre un épicéa qui se fendit en deux sous son poids. Les yeux de Bella étaient noirs comme une nuit sans lune tandis qu’elle fonçait à nouveau sur Emmett, avec la rapidité et la force d’un boulet de canon, puis elle sauta sur lui, les deux pieds en avant, pour le frapper dans ce qui lui tenait lui d’estomac. Cette fois-ci, Emmett s’était préparé et il évita mon ange de justesse. Bella, ne s’y étant pas attendue, finit sa course avec les jambes incrustées dans le tronc d’un gros noyer. Elle grogna de rage et de frustration puis d’un coup de poing, fendit l’arbre afin de libérer ses jambes. Elle allait à nouveau s’en prendre à mon frère mais je l’en empêchais ; elle n’était pas maîtresse d’elle-même et s’en serait énormément voulue de le démembrer, ce qu’elle était proche de faire… J’enroulais fermement mes bras autour de son petit corps calciné par la fureur mais Bella se débattait tellement que plus d’une fois, je faillis tomber à la renverse. Jasper, quant à lui, tentait par tous les moyens de la calmer, mais il n’y parvenait malheureusement pas…

- Bella… Calme-toi mon ange…
- Je vais le tuer. Lui arracher la langue. Lui dévisser la tête. Nymphomane ? Et quoi encore ? Il fera moins le malin lorsque je lui aurai arraché la bite et que je la ferai cuire…
- Ce n’est pas une si mauvaise idée, Bella… Depuis le temps que je la bouffe crue, je me demande quel goût elle pourrait avoir une fois cuite… Répliqua nonchalamment Rosalie qui s’était mystérieusement matérialisée à nos côtés.

Ma douce et Emmett se tournèrent chacun vers ma sœur, l’une se calmant instantanément et l’autre affichant un air profondément choqué.

- Beu… Beu… Beu…
- Quoi Emmy-chéri? Tu as perdu ton sens de l’humour mon bébé ? Quant à toi, Bella, je te trouve quand même un peu radicale… Fais ce que tu veux de mon homme, mais laisse-lui au moins ses attributs, à toute fin utile… ça te plairait que je fasse d’Eddy un eunuque ?

Rosalie eut au moins le mérite de détendre l’atmosphère. Bella se calma instantanément et j’attendis quelques secondes avant de desserrer mon étreinte, au cas où… La tête baissée, gênée, elle alla droit vers Emmett et se jeta dans ses bras, marmonnant un bref et presque inaudible « désolée ».

- Bah ! T’fais pas d’bile sœurette ! Je n’aurai pas dû te chercher, t’es un nouveau-né après tout ! Dominée par ses pulsions !

Il riait à gorge déployée en lui donnant quelques petites tapes dans le dos. Enfin… petites tapes qui l’enfonçaient graduellement dans le sol à chaque coup. Puis brusquement, Bella releva la tête, inspira fermement et fonça aussi vite que l’éclair dans la forêt. L’odeur du sang humain embaumait l’atmosphère et Bella ne pouvait pas résister à l’appel de cette sirène. Nous fonçâmes à sa suite, mes frères et moi, mais Bella était sacrément rapide. Nous finîmes par la rattraper et Emmett la plaqua violemment au sol, enfonçant sa petite forme dans la terre meuble.

- Mais lâche-moi grosse brute !
- J’ne peux pas faire ça, Bells ! Tu t’en voudras après !
- Mais sens-moi ça ! Le caramel et l’odeur de la tarte aux pommes qui sort du four mêlées à celle de la résine fraîche… J’en peux plus ! J’ai soif ! Lâche-moi, bon sang !

Mes frères me lancèrent un bref coup d’œil paniqué. Moi aussi j’avais reconnu cette délicieuse odeur… Le Chef Swan venait nous voir.
Je m’approchais de Bella et plaquais mes mains sur ses joues, l’obligeant à me regarder. Ses yeux noircis par la soif et ses lèvres retroussées sur ses dents, le venin écumant de sa bouche, elle n’avait plus rien « d’humain » en cet instant.

- Bella… mon cœur… c’est ton père… On ne peut pas te lâcher, tu comprends ?

Elle se débattait de plus belle, obligeant Jasper à se joindre à la mêlée puisque son don ne l’atteignait toujours pas.

- J’ai. Soif ! Soooiiiiiiiif !

Jacob arriva à ce moment-là, ébahi par la scène qui se déroulait sous ses yeux.

- Eeeh ! Mais lâchez-la !
- Non Jake ! On ne peut pas !
- Mais si son père…
- Quoi ? C’est toi qui as eu la brillante idée de ramener Charlie ici ? Mais quel abruti !
- Ben quoi ? Elle s’est bien comportée hier ! Qu’est-ce qu’il se passe là ?
- Ce qu’il se passe ? Elle est assoiffée ! Le parfum de son père l’entête ! Bravo Jake ! On la lâche et dans deux minutes, il ne reste plus rien du Chef Swann ! C’est ça que tu veux ? Sa mort et les éternels regrets de Bella ?

Cet imbécile eut au moins la décence de reconnaître son erreur. Il nous expliqua que Charlie était rentré la veille et qu’il voulait voir sa fille. Comme tous les loups l’avaient trouvée plus ou moins docile pour un vampire nouveau-né, Jake avait pensé que tout se passerait bien avec le Chef. Il avait encore dans l’idée de lui révéler la nouvelle nature de Bella…

- Ah ouais ? Tu crois que c’est le bon moment pour ça ? Elle ne pense qu’à lui sauter à la gorge et toi tu veux faire les présentations ? Imbécile ! Aide-nous plutôt à l’éloigner d’ici !

Il muta devant nous tandis que nous relevions Bella, la maintenant du mieux que nous le pouvions mes frères et moi. Elle feula de colère lorsque Jake fit claquer ses dents à hauteur de ses mollets alors que Bella allait lui coller un coup dans les mâchoires. Elle était tellement submergée par sa soif qu’elle n’avait plus une once de raison en elle… Tant bien que mal, nous finîmes par l’amener au cottage, loin de toute présence humaine. Alice arriva, feu follet se matérialisant à nos côtés. Elle fondit sur Jake, qui avait repris sa forme humaine et qui enfilait l’un de mes boxers qui traînait au sol, pointant son index sur le torse de l’indien qui recula devant la fureur de ma sœur.

- Jacob William Ephraïm Black! Espèce de parfait crétin ! Achètes-toi un cerveau bon sang ! Ramener des humains… Et des humains qui sentent divinement bon… Mais t’es complètement con ma parole !
- Je ne savais pas… C’est son père en plus !
- Un père qui a une odeur absolument délicieuse, andouille !
- Je suis désolé…

Je rejoignis rapidement ma belle, ceinturée par Emmett. Elle se débattait comme un beau diable, obnubilée par sa soif, et mon frère avait énormément de difficultés à la maintenir en place. Nous devions trouver une solution, Charlie ne devait surtout pas voir sa fille ainsi. Jasper, quant à lui, réfléchissait dans son coin, le regard perdu. Il se tourna enfin vers sa femme quelques secondes plus tard.

- Alice, Charlie et Sue arriveront dans cinq minutes à la villa. Va prévenir Esmée, Carlisle et les autres de « l’incident ». Charlie ne doit surtout pas voir Bella, mais il s’apercevra rapidement de son absence. Raison officielle, Edward et Bella sont partis en voyage au… au…
- Brésil ! Excellente idée mon amour !
- Le Brésil, Alice ? Mais t’es barge ! Et comment on fait pour les « cartes postales » ? Charlie s’attendra à en recevoir…
- Bah… On a qu’à s’arranger avec Zafrina, Senna et Kachiri ! On les appelle et on leur envoie un paquet de cartes qu’elles posteront de chez elles !
- Et pour les cartes, on fait comment ? Super les cartes postales « bon séjour à Forks » envoyées du Brésil !
- Mon Jazzou… et Internet, ça te dit quelque chose ?
- Qu’est-ce que le net a à voir là-dedans ?
- Bah voyons ! Il suffit seulement de les commander par Internet ! Je m’en charge ! Bon, j’y vais, il faut bien réparer la monstrueuse connerie de Jacob…

L’écho de ses dernières paroles résonnait encore alors qu’Alice avait disparu, déjà de retour à la villa, puis Jacob partit à son tour pour prévenir la meute de l’incident. Bella, elle, se débattait encore dans les bras de mon frère et Emmett commençait à avoir bien du mal à la retenir. Bien que Charlie soit loin de nous, de légers effluves de son odeur parvenaient jusqu’à nous, enivrant totalement ma belle. Nous dûmes la maintenir de force pendant plus d’une heure, évitant les coups de pied et les morsures qu’elle tentait de nous infliger, le temps que le Chef Swan discute avec ma famille et prenne de nos nouvelles avant de repartir chez lui. Emmett, qui était pourtant le vampire le plus fort à ma connaissance, commençait franchement à avoir mal aux bras à force de ceinturer mon ange et Jasper, lui, était à la limite de la migraine à constamment chercher à pénétrer les défenses de Bella pour la calmer. Quant à moi, j’en étais malade de devoir les aider à la maintenir « en laisse », comme un animal sauvage.

- Euh… Emmett ? Je pourrais savoir ce qu’il te prend ?

La voix posée et détendue de Bella nous arracha à nos pensées. Ses yeux avaient repris leur couleur pourpre et les traits de son visage étaient parfaitement neutres.

- Bella ? T’es revenue à toi ?
- De quoi tu parles, Emmett ? Bon, tu me lâches oui ou merde ?
- Aaaah ! Ça c’est Bells le retour !

Jasper l’observa quelques instants, analysant ses émotions, puis il nous sourit et fit un léger signe de tête à notre frère qui libéra instantanément ma belle. Elle massa consciencieusement les muscles endoloris de ses bras puis se tourna vers Emmett, le regard dur.

- Je peux savoir ce qu’il t’a prit, Emmett ? Mais t’es malade ma parole ?

Puis elle se tourna vers moi et son regard se noircit de colère.

- Et toi ! Pourquoi tu l’as laissé faire, hein ? Pourquoi tu ne m’as pas aidée ?
- Mon ange…
- Oh ! Pas de ça avec moi, Cullen !
- Tu ne te rappelles vraiment de rien, Bella ?
- Et de quoi devrais-je me rappeler ? Que ton frère se prenait pour une camisole de force ? Que tu le laissais tranquillement faire sans réagir ?

Jasper s’approcha de Bella et posa une main sur son épaule, obligeant ma douce à se focaliser sur lui.

- Bella, nous sommes désolés, crois-moi, mais nous avons fait ça pour ton bien…
- Ah ! Et la prochaine fois, ça sera quoi « pour mon bien » ? Démembrement et feu de joie ?
- Bella… Si nous t’avions laissé faire, tu aurais tué ton père !

Bella recula, comme si mon frère l’avait violemment giflée, puis se laissa tomber lourdement au sol, les traits de son visage s’affaissant sous le poids de l’incompréhension.

- Comment ? Mais non ! Pas mon père voyons !

Je m’approchais d’elle et me laissais glisser à ses côtés puis enroulais un bras autour de ses épaules.

- De quoi te souviens-tu mon ange ?
- Je… je me suis chamaillée avec Emmett et après… je lui ai fait un câlin mais… Mais ensuite, c’est flou… juste un épais brouillard… une espèce de transe et… Je me souviens juste que je suis sortie de ce néant pour me retrouver ceinturée par Emmett, Jasper et toi… Pourquoi ? Dis-moi ce qu’il s’est passé, Edward ! Je t’en prie !

Son regard était envahi par l’incompréhension et une tristesse poignante se lisait clairement sur son visage. J’avais peur de lui avouer la raison de notre comportement avec elle ; j’avais peur qu’elle ne s’en veuille… Jazz, ressentant clairement mes émotions, prit les devants. Il s’agenouilla face à Bella et lui parla d’une voix calme destinée à l’apaiser.

- Bella, nous avons fait ça pour ton bien… Pour que tu ne t’en veuilles pas indéfiniment… Tu… Les Quileute ont trouvé que tu avais bien réagi face aux humains hier et… Ton père venait juste de rentrer et souhaitait passer à la villa pour prendre de tes nouvelles. La meute voulait que ton père soit confronté à ta nouvelle apparence, tu comprends ? Mais… Le Chef Swan a une odeur particulièrement appétissante pour un humain… elle est même carrément envoûtante… Et tu…
- Oh mon dieu… Ne me dites pas que j’ai fais du mal à Charlie !
- Non Bella ! Ne t’inquiète pas, nous avons réagi tout de suite. En fait, dès que tu as flairé son odeur, tu es partie… en chasse, mais nous t’avons rattrapée avant que tu ne commettes quoique ce soit. Emmett t’a plaquée au sol et nous t’avons ramenée ici tant bien que mal…
- Char… Papa ne m’a pas vue, rassure-moi, Jazz !
- Ne te bile pas, Bells ! Nous étions trop loin du Chef Swan pour qu’il se doute de quoique ce soit…
- Au moins une bonne nouvelle… Oh mon dieu… Je suis un monstre !

Elle enroula ses bras autour de ses jambes et enfouit sa tête entre ses genoux avant de se mettre à sangloter désespérément, sanglots dépourvus de larmes… Je caressais ses cheveux et tentais de l’apaiser en lui murmurant des paroles douces et réconfortantes, mais Bella ne les entendait pas, perdue dans son monde de regrets et culpabilité. Jasper agrippa fermement, presque violemment son visage et le releva de force, obligeant mon ange à le regarder. Quant à moi, je grondais face à son geste. De quel droit se permettait-il de la traiter de la sorte ?

- Oh, Ed ! Tu te calmes tout de suite ! Et toi, Bella, tu vas m’écouter attentivement parce que s’il y a bien une chose que je déteste, c’est d’avoir à me répéter. Tu n’es pas un monstre. Ce qu’il s’est passé est un malheureux accident, tu n’y peux rien. Tu as juste deux jours, Bella, tu ne peux pas aller à l’encontre de tes instincts. Tu es une prédatrice, maintenant, c’est comme ça. Tu as juste eu la malchance de flairer une délicieuse odeur humaine, manque de bol, c’était ton paternel. Mais il ne s’est rien passé…
- Mais je…
- La ferme Bella ! Pour un nouveau-né, tu te comportes extrêmement bien, tu es même très docile. Tu as été capable de prendre un humain dans tes bras et de t’arracher à lui lorsque tu as senti la soif te consumer… Tu es capable d’agir et de réfléchir de façon cohérente alors que tu ne devrais penser qu’à assouvir ta soif de sang. Merde ! T’arrive même à plaisanter, à éprouver du désir et de l’amour alors que tu ne devrais même pas y penser ! Lorsque j’étais nouveau-né, il m’a fallu dix ans pour ne pas drainer le moindre humain qui passait à ma portée… Et même si ça fait cinquante ans que je suis « végétarien », j’ai parfois bien du mal à résister à la tentation. Tu ne dois pas t’en vouloir, surtout qu’il ne s’est absolument rien passé. Il va te falloir du temps pour te faire à ta nouvelle condition, mais nous serons tous là pour t’y aider, tu comprends ?

Bella hocha la tête, bouche-bée face au ton sec de mon frère, puis elle se releva brusquement complètement paniquée.

- Mais… mais… mais Charlie ! Vous lui avez dit quoi ? Il s’attend à me voir ! Je…

Un rire tonitruant fit trembler le cottage et Bella se tourna vers un Emmett hilare, qui se bidonnait au point de se tenir les côtes.

- Oh putain c’est la meilleure ! Tu t’rappelles vraiment de rien ? Te quéquettes donc pas Bells ! Officiellement, Eddy et toi êtes partis en voyage au Brésil. Officieusement… vous allez pouvoir démolir votre petit nid d’amour à force de vous envoyer en l’air !
- Le Brésil ? Et vous pensez que mon père va gober ça ?

Une tornade noire et blanche fit brusquement irruption dans la pièce et Alice se planta devant mon ange, un grand sourire aux lèvres.

- Non seulement Charlie a gobé l’histoire du Brésil, mais il a hâte de recevoir vos cartes ! En passant, vous avez le bonjour des Amazones, elles sont enchantées de jouer le jeu !
- Euh… quel jeu ?
- T’inquiète pas Bella, ton amoureux t’expliquera tout ça plus tard ! Enfin…

Alice se figea, les yeux dans le vague, perdue dans une nouvelle vision.

- Mouais… Eddy t’expliquera ça une autre fois parce que vous risquez fort d’être occupés à autre chose que discuter si tu vois ce que je veux dire…

Elle jeta un regard lourd de sous-entendus à mon ange et un petit sourire coquin étira ses lèvres tandis qu’Emmett se mit à nouveau à rire, faisant secouer les fondations de la maisonnette.

- Pfff… et dire que cette chère Bella s’est mise en rogne lorsque je lui faisais remarquer qu’elle était nymphomane…
- Emmett ! Ta gueule !
- Pfff… Bande de rabat-joie ! Z’avez pas une once d’humour… Bon, ce n’est pas que j’m’emmerde avec vous mais j’dois retrouver ma Rosie… J’ai un p’tit truc à lui montrer…

Un sourire rêveur illumina son visage tandis qu’Alice se mit à pouffer de rire. Un aller-retour dans ses pensées m’en expliqua la raison… Je me tournais vers mon frère et lui fis un sourire moqueur…

- Em ! Très classe le string léopard vert fluo !
- La ferme Edward !
- Sûr que ça va plaire à Rosalie ! Dans le genre tue-l’amour…
- GNNNNNN…

Emmett mima un étranglement long et douloureux puis sortit du cottage comme une fusée en faisant trembler les murs sous nos éclats de rire. Alice, comme à son habitude, fonça dans notre chambre et retourna le placard en moins de dix secondes avant d’en ressortir nos « tenues », évidemment assorties, pour le lendemain. Jasper secouait la tête, blasé par le comportement de sa femme, tandis que Bella marmonnait tout un tas de paroles incompréhensibles, quoique les mots « folle à lier », « hystérique du chiffon » et « acharnée du string » ressortaient régulièrement. Lorsqu’il sentit que la patience de ma douce atteignait ses limites, Jasper traîna sa petite femme qui se débattait en hurlant « Je n’ai pas fini ! Je dois encore leur sortir les chaussettes et chaussures ! On ne peut décemment pas les laisser sortir comme ça ! ». Ils étaient à peine sortis depuis trois minutes qu’Alice revint comme une folle au cottage, les bras encombrés de paquets et… oh putain ! Ce n’est pas vrai…

- Tiens Bella ! Je suis sûre que tu feras un excellent usage de… ça ! Allez, ciao ! Bonne soirée les amoureux !

Elle repartit aussi vite qu’elle était venue tandis que Bella se dirigeait d’un pas lent jusqu’à la table, à l’endroit où Alice avait déposé les petits pots de sang gélifié ainsi que quelques petites assiettes, pour ma plus grande incompréhension. Un sourire diabolique à souhait éclairait son visage et son regard luisait de désir et… d’amusement ? Elle se lécha goulûment les lèvres tout en ouvrant certains des pots, ses yeux assombris rivés aux miens, puis elle fit tomber l’espèce de chose gélatineuse dans les assiettes tout en me murmurant d’une voix abominablement sexy « profite bien du spectacle, Edward… » avant de se pencher dessus et… oh putain… elle veut ma mort… je suis fini.

POV Emmett :

Rhaaaa ! J’en ai marre de ce foutu télépathe et de cette vicieuse voyante !
Est-ce que j’me mêle de leurs vies privées, moi ? Non, alors ils n’ont pas à se mêler d’la mienne ! Enfin… si… j’me mêle parfois de leurs histoires, mais bon… c’est pour rigoler ! Ce n’est pas méchant… Bon, c’est vrai que le « cadeau » de ma Rosie craint un peu… enfin beaucoup… mais par amour pour ma beauté fatale, je serai prêt à tout ! Même à porter un ignoble string léopard vert fluo… Beurk !
Bon, un p’tit détour par la forêt histoire de me mettre quelque chose sous la dent et surtout m’calmer. C’est qu’il m’a bien énervé le Eddy avec toutes ses conneries ! Y’a déjà fallu que je me tape le nettoyage de son bordel, comme si j’avais que ça à foutre, et en plus j’ai dû tenir sa chérie en laisse ! Oh la vache, j’ai mal aux bras ! C’est qu’elle en à de la force ma nouvelle petite sœur ! J’ai bien cru que j’allais me luxer les épaules à force de la maintenir ! En tous cas, je vais bien me marrer avec elle, Belli-Bells a de la répartie et elle part surtout au quart de tour ! Et puis… ça manquait un peu d’animation… Un nouveau-né à la maison, ça met d’l’ambiance ! Fais chier n’empêche… Maintenant, Rosie et moi on a d’la concurrence en matière de destruction pre et post coïtale. Les boules ! C’est qu’j’y tiens, moi, à mon record ! Bon allez, je file rejoindre ma chère et tendre ! Ouh la vache ! Putain de merde ! Bordel ! Elle est trop chaude ma nana ! Ma Rosie est négligemment allongée sur notre lit, vêtue d’un léger déshabillé en fine dentelle bordeaux qui cache à peine ses splendides formes généreuses. Oh putain ! Quel pied ! Elle est nue dessous… pas même un string minimaliste, juste sa peau et son sexe luisant de désir. Arg ! Bon, j’vais lui faire une p’tite surprise et mettre… son immonde cadeau. Rien que d’y penser, ça me ferait presque débander. Je dis presque, car ma Rosie est un aphrodisiaque à elle toute seule. Je file vers la salle de bains mais elle m’interpelle.

- Dépêches-toi Em ! Sinon j’vais me consumer sur place.
- Te bile pas ma blonde, tu sais très bien que j’ai horreur de te faire attendre, surtout quand t’es chaude-bouillante à ce point !

Elle me fait un sourire ravageur, le genre de sourire qui ferait bander une centaine de vieux schnoques totalement impuissants ! Pas la peine de vous dire que ce splendide sourire me fait bander comme un taureau, c’est une évidence ! Je me déshabille en un éclair, file rapidement sous la douche afin de me débarrasser de l’odeur de ma p’tite sœur, me sèche et enfile le… la monstruosité. Faut vraiment que j’l’aime ma beauté pour enfiler un truc aussi repoussant ! Je jette un coup d’œil à mon reflet, dans le miroir, putain ! Qu’est-ce que j’ai l’air con avec ce truc ! Ah, amour… quand tu nous tiens, tu nous fais faire vraiment, mais alors là vraiment n’importe quoi… Ma Rosie, prépares-toi ! Ton p’tit mari a une forme olympique et veut montrer aux deux morveux qu’ils ont encore du boulot avant de jouer dans la cours des grands !

- Écarte les cuisses, bébé ! J’arrive !

Son doux rire mélodieux me parvient et rien que de l’entendre, ça décuple ma gaule. Putain c’que j’ai envie d’elle !
Je sors de la salle de bains, aussi vif que l’éclair, et me stoppe au pied du lit. D’un mouvement si rapide que ma beauté n’a pas le temps de le percevoir, j’agrippe ses chevilles et la tire de façon à ce que son joli p’tit cul soit juste au bord du lit. Elle glapit et ouvre les yeux, plongeant son regard enflammé dans le mien. J’entame un petit « roulé-boulé » du bassin afin de lui montrer ma… enfin sa surprise et surtout ma monstrueuse érection. Je m’attendais à tout, sauf à ça….
Ma Blonde explose de rire et roule dans le lit, se casse la figure au sol, tape du poing sur le plancher et se roule à terre. Elle pourrait pleurer de rire, elle le ferait…

- Bah bébé, qu’est-ce que…
- Oh putain Em ! J’y crois pas ! Oh mon dieu… C’que t’as l’air con avec ça !
- Meu… meu… meu…
- Bordel Em ! Je pensais que tu aurais compris que c’était une blague ! Non mais franchement, t’as vu l’horreur ? Putain, comment tu veux que j’ai encore envie de toi alors que t’as l’air d’un clown là-dedans ? Ah! Ah! Ah! Oh putain ! J’ai mal au bide !

Vous avez déjà eu envie de vous enterrer au fin fond d’un trou ? Non ? Jamais ? Ben moi si. Maintenant. Et dire que j’pensais lui faire plaisir. Enfin, ça aurait pu être pire ! Non. Là, maintenant, c’est pire… Voilà que la voyeuse et le manipulateur des sentiments se mettent à rire aussi. Saleté de voyeuse qui lui a tout raconté ! ARG ! Non ! Pas ça ! Putain ! Même môman Esmée et papinou Carlisle s’y mettent ! Je vais tuer Alice. Mais avant, je vais tuer ma femme. La garce ! C’est quand même pour elle que j’ai mis ce… cette… beurk ! Pff… Faut que j’me calme… Faut que j’me tire d’ici sinon j’vais faire un malheur et tout casser… Et franchement, j’ai suffisamment eu d’bordel à déblayer aujourd’hui pour au moins une décennie ! Me calmer… Me calmer… Trouver que’qu’chose pour me calmer… Oh ! Je sais ! J’vais aller faire chier Eddy ! Quand je suis énervé, y’a rien d’mieux pour me détendre qu’emmerder mon frangin ! Bon. P’t’être pas y aller dans cet… accoutrement ridicule… J’arrache l’immondice de mon corps de rêve – ben ouais, faut bien l’admettre, je suis superbement bien gaulé – non, non, la modestie ne m’étouffe pas – et enfile un jeans et un tee-shirt.

- Rhooo… Emmy chéri, ne te vexe pas…
- TROP TARD ! JE BOUDE ! NA !

Et file sans un regard pour ma blonde qui s’étouffe presque de rire ! La charogne… M’en fous, j’me vengerai ! Mais j’vais d’abord faire chier le centenaire et le bébé.
Je file comme une fusée vers le cottage et ben… ma foi, c’est assez intéressant leur… conversation.

- Oh putain oui ! Encore ! Aaah plus fort ! - C’est ça… crie ma belle ! Tu sais que j’aime t’entendre hurler ! - Aaarg ! Edwaaaard ! Ouiii comme ça !

CHBOUDAAAAM !
Ah, ça je crois que c’était le bar… sincères condoléances…

- Oh putain… J’te sens bien comme ça… si serrée… étroite… - Ahan ouiii ! J’aime… ça quand… tu m’prends… comme une chienne ! Aaaaah ! Vas-y ! Encore!
Ouh… Chaudasse la p’tite sœur ! J’l’imaginais pas du tout comme ça !
BADABOUM !
Ah. A mon avis, ils vont avoir quelques meubles en moins après… et pas mal d’achats à prévoir !

- Bellaaaa… Hmm… t’es trempée ma belle… - Pour toi… Rien que toi… Aaaaah ! Plus foooort !
CRAAAAAAAC !
… enfin… si le cottage arrive encore à tenir debout tout seul… J’espère pour lui ! Et pour moi…

- Oui c’est ça bébé… ouiii ! J’aime ça… quand tu danses… sur ma biiiite ! - Edwaaaard ! - Rhaaa oui !

VLAN ! ZBOUDOUMPAF !
Ah non hein ! Y’a pas moyen qu’ils me bousillent leur baraque c’te nuit ! Merde ! C’est Rosie et moi qui détenons le record de destruction coïtale ! Et j’y tiens, moi, à ce fichu record !

- Ahan oui Edwaaaard ! Encore ! Hmmm… ta queue… tes doigts… ta laaaaangue ! Hmpf ! - Rha putain ouiiii ! Mords-moi encore !

PAAAAAF !
Mais c’est pas possible ma parole ! Y’est devenu maso l’frangin ou quoi ? Bordel, ça fait mal le venin ! En tous cas, elle est souple la p’tite. P’is j’l’imaginais pas aussi bonne… Mais bon, c’est ma Rose la plus torride ! Et j’savais pas que mon frangin pouvait être aussi… sex-addict. Eh ! J’suis pas un voyeur, hein ? Mais bon… autant profiter du spectacle, surtout quand il est gratos, non ? Oh putain ! Je ne savais pas que ça existait c’te position ! Ben merde, j’dormirais – enfin… vous m’comprenez – moins con ce soir !

- Edwaaaard ! Je… je… je… Ahaaaa ouiiii! - C’est ça… viens pour moi ma beeeeeelle ! - Ah… Aaaaah… Putain ouiiii ! EDWAAAARD ! - BELLAAAAA-AAAAARG !

CHKLING ! BADAPAF ! ZIIIIIMPOUF ! BOUM !
Ouf ! Ils ont fini… et la maison est encore debout. YAHOU ! Rosie/Emmett : 1, Bella/Eddy : 0. Ahlala, ils ont encore du boulot pour atteindre nos performances ! Ces jeunes, faut tout leur apprendre…

CRAC !
Ooooh merde. Qu’est-ce qu’elle fout dans ma main c’te branche ? Pourquoi elle n’est pas restée accrochée à son arbre cette conne ?

- EMMETT !

Deux corps entortillés dans des bouts de tissu me fusillent du regard. Aïe. Là, j’sais pas pourquoi, mais j’crois que je suis dans le caca…



POV Edward :

Je contemplais le corps nu de mon ange, tentant désespérément de reprendre mon souffle. La vache, elle m’a épuisé… Mais putain, c’que c’était bon ! Si j’étais capable de dormir, j’irais bien faire un petit somme afin de recharger mes batteries avant de réitérer l’expérience… Un sourire satisfait, et il y a de quoi, illuminait son doux visage puis elle se tourna vers moi, le regard empli d’amour. Elle m’embrassa tendrement, presque chastement, puis plongea ses splendides prunelles pourpres dans les miennes.

- Hmmm… C’était… wow !
- Hein, hein. Comme tu dis !
- Prêt pour le round numéro deux, Edward ?
- Toujours prêt pour toi, mon ange. Je pensais que tu le savais depuis le temps !

Un sourire enjôleur étira ses lèvres parfaites et elle m’attira à elle, nous faisant rouler au sol, avant de se redresser subitement, le visage frappé de stupeur et d’un profond malaise.

- Bella ! Qu’est-ce que…
- Re-re-regarde ! Je-je suis désolée Edward ! Je…

Ses gestes totalement désordonnés, elle me montrait différents endroits du cottage, ou plutôt ce qu’il en restait… Le comptoir entre la cuisine et la salle/salon était complètement pulvérisé, la porte de notre chambre réduite en charpie, la table fracassée, les divans complètement éventrés… En fait, il n’y avait que notre lit qui était encore debout et la salle de bains était encore entière. Bon, il faut dire que nous ne nous en étions pas servis. Seules les étagères et ma salle de musique avaient été épargnées, là où régnait un chaos total. Bah, autant prendre les choses du bon côté, cette fois-ci, nous n’avions détruit que des meubles !

- Ce n’est rien ça, ma Bella ! Ce n’est que du matériel, on s’en fout.
- D’accord, mais il faudrait peut-être qu’on ajoute le cottage à la liste des endroits à éviter ! Au moins le temps que j’arrive à canaliser mes… pulsions.
- Quoi ? Et… et on ira où pour évacuer notre trop plein d’hormones endiablées ?
- T’as vraiment aucune imagination, mon cœur ! La forêt… la falaise… les lacs de montagne… la plage… la nature en général, quoi ! Et puis… hmmm… faire l’amour sur une plage au moment d’un coucher de soleil, je trouve ça particulièrement romantique…
- Ouais ! Super le sable qui s’infiltre partout…
- Rhooo… Edward franch…

CRAC !

Mais qu’est-ce que c’est que ce bruit ? On dirait une branche d’arbre qui casse et… Cette odeur, je la reconnaîtrais entre mille… Apparemment, mon ange aussi puisqu’elle tira sur les rideaux d’un coup sec, les arrachant de la tringle, et s’entortilla dedans avant de m’enrouler étroitement avec le morceau de tissu. Nous nous relevâmes promptement et nous tournâmes d’un même mouvement, nos regards tombant directement sur Emmett, à une cinquantaine de mètres de nous, l’air complètement ahuri et une branche d’arbre arrachée du tronc à la main.

- EMMETT !

Tandis que je criais le prénom de mon frère d’un ton d’où perçait la désolation, Bella cracha son prénom d’une voix venimeuse. Il nous fit un pauvre sourire contrit et un petit « coucou » de la main avant de venir vers le cottage, la bouche en cœur et la bite en bandoulière. A mon avis, cette fois-ci, Bella risquait fort de lui faire payer… Mon ange se mit à taper du pied rageusement puis m’entraîna dans la salle de bains, attrapant les fringues qu’Alice nous avait préparées au passage. Une demi-minute plus tard, nous retournions au salon où nous trouvâmes un Emmett, tête baissée et jouant avec ses doigts. Lorsqu’il sentit que nous étions face à lui, il releva la tête et nous sourit, pour une fois très gêné. J’étais assez étonné puisque pour une fois, mon frère se rendait compte de la connerie qu’il venait de faire.

- Euh… Ben… Salut les amoureux ! Vous allez bien ?

Bella avança furieusement vers lui puis se planta en face de mon frère, raide comme un piquet.

- Ça allait très bien jusqu’à ce que tu t’amènes ! Y’en a marre Emmett ! Faut toujours que tu t’amuses à nous faire chier au mauvais moment, à croire que tu le fais exprès !
- Désolé ! J’y peux rien ! Et puis merde ! Vous êtes toujours au pieu, c’est pas ma faute ! Moi, j’voulais juste venir discuter, c’est tout !
- Ah ouais ? Et tu ne devais pas t’occuper de Rosalie ? C’est bien pour ça que tu étais parti tout à l’heure, non ? Alors retournes-y ! à moins que ce ne soit déjà fini, auquel cas, tu es du genre très, très rapide et la pauvre, je la plains !

Lorsqu’il entendit le prénom de sa compagne, mon frère se raidit et un bref aperçu de ses pensées m’en apprit la raison. Je ne pus m’empêcher de pouffer de rire, ce qui me valut un regard assassin de sa part.

- Oh toi ça va, hein ? C’est bon, j’ai déjà donné !

Bella se tourna vers moi, le regard indécis, et je lui expliquais le pourquoi de la venue d’Emmett, enfin jusqu’à ce qu’il me colle brutalement une immense paluche sur la bouche pour me faire taire. Ma douce avait néanmoins saisit l’essentiel et commençait déjà à se tordre de rire tandis qu’Emmett, mortifié comme jamais, se mettait à geindre.

- Mais euh ! Arrête Belli-Bells ! C’est pas drôle ! J’aimerai bien t’y voir, à ma place !
- Non mais franchement… Emmett… ahah ! ohoh ! J’y crois pas...
- BELLS- euh !
- Emmett, vraiment, déjà un mec en string, ça fait tapette ! Alors si en plus, le dit-string est léopard vert-fluo, là ça craint carrément ! à mettre dans le Guinness des horreurs !
- Mais euh ! C’était un cadeau de ma Rosie d’amour ! Tu parles d’un cadeau ! Une pomme empoisonnée plutôt !
- Oh mais ça, c’est de ta faute, mon cher Emmett !

Bella pouffait, son petit corps convulsé par ses éclats de rire se tordant dans mes bras, tandis que je tentais, tant bien que mal, de ne pas me moquer de lui… Enfin… tant bien que mal… je ne faisais pas vraiment d’effort non plus pour cacher mes sourires moqueurs. Emmett, quant à lui, avait le visage tordu par la peine. Ben merde ! Lui qui est toujours partant pour rire ne s’amusait pas du tout.

- Comment ça c’est de ma faute ? Non mais ça va pas ? Rosalie m’offre un cadeau, je veux lui faire plaisir et c’est de ma faute si elle se fout de moi ? Non mais c’est le monde à l’envers, là !
- Oui, oui Emmett ! C’est parfaitement de ta faute ! Tu réfléchiras à deux fois et surtout tourneras sept fois ta langue dans ta bouche avant de débiter des âneries !
- Quoi ? Qu’est-ce que j’ai encore dit maintenant !
- Oh, pas maintenant Emmett, mais il y a une quinzaine de jours…
- Comment ça ?

Ah ! Apparemment, je risquais fort d’apprendre un truc intéressant… Ma douce ne cessera jamais de m’étonner !

- Ça ne t’est pas venu à l’esprit que cette horreur que Rose t’a offert était une petite vengeance ?
- Une vengeance ? Ma Rosie ? Mais… Pourquoi ?


Le sourire de Bella s’étirait tellement qu’il découpait son doux visage d’une oreille à l’autre. Elle était en train de s’amuser… aux dépends de mon frère, malheureusement pour lui.

- Hmmm… Dis-moi Edward, tu te rappelles de la robe rose bonbon de Rosalie il y a une quinzaine de jours ?

Je hochais la tête rapidement. Tu parles que je m’en souviens ! On aurait dit une espèce de grosse meringue qui transformait ma sœur en guimauve géante. Cette robe était absolument repoussante, mais par respect pour Rosalie qui avait l’air de l’apprécier, j’avais fermé mon clapet.

- Et toi Emmett, te rappelles-tu ce que tu as dit à ta délicieuse petite femme en la voyant avec cette robe ?
- Euh… Non, je devrais ?
- Oooooh oui, Emmett. Parce que le string atroce qu’elle t’a offert est une juste réponse à tes ignobles paroles… Tu ne te souviens vraiment pas ?

Mon frère se plongea dans ses pensées, se demandant quelle connerie il avait pu sortir parmi les millions d’âneries qui faisaient d’Emmett ce qu’il était. Mais apparemment, il ne savait pas du tout ce qu’il avait pu dire cette fois-ci pour déclencher l’ire de sa chère et tendre.

- Euh… franchement Bells, je ne sais pas du tout de quoi tu parles, je…
- Je vais te rafraîchir la mémoire alors… Et rappelles-toi d’une chose, lorsque tu as dit cela, j’étais toujours humaine. Tu dois savoir, comme moi, qu’il n’est pas évident de se souvenir de cette période après la transformation, à moins d’évènements marquants. Là, c’était plutôt… frappant !
- Bon, t’accouches, Bells !
- Oui, oui, très cher ! J’ai simplement envie de théâtraliser un peu la scène… Vois-tu, mon cher Emmett, lorsque tu as vu ta petite femme avec cette robe, tu lui as dit qu’elle était un magnifique petit hippopotame rose bonbon, et toute la soirée, tu l’as nommée ainsi : mon petit hippopotame rose…
- Ben quoi, c’est pas méchant !
- Pas méchant ? Non mais franchement, Emmett ! Ça ne se fait pas de dire de telles choses à sa compagne ! La pauvre s’était mise en tête qu’elle avait la carrure d’un hippopotame !

Pffff... connaissant Rosalie, elle avait dû vraiment très, très mal le prendre… Il avait beaucoup de chance qu’elle ne se soit cantonnée qu’au string pour vengeance. A une autre époque, elle l’aurait démembré et jeté au feu.

- Em’ ! T’assures pas, frangin ! Tu n’as toujours pas compris depuis le temps qu’une femme a horreur qu’on souligne son poids ?
- Eeeeeh ! Mais je ne disais rien sur son poids ! Il est parfait son poids à ma Rose !
- Et l’hippopotame, c’est quoi d’après toi ! Tu lui aurais dit qu’elle ressemblait à une baleine, elle aurait réagit de la même manière !
- Oh ! Ça va Monsieur « moi je suis livré avec le mode d’emploi des femmes » !
- Toutes sauf ma Bella, je te le rappelle.
- Ouais ben t’as quand même la chance de savoir comment elles fonctionnent en général, pas moi!
- Bordel Em ! Ça fait soixante-dix piges que t’es maqué avec Rose et t’as toujours pas compris comment elle fonctionne ? T’es sérieusement atteint, là ! Un cas désespéré !

J’arrêtais sur ma lancée lorsque je vis mon frère s’écrouler et enfouir son visage entre ses énormes bras en soupirant. Pour une fois, il me faisait presque pitié. Je dis bien presque…

- Mais arrêtez de vous moquer de moi, hein ! Ce n’est pas drôle ! Et comment je fais, moi maintenant, pour retourner vers ma beauté sans qu’elle se foute de moi ?

Bella alla s’accroupir à ses côtés et posa une main réconfortante sur son épaule.

- Et si tu t’excusais tout simplement, Emmett ? Si tu ravalais ton orgueil et ta fierté mal placée cinq minutes, tu irais la voir, tu ferais amende honorable pour tes ignobles paroles de la dernière fois, tu lui dirais aussi que le coup du string était amplement mérité…
- Ouais ben là, t’y vas un peu fort quand même ! C’est une véritable horreur ce truc !
- Peut-être, mais ce n’était vraiment pas méchant comparé à tes paroles ! Ça te plairait que ta petite femme te dise que tu ressembles à une guenon adepte du body-building et gonflée aux stéroïdes ? Non ! Alors maintenant, tu assumes tes conneries ! Excuses-toi et fais-toi pardonner ! Quand vous vous disputez, vous vous réconciliez comment ?

Ah ! La question à cent balles. Ou la question totalement con quand on connaît le loustic…

- Ben… euh… on se réconcilie toujours au pieu et…
- Ben voilà ! Des excuses, un petit cadeau et une bonne partie de jambes en l’air, et tu verras, ta Rosalie tombera dans tes bras !

Un sourire rêveur s’étirait sur les lèvres de mon frangin au fur et à mesure que ses pensées se focalisaient sur la suggestion de ma douce. Il se redressa d’un mouvement vif et souple, enfin autant que le lui permettait sa carrure, tout en entraînant ma belle dans son sillage, puis il la serra fermement dans ses bras en scandant une multitude de « merci ! ». Nous allions enfin avoir la paix et ainsi pouvoir passer aux choses sérieuses, c’est à dire notre second round, lorsqu’Emmett ouvrit sa grande gamelle, une fois de plus.

- Euh… au fait frangin, t’as une sacrée imagination, tu sais ? Franchement, je ne savais pas qu’on pouvait prendre une nana comme ça. Parce que sérieux, ton truc avec Bella, sur la table, c’était carrément halluci…

Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase que Bella l’empoignait par le col de son tee-shirt et le soulevait de terre pour le plaquer contre le mur. Ma belle était dans une fureur noire…

- Parce qu’en plus de nous déranger, il a fallu que tu nous mates ? Espèce de sale vicelard ! Voyeur ! Pervers ! Obsédé ! Dépravé ! Satyre !
- Eeeeh ! C’était pas facile à éviter ! Vous vous donnez en spectacle quasiment devant la fenêtre et c’est moi le pervers ? Là c’est poussé, Bells !
- Je vais te tuer Emmett !

Avant que je n’aie le temps de réagir pour stopper mon ange, la porte du cottage s’ouvrit sur un Jasper bouffé par l’appréhension et l’inquiétude. Vu le tableau qui se jouait devant ses yeux, rien de plus logique…

- Bella, il faut que tu viennes à la villa.
- Deux minutes Jasper, juste le temps que j’émascule Emmett.
- C’est urgent, Bells ! Il y a un colis pour toi et...
- Tu ne vois pas que je suis occupée ? Ça peut attendre que je lui arrache les couilles et que je les fasse flamber comme des marshmallows !
- Eeeeh ! Fais c’que tu veux Bells, mais me coupe pas ! Pense à ma Rosie, voyons !
- C’est tout ce que tu mérites espèce de pervers mateur !

Jasper se rua sur Bella et posa une main sur son bras, l’obligeant ainsi à desserrer sa prise sur Emmett et à l’écouter.

- Jasper, deux minutes et je suis…
- Maintenant Bella.

Le ton empreint de gravité de mon frère m’interpella, tout comme Bella qui relâcha Emmett, le laissant choir lamentablement au sol.

- Il faut que tu viennes tout de suite Bella. Ça vient de Chicago…

Bella se tendit instantanément à l’évocation de son ancienne ville et plongea son regard fourmillant de questions dans celui de Jazz. Puis elle s’effondra par terre secouée par de violents spasmes lorsque les paroles de mon frère tombèrent tel un couperet.

- Le colis provient de Félix, on a reconnu son écriture sur le paquet…