Edward & Bella

Edward & Bella

jeudi 14 avril 2011

42 - Inespéré

Le cri de Sue Clearwater se répercutait dans la villa, son écho résonnant jusque dans la forêt ; personne n’avait bougé, chacun étant figé dans ses propres questionnements. Alice et moi nous observions, encore chamboulés par la vision qu’elle avait eue et que j’avais suivie en direct. Jasper était plié en deux au sol, en position fœtale, roulé en boule sous le poids de la douleur et du désespoir. Bella fut la première à réagir. Elle se releva brutalement, le visage blême, ses lèvres s’écartèrent doucement et un « papa » presque inaudible s’en échappa. Le temps que je tourne la tête, elle était déjà sortie du bureau et dévalait les escaliers, Carlisle, Alice et moi sur les talons. Jasper nous rejoignit une fois qu’il fut capable de gérer la souffrance qu’il ressentait. J’arrivais dans le salon et y trouvais ma mère ainsi que Carmen, soutenant une Sue effondrée, le visage ruisselant de larmes et la respiration difficile, entrecoupée par de violents sanglots. Un téléphone portable gisait lamentablement à ses pieds et ses mains tremblantes étaient plaquées sur sa bouche, retenant une nausée imaginaire. Bella se rua sur Sue et se mit à la secouer comme un prunier, aboyant une foule de question que la malheureuse femme était bien incapable de comprendre vu l’état actuel des choses.

- Qu’est-ce qu’il se passe ? Pourquoi as-tu crié ainsi ? Qu’est-il arrivé à mon père ? Pourquoi ne m’a-t-on pas appelée ? Pourquoi toi ? Qu’est-ce que tu sais ? Où est papa ? Qu’est-ce que…
- Bella, calmes-toi ! Tu vois bien que Madame Clearwater n’est pas en état de te répondre ! S’écria ma mère en essayant de raisonner ma compagne.

Peine perdue car Bella continuait toujours de malmener Sue, l’abreuvant de centaines de questions et la secouant inlassablement. Je la ceinturais fermement et l’écartais de l’indienne qui manquât tomber une fois relâchée, son petit corps secoué par de violents spasmes et ses jambes tremblantes incapables de soutenir son poids. Carlisle la rattrapa avant qu’elle ne s’effondre puis l’aida à s’asseoir sur le sofa et Carmen revint de la cuisine avec un verre d’eau que mon père fit boire à Sue.
Dans mes bras, Bella se débattait comme un beau diable et il fallut toute ma patience et la persuasion de Jasper pour qu’elle consente à se calmer un minimum et laisse Sue parler.
Mon frère fit agir son don sur l’indienne qui finit par se détendre quelque peu et mon père posa une main compatissante sur son épaule.

- Qui vous a appelé, Sue ? Pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous êtes dans cet état ?

Madame Clearwater jeta un bref regard apeuré et triste à Bella avant de souffler profondément et de prendre la parole, regardant mon ange droit dans les yeux. Je la sentis se raidir entre mes bras et renforçais donc ma prise sur son corps, l’enserrant dans une étreinte de fer.

- Je… je suis dé… désolée ma chérie… C… C’était l’a… l’Agent Spécial Ma… Mallone… C’est lui qui… qui dirige l’enquête… sur laquelle Charlie prête… main forte… S’il… s’il m’a appelée… c’est parce que je suis la… la personne à contacter en cas de… en cas de…
- POURQUOI TOI ? C’est moi sa fille ! C’est MOI qui dois être prévenue !

Bella était folle de rage et de chagrin, l’inquiétude la bouffait de l’intérieur, la frustration de ne rien savoir la rendait dingue et j’avais de plus en plus de mal à la maintenir en place.

- Calmes-toi mon ange, je t’en prie ! Laisse-la parler, détends-toi…

J’embrassais doucement sa tempe et jetais un regard impuissant à Jasper qui tentait tant bien que mal de percer les barrières physiques et mentales de Bella. Elle nous étonna tous en se tournant vers lui, l’implorant de son regard envahit de terreur et de souffrance.

- Jazz… s’il te plait… aide-moi… Le supplia-t-elle d’une toute petite voix.

Brusquement, son corps se détendit entre mes bras au point que ses jambes ne supportaient plus son poids, comme si elles avaient pris, à peu de chose près, la consistance d’une guimauve. Bella avait réussi à abaisser suffisamment ses barrières pour que le don de Jasper fonctionne sur elle.
Mon frère ne se le fit pas dire de fois et il bombarda le salon, à présent bondé puisque mes frères et sœurs ainsi que la Meute et les Dénali avaient envahi les lieux, de vagues de calme et de sérénité.
Enfin, Bella se tourna vers Sue et lui fit signe de continuer.

- Charlie… Ton père… il estimait que tu avais subi bien trop d’horreurs en peu de temps… Il ne voulait pas… y ajouter l’appel d’un agent du FBI ou de police au manque de tact flagrant… il ne voulait pas qu’en cas de problèmes… tu sois contactée… C’est pour ça qu’on m’a appelée… Il… Il…

Sue s’effondra à nouveau en larmes, à moitié hystérique malgré le calme que Jasper maintenait artificiellement dans la pièce. Carlisle monta dans son bureau et revint quelques secondes plus tard avec une seringue et un flacon d’anxiolytique qu’il injecta à Madame Clearwater, sous le regard inquisiteur des Quileute.
Au bout de quelques minutes, le calmant fit son effet et Sue reprit la parole.

- Bella… Charlie a eu un accident… ça s’est produit ce matin, très tôt… à l’aube… le soleil se levait à peine… Il a percuté un… un cochon sauvage… il n’a pas su contrôler sa voiture… Il a… Il a foncé dans le lac Michigan… Ils ont… ils ont retrouvé son véhicule mais ils… mais ils… aucune trace de Charlie… le lac est… le lac est grand… ils recherchent… son c… son corps…
- NOOOON ! Pourquoi t’as rien vu Alice ? POURQUOI ?

Bella se débattait entre mes bras tandis qu’Alice éclatait en sanglots secs.

- Bella… mes visions sont subjectives… elles dépendent de ce que les gens décident. Je ne peux voir que les évènements futurs, je…
- Sauf la vision que tu viens d’avoir Alice… Ce n’était pas le futur, apparemment…

Carlisle bondit avant de nous regarder, Alice et moi, avec des yeux ronds.

- Comment cela, Edward ? C’est une vision d’un événement passé qui a rendu Alice léthargique ?
- Et bien… je ne sais pas trop en fait… mais sa vision portait sur Charlie donc…
- Je ne comprends pas ce que tu essayes de nous dire, Edward. Pourrais-tu être plus clair ? Qu’as-tu vu, Alice ? Nous demanda mon père, à la fois inquiet de ce que nous avions vu sur Charlie mais aussi surexcité du changement du don d’Alice.
- D’habitude, mes visions portent sur des évènements qui n’ont pas encore eu lieu et qui pourraient se produire si la personne concernée a une idée précise en tête, commença Alice calmement, par exemple, si Emmett voulait chasser un grizzly demain, je le verrais combattre un ours. D’habitude, je suis témoin de ce qu’il se passera mais là… je n’étais pas le témoin, j’étais Charlie…
- Qu’entends-tu par « tu étais Charlie » ? Demanda Eléazar, surpris par le ton grave de ma sœur.
- J’étais Charlie, au volant de sa voiture, je pensais ce qu’il pensait, je ressentais ses émotions, ses sentiments, je… je… j’étais Charlie, quoi !

Quelque chose me chiffonnait dans les explications de ma sœur. J’avais vu ce qu’elle voyait mais je ne comprenais pas ce sentiment de malaise qui m’assaillait à cet instant, jusqu’à ce que je mette la main dessus.

- Sue… avec le décalage horaire, il est quelle heure à Chicago ?
- Le décalage ? L’heure ? Mais pourquoi ?
- Quelle heure est-il approximativement à Chicago ?
- Je ne sais pas trop… 21 heures, peut-être 22… je sais seulement que c’est le soir, l’Agent Mallone m’a appelée une fois que l’équipe avait stoppé ses recherches à cause de la nuit qui tombait… pourquoi ?

Alice me regarda, stupéfaite par mon cheminement de pensées. Nous en arrivions à la même conclusion…

- Edward ! Alice ! Que se passe-t-il ? Qu’avez-vous ?
- Y’a un truc qui ne colle pas, Carlisle… Alice n’a pas vu le passé, elle a vu le présent…

Carlisle éclata d’un rire sans joie avant de nous regarder tour à tour, l’affliction gravée sur son visage, comme si nous étions des gamins de cinq ans auteurs d’une mauvaise blague.

- Voyons Edward, tu dis n’importe quoi ! L’Agent Mallone a bien dit que le Chef Swan avait eu un accident ce matin !
- Je sais bien Carlisle mais… Écoute, dans la vision d’Alice, la nuit tombait. Charlie était crevé et ne pensait qu’à rentrer à Forks afin de voir Bella et Sue…
- Et alors, ça ne veut rien dire ! Il est fort possible que la vision qu’Alice ait eue relatait les évènements d’hier soir mélangés à ceux de son accident !
- Dans ce cas, comment expliques-tu que Charlie savait « hier » que Bella rentrait de notre soit-disant voyage ? Cela ne s’est décidé qu’aujourd’hui !

Sue se figea, la bouche ouverte et le visage pâle.

- Je… je… Lorsque vous êtes rentrés de Seattle tout à l’heure et que j’ai su que Bella avait réussi le test d’être en présence d’humains sans problème j’ai… j’ai appelé Charlie pour lui dire que Bella et toi rentriez de votre voyage au Brésil… Je… je ne l’ai pas eu directement, je… j’ai laissé un message sur son répondeur… ça… ça ne fait que quelques heures qu’il le sait…

Ce fut au tour de mon père d’être frappé de stupeur et d’avoir la chique coupée. Sa bouche s’ouvrait et se refermait mais aucun son n’en sortait. Bella, quant à elle, se balançait entre mes bras, les yeux fermés, totalement étrangère à ce qu’il se passait, comme coupée du monde.

- Qu’est-ce que ça veut dire Car… Carlisle ? Co-comment a-t-il pu avoir son accident ce matin et Al-Alice une vision de Cha-charlie ce soir ?
- Je n’en ai aucune idée, Sue mais apparemment cet inspecteur se trompe… Je devrais peut-être essayer de le contacter et tirer ces informations au clair. Pourriez-vous me donner son numéro, Sue, que j’appelle cet agent ? Merci.

Carlisle retourna dans son bureau et pendant ce temps, Jasper tentait tant bien que mal de maintenir un calme artificiel dans la pièce. Sue Clearwater sanglotait sans retenue dans les bras d’Esmée et mon ange était totalement prostré au sol, le visage enfoui dans les genoux et les bras croisés au-dessus de la tête. Nous nous sentions tous impuissants face à ce qu’il se passait et les membres du clan Dénali étaient mal à l’aise, ils avaient l’impression d’être de trop.
Au bout d’une vingtaine de minutes, mon père revint, le visage neutre mais l’esprit embrouillé d’un milliard d’interrogations. Nous nous tournâmes tous vers lui, impatients de connaître les réponses que son interlocuteur lui avait données.

- Je viens d’avoir une drôle de conversation avec l’Agent Spécial Mallone… Comme vous devez le savoir, le FBI a alloué une voiture de fonction au Chef Swan, et c’est bien cette voiture qui a été repêchée dans le lac Michigan ce matin. J’ai également appris que Charlie ne devait pas travailler aujourd’hui, il voulait se reposer avant de prendre la route. Ils se sont donc rendus à son hôtel, espérant que la voiture avait été volée. Malheureusement, Charlie n’y était pas…
- C’est-c’est-c’est normal Carlisle… Cha-charlie a trouvé une petite ca-cabane de pêcheurs au bord du lac. Il-il y vit depuis quelques jours…
- Vous en êtes certaine, Sue ? Apparemment, le FBI n’en savait rien…
- Su-Sûre et certaine !
- Bref. Qu’il soit à l’hôtel ou dans cette cabane, personne ne l’a trouvé. Ils ont tenté de le contacter par téléphone depuis la découverte de la voiture et leurs appels sont restés sans réponse. Par contre… ils viennent juste de retrouver son téléphone portable, au bord du lac… Votre message le prévenant du retour d’Edward et Bella était toujours dans le répondeur et chose étrange, il était archivé. Charlie pourrait donc l’avoir reçu…

Bella releva la tête à ce moment-là puis se redressa violemment, manquant de me faire tomber au passage.

- Et ça signifie quoi tout ça ? Est-ce qu’il serait possible que mon père n’ait pas eu d’accident ce matin ? Alors pourquoi ces pseudos-recherches ? Et s’il vient seulement d’avoir son accident, il pourrait être inconscient ou blessé, quelque part sur les berges du lac ! Il est perdu, il faut le retrouver ! On doit y aller !
- Et comment veux-tu qu’on le retrouve, Bella ? Imagine qu’il se soit noy…
- Non ! Taisez-vous, je ne veux pas entendre ça ! On doit tout faire pour le retrouver !
- Tiens, tiens… On arrive au bon moment apparemment mon amour…

Nous nous retournâmes d’un mouvement vif au son de cette voix inconnue et découvrîmes avec stupeur deux vampires sur le pas de notre porte, un mâle et une femelle, que nous n’avions pas entendu ni senti arriver, trop pris par les évènements. Les pensées de Laurent s’affolèrent, il paniquait complètement. Apparemment, il les connaissait tous les deux et était loin d’être ravi à l’idée de les revoir. Mon père s’avança vers les nouveaux-venus qui nous observaient d’un air goguenard et dégoûté à la fois puis prit la parole.

- Bonsoir, je suis Carlisle Cullen. Vous vous trouvez actuellement chez moi et j’aimerai connaître vos noms et également la raison de votre intrusion dans une… réunion de famille.

Le mâle, plutôt grand et assez trapu, de longs cheveux blonds et sales attachés en catogan, prit la main de sa compagne, une grande femelle à la crinière d’un roux flamboyant puis s’approcha de Carlisle. Leurs yeux cramoisis ne laissaient aucun doute sur leur alimentation.

- Je m’appelle James et elle, c’est Victoria… Nous avons entendu parler de notre vielle connaissance Laurent il y a quelques jours, nous savions qu’il se trouverait ici…

Mon père se tourna vers le compagnon d’Irina, le regard envahi de questions silencieuses.

- Laurent, tu connais ces deux personnes ?
- Je… eu… Oui Carlisle… je…
- Ah ! Ah ! C’est d’être entré dans la secte des adorateurs de fourrures qui te met dans cet état Laurent ? Je ne te savais pas aussi gêné ! Se moqua le dénommé James.
- Je… euh… ça fait longtemps James… je ne m’attendais pas à te revoir, c’est tout…
- Pourrais-tu nous dire qui ils sont, Laurent ? S’impatienta mon père.
- James et Victoria… J’ai parcouru le monde avec eux pendant un peu plus d’un siècle avant de rencontrer Irina. Mais qu’est-ce que vous venez faire ici ?

La dite Victoria s’installa sur le sofa, observant les alentours, et jeta un regard écœuré aux loups tout en fronçant le nez, mais sans vraiment savoir pourquoi, tandis que James s’approcha de son « ami » et lui fit une accolade.

- J’ai eu quelques échos par l’un de nos amis communs… Benoît, tu t’en souviens ? Et… j’ai appris des choses intéressantes… Il semblerait que vous souhaiteriez vous attaquer au « Fléau ». Tu me connais Lau… je suis toujours à l’affût d’une bonne bagarre ! Pour résumer, nous sommes venus vous prêter main forte !

D’après les pensées de Jasper, un fort sentiment de sincérité habitait ces deux vampires. J’étais cependant ennuyé par le contenu de l’esprit de nos nouveaux-venus, leurs pensées étaient totalement décousues, leurs idées passant du coq à l’âne, ils ne se fixaient pas même une seconde sur une pensée et je me trouvais parfaitement incapable de savoir ce qu’ils pensaient.
Laurent, quant à lui, était mal à l’aise à l’idée que ses anciens compagnons de route soient avec nous. En plongeant dans son esprit, j’eus accès à certaines scènes d’une barbarie sans nom, principalement des chasses à l’humain, choses qui furent le quotidien de Laurent pendant de nombreuses années et qu’il souhaitait maintenant plus que tout oublier.

Je suis désolé Edward… J’ai tout fait pour ne pas les croiser lorsqu’on cherchait des contacts avec Irina. Je ne voulais pas qu’ils sachent, ils sont… sanguinaires… opportunistes… Je… Il ne faudra jamais les lâcher de vue… je n’ai pas confiance en eux…

- Aaaah ! Mais qu’est-ce que c’est que cette odeur ? Qu’est-ce qui pue comme ça ?

Je me tournais vivement vers Victoria qui s’était exclamée avec une grimace de dégoût, mettant ainsi fin à mon échange muet avec Laurent.
Les deux nouveaux-venus observaient les Quileute méthodiquement puis James fit un bond en arrière, étonné.

- Mais vous êtes quoi ? Vous avez un cœur qui bât, je l’entends, mais vous n’êtes pas humain ! Un humain n’empeste pas autant… Vous sentez le zoo… le fauve… non ! Vous puez le chien mouillé !

Jacob, habitué à nos échanges de mots doux, explosa de rire tandis que Sam grondait doucement, vexé par les paroles du vampire. Paul, lui, n’arrivait plus à se contenir, il y avait trop de vampires à son goût près de lui, surtout trop de « bouffeurs d’humains ». Il se mit à trembler violemment et Emmett eut juste le temps de le jeter sur son épaule avant de sortir comme une furie et de balancer l’indien à une centaine de mètres au sol qui explosa sous nos yeux, se muant en un gigantesque loup gris.

- DES ENFANTS DE LA LUNE ! Hurlèrent James et Victoria en se mettant instinctivement en position de défense.

Carlisle s’approcha d’eux et leur intima de se calmer avant de lancer un regard sévère aux Indiens.

- Ne vous inquiétez pas, ils ne vous feront pas de mal… Ce ne sont pas de véritables « enfants de la lune », ils…
- Et cette… chose dehors, vous en faîtes quoi ? Cracha le blond d’une voix venimeuse.

Jacob s’approcha à son tour, les bras croisés sur le torse, et planta son regard sombre et froid dans celui effrayé et calculateur du vampire.

- Nous sommes des modificateurs, sangsue, pas des choses… Nous nous métamorphosons en loup uniquement lorsque des vampires menacent les humains… Nous sommes des Protecteurs.

James se tourna vers mon père et siffla à voix basse.

- Vous allez les laisser nous tuer ? Vous vous alliez à ces… monstres ? Ce sont nos ennemis naturels !
- Il fut un temps où nous étions ennemis. Mais…certains évènements nous ont obligés à nous allier et depuis nous entretenons des relations cordiales voire amicales avec le peuple Quileute. Si vous acceptez le traité que nous avons conclu avec la Meute, vous n’aurez pas de problème avec eux…

C’est vite dit… sangsues… parasites… ça devrait pas vivre ces choses-là !

Je m’avançais à mon tour, relâchant ma Bella qui était toujours prostrée au sol, le corps tremblant parcourus de sanglots asséchés et silencieux.

- Jacob ! C’est bon… Nous avons conclu un pacte avec les Loups il y a soixante-dix ans. Nous n’attaquons aucun humain dans la région et nous n’allons pas sur leurs terres et en échange, ils nous laissent tranquilles et gardent le secret sur ce que nous sommes. En ce qui concerne ma famille, nous nous contentons de sang animal. Quand nous avons des invités au… régime traditionnel… ils se nourrissent en dehors de l’état ou se contentent du sang que mon père subtilise à la banque de sang de l’hôpital où il travaille.

Victoria ouvrit de grands yeux étonnés et se tourna vivement vers mon père.

- Vous travaillez dans un hôpital ! Mais comment ?
- Je suis médecin, oui. On va dire que depuis le temps que je parcoure cette terre, je me suis immunisé au sang humain. Je n’ai jamais eu à tuer un humain pour me nourrir et je préfère mettre mes… capacités, dirais-je, au service de la vie.

Alors que mon père continuait ses explications, Bella se releva brutalement, le regard noir de fureur et voilé par l’inquiétude.

- Les mondanités, c’est bien gentil mais il y a plus urgent ! Il faut retrouver Charlie ! Vite !
- Vous avez perdu l’un des vôtres ? Je peux vous aider à le retrouver, c’est dans mes cordes… Lança James d’un ton badin en contemplant les ongles de sa main droite.

Alors que ses pensées étaient très emmêlées, j’eus accès à certaines parties de chasse dont j’aurai préféré me passer…

- Tu es un traqueur ?

Il me répondit en hochant légèrement la tête, un petit sourire carnassier aux lèvres.

- Et c’est quoi ça, un traqueur ? Demanda ma douce d’une voix tendue.
- C’est… un peu comme un don… Son odorat et son ouïe sont plus développés que chez nous autres… Et il a une espèce de sixième sens… S’il capte une odeur qui lui plaît, il en deviendra obsédé et son instinct le poussera à traquer cette personne sans relâche jusqu’à la retrouver…
- Ce que ton… compagnon… essaye de t’expliquer, délicieuse créature, c’est qu’une fois que j’ai jeté mon dévolu sur une proie, elle ne peut pas m’échapper, même si elle se cache à des milliers de kilomètres… Je peux donc aisément retrouver celui que vous avez perdu, il me faut simplement capter son fumet… Expliqua James avec un sourire charmeur à l’intention de ma douce, qui me fit gronder.

J’entendis brièvement Sue dire à Sam qu’il y avait un pull appartenant à Charlie, dans sa voiture. Le Quileute sortit rapidement pour revenir quelques secondes plus tard, un tas de tissus informe entre les mains, puis il le tendit à James.
Le vampire inspira lentement le pull, s’imprégnant de la délicieuse odeur humaine, puis ouvrit de grands yeux choqués.

- C’est une plaisanterie ? Tout ce remue-ménage pour un casse-dalle ?

Il eut à peine le temps de finir sa phrase qu’il finit encastré dans le mur, la trachée comprimée par la poigne solide de ma Bella dont les yeux noirs comme une nuit sans lune brûlaient d’une intense colère.

- Le casse-dalle en question, c’est mon père… Alors maintenant, soit tu nous aides à le trouver, soit tu te casses…
- Lâche… moi…

Il est immonde ! Il pue la luxure à 100 mètres… ça l’excite de se faire dominer par Bella… Erk ! Ses sentiments sont écœurants…

Jasper me calma à l’aide de son don avant que je ne me jette sur cet intrus qui bavait d’excitation face à ma Bella. Mon ange, elle, relâcha James qui se massa la gorge, là où ma douce avait frappé. Un peu plus et sa misérable tête aurait sauté de son cou tel un bouchon de champagne.

- OK ! OK ! J’vais vous l’retrouver cet humain… Pfff… Non mais t’y crois, Vicky ? Tout ça pour un casse-dalle ! Tristesse et sombre décrépitude…
- La ferme, sangsue ! S’énerva Jake. L’humain en question, on y tient énormément. De toute façon, on n’a pas besoin de toi pour le retrouver, on peut très bien se débrouiller tous seuls !
- Ah ouais, et comment ? En reniflant le sol à la recherche d’une flaque de pisse comme les bons gros toutous que vous êtes ? C’est bon, j’vais vous aider. De toute façon, je n’ai plus le choix, maintenant… Son odeur m’enivre… Je dois le trouver…

Bella l’agrippa de nouveau à la gorge avant de susurrer à voix basse et venimeuse.

- Tu le trouves, d’accord… Mais ne t’avises pas d’y toucher où je te jure que je te ferai la peau…

James acquiesça et, n’ayant pas confiance en nous, surtout en les loups, il décida que sa compagne partirait également en chasse avec lui. Sam, quant à lui, imposa que Seth, Quil et Jared, les accompagnent. Il fut également convenu que Kate et Garrett se joindraient à eux, tout comme mon père au cas où Charlie nécessiterait des soins médicaux d’urgence.
Laurent me fit comprendre mentalement qu’il souhaitait me parler, à l’abri des oreilles indiscrètes. Alice eut un flash de notre discussion et après un bref signe de tête à Jasper, ils nous rejoignirent sur le perron.

Pas ici, il pourrait nous entendre… Rendez-vous dans 20 kilomètres au nord.

Nous fonçâmes tous les quatre dans la direction demandée par Laurent puis une fois suffisamment loin de la villa, nous nous arrêtâmes.

- Ben dis donc, tu pouvais pas trouver encore plus loin, Laurent ? Rigola Jasper.
- J’ai longtemps vécu avec eux, ce n’est pas pour rien que je vous ai emmené si loin… Lorsque James dit que son ouïe est très développée, il ne plaisante pas… Ici au moins, nous sommes suffisamment loin pour qu’il ne nous entende pas…
- Que t’arrive-t-il, Laurent, tu m’as l’air inquiet…
- Je te jure, Ed… je vous jure que j’ai fait tout ce qui était vampiriquement possible pour qu’ils n’apprennent pas ce que nous préparons à l’encontre de Félix… J’ai fait exprès de les éviter alors que je savais où les trouver…
- Tu ne leur fais pas confiance ? Pourquoi être resté si longtemps avec eux, alors ?
- Je n’en sais trop rien… à l’époque je me nourrissais d’humains et les chasses à l’homme de James m’amusaient follement… Mais… je les connais… ils sont instables, violents, ne pensent qu’à s’amuser… Les problèmes que vous rencontrez avec Félix, ils s’en foutent ! Pour eux, surtout pour James, c’est juste une occasion de s’amuser à ne pas rater… Je ne le sens pas tout ça… Ne leur faites pas confiance… Jamais !

Laurent nous observait gravement, droit dans les yeux, chacun notre tour. Alice, elle n’avait pas bougé, se contentant de fermer les yeux à la recherche d’un quelconque flash du futur.

- Personnellement, il n’y a qu’une chose qui me dérange, à leur sujet… Hormis bien sûr le fait qu’ils aient des ego surdimensionnés… Je… Je n’arrive pas à les voir… Comme s’ils étaient incapables de prendre une décision… J’ai beau me concentrer sur leur avenir, je ne vois rien…
- C’est vraiment étrange, Alice… Pour tout dire, j’ai un peu le même problème… Ils pensent à une quantité de choses à la fois mais ne s’arrêtent jamais sur une idée… Et toi, Jazz ? As-tu des soucis les concernant ?
- Hmmm… non. Je n’ai ressenti chez eux que volonté, envie, allégresse, décision, sincérité. Ils veulent réellement nous aider ! Euh… de la luxure aussi… et pas que chez James…

Tu lui plais à la rouquine, frangin !

Alice se mit à faire les cent pas en se massant les tempes, comme font les humains pour chasser un mal de tête.

- Dis-moi, Laurent, est-ce que James a un don ? Ou alors Victoria ? Demanda-t-elle.
- Non, James est seulement un traqueur… Victoria n’a pas de don, cependant… Il était mal à l’aise, ne sachant pas comment annoncer ce qui allait suivre.
- Cependant quoi ? S’impatienta Jasper.

Laurent fit un bond en arrière, surprit par le ton de mon frère, puis chercha ses mots avec soin.

- Victoria a… elle sait… Victoria sait toujours comment se sortir d’une situation compliquée… Je ne sais pas comment expliquer autrement…
- Qu’entends-tu par là ?
- Et bien… elle trouve toujours une porte de sortie, quelles que soient les situations… à l’époque où je traînais avec eux, James avait flairé les parfums d’une jeune humaine et sa famille qui lui plaisaient particulièrement. Le souci, c’est qu’il y avait déjà une dizaine de vampires sur l’affaire… Des armoires à glace, imagines-toi une dizaine de types taillés comme Emmett… Et nous, on était que trois… James ne s’est pas démonté pour autant, il les voulait, les humains l’obsédaient… Avec l’aide de Victoria, on leur a fauché leurs proies, sous leurs nez ! Elle a su constamment nous dire comment agir et où partir, comment dévier leurs attaques, nous avons pu les semer et… nous régaler ensuite…
- Hein, hein… elle est douée pour l’esquive si j’ai bien compris…
- Ouais Jasper, c’est un peu ça… Pas spécialement incroyable, comme vos dons à vous, mais sacrément pratique, croyez-moi !

Alice, qui l’avait écouté avec application, recommença à tourner en rond.

- Je ne comprends pas… Même si son don c’est l’esquive, je ne vois pas comment ils peuvent brouiller mes visions ou encore la télépathie d’Edward ! Ça m’énerve ! Ça m’éneeeeerve ! Mais j’y pense, James nous a parlé d’un certain « Benoît » ! Lui aurais-tu parlé de nos dons, Laurent ?
- Quoi ? Mais non ! Jamais de la vie ! Je n’ai jamais parlé à qui que ce soit de vos talents, je vous le jure !
- Il dit la vérité, Alice. Expliqua Jasper tout en jetant une vague de calme sur notre mini-assemblée. Pourquoi pensais-tu que Laurent avait parlé, mon amour ?

Ma sœur se mit à triturer ses doigts, mal à l’aise, puis elle regarda le bout de ses chaussures avant de répondre d’une toute petite voix :

- Et bien… J’avais comme l’impression que James et Victoria étaient au courant pour nos dons… Je ne vois rien… Eddy n’entend rien… c’est comme s’ils savaient comment contourner nos défenses ! C’est bête, hein ? Désolée de t’avoir accusé sans raison, Laurent…
- Ne t’inquiète pas Alice, je comprends… Je n’aimerai pas être à ta place et avoir l’impression qu’on joue avec mon talent, si j’en avais un… On ferait bien d’y retourner, qu’ils ne nous soupçonnent pas trop… Ne leur faites pas confiance, c’est tout ce que je peux vous dire… Et surtout, je ne vous ai rien dit, hein ?

Nous hochâmes la tête brièvement avant de reprendre le chemin de la villa où nous retrouvâmes les autres en grande conversation sur le nouveau jeu du jour : « Trouver Charlie ».
Emmett ceinturait Bella dans un coin alors que celle-ci avait les yeux rivés sur James et grondait doucement. Le vampire aux yeux bordeaux lui souriait d’un air goguenard alors que des pensées lubriques à l’encontre de ma douce lui traversaient l’esprit. Je me mis à grogner lorsque je l’entendis et il haussa les épaules en s’excusant lorsqu’il s’aperçut que j’étais revenu et que je l’avais surpris en train de mater sans vergogne ma compagne.

J’y peux rien, mec ! Elle a un sacré beau p’tit cul ta nana ! Et la colère… humm… ça la rend cent fois plus bandante qu’elle ne l’est ! J’en ferai aisément mon quatre heures de ce beau p’tit lot…

Je lui jetais un regard perçant, ne comprenant pas le sens de ses pensées. Savait-il que je pouvais l’entendre et s’en excusait-il ? Ou au contraire, n’en savait rien et s’excusait pour lui-même d’avoir de telles pensées à l’encontre de ma belle ?
Alors que nous mettions au point un plan pour retrouver Charlie, James et Victoria profitèrent de l’hospitalité de mes parents pour prendre une douche, chose totalement incompatible avec leur mode de vie habituel. Alice leur donna des vêtements propres et confortables ainsi que des chaussures de randonnée, et une fois lavés et habillés, les deux nomades avaient une toute autre allure.
Au bout d’une heure de palabres sur qui allait faire quoi et comment, James et Victoria reprirent la route en direction de Chicago, à la recherche de Charlie Swan. Côté loup, afin de les aider dans la traque, Seth, Quil et Jared les accompagnaient, et côté vampire, mon père, Kate, Garrett, Laurent, car James et Victoria voulaient échanger quelques souvenirs du « bon vieux temps ». Irina ainsi que Jasper complétaient la troupe, mon frère devait s’assurer que les deux nouveaux-venus ne nous feraient pas d’entourloupes, mais également sonder la véracité des propos de l’Agent Mallone puisque les conditions de la disparition du Chef Swan n’étaient pas très claires. Sue leur donna également l’adresse de la petite cabane de pêcheur où Charlie logeait, des fois qu’il s’y trouverait…
Le groupe se mit enfin en route, Carlisle, Irina et Kate en voiture, et les autres à pied ; ils seraient plus vite arrivés. Mais allez expliquer à un humain, surtout un agent du FBI, qu’une personne est plus rapide à la course qu’au volant d’une voiture ! Il nous prendrait pour des fous…
Nous les observions partir, la peur et l’inquiétude au ventre, ne sachant pas dans quel état ils trouveraient le Chef Swan…
S’ils le retrouvaient.

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- Allez Bella ! S’il te plaît !
- Non Alice, je n’ai pas envie…
- Mais si, on va s’amuser ! Une petite chasse entre filles et ensuite quelques heures de shopping pour te…
- J’ai dit NON ! Laisse-moi s’il te plaît…
- Mais Be…

Ma sœur n’eut pas le temps de finir sa phrase que Bella était déjà loin, partie sans se retourner en direction de son refuge.
Cela faisait deux semaines que le Chef Swan avait disparu sans laisser de traces. Deux semaines que le groupe le recherchait inlassablement, nuit et jour, fouillant chaque buisson, chaque fourré, chaque terrier, chaque grotte, à la recherche d’une piste quelconque. Kate et Garrett allaient même jusqu’à sonder les fonds du lac Michigan, chaque nuit, à la recherche d’un corps éventuel.
Cela faisait deux semaines que Sue Clearwater pleurait toutes les larmes de son corps, se désespérant à la Push, entourée de sa fille, d’Emily et d’Angela qui se relayaient pour l’inciter à manger.
Cela faisait deux semaines que Bella ne parlait plus, ne se nourrissait plus, refusait la compagnie des uns et des autres, refusait tout contact, même le mien. Elle passait ses journées et ses nuits à méditer sur le gros rocher blanc près de la cascade dans la clairière, ne rentrant que pour prendre des nouvelles sur l’avancée des recherches sur son père.
Depuis que les nôtres étaient partis pour tenter de retrouver le Chef Swan, Bella s’était murée dans le silence et la solitude, fuyant constamment les conversations ou les personnes. Elle avait les nerfs à fleur de peau, bouffée par l’angoisse, mais elle se refusait à partager sa souffrance. Elle n’avait pas chassé depuis ce soir-là et commençait à être sérieusement rongée par la soif, ce qui n’arrangeait rien et ne faisait que compliquer les choses. J’avais tenté à plusieurs reprises de l’emmener chasser de force, j’avais même poussé le vice jusqu’à lui apporter ses proies et lui servir dans un verre, mais Bella était une vraie tête de mule et refusait obstinément de boire.
Je souffrais épouvantablement de la voir dans cet état, mais elle ne le voyait pas, obnubilée par la disparition de son père. Je la comprenais, bien sûr ; Charlie était le seul parent qui lui restait et elle l’aimait plus que tout. Je ne supportais plus de la voir se laisser-aller ainsi et j’étais certain que le Chef Swan refuserait qu’elle se laisse dépérir s’il lui arrivait quelque chose. Je lui avais dit, à maintes reprises. Et à chaque fois, ça avait dégénéré…
Allez donc essayer d’enfoncer quelque chose dans sa caboche épaisse et on en reparlera !
Ne supportant plus de tourner en rond dans le salon - enfin, je venais plutôt de me faire virer par Esmée car j’avais ruiné le parquet à force d’y faire les cents pas – je filai jusqu’au cottage afin d’évacuer toute ma frustration sur mon fidèle piano.
Alors que j’enchaînais les accords, laissant les notes s’égrener au gré de mes sentiments, mon regard tomba sur la bibliothèque, plus précisément sur une petite boîte à moitié cachée par les livres. Il fallait vraiment chercher pour la voir, mais je savais qu’elle était là.
Je savais également ce qu’elle contenait.
Mes yeux se vrillèrent sur l’écrin de velours bleu-nuit renfermant la bague de fiançailles que j’avais achetée pour Bella.
Les évènements s’étaient enchaînés si vite depuis le jour où je l’avais acquise… Je n’avais jamais trouvé le moment adéquat, ni pu faire ma demande.
Je voulais montrer à ma Bella que j’étais capable de romantisme avant de mettre le genou au sol et de poser la question qui scellerait notre éternité, je voulais faire de ce jour, ou cette nuit, un instant mémorable, mais pour cela, il me fallait encore attendre…
Je trouvais plutôt de mauvais goût le fait de demander sa main à Bella alors que nous étions toujours sans nouvelles de Charlie et que les chances pour qu’il soit encore en vie étaient de plus en plus maigres chaque jour.
Je m’acharnais sur les touches d’ivoire, évacuant frustration et tension accumulées ces derniers temps au gré des notes, le regard constamment attiré par l’écrin de velours du saphir. Ce misérable caillou, ridicule témoin des sentiments démesurés que je nourrissais pour ma douce, m’obsédait littéralement. J’étais incapable de réfléchir de façon cohérente, l’esprit envahi de mille et un fantasmes sur ma prochaine demande en mariage, mais l’instant était vraiment mal choisi. Tant que nous ne saurions rien au sujet de Charlie, je devrai garder le silence.
Mes doigts martelaient constamment le clavier lorsqu’une odeur sulfurée me parvint aux narines ; l’orage arrivait à grands pas et à peine cinq minutes plus tard, un éclair zébra le ciel, confirmant mes suppositions.
J’arrachai mon regard de l’écrin et le tournais vers la forêt, sachant pertinemment que malgré les trombes d’eau et les éclairs, Bella ne quitterait pas la clairière.
Je soufflais bruyamment et refermais sèchement le couvercle du piano, et ignorais volontairement la mélodie « chapi-chapo » provenant de mon téléphone alors que je me décidais à rejoindre mon ange. Ce n’était pas le moment de faire attention à Alice.
Je finis par rejoindre mon amour au pas de course mais ralentis lorsque la clairière fut en vue, m’offrant une vision de désolation qui me fendit le cœur.
Une déforestation massive avait eue lieu, agrandissant considérablement la trouée qu’il y avait auparavant. Quelques souches subsistaient parfois, semi-enterrées, mais dans la plupart des cas, les arbres étaient pulvérisés, les branches éclatées ça et là.
L’endroit qui, d’ordinaire, était couvert d’un agréable tapis de fleurs dès l’arrivée des beaux jours sera totalement nu et stérile au printemps, donnant l’impression d’avoir été labouré à l’aide d’une pelleteuse et passé au bulldozer.
L’atmosphère douce et chaleureuse avait laissé place à la désolation et à la tristesse. Un endroit désormais funèbre où régnait un chaos extrême…
Le seul élément intact de l’ancienne clairière était le gros rocher blanc, situé près de la cascade.
Comme je m’y attendais, une fois la surprise passée, je trouvais Bella, assise en tailleur sur le roc, parfaitement immobile, merveilleuse incarnation de la Beauté statufiée. Perdue dans ses pensées, le corps ruisselant de pluie, les yeux grands ouverts et rivés sur un point lointain, elle ne semblait pas s’être aperçue de ma présence.

- Bella ?

Seuls le silence et l’orage me répondirent.
Je m’approchais d’elle lentement, lui laissant le temps de capter mon odeur et ma présence, puis une fois à son niveau, mon visage face au sien, je me rendis compte qu’elle ne me voyait même pas ; elle avait le regard ailleurs, perdu dans un monde de chimères.
Je pris délicatement son beau visage si triste entre mes mains et effleurais doucement ses lèvres des miennes avant de me reculer le cœur gros en voyant qu’elle n’avait aucune réaction.
Un éclair aveuglant zébra le ciel avant que la foudre ne s’abatte près de nous, fendant un gros chêne liège au passage.

- Bella…
- …
- Bella viens ! S’il te plaît…
- …
- Il pleut mon ange… Ne reste pas là…
- …
- L’orage ne se calmera pas avant longtemps…
- …
- Je t’en prie Bella ! Rentre avec moi… S’il te plaît…

Je continuais mon monologue ainsi, sur le même registre, pendant une vingtaine de minutes avant d’abandonner finalement face à ce mur de silence.
Son regard ne s’était pas éclairé une seule fois, ni même focalisé sur moi, comme si je n’étais absolument pas là.
Je lui parlais, elle ne m’entendait pas.
Je la regardais, elle ne me voyait pas.
Je la touchais, elle ne me sentait pas.
J’avais le sentiment de ne pas exister à ses yeux…
J’insistais encore une heure, m’obstinant à lui parler, sans pour autant obtenir de réponse. Tout compte fait, j’aurai certainement plus de chance en m’adressant à un mur…
Deux semaines que je subissais la loi du silence selon Bella, et ça commençait à me peser sérieusement…
Deux semaines qu’elle passait son temps sur ce putain de caillou…
Deux semaines que je m’acharnais sur mon piano en matant un tout autre caillou…
Deux semaines.
Et ce n’était que le début…
Je donnais un coup rageur sur un rocher près de Bella et mon poing, messager de toute ma frustration, passa au travers dans un fracas étourdissant.

- J’dois faire quoi putain ? J’dois faire quoi pour mériter ne serait-ce qu’un regard ?

Bella ne bougea même pas un cil, totalement amorphe, apathique.
Je pouvais hurler, briser voire même me rouler par terre, elle ne s’en préoccupait même pas. J’avais l’impression de n’être qu’une petite chose futile, indigne de considération. Un insecte. Une épingle dans le cul.
Je serrai les poings et soufflais difficilement, faisant autant de bruit qu’un emphysémateux, et pris à nouveau le chemin de la villa.

- Merde Bella ! Tu fais chier…

J’avais à peine chuchoté ces quelques mots que j’eus l’impression d’entendre un sanglot. En prêtant attentivement l’oreille, je m’aperçus que la pluie avait redoublé d’ardeur. J’avais dû, une fois de plus, rêver…

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Les jours défilaient lentement, interminables, monotones.
Nos quotidiens devenus si routiniers continuaient de se suivre, immuables, constants.
Rosalie, affalée sur le sofa, les pieds posés sur la table basse, se limait les ongles en chantonnant distraitement, totalement indifférente à ce qui l’entourait.
Alice dessinait quelques modèles qui seraient, selon elle, à la pointe de la mode dans deux ans.
Emmett et Seth, qui était passé nous donner des nouvelles de sa mère, disputaient une partie acharnée de « Medal of Honnor ».
Esmée, de son côté, rénovait un vieux secrétaire qu’elle avait déniché sur une brocante, avec le soin et la méticulosité qui la caractérisent.
Quant à moi, je tournais en rond, une fois de plus, les pensées focalisées sur ma Bella qui avait élu domicile sur son putain de rocher.
Cela faisait dix jours que j’avais quitté la clairière avec perte et fracas, saccageant tout ce qui se trouvait sur mon passage. Bella, elle, n’avait pas bougé d’un iota, elle avait fusionné avec sa saleté de caillou.
J’allais la voir tous les jours, mais ça ne servait strictement à rien. Alors je l’observais de loin, assis sur la branche d’un immense épicéa, m’assurant qu’elle allait bien, au moins physiquement…
Vingt-quatre jours.
Cela faisait exactement vingt-quatre jours que nous étions sans nouvelles de Charlie.
Vingt-quatre jours que Bella ne chassait plus et le manque de sang s’en faisait largement ressentir…
La porte d’entrée s’ouvrit brutalement sur un Jacob énervé et une Tanya consternée.

- Elle m’emmerde !
- Mais voyons mon loulou, ce n’est pas de sa faute !
- Ouais ben si elle se décidait à bouger son cul, ça irait mieux ! Tu crois vraiment que c’est ce que Charlie voudrait ? Que sa fille unique laisse crever de faim ? Qu’elle se prenne pour un caillou ? Elle fait chier, c’est tout !

Il se laissa lourdement tomber sur une chaise, près de Seth et Emmett, tandis que Tanya lui massait la nuque.
Après avoir croisé Jake à mon retour de la clairière dix jours auparavant, et après qu’il ait vu l’état déplorable dans lequel j’étais, il s’était fait un point d’honneur à aller chaque jour secouer Bella pour la forcer à redescendre de son piédestal. Peine perdue, évidemment…

- Eddy ! Arrête de tourner en rond ! Tu creuses le parquet, là…
- Tanya ?
- Ouiii ?
- La ferme.
- Oh ! Moi c’que j’en dis… Je rigolerais bien quand Esmée verra l’état de son parquet et je serai au premier rang pour te voir administrer une belle fessée ! Pfff…

Bon, en y regardant de plus près, il est vrai que le parquet commençait à s’user sous mes pas incessants. Mais de là, à me prendre une déculottée, il y a une sacrée marge !
Je tournais comme un lion en cage à longueur de journée, à l’affût du moindre signe. Au moins, pendant que je faisais les cents pas, je ne pensais plus trop au comportement désastreux de Bella à mon égard.
J’avais le cœur brisé et la raison dévastée, je n’arrivais plus à penser rationnellement.
Après tout ce qui lui était arrivé, j’avais peur que Bella n’ait atteint son point de rupture et qu’elle ne commette le pire. J’étais terrorisé à l’idée qu’elle nous quitte pour choisir une vie de nomade, sans attaches, ou encore qu’elle commette un acte impardonnable pour nous, vampires et qu’elle n’en subisse le prix…
Je me perdais dans un monde de pensées toutes plus sombres les unes que les autres et brutalement, un petit bruit feutré me ramena à la réalité.
Alice venait de faire tomber son crayon, le corps figé, les yeux perdus dans les méandres du futur, avant de revenir à elle quelques secondes plus tard.

- Edward, tu peux décrocher s’il te plait ? James va appeler ! Pfff… Jacob Black, tu es pénible, une vraie ruine en fringues…

Au même instant, Jacob se ruait vers la clairière sous sa forme lupine, ses vêtements déchirés s’éparpillant au gré du vent.

Si la sangsue dégénérée appelle, Bella doit savoir ce qu’elle raconte !

Alice souffla théâtralement avant de filer dans sa chambre et de redescendre tout aussi vite, un paquet de vêtements sous le bras qu’elle déposa sur le perron à l’attention du Quileute.
La Meute passait tellement de temps chez nous que ma sœur leur avait crée un dressing, spécialement pour eux. Inutile de vous dire qu’elle s’était fait un plaisir de le remplir en traînant ces pauvres Indiens dans d’interminables heures de shopping.
La porte de la villa s’ouvrit, Jacob entra tout en boutonnant son jeans. Il avait réussi à traîner Bella avec lui et Alice poussa un hurlement à vous glacer le sang lorsqu’elle vit l’état dans lequel était mon ange.
Les cheveux emmêlés par le vent et collés par la terre et les feuilles mortes, les vêtements troués par endroits et maculés de boue, le visage totalement inexpressif et les yeux noirs, brûlant d’une soif intarissable, Bella était une âme errante, vision fantomatique qui n’avait plus rien à voir avec celle qu’elle était.
Je posais vivement ma main sur la bouche de ma sœur avant qu’elle ne hurle à nouveau et lui jetais un coup d’œil, lui intimant silencieusement de se taire. Elle ne ferait qu’envenimer les choses…
Je m’aperçus subitement que Bella remettait son épaule en place…
Lorsqu’il vit mon regard et sentit ma main comprimer sa gorge, Jacob s’adressa silencieusement à moi.

Je suis désolé mon pote ! Je voulais seulement la faire réagir. Je l’ai percutée de plein fouet en pensant me confronter à son bouclier mais je l’ai quand même touchée, trop fort. Elle n’a plus aucune barrière physique… Elle se laisse mourir de soif… Elle a perdu sa force… Je ne pensais vraiment pas lui faire de mal ! Si tu savais à quel point je m’en veux…


Je le laissais tomber brutalement au sol et son ego en prit un coup lorsqu’il se retrouva le cul encastré dans le parquet.
Je cherchais Bella du regard et la trouvais près de l’entrée, les yeux fermés, la tête basse, se dandinant d’un pied sur l’autre, adoptant un comportement semi-autistique et qui me brisait encore plus en la voyant ainsi…
Le téléphone sonna, me coupant de ma contemplation morbide ; je pris le combiné.

- Résidence Cullen.
- Eddy ! Mon pote ! Comment ça va à Forks city ?
- Ca pourrait aller mieux, James. Et arrête de m’appeler « Eddy ». Premièrement, j’ai horreur de ça, deuxièmement, on n’a pas élevé les cochons ensemble.
- Rhooo… Toi, tu devrais arrêter de bouffer Bambi, Fleur et Pan-Pan et surtout, tu devrais tirer un coup, ça te rendrait plus joyeux !
- Je n’ai pas besoin de tes conseils, James ! On peut savoir pourquoi tu appelles ?
- Pour entendre ta charmante voix posée ! Quoique j’aurai nettement préféré entendre celle de ta si délicieuse compagne…
- Tu t’égares…
- Ahlala ! On ne peut même plus plaisanter. Quelle tristesse !
- James !
- Oui ! Oui ! C’est bon ! J’y viens ! Attends… Comme vous le savez, ça fait plus de trois semaines qu’on drague les fonds du lac, qu’on sniffe chaque brin d’herbe, surtout les chiots, mais que nous n’avons aucune trace du casse-dalle…
- Grrr…
- Euh pardon… du papa chéri Swan. On a trouvé une piste. Maigre… très maigre… Mais une piste quand même. Il a bien fait un petit séjour dans l’eau, mais j’ai perçu une faible effluve de son odeur, sur les berges. Je ne l’ai pas reconnue de suite car elle était vraiment ténue, mais surtout altérée par six autres fragrances humaines, bien plus fortes.
- Que veux-tu dire par là ?
- Un séjour dans l’eau, qu’il soit court ou prolongé, altère énormément les odeurs, mon cher Eddy. C’est pourquoi je ne l’ai pas perçue plus tôt.
- En clair, ça donne quoi ?
- Ça donne que le casse-dal… euh Chef Swan… a été repêché de l’eau par un groupe d’humains. Au vu de l’odeur, si faible soit-elle, ça remonte à avant notre arrivée sur les lieux. Et puis… on l’aurait vu s’il n’avait pas été trouvé avant… Nous avons suivi la trace jusqu’à l’hôpital. A partir de là, les six autres odeurs sont parties dans des directions différentes, trois pour être précis.
- Donc Charlie est à l’hôpital ?
- Attends ! J’ai pas dit ça… Carlisle s’est renseigné, il n’y a eu aucune admission pour une noyade sur la période qui nous intéresse et il n’y a aucune trace du Chef à l’hosto. Le doc est aussi allé à la morgue mais il n’a rien trouvé non plus. Joe le balafré et Garrett sont partis avec ma Vicky pour… visiter… la chambre froide de la faculté de médecine, des fois que le casse-dalle serve pour les expérimentations.
- GRRRRRR….
- Oh ! Tout doux mon mignon ! Ah bah attends, les r’v’là. Oui… Hein hein… aaaah… sûrs et certains? Ok, j’y dis ! Bon, me r’v’là ! Il n’y a aucune trace de Charlie à la fac.
- Ok. Et le résultat de tout ça, ça donne quoi ?
- Ben… que le papounet chéri de ta délicieuse amie a été repêché du lac, vivant car son odeur, bien que très faible, était toujours une odeur vivante, mais on a perdu sa trace à l’hôpital. Avec ma Vicky, Laulau et Irina, on va suivre les pistes des six bons samaritains, sait-on jamais. Perso, j’y crois pas des masses, le fumet du Chef n’accompagnait aucun des leurs…
- Est-ce que… est-ce qu’il y a encore des chances pour que Charlie soit encore en vie ?
- Franchement ? Aujourd’hui, j’sais pas trop, mais il y a trois semaines, il était aussi vivant que n’importe quel casse-dalle, même si son état n’était pas tip-top. Tu peux donc rassurer ton joli p’tit lot et lui dire que son papounet chéri doit se retaper quelque part ! Bon, c’est pas que j’m’ennuie avec toi Eddy, mais j’aimerai bien me caler un truc sous la dent avant d’aller à la chasse au bon samaritain ! Bye !

Un ‘clic’ suivit de plusieurs tonalités me remit les pieds sur terre. Je reposai le combiné téléphonique et vrillais mon regard à celui de Bella.
Une minuscule étincelle animait faiblement le regard mort de ma belle. Ce n’était pas grand chose, mais je ne rêvais pas, elle était bien là.
Comme tous ceux présents dans la pièce, Bella avait entendu ma conversation avec James et elle savait donc qu’il y avait de fortes chances que l’on retrouve le Chef Swan en vie, bien qu’il se soit évaporé dans la nature.
Un faible ‘merci mon Dieu’ s’échappa de ses lèvres et elle agrippa doucement ma main, la pressant légèrement. Je savourais ce petit geste, premier contact que mon ange initiait depuis tout ce temps et ronronnais presque lorsque ses lèvres se posèrent timidement sur ma joue.

- Je… j’ai un truc à faire… je… je t’appelle quand j’ai fini… d’accord ?

J’eus à peine le temps de réagir qu’elle était à nouveau partie en coup de vent.
Je caressais ma joue à l’endroit où ses lèvres s’étaient si brièvement posées et souriais béatement sachant que ma Bella m’avait embrassé.
Alice hoqueta subitement de stupeur et elle me bloqua instantanément ses pensées, se concentrant sur le prochain défilé de Karl Lagerfeld afin que je n’accède pas à ses visions.
Elle avait le regard pétillant d’allégresse et sa joie était communicative puisque même ma reine des glaces de sœur se mit à sourire. Tanya, elle, se mit à frapper dans ses mains et Esmée était débordante de joie et d’amour. Jacob, Seth et Emmett haussèrent les épaules en voyant la réaction des filles avant de retourner à leur jeu vidéo.
Ne comprenant absolument rien à ce débordement, qui ne touchait que les membres féminins de notre famille, je mis ça sur le compte d’un trop plein d’œstrogènes et pris la quatrième manette pour jouer avec nos amis.
Une heure d’attente angoissante et deux manettes explosées plus tard, mon portable sonna, indiquant l’arrivée d’un message.

« Passe par la chambre et rejoins-moi sur la terrasse dans 20 minutes. Love. B. »

OUIIII ! SUPER ! GENIAL ! Oh je vois… Rhaaaa ! Sors de ma tête crétin ! Une poule sur un mur, qui picotait du pain dur… picoti… picota…

Alice était complètement surexcitée. Elle avait sûrement déjà vu ce que Bella me réservait et ne voulait pas me gâcher la surprise.
Intrigué par leurs comportements, je fis ce que mon ange me demandait dans son message et me rendis au cottage.
Si mon cœur n’était pas déjà mort, il aurait battu à vive allure, à cause de l’appréhension, de l’attente, de la surprise, de l’excitation.
Une fois dans la chambre, je fus surpris, et ma foi un peu déçu, de la trouver vide.
Mon regard tomba sur le lit, ou plutôt sur une longue boîte noire, satinée, entourée d’un épais ruban rouge. Une enveloppe traînait négligemment sur le couvercle, je m’en saisis et la décachetais avant d’en sortir un morceau de papier bristol contenant uniquement deux mots :

Mets-moi.

J’ouvris la boîte et après avoir ôté le papier de soie à l’intérieur, je découvris une chemise noire, un pantalon à la coupe impeccable et une veste, noire également.
Intrigué, je me rendis à la salle de bains avec ces vêtements et pris tranquillement ma douche.
Je me demandais ce que pouvait manigancer ma Bella. Elle avait passé tout son temps en solitaire, allant jusqu’à m’ignorer à cause de l’angoisse qu’elle ressentait. Apparemment, les dernières nouvelles que nous avions reçues à propos de Charlie, bien qu’étranges et plutôt évasives, avaient opérées un certain changement chez ma douce.
Bah, je n’allais certainement pas m’en plaindre !
Une fois douché et séché, je me préparais et enfilais ce que Bella m’avait préparé.
J’arrivais pile-poil sur la terrasse à l’heure dite. Mon regard balaya l’endroit avant de tomber sur une paire de talons vertigineux de couleur or. Mes yeux suivirent lentement le galbe des splendides jambes fuselées qui étaient suspendues aux escarpins et arrivés à mi-cuisse, ils tombèrent sur un foisonnement de soie et de mousseline rouge sang, puis sur un ventre plat et ferme, à peine recouvert de tissu, avant d’arriver à une poitrine haute et voluptueuse moulée dans la soie, puis remontèrent sur un buste altier, et lorsque mon regard tomba sur le visage de la divine créature qui me faisait face, j’eus l’impression d’être comme le loup de Tex-Avery face à la Pin-Up.
Mes yeux roulèrent dans leurs orbites avant de s’en extirper comme des obus, ma langue dégringola jusque par terre, délivrant des torrents de bave, une loupiote clignotait WARNING dans ma tête, la vapeur s’échappa de mes oreilles et je décollais d’un bond en hurlant.
Bella était tout simplement divine.
Ses cheveux savamment gonflés et légèrement attachés en un chignon flou, libérant quelques mèches qui gravitaient autour de son visage, ses yeux légèrement teintés de noir, approfondissant son regard, ses lèvres peintes d’un rouge aussi riche et profond que celui de sa robe. J’avais l’impression d’être face à une déesse démoniaque, capable de subjuguer n’importe qui au moindre regard.
Après m’être abreuvé tout mon saoul de cette exquise vision, je retrouvais, enfin, l’usage approximatif de la parole.

- Bella… je… tu… tu es magnifique.

Elle baissa les yeux et je voyais presque un rougissement fleurir sur ses joues.

- Tu… tu n’es pas mal non plus, Edward. Chuchota-t-elle timidement, sans pour autant oser lever les yeux.

Le silence retomba entre nous, ni l’un, ni l’autre n’osant parler après ces si longs jours de mutisme et d’éloignement.
J’étais gêné de me retrouver face à elle, je me sentais si petit face à tant de splendeur presque irréelle. Je me pinçais discrètement pour vérifier que je ne rêvais pas, puis avançais timidement d’un pas vers elle. Bella souffla longuement puis fit le reste du chemin qui nous séparait.
Cela me faisait drôle de la voir évoluer, perchée sur des talons aiguilles aussi vertigineux, sans s’emmêler dans ses propres pieds !
Elle s’avança lentement et gracieusement vers moi ; j’attrapais doucement sa main avant de la coller contre moi et de lever son beau visage. Ses yeux étaient d’un noir d’encre, mais irrésistiblement envoûtants, et je caressais lentement les cernes sombres qui les soulignaient ; mon ange était terriblement assoiffé… Je m’en voulais de ne pas l’avoir fait fléchir pour se nourrir.

- Ne culpabilise pas, mon amour… je vais bien…
- Bella ! Ne me mens pas, je sais que…
- Et moi, je te promets que tout va bien. Ne gâchons pas cette soirée à cause de ça, s’il te plait !

Exaspéré par son côté buté, je me tendis légèrement avant de souffler et de relativiser les choses. Elle aura tout le temps de chasser ensuite, non ?
Bella m’entraîna à sa suite et récupéra un petit sac et un châle assorti à ses escarpins, puis attrapa son téléphone portable qui annonçait l’arrivée d’un texto. Elle le lut rapidement puis le glissa dans sa pochette, un petit sourire énigmatique aux lèvres. Bella reprit ma main puis m’emmena dehors où je fus ébahi de trouver ma Vanquish. Comment est-elle arrivée là, celle-la ?


- Oh ! Oh ! Oh ! Tu me fais quoi, là ?
- Et bien c’est évident, Edward. Je conduis !
- Ah non ! Non ! Non ! C’est mon bébé à moi, ça ! Personne ne la conduit à part moi !
- Pour une fois, si ! Assieds-toi et laisse-moi te conduire !
- Mais… c’est… mon trésor ! Tout mais pas ça, Bella !
- Edwaaaard ! Je n’ai pas tenu un volant depuis ma transformation…

Sa voix était déchirante de tristesse et son regard si poignant que je ne pus me résoudre à lui interdire de conduire.

- Pfff… Ok… mais tu y fais attention à mon bébé, hein ?
- Non ! Je vais me prendre tous les panneaux de signalisation et tous les murs qui seront sur mon chemin ! Bien sûr que je vais y faire attention à ton… bébé ! Cracha-t-elle en regardant ma précieuse voiture d’un œil noir.

Humm… Jalouse ?

Mon ego en prit un coup lorsque je m’assis à la place du mort, mais il se musela de lui-même en voyant à quel point Bella rayonnait au volant. J’espérais que, comme pour les talons hauts, sa conduite se sera améliorée avec la transformation !

- Nous allons où, mon ange ?
- Surprise !

Je me renfonçais dans mon siège, renfrogné par sa réponse puis me mis à tripoter le lecteur CD. Les « Nocturnes » de Chopin emplirent l’habitacle tandis que nous foncions je ne sais où. Les capacités automobiles de ma Bella s’étaient considérablement accrues avec la transformation et elle maniait le volant et l’embrayage comme une pro de la course automobile, le sourire aux lèvres. Elle ne ralentit que trois fois, lorsque je la prévins de contrôles routiers. Subitement, je vis le panneau « Seattle, dix kilomètres ».

- Seattle ? Tu plaisantes, Bella !
- Non pourquoi ?
- Je… écoute bébé… ce n’est pas une bonne idée… tu es trop assoiffée…
- Fais-moi confiance Edward ! Je t’assure que tout ira bien !
- Mais je…
- Fais-moi confiance, c’est tout.

Elle s’enferma dans un silence buté jusqu’à notre arrivée en ville.
Personnellement, je ne le sentais pas… mais alors pas du tout ! Autant faire entrer un renard affamé dans un poulailler !
Nouveau-né assoiffé + humains à proximité = carnage assuré !
Mon portable sonna et le message d’Alice apparut.

« Fais-lui confiance et excuses-toi
si tu veux passer la soirée telle qu’elle était initialement prévue ! »

Mouais… connaissant la frangine, elle avait dû envisager tous les scenarii possibles.
Je soufflais lourdement et tentais de lui parler à plusieurs reprises, ouvrant la bouche et la refermant ensuite, me donnant des airs de poisson rouge apoplectique, puis voyant que Bella était toujours concentrée que la route, les lèvres pincées et la mâchoire serrée, je me décidais tout de même.

- Désolé.

Elle eut un petit rire sarcastique avant de sourire, narquoise.

- Alice le dit et toi tu exécutes ? Pitoyable… tu n’es pas désolé.
- Mais si mon amour, je te le promets !
- Tu me fais donc confiance ?
- Euh… et bien… je…
- C’est bien ce que je pensais…
- Arrête Bella ! Bien sûr que j’ai confiance en toi !
- Ah ! La belle affaire. Tu me fais confiance, mais tu flippes en pensant à ce qu’il pourrait arriver dans un lieu plein d’humains !

Elle serrait le volant de plus en plus fort, moulant la forme de ses doigts dans le cuir et l’armature ; moi j’agrippais mes cheveux comme un perdu, cherchant mes mots pour me sortir de ce merdier que j’avais moi-même crée.

- C’est pas ça mon ange ! C’est juste que… tu es assoiffée, j’ai peur de ce qu’il pourrait arriver, pour toi… et puis… Ma première année en tant que vampire, j’ai dû rester totalement cloîtré, je devenais complètement fou rien que de sentir l’odeur d’un humain. Même en chassant quotidiennement. Il m’a fallu plus d’un an pour parvenir à tolérer une présence humaine pendant quelques minutes. Et toi… tu es assoiffée ! Et pourtant, je sais que tout se passera bien. Je ne comprends pas…

Bella m’observa du coin de l’œil, un sourire radieux aux lèvres, puis elle me fit un clin d’œil.

- C’est parce que j’ai le truc miracle, bébé !

L’atmosphère se détendit subitement et la route continua tranquillement. Nous arrivâmes enfin à Seattle et Bella se gara dans un parking surveillé près du port. Galanterie oblige, je lui ouvris sa portière avant qu’elle ne le fasse elle-même et l’aidais à sortir de la voiture. J’enroulais étroitement son étole autour de ses épaules – nous étions censés être en hiver – et lui donnais son sac à main avant de me laisser guider pour la soirée.
Bella voulait d’abord se promener le long de la digue. A cette heure-ci, le port était désert, les gens étant soit dans leurs logis, soit au restaurant pour le dîner. Nous marchions tranquillement, étroitement enlacés, profitant de la douceur de l’air et des embruns. Le cadre était magnifique, la lune, levée depuis longtemps, pleine, se miroitait sur les eaux légèrement tumultueuses et iodées, grosse bille argentée diffusant ses rayons épars.
Tout à coup, Bella se tendit, s’accrochant fermement à ma taille, et enfouit son visage contre mon épaule, inspirant lentement pour se détendre, tandis que je posais ma joue sur ses cheveux, savourant leur fragrance. Un couple de personnes âgées venait vers nous, profitant également de l’atmosphère sereine qu’offrait le port.

Ce qu’ils sont mignons ces deux petits. Si amoureux ! Aaaah, ça me rappelle ma jeunesse avec mon Henri…

Je souris en entendant les pensées de cette dame et celles de son époux, qui se remémorait également se jeunesse avec sa femme.
Ah ! S’ils savaient que j’avais quelques décennies de plus qu’eux à mon actif !
Alors que nous nous croisions, le couple nous souhaita une bonne soirée. Je fus surpris de voir Bella leur répondre avec le sourire, d’une voix calme et posée. Son étonnant contrôle me laissait sans voix.
Nous marchâmes encore une vingtaine de minutes jusqu’à ce que Bella m’entraîne ailleurs. Nous suivîmes un dédale de petites rues avant d’atterrir dans une petite impasse où se trouvait un bar de nuit. Je regardais mon ange, surpris qu’elle m’entraîne dans un tel lieu et haussais un sourcil, la questionnant silencieusement au sujet de son choix de sortie pour le moins inhabituel.

- Il y a un petit groupe local qui joue ici, ce soir. Je les ai découverts sur « myspace », ils sont plutôt bons. Très éclectique au niveau musical, ça devrait te plaire.

Nous entrâmes dans le bar, l’endroit était assez chaleureux, très intimiste également. A peine entrés, une hôtesse nous mit le grappin dessus en me lorgnant plus que de raison.

- Bonsoir Monsieur… mamzelle… vous désirez quelque chose ?
- Une table, à l’abri des regards si possible. Répondit sèchement Bella en se cramponnant à ma main.
- Bien sûr ! Suivez-moi je vous prie.

L’hôtesse nous entraîna à sa suite avec un déhanché excessif, plutôt risible. Elle qui se voulait sexy… heureusement que le ridicule ne tue pas !
Je dus me retenir pour ne pas sauter à la gorge de tous les hommes qui déshabillaient ma Bella du regard et avaient des pensées bien trop libidineuses à son égard. Je me focalisais alors sur la décoration du lieu.
L’endroit ressemblait à un immense salon, les murs peints dans un camaïeu de couleurs sombres, des appliques disposées ça et là berçaient la pièce d’une lumière tamisée. Un large parquet en bois, au centre, servait certainement de piste de danse, et aux bords, des dizaines de tapis marquaient l’emplacement des tables. Celles-ci, de formes rondes, étaient entourées de fauteuils et poufs en cuir, à l’apparence confortable, et installées dans des petites alcôves, de façon à ce que les clients ne se gênent pas les uns, les autres.
Au bout de la salle, il y avait une scène, remplie d’instruments de musique, des percussions à la contre-basse en passant par l’accordéon, mais ce qui détonnait, c’était l’ordinateur posé sur une table et relié à une table de mixage.
L’hôtesse nous mena à l’une des alcôves, pas très loin des musiciens, avant de partir et de nous envoyer une serveuse. Il y avait déjà pas mal de monde sirotant des boissons en attendant le début du concert.

- Vous désirez quelque chose ?

Je tournais la tête en direction de la voix nasillarde et me retrouvais face à une paire de… seins ? Épouvantablement siliconés. Je me reculais, m’appuyant contre Bella qui observait la serveuse d’un œil noir.

- Vous nous proposez quoi ? Lui demanda mon ange d’une voix blanche.
- Qu’elle est chiante sa cousine ! Ce que vous voulez. Moi par exemple. Humm… nous avons… des cocktails… un orgasme, par exemple… humm ouiii ! Quand tu veux mon beau… un baiser du diable… la beauté du diable en personne… tu me baises quand tu veux… un blow-job… quand tu connaîtras ma bouche, tu n’en voudras plus d’autres…
- Apportez-nous… deux bloody-mary s’il vous plait, et arrêtez d’agiter votre décollette sous son nez. Vous ne voyez pas que vous lui faîtes peur ? Et puis… sans vouloir vous vexer, vous n’êtes pas son genre… pas assez… viril… si vous voyez ce que je veux dire…

Je me tournais, épouvanté, vers ma Bella qui osait laisser sous-entendre que j’avais des penchants pour les hommes.
Alors que la serveuse partait prendre nos consommations, j’éteignis – enfin essayais – ses pensées avant de sourire jaune.

- Ton mensonge s’est retourné contre toi, amour…
- Ah oui ? Et comment ça ?
- Et bien… la fille s’imagine déjà me présenter l’un de ses amis… un certain Ty… bisexuel… elle croit pouvoir en profiter comme ça… et ses fantasmes sont particulièrement écœurants !
- La pauvre ! Elle ne rencontrera jamais « la trompe » Cullen ! Quel dommage…

Elle me lança un regard sulfureux dans lequel je m’abandonnais librement et totalement, et je ne remis les pieds sur terre que lorsque des accords de jazz manouche envahirent la pièce.
Bella avait raison, en fait, après quelques morceaux, le mélange des genres musicaux ne me dérangeait plus, au contraire, ils s’harmonisaient parfaitement.
Nous sirotions nos Cuba-libre, observant les quelques personnes qui évoluaient sur la piste de danse, le rhum passant bien mieux que la vodka, et je sursautais en entendant de très vieux morceaux d’avant guerre, paso-doble, valse, tango… remis au goût du jour par la musique électronique. J’étais bluffé, Bella avait décidément fait fort pour nos réconciliations.
Mon ange poussa même le vice à appeler la serveuse et lui commander deux orgasmes. La tête de cette pauvre fille valait son pesant d’or !
Sirotant mon verre avec un dégoût bien prononcé, je relevais la tête en entendant le début de « santa maria del tango », et avant de lui laisser l’occasion de refuser, j’entraînais Bella sur la piste.
Si je la trouvais sensuelle lorsqu’elle dansait, fragile humaine, j’étais bien loin du compte maintenant. La transformation lui avait conféré une grâce éthérée, ses gestes étaient d’une exquise fluidité et son corps en parfaite harmonie avec la musique.
Les pensées impures des mâles présents ne faisaient qu’amplifier au fur et à mesure de notre danse, me faisant gronder doucement. Elle est à moi. Personne d’autre qu’à moi.
Les jambes emmêlées et nos corps ondulant l’un contre l’autre, nous nous laissions entraîner par la sensualité du tango. Je la fis tourner et sa main effleura l’érection que je ne pouvais plus cacher.
J’ai envie d’elle ! Au point où j’en suis à me consumer sur place.
Je mordillais délicatement son oreille et savourais son petit gémissement de plaisir, la plaquant étroitement contre moi.

- Merde Bella ! J’ai envie de toi… là… maintenant.
- Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée, Edward. Me dit-elle, les yeux pétillant de malice. Nous finirions dans une cellule pour « attentat à la pudeur »…
- Je t’en foutrais de l’attentat à la pudeur ! Grognais-je difficilement.

A peine le morceau terminé, je l’entraînais vers la sortie, inconscient des applaudissements et des montées de désir que nous avions provoquées chez les humains.
Je l’entraînais vivement jusqu’à la voiture, marchant d’un pas vif, et résistais tant bien que mal à l’envie de la jeter sur mon épaule pour aller plus vite.

- Ben alors Edward, tu nous fais un retour vers le passé ? Ça te manque tant que ça la période Neandertal ?
- Grmpf !

Une fois au parking, je la poussais contre la portière et me jetais goulûment sur ses lèvres, enfouissant ma langue dans sa délicieuse petite bouche. Nous nous séparâmes à bout de souffle et avant de laisser cours à mes plus bas instincts, je la poussais dans la voiture avant de prendre le volant. Nous arrivâmes rapidement à Forks après que j’eusse ralenti à quelques reprises à cause de ces fichus contrôles routiers. Une fois arrivés au cottage, je voulus la traîner dans la chambre, mais Bella en décida autrement.

- Attends ! On a toute la nuit, Edward. Viens. Suis-moi !

A contre-cœur, je la laissais me mener jusqu’à la terrasse.
L’endroit était méconnaissable.
Des guirlandes lumineuses serpentaient ça et là, suspendues aux branches d’arbres, aux plantes, aux buissons situés à proximité de la terrasse et les vasques de pierre étaient remplies de bougies flottantes et de pétales de rose. L’endroit baignait d’une lumière douce conférant chaleur et douceur à l’atmosphère.
Alice était sûrement passée par-là, ce que me confirma mon ange en criant un « merci Alice ! ».
Ma sœur avait vu les choses en grand, comme en témoignaient les verres en cristal de Baccarat et les bouteilles de sang posées sur la table basse.
Bella m’y entraîna et me fit asseoir avant de me servir un verre. Apparemment, même Emmett avait apporté sa petite touche personnelle puisque nous avions droit à des bouteilles de « Château Neuf du Cerf », de « Saint-Ursidé » ou encore de « Puma-Cadet ». Il n’y a que lui pour détourner à sa sauce des grands crus français.
J’embrassais tendrement mon ange qui avait eu l’idée de cette excellente soirée puis trinquais avec elle.

- A nous, ma Bella…
- A nous ! Jusqu’à la fin des temps. Je t’aime Edward.

Elle enroula son poignet au mien pour me faire boire son verre et déguster le mien.
Mon ange étant assoiffé, je la resservis à nouveau ; elle se jeta goulûment dessus mais refusa le troisième, prétextant que nous avions toute la nuit pour ça.
Elle m’agrippa la main et se colla à moi, puis nous nous balançâmes au rythme de la musique douce émanant des haut-parleurs. Je n’avais pas spécialement envie de danser mais c’était toujours un réel plaisir que de l’avoir contre moi.
Nous passâmes le reste de la nuit ainsi, dans les bras l’un de l’autre, à nous embrasser tantôt chastement, tantôt passionnément, jusqu’à l’aube.
Bella rejeta la tête en arrière en gémissant alors que je mordillais délicatement son cou mais elle me repoussa brusquement lorsque mes mains prirent ses seins en coupe.

- Bella… je… j’ai fait quelque chose de mal ?
- Non ! Non rien ! Je… il faut qu’on parle.

Je me raidis subitement. En général, rien de bon ne découlait de ces quelques mots. Lorsque je m’aperçus que Bella était à la fois tendue et nerveuse, mon stress et ma peur grimpèrent en flèche. Nous avions pourtant passé une excellente soirée, non ?
Elle me força à m’asseoir et s’installa à mes côtés, enfermant mes mains entre les siennes, puis elle s’acharna à grignoter sa lèvre inférieure en fuyant mon regard. Je n’avais plus peur, je paniquais complètement…

- Bella…

Elle m’intima au silence en posant un doigt sur mes lèvres.

- Edward… écoute moi, s’il te plait… je… ne… ne m’interromps pas… Ce que j’ai à te dire n’est pas facile et j’ai peur que tu le prennes mal… je…
- Tu veux me quitter ?

Les mots étaient sortis tous seuls, difficilement, tout en me lacérant le cœur au passage.

- Quoi ? Que… NON ! Bien sûr que non ! Mais où vas-tu chercher de pareilles idées ? Je t’aime Edward. Toi. Personne d’autre.
- Alors que…
- Tais-toi et écoute-moi… je… je voulais d’abord m’excuser pour mon comportement ces dernières semaines… je me doute que tu as dû vivre un véritable enfer par ma faute et j’en suis sincèrement désolée. Mais… j’avais besoin de m’éloigner… besoin de faire le point sur beaucoup de choses… j’avais besoin d’être seule et de réfléchir… je… Cette année a été particulièrement difficile pour moi… j’ai vécu un calvaire… j’ai perdu des êtres qui me sont chers… je suis devenue à moitié folle… j’étais vide… mais j’ai surtout eu l’honneur de faire ta connaissance et c’est la plus belle chose au monde qui pouvait m’arriver. Je t’aime, Edward. Je t’aime tellement que parfois ça en est douloureux. Je ne peux pas faire sans toi… Pas vivre sans toi. La… la disparition de mon père m’a fait comprendre à quel point la vie est courte. On ne sait jamais ce qu’il pourrait arriver, bon ou mauvais… ça m’a surtout permis de prendre conscience à quel point le temps est précieux et qu’il ne faut surtout pas le gâcher. Je… je ne veux plus perdre mon temps, j’en ai déjà suffisamment perdu.

Bella se releva et fit quelques pas en soufflant lourdement, les épaules tremblantes, puis elle revint à moi et posa ses mains sur mes joues, son front sur le mien. Lorsqu’elle ouvrit les yeux et vrilla son regard au mien, je fus frappé par l’intensité de celui-ci. Ses lèvres effleurèrent timidement les miennes puis elle reprit la parole.

- Tu es un homme extraordinaire, Edward Cullen. J’ai une chance inouïe d’avoir croisé ton chemin parce que si je suis heureuse aujourd’hui, c’est grâce à toi. Tu as su me reconstruire et m’apaiser. Je t’aime. Avec toi, il n’y a pas de faux-semblants et je t’aime comme tu es, tes défauts comme tes qualités. Tout ce qui fait de toi celui que tu es. Tu as un sale caractère, tu es borné, râleur et parfois égoïste, mais tu es surtout attentionné, protecteur, tendre et aimant. Je ne peux plus vivre sans toi, tu m’es essentiel, vital. Je peux me passer de sang, mais je serai incapable de me passer de ta présence. J’ai besoin de toi, c’est viscéral. A chaque fois que je te vois, te touche, j’ai l’impression que mon cœur va exploser à cause de ce trop plein d’émotions fortes que tu suscites en moi. Je t’aime, Edward Cullen. Je ne peux même pas imaginer passer une heure sans toi, je ne veux qu’une chose, une éternité à tes côtés à t’aimer et à te chérir. Me ferais-tu, Edward, l’immense honneur d’accepter d’être mon époux, que je puisse te rendre aussi heureux que je le suis ?

4 commentaires:

  1. Oui, Oui !!
    J'adore, hâte de lire la réaction d'Edward.
    Prend soin de toi!!
    Bis Ilonka

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  2. Mrs Esmée Cullen15 avril 2011 à 20:49

    Là, il va être étonné!!! Bella le prend au dépourvu! Mais ce serait étonnant qu'il refuse!

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  3. OH oui!!!!! il a intérêt à lui dire oui! ^^ après tout, il voulait faire sa demande, ben là c'est elle qui l'a devancé! mdr
    j'espère que Charlie va réapparaitre mais j'ai l'intuition que Félix y est pour quelque chose! afin d'attirer Bella dans ses filets!

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  4. Oh là, Edward est devancé dans ses projets.
    J'espère qu'il va dire oui.
    Très beau chapitre.
    Merci
    Eli

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