Les eaux sombres et profondes se referment sur moi, m’engloutissant dans leurs abysses glacials.
Je n’arrive plus à me battre, le froid a eu raison de moi, mes membres gelés ne réagissent plus, alors j’accueille la Mort qui me tend amoureusement ses bras.
Je n’ai qu’un seul regret, un seul : ne pas revoir le beau visage de ma petite princesse.
Je suis rassuré cependant, je sais qu’elle sera merveilleusement bien entourée et qu’elle est aimée.
Mon bébé.
Ma petite Isabella.
Des mains m’agrippent, me serrent, me tirent.
La Mort est là, je l’attends de pied ferme.
De loin, très, très loin, des voix étouffées me parviennent.
- Tenez bon M’sieur ! On y est presque ! Tenez bon !
Et puis d’un coup, plus rien.
Les ténèbres m’envahissent…
**********************************
Le soleil levant filtre à travers des rideaux opaques, m’éveillant une fois de plus d’une nuit agitée, peuplée de cauchemars, d’angoisses, de sang et de monstres sans nom.
Je m’étire consciencieusement, toujours allongé sur ma couche de fortune, et attrape le couteau scie que j’aiguise, nuit après nuit, sur le morceau de roche détaché du mur de ma…cellule.
Il n’y a pas d’autre nom pour qualifier l’endroit lugubre où je me trouve.
A l’aide de mon couteau, je grave sur la roche un petit trait, qui vient s’ajouter aux dix-neuf précédents. Cela me permet de conserver la notion de temps, ici, dans cet endroit glauque.
Vingt jours que je me suis « réveillé ».
Je me souviens de l’accident, du lac, des voix aussi.
Enfin je crois.
Je ne suis plus sûr de rien.
Je n’ai aucune idée du temps qui s’est écoulé entre mon « sauvetage » et mon «réveil».
Je ne sais même pas comment je suis arrivé ici.
Et encore moins pourquoi j’y suis…
Je dois au moins une chose à mes… geôliers.
Je leur dois la vie.
Le seul qui m’a montré un tant soit peu de sympathie, m’a appris que j’étais en hypothermie avancée et qu’une fois sorti de cet état critique, j’avais été terrassé par une violente fièvre qui m’avait plongé dans le délire le plus complet.
Ils m’ont soigné, plutôt bien même, si j’en crois les poches de solutions salines, les solutés de réhydratation, les antalgiques et les analgésiques qui étaient fichées dans mon bras à mon réveil.
Mon réveil.
Je n’ai pas compris ce que je faisais ici. Je n’ai pas compris pourquoi je n’étais pas hospitalisé.
Je ne sais toujours pas ce que je fais ici d’ailleurs…
Une fois de plus, je contemple ma…cellule.
Environ trente mètres carrés de surface.
Une petite fenêtre, condamnée par des planches qui laissent passer quelques rais de lumière à travers les rideaux sales et opaques.
Des murs en pierre, totalement nus.
Une cheminée, constamment éteinte.
Une porte, toujours fermée, sauf lorsqu’ils viennent.
Ma paillasse, un vieux matelas miteux, des draps qui ont connu une jeunesse bien lointaine et deux couvertures pleines de trous.
J’ai au moins la chance d’avoir les commodités, un petit mur séparant les WC et le lavabo du reste de la pièce, protégeant des regards et donnant un semblant d’intimité.
Le grand luxe !
Et les chaînes.
Comment oublier ces chaînes…
Scellées dans un anneau sur le mur, face à mon lit.
De lourdes chaînes et des fers, conçues dans un alliage des plus étranges.
Une espèce d’acier trempé et renforcé, brillant, dur et glacé.
Elles sont glauques.
J’ai froid dans le dos à chaque fois que mes yeux se posent dessus.
Je ne sais pas pourquoi elles sont là…
Tout comme je ne sais pas ce que je fais ici.
J’ai tenté, chaque jour depuis mon réveil, de leur dire que j’étais policier. Qu’ils commettaient un kidnapping sur un membre des forces de l’ordre. Que c’était un délit grave, passible d’une très lourde peine.
Ça les fait rire.
Puis j’ai fini par les supplier.
Leur dire que je n’avais pas d’argent, juste un petit salaire de fonctionnaire, et qu’aucune rançon ne leur serait versée.
Que j’avais une fille, une compagne qui m’attendaient à la maison.
Que ma fille avait besoin de moi, qu’elle avait déjà bien trop souffert avec tous les malheurs qui lui étaient tombés dessus.
Ça les a fait hurler de rire.
Alors j’ai fini par comprendre.
Ils doivent faire partie de la secte qui a commis toutes ces atrocités.
Je n’arrêtais pas de le dire à Mallone. Ces meurtres ignobles ne pouvaient pas être l’œuvre d’une seule personne mais de plusieurs, de tout un groupe.
D’une secte. Satanique.
Il me riait au nez cet imbécile !
Maintenant, j’en ai la preuve. S’ils m’ont enlevé, c’est parce que j’approchais sûrement du but.
J’allais enfin trouver les fils de salauds responsables de la mort de ma Renée. De Phil. De celui qui a détruit à tout jamais la vie de mon bébé.
Oui. Ça ne peut être que ça.
Ou peut-être pas.
Je ne sais plus.
Je deviens fou à force d’être enfermé ici…
J’attrape mon ridicule couteau et continue de le limer sur la pierre.
Les dents ont disparues, laissant place à un fil tranchant, comme un rasoir.
On ne sait jamais ce qu’il pourrait leur passer dans le crâne. Il faut bien que je puisse me défendre, au cas où…
La serrure cliquette. Quelqu’un arrive. Je glisse le couteau sous mon matelas au moment où mon geôlier sympa débarque.
- C’est l’heure de la bouffe, Charlie ! Pizza peperroni, ça vous va ?
- Je te l’ai déjà dit, mon garçon. Tant qu’il n’y a pas d’anchois et que c’est de la pizza, tout me va ! Merci.
- De rien. Vous êtes sûr que vous ne voulez rien d’autre que des hamburgers ou de la pizza ? C’est sain pour vous de manger cela ? C’est assez consistant ?
- Pourquoi ? Tu veux m’engraisser ?
Il me fait un sourire triste et au même moment, j’entends les autres, de l’autre côté de la porte, hurler de rire. C’est dingue, j’ai l’impression que le sol tremble… Je deviens fou ici.
- Ne racontez pas de bêtises, Charlie. Je veux juste m’assurer que vous avez assez à manger, que vous êtes en bonne santé.
- Et toi Alec, tu sais ce que je veux…
- C’est impossible Charlie… je suis désolé. Sincèrement.
Le gamin s’en va, me laissant avec une grande pizza et un petit pack de bière.
Le gamin. Oui, c’est ce qu’il est.
Un gosse de quinze ans, seize tout au plus, qui risque gros dans l’affaire.
Prison à perpétuité.
Et tout ça parce qu’il a eu le cerveau retourné par un groupe de dégénérés.
Il me fait mal au cœur ce gosse. Je vois bien qu’il exècre ce qu’il fait, que ça le dégoûte de me garder prisonnier ici.
C’est un gentil gamin. C’est lui qui s’occupe principalement de moi, parfois il reste même discuter une heure ou deux, de tout, de rien, mais jamais il ne me répond lorsque je lui demande la raison de ma séquestration. Je n’ai droit qu’à un regard empli de compassion, de tristesse et à un ‘désolé’.
Pauvre gosse…
C’est à se demander comment un aussi gentil môme peut avoir un lien de parenté avec le démon qui lui sert de sœur.
Jane, sa jumelle.
Cette gamine a un visage d’ange, on lui donnerait le bon Dieu sans confession !
Mais sous ses airs angéliques, se cache le Diable en personne ; elle est d’une sauvagerie, d’une barbarie sans nom. Et elle est surtout folle à lier.
Parfois, lorsqu’elle me porte mon repas, j’ai l’impression d’être un singe dans une cage du zoo. Elle me balance la bouffe au sol comme on balancerait des cacahuètes aux animaux.
Elle me fait peur. Et pourtant, il m’en faut beaucoup !
Il y a trois jours, Jane a débarqué dans ma geôle, un sourire sadique et affamé aux lèvres. Elle m’observait, ses grands yeux rivés sur moi, tout en se léchant les lèvres comme on le ferait en prévision d’un bon repas.
Elle m’a regardé ainsi, en souriant et en se léchant les babines, pendant un bon quart d’heure et alors que j’étais persuadé qu’elle allait me sauter à la gorge, son frère et un autre bonhomme ont débarqué pour la traîner à l’extérieur.
Elle hurlait comme une damnée. Ses cris étaient affreux, abominables. Inhumains.
Et leur manie à tous de porter ces foutues lentilles de contact version ‘Halloween’ !
Une fois noire, une autre bordeaux ou encore rouge vif.
Cette fois-là, la petite Jane, avec ses lentilles rouge sang, m’avait vraiment filé les jetons…
Et que dire d’Afton…
Celui-là, on dirait qu’il est sous perfusion constante d’anabolisants !
Une semaine après le début de ma captivité, ce gringalet – il doit peser soixante kilos tout mouillé et tout habillé – s’est amené. D’après le silence qui régnait dans la maison, il n’y avait que nous deux.
J’ai voulu tenter ma chance.
L’assommer et fuir.
Je l’ai frappé de toutes mes forces !
Résultat : un poing fracassé et un genou disloqué…
Et lui n’a même pas bronché.
J’ai l’impression d’être entouré d’athlètes d’ex-URSS, shootés aux hormones et anabolisants.
Ou alors, ils doivent tous prendre ces drogues conçues pendant la Seconde Guerre Mondiale, qui conféraient force, puissance, vitesse… aux soldats. Ils ne sentaient ni la fatigue, ni la faim, ni les coups. Des supers amphétamines.
Parfois, j’ai même l’impression qu’ils communiquent entre eux par télépathie. Je suis sûr qu’ils se parlent ! Mais je n’entends pas un son et ne vois pas leurs lèvres bouger.
Ces gens sont fous.
Et je ne sais même pas pourquoi je suis là.
La porte s’ouvre à nouveau, sur Jane et Alec.
Le pauvre gosse est complètement soumis face à sa monstrueuse jumelle.
Elle a un sourire radieux aux lèvres et lui, un regard envahi de tristesse et de dégoût.
- Salut Charlie !
- Jane ! Quel plaisir…
- Ne cachez pas votre joie surtout !
- Et que me vaut l’honneur de ta précieuse visite, très chère ?
- Oh ! Juste une bonne nouvelle.
- Vous me libérez ?
- Ah ! Ah ! Ah ! Quel humour ! Vous feriez un fabuleux comique vous savez ? Je venais juste vous annoncer que dès ce soir, vous aurez de la compagnie ! Bye, bye Charlie!
Je la regarde, médusé, alors qu’elle repart en éclatant de rire. Son pauvre frère, lui, me jette un regard empli de pitié avant de souffler lourdement et de rejoindre sa sœur.
Ainsi, ils vont kidnapper une autre personne ? Mais à quoi cela peut-il bien leur servir? Pourquoi ?
J’ai passé la journée à me venger sur la pierre, aiguisant mon couteau et complotant dans mon coin.
Souvent, la maison est vide, il n’y a personne pour me garder.
Peut-être qu’à deux on aura le dessus sur notre geôlier ? Pourquoi pas ! Il faut tout tenter.
Le tout pour le tout.
Je termine le deuxième hamburger de mon repas du soir en dégustant une bière lorsque j’entends des cris et des grognements bestiaux. Une voix féminine hurle, menace.
C’est étrange, cette voix m’est à la fois très familière mais également inconnue.
Douce, chaude, suave, envoûtante, mélodieuse malgré les hurlements.
Il y a beaucoup de bruit à côté. Des cris, des rires, des chaises qui tombent, des craquements violents. J’ai même l’impression d’entendre le tonnerre ! Il n’y a pas d’orage, pourtant…
La porte de ma cellule s’ouvre brutalement sur un groupe.
Je reconnais Afton, Jane et celui qui, je suppose, est le chef de ce clan de cinglés.
Ils traînent une jeune femme qui se débat violemment.
- On vous ramène de la compagnie, Charlie ! S’exclame Jane en riant.
La jeune femme relève rapidement son visage en hurlant un « NOOOOON ! » déchirant, et j’ai l’impression d’être face à ma petite Bella…
Je suis cloué au sol, sans voix, saisi par la stupeur tandis qu’ils l’attachent aux lourdes chaînes.
Elle est écartelée, les poignets attachés au mur, retenus par les fers, et son cou est encerclé d’un lourd collier en métal maintenu à l’anneau scellé dans le mur.
Ils s’y mettent à quatre pour l’attacher, et moi je reste les bras ballants dans un coin de la pièce.
Ils finissent par sortir, sauf leur « chef » qui me regarde avec un air malveillant gravé sur le visage.
Il s’approche de la jeune femme, agrippe sa longue chevelure brune et bouclée et lui relève le visage de force afin qu’elle croise le mien.
Ses yeux sont clos.
C’est ma petite fille.
Mais…
Elle a énormément changé.
Ses traits sont bien plus doux, angéliques. Ses pommettes plus hautes et définies, ses lèvres plus rosées, ourlées et pulpeuses. Sa peau est d’une blancheur de craie.
C’est ma fille et en même temps une… inconnue. Tellement semblable mais à la fois si différente.
Comme si sa beauté naturelle avait été sublimée pour devenir perfection.
Elle… elle ressemble aux Cullen… et à nos ravisseurs.
Ses yeux sont fermés, je vois ses lèvres bouger mais n’entends pas un son.
Notre ravisseur explose de rire avant de se tourner vers moi.
- Alors Charlie, heureux de revoir votre fille ? Ça vous fera un peu de compagnie !
- Bella ? C’est bien toi ma chérie ?
Elle gémit puis acquiesce en soufflant.
- Oui papa… c’est bien moi…
Sa voix ! Si mélodieuse, envoûtante, hypnotique…
- Ma chérie… tu vas bien ? Pourquoi tu ne me regardes pas ? Ouvre les yeux Bella, je t’en supplie regarde-moi !
Un son étranglé sort de sa gorge et son visage se crispe, tourmenté. Ses yeux s’ouvrent et son regard envahi de tristesse et de désespoir se plante dans le mien.
Oh mon Dieu !
Ses yeux…
Le profond chocolat si familier n’est plus, il a laissé place à un orange vif, comme des flammes… Pourquoi mettre des stupides lentilles colorées alors que ses yeux sont si beaux naturellement ?
- C’est la mode des lentilles de contact d’Halloween ? C’est d’un laid !
Le type explose de rire et ma fille frissonne de dégoût.
- Oh ! Oh ! Quel comique ! Vous êtes à mourir de rire, Charlie !
- Quoi ! Qu’est-ce que j’ai dit de si drôle ?
Il commence à me courir sur le haricot ce gringalet ! Même pas vingt ans et ça se croit tout permis !
- Voyons Charlie, vous ne trouvez pas que votre fille a changé ? Pas seulement les yeux, d’ailleurs…
Je le regarde, intrigué. Puis m’aperçois que ce sale type connaît mon bébé. Je ne sais pas ce qu’il se passe, mais tout à coup, les yeux de ma fille deviennent noirs. Vraiment noirs. Comme un morceau de charbon.
Un grondement sauvage, animal, retentit dans la pièce et je m’aperçois qu’il vient d’elle. Puis un bruit de montagne qui s’écroule retentit et avec effroi, je vois le gars dans le mur.
Encastré.
Dans le mur.
Propulsé par un coup de pied de mon bébé.
- Oh mon Dieu… Bella… que t’ont-ils fait ? Toi aussi tu prends ces stéroïdes et ces amphétamines bizarroïdes ?
Sous mes yeux ébahis, ceux de ma fille passent du noir à l’orange vif et je l’entends pleurer. Mais il n’y a aucune larme versée.
- Papaaa… Je suis désolée…
- De quoi bébé ? Tu n’as pas à être désolée !
Pendant notre bref échange, sans que je n’y comprenne quoique ce soit, ma petite fille se retrouve les chevilles enfermées dans les fers, elle est pieds et poings liés au mur. Comment ?
Elle se tourne, sauvage, vers le sale type, écumante de rage.
- T’as eu c’que tu voulais, Félix… libère-le ! Tu m’as maintenant. Laisse-le partir !
- Voyons beauté, ça ne serait pas amusant. Et puis… il te faut bien un peu de compagnie !
- Lui aussi tu vas me le prendre ? Ma mère et son compagnon ne t’ont pas suffis ?
Ils continuent de parler et les rouages se mettent en place.
Renée. Phil. Pris.
Et là, je comprends.
J’ai leur assassin sous les yeux. Et le pourri qui a volé l’innocence de ma petite fille. J’attrape mon couteau de fortune et me jette sur ce Félix, prêt à le poignarder lorsqu’un violent coup m’envoie valser dans le mur.
- PAPAAAA !
Le bonhomme se rue sur moi, sa main cramponnée à ma gorge et je commence à suffoquer lorsqu’il est brusquement catapulté loin de moi, comme par magie.
Il me regarde puis observe minutieusement ma petite Bella et un sourire calculateur s’étire sur ses lèvres.
- Tiens, tiens… voyez-vous ça ! Ainsi donc, ton bouclier n’est pas simplement psychique… il est également physique… Intéressant… très intéressant !
- GrrrrRRRRRRRRR…. Fais-lui du mal et je te tue…
Je n’ai jamais vu ma fille avec un air aussi féroce sur le visage. Tout en elle me crie «danger». Et ce regard meurtrier… ce grondement animal… ce n’est pas… humain.
- Je… je… Bella! Qu’est-ce qu’il se passe? Que… qu’est-il ? Que… qu’êtes-vous ?
Ce n’est pas réel… je dois délirer… vingt jours de captivité ont eu raison de ma santé mentale…
Le Félix me sourit sadiquement avant de jeter un regard malveillant à mon bébé.
- Et bien chère Isabella de mon cœur… Allez, vas-y ! Crache le morceau ! Dis-lui ma beauté !
- …
- Oooooh… comme c’est dommage… la fifille chérie à son papa qui n’ose pas lui dire la vérité… soit !
Il s’approche de moi et enroule un bras autour de mes épaules, comme si nous étions deux vieux copains qui discutent de choses et d’autre.
Son bras est glacial, je le sens malgré la couche de tissu qui nous protège, l’un comme l’autre.
- Autant dire les choses telles qu’elles sont, mon cher Charlie… ça va vous faire un choc, croyez-moi ! Vous avez remarqué le changement chez Isabella, n’est-ce pas ? C’est parce qu’elle est désormais comme nous… un prédateur… de la pire espèce… elle est… un vampire !
Je le regarde, les yeux écarquillés, puis explose de rire. Un vampire ? Et pourquoi pas un elfe ou un farfadet tant qu’on y est ?!
J’essuie difficilement mes larmes entre deux éclats de rire ; il est en rogne, je le sens… Non mais pincez-moi, je rêve !
- Oh ! Vous ne me croyez pas ? Peut-être qu’ainsi, ça marchera…
Sa voix est sourde, menaçante… il pose délicatement son index sur ma joue et je ressens une douleur cuisante avant que le sang ne s’écoule lentement sur mon visage.
Il a percé ma peau du bout de son ongle…
J’entends non pas un, mais plusieurs grognements sourds.
Bella me vrille d’un regard sombre, affamé, les lèvres retroussées sur ses dents et au même moment, la porte s’ouvre sur Jane et Afton.
Ils ont le même regard, la même expression.
Et là, j’y crois.
Des vampires…
Plus rapides que la lumière, Jane et Afton se jettent sur moi. Les yeux écarquillés par la terreur, je m’attends à mourir…
Un grondement féroce roule dans l’air et je les vois se stopper à deux mètres de moi, bloqués par un mur invisible.
Les sbires de Félix hurlent de frustration tandis que lui sourit d’un air narquois.
Bella les vrille d’un regard noir avant de s’adresser à moi d’une voix tendue.
- Papa, soigne ta coupure s’il te plait. Maintenant ! Vite !
Bien que terrorisé, j’obéis à ma fille. Je nettoie rapidement le sang qui a coulé sur ma joue et appuie sur la coupure jusqu’à ce qu’elle se cicatrise un peu.
Jane tape du pied par terre puis tente à nouveau de se jeter sur moi, mais je suis toujours protégé par ce mur invisible.
- ASSEZ ! Hurle Félix. Sortez tous les deux !
- Mais il est si appétissant ! Féliiiix….
- Ça suffit Jane ! J’ai d’autres… projets pour lui. Allez-vous-en !
La petite Jane se prosterne presque aux pieds de leur chef puis elle sort, entraînant Afton dans son sillage.
J’observe attentivement ma fille. Son visage ne reflète que tristesse et dégoût. Elle plante son regard dans celui de Félix et le supplie.
- Félix… laisse mon père partir, je t’en supplie !
- Non, non, non Isabella !
- Tu as eu ce que tu voulais, je suis là ! Il est tout ce qu’il me reste… laisse-le rentrer chez lui, par pitié !
- Ce n’est pas comme cela que je vois les choses, beauté…
- Quoi, tu veux me l’enlever lui aussi ? Ma mère et Phil ne t’ont pas suffis ? Tu veux également tuer mon père ?
- Humm… le fait est qu’il va effectivement mourir, Isabella… Mais… ça ne sera pas sous mes crocs…
Je les observe, ébahi, puis vois le visage de mon enfant passer par toutes les expressions possibles avant qu’elle ne se mette à hurler.
- NOOOON ! Je t’en supplie non ! Ne me fais pas faire ça par pitié ! NOOON !
- Ah ! Ah ! Ah ! Tu seras bien plus docile ensuite, une fois que tu auras été rééduquée. Tu es de la race des vainqueurs, Isabella. Et le dernier rempart entre ton monstre et ton humanité, c’est ton père. Tu verras, ça ira bien mieux lorsque ce sera fini !
J’ai peur de comprendre ses paroles.
Et en voyant le visage défait et rempli de haine de ma petite fille, je comprends les desseins de ce monstre.
Il n’a pas encore fait suffisamment souffrir mon bébé, il veut réellement la détruire.
Il veut qu’elle en arrive à me tuer…
Le regard de Bella me tuerait s’il m’était destiné. Il est violent, meurtrier, et ses lèvres s’étirent en un sourire mauvais, carnassier alors qu’elle s’adresse à lui d’une voix dénuée d’émotions.
- Je ne sais pas encore quand, ni comment, mais je te jure que j’aurai ta peau… Et ce jour-là, je danserai sur ta tête en regardant ton corps flamber… Je te tuerai de mes propres mains, dusse-ai-je y laisser ma peau, mais je t’enverrai en enfer. Crois-moi.
- Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Le comique… c’est une histoire… de famille… ah ! Ah ! Ah ! Chez vous… ah ! Ah ! Tu… tu ne sais pas… à qui tu t’adresses… fillette !
- Oh que si… le Fléau…
- Tu n’as aucune chance, beauté !
- Je te tuerai de mes mains, Félix. C’est une promesse.
- Aaaaah ! C’est à en pleurer de rire ! Ah ! Ah ! Bon, j’vous laisse, j’ai d’autres chats à fouetter ! Ah ! Ah ! Ah !
Un grognement sauvage retentit et je sursaute en m’apercevant que c’est Bella qui a fait ça. Son regard ne quitte pas Félix et elle continue de vriller la porte lorsque celle-ci se referme sur lui.
Je m’approche de ma petite fille, écartelée et liée sur ce mur, et pose mes mains sur ses joues. Elles sont gelées, glaciales…
Son regard triste se plante dans le mien. Ses yeux orange me choquent, mais j’y reconnais tout de même mon bébé.
- Des vampires, alors ? Tu… tu peux m’expliquer, s’il te plait ?
Elle déglutit.
- Papa… tu… tu veux bien éviter de me toucher et reculer un peu s’il te plait ?
Je me prends une claque en entendant ça.
- Le contact de ton père te répugne à ce point ?
- Je… j’ai peur de te mordre…
- Oh ! J’ai confiance en toi, Bella…
- Mais moi pas. S’il te plait, papa, ça me fait peur ! Eloignes-toi…
A contrecœur, je me recule et m’assois sur le matelas.
Bella prend une longue inspiration, feule – quel son étrange venant de sa bouche !- puis commence son récit.
Sa rencontre avec Félix, comment il l’a sauvée ce jour-là… Sa cour acharnée… Son amour pour lui… le meurtre de Renée dont elle se croit responsable…
J’ai presque envie de lui mettre des baffes pour lui ôter cette idée tordue de la tête !
Les trois vampires qui l’ont sauvée ce soir-là… l’ultimatum posé… sa venue à Forks… sa rencontre avec Edward… l’attraction qu’ils ressentaient l’un pour l’autre et son dégoût, sa haine pour le jeune vampire… leur histoire d’amour… la réputation de Félix dans l’Histoire vampirique…
Je pleure lorsque j’apprends qu’elle est « décédée » bêtement, sous les balles d’un toxico en manque.
Sa transformation… la douleur… son réveil… son don… et Félix, encore… son statut de vampire « nouveau-né »
- Des vampires… ben ça alors ! Pourquoi pas des lutins et des loups garous tant qu’on y est !
- Ben… euh… justement papa… comment dire…
- Quoi ? Ça existe aussi ?
- Les farfadets, Je sais pas, mais les loups…
- Hein ? Seigneur, je nage en pleine science-fiction… Tu en as déjà vu ?
- Oui… et… euh… toi aussi.
- Mais non voyons, je le saurai !
- Euh… comment t’expliquer… il se trouve que… les… Quileute… sont des loups garous… enfin pas vraiment ! Mais un peu quand même… ce sont des modificateurs…
Et là, je ne sais pas pourquoi, mais je me mets à penser à toutes ces légendes que Billy me racontait lorsqu’il avait trop bu.
Des loups protecteurs, tuant les sangs froids, leurs ennemis naturels.
- Alors… toutes ces légendes sont vraies ?
Bella acquiesce.
- Seigneur… mais dis-moi, je pense à une chose… Pourquoi les Cullen fréquentent les Indiens de la Push, si les loups et les vampires sont des ennemis mortels ?
Et là, ma fille me parle des Cullen… De leurs convictions personnelles… Qu’ils sont « végétariens » car selon eux, chaque vie, humaine ou vampire, est précieuse… puis elle m’explique que les Quileute et les Cullen ont dû s’allier contre un ennemi commun et que cela a créé des liens entre les deux espèces.
C’est vrai que deux ans en arrière, Billy crachait sur le dos des Cullen !
- A… Alors tu… te nourris de sang ?
- Oui, papa. Mais de sang animal.
- Oh ! C’est… bien. C’est pour ça que tes yeux sont… orange ?
- Oui et non. En fait, mes yeux prendront une couleur ambrée d’ici quelques mois. Mais au départ, ils étaient rouges, comme les leurs. Parce que mon corps est encore gorgé de mon sang. Si eux ont les yeux rouges, c’est parce qu’ils se nourrissent d’humains…
Elle prend un air dégoûté en me disant cela. Je vois bien que ça la répugne.
- Ma chérie, pourquoi avoir inventé cette histoire de voyage au Brésil ?
- Franchement papa, c’était le plus simple. Je ne pouvais pas te faire croire à ma mort, ce qui aurait été l’histoire la plus logique. Tu as déjà suffisamment souffert après… Chicago. Mais d’un autre côté, je ne pouvais pas te voir, c’était impossible !
- Mais… pourquoi ?
- Parce que tu serais mort avant même d’avoir pu oser les yeux sur moi, je t’aurai tué !
- Oh ! C’est… si dur que ça pour toi d’être près de moi ?
Elle ne me répond pas tout de suite et déglutit avant de me faire un petit sourire gêné.
- Ben… tu sens très bon papa… délicieusement bon…
- Oh. Et bien…
- Tu sais quoi papa ? On reparlera de tout ça demain, tu veux ? Il est tard, tu devrais dormir.
- Oui mais s’ils venaient m’attaquer et que…
- Je suis là papa, il ne t’arrivera rien.
- Mais tu es attachée ! Tu…
- Ce n’est pas un problème papa. Ils ne t’approcheront pas, je te le promets. Dors, tu tiens à peine assis !
- Oui mais toi…
- Je ne dors pas papa… enfin… je ne dormirais plus jamais…
Je me lève difficilement et me dirige vers mon bébé afin d’embrasser son front gelé puis retourne me coucher en grommelant un vague « bonne nuit ». C’est vrai, je suis épuisé…
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Un rayon de soleil filtre à travers les planches et atterrit dans mes yeux.
Par réflexe, j’attrape mon couteau et trace un petit bâton dans le mur.
Trente jours que je suis coincé ici…
Je me tourne vers ma fille et me délecte du tableau. Les rayons de soleil ricochent sur sa peau et elle resplendit de mille feux.
Une larme solitaire coule lorsque je vois à nouveau les chaînes et les fers qui la maintiennent…
J’ai bien tenté de la libérer mais c’est impossible. Même elle, malgré sa force surhumaine, en est incapable. Alors moi et ma force de moustique, on repassera…
En dix jours, j’ai appris énormément de choses.
Les détails sur la mort de mon ex-femme- je savais bien que Bella me mentait au sujet de sa soi-disant amnésie ! – mais aussi tout ce qu’elle pouvait m’apprendre sur le monde surnaturel qui est désormais le sien. Je l’observe attentivement et m’aperçois qu’elle meure de soif.
Les cernes sombres sous ses yeux se creusent de plus en plus chaque jour et son regard s’assombrit au fur et à mesure que le temps passe.
Depuis qu’elle est ici, ils ne lui ont jamais apporté de quoi se nourrir. Ils la laissent mourir de soif.
Je sais pourquoi, Félix attend que ma fille soit assoiffée à en perdre la raison pour ensuite la libérer afin qu’elle me tue. Il cherche réellement à la détruire. Il ne supporte pas qu’elle ne soit pas sous son contrôle…
Je la vois se tendre subitement en regardant la porte puis elle souffle de soulagement. Vingt secondes plus tard, Alec entre dans notre cellule.
- Bonjour Charlie ! Bella !
- Salut gamin !
- Tenez, voilà votre petit-déjeuner.
- T’as rien pour moi je présume, Alec ? Lui demande ma fille.
Le pauvre gosse baisse la tête, penaud.
- Ben… après la séance d’avant-hier… je ne prendrai plus ce risque… Désolé Bella… je suis vraiment désolé…
- Tu n’y es pour rien Alec. Moi, c’est pour toi que je suis désolée, tu mérites pas ça.
Le gamin nous jette un regard triste avant de repartir en traînant la jambe.
Moi, je le regarde dégoûté par ce qu’ils ont osé lui faire.
Il y a deux jours, Alec a ramené du sang de biche en douce à ma fille, pour qu’elle puisse combattre sa soif.
Félix l’a su, rapidement.
Je ne sais pas ce que ce pauvre gosse a subi, mais Bella oui, elle a tout entendu. Moi, je n’entendais que ses hurlements déchirants de souffrance.
Tout ce que je sais, c’est qu’il a été fouetté par Félix, tabassé par Afton, torturé par sa propre sœur et que Félix lui a enlevé l’un de ses pieds, en représailles.
- Merde ! C’est pas vrai !
- Quoi ? Qu’y a-t-il ma chérie ?
- Je n’ai pas beaucoup de temps, ils vont t’éloigner de moi pendant quelques heures et…
- Mais pourquoi ?
- Pas le temps ! Écoute-moi attentivement papa… Une fois qu’ils t’auront emmené, concentres-toi sur Alice. Regarde tout ce que tu peux, à l’extérieur si possible, qu’elle puisse avoir une chance de nous localiser…
- Mais co…
- Fais ce que je te dis ! Je…
La porte s’ouvre au même moment sur Alec et je suis sûr de le voir échanger un sourire et un clin d’œil avec ma fille.
- Je dois vous emmener Charlie.
- Où ça ? Pourquoi ?
- Fais ce qu’il te dit, papa, il ne t’arrivera rien…
- Oui mais toi ?
- Ne t’inquiète pas pour moi, papa, je suis solide…
Je suis Alec à contrecœur, et au détour d’un couloir, nous croisons Félix et un type que je n’ai jamais vu. Un vampire avec de longs cheveux blonds et sales, noués en catogan.
Son regard me donne froid dans le dos mais je n’ai pas le temps de le détailler plus que ça qu’Alec me tire dans une grande pièce, un salon avec une immense baie vitrée.
Alec s’approche de moi et je sens son haleine fraîche dans mon cou.
- Faites ce que Bella a dit ! Concentrez-vous sur la petite Cullen et observez bien les alentours ! Vite ! Vous n’aurez pas beaucoup de temps !
Il va s’asseoir et se lance dans la contemplation du mur tandis que je pense à la petite Alice tout en observant les alentours. J’ai l’air fin comme ça ! Et je fais comment, moi, pour entrer en télépathie avec elle ?
Je découvre la nature qui nous entoure.
Tout n’est que neige et forêts de résineux, des sapins, des épicéas à perte de vue. Il y a un petit lac et également une cabane de pêcheurs à moitié délabrée, je me concentre dessus. Au loin, j’aperçois un panneau, mais je n’arrive pas à lire ce qui est écrit dessus, il est bien trop éloigné. Alice y arrivera peut-être avec sa super vue.
Un hurlement déchirant me tire de mes observations.
- Bella ! Ma chérie !
Alec me plaque contre lui et me ramène à la fenêtre. Je me débats dans ses bras en entendant les cris de souffrance qui émanent de la cellule. Un autre hurlement m’interpelle. Masculin cette fois.
- Tu vas me le payer espèce de sale petite pute !
- Non James ! Elle est à moi !
- Mais…
- J’ai dit NON !
Puis le silence revient et je sens Alec pouffer silencieusement de rire dans mon dos.
- Que s’est-il passé, Alec ? Dis-moi !
- Et bien… disons que le copain de Félix a essayé de s’approcher un peu trop près de Bella et que maintenant, il n’a plus qu’une oreille…
- Quoi ?!
- Hein, hein ! Elle lui a arraché en le mordant avant de la cracher dans le feu…
Il rit silencieusement et je souris, fier de ma fille. Elle a beau être entravée et torturée, elle se bat toujours et encore.
Je retourne à ma contemplation du paysage tout en prêtant une oreille attentive aux moindres bruits.
Neige… arbres… montagnes… eau… neige encore… et toujours de la neige…
- Oh l’humain ! J’te cause !
Je me retourne d’un geste vif et vois qu’Afton nous a rejoints.
- Oui.
- C’est l’heure de retourner dans ta chambre !
Il m’emmène, un sourire satisfait aux lèvres et me jette presque dans la cellule avant de refermer la porte brusquement.
Bella est là. Mon bébé.
Haletant et sifflant d'inconfort, toujours enchaînée au mur.
Je me rue sur elle et la palpe sous toutes les coutures. Son tee-shirt est à moitié déchiré et je vois de profondes zébrures sur sa peau qui se referment lentement sous mes yeux. Incroyable…
- Bella ! Ma chérie… tu… tu vas bien ?
- Ca va… papa… t’en fais pas… pour moi…
- Tu plaisantes, j’espère ! Tu es ma fille, je ne peux pas ne pas m’inquiéter à ton sujet ! Surtout qu’ils t’ont tor… torturée ! Est-ce qu’ils t’ont…
- T’inquiète pas pour ça…
- D-d-d-dis-moi !
Elle me sourit faiblement.
- Non papa. Ils ne m’ont pas violée. James… aurait bien aimé mais Félix l’en a empêché. Cet espèce d’enculé de sa race est persuadé que je lui appartiens, il ne laisserait personne d’autre que lui me toucher…
- Et est-ce que Félix t’a vi…
- Non ! Il veut d’abord me purifier… Ma fille crache ce dernier mot d’une voix dure.
- Te purifier ? Je ne comprends pas…
- Ben oui ! J’ai osé laisser Edward souiller mon corps, selon lui.
Je vois la souffrance déformer son visage à la mention du prénom de son petit ami et j’ai mal pour elle. A moi aussi ma Sue me manque…
Bella gémit et se plaint, et j’aperçois de profondes marques sur ses flancs. Des coups, violents. Des brûlures aussi, on dirait. Elle me voit faire.
- Ce n’est rien que je ne puisse supporter, papa. Rien ! Dis-moi, as-tu fait ce que je t’ai demandé ?
- Oui ma petite puce.
- Bien papa… c’est bien…. GRRRRRR…. Éloignes-toi s’il te plait… je dois me réhabituer à ton odeur…
- Oh ! Pardon…
Je me retire sur mon matelas et observe les multiples lacérations sur le corps de ma fille disparaître au fil des heures. Pour une fois, il fait horriblement chaud ici, j’étouffe. Un feu finit de se consumer dans la cheminée d’ordinaire toujours vide.
Bella m’explique les effets du feu sur les vampires et je comprends que les lacérations sur son ventre et ses flancs sont le résultat de chaînes et tisons léchés par les flammes.
Je ne suis pas croyant, mais je passe ma journée à prier un Dieu quelconque de nous venir en aide…
Le soleil se couche au moment où Alec pénètre dans la pièce, quatre cartons de pizza, des sodas et des bières à la main. Ben dis-donc, avec tout ça, je ne risque pas de crever de faim ou de soif !
Tout à coup, Bella feule dangereusement et Alec se colle au mur, tête baissée, totalement soumis.
Félix entre, un sourire aux lèvres, un tas de couvertures dans les bras.
- Le dîner est servi ! Chantonne-t-il en posant son paquet sur mon matelas.
Il ressort en riant, suivi d’Alec toujours aussi misérable…
Bella feule toujours, les yeux rivés sur le tas de couvertures qui commence à s’agiter. Je repousse un morceau de tissu et découvre une petite fille, complètement effrayée. Je manque de vomir en comprenant les paroles de Félix.
- Salut petite ! Tu vas bien ? Tu as mal quelque part ? Comment t’appelles-tu ?
Elle ne me répond pas, secouant frénétiquement sa petite tête bouclée de droite à gauche.
- Je ne vais pas te faire de mal, je te le promets.
- Ma… ma maman… elle m’a toujours dit de pas parler aux nains connus. Chuchote-t-elle d’une voix timide. Je lui souris.
- Elle a bien raison, ta maman. Je m’appelle Charlie Swan. Je suis shérif. Un chef de la police, si tu préfères.
- Tu vas arrêter le méchant monsieur qui a fait mal à maman, alors ?
- J’aimerai ma puce, j’aimerai… Mais je suis coincé ici, comme toi. Tu peux me dire comment tu t’appelles et expliquer ce qu’il s’est passé ?
La gamine jette un regard apeuré à Bella et se colle contre moi.
- Je m’appelle Carlie. J’ai… cinq ans. Je connais pas mon papa parce que maman elle m’a dit que j’ai pas de papa. Elle dit que des bêtises maman !
- Pourquoi ça ?
- Ben, c’est l’évident ! Il faut un papa pour que la maman elle a son bébé ! Si y’a pas de papa, la maman elle peut pas avoir le bébé dans son ventre ! Alors j’ai un papa mais je sais pas qui c’est !
- Ça arrive parfois, ma chérie. Et ta maman, elle est où ?
Les lèvres de la gamine se mettent à trembloter et j’ai d’un coup peur d’apprendre ce qu’elle a bien pu voir…
- Elle fait dodo mais elle veut pas se réveiller. J’ai essayé mais j’ai pas arrivé.
- Tu peux tout me raconter, tu sais ?
- Je regardais Mickey à la télé, maman elle faisait le manger de ce soir et puis y’a eu du vent dans la maison et maman elle a crié très, très fort. Je suitais allée dans la cuisine et y’avait le vilain monsieur avec les yeux rouges qu’il faisait un énorme bisou dans son cou à maman et après et ben maman elle est tombée par terre et elle a fait dodo. J’ai pas arrivé à la réveiller… j’ai essayé très fort mais j’ai pas réussi… J’ai donné un coup de pied au monsieur, je lui ai dit qu’il est méchant parce qu’il a fait dormir ma maman, mais je m’ai fait bobo à mon pied et le méchant il a rigolé. Il a tapé sur ma tête et après, c’était tout noir et je m’ai réveillé ici. Il est méchant le monsieur, il veut pas que je vois maman… Mamaaaan !
Je prends la petite dans mes bras et la cajole en attendant que ses larmes s’assèchent. Je suis écœuré par ce que ce monstre lui a fait, et le mot est faible. Tuer une mère sous les yeux de son enfant, c’est abominable… Ordure !
Je me rappelle aussi qu’il n’en est pas à son premier coup d’essai, il a également tué ma Renée sous les yeux de notre fille, et qui sait à combien de personnes encore…
Bella a repris le contrôle de sa raison et elle nous observe, tristement.
La gamine finit par se calmer et je lui donne un soda et une part de pizza.
En l’observant attentivement, je suis frappé par sa ressemblance avec ma propre fille.
La même peau pâle, les mêmes yeux d’un profond chocolat, la même petite bouche mutine. Mais ce qui est le plus frappant, c’est qu’elle ressemble également à Edward !
Les mêmes cheveux de cette étrange couleur cuivrée, les mêmes pommettes saillantes, le même nez droit et fin…
Cette petite Carlie est un parfait mélange de Bella et Edward, au point qu’elle pourrait aisément passer pour leur fille.
Je suis sûr que Bella a remarqué cette incroyable ressemblance.
Et je suis certain que Félix n’a pas emmené cette enfant au hasard…
- Dis Charlie, elle est méchante la dame ? me demande la gosse, le doigt pointé sur Bella.
- Non ! Pourquoi dis-tu ça, Carlie ?
- Ben… elle est attachée ! Elle est punie ? Elle a fait une grosse bêtise ?
- Non ma puce. Le méchant monsieur l’a attachée pour qu’elle ne se sauve pas. C’est ma fille, elle s’appelle Bella !
- C’est joli ça comme nom ! Et puis t’es belle alors ça te va bien !
La gamine se lève et va vers ma fille. Bella se raidit, retient son souffle et laisse la petite fille lui toucher la joue.
- Oh ! T’es toute froide ! On dirait de la glace !
Carlie regarde la cheminée, à présent vide de flammes, et fronce les sourcils avant d’aller vers la porte. Lorsqu’elle voit qu’elle ne s’ouvre pas, elle se met à taper dessus de toutes ses maigres forces.
Je n’ai pas le temps de la retenir que la porte s’ouvre sur Félix et Alec.
- Qu’est-ce qu’il y a gamine ? lui demande Félix, un sourire carnassier aux lèvres.
- Toi, j’te cause pas d’abord ! T’es méchant et t’es pas beau !
Félix explose de rire.
- Oh ! Oh ! Mais c’est qu’elle en a du caractère, cette petite ! Bon, je ne vais pas y passer la nuit, qu’est-ce que tu veux ?
Carlie lui tire la langue avant de l’ignorer et de tirer sur le pantalon d’Alec afin d’avoir son attention.
- Dis monsieur, tu peux mettre un radimateur ? La dame elle est toute froide et elle va être malade après. Tu peux mettre le chaudage pour qu’elle a pas froid s’il te plait ?
- Et puis quoi encore ! S’exclame Félix avant de se mettre à se caresser pensivement le menton. Quoique… ce n’est pas une si mauvaise idée, ça ne fera qu’épanouir et relever ces deux alléchantes fragrances… N’est-ce pas ma divine Isabella ?
Ma fille se met à grogner et Carlie se jette dans mes bras, effrayée par le bruit.
- Alec ! Prépare la cheminée et ne lésine surtout pas sur le bois !
Le jeune vampire baisse la tête et acquiesce. Tandis qu’il s’occupe du feu, Félix s’approche de ma fille et pose ses mains sur ses hanches, d’une façon possessive. Bella frissonne et grimace de dégoût, puis elle feule carrément lorsqu’il lui lèche le cou.
- Ça ne sert à rien de résister, ma beauté… Tu sais très bien que tu es faite pour moi. Tu m’appartiens, Isabella… Tu es à moi…
- Dans tes rêves, ducon !
Elle lui crache à la figure et je me rue sur ce monstre alors qu’il gifle violemment ma fille.
Malgré ma force de mouche comparée à la puissance vampirique, je veux frapper cette immonde créature, mais Bella en a décidé autrement car je me retrouve bloqué par un mur invisible à deux mètres de Félix.
Il m’observe tourner dans mon dôme protecteur d’un air pensif et ses lèvres finissent par s’étirer en un sourire calculateur.
- Bien, bien, bien… c’est très, très bien… tes défenses s’épuisent rapidement, beauté… encore quelques jours à ce… régime… et les deux humains ne seront plus que de l’histoire ancienne, tout comme ta misérable trahison avec ce Cullen…
- Si tu crois que je peux tuer mon père et cette gamine, et oublier Edward, tu te fous le doigt dans l’œil !
- Oh mais j’ai des arguments convaincants ! Et un… ami… au don très particulier… il peut manipuler les souvenirs… supprimer une personne de ton esprit, par exemple, et la remplacer par quelqu’un d’autre…
- Les dons qui travaillent le mental n’agissent pas sur moi, tu perds ton temps !
- Peut-être mais… tu t’épuises, ma chère. Pourquoi crois-tu que je t’assoiffe à ce point? Pour le plaisir ? Noooon… D’ici quelques petits jours, tu seras tellement obnubilée par ta soif et affaiblie à cause de ton bouclier que tes barrières disparaîtront totalement. Mentales et physiques. Je n’ai pas besoin de grand-chose : juste quelques secondes pour que le jeune Cullen soit définitivement rayé de ta mémoire. Là, tu deviendras un vrai vampire. Un prédateur. Pas une espèce de larve qui bouffe du lapin ! Je pourrais aussi faire de toi tout ce que je veux ! Tu es à moi, ma beauté…
- NOOON !
Si Bella le pouvait, elle le tuerait de ses mains…
Elle se débat malgré ses entraves et le darde d’un regard assassin.
Félix sort en riant, emmenant Alec avec lui.
Moi, je regarde ma fille qui a un air désespéré gravé sur le visage. Et pour la première fois depuis que je suis enfermé ici, j’ai peur… peur de ce que sera demain.
******************************
Une autre semaine s’est écoulée.
A nouveau, je grave un petit bâton sur le mur. Quarante-deux jours que je suis ici.
La petite Carlie est, une fois de plus, collée contre moi ; elle vrille son regard d’enfant sur ma petite Bella, terrorisée. Et il y a de quoi…
Deux jours avant, la petite s’est écorchée et Bella s’est métamorphosée en créature sanguinaire.
Je ne reconnaissais plus ma fille. J’avais à faire à son double démoniaque…
Les yeux d’un noir d’encre, les lèvres retroussées sur ses dents en un rictus menaçant, et le visage déformé par la soif intense qui la tenaillait, elle dardait la petite d’un regard affamé en hurlant « sssssoif ! sssssoifffff ! »
Ses chaînes cliquetaient sous la tension et ses cris inhumains emplissaient la pièce.
Elle est sortie de sa transe lorsque Félix est entré en riant, tapotant le mur invisible qui nous protège, Carlie et moi, des autres vampires. Il n’était plus qu’à quelques misérables centimètres de nos corps.
Lorsqu’elle s’est aperçue du spectacle qu’elle offrait, Bella s’est mise à gémir, mortifiée.
Elle n’y est malheureusement pour rien, sa soif a raison d’elle.
Moi je l’ai compris, mais allez expliquer cela à une enfant de cinq ans…
Une fois de plus, Alec vient nous chercher, la petite et moi, et nous emmène dans le salon pendant que Bella subit sa séance de torture quotidienne. Enfin rééducation, comme dirait Félix…
C’est épouvantablement difficile de faire abstraction de ce qu’il pouvait se passer dans cette pièce pour se concentrer sur Alice. Et puis, si la petite Cullen m’avait vu, ils seraient déjà là, non ?
Dans un coin du salon, Carlie joue aux petits chevaux avec Alec. Il est étrange depuis que la gosse est là… son regard ne quitte jamais la petite.
Au bout de plusieurs minutes ? Heures ? Nous retournons dans la cellule.
Jane ainsi qu’une grande rouquine à l’air sauvage habillent Bella, ses anciens vêtements à présent en lambeaux ne couvrent plus son corps.
Si les chaînes ne la retenaient pas, Bella serait affalée au sol. Son regard est vitreux et sa respiration laborieuse.
Félix fait un signe à Jane, et au même moment, je m’écroule par terre, hurlant de douleur. Je brûle ! Les flammes lèchent mes organes, mon corps, et je ne peux que hurler ma souffrance. TUEZ-MOI !
- ASSEZ !
Dès l’instant où la voix de ma fille résonne, la douleur cesse. Félix, lui, rigole ouvertement.
- Parfait ! Tu vois ma beauté, encore deux petites journées et tu seras à nouveau à moi…
- JAMAIS !
Je me relève difficilement et prends la petite Carlie dans mes bras tandis que la rouquine et Jane sortent. Le double démoniaque d’Alec me fait un grand sourire et à nouveau, je brûle. C’est elle qui fait ça… Seigneur, tuez-moi ! C’est intolérable !
- STOP !
La douleur s’arrête à nouveau.
Je reste pantelant sur mon matelas, la petite entre les bras, et assiste impuissant à la discussion entre Félix et ma petite fille, le corps lessivé par la souffrance.
- Mon Isabella…
- Je ne serai jamais « ton » Isabella !
- Oh mais si ! Demain, j’irai chercher mon ami Siegfried à l’aéroport. Je t’en ai déjà parlé, il arrive à manipuler les souvenirs, t’en supprimer, t’en implanter de nouveaux…
- Il ne pourra… rien me faire… mon esprit… est inviolable…
- Oh mais c’est là que tu te trompes, beauté ! Regarde ton père, Jane a pu le torturer à sa guise… tes boucliers ne le protègent plus efficacement… et toi non plus, d’ailleurs… tu n’en as plus la force !
Ma fille lui jette un regard meurtrier et gronde sauvagement, comme un animal furieux et blessé.
- Aaaah ma beauté… si tu savais à quel point j’ai hâte que l’on reprenne nos petits jeux tous les deux… tu es une partenaire extraordinaire… avide de nouveautés…je suis pressé de t’entendre supplier mon fouet… te voir nue et offerte, prête à me servir…
Je rêverais de pouvoir faire taire ce grand malade ! Ses idées sont malsaines, tordues, viles, ce sadique mérite de crever la gueule ouverte !
Je grommelle un chapelet d’insanités tout en couvrant les oreilles de Carlie. Elle n’a pas besoin d’entendre les délires pervers de ce monstre !
Félix se tourne vers moi et son sourire s’agrandit.
- Oh ! Vous n’êtes pas au courant ? Votre petite Isabella ne vous a jamais parlé de ses penchants « pervers » comme vous dites ? Si vous saviez… Ah ! Ah ! Elle adore être attachée… nue et écartelée au maximum… vous ne pouvez pas imaginer le nombre de fois où elle m’a supplié de la baiser avec ma cravache… si vous l’aviez vue… nue… luisante de sueur… sa petite chatte dégoulinante de plaisir… ma cravache ruisselant de son jus… allant et venant en elle… ma beauté me suppliant d’y aller plus vite… plus fort… elle ne vous en a jamais parlé ?
Je suis choqué par ses propos, ça ne peut être que mensonges !
Mais lorsque je vois le visage déconfit, envahi par la honte et le remord, de ma fille, je me rends compte que ce monstre dit vrai…
- Ah ! Ah ! Ah! Et oui, votre innocente petite fille est une vraie chienne au lit! Si vous saviez tout ce que je lui ai déjà fait… et tout ce que je prévois de lui faire… Humm… j’en bande rien que d’y penser ! Sur ce, je vous laisse, j’ai… quelques petits détails à fignoler pour demain. Au revoir ma beauté !
Il lui lèche le cou et Bella lui mord violemment la joue.
- SALOPE !
Il la gifle et la tête de ma fille valse dans tous les sens. Félix finit par sortir en rigolant.
Je me lève et m’approche de ma fille, soulève le bas de son tee-shirt, et vois que son ventre est à nouveau recouvert de profondes lacérations. Je n’ose imaginer ce que ce taré lui a encore fait subir…
Je ne sais pas si je dois être écœuré ou déçu, je suis encore trop choqué par les révélations de Félix. Tout ce que je vois, c’est que ma petite fille souffre.
Après m’avoir regardé, les yeux envahis de dégoût et tristesse, Bella se met à parler d’une voix blanche, le visage vide de toute expression.
Elle me parle de sa rencontre avec Félix et je ne peux que souffler de soulagement lorsque j’apprends qu’il l’a sauvée d’une violente agression. Puis elle me raconte sa cour acharnée, son amour – ou ce qu’elle croyait être –pour lui, sans savoir ce qu’il était réellement, puis elle m’explique que ‘oui’, effectivement, elle se faisait ligoter, cravacher… mais que pour elle, qui était si naïve en matière de sexualité, c’était de l’amour, elle croyait réellement que cela se passait ainsi pour tous les couples.
- Euh… dis-moi… est-ce que le jeune Cul… euh… Edward… euh… lui aussi il a des… penchants… comme ça ? Je ne sais même pas si j’ai envie de savoir…
- PAPA ! Je te demande ce que tu fais au lit avec Sue ? Non ! Mais euh… engénéralc’estluiquifinitattaché…
Elle se met à geindre comme un animal blessé ; elle est terrorisée par l’arrivée prochaine de ce Siegfried qui pourrait lui faire oublier Edward… Au moment où j’enroule mes bras autour de ma fille pour la consoler, elle se raidit en grondant doucement.
- Papa non ! S’il te plait…
- Oh ! Désolé ma chérie, je…
- Ne t’excuse pas, tu n’y es pour rien… c’est juste que c’est intolérable de ne pas te mordre…
- Je…
La porte s’ouvre sur Alec. Il nous amène nos victuailles. En saisissant le carton contenant nos hamburgers et boissons, je vois un petit morceau de papier replié. Je le regarde étrangement et Alec me fait signe de me taire avant de caresser tendrement la tête de la petite Carlie et de ressortir.
Je déplie le papier et y lis les quelques mots suivants, calligraphiées d’une écriture moyenâgeuse.
« Hormis James, la maison sera entièrement vide demain matin.
Bella doit absolument trouver une solution pour vous sortir de là avant midi.
Quoiqu’il arrive, bonne chance à tous les trois. »
Bella doit absolument trouver une solution pour vous sortir de là avant midi.
Quoiqu’il arrive, bonne chance à tous les trois. »
Je fais lire cette courte missive à ma fille. Ses yeux bondissent sur le papier. Elle hoche la tête puis se plonge dans ses pensées.
Par sécurité, mais aussi pour éviter des soucis à Alec, je mâche le papier avant de l’avaler. Manque de sel, c’est vraiment infect !
J’aimerai pouvoir aider ma fille à trouver un plan d’action, malheureusement, les vampires ont l’ouïe fine…
En attendant, fébrile, je m’occupe de la petite Carlie.
Je dors mal cette nuit-là. Très mal.
J’ai peur que, quoiqu’il se passe, nous ne puissions sortir d’ici… J’ai peur de l’avenir que Félix réserve à ma fille… J’ai peur que Bella « oublie » son fiancé… j’ai peur que Carlie et moi ne soyons son premier festin humain…
Je me réveille en sursaut, la tête lourde. Je n’ai pas beaucoup dormi, d’ailleurs, je ne me souviens même pas de m’être endormi…
Je me frotte les yeux et me tourne vers Carlie lorsque je l’entends sangloter.
Elle est recroquevillée dans un coin de la pièce, la tête coincée entre les genoux, ses mains la recouvrant. Son petit corps tremble, secoué par de violents pleurs, et des petits gémissements plaintifs, craintifs, me parviennent à l’oreille. Elle sursaute lorsque je lui caresse la tête et mon regard tombe sur ses grands yeux effrayés.
- Laaaa… petite Carlie, calmes-toi ! Que se passe-t-il ?
- C’est… c’est… c’est la dame… elle me fait peur… Chuchote-t-elle d’une voix timide.
Je me tourne vers Bella afin de comprendre la réaction de Carlie.
Ce que je vois me terrifie.
Je suis sur le point de mourir…
pas possible que ca finisse comme ca y a trop de suspense
RépondreSupprimermais j'adoreee ton histoire j'ai hâte de lire la suite
une nouvelle lectrice qui dévore les chapitres
Bonjour à toi,
RépondreSupprimerLa tu nous tiens en haleine de maniere extraordinaire, je m'attendais a voir un2eme chapitre ce week-end donc toutes deux minutes j'allais sur ton site. Malheureusement rien, snifffff, snifffff. Je t'en supplie poste nous la suite des que tu peux, je suis folle de ta fic et l'attente est insupportable. A bientot,
Creamy
Hello!!
RépondreSupprimerAller Bella c'est bientôt fini, non? J'adore, hâte de lire la suite!!
Prend soin de toi!!
@+ Ilonka
Coucou,
RépondreSupprimerTrès beau ce chapitre . J'ai été surprise du choix du POV Charlie au départ mais il retranscrit vraiment très bien la situation.
Bella a du mal avec sa soif mais je suis sure qu'elle a un plan.
J'attends avec impatience la suite.
Bisous
Eliloulou
Je vois qu il n y a pas qu Emmett qui peut mettre de l ambiance Charlie est comique même face a de méchants predateurs.
RépondreSupprimerSuspence toujours soutenu c cool, tu nous tiens comme de faibles humains que nous sommes tu vas nous croquer avec la suite qui est tres attendue.
Bonne inspiration
a plus
Samystere