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ÂMES SENSIBLES S'ABSTENIR.
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ÂMES SENSIBLES S'ABSTENIR.
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- Allez Eddy, viens ! Une petite chasse ça te fera du bien !
- C’est gentil, Emmett mais non… Pas soif…
- Bah alors une p’tite baston, histoire de te changer les idées ! Ça te f’ra du bien, frangin !
- Pas envie Em… Laisse-moi…
- Rhoo mais t’es chiant ! Tires-toi les doigts du cul au lieu de rester là à te lamenter et à pleurnicher sur ton sort ! Bouges-toi un peu ! Tu crois que Bella aimerait te voir comme ça ?
- Putain Emmett ! Faut te le dire en quelle langue ? Fous-moi la paix !
- Pfff… Ben tu viendras pas t’plaindre quand tout le monde te tournera le dos. T’es con Eddy, on cherche juste à te changer les idées et toi, tu nous envoies tous bouler. Ben tu sais quoi ? Va te faire voir !
Je regardais mon frère s’éloigner, il marmonnait et envoya un coup de poing rageur dans un arbre. Je comprenais sa réaction, c’est vrai que je n’étais pas des plus sympas ces temps-ci mais… je n’y arrivais tout simplement pas.
Je n’arrivais plus à rester près d’eux et supporter leurs pensées.
M’isolant régulièrement, j’avais fini par comprendre pourquoi Bella s’était coupée du monde lors de la disparition de Charlie. C’était simplement trop dur. Devoir gérer ses émotions et sa souffrance, c’est une chose, mais subir celle des proches et leur pitié dégoulinante, cela en est carrément une autre.
Le temps passait bien trop lentement, les jours défilaient inlassablement, immuables et c’était une pure agonie que d’être loin d’elle. Chaque atome de mon corps hurlait sa souffrance, seconde après seconde, chacune de mes cellules la réclamait à grands cris.
A chaque heure qui s’ajoutait, mon désespoir ne faisait qu’enfler.
J’avais tellement peur de ne plus jamais la revoir…
Peur que ma Bella ne soit plus… Surtout si la vision d’Alice venait à se réaliser.
Moi qui étais si heureux il y a encore une semaine, je n’étais plus que tristesse, désespoir et nostalgie ; je transpirais la douleur par tous les pores de ma peau.
Une raison de plus pour m’isoler : j’évitais ainsi un calvaire à Jasper.
Mon ange me manquait terriblement.
Parfois, en me concentrant suffisamment, j’avais l’impression de sentir ses mains si douces caresser mon corps.
Mais plus je pensais à elle, plus les noires pensées de Félix se rappelaient à moi…
Ses idées si viles, si abjectes, me donnaient la nausée rien que d’y penser et malheureusement, elles peuplaient constamment mon esprit…
Aro et Marcus, qui s’étaient installés à la villa le temps d’en savoir plus sur la situation, se relayaient de temps à autre pour discuter avec moi. Surtout Marcus. Il comprenait ce que je vivais…
Je n’avais plus goût à rien, je n’avais pas chassé depuis ce jour, j’en étais incapable. Je ne me mêlais que rarement à ma famille ou nos amis, je ne supportais plus leur condescendance et leur soi-disant sympathie. Comme s’ils savaient ce que je vivais ! Ils avaient peut-être perdu une amie chère, mais ils n’avaient pas perdu à la fois leur meilleure amie, leur âme, leur amour, leur amante. Leur âme sœur, tout simplement.
Je me morfondais, jour après jour, me lamentant sur mon sort. En bon égoïste que je suis, je ne pensais qu’à moi. Et à mon ange perdu.
Je ne vivais plus qu’à travers les quelques visions d’Alice et abreuvais tout mon saoul des images qu’elle me renvoyait de ma Bella. Pathétique, non ?
Dans tout ce malheur, il y avait au moins une bonne chose : Bella n’était pas seule, son père était avec elle…
Pour combien de temps encore ?
Alice poussa subitement un hurlement atroce. Je rentrais en trombe à la villa, persuadé que nous subissions à nouveau une attaque et retrouvais ma sœur assise par terre, la tête entre les genoux, se balançant d’avant et en arrière, les mains sur les oreilles, essayant de taire les cris horribles qui résonnaient dans son esprit.
Jasper tentait de la calmer et Aro avait une main sur son épaule, partageant la vision de ma sœur. J’ouvris alors mon esprit au sien et en fus écœuré…
Alec se tordant de douleur sur le carrelage crasseux, suppliant sa sœur pour qu’elle arrête de le torturer.
- Oh ! Mais ce n’est que le début mon cher… Tu vas voir ce qu’il advient des personnes qui me trahissent ! Afton, relève-moi ça ! S’écrie Félix d’une voix dénuée de tout sentiment.
Afton redresse Alec et l’enchaîne à un poteau en acier puis après un signe de la part de Félix, il se met à le frapper. Les articulations d’abord, jusqu’à ce qu’elles lâchent, puis les os. Les broyant méthodiquement. Alec supporte chaque coup en silence et ses hurlements reprennent lorsque Jane fait de nouveau agir son pouvoir sur lui. Les coups. Les flammes. Les coups encore. Et les flammes, toujours.
- Qu’as-tu à dire pour ta défense, traître ? Beugle Félix.
- Elle… elle avait seulement soif ! Ce… ce n’était qu’un peu de sang animal ! Pa… pardon !
- Si elle a soif, elle n’a qu’à se servir ! Il y a tout ce qu’il faut dans sa chambre !
- C’est… c’est… son père ! Félix ! Pitié !
- La ferme ! Afton, continue ! Ce petit morveux mérite son châtiment.
Un claquement sec retentit, puis un hurlement.
Félix fouette violemment Alec pendant qu’Afton broie consciencieusement les os de leur souffre-douleur. Après une centaine de coups de fouet, Félix se lasse alors il arrache lentement les membres du malheureux vampire, sous le regard satisfait et avide de Jane. Il balance les membres et le tronc d’Alec dans un coin de la pièce, soulevant sa tête par les cheveux afin de mettre leurs visages au même niveau.
- J’espère que ça te servira de leçon. On ne plaisante pas avec moi et on ne discute jamais mes ordres… Jane ! Je crois qu’une petite heure de ta… médecine lui fera le plus grand bien !
- Oh oui, Félix ! Tout ce que tu désires…
Félix récupère un pied d’Alec, le prévenant qu’il en sera privé durant une semaine. Pour être certain qu’Alec n’oublie pas à qui il doit allégeance…
Puis il sort en riant, satisfait des hurlements épouvantables qui emplissent la demeure et des talents de Jane, en ce qui concerne la torture…
La vision enfin achevée, je m’évadais de l’esprit d’Alice avec une seule envie : vomir mes tripes. Alice sanglotait désespérément et Aro peinait à reprendre son souffle ; je les comprenais aisément. Ce, à quoi nous venions d’assister était tout bonnement atroce.
Jasper posa tendrement les mains sur les joues de son épouse et la força à lever les yeux.
- Alice… mon Alice, c’est fini ! Calmes-toi ! Qu’as-tu donc vu de si horrible pour être dans un tel état, ma chérie ?
Je ne m’étais pas aperçu que la famille était là, au grand complet, encore absorbé par cette scène cauchemardesque.
- Oh mon Dieu Jazz ! C’est ignoble ! Ce qu’ils lui ont fait c’est…
- QUOI ? Ils ont fait quoi à Bella ? S’exclama Emmett d’une voix venimeuse, prêt à en découdre avec tous ceux qui feraient du mal à sa petite sœur.
- Cé-cé-ce n’était pas Bella mais… Ô Seigneur !
Alice ne parvenait pas à s’en remettre, et moi non plus je dois dire.
S’il était prêt à autant de cruauté envers ses compagnons, que réservait-il à mon ange ?
Souffrance, désespoir et agonie se mêlèrent en moi au point où Jasper en vint à tomber avant de réussir à m’atteindre avec ses ondes calmantes.
Carlisle s’approcha d’Alice et moi, le visage marqué par l’inquiétude. Sa bouche s’ouvrit à plusieurs reprises mais aucun son n’en sortait.
- Alice… Edward… A quelle vision cauchemardesque avez-vous donc assisté pour vous retrouver dans cet état de détresse ? Et toi Aro, mon vieil ami, comment peux-tu être à ce point retourné par ce que vous avez vu tous les trois ? Est-ce donc si horrible que cela ?
Voyant que ma sœur et Aro n’étaient pas capables de parler, encore en proie au choc que nous venions de vivre, je me décidais à leur expliquer. Par réflexe, je passais mes mains sur le visage et les yeux, essayant de chasser ces horreurs.
- Oui Carlisle, c’était horrible… atroce, tu peux me croire ! Nous avons assisté à la torture en direct d’Alec. C’était absolument ignoble. Ils l’ont… ils lui ont fait subir le martyr simplement parce qu’il a apporté un peu de sang animal à Bella. Il a voulu l’aider et Félix le lui a fait payer. Bella a, je cite « tout ce qu’il lui faut dans sa chambre si elle a soif »… sous-entendu Charlie.
- Et Félix l’a torturé pour un peu de sang ? S’exclama mon père, incrédule.
- Oh ! S’il n’y avait eu que Félix… Afton et Jane s’en sont également donnés à cœur joie, je peux te le dire ! Tu te rends compte ? Sa propre sœur l’a torturé ! Et elle prenait son pied en plus, cette salope ! Répondis-je, dégoûté.
- Jane ? Torturer son frère et y prendre plaisir ? Non, tu te trompes, Edward. Elle y a été contrainte par Félix, voyons ! Elle ne pourrait pas faire ça…
- C’est de Jane dont on parle, Carlisle.
- Je le sais bien, mais elle ne pourrait jamais faire ça à son propre frère, voyons ! Son jumeau ! Souffla Carlisle, atterré.
- C’est là où tu te trompes, mon cher ami.
Aro s’était redressé et avait repris contenance. Il avait été extrêmement choqué par ce qu’il avait vu et j’en comprenais la raison ; il appréciait énormément les jumeaux et était particulièrement attaché à Alec. Les traits de son visage étaient durs, marqués par la colère et le dégoût.
- Bien qu’ils soient jumeaux, Alec et Jane n’ont strictement rien en commun. Et bien qu’elle n’y était pas prédestinée, rien ne pouvait annoncer cela, Jane est excessivement violente, surtout envers son frère.
- Mais… pourquoi ? De plus, Alec est à même de se défendre face à elle ! Pourquoi se laisse-t-il faire de la sorte ? Interrogea mon père.
Je me rappelais alors les évènements de ce matin-là et me souvenais de l’attitude servile d’Alec envers sa sœur et Félix.
- Excusez-moi, Aro, mais est-ce normal qu’Alec soit aussi soumis envers sa sœur ?
Le visage d’Aro se fendit d’un sourire amer et fatigué puis son regard se fit lointain, perdu dans les souvenirs. Enfin, il s’assit sur une chaise de notre « salle de réunion », posa ses coudes sur la table et croisa les mains sous son menton, jetant un regard circulaire à son auditoire.
- Pour répondre aux questions que vous vous posez sur les Jumeaux, il va falloir reprendre leur histoire, depuis le début. Tout d’abord, sachez qu’ils ne s’appellent pas Jane et Alec, mais « Jeanne et Alexandre ». Leurs noms ont été mis à l’heure anglaise suite à leur transformation. Nous n’avons jamais réellement connu leur date de naissance exacte, ni même leur âge puisqu’à l’époque, il n’y avait pas vraiment d’état civil ou de registre des naissances. Tout ce que nous savons, c’est qu’ils avaient environ seize ans au moment de leur transformation. Ils sont nés approximativement en l’an 1580, à peu de choses près. Du père, nous ne savons pas grand chose, il serait mort du choléra alors que son épouse était enceinte des Jumeaux. Ce qu’il faut que vous sachiez, c’est qu’à cette époque dominée par les croyances populaires et religieuses, les naissances gémellaires étaient pointées du doigt, considérées comme diaboliques. Jane et Alec étaient, dans leur cas, doublement diaboliques : de par leur naissance, mais surtout par leur mère qui était une sorcière. Non ! Ne pensez pas grimoires, chats noirs, balais volants, bave de crapaud ou culte satanique ! Leur mère, Bérénice, était ce que l’on appelle communément une ‘rebouteuse’. Elle soignait les maux des uns et des autres à l’aide de décoctions, mélopées, prières païennes et manipulations. Elle aidait également les enfants à venir au monde lorsque l’accouchement était laborieux, mais elle était aussi une ‘faiseuse d’anges’, puisqu’elle aidait les femmes à… mettre un terme à une grossesse non désirée. Bérénice possédait d’immenses connaissances et les plantes médicinales n’avaient aucun secret pour elle. Tout cela faisait de cette femme une ’sorcière’. Les gens étaient terrorisés par son savoir et avaient peur d’être en sa compagnie. Elle a vécu en ermite avec ses deux enfants, leur transmettant son impressionnant savoir. Vers l’âge de dix ans, Alec et Jane ont développé une… particularité. Jane était capable de… passer le feu chez une personne, quant à Alec, il était capable d’anesthésier la douleur, disait-on. De nombreuses personnes venaient se faire soigner chez cette petite famille, tout en les pointant du doigt ensuite puisqu’ils n’étaient que sorcellerie et diableries. Vers l’âge de douze ans, Alec a contracté la tuberculose. Sa mère a tout tenté pour le soigner, sans succès. Son corps devait être trop affaibli par les multiples « miracles » qu’il avait accomplis. Peu de temps après, Bérénice a été emmenée de force sur la place du village voisin, accusée sommairement de « sorcellerie », « empoisonnement », « assassinat » et bien d’autres chefs d’accusation encore. Elle a été menée au bûcher et a brûlé vive, sous les yeux de ses enfants. S’ils n’ont pas été immolés en même temps que leur mère, c’est uniquement grâce à un noble du coin, qui avait pitié de leur jeune age. On les a enfermés dans une institution religieuse pendant deux ans. Deux années de sévices, de tortures et de cruautés diverses au nom de Dieu afin d’enlever toute cette… diablerie de leur corps. Les Jumeaux ont fait profil bas, suffisamment intelligents pour savoir qu’ils seraient tués sans hésitation s’ils ne jouaient pas le jeu. Lorsqu’ils ont enfin pu quitter l’institution, ils sont retournés dans la maison de leur enfance et ont repris leurs activités, ma foi, extrêmement lucratives. Quelques mois plus tard, alors que l’Inquisition faisait rage, ils ont été emmenés à Paris et ont été emprisonnés en attente de leur procès. La Chasse aux Sorcières, ils étaient en plein dedans. La maladie d’Alec a empiré. Sa santé s’est rapidement dégradée. Entre malnutrition, mauvais traitements et cachots insalubres, il ne pouvait en être autrement. Même s’il tentait de cacher cela à sa sœur, Jane s’est vite rendue compte que son frère se mourait à petit feu. Elle a alors fait ce qu’il fallait pour que son frère et elle puissent jouir d’un peu plus de confort. Elle s’est offerte aux différents gardiens, monnayant son corps en échange de couvertures bien chaudes et de nourriture. Mais rares étaient les gardiens qui avaient bonne conscience, la plupart violaient Jane en riant et la privaient de nourriture ensuite. Cela a duré des mois, jusqu’à la nuit où, accompagné d’Eléazar, je me suis rendu à leur prison. La légende des « Jumeaux diaboliques » nous était parvenue jusqu’à Volterra et je voulais vérifier si ces soi-disant sorciers faiseurs de miracles étaient si talentueux que ça. Rares sont les humains qui ont un talent puissant à l’état brut, nous n’en avons même connu que trois : Jane, Alec et la jeune Isabella. Bref, après avoir soudoyé les gardiens et nous trouver face aux Jumeaux, Eléazar a été frappé par leur extraordinaire potentiel. Malheureusement, ils ont disparu le jour suivant, alors que nous préparions leur évasion. Nous les pensions morts et n’avons retrouvé leur trace que lors des guerres de nouveaux-nés en Afrique, l’année suivante. Nous nous sommes donc empressés de leur offrir une place de choix dans la garde. Nous nous sommes peu à peu aperçus que Jane se montrait extrêmement agressive et virulente envers son frère, lui intimant sans cesse que son nouvel état, ses viols répétés et les coups qu’elle avait subis en tant qu’humaine étaient entièrement sa faute. Qu’elle aurait mérité d’avoir une belle vie et non un semblant de vie remplie de tortures et de guerres. Alec, lui, était bien conscient de tout ce que sa sœur avait fait pour lui. Elle avait toujours été là pour le protéger. Il s’est donc… soumis à sa volonté, estimant que c’était un bien faible prix à payer par rapport aux multiples sacrifices de Jane…
Aro s’était tu. Nous étions tous sans voix, sidérés par l’histoire des Jumeaux. Comme quoi les légendaires Evil’s Twins ne dataient pas d’hier !
Je perçus vaguement dans l’esprit du Volturi que Jane était prête à tout pour s’attirer les faveurs de Félix, obsédée qu’elle était par le guerrier sadique, se reconnaissant quelque part en lui… Elle lui était entièrement dévouée, ainsi qu’Alec, par la même occasion puisqu’il obéissait au doigt et à l’œil à sa sœur. Aro craignait également que ses deux meilleurs éléments ne se retournent contre Volterra, ce qui signifierait la fin d’une ère paisible si Félix se laissait dominer par sa folie destructrice…
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Les jours continuaient à s’écouler, l’un après l’autre, inlassablement, constants.
La douleur vive qui m’étreignait le cœur depuis l’enlèvement de Bella empirait de jour en jour.
Je ne chassais plus, le sang n’avait plus aucun attrait pour moi.
Après m’avoir invité à la chasse à maintes reprises, sans succès, Rosalie avait tenté de m’obliger à boire en amenant un puma devant moi et en le saignant, persuadée que le prédateur en moi se jetterait sans hésiter sur la malheureuse bête. Échec complet, j’étais resté de marbre.
La soif est une chose, le manque en est une autre…
A l’instar d’un héroïnomane souffrant mille morts en manque de sa dose, je subissais mille et une tortures, en manque de ma Bella. J’avais tant besoin d’elle ! Un besoin viscéral, vital, me prenant les tripes.
Mais Bella n’était pas là et je souffrais infiniment…
Elle ne voudrait pas que tu te laisses abattre, Ed. Ressaisis-toi !
- Je sais, Jazz ! Mais je… je n’y arrive pas. Je ne peux pas.
- Dis plutôt que tu ne le veux pas, nuance ! Si tu le voulais vraiment, tu ne te laisserais pas aller de la sorte ! Regardes-toi bon sang ! Tu ne ressembles plus à rien ! Depuis qu’elle est partie…
- Elle a été enlevée, Jazz ! Elle n’est pas partie de son plein gré !
- Je sais… excuse-moi, je n’ai pas su choisir les bons mots… Ce que je voulais dire, c’est que depuis son… départ forcé, tu es devenu une loque. Tu ne chasses plus, tu ne fais plus rien, tu erres comme une âme en peine, tu ne t’es plus lavé depuis ce jour ! Heureusement que nous n’en avons pas besoin d’ailleurs. Tu ne t’es pas changé… As-tu vu dans quel état est ton jeans ? Alice a failli en faire une crise cardiaque ! Il est tellement crado qu’il tient debout tout seul !
- Je… je n’ai plus goût à rien, Jazz… Je… je ne peux pas.
- Tu ne veux pas un p’tit coup de pouce ? J’peux jouer les ‘Prozac®’ si tu veux !
- Je sais mais… je n’ai pas envie de te rendre plus malade que tu ne l’es déjà en ma présence…
- C’est faux ! Protesta-t-il avec véhémence.
- Ah ouais ? Mes émotions ne t’ennuient pas ? Tu n’es pas mal à l’aise en ma présence ?
Je le défiais de me contredire, tout comme lui tentait de rester indifférent face au tumulte de colère, haine, souffrance, désespoir qui se jouait en moi. Jasper finit par grimacer et baisser les yeux, marmonnant un bref « désolé, au cas où tu sais où me trouver » avant de tourner les talons et d’enrouler ses bras autour de son torse, essayant, tout comme moi, de ne pas s’effondrer en hurlant sous le poids de toute cette souffrance.
Lorsqu’il fut enfin parti, je retournais à mes pensées et souvenirs, m’enfermant dans mon mutisme désormais habituel et m’adossais au tronc d’un pin, observant les étoiles.
Mon téléphone portable sonna une fois… Puis une seconde… Et une troisième… jusqu’à ce que Carlisle arrive, me prévenant qu’Alice avait une vision et qu’ils avaient besoin d’un «traducteur».
- Aro n’a qu’à…
- Aro et Marcus sont partis… se nourrir… en compagnie du clan d’Amun ainsi que de Peter et Charlotte. Viens s’il te plait. On a besoin de toi…
Je soufflais lourdement en me relevant puis fonçais à la villa. Alice était assise, le corps secoué par quelques spasmes, et elle sursautait régulièrement, se donnant des allures de sauterelle. Elle était effrayée par ce qu’elle voyait et je m’écroulais au sol en gémissant de douleur lorsque j’eus accès à sa vision.
Bella est attachée dans sa geôle, écartelée, poignets et chevilles maintenues par des fers, ses vêtements à moitié déchirés. Charlie n’est pas là, mais on entend son cœur battre à toute allure ; il doit être dans une autre pièce. Un feu vif ronfle dans la cheminée, éclairant de ses flammes un assortiment de tisons et de lances en acier. Félix attrape une hallebarde rougeoyante au cœur des flammes et la passe délicatement sur le ventre de Bella, marquant son corps au fer rouge. Elle serre les dents, ne voulant pas lui offrir le plaisir de l’entendre le supplier, et encaisse la douleur comme elle le peut. Son ventre et ses cuisses sont zébrés de longues et fines marques. Des brûlures. Félix sourit de toutes ses dents, satisfait de voir que sa Beauté est là, près de lui. Mais intérieurement il rage car elle est toujours avec moi ; il a son corps, mais elle lui refuse toujours son esprit. Alors il espère qu’elle comprendra enfin, en voyant toutes ces marques sur son corps, qu’elle est à lui et à personne d’autre.
Elle est sienne.
Sa créature.
Son objet.
Elle doit comprendre et il n’y a pas d’autre façon de lui expliquer.
Bella hurle lorsque deux fers rouges s’enfoncent simultanément dans son ventre avant d’en ressortir lentement. Félix sort un nouveau tison d’entre les flammes et le plonge à nouveau dans le corps de Bella, lui imprimant un mouvement de va-et-vient ; il se délecte des gémissements et des cris de sa victime. Elle le mérite. Elle est sale et doit être purifiée. Et il n’y a pas plus purificateur que les flammes… Le feu nettoie, le feu lave des pêchés.
- Dis-moi, mon ami, que mérite-t-elle pour avoir osé se laisser souiller par ce chien galeux de Cullen ? Sens. Sens-la. L’odeur de ce misérable est profondément ancrée en elle.
Félix se tourne vers un vampire aux longs cheveux blonds noués en catogan. James.
Ce dernier observe Bella, le regard bouillant de concupiscence et presque la bave aux lèvres. Il s’approche de Bella, enfouit sa tête dans le creux de son cou et glisse doucement ses mains sur les épaules de leur prisonnière.
- Huuuuuum… mais c’est qu’elle sent délicieusement bon, cette jeune donzelle ! Bien que sa fragrance soit entachée par celle du rouquin. Quel magnifique jouet…
Bella ne bouge pas, elle reste stoïque et la haine noie son regard. James approche son visage des seins de Bella, soufflant dessus pour les faire poindre et siffle de frustration lorsqu’il voit que le corps de la jeune femme ne réagit pas. Il n’a pas le droit de la toucher, il le sait, mais il en crève d’envie. James profite que Félix a le dos tourné pour pincer un téton de Bella tout en se caressant à travers son jeans et en se frottant contre elle.
Bella approche lentement son visage de celui de James avant de susurrer au creux de son oreille.
- Eh James ! La branlette, ça rend sourd.
Et à peine ses paroles prononcées, elle lui arrache l’oreille avant de la cracher dans les flammes. Il hurle sous le coup de la douleur, de la rage, mais surtout de l’humiliation. James s’approche à nouveau d’elle tout en déboutonnant son pantalon puis la gifle, le regard fou.
- TU VAS ME LE PAYER ESPECE DE SALE PETITE PUTE !
Félix, qui s’aperçoit seulement de ce qu’il vient de se passer, éloigne James de Bella d’un geste brusque.
- NON JAMES ! ELLE EST A MOI !
- MAIS…
- J’AI DIT NON !
Voyant qu’il n’aura pas le dessus, James s’installe au fond de la pièce tout en se jurant qu’il trouvera le moyen de profiter de Bella. Ça fait un mois qu’elle l’obsède, un mois qu’il la veut et il se la fera. Et cette petite garce doit payer pour son oreille, oui, il se vengera…
En attendant, il écoute, satisfait, les gémissements de douleur qui sortent de sa bouche et observe, avide, les tortures qui sont infligées à Bella…
Douleur.
Rage.
Supplice.
Désespoir.
Souffrance.
- JASPER !
Un voile noir obscurcit mon esprit et me permit de m’évader de cette vision infernale qui se rejouait inlassablement devant mes yeux et je compris, trop tard, que Jasper m’abrutissait de puissantes ondes de léthargie, me permettant de reprendre un minimum de contrôle.
Une espèce de bourdonnement constant résonnait dans la pièce et je supposais qu’Alice leur faisait le compte-rendu de ce cauchemar.
La haine et la douleur suintaient par tous les pores de ma peau.
Haine envers Félix et ses sbires qui faisaient subir toutes ces horreurs à la plus douce des créatures.
Douleur en voyant ce qu’était désormais le quotidien de mon ange.
Bien que mon corps fût toujours abruti par les vagues de torpeur successives que m’insufflait Jasper, mon esprit était par contre en pleine possession de ses moyens. Je restais prisonnier de cette vision ignoble et cauchemardesque mais pire encore, j’avais l’impression que mon esprit se moquait de ma faiblesse en prenant plaisir à rejouer ces images, encore et encore…visions qui ne me donnaient qu’une envie, me lamenter sur le sort désastreux de mon ange.
Dire que je passais mon temps à me lamenter ici alors que ma douce Bella subissait les tortures machiavéliques de Félix.
Et cette ordure de James… Laurent nous avait pourtant bien dit qu’il ne fallait pas lui faire confiance ! La preuve en était, il avait passé son temps, pendant la recherche du Chef Swan, à nous mettre sur des fausses pistes, et tout ça pour offrir mon ange, totalement affaibli, sur un plateau d’argent à Félix.
Puis la colère prit le dessus.
La colère, le dégoût et la haine.
Envers moi-même.
J’étais ici, à pleurnicher comme un bébé et je ne faisais rien. Rien à part me plaindre et pleurer sur mon sort. Je me comportais en lâche, alors que je ne suis pas comme ça. Je devais agir. Bouger. La trouver.
Ce que j’aurai dû faire dès le départ au lieu de me laisser aller. Je devais la rechercher, quitte à y passer l’éternité, et la trouver. L’arracher des mains de ce psychopathe.
L’engourdissement qui envahissait mon corps finit par s’estomper pour finalement disparaître, et je pus à nouveau être en pleine possession de mes moyens physiques.
Alors que je me relevais, je croisais le regard épouvanté d’Alice.
- Non Edward ! Ne fais pas ça ! Tu n’as pas le droit de nous faire ça ! S’exclama-t-elle d’une voix tendue.
Mes parents s’approchèrent de son petit corps tremblant et Esmée enroula étroitement ses bras autour d’Alice.
- Que se passe-t-il Alice ? Tu viens encore de voir quelque chose ? C’est Bella ? Demanda mon père, affolé.
- Non ! Bella va bien. C’est Edward. Il veut partir à sa recherche.
Je me tournais vers ma sœur, le corps tendu, tentant de contenir toute ma colère et ma voix se fit sourde, basse, venimeuse.
- Bella va bien ? Tu te fous de ma gueule, Alice ! Tu as vu ce qu’ils lui ont fait ou ce qu’ils prévoient de lui faire ! Ne me dis pas qu’elle va bien ! Jasper ! Arrête-moi ça tout de suite ! Hurlais-je, en sentant que mon frère tentait d’user à nouveau de son don sur ma personne.
Alice se tourna, affolée, vers la foule qui s’était amassée autour de nous.
- Emmett, Laurent, Garrett, retenez-le, il va chercher à s’enfuir !
Mon frère et nos amis se jetèrent sur moi. Je tentais de les esquiver, plus rapide qu’eux, mais Aro, qui était revenu entre-temps, me fit un croche-pied et j’atterris entre les bras d’Emmett qui m’étreignit de toutes ses forces.
Je ne pouvais plus bouger, j’étais prisonnier de ma propre maison.
- Lâchez-moi et laissez-moi partir !
- Ne fais pas ça, Edward ! Tu n’as pas le droit de nous faire ça ! Pleurnicha Alice.
- Je veux juste la trouver ! J’en ai assez de rester ici les bras ballants !
- Pense à nous, Edward ! Nous ne nous en remettrons jamais s’il t’arrivait quelque chose ! La famille se disloquera et…
- Ne sois pas égoïste, Alice ! Il n’est pas question de la famille, ici, il est question de Bella !
- Moi aussi je suis triste ! Nous le sommes tous Edward ! Elle est ma meilleure amie !
- C’est ma fiancée, bon sang ! Mon âme-sœur, ma vie ! Tu ne resterais pas les bras croisés si Jasper disparaissait ! Tu tenterais tout pour le retrouver ! Tu ne sais pas ce que je ressens. Personne ne le sait ! Alors ne me dis pas ce que je dois faire !
- Mais tu vas mourir si tu pars à sa recherche ! Je l’ai vu !
J’arrêtais de me débattre entre les bras d’Emmett et entendis un hoquet de stupeur collectif suite aux paroles d’Alice. Je me calmais un instant avant de plonger mon regard dans le sien.
- Je meurs un peu plus chaque jour sans elle, Alice.
- Edward… Je te promets que Bella va revenir. Bientôt. Je ne sais pas quand exactement, mais elle va réussir à s’échapper. Mais tu dois rester ici. Tu ne dois absolument pas partir à sa recherche…
- Ah ouais ? Et je dois la laisser se faire torturer jour après jour simplement parce que tu « l’as vu » ?
- Tu veux vraiment savoir pourquoi, Edward ? Très bien ! Regarde ! Et régales-toi… Cracha-t-elle d’une voix chargée de colère et le regard fou de douleur.
Alice ferma les yeux et se concentra. Elle cherchait toutes les solutions possibles, elle initiait les visions.
Bella court à travers les forêts, Charlie sur le dos. Elle essaye d’être la plus rapide possible, deux vampires sont à sa suite et elle doit absolument s’en débarrasser. Soudain, elle ralentit sa course, un sourire aux lèvres, lorsqu’elle aperçoit la Meute prête à l’accueillir. Les loups s’écartent pour la laisser passer, tandis que Jared, Paul, Sam, Jacob et Seth se jettent sur ses poursuivants, les déchiquetant en quelques secondes. Subitement, son corps se tend, dans l’expectative. Bella inspire lentement et frissonne lorsque mon odeur lui chatouille les narines. Elle dépose Charlie délicatement sur le sol et court dans ma direction. Un craquement sonore retentit lorsque nos deux corps entrent en collision. Elle est là. Avec moi. Et c’est tout ce qui compte…
Je souriais bêtement à la suite de cette vision et subitement, un voile noir obscurcit l’esprit d’Alice alors que de nouvelles images peuplaient son esprit…
Je cours à travers les forêts et les montagnes. Mes pieds effleurent à peine le lac gelé que je traverse. Je ne sais pas où je suis, ni où je vais, mais je sais que je vais la trouver ; je le sens. Mon cœur mort me donne l’impression d’être magnétisé et je vole en direction de l’aimant qui m’attire. Bella. Je redouble de vitesse lorsque l’attirance se fait plus forte et m’arrête subitement lorsque plusieurs fragrances arrivent vers moi. Vampires. Six pour être précis. Je suis peut-être rapide et lis les pensées, mais je ne ferais pas le poids… James me sourit de toutes ses dents, malveillant.
- Et bien, et bien… Je ne m’attendais pas à ce que tu débarques à l’improviste, Cullen ! Mais c’est pas plus mal, remarque ! Tu vas nous simplifier les choses… C’est ce cher Félix qui va être content !
Ils se jettent sur moi et je n’oppose pas de résistance. Ça ne servirait à rien de toute façon, autant garder mes forces si une occasion quelconque se présente…
Jane a sauté sur mon dos, ses mains sur mes yeux m’empêchent de voir où nous allons. Nous arrivons finalement dans une maison et je sais que Bella y est avant même que son parfum fabuleux ne m’atteigne. On me jette sans ménagement dans la geôle de Bella et Charlie. Ils n’ont pas le temps de se remettre de la surprise de ma présence que je me jette avidement sur les lèvres de Bella, m’enivrant de sa délicieuse bouche et de son parfum envoûtant.
Un grognement féroce. Un hurlement strident. On m’arrache à elle.
Félix la gifle violemment en hurlant un « sale petite garce ! ». Je me rue sur lui et lui décoche quelques coups bien placés avant de m’écrouler comme une masse sur le sol en me tordant de douleur, immolé par les flammes invisibles que produit Jane. Une dizaine de vampires entrent dans la pièce, tous des mâles. Pendant que je brûle, on s’acharne à me marteler de coups, broyant mes os au passage. Je sens à peine la douleur des coups tant la brûlure est épouvantable.
Des cris. Des pleurs. Des supplications.
La brûlure s’arrête.
On m’oblige à m’agenouiller et trois vampires me maintiennent dans cette position, face à Bella. A mes côtés, Jane est assise sur une chaise, Charlie sur les genoux. Elle s’abreuve en lenteur à son cou sous les yeux horrifiés de Bella et les miens. Le cauchemar ne fait que commencer…
Félix arrache violemment les vêtements de Bella et déboutonne son pantalon. Je hurle et me jette sur lui, malgré les trois hommes sur mon dos, lorsque je comprends ses intentions. Alec me prive de l’usage de mes membres et une poigne se renforce sur mes cheveux, m’obligeant à regarder Félix violer sauvagement mon ange. Je hurle, je les supplie. Qu’ils fassent tout ce qu’ils veulent de moi mais qu’ils l’épargnent ! Je peux tout supporter mais pas ça. Pas ma Bella. Félix oblige Alec à me faire taire et ma langue, comme mon corps, se trouve paralysée. Je meurs à petit feu, je ne peux rien dire, rien faire, juste assister, totalement impuissant, au calvaire de ma Bella. Félix en a à peine terminé avec elle que James prend le relais. Il la sodomise brutalement et l’oblige à me regarder.
Les yeux de Bella sont envahis par la douleur, la tristesse, la culpabilité et la honte ; le besoin de tuer et de torturer s’empare de tout mon être mais je ne peux que rester spectateur de ce cauchemar, je ne peux pas bouger…
Puis vient le tour d’Afton… Et de Siegfried… Et d’un autre… Puis encore un autre… Ils la violent à tour de rôle et je ne peux qu’assister à cette barbarie, paralysé, prisonnier de mon propre corps…
- Dis « au-revoir » ! Susurre Félix à mon oreille.
Je croise le regard dénué de toute expression de ma Bella. Ils l’ont tuée, elle est morte intérieurement. Je ne peux même pas lui dire une dernière fois « je t’aime », ni même m’excuser qu’on me démembre en lenteur. Ils se délectent de me faire souffrir, mais cela n’est rien comparé à ce qu’ils viennent de faire subir à ma Bella. Même les flammes qui lèchent mes membres découpés en petits morceaux n’atténuent pas la douleur. Et puis d’un coup, plus rien…
Je n’eus pas le temps de me remettre de ce cauchemar que je fus aussitôt aspiré par une troisième vision…
Ma famille, nos amis et les loups font front avec les Volturi face à Félix et son armée. Bella est à ses côtés. Un corps sans âme, une coquille vide, voilà ce qu’elle est désormais.
- Déploie ton bouclier Beauté !
Bella s’exécute sans discuter, elle ne réagit même plus. Elle est comme morte. Elle ne reconnaît pas ma famille, ni nos amis. Elle ne reconnaît même pas Jacob, son meilleur ami.
Eléazar leur explique rapidement que ma mort l’a anéantie, que ça a brisé la dernière part d’humanité en elle et qu’ainsi, Siegfried a pu lui faire oublier tout ce que Félix désirait. Elle n’est plus qu’un automate, agissant quand on le lui demande…
Aro s’avance de quelques pas et s’adresse à Félix.
- Que veux-tu ? Tu n’as donc pas assez détruit cette pauvre fille et sa famille ?
- Oh mais je n’en ai rien à foutre de cela. Je souhaite juste rétablir l’ordre naturel des choses…
Les images se mettent à tourbillonner pour finalement s’arrêter sur une autre scène…
Bella est à moitié nue, une cape sur les épaules et un épais collier en titane autour du cou. Elle est à genoux sur un coussin moelleux, tenue en laisse par Félix. Ils sont dans un bar. Un homme arrive et se prosterne à leurs pieds.
- Qu-que désirez-vous, Monseigneur ? Madame ?
- Deux pintes de AB - !
- Je-je-je suis désolé, Mon-Monseigneur, je-je n’en ai plus en stock…
Le barman est terrorisé et Félix lui jette un regard méprisant avant de se tourner vers une jeune serveuse qui apporte, plus loin, deux verres de sang à un couple de vampires. Félix la pointe du doigt.
- Et ça, c’est quoi ? Amène-la-moi !
- Cé-cé-c’est ma femme, Monseigneur ! Le barman tremble de peur et supplie Félix du regard.
- Tu veux que je la tue devant toi, peut-être ? Je veux du AB -, j’aurai du AB-. Tu n’as rien à dire, l’humain !
- Sh-sh-sh-Sharon ! V-viens !
La jeune femme échange un regard avec son époux et comprend la situation. Des larmes silencieuses roulent sur ses joues alors qu’elle se dirige vers le comptoir. Elle ouvre un tiroir et en sort deux pailles ainsi qu’un petit appareil pointu ressemblant étrangement à une alène de cordonnier. Elle se dirige vers leur table et s’agenouille entre Félix et Bella puis leur tend le petit poinçon. Félix prend le temps de choisir une veine et une fois son choix posé sur la subclavière, il la poinçonne à deux reprises avant d’y glisser les deux pailles et de s’abreuver à même la jeune femme, tout comme Bella. Sharon pâlit de plus en plus et commence à défaillir ; avant qu’elle ne soit exsangue, Bella et Félix arrêtent de la boire. Le barman, soulagé qu’ils n’aient pas tué son épouse, l’entraîne derrière le comptoir et l’étend sur un petit lit de camp posé à cet endroit.
Le téléphone portable de Félix sonne, il décroche.
- Oui, ma chère Jane ?
- J’ai d’excellentes nouvelles pour nous, mon ami !
- Ah oui ? Et quelles sont-elles ?
- Les rebelles…
- Tu as des informations ?
- Oui, nous avons trouvé deux humaines. Elles connaissent la Résistance et nous ont donné des informations capitales.
- Aaaah… Bien. Bien bien. Les Cullen et Dénali nous ont causé jusqu’alors trop de soucis… S’allier aux humains, quel pathétisme ! Et ces humaines, que t’ont-elles donc appris ?
- Et bien tu seras ravi d’apprendre, mon cher, qu’à l’heure qu’il est, trois bataillons sont en route pour leur repaire ! Et ça, grâce à l’aide de ces deux jeunes femmes !
- Et qui sont ces deux précieuses ?
- Une certaine Jenn… euh Jessica, l’autre s’appelle… Lauren ! Elles ont connu les Cullen avant le Nouvel Ordre.
- Hmmm… Bien. C’est très bien même ! Je pense qu’un compte bancaire excessivement bien garni leur conviendra.
- Détrompes-toi Félix. Elles ne veulent ni argent, ni bijoux ou autre, elles désirent uniquement nous rejoindre.
- Et ont-elles un quelconque potentiel futur ?
- Et bien à part être de vraies garces et de sacrées idiotes, elles n’ont aucun autre talent.
- Tu sais bien que nous avons décidé que seuls les humains avec un fort potentiel pourraient éventuellement être des nôtres !
- Je sais, et franchement elles n’ont rien d’exceptionnel. De vraies dindes ! Mais je pense que leur dévouement devrait être récompensé.
- Hmmm… Soit ! Ecoute, si vous parvenez à anéantir la Résistance grâce à leurs informations, elles mériteront l’immortalité. Mais seulement, et je dis bien seulement, si les rebelles sont décimés. Je veux que tu m’amènes les têtes de Jasper Cullen et d’Eléazar Dénali sur un plateau. Oh ! Et je veux la jolie Rosalie vivante. Elle sera une pièce de choix pour le harem, une fois qu’elle sera passée entre les mains de Siegfried. Je commence à me lasser du cul de la petite Alice. Un peu de changement me fera du bien !
- Il sera fait selon tes désirs, Félix… Oh ! Si cela ne te dérange pas, j’aimerai me garder le petit Benjamin, tu sais, l’élémentaire ? Le charme du sud, tu comprends ?
- Mais bien sûr ma douce, tu le mérites ! Tu fais tout ce que tu désires tant que ces foutus rebelles crèvent une bonne fois pour toutes !
Il met un terme à la conversation et tapote doucement la tête de Bella avant d’ouvrir son jeans.
- Aaaah… le monde tel qu’il est désormais me plait ! Montre à ton Maître à quel point le Nouvel Ordre Mondial te plait, Beauté !
Bella sourit doucement, le regard toujours vide d’expression puis se penche entre les cuisses de Félix, engloutissant son membre en ronronnant…
En sortant de ces cauchemars successifs, je fus assourdi par un hurlement épouvantable. Il me fallut quelques instants pour me rendre compte que ce cri effroyable sortait de ma bouche. Jasper émit des ondes calmantes que j’acceptais avidement avant d’enfouir ma tête entre les genoux. Je relevais brièvement les yeux pour m’apercevoir que tout le monde nous regardait, Alice, Aro et moi, et je n’eus besoin que de quelques secondes pour comprendre que le vieux vampire leur avait fait part des visions d’Alice.
Ma sœur s’assit à côté de moi et posa une main sur mon épaule.
- Je suis désolée, Edward mais… tu devais savoir. Je me doute que la façon de faire a été un peu brutale mais…
- Un peu brutale ? C’était un vrai cauchemar, Alice ! Comment peux-tu être certaine que…
- Que ça se passera ainsi si tu pars à la recherche de Bella ? Parce que ce n’est pas la première fois que je le vois. Cela fait déjà quelques jours que je me doute que tu finirais par vouloir la retrouver et… j’ai envisagé toutes les solutions possibles. Si tu pars à sa recherche, tout ce que tu viens de voir se produira…
Je me relevais subitement, en colère contre moi-même, en colère contre Alice et ses visions, en colère contre tout.
- Alors je dois rester ici à rien faire en sachant qu’elle se fait torturer jour après jour jusqu’à je ne sais quand ?
- Non ! Tu dois rester ici parce que ce sera la fin de tout si tu meurs ! Tu mourras si tu vas là-bas! Bella sera anéantie et la Révolution que craignent les Volturi aura lieu. Je sais que c’est dur, Edward, mais tu dois rester ici. Bella va…
- Et si nous y allions tous ensembles ! On aurait l’effet de surprise et…
- Edward ! Bella est trop faible pour tous nous protéger des pouvoirs d’Alec et Jane, et même si Félix et les siens sont beaucoup moins nombreux que nous, avec ces deux armes redoutables, nous n’avons aucune chance. Nous ne pouvons pas nous permettre d’aller nous jeter dans la gueule du loup. C’est terrible pour Bella, difficile pour toi, mais nous n’avons pas d’autres choix. Statua ma sœur sur un ton qui signifiait clairement que ce n’était pas la peine de la contredire, qu’elle avait déjà fouillé à la recherche de toutes les solutions possibles.
J’enfouis mon visage entre les bras et me lassais complètement aller, sanglotant comme un bébé, sans aucune retenue. Ils étaient bien gentils, tous, là, mais qu’est-ce qui m’assurait que les visions d’Alice étaient vraies ? Elle pouvait se tromper, non ? Et comment pouvais-je être sûr que ma Bella me reviendrait d’elle-même ? Hier encore, Alice avait eu une vision dans laquelle Charlie mourrait des mains mêmes de sa fille… Comment pouvais-je être certain qu’ils n’allaient pas la torturer plus que ce qu’ils n’avaient fait ? Comment ?
Il ne me restait plus qu’à avoir foi en ma sœur et rester ici à attendre le retour de mon ange…
Si retour il y avait.
- Oh mon Dieu ! Mais il n’a vraiment aucune limite ! S’exclama Alice, les deux mains devant la bouche pour empêcher d’inexistantes nausées.
- Quoi ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Qu’a-t-il encore fait à Bella ? Brailla Jacob.
Alice était profondément écœurée lorsqu’elle lui répondit.
- Il a… Il a enlevé une petite fille… Il va l’enfermer dans la même pièce que Bella et Charlie… Un « petit en-cas » au cas où… Il est ignoble…
J’étais choqué en entendant cela… Félix avait enlevé une pauvre gosse afin qu’elle fasse saliver ma belle jusqu’au point de non-retour… Mon ange devait subir un épouvantable calvaire, déjà avec Charlie qui, reconnaissons-le, possède un parfum des plus exquis, et là, avec la môme, ça ne pouvait qu’empirer. Les enfants ont une odeur très particulière, douce et sucrée, florale et épicée. Il est quasiment impossible d’y résister… Mon pauvre ange…
Puis je vis l’image de l’enfant et me trouvais à court de mots, sidéré par son visage.
Cette petite crevette ne devait pas avoir plus de quatre ou cinq ans et je souffrais mille mort en la voyant à travers cette vision…
Je reconnaissais les yeux chocolat, les traits fins et délicats, la petite bouche mutine et lorsque j’aperçus les visages stupéfaits d’Alice et Aro, je compris qu’ils en étaient arrivés aux mêmes conclusions que moi, cette enfant n’avait pas été enlevée par hasard.
Elle ressemblait tellement à Bella, mais le plus choquant, c’est qu’on y retrouvait certains de mes traits, ma couleur de cheveux…. Cette gosse avait même mon nez !
Cette petite fille inconnue était un parfait mélange entre Bella et moi, elle était l’enfant que nous aurions éventuellement pu avoir. Un équilibre idéal entre mon ange et moi. Et cette pauvre gamine était là uniquement pour faire saliver mon ange et lui servir d’amuse-gueule…
Une fois de plus, je me laissais tomber contre le mur, épouvanté par les stratagèmes tordus et sadiques auxquels avait recours Félix pour faire craquer ma Bella…
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Je dois certainement avoir un penchant assez prononcé pour le masochisme. Y’a pas d’autres solutions possibles…
Et une petite tendance pour le voyeurisme ! Ça c’est sûr… mais un voyeurisme sordide et morbide, c’est pas possible autrement…
Coincé à la villa, surveillé en permanence par l’un ou l’autre – des fois que je chercherai à m’enfuir – je passais mon temps à espionner Alice et ses visions.
Pourtant, elle essayait de me les cacher du mieux qu’elle le pouvait ! Mais je trouvais toujours un truc pour y avoir accès.
Oui, masochiste, je l’ai déjà dit.
Il ne se passait pas une journée sans que Bella ne soit le souffre-douleur de Félix. Il continuait sa mission « purificatrice »… Et j’espionnais ces visions. Je voulais voir jusqu’à quel point il était capable d’aller.
Je n’étais peut-être pas empathe, mais chaque coup de fouet, chaque brûlure, je les sentais également. Sûrement pas autant que mon ange, non ! Mais je le sentais aussi…
Les jours défilaient et même si la villa était en effervescence devant le flot de vampires et loups qui y passaient, tentant de mettre au point un plan de bataille quelconque pour le jour où nous récupérerions enfin ma Bella, chaque journée apportait son lot de souffrance.
Chaque jour, je me laissais glisser dans l’esprit d’Alice.
Chaque jour, je revivais ce que mon ange vivait.
Je voyais encore, devant mes yeux, le regard effrayé de la petite fille alors que Bella avait le regard braqué sur elle, affamée, possédée par sa soif.
Je voyais encore le regard perdu du Chef Swan qui ne reconnaissait plus sa fille, persuadé qu’un démon avait pris sa place. Puis la honte dans celui de Bella une fois qu’elle s’était ressaisie.
Alice passait la majeure partie de son temps prostrée sur un fauteuil. Ses visions la faisaient souffrir mais le pire, c’est qu’on ne savait jamais si le moment était présent ou futur. Elle s’en voulait de ne pouvoir rien faire pour Bella, Charlie et la petite fille.
Jasper, lui, tentait de maintenir une ambiance sereine, mais parfois c’était bien au-dessus de ses forces. La douleur d’Alice, celle de notre famille, couplées à la mienne le rendait fou. Souvent, il était obligé de sortir, de s’échapper ne serait-ce que quelques heures afin de souffler.
Je n’en pouvais plus. Je devais agir. Mais à chaque fois, les visions apocalyptiques d’Alice refaisaient surface. Alors je sortais me défouler, sur des arbres, des rochers, parfois sur Emmett, Laurent, Benjamin ou Garrett.
En allant voir Sue hier pour prendre de ses nouvelles, j’avais évacué ma hargne et ma rage sur les falaises de La Push. Le jardin de Billy Black en avait pris un coup, tout comme celui de Sam et Emily, suite au glissement de terrain que j’avais provoqué.
Je n’en pouvais plus. J’avais besoin de la voir, de l’entendre, de la tenir dans mes bras. J’avais juste besoin de savoir que tout allait bien pour elle. Mais malheureusement, c’était loin d’être le cas.
Une fois de plus, je broyais mes genoux à force de contenir ma haine et ma souffrance devant l’afflux d’images…
Bella est haletante, affaiblie par la soif, par les coups, par sa… purification.
Ses vêtements en lambeaux témoignent de la brutalité qu’elle subit.
Félix, face à elle, brandit une cravache et caresse le corps de Bella avec.
- Tu te rappelles à quel point tu aimais ça, ma Beauté ? La cravache a toujours été ton jouet préféré… Tu te rappelles à quel point je te donnais du plaisir ? A quel point tu aimais ça ? Nous pourrions recommencer si seulement tu te montrais raisonnable…
Bella le regarde, un sourire moqueur aux lèvres, puis elle se met à rire doucement.
- Parce que tu crois que je prendrais mon pied avec toi ? Alors ça, c’est la meilleure ! Tu veux savoir quand j’ai découvert ce qu’était le plaisir ? Je l’ai découvert dans les bras d’Edward…
- Espèce de sal…
- Mais tu crois quoi, franchement ? T’as jamais été foutu de me faire hurler comme lui le fait ! Il a des doigts de virtuose et une langue magique et sa queue… hummm… sa queue… si tu savais ne serait-ce que le centième de ce qu’elle est capable de faire, tu serais prêt à virer ta cuti, je te le garantis !
- SALE PETITE PUTE !
Il la gifle violemment, hargneux, tandis que Bella le nargue, narquoise.
- Pute ? Non, il ne m’a jamais payée. Je m’offre à lui. A 100%. Tu ne m’auras jamais, ducon. Tu peux me purifier à ta façon, m’assoiffer, faire tout ce qui te passe par la tête, mais je ne serais jamais à toi. Jamais. Je te déteste. Je te haïs à un tel point que même ce mot ne signifie rien à côté. Tu es pitoyable. Pathétique. Une pâle imitation de vampire. Tu te prends pour un grand mais en fait, tu n’es rien. Fais-toi greffer une bite, une vraie, et peut-être que tu seras un homme ! Quoique. Ce n’est pas parce que ça marche comme un canard et que ça caquète comme un canard que c’est un canard… Même avec une vraie queue tu resteras à jamais ce que tu es : pitoyable. Dis-moi, Félix, tu as toujours tes petits problèmes d’impuissance ? Tu vois de quoi je parle, bien sûr, hein ? Regardes-toi. Tu n’es même pas foutu de bander comme un homme !
- SALOPE ! FERME TA PUTAIN DE BOUCHE !
Il hurle, en proie à la rage et à l’humiliation. Elle ne sait rien. Elle ne sait pas de quoi elle parle. Il doit lui montrer qui a le pouvoir.
Il la cravache brutalement puis la fouette avec plus de vigueur encore. Bella, bien qu’à bout de force, éclate de rire et raille continuellement Félix, lui lançant des répliques cinglantes et moqueuses. On dirait qu’elle est possédée par l’esprit d’une hyène qui s’attaque à une pauvre charogne. Ses mots et ses rires ne font que décupler la violence de Félix, qui la fouette avec plus d’acharnement encore.
Il finit par en avoir assez et crache au sol, dépité par la résistance de sa captive.
Bella halète et siffle de souffrance entre deux éclats de rire. Si les fers et les chaînes ne la maintenaient pas, elle serait incapable de tenir debout, affaiblie par la violence de son châtiment.
Félix claque des doigts, la porte de la geôle s’ouvre sur Jane et Victoria. La première a un sourire et un regard fiers, la seconde est tremblante de peur. Félix leur désigne Bella d’un hochement de tête et les deux femmes la déshabillent avant de lui remettre des vêtements propres.
Au même moment, Afton amène le Chef Swan et la gamine dans la cellule. Après un nouveau signe de tête de Félix, Jane lance son pouvoir sur Charlie qui s’écroule de douleur au sol.
- ASSEZ !
Bella hurle, horrifiée et apeurée, et se reprend rapidement en encerclant son père et la petite dans son bouclier. Félix rit ouvertement, satisfait de voir que son délicieux jouet n’a quasiment plus de ressources. Elle sera bientôt ce qu’elle aurait toujours dû être : à lui.
- Parfait ! Tu vois ma beauté, encore deux petites journées et tu seras à nouveau à moi…
- Edward ! Ressaisis-toi !
Je me redressais vivement en entendant les paroles affolées d’Emmett.
Sans même m’en apercevoir, j’avais complètement broyé le sol à force de le marteler de mes poings et j’étais maintenant en posture d’attaque, prêt à me jeter sur quiconque s’approcherait de moi. J’étais surtout en train de gronder violemment sur mon frère et avais failli l’attaquer.
J’avais dû leur faire une sacrée peur puisque mes frères et amis avaient formé une espèce de mur entre leurs compagnes et moi et les Quileute étaient tous tremblants, prêts à se métamorphoser au moindre geste offensif de ma part.
Je devenais complètement fou.
Mon côté masochiste avait prit le dessus et les visions d’Alice faisaient de moi un monstre.
Jasper grondait lui aussi violemment, en proie à mes tourments. Alice glissa doucement sa petite main entre la sienne et lui caressa tendrement la joue, ce qui permit à mon frère de reprendre possession de ses moyens.
Moi, je n’y arrivais tout bonnement plus…
Une puissante onde de calme se répandit dans la pièce et j’eus toutes les peines du monde à la laisser me submerger, mon corps réagissant instinctivement face à tout ce qu’il prenait pour une attaque. Enfin, je finis par me détendre avant de me laisser glisser au sol, lançant un regard effaré à ma famille.
- Je… je… suis désolé… pardon… pardon Emmett… je… je ne sais pas ce qu’il m’a prit… pardon…
- Te bile pas, frangin ! Y’a pas eu d’casse ! Me dit-il d’une voix joueuse tout en frottant mon crâne et emmêlant mes cheveux.
- T’es chiant Em ! Vire ta grosse paluche de là !
- Ah ! Ah ! Eddy est de retour !
Je lui fis un sourire faiblard, essayant de le… non de tous les rassurer. Mais intérieurement, j’étais ravagé.
Cette vision détestable avait été une incroyable torture, à la fois pour moi, mais principalement pour ma Bella. Ce qu’elle avait subi, ou allait subir, était d’une incroyable sauvagerie, d’une épouvantable folie et d’une brutalité hors norme.
Aro s’approcha lentement de moi, craignant que je ne l’attaque, puis voyant qu’il ne risquait rien, il finit par s’asseoir à mes côtés, un sourire compatissant mais à la fois éclatant et satisfait aux lèvres.
- Ne t’inquiète pas, jeune Edward. Je pense que je réagirais comme toi si cela arrivait à ma chère Sulpicia. Mais je tiens à te dire une chose, tu peux être fier. Très fier. Ta compagne est dotée d’un incroyable contrôle et d’une force de caractère tout simplement étonnante. J’ai vu. Je sais ce qu’il s’est à nouveau passé. Tout le monde le sait. Toutes les personnes présentes sont très attachées à la jeune Isabella et craignent pour elle. Et tous sont fiers de voir à quel point elle est forte. Elle résiste. Elle reviendra mon jeune ami… elle te reviendra. Je ne peux te dire quand, je n’ai pas la science infuse, mais il faut que nous soyons préparés à son retour. Nous devons nous entraîner, nous préparer à une prochaine attaque éventuelle. Qui n’a d’éventuelle que le nom puisque tu peux être certain que Félix cherchera à s’approprier à nouveau Isabella lorsqu’elle reviendra. Tu dois t’y préparer. Nous devons nous y…
Il fut coupé dans ses paroles par un appel téléphonique.
- Oui Démétri ?
- Bonjour Maître. J’ai de nouvelles informations.
- Au sujet de mon frère ?
- Oui Maître Aro. Maître Caïus vient de partir avec Madame Athenadora en voyage.
- En voyage, dis-tu ? Mais où ça ?
- Maître Caïus en avait assez d’entendre Madame son épouse se plaindre d’être constamment enfermée dans une tour d’ivoire. Ils ont pris le jet et se trouvent actuellement en Amérique du Sud. Au Panama, très exactement.
- Au Panama ?! Bien… très bien… Je te remercie mon cher pour ces informations… Peux-tu continuer la surveillance, cependant ?
- Mais bien sûr Maître Aro. Je vous souhaite une excellente journée.
- Moi de même Démétri. Au revoir.
Il raccrocha son téléphone, contrarié.
Le Panama ? Mais qu’est-ce qu’ils vont foutre au Panama ? Comme s’ils pouvaient sortir en plein soleil ! La Suède, la Norvège, l’Angleterre… je comprendrais, mais le Panama ? N’importe quoi !
Aro s’éloigna, en compagnie de son frère Marcus, de Carlisle et Eléazar. Il était plutôt contrarié par l’appel de Démétri et je ne savais pas pourquoi. D’un autre côté, s’il craignait effectivement que Caïus prépare une révolution dans notre monde, je pouvais aisément comprendre qu’il soit inquiet ou contrarié.
De mon côté, j’avais absolument besoin de me défouler. La hargne, la colère, la rancœur et la haine qui se mêlaient en moi, me rendaient fou et il fallait absolument que j’évacue tous ces sentiments négatifs avant que je n’atteigne le point de non-retour.
Emmett, Jasper, Garrett, Laurent et Jacob m’accompagnèrent, eux aussi avaient besoin d’évacuer la tension. Nous nous battions entre nous, plus pour le fun qu’autre chose, même si les coups n’étaient pas retenus. Benjamin et Amun nous rejoignirent rapidement. Eux, si pacifistes en temps normal, se montraient d’une sauvagerie et d’une violence inouïe ! J’en compris la raison lorsque je me rappelais ce que leurs compagnes avaient vécu à cause de Félix… Ce que Bella subissait chaque jour était un épouvantable rappel des tortures qu’il avait infligées à Tia et Kebi…
Bella…
J’avais envie de m’arracher le cœur tellement je souffrais de son absence. Je voulais crever en pensant à ce qu’elle subissait. Je me lamentais toujours sur mon sort. Et le sien. Encore. Puis me revint à l’esprit son visage au regard moqueur et au sourire narquois. Elle était forte. Elle se battait à sa manière. En lui tenant tête et en le rabaissant comme elle le pouvait.
Je ne la méritais pas…
Je ne faisais que pleurnicher, larmoyer et me lamenter alors qu’elle se montrait forte et fière. Elle était à la fois la captive et la tortionnaire.
Et moi je n’étais qu’une larve pathétique bonne à pleurnicher pour mon compte… Je m’écœurais moi-même.
- Oh ! Sors-toi les doigts du cul, Eddy !
- Facile à dire mais dur à faire, Jazz…
- Je sais Edward et je te comprends. Je n’aimerai pas être à ta place… Si c’était Alice qui… je crois que je ne serais plus bon à rien…
- Tu es fort, Jasper ! Toi tu partirais en guerre ! Tu irais la récupérer quel qu’en soit le prix ! Moi je… je suis pathétique. Je reste là à glander et à chouiner…
- C’est là où tu te trompes, Edward. Tu veux partir, nous t’obligeons à rester. Tu veux la récupérer toi-même. Nous t’obligeons à l’attendre. Et tu es fort, crois-moi. Il faut avoir une sacrée force et un sacré courage pour supporter tout ce qu’Alice te montre à travers ses visions.
- Surtout une bonne dose de masochisme !
- Aussi ! Allez viens, on rentre.
Il me mit une claque dans le dos avant de se relever souplement. Je l’imitais et nous retournions à la villa, attendant une nouvelle vision…
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Je rentrais tranquillement de la Push après avoir mangé avec Sue Clearwater.
Oui.
Vous ne rêvez pas.
J’ai mangé.
Et là, je vais devoir me débarrasser de cette foutue bouffe humaine qui me pèse sur l’estomac et me fait un mal de chien.
Esmée avait préparé un repas pour Madame Clearwater et j’étais allé lui porter.
Elle ne voulait rien avaler. Depuis que le Chef Swan a disparu, Sue se laisse aller.
La seule solution que j’ai trouvée pour qu’elle se mette quelque chose sur l’estomac a été de partager son repas.
Elle avait de grands yeux écarquillés et stupéfaits, mais au moins elle mangeait. Moi, je grimaçais et gémissais, je me plaignais et je râlais, mais j’ai mangé également. Pour Sue, surtout.
Seth et Leah ont débarqué et se sont ouvertement foutu de ma gueule. Mais intérieurement, ils étaient heureux de mon sacrifice car au moins leur mère se nourrissait un peu…
Après avoir craché mes tripes pendant un laps de temps interminable, je retournais à la villa afin de trouver mes frères.
J’avais besoin de me défouler et pour cela, il n’y avait rien de mieux que la force brute d’Emmett et le côté stratège de Jasper.
Lorsque j’arrivais, ils étaient tous là.
Tous, sans exception.
Et ils avaient tous cette même tête d’enterrement qui me laissait présager le pire…
Et leurs regards envahis de tristesse, de pitié et de compassion me nouaient la gorge…
Je cherchais immédiatement Alice des yeux et la trouvais assise par terre, au pied du canapé, le visage enfoui entre les genoux et les bras croisés au-dessus de la tête.
Elle sanglotait désespérément et ses pleurs étaient si épouvantables qu’ils vous donnaient des envies de suicide.
Jasper essayait tant bien que mal de la soulager en lui murmurant des paroles tendres et apaisantes, mais rien n’y faisait.
Puis brusquement, alors qu’Alice était toujours dans le même état, tous les regards se braquèrent sur moi.
Et rien que de voir leurs têtes, je n’avais qu’une envie : prendre mes jambes à mon cou et fuir le plus loin possible.
Ce fut pire lorsque je fus brusquement encadré par Jacob, Emmett, Sam, Benjamin et Peter.
Ils me cachaient tous leurs pensées, ou plutôt ils pensaient à tout un tas de choses qui n’avaient aucun rapport avec la situation présente.
Je me sentais subitement mal, oppressé… comme si une catastrophe était imminente.
Je ne savais pas quoi, mais je ne le sentais pas.
Mais alors pas du tout…
Alice leva enfin les yeux vers moi.
Son regard était envahi par une profonde tristesse et une douleur incommensurable.
Il y avait de la culpabilité également.
Puis elle ouvrit la bouche et je sus immédiatement que je n’allais pas aimer ce qui allait suivre.
- Je… je suis désolée Edward… je… c’est fini…
- Qu’est-ce que t’entends par « c’est fini »? Elle est… Bella est…
Je n’osais même pas prononcer ce mot.
Et de toute façon, ce n’était pas possible.
Bella ne pouvait pas… mourir.
Je le sentirais si c’était le cas.
Non. Impossible…
Alice s’empressa de secouer la tête en signe de dénégation, me rassurant par la même occasion. OUF !
- Non ! Non ! Ne t’inq… Non. Be-Bella va… elle va… bien.
Elle gémit violemment, comme un animal en proie à la pire des souffrances avant de se remettre à sangloter comme une perdue.
- Je… je suis désolée-é-é-é-é-é-é…
Et elle m’ouvrit son esprit…
Charlie s’accroche à la petite fille, ils sont tous deux terrorisés et il fixe Bella avec de grands yeux épouvantés. Des grognements rauques retentissent dans la pièce sous les rires de James.
- Ils sont à moi !
Bella hurle, le venin envahit sa bouche et elle salive en observant les deux repas devant elle.
- Oh, ce n’est que ça ! Ne t’inquiète pas, je n’y toucherai pas…
- J’ai… sssssssssoif !
- Si tu es bien sage, ça pourrait se régler…
James tente de rester nonchalant mais l’excitation est tellement forte qu’il ne peut la cacher.
- Soif… ssssssssssssoif !
Il caresse doucement le corps de Bella, le regard bouillant de luxure.
- Quel dommage que Félix refuse que je te touche… je sens que je m’amuserai beaucoup avec toi !
- Humm… ce que Félix ignore ne peut pas lui faire de tort… lui répond-elle d’une voix sensuelle et vibrante de désir.
Il cherche ses lèvres et elle répond avidement à son baiser, pressant son corps contre celui du mâle autant que ses chaînes le lui permettent.
- Hmmm… Jaaaames ! Li-libère mes jambes ! Je veux te sentir… profondément… intensément… puissamment…
- Oh putain de merde… c’est Noël avant l’heure, chérie !
Il lui arrache ses vêtements et attrape un trousseau de clés dans la poche de son jeans, cherchant fébrilement celle qui lui permettra d’avoir enfin accès à ce qu’il souhaite le plus… Il la libère enfin et presse son érection contre Bella alors qu’elle entoure étroitement sa taille à l’aide de ses jambes en gémissant de plaisir…
- NOOOOOOOOOOOOOOOOON !
Et je m’écroule, retenu par les bras de mon frère tandis que Jasper m’entoure d’une carapace de torpeur…
Méla...
RépondreSupprimerAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH!!!!!!!!!!!!!!!!
Dur dur chapitre!!!
Je trouve que tu as bien fais de faire ce chapitre du point de vu d'Edward. On ressent toutes sa douleur et sa détresse, mais aussi celle de Bella. C'est horrible pour lui de voir tout ce qu'elle subit et de ne pas pouvoir ne serait ce que la rechercher.
J'ose espérer de tout mon cœur que la fin est un plan de Bella et qu'elle s'est servie de James pour se libérer et qu'elle va pouvoir s'échapper (je le souhaite vraiment vraiment... *je crois en la vision d'Alice*).
En tout cas, vraiment très hâte de lire la suite.
Je suis vraiment une grande fan de ta fic'!
Méla...
RépondreSupprimerAh oui, au fait, par rapport au titre du chapitre, c'est nous que torture aussi, lol! ;)
Bonjour,
RépondreSupprimerChapitre haut en émotions, stress, ...
J'en suis encore toute retournée.
Le POV Edward est si poignant qu'on souffre ne même temps que lui, qu'eux.
Tu racontes de manière à nous faire entrer et vivre pleinement ce chapitre et ces évènements.
Pour la fin, après la seconde lecture, je pense que Bella , toute assoiffée qu'elle soit a une idée en tête et profite de l'absence de Félix pour jouer un tour à James et se sauver.
Du moins je l'espère très très fort...et le dit FORT aussi pour que l'auteur l'entende bien. LOL
Vivement la suite car là le stress est à son maximum.
Merci beaucoup et bisous
Eliloulou
Hello!!
RépondreSupprimerBella ce sert de James pour ce libérer. Non?
J'adore, hâte de lire la suite!!
Bis Ilonka