Edward & Bella

Edward & Bella

vendredi 5 mars 2010

32 - Aveux 2ème partie

"Un baiser, qu'est-ce? Un serment fait d'un peu plus près, un aveu qui veut se confirmer, un point rose qu'on met sur l'i du verbe aimer; c'est un secret qui prend la bouche pour oreille", Edmond Rostand, extrait de Cyrano de Bergerac.

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Nous foncions en direction du cottage, la Meute, moins Seth et Jared, nous collait au train.
J’observais attentivement Bella du coin de l’œil. Elle était assise sur son siège, tenant sa boîte posée sur ses genoux entre ses mains. C’était étrange cette façon qu’elle avait de la tenir. D’un côté, elle s’y cramponnait comme si c’était le trésor le plus précieux au monde et qu’elle avait peur qu’on le lui arrache, mais de l’autre, elle la tenait du bout des doigts, comme si elle avait peur que le contenu la morde ou la brûle. Bizarre…
Une fois arrivé chez nous, je descendis de la voiture, en fis prestement le tour et ouvris la portière de Bella. Je lui tendis la main pour l’aider à en sortir ; elle me fit un sourire crispé et timide.
Nous entrâmes et je vis que Bella frissonnait. Elle avait froid. Réaction physiologique tout à fait normale et saine pour une humaine victime d’un choc émotionnel. Et compte tenu de tous les évènements qui s’étaient déroulés dans la soirée et la nuit…
Je poussais mon ange vers le canapé et me tournais vers la cheminée où je jetais quelques feuilles de journal, roulées en boule, du petit bois et une petite bûche. Je frottais une allumette et la jetais dans les brindilles. Elles s’embrasèrent immédiatement et après quelques minutes passées à tisonner le petit bois, je jetais quelques bûches. Me tournant vers Bella, je la vis roulée en boule, ses jambes repliées entourées de ses bras et son menton posé sur ses genoux, la boîte sous ses jambes. Elle grelottait et ses dents s’entrechoquaient. J’allais récupérer un épais duvet dans le placard de la chambre puis revins pour le poser sur ses épaules. Elle me chuchota un faible « merci » puis soupira. Je m’assis près d’elle, un silence gêné s’était installé entre nous…
Brusquement, elle se jeta sur moi, crochetant mon cou de toute la force de ses petites mains fragiles et fondit en larmes. Malgré moi, mon corps se raidit.

- J’ai eu si peur de te perdre… J’ai cru qu’il allait te tuer… C’est ma faute… Je ne me le pardonnerais jamais s’il t’arrivait quelque chose… Je suis désolée…
- Sssssh Bella… Calmes-toi, je n’ai rien. Tout va bien… De nous deux je suis celui qui ne risque rien…

J’enroulais maladroitement un bras autour de ses épaules et caressais ses longs cheveux soyeux de ma main libre. Bella sanglotait contre mon épaule et je préférai lui laisser le temps de se calmer, qu’elle évacue toutes ses larmes, avant d’aborder le fond du problème…
Je fredonnais de manière absente tout en la câlinant et sans m’en apercevoir, j’avais renforcé mon étreinte et la maintenais étroitement serrée contre moi. J’enfouis mon visage dans ses cheveux et m’imprégnais de sa délicieuse odeur…Qu’avais-je fait ? J’avais failli la perdre définitivement ce soir, Alice m’avait montré la vision qu’elle avait eue de Bella avant que je ne me mette en route pour la rejoindre. Elle avait échappé de peu à une mort certaine… Je ne m’en serais jamais remis, ça c’est sûr… Ma gorge me serrait encore un peu, résultat de la poigne de Félix, mais ça allait passer vite fait. Une bonne chasse et il n’y aurait plus de traces ! Bella, par contre, garderait des marques pendant quelques temps… Il ne l’avait pas ratée…
Je sentis la Meute prendre position un peu partout sur un large périmètre, englobant la villa et le cottage, puis mes deux frères arriver. Ils avaient peur que Félix ne passe par ici, il savait où vivait les Cullen… Ils restèrent cependant à une bonne distance du cottage afin que nous puissions avoir une conversation à l’abri des oreilles indiscrètes…
Je baissais mon regard et vis Bella observer les bûches qui crépitaient dans la cheminée. Les flammes virevoltaient et se reflétaient dans les prunelles de Bella, donnant une impression de vie à ses yeux vides d’expression…
Je jouais machinalement avec ses cheveux, enroulant inlassablement les mèches autour de mes doigts, essayant de faire le tri parmi toutes les informations qui m’étaient tombées dessus dans la soirée.
Bella savait depuis notre rencontre que je suis un vampire. Accessoirement, elle sait également pour ma famille et Tanya.
Il a fallu que son premier petit copain soit un vampire, et pas n’importe lequel… Dans le genre fou à lier et dangereux psychopathe, on ne fait pas mieux. On peut également ajouter gros porc sadique et insatiable pervers à la liste.
« Petit copain » qui, entre deux démembrements, trois décapitations et quelques autres actes de barbarie, a assassiné froidement la mère de sa petite amie avant de lui faire subir tout un tas d’horreurs…
Et qui est prêt à tout pour la récupérer… Quitte à se mettre une Meute de loups enragés et un clan de vampires assoiffés sur le dos.
Un peu beaucoup d’informations à digérer, vous ne trouvez pas ?
Mais… Une question importante avait été soulevée…
« Comment se fait-il que tu sois toujours humaine ? »
Il aurait donc mordu Bella ? Je n’avais jamais vu de trace de morsure. Et les morsures de vampires sont du genre indélébile, gravées dans la chair pour l’éternité. J’avais beau y réfléchir, je n’en avais jamais vue une seule… Ce n’est pas faute d’avoir essayé… Pas que je cherchais une morsure, non ! Mais… Je connais son corps de rêve sous toutes les coutures…
La morsure, c’est une chose. Son humanité en est une autre… Elle ne devrait plus être en vie, façon de parler bien sûr, si elle avait été mordue. Et si Félix dit l’avoir mordue, c’est qu’il l’a fait… Alors comment est-ce possible ?
Mais toutes ces questions n’étaient qu’une partie du problème. Un faux problème même, d’un certain point de vue…
J’ai fait ma vie avant Bella, il était logique qu’elle ait fait la sienne ! Même si c’était avec cette espèce de Dracula barbare de mes deux. Ce point ne changeait rien.
Je voulais toujours la protéger des dangers dans lesquels elle se fourrait, et Félix n’y changeait rien. Bon… Le fait qu’il soit un combattant d’élite aguerri et surentraîné posait quand même légèrement problème…
Non.
Ce qui me dérangeait c’est qu’elle m’avait menti. Et je n’y avais rien vu… Et dire qu’elle se considère elle-même comme une piètre menteuse… Ah ! C’te bonne blague !
Et c’est ce qui me faisait peur justement, jusqu’à quel point avait-elle menti ? Est-ce que ses mots, ses promesses n’étaient que du vent ? Est-ce que chaque caresse ou chaque baiser était simulé ? Est-ce que ses sentiments étaient vrais ou n’étaient-ils qu’un élément du mensonge ?
J’étais complètement perdu dans les méandres compliqués de mes tergiversations lorsque je sentis les mains chaudes de Bella se plaquer sur mes joues. J’ouvris les yeux et croisais son regard triste.

- Non, Edward. Pas là-dessus…
- De quoi parles-tu ?
- Tu te demandes si j’ai joué avec tes sentiments. La réponse est non…

Elle maintenait fermement mon visage, capturant mon regard de toute la puissance de ses yeux chocolat, un petit pli se situant entre eux.

- Ah ! Tu lis dans les pensées ?

Ma voix se voulait sarcastique mais elle sortit tendue et avec des accents désespérés.

- Non, je commence seulement à bien déchiffrer tes expressions. Pfff… Je t’ai peut-être caché quelque chose d’important, cependant j’avais mes raisons ! Mais jamais, Edward, tu entends, jamais je ne t’aie menti sur mes sentiments !

Sa voix était ferme malgré les trémolos et son regard déterminé était rivé au mien.

- Je… J’ai envie de te croire, Bella… Mets-toi à ma place, tu ne t’en poserais pas des questions ? Je ne sais plus ce que je dois croire, Bella… Si au moins tu t’expliquais… J’ai besoin de comprendre…
- C’est… Compliqué… Et c’est une longue histoire…
- Je ne suis pas pressé, j’ai tout mon temps.

Je ne savais pas ce qu’elle pouvait bien chercher dans mes yeux, mais quoiqu’il en soit, elle finit par trouver. Elle inspira lentement et profondément, ferma les yeux et fit un bref hochement de tête avant de poursuivre.

- Je… Je ne sais pas par où commencer…

Je posais à mon tour une main sur sa joue, elle s’appuya dessus et finit par ouvrir les yeux.

- Et si tu commençais par le début ?
- Pfff… Y’a de la matière ! Ce… C’est difficile pour moi d’en parler, je… Je te demanderai juste de ne pas m’interrompre, d’accord ?

Son regard se fit suppliant et renfermait une tristesse et une douleur incroyables. Elle se mit à mâchouiller sa lèvre inférieure et du bout du doigt, je lissais sa lèvre pour qu’elle arrête de se blesser. Je l’embrassais tendrement sur le front et lui fis comprendre silencieusement que quoiqu’elle puisse raconter, j’étais prêt à entendre…

- Pfff… J’ai rencontré Félix quelques mois après mes 15 ans, c’était un après-midi, en plein hiver. Ma mère et Phil, mon beau-père, avaient prévu de se passer une journée et une soirée en amoureux et de mon côté, j’avais décidé de me faire un ciné. J’en suis sortie en fin d’après-midi, vers les 18 heures, la nuit était déjà tombée. J’ai voulu prendre un raccourci, le sol était à moitié gelé et tu connais ma poisse ! J’avais peur de me casser quelque chose en marchant trop longtemps sur le verglas. Je suis passée par une étroite et sombre ruelle, ils étaient là… Trois hommes, ivres, ils m’attendaient… J’étais pétrifiée par la peur, je n’arrivais plus à bouger, je sentais leurs souffles répugnants sur moi… L’un d’eux m’a ceinturée et les deux autres riaient, riaient… J’entends encore leurs rires, parfois… Ils ont commencé à me frapper et arracher mes vêtements…

Je me raidis instantanément, imaginant parfaitement la petite fille terrorisée par ces brutes, coincée dans la ruelle de l’enfer. Un grondement sourd et furieux s’échappa de mes lèvres en pensant à ce qu’ils lui avaient fait…

- …Félix est arrivé juste au bon moment, il leur a demandé de me lâcher, ils riaient encore plus. Je n’ai pas vraiment vu ce qu’il s’est passé ensuite, j’étais à moitié sonnée par les coups… Je me rappelle seulement les avoir entendu hurler de terreur et s’enfuir en courant. Puis Félix aussi… Il s’est penché sur moi et m’a recouvert avec sa veste, il avait un air furieux sur le visage et m’a demandé si tout allait bien… Il habitait à côté et m’a emmenée chez lui, m’a coulé un bain chaud, sorti des vêtements et a attendu que je vienne le retrouver. Il avait l’air… Concerné par ce qui avait failli se produire. Il a nettoyé chaque blessure que j’avais… Oh ! rien de bien méchant, juste quelques estafilades et bleus… Il a été très doux dans ses gestes, très… Prévenant…

Alors là, celle-là, c’est la meilleure ! Je doutais que quiconque puisse dire de Félix qu’il est un être prévenant ! Au contraire…

- …Il m’a ensuite emmené dans un pub, nous avons bu un café et discuté. Il m’avait dit avoir un peu plus de 17 ans, je l’ai cru, même s’il faisait plus… Puis il m’a raccompagnée chez moi en me demandant s’il pouvait venir me voir à la sortie des cours. J’ai dit oui. Le lendemain matin, en partant pour l’école, j’ai eu la surprise de trouver Félix sur le pas de ma porte, il m’attendait. Son petit manège a duré des mois, je n’ai rien vu venir… J’étais si naïve à l’époque !

J’allai ouvrir la bouche pour protester lorsqu’elle m’intima au silence en me fixant de son regard pénétrant et en posant son index sur mes lèvres.

- Pendant des mois, il m’a fait la cour, ni plus, ni moins. Il venait me chercher tous les matins et me raccompagnais chaque soir. Si le temps était clément, nous y allions à pieds, s’il pleuvait, il prenait sa voiture et me tenait un parapluie au-dessus de la tête pour que je ne sois pas trempée. Les jours de soleil, je ne le voyais pas. Je ne sais toujours pas pourquoi, d’ailleurs… Mais il bombardait mon téléphone avec des tonnes de messages et d’appels. Il y a eu aussi les fleurs, le restaurant, le cinéma, les sorties… Il s’est même inscrit dans mon lycée, tu te rends compte ! Je n’en revenais pas qu’une personne aussi merveilleuse s’intéresse à moi, la misérable, banale et fantomatique Bella Swann… Je n’avais jamais eu de petit copain, ni même embrassé un garçon et lorsque Félix s’est fait plus… Pressant, je lui ai dit oui. J’étais amoureuse… Enfin, je le croyais… Nous avons commencé à sortir ensemble, j’avais 16 ans. C’était parfait. Nous étions le couple phare du lycée, toutes les filles m’en voulaient d’avoir ce dieu vivant à mes pieds. J’étais heureuse, sur mon petit nuage… Ma mère s’est vite rendue compte que je changeais, je sortais plus, j’étais beaucoup moins introvertie ou lorsque j’étais en famille, j’étais distante, perdue dans mes pensées d’ado amoureuse, et elle a compris que c’était à cause d’un garçon. J’étais très complice avec maman, elle était ma confidente et ma meilleure amie. Elle a demandé à rencontrer Félix et il a accepté, il était content que je veuille le présenter à ma famille… Tu dois t’en douter, il a charmé ma mère et Phil encore plus facilement que moi ! Ma mère était enchantée que j’ai un petit ami aussi attentionné, charmant, prévenant… que Félix ! Ça a commencé à être sérieux entre nous et les… premières fois… Il était tendre, doux, passionné…

Je ne savais pas pourquoi, mais j’avais beaucoup de mal à voir Félix selon le tableau que brossait Bella. Ça ne ressemblait en rien au sadique tortionnaire que j’avais rencontré et dont tous les vampires parlaient en tremblant… Et savoir qu’il était l’homme de ses premières fois me rendaient malade…

- …Les choses ont vite dégénéré. Je ne connaissais rien à l’amour, ni aux sentiments… Et encore moins en ce qui concernait la partie « charnelle »… Félix a commencé à se montrer possessif, dire que je lui appartenais et en parfaite idiote je disais oui. Il était mon prince charmant, la personne chevaleresque qui m’avait sauvée des ennuis et l’homme que je croyais aimer… Et j’ai accepté de me… Soumettre à lui. Il m’a offert ce bracelet et j’étais fière de le porter, fière de lui appartenir… Je ne vais pas te mentir en disant que je détestais ça… Je me suis éclatée, j’aimais qu’il me domine… Enfin je croyais aimer ça… Du sexe, juste du sexe et encore du sexe, c’était une pure débauche de folie ! Je croyais être heureuse de lui « appartenir », jusqu’à ce que les punitions commencent à tomber… Mais ça faisait parti du jeu. Si je me comportais comme il faut, tout allait bien et j’étais « récompensée », mais si je faisais des erreurs, brrr… Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, enfin… C’est ce que je me mettais en tête… Un soir, je devais avoir rendez-vous avec Félix, on avait prévu une… Session de petits jeux… Mais j’ai dû remettre. Ma mère voulait absolument que l’on se passe une soirée entre filles, Phil n’était pas là et ma mère voulait simplement passer du temps avec moi. On avait prévu de camper au bord du lac Michigan, de faire un feu, griller des saucisses, des marshmallows… Et parler garçons. J’ai prévenu Félix pour remettre notre partie à plus tard, ça ne le dérangeait pas. Maman et moi avons passé une super soirée, cela faisait longtemps que nous ne nous étions pas retrouvées comme ça ! Nous avons fini par nous endormir vers une heure du matin, sur la plage, puis Félix est arrivé…

Bella s’arrêta brutalement à ce moment de son récit… Son regard qui, jusqu’à présent, était vague, perdu dans ses souvenirs, se durcit violemment. Ce qui allait suivre devait être particulièrement douloureux à revivre pour elle… Je me rapprochais de Bella et enroulais un bras autour de sa taille, puis lorsqu’elle plongea son regard triste et brouillé par les larmes dans le mien, je lui fis un bref hochement de tête pour l’inciter à poursuivre. Elle me fit un pâle sourire et souffla lourdement avant de reprendre le fil de ses souvenirs.

- …J’ai sursauté lorsqu’il a caressé mon visage avec une rose rouge, puis alors que j’allais hurler de peur, il a posé sa main sur ma bouche…

« - Chut ma Beauté, ce n’est que moi ! Il chuchotait. - Félix ! Mais qu’est-ce que tu fais là ? - Tu me manquais ma Beauté… J’ai tellement envie de toi, Isabella… - Mais ! Ma mère ? - Si tu savais à quel point ça m’excite de te faire l’amour avec ta mère à côté, Beauté… - On va se faire prendre ! Je vais être privée de sortie et je ne pourrais plus te voir ! T’es malade ? - Si tu te tais, elle n’entendra rien… Si tu veux, je t’y aiderai… »

- J’étais complètement folle et pour être franche, surtout excitée à l’idée de baiser avec ma mère à côté qui ne se douterait de rien… Quelle conne ! Il m’a déshabillée, m’a bâillonnée avec ma petite culotte et m’a attachée. Il adorait m’attacher…

J’avais beaucoup de mal à me faire à l’idée que cette saloperie de vampire barbare et sanguinaire ait pu poser ses mains sur ma Bella. J’étais raide comme un piquet à ravaler ma haine et ma jalousie, mes mains formaient des poings et mes doigts s’enfonçaient dans mes paumes.

- … J’ai réussi à garder le silence pendant un bon bout de temps, mais à un moment, ça a été juste trop et j’ai gémi… Un peu trop fort… Maman s’est réveillée… Tout s’est emballé… Elle a cru que je me faisais violer par un quelconque sadique… Dans un sens, elle n’avait pas tord… Elle s’est jetée sur Félix pour me protéger, et là, j’ai cru que je venais de débarquer dans la « quatrième dimension »… D’un léger coup d’épaule, ma mère à été propulsée à plus de vingt mètres et en moins d’une seconde, Félix était debout devant moi, le regard fou et noir, si noir, tenant ma mère à bout de bras… Et il l’a fait valser dans tous les sens, il l’a martelée de coups tous plus violents les uns que les autres, elle a commencé à saigner… Félix en devenait complètement survolté, je ne comprenais rien à ce qu’il se passait… Et il n’arrêtait pas de hurler « mais c’est de ta faute, Isabella ! C’est toi la responsable ! Tu ne pouvais pas rester tranquille et la boucler cinq minutes ? C’est uniquement ta faute si ta mère souffre autant ! » J’essayais de hurler, de me libérer, mais j’étais totalement impuissante… Puis il a mordu sa langue et je ne comprenais pas, je voyais du sang couler aux coins de leurs bouches et ma mère devenait de plus en plus livide au fur et à mesure que les secondes s’écoulaient… Puis il l’a complètement brisée, broyée sous mes yeux… Ma mère n’était plus qu’une poupée de chiffon entre ses mains et c’est là que j’ai compris qu’elle était morte… Je ne sais pas si elle est morte des coups ou de sa rupture d’anévrisme, mais je sais qu’elle a souffert, contrairement à ce qu’en a dit le légiste… J’étais là, j’ai tout vu… J’ai vu son regard alors qu’elle allait mourir, j’ai…

Bella enfouit son visage entre ses mains puis se mit à sangloter, les pleurs redoublant au plus elle avançait dans son récit. J’enroulais mes bras autour de sa taille et l’attirais sur mes genoux, la berçant doucement. Les sanglots finirent par s’apaiser, puis elle reprit la narration de son cauchemar…

- …Puis il a commencé à s’en prendre à moi, il m’a frappé et j’avais l’impression de me faire percuter par un bulldozer à chaque fois… Il… Il… Il m’a violée… Et il me frappait, encore et encore… Il s’est tellement acharné sur moi que mon utérus a explosé sous les coups… Il me répétait constamment que c’était ma faute, que j’étais responsable, que si j’avais su me taire, nous aurions pu jouer encore pendant longtemps… Et les coups, encore et encore… Toute la nuit… Sans arrêt… Puis l’odeur de mon sang a été trop tentante pour lui et… Il m’a mordue… J’avais mal, j’avais l’impression d’être passée sous un rouleau compresseur et pourtant cette brûlure… Seigneur ! Le feu était insoutenable, j’avais l’impression de me carboniser sur place… Félix s’est redressé brusquement et s’est enfui… Et ensuite, je ne me rappelle que de quelques bribes vagues… Au moins trois voix différentes… Une dispute… Des gestes apaisants… Des paroles réconfortantes… Et je me suis réveillée quelques jours plus tard à l’hôpital.

J’enlaçais étroitement Bella, mon pauvre ange avait fait son entrée dans le monde surnaturel de la façon la plus brutale… Mais une question me turlupinait sacrément… Comment pouvait-elle encore être humaine après avoir été mordue ?
Elle observait les flammes danser sur les bûches, le regard lointain envahi par les larmes. Elle avait l’air si fragile, si cassable… Une coquille vide. Je caressais doucement son beau visage strié par les pleurs, tentant de la ramener à moi…

- Bella… Je suis désolé, je ne sais pas quoi te dire, je… Je ne savais pas, je…
- Tu ne pouvais pas savoir, Edward… je n’ai jamais rien dit… Personne ne sait… Sauf les hommes qui m’ont sauvée.
- Bella, comment se fait-il que tu sois toujours humaine si Félix t’a mordue ?

Elle m’observa quelques instants puis souffla lourdement avant de fouiller dans la poche de son jogging et d’en ressortir une clef. Elle prit sa boîte, inséra la clef dans la serrure d’une main tremblante puis l’ouvrit. Elle souleva le couvercle…
Il y avait une photo, abîmée à force d’avoir été manipulée, un article de journal dont le papier était lisse à force d’être lu, une petite clef et une lettre. Elle sortit tout d’abord la photo.

- Renée et moi. La photo a été prise ce soir-là, sur la plage. Nous avions arrêté des touristes pour qu’ils la prennent !

Un petit sourire mélancolique étira ses lèvres à ce souvenir. J’observais attentivement cette photo du bonheur, un bonheur fugace avant que la violence et la mort ne s’acharnent sur elles. Elles riaient aux éclats, installées devant un feu de camp. Bella était le parfait mélange entre Charlie et Renée. Elle avait les cheveux bouclés de son père et les reflets roux de sa mère ; les yeux chocolat de Charlie et le regard expressif de renée. Le nez retroussé de son père et les lèvres charnues et délicatement ourlées de sa mère. L’équilibre parfait entre ses deux parents…
Elle me passa ensuite l’article qui relatait l’agression sauvage et sanglante à l’encontre d’une mère et de sa fille, et du meurtre de la mère. Pas de détails, seulement le constat des policiers.
Puis elle attrapa la petite clef et l’inséra dans la serrure de son bracelet. Elle tremblait comme une feuille, la clef s’entrechoquant dans sa serrure. Alors que j’allais l’aider à l’ouvrir, elle m’arrêta en entourant fermement mon poignet de sa main.

- Non ! C’est à moi de le faire… Seule.

Elle inspira profondément en fermant les yeux puis fit tourner la clef dans la serrure. Elle ôta les deux petites tiges de leurs emplacements puis le déverrouilla et l’enleva. Bella me mit l’intérieur de son poignet sous les yeux…
Une marque en forme de croissant de lune, légèrement argentée, était située à l’emplacement des veines. Une marque de morsure… Et pas n’importe laquelle, la morsure d’un vampire…
J’effleurais doucement du bout des doigts l’empreinte à jamais gravée dans sa chair. Sa peau d’ordinaire si chaude était tiède à cet endroit… Enfin… Tiède pour moi, mais glaciale pour un humain, presque de la même température que mon corps, à quelques degrés près…

- Comment est-ce possible ?
- Quelqu’un a aspiré le venin.
- Qui ?
- Je ne sais pas…

Bella fixa son attention sur le plancher avant de plonger son regard dans le mien…

- Pourquoi tu ne m’as rien dit, Bella… Pourquoi tu ne m’en as pas parlé ? Pourquoi n’as-tu pas dit que tu savais pour… moi ?
- Je n’en avais pas le droit… Vous auriez été plus en danger qu’autre chose, ta famille et toi… Expliqua t’elle faiblement.
- Balivernes ! On est tout à fait capable de se défendre nous-même, Bella !

Elle eut un petit sourire triste puis sortit la lettre de sa boîte et me la passa pour que je la lise…
Une écriture élégante, toute en rondeur et à la calligraphie parfaite, parcourait le papier. Les mots avaient été inscrits à la plume et l’écriture paraissait être du siècle dernier, voir celui d’avant.

« Chère enfant, Comme tu as pu t’en apercevoir bien malgré toi, le monde dans lequel tu vis n’est pas celui que tu crois. Il est peuplé de créatures dont tu ignorais jusqu’alors l’existence. Créatures de cauchemars… Je regrette très sincèrement ce que ce monstre vous a infligé à ta mère et toi, mais surtout que tu aies été le malheureux témoin de cette atrocité. Tu as vu ce qu’il est ; ce que nous sommes. Nous sommes plusieurs milliers à évoluer ainsi parmi vous, dans le plus grand anonymat. Comme chez les humains, nous avons nos rebuts, la créature qui s’en est prise à vous est parmi les plus viles de notre univers et tu as eu la douloureuse malchance de croiser son chemin. Il s’est échappé, mais je vais exercer une surveillance particulièrement accrue afin d’être sûr qu’il ne s’en prendra pas à toi de nouveau. Afin de protéger notre espèce, mon devoir serait de te réduire au silence. J’aurai dû te tuer, mais je n’ai malheureusement pas pu m’y résoudre. Je ne pourrais jamais m’en prendre à un innocent, c’est pourquoi tu es encore en vie. J’aurai pu laisser le venin du prédateur agir, et tu aurais été « transformée », ce qui aurait résolu le problème. Mais tu es trop jeune maintenant, tu as encore un chemin à parcourir. J’ai donc pansé tes plaies comme je l’ai pu et aspiré le venin. Cependant, ne divulgue jamais, ô grand jamais ce que tu sais ni ce que tu as vu. Nous avons nos « gardiens du secret », les Volturi, qui n’hésiteraient pas à te pourchasser et te tuer si cette histoire leur venait aux oreilles. N’en parle jamais. À qui que ce soit. Tu en mourrais et ces personnes également, quelles qu’elles soient. De plus, crois-tu vraiment que les humains accepteraient ta version des faits sans t’enfermer dans une cellule capitonnée avec une camisole de force ? Nous nous sommes donc compris. Sache que nous ne sommes pas tous des monstres assoiffés de barbarie et de sang. Certains des nôtres ont choisi de vivre autrement, en se nourrissant de sang animal, ce qui fait d’eux des « végétariens ». Ce n’est pas parce que nous sommes ce que nous sommes que nous ne pouvons pas vouloir être meilleurs, nous dépasser et retrouver une certaine façon de nous raccommoder avec notre nature. À ce sujet, sache que ceux de mon espèce qui sont « végétariens » se distinguent de ton prédateur : leurs yeux ne sont pas constamment noirs, signe d’une soif intense, ni cramoisis, mais ambre cerclé d’or. Ils ne noircissent que lorsqu’ils doivent se nourrir. Si tu en croises dans ta ville, ils ne te feront rien, mais fais attention à tes réactions en leur présence : fais comme si de rien n’était, ils ne devront jamais découvrir que tu sais. Sache également que tu es un être exceptionnel, jeune fille. Je le sais. Tu pourrais être unique un jour, plus tard… Nous nous recroiserons, bientôt, mais ce jour là tu devras faire un choix, celui de nous rejoindre ou mourir… Je tiens encore à m’excuser de ne pas être arrivé à temps avant que cette abomination ne s’en prenne à ta mère. Les moments à suivre vont être difficiles et te sembler insurmontables, mais bats-toi, que son sacrifice ne soit pas vain. Je veille sur toi jusqu’à ce que tu sois en sécurité, entre de bonnes mains. Ton dévoué. »

Incroyable ! Non seulement son mystérieux sauveur avait aspiré le venin pour qu’elle reste humaine, agissant contre toutes nos règles, mais il lui avait également tout dévoilé. Il lui promettait également, de façon sous-entendue, de s’occuper lui-même de sa transformation. Voilà qui expliquait donc les premières visions d’Alice…

- Bella, tu te rappelles notre première rencontre ? Tu as su tout de suite ?
- Oui, je m’en rappelle… Et pour être franche, pas vraiment… Enfin…

Elle souffla lourdement puis se cala confortablement dans mes bras ; je les resserrais étroitement autour de ses frêles épaules et y posais mon menton, sa joue brûlante et humide caressant la mienne, glaciale.

- Lorsque mes yeux ont croisé les tiens, j’ai tout de suite été happée par la profondeur et l’intensité de ton regard et je me sentais irrémédiablement attirée par toi. Je te voulais, tu n’imagines pas à quel point… Coup de foudre ? Magnétisme ? Appelle cela comme tu veux, mais je n’ai pas su ce que tu étais tant qu’on échangeait ce premier regard. Et il a fallu que Newton rompe le charme en me pelotant les fesses, ce crétin ! Là, j’ai su. J’ai reconnu cette splendeur irréelle, cette pâleur, cette perfection, puis j’ai vu tes yeux… J’ai voulu fuir, mais je ne suis pas allée bien loin !
- Pourtant, tu es venue avec moi… Tu m’as suivie… Pourquoi ?
- Je ne sais pas comment expliquer… C’était plus fort que moi, il le fallait… Si tu savais comme j’ai pu m’en vouloir… Me dégoûter…
- Pourquoi ?
- Voyons Edward, ce n’est pas évident ? Merde ! Un vampire et pas n’importe lequel, mon petit ami accessoirement, tue ma mère, devant mes yeux et je réagis comment ? En me jetant dans les bras du premier vampire qui passe ensuite ! J’avais l’impression de trahir le souvenir de maman…

Une larme roula sur sa joue, je l’essuyais avec mon pouce.

- C’est pour ça que tu agissais bizarrement avec moi, au début ?

Elle hocha lentement la tête de bas en haut puis soupira.

- Je suis désolée, Edward… Je ne voulais pas te mentir, ni te blesser, mais…
- Je comprends… Même si ça fait mal. Tu avais tes raisons… Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi tu n’as pas cherché à m’éviter comme la peste !
- Tu n’as donc toujours pas compris ? Tu es pire qu’une drogue, pour moi… Je ne peux pas me passer de toi. J’en suis physiquement et psychologiquement incapable. Ne pas te voir, ne pas te sentir, ne pas te toucher me tuent. Ajoute à cela que je t’aime par-dessus tout et je pense que tu l’as, ton explication ! Et puis… Tu es végétarien, avec toi je ne risque rien !

Bella me fit un petit sourire en coin et pour la première fois depuis que nous avions quittés l’Eclipse, son sourire atteignit ses yeux.

- C’est là que tu te trompes, Bella… J’ai failli te tuer, plus d’une fois…
- Comment ça ?
- Toi aussi tu es pire qu’une drogue… L’arôme de ta peau, l’odeur de ton sang, j’ai cru devenir fou ! Jamais je n’avais désiré le sang d’un humain à ce point… Si tu savais à quel point j’ai désiré le tien… J’ai combattu ma soif, ça n’avait jamais été aussi difficile, insurmontable… Je ne sais pas comment j’ai fait...
- Pourtant tu l’as fait.
- Oui mais… J’ai failli déraper à plusieurs reprises… Et je t’ai goûtée…
- Oui, je me souviens.

Elle avait dit ça sur le ton de la plaisanterie, puis les rouages se mirent à tourner à plein régime…

- Tu savais ? Attends… Bellaaaa… Ne me dis pas que c’était intentionnel !

Elle rougit furieusement et se mit à mordiller sa lèvre inférieure. Mais elle ne répondit pas… Je me levais brusquement et me mis à faire les cent pas, empli d’une fureur contrôlée face à tant d’insouciance…

- Bon sang, Bella ! Tu te rends compte du danger dans lequel tu t’es mise toute seule ? J’ai failli perdre le contrôle plus d’une fois cette nuit-là ! Ton sang est si… Tentateur…
- Mais je ne savais pas ! Pour moi, tu étais végétarien ! Oui je me suis mordue, oui mon sang a coulé et non, je ne l’ai pas fait exprès ! J’avais confiance en toi, je savais que tu ne me ferais pas de mal ! Au pire, tu m’aurais mordue et je serais comme toi aujourd’hui !
- Tu n’en sais rien ! J’aurai pu ne pas savoir m’arrêter ! Tu ne te rends pas compte de ce que tu dis ! Tu ne sais pas ce que c’est ! Tu ne…
- De toutes façons, je n’ai pas le choix ! Je sais qu’un jour ou l’autre, l’auteur de cette lettre viendra à moi et qu’il s’occupera de ma transformation ! Je…
- Si, tu as le choix ! Je suis là, Bella. Ma famille aussi.. Personne ne t’obligera à…
- Qui te dit que c’est une obligation ? Jusqu’à présent, c’est la seule chose qui m’a fait avancer, savoir qu’un jour je serai suffisamment forte pour me venger de Félix ! Maintenant, j’ai une autre raison de vouloir devenir ce que tu es…

Elle se leva et s’approcha lentement de moi, puis posa ses douces mains chaudes sur mes joues. Elle plongea ensuite son regard chocolat dans le mien, il brillait d’une intensité sans pareille et un petit sourire paisible étirait ses lèvres douces.

- Maintenant que je t’ai rencontré, Edward, j’ai une excellente raison de vouloir devenir un vampire… Plus seulement par désir de vengeance… Elle compte encore beaucoup pour moi, ça c’est certain, mais… Je te veux toi, tu es mon présent et mon avenir, Edward… Je veux passer l’éternité qui m’attend à tes côtés… T’aimer jusqu’à la fin de temps…
- Oh Bella…

J’enroulais étroitement mes bras autour de sa taille fine et la soulevais comme une plume, à la fois si légère et fragile…
Elle entoura ma taille avec ses jambes et enfouit son visage dans mon cou, inhalant profondément mon odeur et j’en fis de même, me délectant de son incroyable fragrance.

- Qu’est-ce que je deviendrai sans toi, ma Bella… ? Si seulement tu savais à quel point tu as illuminé mon existence ! Je ne peux pas te perdre, je ne le veux pas… Je ne m’en remettrai pas s’il t’arrivait quelque chose… J’ai eu si peur pour toi, ce soir… J’ai tellement besoin de toi, mon ange…
- J’ai eu peur aussi… Pas pour moi, non… J’ai eu peur… J’ai cru qu’il allait te tuer… Je ne m’en remettrai pas si tu devais disparaître… Je t’aime tant ! Je suis désolée, mon amour… Désolée de t’avoir menti pendant tout ce temps, mais je…
- Sssssh Bella… J’ai compris, ne t’en fais pas…

Elle ancra son regard dans le mien et toute la puissance de son amour, de ses sentiments me submergea instantanément. Je posais délicatement mes lèvres sur les siennes, presque hésitant, et Bella s’en empara sauvagement, plaquant durement ses lèvres contre les miennes, comme si elle essayait de les souder les unes aux autres… Ce qui ne serait pas pour me déplaire ! Nos lèvres se caressèrent doucement, tendrement, comme si elles s’apprivoisaient à nouveau. Je gémis lorsque je sentis sa langue si chaude tracer le contour de ma bouche avec une délicatesse à la fois exquise et insupportable de douceur ; elle haleta puis gémit à son tour lorsque ma langue captura la sienne, l’emportant dans un duo fusionnel d’une passion exacerbée.
Je l’emmenais jusqu’à notre chambre et la déposais doucement sur le lit ; elle se cramponna à mon cou et me fit tomber sur elle, je me rattrapai d’une main pour ne pas l’écraser de tout mon poids et nous fis rouler sur le lit.
Un éclat lumineux me tapa dans l’œil et je vis que la lumière, pourtant tamisée, miroitait sur la fine cicatrice en forme de croissant de lune, faisant scintiller ce mince fragment de chair de la même façon que ma peau au soleil. C’était étrange de ne plus voir ce bracelet au poignet de mon ange… J’avais pris l’habitude de le voir et pour moi, il était une partie d’elle… Bella caressait fréquemment et machinalement son poignet ; si pour moi c’était étrange de ne plus la voir avec, qu’en était-il de son impression à elle ? Elle avait l’air libre, débarrassée de son fardeau, elle s’était affranchie, un peu comme un esclave se débarrassant de ses chaînes. Bella se libérait de son passé.
Ses prunelles chocolat vrillées aux miennes ambrées, elle fit courir délicatement ses petits doigts fins le long de mon torse et déboutonna ma chemise lentement avant de me l’ôter et de la jeter par terre ; je fis la même chose avec son sweat et son Tshirt, découvrant sa délicieuse poitrine aux pointes sombres et tendues. Elle me sourit avec douceur et tendresse puis défit ma ceinture, déboutonna mon jeans et me l’enleva ; je l’aidais en soulevant mes fesses, capturant son regard du mien, l’inondant avec tout l’amour que j’éprouvais pour elle. Je me débarrassais rapidement de mes chaussettes avant de m’attaquer à son pantalon de survêtement que je fis glisser le long de ses longues jambes soyeuses avec une infinie douceur, puis lui fis subir le même traitement que le reste de nos vêtements avant de faire rouler délicatement son shorty jusqu’à ses chevilles pour le jeter sur l’amas de fringues qui tapissait le sol. Elle fit la même chose avec mon boxer, l’envoyant valser je ne sais où…
La journée de la veille avait été fatigante, la soirée éprouvante et la nuit à la fois violente et terrifiante. Mon ange était usé et avait besoin d’amour, de tendresse et de douceur. Elle pressa son petit corps souple et chaud contre le mien, je savourais ce contact que j’avais failli perdre à jamais puis entremêlais mes jambes aux siennes, me contentant de la serrer contre moi. L’une de mes mains courrait dans ses cheveux, jouant avec ses boucles douces, tandis que l’autre la maintenait étroitement enlacée contre moi. Bella avait la tête posée sur mon torse, à l’endroit où aurait dû battre mon cœur, un sourire éblouissant étirait ses lèvres pleines, ses mains passées autour de mon cou caressaient ma nuque, enflammant chaque microscopique parcelle de mon corps de pierre. Nous restions là, sans bouger, étroitement emmêlés l’un à l’autre, nous câlinant tendrement, profitant simplement de la présence de l’être aimé… Nous avions le temps devant nous, tout le temps que nous voulions…

- Bella, ça voulait dire quoi lorsque Félix parlait de ton collier ?

Elle devint immédiatement livide et se figea dans mes bras, terriblement mal à l’aise. Je lui caressais doucement la joue en attendant qu’elle me parle. Bella souffla lourdement et me regarda durement.

- Crois-moi, Edward, tu ne veux pas savoir…
- Bella, je connais suffisamment Félix pour savoir qu’il est du genre pugnace et qu’il est prêt à tout pour arriver à ses faims. Je veux savoir ce qu’il entendait par là…
- Pfff… Tu tiens tant que ça à ce que je te fasse un récapitulatif de tout ce que j’ai vécu avec Félix ?

Son ton était à la fois désespéré et exaspéré.

Oui ! Oui ! Oui ! Vas-y ! Demande-lui ! De quoi ? Ben qu’elle te raconte ses prouesses avec Félix mon con ! Non mais t’es malade ? Ben quoi ! Ça tombe, c’est cent fois plus intéressant qu’un film de boules ! Ouais… Bon… Peut-être, mais je ne veux pas savoir ! Pourquoi ? Félix ! Ben quoi ? Mais tu peux pas comprendre, espèce de con, que j’ai pas envie de savoir ce qu’ils ont fait au pieu tous les deux? Bah… Ça pourrait être intéressant… Et te donner quelques idées… Rhaaaa… Tu m’énerves ! Pourquoi, parce que je te dis que t’aurais peut-être besoin d’idées pour agrémenter la routine ? Y’a pas de routine entre Bella et moi et j’ai pas besoin d’idées tordues pour ça ! Dis, tu crois quoi ? Que Bella n’aime pas les chose tordues ? Elle faisait quoi avec Félix sinon ? Il a profité d’elle ! Peut-être, mais Bella aussi… Et il la maltraitait ! Tu l’as entendu tout à l’heure, il parlait de la punir ! N’importe quoi… Et qui te dit qu’elle n’aime pas ça ? Non mais tu délires, là… Fais-toi soigner ! Et toi ouvres les yeux une bonne fois pour toutes ! Ta sainte Bella n’est pas aussi innocente que tu crois ! Arrête ! Quoique… Bella est peut-être une sainte, mais Isabella, tu ne la connais pas… La ferme ! Et je suis sûr qu’Isabella aurait beaucoup, beaucoup de choses à t’apprendre… Ta gueule ! Jaloux ! Hmpf… Ouh… J’y crois pas… De quoi ? Tu n’es pas que jaloux… Tu es aussi envieux… Eh ! Eh ! Rhaaaa boucle-la ! Je savais ! J’ai raison euh ! J’ai raison euh ! TAIS-TOI !

Je secouais la tête pour m’ôter toutes ces images qui commençaient à affluer en masse dans mes pensées avant de prendre ma Bella dans mes bras.

- Pfff.. Peut-être pas tout, je ne sais pas si je pourrais le supporter sans aller me défouler sur quelques arbres… Mais j’ai besoin de savoir…. Au moins un minimum. Que j’arrête de me prendre la tête avec tout un tas d’idées plus tordues et dégénérées les unes que les autres…

Bella se passa les mains frénétiquement sur le visage à plusieurs reprises au point que je dus l’arrêter, j’avais peur qu’elle finisse par s’arracher des lambeaux de peau. Elle expira lentement puis releva la tête. Son regard était affolé lorsqu’elle croisa le mien et des larmes perlaient au coin de ses yeux. Je les essuyais avec mon pouce et l’embrassais sur le front.

- Je… Je ne suis pas une fille pour toi, Edward. Je…
- Arrête de dire n’importe quoi, Bella ! Et moi alors ! Je ne suis même pas un homme ! Enfin… On se comprend.
- J’aurai préféré éluder cette partie de ma vie, crois-moi, je n’en suis pas fière… Je… Quand je t’ai dit que j’étais naïve lorsque j’ai commencé à sortir avec Félix, j’étais loin de la vérité… Une vraie oie blanche, une pure innocente, je ne savais rien de rien, c’était limite si je ne croyais pas encore aux cigognes, aux choux et aux roses... L’amour, les sentiments, le sexe… étaient des domaines totalement inconnus. Félix est… Félix a un caractère dominant. Il m’a initiée à la soumission et moi, je croyais que c’était ça l’amour… Tellement naïve… Je ne te mentirais pas en disant que je n’aimais pas ça… Enfin, je croyais aimer. Il y a eu le bondage, le contrôle, la discipline, la privation sensorielle, les punitions…
- QUOI ?! Il te frappait ? Je vais le…
- NON ! Enfin pas de la façon dont tu le perçois. Je…
- Comment ça, pas de la façon dont je le perçois ? Il te frappait oui ou non ?
- Oui ET non. Euh… Et merde ! Tu veux que je te dises quoi? Ce que je ressentais lorsque je recevais des coups de fouet ou savoir ce que je préférais ? Entre nous, j’ai toujours eu un faible pour la crav…
- Wow wow wow ! J’y comprends plus rien là… Ca veut dire quoi, Bella?
- Je… Dans les relations… domination-soumission, tout est fait pour apporter le maximum de plaisir à ton partenaire, il y a une grande question de respect et de confiance. Selon le degré d’excitation auquel tu te trouves, un coup porté sur une zone bien précise multiplie le plaisir. La douleur peut provoquer le plaisir et vice versa. Par contre, en cas de « punitions », il n’y a plus de plaisir, juste de la douleur et de l’humiliation et…
- Tu le laissais faire ? Mais merde Bella…
- Je ne savais pas ! Pour moi c’était ça, l’amour !
- Mais il te torturait !
- Oui, je sais ! Mais parfois j’aimais ça… Je… Tu ne peux pas comprendre, tu ne sais pas ce que c’est… Tu…
- Non, c’est sûr… Comment veux-tu que je comprenne qu’on puisse prendre du plaisir dans la douleur ?
- Je… Tu te rappelles notre première nuit chez Charlie, lorsque je t’ai attaché ?
- Tu m’étonnes, j’ai pris un pied d’enfer…
- Et tu as eu mal, ça je le sais !
- NON !
- Ah ! Parce que le fait que je t’empêche de jouir pendant je ne sais pas combien d’heures ne t’a pas fait souffrir ? T’as pas eu l’impression d’avoir des couilles en béton qui te remontaient dans la gorge et prêtes à exploser à tout moment ? Réponds-moi franchement, Edward.
- Euh… Si, un peu… Beaucoup même… Mais après… Wow ! Je ne trouve même pas les mots pour…
- Félicitations ! Tu as fait tes premiers pas dans le BDSM !
- Comment ça ?
- Je t’ai empêché de jouir, intentionnellement, et ça t’a fait mal, pour que tu en retires le maximum de plaisir. Et crois-moi, si j’avais eu une cravache sous la main, je t’en aurai mis quelques coups bien placés pour décupler ton plaisir. Tu comprends maintenant ?
- Mouais… Enfin pas vraiment… Mais bon, c’est quoi le rapport avec ce collier ?
- Le collier est un élément de soumission, tout comme mon bracelet, même s’il est plus un symbole qu’autre chose, maintenant. Bref, Félix veut seulement me « reprendre », il veut que je lui appartienne à nouveau…
- Et toi ?
- NON ! Mais ça ne va pas ? Je…
- Tu l’as aimé, non ?
- Edward je… Écoute, je sais que tu dois avoir du mal à te faire à l’idée que Félix et moi… Bref ! Oui, je l’aimais, enfin je croyais. J’ai aimé la personne douce et charmante que j’ai connu au départ. Je pensais savoir ce que signifiait l’amour et je me suis trompée, lourdement… Les conséquences en ont même été plus que désastreuses… Ce que je veux dire c’est que je croyais connaître l’amour, mais il aura fallu que je te rencontre pour voir que je m’étais plantée. C’est toi qui m’a fait découvrir ce que signifiait être aimée, toi et personne d’autre. C’est avec toi que j’ai fait l’amour pour la première fois…
- Là Bella, tu te trompes, ce n’est…
- Edward ! Si je te le dis, c’est que c’est vrai ! Je croyais avoir déjà fait l’amour avec Félix, mais ce n’était que de la baise pour moi et une question de pouvoir pour lui. C’est avec toi que je découvre l’amour, le vrai, le grand. Je t’aime Edward, je t’aime tellement que ça en est douloureux !

Je m’emparais de ses lèvres en gémissant, sa déclaration m’avait totalement chamboulé. J’étais incapable de trouver les bons mots pour lui expliquer ce que je ressentais à cet instant et décidais de lui montrer dans ce baiser…
Nous étions tous deux enlacés, plongés dans nos pensées respectives, les miennes pleines de colère et de haine, lorsque la petite voix timide de Bella se fit entendre.

- Edward ? Tu l’as connu comment ? Chuchota t’elle faiblement.

Elle n’avait pas besoin de préciser de qui elle parlait, j’avais parfaitement compris le non-dit…

- Je l’ai rencontré il y a… 70 ans…
- WOW ! Tu as quel âge, Edward ?
- 17 ans !

Ma réponse avait fusé et Bella explosa de rire.

- D’accord… Tu as 17 ans en apparence, mais en réalité, quel âge as-tu ?

Son regard se fit suppliant et une petite moue boudeuse, absolument charmante, se dessina sur ses lèvres.

- J’ai 108 ans, en tout et p…
- Hmmm… En tous cas, tu es foutrement bien conservé pour ton âge !

Elle riait aux éclats et son regard pétillait de malice.

- Eh ! Un peu de respect pour tes aînés, jeune impudente !

Elle pouffa à nouveau puis fit courir ses mains sur mon torse, traçant mes pectoraux du bout de ses doigts délicats.

- Donc… Vous vous êtes rencontrés comment ?
- En Italie, il y a 70 ans… Félix est un membre de la garde des Volturi, ils sont trois frères à la tête du clan, Aro, Marcus et Caïus. Ton « sauveur » en parle dans sa lettre. Je les intéressais et ils voulaient que je rejoigne leurs rangs…
- Pourquoi ?
- Certains… Vampires sont doués d’un talent. Je leur plaisais car je peux lire les pensées des autres… Sauf la tienne ! M’empressais-je d’ajouter en voyant une expression catastrophée se dessiner sur son visage.
- Comment ça se fait, à ton avis ?
- J’en sais rien du tout ! C’est la première fois que ça m’arrive, tu es une exception Bella Swann ! Bref, pour en revenir à Félix… Je n’étais pas intéressé par leur proposition et ça n’a pas particulièrement plu à l’un des frères et j’ai été… Un petit peu torturé… Et surtout tabassé pendant deux jours par Félix. Je peux te dire que je n’en garde pas particulièrement un bon souvenir…

Bella se redressa en prenant appui sur son coude et m’observa attentivement, les sourcils froncés et le petit pli entre ses yeux plus marqué qu’à l’ordinaire.

- Pourquoi j’ai l’impression d’avoir droit à la version ultra courte d’un film d’horreur, les scènes gores en moins ?
- Parce que ça l’est ! C’est le principal à savoir, le reste n’est que détails…
- Hmm… Je comprends mieux ses paroles à ton sujet… Mais dis-moi, pourquoi ta famille avait l’air si tendue en le voyant ? Ils se connaissent ?

Je passais mes mains sur mon visage et dans mes cheveux, essayant de mettre mes idées en place et trouver les bons mots pour expliquer la situation… Son regard était toujours posé sur moi, elle attendait patiemment que je lui parle.

- Pfff… Et bien disons que… Félix est connu comme le loup blanc dans notre monde. Vous, les humains, avez votre Histoire, nous avons également la nôtre. Et Félix a souvent joué un rôle important dans celle-ci.
- Comment ça ?
- Je te l’ai dit, Félix fait parti de la garde des Volturi. Les trois frères sont un peu notre famille royale, ils s’occupent de maintenir l’ordre et de faire respecter la loi. La principale, ne pas nous révéler aux humains.
- Oui, et alors ?
- EH ! Si tu veux comprendre, laisse-moi parler !

Je souris de son impatience et ris aux éclats lorsqu’elle se mit à bouder, croisant les bras sur sa poitrine et affichant une moue exaspérée sur ses lèvres.

- Arg ! Arrête de tirer la gueule, Bella ! Je reprends… Félix n’est pas qu’un simple garde, c’est un combattant d’élite, aguerri et surentraîné. Cela fait plus de 500 ans qu’il fait parti de la garde et a une sacrée réputation sur les champs de bataille. Il y a environ deux siècles, il y a eu des guerres entre clans, qui avaient pour but de… On va dire d’augmenter la taille des terrains de chasse…
- Comment ça ?
- Ben… Disons que les clans se battaient entre eux pour avoir le plus grand territoire possible, si possible ceux avec les plus grandes villes humaines…

J’observais les réactions de Bella du coin de l’œil. Lorsqu’elle comprit où je voulais en venir, un « oh » s’échappa de ses lèvres ; elle avait l’air étrangement calme…

- Ces guerres ont fait beaucoup de victimes parmi les vampires et des armées de nouveaux-nés ont étaient crées pour renforcer les troupes des uns et des autres. Cela a causé des pertes endémiques massives parmi les humains et concentrées autour des grandes agglomérations. Nous aurions fini par être découverts si les Volturi n’avaient pas mis leur grain de sel. Félix a été envoyé au Texas avec quelques hommes, là où les conflits étaient les plus tendus. En six mois, c’était réglé, à seulement une cinquantaine d’hommes contre des milliers, fréquemment renouvelés, et il a fallu six mois supplémentaires pour que les conflits cessent au niveau mondial, par peur de tomber sur Félix. Sa réputation le précède toujours, il sème le chaos et la désolation partout où il passe, c’est un vrai boucher…
- Wow… Je ne l’imaginais pas du tout comme ça…
- Pourtant, tu as eu un aperçu de ce qu’il est !
- Je sais mais… Je te jure Edward, je ne l’avais jamais vu sous ce jour là avant la mort de maman… Quand je te dis qu’il était doux et prévenant, je ne plaisantais pas !
- Ah ! Félix doux ? J’aurai tout entendu, décidément ! Bella, ce type est fou à lier ! C’est surtout pour ça que les Volturi en ont fait leur garde d’élite, parce que sa folie en fait un guerrier extrêmement puissant et un tortionnaire hors-pair ! Votre docteur Mengele (*) est un agneau comparé à lui… C’est un barbare, bestial, brutal et sanguinaire. Il n’a aucune pitié pour quiconque ! Il torture ou assassine aussi machinalement et facilement que tu te laves les dents, tu comprends ?

Mon ange frissonna et se cala confortablement contre moi en soupirant tandis que je caressais doucement ses cheveux d’une main, enlaçant étroitement sa taille fine de l’autre.

- Tu as une chance incroyable d’être encore vivante, Bella. Très peu de vampires peuvent se vanter de l’être après avoir croisé son chemin… Tu n’imagines pas à quel point j’ai mal de savoir ce qu’il t’a fait, de savoir qu’il…
- Pas moi, Edward… Enfin si ! Rhaaa… J’arrive pas à m’expliquer comme il le faut ! Je le haïs tellement pour ce qu’il m’a fait subir, surtout pour ce qu’il a fait à maman… Il m’a tout pris… Mes rêves, mon innocence, ma mère. Il m’a brisée… Mais si je ne l’avais pas rencontré, je n’aurais jamais croisé ta route, Edward, et je serais prête à retraverser toutes ces horreurs pour être avec toi…

Elle s’empara de mes lèvres tendrement, les caressant langoureusement du bout de la langue, ses mains chaudes glissant sur ma nuque et mon dos. Ses lèvres douces et sucrées câlinaient harmonieusement les miennes et je gémis de plaisir lorsque ses lèvres s’entrouvrirent sous la pression des miennes, m’autorisant l’accès à sa délicieuse bouche pour goûter le paradis du bout des doigts… Euh… Du bout de la langue.
Son corps souple et chaud se pressait furieusement contre le mien, nos jambes s’emmêlaient, nos mains partaient à la découverte de l’autre avec impatience et avidité. Bella mit fin à notre baiser passionné, nous laissant tous deux haletant. Mon ange avait le souffle heurté et son petit cœur battait à tout rompre. Je mis mon visage entre ses seins, posant mon oreille sur son cœur, m’émerveillant de ce son si doux et familier à la fois ; je le reconnaîtrais entre mille.
Brusquement, quelque chose me revint en tête, et je me redressais sur mon coude pour la toiser.

- Tu sais que t’es la reine des garces, n’empêche ?
- Quoi ?!

Elle se releva rapidement, blessée, des larmes de fureur obscurcissaient son doux regard.

- Tu savais pour moi et tu m’as quand même fait bouffer ces immondices que vous autres humains appelaient « nourriture » !

Elle baissa les yeux, faussement honteuse, et un petit sourire taquin étira ses lèvres.

- C’était tellement adorable de te voir faire… Tu avais l’air de manger avec plaisir en plus…
- Mouais… Mange du carton, de la terre, du sable et du verre pilé pour moi et on en reparlera !
- Bah ! J’ai déjà mangé de la terre et du sable, y’a pire, ça passe encore…

Je la regardais, dégoûté par son aveu, avant de me rappeler que la majorité des enfants, enfin les tout-petits, avaient tendance à manger tout et n’importe quoi…

- Hmpf… Tu parles d’une consolation…

Bella explosa de rire devant mon air dépité, puis elle jeta ses bras à mon cou, m’attirant sur elle. Je l’enlaçais étroitement et nous fit rouler sur le lit de façon à ce que Bella me surplombe, son corps brûlant recouvrant le mien. Elle déposa un bref baiser sur mes lèvres en souriant.

- Tu te serais douté de quelque chose si je ne t’avais jamais proposé un repas et… C’était si mignon de te voir faire semblant de te régaler avec ce que je préparais… Mais franchement, ça ne valait pas la tronche de ta famille ou de Tanya ! Quoique… Parfois j’ai vraiment eu l’impression qu’Emmett avait hâte de manger et qu’il s’éclatait.
- Tu connais Em, mon cœur. Tout n’est que défi pour lui. ! Tu lui aurais demandé de boire de la boue ou de brouter de l’herbe, il l’aurait fait !
- Mouais… Pourquoi ça ne m’étonne pas ?
- Bah… C’est Emmett !

Elle me fit un sourire ravageur, ce genre de sourire qui aurait pu arrêter mon cœur si celui-ci battait encore. Mes doigts courraient lentement le long de sa colonne vertébrale, la faisant frissonner de plaisir. Ses paupières se fermèrent et un soupir s’échappa de ses lèvres lorsqu’une de mes mains caressa ses fesses. Mon autre main se posa sur sa nuque, appuyant légèrement dessus jusqu’à ce que ses lèvres effleurent les miennes. Elle gémit lorsque nos langues se trouvèrent et son corps réagit instinctivement au mien lorsqu’elle sentit à quel point j’avais besoin d’elle. Son bassin se mit à onduler au rythme du mien et un grondement rauque retentit dans la chambre lorsque je sentis son humidité perler sur ma queue.
J’enroulais étroitement mes bras autour de sa taille fine et de ses épaules graciles ; elle haleta lorsque mon chibre caressa délicatement sa fente et hurla de plaisir quand d’un habile coup de rein je m’enfonçais en elle en grognant.

- Oooh Bellaaa…

Elle se balançait lentement sur moi, d’avant en arrière, de haut en bas, son front posé sur le mien, ses lèvres caressaient avidement les miennes, semblant ne jamais être rassasiées de ce savoureux contact.
Je me noyais dans sa chaleur, submergé par d’intenses vagues de plaisir affluant successivement en masse ; sa bouche dévorait méthodiquement la mienne entre deux gémissements de mon prénom tandis qu’elle ondulait sensuellement sur moi. Elle se redressa brusquement en hurlant lorsque d’un coup de rein, je percutais son point G puis haleta bruyamment lorsque mes lèvres se refermèrent sur l’un de ses délicieux tétons tandis que d’une main habile, je malaxais son autre sein. Elle siffla de bonheur lorsque je mordillai sa pointe gorgée de plaisir, en faisant attention à ne pas entamer sa chair tendre. Plaquant son corps souple contre le mien, je nous fis rouler sur le lit puis relevais l’une de ses jambes pour la poser au-dessus de ma taille, coinçant son genou sous mon bras, et m’enfonçais en elle en de lents va-et-vient, son corps vibrant de plaisir et irradiant de chaleur sous le mien.

- Edwaaard… S’il te plait… Plus fooort…

Je suçotais le lobe de son oreille, accélérant la cadence jusqu’à la marteler de mes coups de butoir, enhardi par ses cris d’extase.

- Comment… Ma… Bella… Dis-moi… Ce que.. Tu veux…

Je plongeais violemment en elle et elle enroula sa deuxième jambe autour de ma taille, croisant ses chevilles dans mon dos et son corps se cambra brutalement sous le plaisir. Elle se cramponnait rageusement à mon cou et mes cheveux tandis qu’elle ondulait furieusement du bassin au rythme de…

- Rha putain ouiiii ! Continue comme çaaaa ! Encoooore !

Ses hurlements de plaisir achevèrent l’homme en moi, réveillant instantanément la bête qui ne demandait qu’à prendre la suite des opérations.
J’allais et venais sauvagement en elle, exorcisant toute la tension, toute la fureur, toute la jalousie, toute la douleur ressentie dans la nuit en me noyant en elle.
Mus par le seul plaisir, je me mis à genoux entre ses jambes si douces, faisant courir une main légère entre ses seins et mes ongles sur sa cuisse, la martelant, la pilonnant, encore, encore et encore… Des larmes ruisselaient sur son doux visage et un sourire extatique illuminait ses traits délicats ; ses seins bondissaient sur sa poitrine, en rythme avec mes coups de queue ; ses mains s’ouvraient et se refermaient sur les draps ; elle claquait violemment son bassin contre le mien en hurlant à chaque fois que je m’enfonçais profondément en elle. Bella était si chaude… Si humide… Si douce… Que je glissais en elle avec une facilité déconcertante, elle pourtant si étroite, si serrée…
Je la pilonnais frénétiquement puis elle fut brusquement envahie par un immense frisson, son corps se cambra violemment, comme brisé en deux, ses parois se resserrèrent autour de ma queue et Bella se laissa submerger par son orgasme en hurlant sa jouissance tandis que je m’enfonçais une dernière fois dans sa fente si délicieusement et douloureusement étroite, mes mains toujours serrées sur ses cuisses, mes ongles enfoncés dans sa peau, me répandant violemment en elle ; un véritable rugissement s’échappa de ma gorge lorsque le plaisir m’envahit et que l’odeur de son sang frais arriva jusqu’à mes narines…
Alors que j’allai me laisser guider par mon instinct de prédateur, mes dents à quelques millimètres de l’arche délicate de son cou, un autre instinct prit le dessus et je m’arrachais violemment au corps de ma douce, filant comme une comète par la porte-fenêtre sans qu’elle s’en aperçoive, courant comme un forcené dans la forêt pour planter mes dents dans la première proie qui se trouvait à ma portée.
Une fois la bête drainée, je m’aperçus que c’était un cerf. J’attendis de me calmer et de reprendre le contrôle de mes émotions exacerbées par la tension et le plaisir avant de rejoindre ma Bella, honteux de ce que j’avais failli lui faire… À nouveau…
J’étais parti depuis une demi-heure lorsque j’allais retrouver ma Bella. Elle était assise sur le lit, pelotonnée sur elle-même, roulée dans les couvertures et le regard rivé sur la terrasse. Lorsqu’elle me vit, elle me sourit tendrement puis tapota sur le matelas, juste à côté d’elle.
Par prudence, je retenais ma respiration…

- Ne t’inquiète pas, je ne saigne plus… Et j’ai nettoyé jusqu’à la dernière goutte !
- Je suis désolé, Bella… Je…
- Oh arrête, Edward ! Tu n’y peux rien, c’est comme ça un point c’est tout.
- Bellaaaa ! J’ai failli te mordre. Encore. Je..
- Mais quand vas-tu comprendre que de toutes façons, on va me mordre ! Tant qu’à choisir, je préfère que tu le fasses, toi.
- Tu ne sais pas ce que tu me demandes ! Je serai incapable de m’arrêter, je te tuerai… Ne me demande pas ça, Bella… Tout ce que tu veux, sauf ça…
- Mais…
- Merde Bella ! Essaye de comprendre que ton sang est la pire des tentations pour moi. Je n’arriverai pas à m’arrêter si…

Elle posa violemment ses mains sur mes joues et leva mon visage, le tenant fermement jusqu’à ce que mes yeux croisent les siens.

- Tu y arriveras, Edward. Tu y es déjà arrivé, trois fois.
- Non je…
- Edward, tu tiens vraiment à ce que je te le rappèle ?
- Je n’en suis pas cap…

Son regard se durcit et sa voix était sèche lorsqu’elle prit la parole.

- Première fois, lorsque je me suis trépanée devant ta voiture. Tu m’as emmenée me faire soigner par Carlisle. Deuxième fois, lorsque je t’ai attaché. D’ailleurs, c’est cette nuit-là que tu m’as goûtée… Et ce soir, ça fait trois. Sans parler de toutes les fois où mon appétissante jugulaire palpitait contre tes lèvres et que tu as tenu bon. Tu y arriveras, Edward. J’ai foi en toi.
- C’est pas possible… T’es infernale… Je ne vois plus que deux solutions… Soit t’es complètement timbrée, soit t’es suicidaire…

Elle mit un coup de poing joueur dans mon épaule.

- Mais qu’est-ce que tu peux être con quand tu t’y mets, c’est pas possible ! Encore un peu et Emmett sera largement détrôné…

Elle étouffa un bâillement en tirant sur le drap pour cacher son visage. Dans le mouvement, elle découvrit l’une de ses cuisses et, épouvanté, je vis cinq longues marques rouges, cinq griffes profondes, dessinées sur sa peau si tendre. Je relevais le drap qui couvrait sa deuxième jambe et vis en haut de sa cuisse, les jumelles de ses griffes. J’avais blessé ma Bella…
Un air horrifié avait dû prendre place sur mon visage car Bella m’observait avec appréhension. Lorsqu’elle vit pourquoi je faisais cette tête là, elle explosa de rire.

- Edward, rassure-moi, c’est pas à cause de ça que tu paniques ?
- Bella… Je t’ai blessée… J’ai failli te tuer parce que j’ai fait couler ton sang ! Je…
- Mais tu vas arrêter cinq minutes ? Ce n’est rien du tout, juste quelques griffes qui auront disparu dans quelques jours…
- Ce ne sont pas que « quelques griffes » ! J’aurai pu te broyer le fémur si je m’étais laissé aller !
- Merde Edward ! Je me blesse toute seule comme une grande tous les jours !
- Mais je…

Bella se releva brusquement, sortit du lit et se planta devant moi, les poings fermés posés sur ses hanches. Elle était en colère et si j’avais été humain, j’aurai été terrifié de croiser ce regard…

- Tu vas arrêter de réagir comme une pucelle effarouchée et hystérique, oui ou merde ? Je me cogne tellement que ma peau ressemble plus à un damier qu’autre chose et je trouve le moyen de me couper en cachetant une enveloppe. Alors arrête un peu ta crise, tu ne m’as pas blessée !
- Mais je t’ai griffée, Bella !

Elle enroula ses bras autour de mon cou et posa ses lèvres sous mon oreille, y déposa un léger baiser, doux, chaud et humide avant de chuchoter d’une voix terriblement sexy au creux de mon oreille.

- Et j’ai adoré ça, tu n’imagines pas à quel point…

Bella grimpa sur mes genoux puis posa son front contre le mien.

- Edward, arrête s’il te plait. Tu ne m’as pas blessée, tu ne m’as pas fait mal, tu ne m’as pas mordue et tu ne me tueras pas. D’accord ?
- Mais je…
- C’est bon ? Tu vas arrêter tes petites crises de conscience maintenant ?
- Arg ! Bella, tais-toi ! Tu dis n’importe quoi…
- Et toi tu te mets des idées tordues en tête !
- Euh… Entre nous, ça n’est pas moi le plus tordu des deux !
- Eeeeh ! Cullen ! Retire tout de suite ce que tu viens de dire !

Je lui tirais la langue ; elle se mit à bouder à nouveau et se dérida lorsque je la chatouillais. Elle se laissa retomber lourdement sur le lit en se tenant le ventre puis souffla lourdement au bout de quelques secondes, le petit pli entre ses yeux de retour.

- Qu’est-ce qu’il y a, mon ange ?
- Pfff… Rien…
- Bellaaaa… Arrête ça tout de suite ! Je vois bien que quelque chose te tracasse.

Elle roula sur le lit pour se retrouver allongée sur le côté, face à moi, puis plongea son regard indécis dans le mien.

- Je… Il va falloir que je parle à ta famille et aux Quileutes, non ? Je n’en ai pas spécialement envie, je…
- Tu n’as pas le choix, Bella. Ils vont tous devoir surveiller ton père, ta maison, te surveiller toi… Je pense qu’ils ont droit de savoir pourquoi, tu ne crois pas ?
- Comment ça me surveiller ?

Elle s’était redressée sur son coude, en colère et épouvantée d’être considérée comme une petite fille qui ne peut pas faire un pas toute seule sans un chaperon pour la surveiller.

- Bella… Félix va chercher à te retrouver, il veut te récupérer et…
- Alors mords-moi ! Je ne risquerai plus rien comme ça.
- Non Bella ! Je ne le ferai pas… Pas comme ça.
- Mais…
- Ce n’est pas le moment, c’est tout. Et crois-moi, il nous sera plus facile de te surveiller humaine que de te surveiller en tant que nouveau-né !
- C’est si terrible que ça ? Être nouveau-né, je veux dire.
- Euh… Et bien… Disons que… Pfff… Tant que tu n’arriveras pas à contrôler ta soif et tes… Sautes d’humeur… Cela ne sera pas toujours une partie de plaisir… Et pense à Charlie ! Tu dois prendre le temps de te préparer, de…
- Tu sais, ça fait déjà quelques mois que je m’y fais…
- Mouais, peut-être… Mais essaye de passer le plus de temps possible avec ton père, prépare-le petit à petit, sans lui dire la vérité, bien sûr. Mais laisse-le se faire à l’idée que sa fille a sérieusement grandie et qu’elle va finir par partir. Il ne pourra plus te voir, ensuite… Tu seras trop différente physiquement et…
- Dangereuse pour lui ?

Une larme roula sur sa joue lorsqu’elle se rendit compte qu’elle pourrait tuer son père une fois qu’elle serait l’une des nôtres.

- Rien n’arrivera. Ma famille sera là et les Quileutes aussi !
- En parlant d’eux, pourquoi ont-ils réagi comme ça avec lui, mais pas avec vous ?
- C’est… Compliqué. Pour faire simple, disons que les loups sont là pour protéger les hommes des vampires et…
- Dans ce cas, pourquoi ne sont-ils pas vos ennemis ?
- Ils l’ont été ! Nous avons signé un traité, il y a bien des années, avec leurs grands-parents. Comme nous sommes végétariens, ils nous laissaient tranquilles, à condition qu’on leur foute la paix et qu’on ne touche pas aux humains. Il y a quelques mois, nous avons dû nous allier aux Quileutes parce que des vampires menaçaient la région et depuis… On va dire qu’on est ami ! Mais ils nous acceptent uniquement parce que nous sommes végétariens ! Les loups et les vampires sont des ennemis naturels…
- Oh ! Ah d’accord ! Je comprends mieux la réaction de tout le monde avec l’imprégnation de Jake ! C’est déjà arrivé une chose pareille ?
- Jamais ! Tu comprends maintenant pourquoi tout le monde trouvait ça absurde ?
- Tu m’étonnes… Enfin bref. Il va vraiment falloir qu’on parle de tout ça avec ta famille ?
- Peut-être pas tout… Mais il vaut mieux qu’ils sachent à quoi s’attendre.
- Tu crois que Félix va bientôt revenir ?
- Je n’en sais rien, mais Alice nous préviendra !
- Alice ? Qu’est-ce qu’elle vient faire là-dedans ?
- Et bien disons qu’Alice a un don… Elle voit… Ce qui risque d’arriver, ce qui va se produire, ce…
Bella rougit furieusement d’un seul coup puis se cacha le visage dans les mains en se lamentant.
- Oh c’est pas vrai… Rassure-moi, elle ne nous a pas vu, hein ?
- Euh… Et bien… Disons que…
- STOP ! J’ai compris. Elle va me le payer ! Comment veux-tu que je la regarde droit dans les yeux maaaaiiiintenant ?

Bella étouffa un nouveau bâillement. Elle s’entêtait à nier et à combattre la fatigue, ses yeux se fermaient tout seuls et elle avait de plus en plus de mal à tenir debout.
Si la soirée et la nuit m’avaient achevé psychologiquement, qu’en était-il de ma Bella ? Mais plus têtue qu’elle, tu meurs…
Je la poussais sur les oreillers, elle râla.

- Eeeeh ! Tu fais quoi ?
- Tu bailles, mon ange. Tu es fatiguée, tu devrais te coucher…
- Non ! C’est pas vrai.
- Bella, fais-moi plaisir, s’il te plait ?
- Oui, quoi mon ange ?
- Dors. En plus ça t’évitera de raconter n’importe quoi…
- Je raconte pas n’importe quoi ! Je râle contre toi.
- On se disputera demain matin si tu veux, mais là c’est l’heure de dormir.

Elle se mit à bouder comme une petite fille à qui on refuse un bonbon, mais se laissa faire lorsque je l’installais sous les couvertures et que je m’allongeais près d’elle, ne supportant pas l’idée de ne pas l’avoir contre moi. Je remontais les draps sur nous et y enroulais ma douce avant de l’enlacer fermement contre moi.
Je sentis ses lèvres chaudes et humides se poser délicatement sur mon torse et l’entendis soupirer d’aise. Moins d’une minute après, Bella s’était profondément endormie.

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* Josef Mengele : Médecin nazi allemand, actif notamment au camp de concentration d’Auschwitz où il a participé à la sélection des envois vers les chambres à gaz et s'est livré sur de nombreux prisonniers à des expériences à prétention scientifique constituant des violations graves des droits de l’homme (tortures, sévices corporels entraînant souvent la mort).
Voir le wiki pour de plus amples renseignements.

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